El Marco Modérateur

3708 votes

  • Tarot

    William Bayer

    9/10 Dan Caponigro – surnommé Cap – est un ancien agent du FBI dont la fille ainsi que la baby-sitter ont été massacrées dans des conditions monstrueuses. Après avoir démissionné, il s’est reconverti dans la traque de sectes et autres mouvements sataniques. A la suite d’une de ses conférences, il apprend qu’un pasteur a été retrouvé assassiné dans son église, le cadavre suspendu par un pied à la croix, avec un pentacle dessiné au sol à l’aide du sang de la victime. Persuadé que ce crime a été signé de la main des meurtriers de sa fille, Cap va alors se joindre à l’enquête, alors qu’un autre assassinat tout aussi sordide et mettant en scène le corps dans une position rappelant l’univers trouble du tarot va attirer l’attention de Jodie Targ, journaliste d’un tabloïd de Miami.

    Auteur du très réussi Pèlerin, William Bayer renoue avec le succès. L’intrigue est très originale, jouant avec maestria la carte de l’occulte. Les personnages sont toujours aussi bien campés, avec une mention spéciale pour Cap, homme à la fois ravagé par la mort de son enfant, redoutable prédateur et spécialiste des questions sataniques. La succession de chapitres écrits en fonction des points de vue des divers personnages rend le récit plus vif, et le lecteur suit avec intérêt leur plongée dans ce monde étrange et ésotérique. Si les scènes d’action sont rares, l’auteur maintient néanmoins la tension grâce à une intrigue bien élaborée et à des psychologies parfaitement maîtrisées, jusqu’à l’affrontement final, très marquant.

    Pour conclure, Tarot est l’archétype même du thriller savamment orchestré et à l’intrigue très originale, asseyant définitivement William Bayer parmi les très grands auteurs du genre.

    18/08/2008 à 19:30 1

  • La Proie du Remord

    Jonathan King

    6/10 Anéanti par une bavure qui a coûté la vie à un adolescent, Max Freeman quitte la police et tente de refaire sa vie en Floride, dans le décor impitoyable du par des Everglades. Quand il découvre le cadavre d’un enfant, il comprend qu’il va devoir retrouver ses méthodes de flic, d’autant que le tueur est bien décidé à lui en faire endosser la responsabilité.

    Avec La Proie du remords, Jonathan King a conçu un thriller classique mais réussi. Le personnage de Max Freeman est intéressant, à la fois exilé volontaire et policier désabusé miné par son passé. L’écriture est très fluide, parfois même poétique quant il s’agit de décrire les paysages si typiques du bayou. Le récit est court et rythmé, passionnant à lire, mais son principal défaut réside finalement dans une intrigue assez conventionnelle qui n’offre que peu de rebondissements ; de même, les motivations du tueur n’ont en soi rien d’exceptionnel et décevront probablement le lecteur qui s’attendait à un dénouement plus original.

    15/08/2008 à 19:27

  • Une Etude en rouge

    Arthur Conan Doyle

    8/10 Dans la dernière partie du dix-neuvième siècle, à peine revenu d’Afghanistan où il a été sévèrement blessé, le docteur Watson devient le colocataire de Sherlock Holmes, détective œuvrant à compte privé et doué d’une immense capacité d’analyse et de déduction. Ce dernier est alors sollicité par Scotland Yard pour résoudre l’énigme du meurtre d’Enoch Drebber. Il faudra à Sherlock Holmes tout son talent pour démêler cette affaire dont les racines plongent bien des années auparavant en Utah, auprès de tueurs affiliés à une église mormone.

    Une étude en rouge constitue la première affaire résolue par Sherlock Holmes, le célèbre personnage littéraire ayant fait la renommée d’Arthur Conan Doyle, et c’est toujours avec grand plaisir que l’on peut lire voire relire ce roman. Les personnages sont attachants et singuliers, particulièrement Sherlock Holmes et son fidèle compagnon le docteur Watson. L’écriture, quoique ancienne de plus d’un siècle, est très agréable, sachant tout aussi bien décrire les détails des lieux où ont été perpétrés des crimes, la psychologie des personnages que les paysages sauvages d’Amérique. L’intrigue, même si elle n’est pas l’une des meilleures du cycle, n’en est pas moins bonne et intelligemment menée, avec une très nette rupture entre les deux parties, la seconde explicitant les raisons du double assassinat commis dans la première.

