El Marco Modérateur

3708 votes

  • Le Vampire du stade Bollaert

    Jean-Christophe Macquet

    6/10 Un roman très agréable à lire et prenant, mais qui manque dans sa forme d'un soupçon de folie et/ou de noirceur, donc d'un peu de piment.

    01/12/2008 à 20:02

  • Last Call

    Alex Barclay

    2/10 Plusieurs années après le drame narré dans Darkhouse, l’inspecteur Joe Lucchesi est confronté à New York à un nouveau tueur : des personnes sont retrouvées le visage massacré, un téléphone à portée de main. Celui que les médias surnomment déjà le Visiteur va jusqu’à narguer les autorités policières en leur adressant des lettres, et il semble bien déterminé à poursuivre son jeu de massacre. Encore traumatisé par le passé récent et le monstre qui s’en était pris à sa famille, Joe Lucchesi va devoir, avec son équipe, affronter ce nouvel ennemi.

    Deuxième roman d’Alex Barclay, Last Call est une nouvelle déception, et de taille. L’intrigue est très basique, avec un énième tueur en série qui ne marquera jamais les annales de la littérature policière, tant il est passe-partout et sans envergure. L’écriture est médiocre, sans saveur, et le récit est très souvent ennuyeux, notamment en raison de digressions multiples quant à la vie privée de Lucchesi, et sans que ces chapitres soient pour autant émouvants ou intéressants. Les personnages n’ont aucune profondeur, sont stéréotypés, et Alex Barclay ponctue ses répliques d’un humour souvent de mauvais goût bien inutile. Le final est par ailleurs bâclé et sans panache.

    Au final, Last Call est un thriller décevant, sans la moindre originalité. On a parfois l’impression de lire une novellisation sans âme d’un mauvais téléfilm.

    25/11/2008 à 20:38 1

  • L'Or des Maures

    Jacques Mazeau

    2/10 Près des gorges de Kakouetta, un couple de randonneurs disparaît. L’inspecteur de la Police Judiciaire Michel Fabre, spécialisé dans les affaires paranormales, va mener l’enquête aux côtés de Muriel Lacan, docteur en physique et membre d’une unité de parapsychologie. Ils vont alors se rendre compte que depuis plus de cinquante ans, bien d’autres personnes se sont volatilisées dans cette région où une légende raconte qu’un trésor y aurait été dissimulé par les Maures, il y a plus de douze siècles, légende dont parle également Nostradamus dans une de ses prophéties et qui serait en rapport avec un étonnant héritage légué par des extra-terrestres.

    Jouant sur le thème très en vogue de l’ésotérisme et de la religion, Jacques Mazeau a bâti un roman de bien piètre facture. Les personnages principaux – Michel Fabre et Muriel Lacan – n’ont que trop peu de charisme et sont sans réelle profondeur humaine. La langue de l’auteur est très plate, que ce soit pour les scènes d’action ou les descriptions alors que le décor se prêtait pourtant à une aventure haute en couleurs. Par ailleurs, l’intrigue traîne en longueurs, et il faut attendre au moins 200 pages pour que le suspense devienne plus intéressant. Et finalement, dans l’ultime chapitre, les explications apparaissent enfin, mais offrant souvent bien plus de questions que de réponses. A vouloir trop jouer sur la partition pourtant ouverte du thriller ésotérique, Jacques Mazeau ne parvient jamais vraiment à convaincre alors que le sujet promettait cependant d’être prenant.

    Au final, L’or des Maures n’est qu’un roman de plus se fondant sur le paranormal et les versants mystérieux de la religion, mais sans apporter une nouvelle pierre à cet édifice littéraire. Reste un thriller qui ne provoque aucune fièvre ni ne laissera aucun souvenir exaltant au lecteur.

    23/11/2008 à 10:49

  • Le Troisième secret

    Steve Berry

    8/10 En 2005, le pape envoie monseigneur Colin Michener, son homme de confiance, communiquer un message en Roumanie à un vieux prêtre, le père Tibor. Ce dernier est en fait celui qui avait traduit l’un des mystérieux messages transmis par la Vierge en 1917 à Fatima, petite bourgade portugaise. Inquiet de cette manœuvre, Alberto Valandrea, secrétaire d’Etat du Vatican, va faire suivre Michener et tenter de lui bloquer la route, quitte à user des pires moyens. Car le secret qui est en jeu pourrait bien éclater au grand jour et bouleverser les fondements de l’Eglise.