    Au final, Une étude en rouge est un ouvrage policier à découvrir et à redécouvrir, posant le premier jalon des enquêtes d’un des détectives les plus connus dans le monde entier.

    11/08/2008 à 18:35 2

  • Pas d'orchidées pour Miss Blandish

    James Hadley Chase

    10/10 Un groupe de gangsters enlève la fille d’un homme multimillionnaire, Miss Blandish, qui passe ensuite entre les mains d’une bande de criminels menée par M’man Grisson. D’une beauté phénoménale, la jeune femme va devenir l’objet de toutes les attentions de Slim Grisson, un sadique jouant du couteau doublé d’un psychopathe inquiétant. Pour Miss Blandish, ce sera le début d’un long calvaire tandis que la rançon obtenue par le gang aiguise les appétits de chacun et qu’un détective est engagé par le père Blandish pour retrouver sa fille.

    Ecrit selon la légende en seulement six week-ends, Pas d’orchidées pour Miss Blandish constitue un thriller de haute volée et qui n’a pas pris la moindre ride. James Hadley Chase exploite avec un incroyable talent une intrigue parfaitement bâtie et devenue depuis un véritable classique. Les personnages de truands sont bien angoissants, les répliques excellentes, parfois très drôles, et le final est saisissant. Par ailleurs, le style de l’auteur est très épuré, décrivant la psychologie de ses protagonistes ainsi que les lieux en seulement quelques mots, et offrant des scènes d’action très spectaculaires et marquantes.

    A n’en pas douter, Pas d’orchidées pour Miss Blandish est un des chefs-d’œuvre de la littérature policière du vingtième siècle ainsi qu’une pierre angulaire des écrits de James Hadley Chase. Il est à noter que ce roman a connu une suite : La chair de l’orchidée.

    05/08/2008 à 12:26 2

  • Pig Island

    Mo Hayder

    6/10 Joe Oakes est un journaliste d’investigation spécialisé dans les phénomènes prétendus paranormaux qu’il démontre comme étant à chaque fois des supercheries. Sa nouvelle enquête le mène à Pig Island, au large de l’Ecosse, où un monstre mi-homme mi-bête a été filmé. C’est également sur Pig Island que vivent des fanatiques autoproclamés « ministres de la cure psychogénique » et dont le chef est Malachi Dove. Pour Joe Oakes, tout ceci ne peut être qu’un canular, mais ce qu’il va devoir affronter dépasse de loin ce qu’il attendait.

    Mo Hayder signe un thriller au démarrage fort et prenant : l’ambiance malsaine sur l’îlot est très bien rendue, et de nombreuses situations rendent le récit haletant. Les personnages sont intéressants, d’autant que l’auteur a eu la très bonne idée d’alterner les points de vue de Joe Oakes et de sa femme Lexie.
    Cependant, le récit se perd un peu à partir de la deuxième partie, avec des chapitres bien moins marquants que les précédents. La tension règne toujours dans les mots de Mo Hayder, mais le lecteur perd de cette puissance narrative, notamment en raison de nombreux passages qui auraient pu être écourtés.
    Le final réserve malgré tout en point d’orgue un rebondissement très bien amené qui surprendra le lecteur et l’obligera à se remémorer certains moments du livre.

    Au final, Pig Island est un opus assez réussi où l’on retrouve la marque de son auteur, avec des passages très violents et gores, mais qui aurait probablement gagné à être plus court pour entraîner l’adhésion totale du lecteur.

    31/07/2008 à 19:08

  • Cibles à abattre

    Chris Ryan

    6/10 Neil Slater est un ancien agent du SAS – le « Special Air Service » anglais. Cependant, le retour à la vie civile est pour lui un véritable cauchemar : il s’occupe d’une jeune équipe de rugby et parvient à déjouer une tentative d’enlèvement de l’un de ses joueurs en abattant froidement les deux kidnappeurs. Il se reconvertit alors dans la protection rapprochée de personnalités mais son passé le rattrape : il risque d’être traduit en justice pour les deux meurtres dont il s’était rendu coupable. Une organisation baptisée « Le Cercle » lui propose alors de l’aider en échange d’une ultime action : s’occuper d’Antoine Fanon-Khayat, un marchand d’armes qui traite avec la Serbie. Mais rien ne va se passer comme prévu.