    Steve Berry signe avec Le troisième secret un ouvrage réussi dans le domaine du thriller religieux. L’auteur a particulièrement travaillé la documentation préalable, et l’ensemble de son récit sonne juste, depuis les psychologies de ses personnages jusqu’aux cérémonies en passant par l’histoire du Vatican. Son style est direct, sans la moindre fioriture, et l’on suit avec plaisir les aventures de Michener accompagné de son ancienne maîtresse à travers de nombreux pays. Même si certains protagonistes souffrent parfois de quelques stéréotypes, le roman se lit avec facilité, notamment en raison de l’alternance entre les points de vue des divers individus. Il est presque intégralement exempt de scènes d’action ; l’intrigue joue davantage sur les codes du roman d’espionnage, avec ses alliances, ses manipulations, ses faux-semblants et autres coups tordus. Par ailleurs, la clef de voûte du roman – la nature exacte de ce troisième secret jamais divulgué aux catholiques – pourra marquer les esprits car elle est très bien introduite et fait écho à de nombreux passages du roman, tout en restant parfaitement plausible et non téléphonée ; là où de multiples écrivains jouant sur le succès du Da Vinci Code ont opté pour des intrigues abracadabrantes et cherchant à tout prix le sensationnel, Steve Berry a choisi la sobriété, ce qui sert ses propos.

    Au final, Le troisième secret est un opus très plaisant quoiqu’avant tout réservé aux inconditionnels du genre, mais qui satisfera néanmoins les autres lecteurs, ceux que l’explosion de romans sur l’ésotérique et le religieux aura fini par lasser.

    18/11/2008 à 06:53 2

  • La Nuit des autres

    Yvonne Besson

    7/10 Un bon roman qui joue dans le feutré, avec ce qu'il faut de suspense et de psychologie.

    08/11/2008 à 17:01

  • Echange mortel

    Stuart Woods

    3/10 Un roman à suspense qui commence très bien mais qui devient vite lassant, prévisible et sans intérêt. Selon moi, un immense gâchis !

    04/11/2008 à 19:06

  • Le Grand Sommeil

    Raymond Chandler

    10/10 Le vieux général Sternwood engage le détective privé Philip Marlowe pour enquêter sur une tentative d’extorsion de fonds. Le problème est que Sternwood est affligé de deux filles dont il dit lui-même : « J’ai l’impression qu’elles vont à leur perte, séparément, par des routes légèrement divergentes. Vivian est gâtée, exigeante, intelligente et parfaitement impitoyable. Carmen est une enfant qui aime arracher les ailes aux mouches. Ni l’une ni l’autre n’ont plus de sens moral qu’une chatte ». Quand Marlowe commence son travail, il va rapidement être confronté à des gangsters sans scrupule, aux motivations très variées, jusqu’à ce que le premier meurtre éclate. Ce ne sera que le début d’une enquête au cours de laquelle Marlowe va affronter ce qu’il y a de plus vil chez l’être humain, y compris chez les proches du vieux général.

    Ecrit en 1939, Le Grand Sommeil est à n’en pas douter l’une des pierres angulaires du roman noir. Raymond Chandler a imaginé une intrigue sombre et réaliste, prenante jusqu’à la dernière page, hantée d’individus peu recommandables et de femmes fatales. Les deux atouts majeurs de ce livre, en plus de l’énigme qui n’a pas le moins du monde vieilli, sont la langue de Raymond Chandler, à la fois drôle dans les dialogues et savoureuse dans ses descriptions et psychologies, et le personnage de Philip Marlowe, délicieusement sarcastique et tenace, interprété au cinéma par de grands acteurs tel Humphrey Bogart et Robert Mitchum.

    Le grand sommeil constitue donc une inestimable pépite, un roman d’une rare intensité que l’on ne se lassera jamais de lire et relire, et qui aura inspiré des générations d’écrivains.