    Lui-même ancien membre du SAS, Chris Ryan maîtrise les rouages de l’espionnage et des descriptions d’opérations. A cet égard, chacun de ses mots et réflexions sent le vécu, et l’univers qu’il dépeint avec un talent indéniable n’est pas sans rappeler les intrigues de ses pairs tels Tom Clancy ou Robert Ludlum. L’intrigue, avec son lot de trahisons et de rebondissements, se laisse suivre avec beaucoup de plaisir, tant pour son réalisme que pour ses qualités narratives, même si elle n’échappe pas à certains clichés inhérents à ce type d’histoire. Le gros point négatif de ce roman demeure les longueurs : les chapitres sont parfois trop longs, sans être profitables au déroulement du récit, et les scènes d’action se font souvent attendre.

    Cibles à abattre est donc un opus intéressant et qui bénéficie sans nul doute de la plume experte de Chris Ryan, mais qui aurait mérité d’être plus ramassé dans sa forme pour être totalement convaincant. Il n’en demeure pas moins qu’il satisfera les fans du thriller d’espionnage sans pour autant bouleverser le genre.

    29/07/2008 à 10:47

  • Jack l'Eventreur démasqué

    Sophie Herfort

    8/10 L’ouvrage documentaire de Sophie Herfort offre un point de vue intéressant sur le tueur en série le plus célèbre des annales criminelles. Elle revient sur ses meurtres et leurs circonstances dans la première partie, puis expose un fait saisissant dans la deuxième partie qui est, selon elle, le déclencheur de toute cette affaire, avant de fournir dans la troisième partie une véritable charge contre celui qu’elle estime être le véritable Jack l’Eventreur.

    La première partie est correcte, mais sans plus, puisqu’elle n’offre aucun élément nouveau. Cependant, dès la deuxième, le lecteur se pique de curiosité pour ce personnage auquel l’auteur s’intéresse tant. L’idée de Sophie Herfort, pour ne rien dévoiler, peut paraître tout d’abord attirante et originale, mais sans totalement convaincre. Mais le troisième volet de ses recherches est vraiment bluffant : tout s’emboîte alors et offre au lecteur l’impression que son point de vue ne peut être que le bon. Il y a des détails probants, des éléments du passé du supposé assassin ainsi que des événements et propos qui sont sidérants. Même ceux qui ne sont pas spécialistes de cette affaire fermeront ce livre en se disant que la réponse fournie par Sophie Herfort était vraiment concluante. C’est un excellent travail de fond, documenté et pertinent, qui est vraiment remarquable.

    Il existe malgré tout quelques bémols : Sophie Herfort n’est que très rarement critique vis-à-vis de sa propre investigation, mais l’est très souvent quand il s’agit de celle des autres. Par ailleurs, certains chapitres n'ont pas autant de panache que le suggère le titre. Disons que l’auteur veut à tout prix étayer ses conclusions, quitte à devenir parfois péremptoire et en donnant une relecture très partisane des documents officiels.

    Cependant, il faut bien admettre, malgré ces quelques reproches, que son livre est fort, très fort : sa thèse tient la route de bout en bout, et son exploitation de la plupart des indices (photos, missives, passé du présumé coupable, modus operandi et propos tenus par des tierces personnes) est mémorable ! Nul ne peut dire de façon catégorique qu’elle a enfin découvert l’identité de Jack l’Eventreur, mais sa thèse est vraiment captivante et dépasse de loin ce qui a pu être écrit sur le sujet jusqu’à présent.

    29/07/2008 à 10:43

  • Ce Cher Dexter

    Jeff Lindsay

    8/10 Dexter Morgan est expert au service médico-légal de Miami, mais également un terrible prédateur, assassinant les serial-killers dès que le « Passager Noir » prend le contrôle de son corps et de son âme. Il a réussi jusqu’à présent à dissimuler sa double identité aux yeux des siens et de ses collègues, jusqu’à ce que l’on retrouve une série de cadavres, victimes d’un meurtrier très organisé et dont les méthodes font écho à celles de Dexter. Pour ce dernier, il va donc falloir mettre fin aux agissements de ce tueur si remarquable et méthodique, au point que Dexter finit par se demander s’il n’est pas lui-même ce serial-killer.