    30/10/2008 à 17:55 3

  • Le Complot Sweetman

    Graham Masterton

    8/10 A Los Angeles, un tueur en série surnommé « Le dingue de l’autoroute » élimine des automobilistes qui ne semblent avoir aucun lien entre eux. Alors que John Cullen, modeste homme à tout faire pour vieilles dames, va chercher à l’aéroport son père, ce dernier se fait abattre sur le chemin du retour. Persuadé qu’il s’agit de l’œuvre du serial killer qui en est déjà à sa douzième victime, John, aidé par sa compagne et un camarade, va mener sa propre enquête. Au même moment, Carl X. Chapman, sénateur républicain très lié à des lobbys pétroliers, est obnubilé par sa candidature au poste de Président des Etats-Unis. Quel est le rapport entre ces deux affaires ? John Cullen l’apprendra à ses dépens, et bien chèrement.

    Roman écrit par l’un des auteurs majeurs de l’horreur et du fantastique, Graham Masterton, Le complot Sweetman est un franc succès. L’intrigue est bien élaborée, exploitant une idée à la fois brillante et angoissante de réalisme, celle selon laquelle le politique peut faire assassiner sans le moindre remords, avec la réussite personnelle comme seul objectif. L’auteur a peint une belle galerie de personnages, tantôt attachants, tantôt révoltants, dont les actes et pensées alternent avec ingéniosité au gré des chapitres. L’ensemble se lit avec une très grande facilité tant la plume de l’écrivain est percutante et efficace, même si on peut lui reprocher une surenchère dans les scènes de sexe et une fin un peu abrupte.

    26/10/2008 à 10:41

  • Crim' Sur la Prom'

    Bernard Deloupy

    8/10 Alors qu’il sort de l’un des plus beaux hôtels de Nice, le milliardaire russe Mickhaïl Andropov est abattu. Il était alors pris en filature par le détective privé Garri Gasiglia qui avait été engagé par l’épouse de l’oligarque. Le crime est vite revendiqué par un groupe inconnu d’écologistes tandis qu’autour de la Promenade des Anglais, de nombreux personnages interlopes s’agitent suite à cet assassinat. Garri va alors mener son enquête et découvrir une vaste escroquerie internationale que des mafieux souhaiteraient taire.

    Si Crim’ sur la Prom’ a tous les aspects du polar purement régionaliste, sa lecture défait ce préjugé. Tenant sur à peine plus de 170 pages, ce roman est un régal : les personnages sont nombreux et hauts en couleurs, les descriptions des paysages magnifiques, et la plume alerte et poétique de Bernard Deloupy est un véritable enchantement. Garri Gasiglia est un détective savoureux, grand amateur de nourriture et de femmes, et que l’on aura d’ailleurs plaisir à retrouver dans sa deuxième enquête, Crim’ sous le tram’. L’humour est omniprésent dans ce livre, tant dans les joutes verbales que dans les réflexions et portraits, et le lecteur aura bien souvent l’occasion d’éclater de rire. L’intrigue n’a pas pour autant été bâclée et s’appuie sur une documentation solide, offrant une succession d’épisodes à la fois dynamiques et nerveux, de la course-poursuite à la prise d’otage en passant par l’analyse pertinente des enjeux de la défense de l’environnement.

    C’est donc un roman policier de premier ordre qu’offre Bernard Deloupy à tous ses lecteurs : drôle, enlevé, atypique, décalé, ce personnage de Garri Gasiglia dispose décidément de bien des atouts pour faire parler de lui dans le monde littéraire.

    16/10/2008 à 19:01

  • Seul le silence

    R. J. Ellory

    8/10 A la moitié du vingtième siècle, le jeune Joseph Vaughan et la petite bourgade de Géorgie où il demeure sont les témoins d’une série de meurtres ignobles : des fillettes sont retrouvées assassinées après avoir subies la fureur de leur bourreau. Les autorités ne parviendront pas à arrêter le coupable et ce ne sera que bien plus tard, quand Joseph sera devenu écrivain à New York, alors que la série de massacres le touchera de façon encore plus personnelle, que la vérité, sordide, éclatera.

    Premier roman de R.J. Ellory, Seul le silence est indéniablement un opus qui fera date. Une écriture très soignée qui privilégie la psychologie et prend le temps de planter une ambiance angoissante. Des personnages variés et très vivants, en proie à leurs démons les plus intimes. L’auteur a un réel don de conteur et mobilise toute l’attention du lecteur jusqu’aux dernières pages dans lesquelles sera dévoilée l’identité du coupable. Même si certains passages peuvent paraître un peu longs et manquer de panache, R.J. Ellory devient, en un seul roman, un auteur à suivre de très près et dont on attendra avec impatience les prochains livres.