    Premier roman mettant en scène Dexter Morgan, Ce cher Dexter est à n’en pas douter une réussite. Jeff Lindsay maîtrise ses protagonistes, et le récit à la première personne permet de rentrer avec aisance dans la peau et l’esprit du « héros ». Par ailleurs, l’humour y est particulièrement décapant et corrosif, tant dans les dialogues que dans les situations, permettant au lecteur de prendre du recul par rapport à la violence et à une certaine amoralité de Dexter. Le récit est assez court, très équilibré et entraînant, avec ce qu’il faut de rebondissements pour accrocher le lecteur. Il est juste un peu dommage que l’intrigue passe parfois au second plan au profit des liens qu’entretiennent les personnages ainsi que de leur passé, mais il ne faut pas perdre de vue que ce livre permet d’installer des personnages qui seront récurrents dans les écrits de Jeff Lindsay.

    Au final, Ce cher Dexter est un opus très original, notamment grâce à un personnage principal décalé et atypique, que l’on aura beaucoup de plaisir à retrouver dans la suite de ses enquêtes, Le Passager Noir (Dexter revient!).

    20/07/2008 à 18:52

  • La Corde aux jours impairs

    Thomas Taddeus

    8/10 Une succession de meurtres secoue la ville : à chaque fois, l’assassin a pendu sa victime un jour impair à un horaire impair. Les enquêteurs Bossa Nova et Gabardine, flanqués du légiste Kaduk sont saisis de cette affaire qui se révèlera bien plus complexe qu’il n’y paraît.

    Avec ce premier roman, Thomas Taddeus signe un thriller original et convaincant. L’intrigue commence de façon assez classique et rebondit à partir de la moitié du roman, s’orientant vers une nouvelle série de pendaisons alors que le présumé coupable est sous les verrous. Les personnages, décrits en quelques mots seulement, tiennent bien la route malgré la volonté affirmée de la part de l’auteur de cultiver un certain recul par rapport à son écrit (la ville ou le pays où se déroule l’action n’est jamais cité, et certains protagonistes ont des noms délibérément farfelus). Les fausses pistes sont nombreuses et le récit à la première personne apporte une touche très prenante à la lecture de ce roman qui ne connaîtra de dénouement que dans le tout dernier chapitre.

    Pour conclure, La corde aux jours impairs est un thriller atypique et attachant qui donnera certainement au lecteur l’envie de se procurer La dernière lueur du diamant, disponible chez Flammarion vers septembre 2008.

    15/07/2008 à 11:42

  • La Chambre ardente

    John Dickson Carr

    9/10 C’est une affaire bien étrange : le vieux Miles Despard est décédé suite à ce que tout le monde a pris pour une gastroentérite. Cependant, l’idée d’un empoisonnement devient si insistante que ses proches décident d’exhumer le corps pour vérifier leurs doutes. Comment se fait-il que le cadavre n’y soit plus alors qu’il reposait dans un cercueil scellé dans une crypte d'où il est impossible d'extraire un corps sans laisser de traces ? Et que vient faire cette histoire de dame costumée qui aurait apporté à Miles Despard dans sa chambre une ultime tasse dans laquelle on a trouvé de très fortes quantités d’arsenic avant de disparaître, alors que cette pièce était fermée ? C’est donc une double enquête à laquelle vont s’atteler les membres de la famille Despard et leurs proches, alors que les premières rumeurs de sorcellerie commencent à apparaître…

    John Dickinson Carr signe avec La chambre ardente un excellent roman à énigmes. L’intrigue a été brillamment imaginée, et flirte souvent avec l’irrationnel. Les personnages, nombreux, sont bien menés dans une ambiance de suspicion générale proche de celle que l’on trouve dans certains romans d’Agatha Christie. Les rebondissements sont nombreux et imprévisibles, jusque dans les toutes dernières pages. Par ailleurs, les explications concernant les deux affaires sont très bien apportées, obligeant le lecteur à réfléchir aux divers éléments lus précédemment et à consulter le plan de la chambre de Miles Despard introduit au début du roman.

    A bien des égards, La chambre ardente demeure, malgré ses soixante-dix ans, un modèle de « whodunit » - roman policier dans lequel les indices sont fournis au lecteur qui est invité à en déduire l’identité du criminel avant que la solution ne soit révélée dans les dernières pages du livre - à la fois palpitant et ingénieux, qui régalera les amateurs du genre.

    10/07/2008 à 18:52 2

  • Le Rasoir d'Ockham

    Henri Loevenbruck

    4/10 Un tueur en série assassine Paul Cazo en lui ouvrant le crâne et liquéfiant son cerveau à l’aide de produits chimiques. Peu de temps auparavant, Paul Cazo avait appelé à l’aide le fils d’un de ses amis, Ari Mackenzie, analyste des Renseignements Généraux. Pour Ari, cette histoire tourne à la quête personnelle. Il va alors traquer ce tueur et être mis sur la piste d’un mystérieux carnet, celui de Villard de Honnecourt, dont les pages semblent recéler un secret pour lequel on tue.

    Henri Loevenbruck s’intéresse ici au thriller ésotérique qui a connu un immense succès littéraire avec notamment des romans comme Da Vinci Code ou Le Troisième secret. L’auteur a une plume intéressante, appuyant son récit sur une documentation solide et décrivant des scènes à fort potentiel visuel. Cependant, si le talent narratif de Henri Loevenbruck n’est pas à remettre en cause, il en est tout autrement de l’intrigue elle-même. Il manque en effet cette tension et cette originalité qui aurait pu faire de cette énième variation sur le thème du roman religieux un véritable succès. Beaucoup de passages sentent le « déjà lu ». Par ailleurs, les personnages peinent un peu à convaincre ; malgré un rebondissement final – qui n’a en soi rien de palpitant, le lecteur ne trouvera probablement pas en eux des héros dont il souhaitera suivre d’autres aventures.

    Au final, Le Rasoir d’Ockham est un thriller manquant cruellement d’âme, la faute à une intrigue n’ayant pas réussi à marquer durablement les esprits. Il contentera peut-être les amateurs mais pas ceux qui s’attendaient à un renouveau du genre.

    05/07/2008 à 20:28 2

  • Conan Lord, Carnets secrets d’un cambrioleur

    Serge Brussolo

    8/10 Dans le Londres de 1945, une équipe atypique constituée d’anciennes vedettes du cirque Paddington mène des cambriolages sous le pseudonyme de Conan Lord. Elle est bientôt engagée pour éliminer un tableau porteur d’une malédiction meurtrière ; dernière œuvre d’un jardinier japonais, elle donnerait la clef d’une énigme ancienne, à savoir l’identité du mystérieux Coupeur de Têtes. Elle demeure cachée dans le coffre-fort d’un Londonien fortuné et a comme caractéristique de se détruire à la lumière du jour. Les cambrioleurs sont donc engagés pour détruire ce tableau et taire à jamais l’identité du meurtrier. Mais la tâche se révélera bien plus ardue que prévue, dans les murs d’une bâtisse où tout le monde ment.

    Auteur à succès ayant sillonné la plupart des genres littéraires, Serge Brussolo renoue ici avec l’intrigue policière avec cet opus dense et parfaitement mené. Avec une intrigue oscillant entre Le visiteur sans visage et Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, Serge Brussolo démontre encore une fois toute l’étendue de ses talents. Le récit est très vif, multipliant les fausses pistes et rebondissements avec maestria, et les personnages sont toujours aussi intéressants et torturés. Les ambiances et décors sont parfaitement rendus, et les quelque 210 pages du roman sont un véritable régal, offrant au lecteur un incroyable moment de plaisir. Elu Masque de l’année 1995, ce livre est non seulement un excellent roman policier mais également une magnifique porte d’accès à l’univers si particulier de son écrivain.

    25/06/2008 à 11:22 1

  • Saigneur des loups

    Pierre Grimbert

    9/10 Un opus très prenant, à la fois axé sur la psychologie de ses protagonistes et sur des scènes d'action remarquables !