    14/10/2008 à 06:48 4

  • Le Chandelier d'or

    David Gibbins

    6/10 Après avoir réussi à localiser l’Atlantide dans Atlantis, l’équipe de Jack Howard va dans cette nouvelle aventure se lancer à la poursuite de la fameuse Menora, le chandelier d’or originel qui est un des symboles les plus anciens de l’identité juive. De la Turquie aux glaces du Groenland, Howard va rencontrer une série d’embûches mortelles car la Menora est également recherchée par un groupuscule prêt à tout pour s’approprier ce trésor que tout le monde croyait perdu.

    David Gibbins signe ici un nouvel opus intéressant. En faisant parcourir le globe, il invite le lecteur à des aventures échevelées, et qui ira puiser dans les cultures romaine, viking, maya, sans compter le nazisme. Il est d’ailleurs à noter que l’auteur privilégie l’aspect intellectuel puisque de nombreux rebondissements viendront au travers de découvertes et de recoupements historiques plutôt qu’avec des péripéties spectaculaires. En effet, David Gibbins a particulièrement soigné la documentation pour étayer ses thèses, et même si certains aspects paraissent un peu tirés par les cheveux, il faut reconnaître que le roman est intéressant et original. Cependant, à trop vouloir privilégier la thèse historique, l’auteur oublie de distiller des scènes d’action, finalement peu nombreuses. Par ailleurs, certains personnages ne sont pas assez fouillés et l’intrigue multiplie les stéréotypes.

    Au final, Le chandelier d’or est un ouvrage prenant mais qui fait trop souvent l’impasse sur la nervosité pour embarquer de bout-en-bout le lecteur.

    28/09/2008 à 22:49

  • Miserere

    Jean-Christophe Grangé

    9/10 Un thriller haletant, original et efficace, qui porte une fois de plus la "patte Grangé". Malgré un petit bémol pour la fin trop rapide à mon goût et un ou deux effets un peu "gros", la cuvée 2008 de l'auteur est une sacrée réussite !

    22/09/2008 à 18:01

  • La Disparue de Las Vegas

    Max Allan Collins

    8/10 On retrouve avec plaisir tous les personnages, toujours ce sens de l'humour décalé, et des dialogues qui font mouche. Le suspense est bien maintenu, les protagonistes utilisent toujours leurs techniques scientifiques pour confondre les coupables. Toujours ce principe des deux affaires menées en parallèle, mais ici, cela ne gène pas du tout la lecture. Et contrairement à certaines novellisations, l'auteur a vraiment bien écrit, ne se contentant pas de décrire platement les scènes : il y a du sentiment, des belles descriptions, et également de jolies formules. Bref, du tout bon, même s'il faut avant tout le conseiller aux fans de la série.

    20/09/2008 à 17:50

  • La Morsure du lézard

    Kirk Mitchell

    8/10 Emmett Parker, officiant pour le Bureau des Affaires Indiennes, et l’agent du FBI Anna Turnipseed sont chargés d’élucider l’assassinat d’un policier tribal et de sa femme. Détail troublant : la fenêtre de la voiture dans laquelle on a retrouvé les corps calcinés était ouverte, permettant à l’âme des victimes de s’échapper, selon les rites indiens. Les deux enquêteurs vont devoir s’aventurer sur un terrain extrêmement dangereux, entre narcotrafiquants et autres homicides sur lesquels plane l’ombre malsaine d’un être qui semble se prendre pour un lézard perlé, un animal à forte symbolique dans la mythologie des Navajos.

    Kirk Mitchell signe avec La Morsure du lézard un excellent thriller, bien noir et complexe. L’intrigue est suffisamment tortueuse pour multiplier les fausses pistes et développer une savoureuse galerie de portraits tantôt attachants, tantôt inquiétants. Les deux protagonistes de cet opus sont marquants, et l’auteur sait avec un talent certain décrire les pensées et traumatismes de ses personnages. Même s’il y a quelques longueurs, notamment en raison de cette volonté de rendre chaque état d’âme de Parker et de Turnipseed avec réalisme, Kirk Mitchell sait indéniablement mener son récit, avec la présence de scènes d’action prenantes, et surtout cette peinture si vivante des Indiens auprès de qui l’auteur a travaillé par le passé en tant qu’agent fédéral.