    20/06/2008 à 17:42

  • Le Fantôme de Manhattan

    Frederick Forsyth

    7/10 En ce début du vingtième siècle à New York, Erik Muhlheim a bâti un véritable empire grâce à une série d’opérations financières juteuses. Il décide d’utiliser sa fortune pour construire un opéra fabuleux à rendre passable le Metropolitan. Les traits dissimulés derrière un masque, cet homme est quelqu’un que personne ne connaît vraiment : qui est-il en réalité ? Pourquoi dépenser tant d’argent pour cette entreprise ?

    Le Fantôme de Manhattan est en fait une suite imaginée par Frederic Forsyth au Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux. Construit sur un intelligent canevas des confessions des divers protagonistes, ce roman assez court se lit d’une traite et exploite avec malice le classique de Gaston Leroux en le ressuscitant. Les personnages sont intéressants, l’intrigue très correcte, et le New York des années 1900 parfaitement rendu. En fait, c’est surtout la forme du récit – le croisement des points de vue – qui retient l’attention du lecteur, permettant une lecture dynamique et très originale, et sachant éviter les répétitions. Ce livre est avant tout à réserver aux fans de Gaston Leroux qui prendront bien du plaisir avec cette suite, brillante et atypique, et qui a su se donner une identité propre; les autres lecteurs y trouveront cependant moins d'intérêt.

    16/06/2008 à 20:47

  • Le Passager

    Patrick Senécal

    8/10 Etienne Séguin, résidant à Montréal, accepte un poste de professeur de littérature à Drummondville, ce qui va l’obliger à effectuer de nombreux allers-retours entre les deux villes. Une nuit, il prend en stop un dénommé Alex Salvail, jeune homme de son âge. Très vite, Etienne se rend compte qu’ils ont certainement dû se connaître lors de leur enfance, période de sa vie qu’Etienne a complètement oubliée en raison d’une amnésie. Qui est cet Alex Salvail et que lui veut-il ? Et surtout, quels sont ces jeux auxquels tous deux ont participé il y a bien des années ?

    Le Passager constitue une nouvelle réussite littéraire de l’auteur de Les sept jours du talion. Avec une écriture simple et directe, Patrick Senécal plonge rapidement le lecteur au centre d’un suspense psychologique maîtrisé et réaliste. En à peine plus de deux cents pages, il devient difficile de s’extraire du récit, singulier et intrigant, alternant les moments présents et les rares bribes de souvenirs d’Etienne, très accrocheurs. D’ailleurs, la concision de ce roman à suspense alliée à la succession de chapitres courts est telle que les ultimes rebondissements interviendront en quelques heures : à croire que c’est en fait le lecteur qui est le passager de cette histoire si bien conduite par Patrick Senécal qui renouvelle avec intelligence le thème littéraire de l’auto-stoppeur.

    11/06/2008 à 21:00

  • La Première Empreinte

    Xavier-Marie Bonnot

    8/10 A Marseille, le commandant De Palma enquête sur une série d’événements étranges : une spécialiste de la préhistoire est retrouvée noyée, quatre années après qu’un groupe de plongeurs ait trouvé la mort aux abords de la grotte Le Guen. C’est ensuite un tueur qui massacre ses victimes de manière monstrueuse, laissant sur place une empreinte de main en négatif aux abords du corps. Il faudra toute la ruse et l’obstination de De Palma pour comprendre les raisons de ces drames.

    Premier roman de Xavier-Marie Bonnot, La première empreinte est à coup sûr une réussite. Les divers personnages sont bien rendus, avec une mention spéciale pour De Palma, dit « Le Baron », flic désabusé et féru d’opéra. Le décor de Marseille offre un cadre enchanteur à l’enquête, ville que connaît parfaitement l’auteur, ce dernier ponctuant ses dialogues et descriptions de termes locaux explicités dans un lexique situé à la fin du roman. Les fausses pistes sont nombreuses et le récit tient en haleine jusqu’au bout.

    Au final, La première empreinte est un thriller bien sympathique et original, et qui donnera au lecteur l’envie de poursuivre les enquêtes de De Palma avec La Bête du marais et La voix du loup.

    09/06/2008 à 00:04 1

  • La Nuit du minotaure

    Paul Halter

    9/10 Un ouvrage excellent qui oscille entre le roman à énigme et le thriller fantastique, très bien mené, et avec une intrigue intéressante. Cela donne à la fois envie de lire d'autres romans du Club Van Helsing et également de Paul Halter qui signe donc ici un roman remarquable !

    02/06/2008 à 22:20

  • Le Chirurgien

    Tess Gerritsen

    9/10 A Boston, des femmes sont retrouvées après avoir été suppliciées et tuées, leur utérus prélevé. Ce modus operandi fait penser aux actes d’Andrew Capra, un tueur en série qui avait été abattu par sa dernière victime, Catherine Cordell. L’équipe de la brigade criminelle se rend compte que Cordell exerce désormais à Boston : y a-t-il un lien entre elle et ces nouveaux assassinats monstrueux ?

    Spécialiste des milieux médicaux, Tess Gerritsen signe avec Le Chirurgien un thriller remarquable. L’intrigue imaginée est diabolique et maîtrisée sans la moindre fausse note. Les personnages sont tous bien campés, depuis le docteur Cordell – à la fois victime et femme forte – jusqu’aux policiers, composant une galerie très intéressante. Les rebondissements sont toujours bien amenés, et le lecteur aura bien du mal à s’extraire du roman tant le suspense est savamment maintenu. Le tueur en série ici mis en scène marque les esprits en raison de sa perversité et de sa violence inouïes ; il est d’ailleurs à noter que Tess Gerritsen a écrit une suite à cet opus sanglant, L’apprenti.

    A l’évidence, Le Chirurgien constitue un thriller dont on parlera encore avec le plus grand des respects dans bien des années.

    27/05/2008 à 18:36

  • 1275 âmes

    Jim Thompson

    10/10 Nick Corey, shérif en chef du canton de Potts, est un homme que tout accable. Raillé par les uns, maltraité par les autres, sur le point de perdre son mandat, il se noie également dans des relations sentimentales qui ne le comblent pas. Lassé par cette situation déprimante, il se décide enfin à faire le ménage dans sa ville. Ce sera pour lui le début d’une lente reconquête de la commune.

    1275 âmes est sans nul doute un chef-d’œuvre de la littérature policière bien qu’il ait été écrit il y a quarante ans. Les personnages sont tous magnifiquement rendus, l’intrigue est jouissive au possible, cynique et corrosive. Les travers des administrés de Nick Corey sont soulignés en quelques lignes et l’ensemble est parfaitement cohérent. Par ailleurs, Jim Thompson possède un véritable talent de narrateur, mettant en scène des individus qui se perdent dans leurs contradictions et leurs sournoiseries, criblant ses répliques et situations d’un humour ravageur. En cela, il constitue un excellent pendant à Le Démon dans ma peau, sombre et désespéré, achevant de faire de cette lecture une nécessité pour tout amateur de lecture noire.

    27/05/2008 à 18:34 4

  • Le Violon du Diable

    Lincoln Child, Douglas Preston

    9/10 Le critique d’art Jeremy Grove est retrouvé calciné dans une chambre fermée de l’intérieur, une empreinte de pied fourchu découverte sur place. L’agent spécial du FBI Pendergast vient prêter main forte à son ancien collaborateur D’Agosta dans cette enquête si étrange, et qui amènera ce duo de policiers hors pair à côtoyer les milieux interlopes de l’art et de l’espionnage militaire, alors que d’autres personnes viennent à mourir consumées, une odeur de soufre flottant dans les airs.

    Après Relic, Le grenier des enfers, La chambre des curiosités et Les croassements de la nuit, Aloysius X. L. Pendergast revient avec une investigation haute en couleurs. Malgré la longueur du livre, l’ensemble se lit avec délice, le lecteur aura bien du mal à s’extraire des rebondissements multiples concoctés par Douglas Preston et Lincoln Child. Le style est toujours aussi agréable, l’intrigue est particulièrement bien ficelée, avec une série d’explications finales absolument formidables, et qui laisse apparaître quelles seront les prochaines aventures de Pendergast. Cet opus est un habile mélange de roman d’espionnage, de thriller et de roman d’action : palpitant !

    Pour conclure, Le violon du diable est assurément un excellent roman à découvrir d’urgence, et qui, après la petite déception que constituait Les croassements de la nuit, sonne le retour en fanfare de l’agent spécial le plus atypique et excitant de la littérature policière.

    20/05/2008 à 18:35 1