    La Morsure du lézard est donc un thriller brillant, prenant le temps de décrire les us et coutumes des Indiens d’Amérique avec talent, et qui offre une lecture originale qui ravira les fans du film « Cœur de Tonnerre".

    15/09/2008 à 13:52

  • Comptine en plomb

    Philippe Bouin

    8/10 En 1965, une série de crimes étranges secoue le Pas-de-Calais : c’est d’abord un éleveur de coqs retrouvé poignardé par une lame hors de prix. Le meurtrier a laissé comme signature une figurine de plomb représentant un soldat de 14-18. Le commissaire Achille Gallois, Pied-noir encore traumatisé et colérique suite à l’abandon de l’Algérie par la France, est mis sur l’enquête. Pour lui, pas l’ombre d’un doute : le tueur ne peut être qu’un notable, sa thèse étant accréditée par le coût de l’arme du crime. Gallois va profiter de cette affaire pour régler ses comptes avec cet Hexagone qu’il exècre et ses bourgeois pour lesquels il voue un très fort ressentiment. Mais l’assassin n’en reste pas là : laissant toujours dans son sillage un soldat de plomb, il poursuit son petit jeu de massacre, sans mobile apparent…

    Après son très bon roman La Gaga des traboules, Philippe Bouin signe un nouvel opus de grande qualité. Il offre au lecteur une galerie de personnages savoureux et grinçants dans une atmosphère du Nord d’après-guerre parfaitement rendue, reposant également sur une documentation solide. Le commissaire Gallois est un protagoniste atypique, rusé, calculateur et en même temps crispé par ses hantises intimes, qui n’a de cesse de bousculer les personnalités importantes au mépris des pressions de sa hiérarchie. L’intrigue est aussi très habile, jouant subtilement sur les non-dits et les faux-semblants, ne déclinant l’identité et les motivations du tueur que dans les dernières pages, au fil d’un récit qui aura ménagé nombre de renversements de situation, et ne lâchant qu’avec parcimonie les indices.

    Au final, Comptine en plomb est un thriller très adroit, concis et marquant, où l’intrigue est aussi exquise que l’ambiance décrite par Philippe Bouin, qui est décidément un auteur à suivre de très près.

    10/09/2008 à 17:52 5

  • Le Tueur des tornades

    Alice Blanchard

    6/10 En Oklahoma, une tempête s’est abattue sur la ville gérée par le shérif Charlie Grover, et c’est toute la famille Pepper qui est retrouvée morte sous les décombres de leur maison. Cependant, Grover s’aperçoit que les corps ont été transpercés par des débris bien trop aiguisés pour que ce soit purement accidentel. Par ailleurs, il découvre dans la bouche des victimes qu’une dent a à chaque fois été arrachée pour être remplacée par une autre, issue d'on ne sait quel corps. Pour le shérif, ce sera le premier jalon de la traque d’un tueur en série sans scrupule.

    Alice Blanchard signe ici un roman divertissant, exploitant intelligemment l’univers des tornades et des scientifiques qui les étudient, reprenant de nombreux éléments du film Twister. Et si cette trame de base – un assassin agissant au beau milieu des cyclones – est inédite, le reste du livre l’est beaucoup moins. Les personnages manquent de relief – mis à part Charlie Grover et son père – et sont souvent alourdis par des poncifs. Par ailleurs, les relations sentimentales de Grover et, parallèlement, de sa fille Sophie, passent parfois au premier plan, reléguant l’intrigue policière à une simple toile de fond. Cependant, le récit ménage suffisamment de rebondissements pour maintenir l’attention du lecteur, et les révélations finales sur les motivations de l’assassin sont les bienvenues.

    Le tueur des tornades est donc un opus bénéficiant d’une histoire se démarquant de celles des autres thrillers, mais manquant d’un peu de nerf et d’originalité dans la narration.

    06/09/2008 à 10:03

  • Moisson rouge

    Dashiell Hammett

    10/10 Quelque part pendant les années 1920, le narrateur, détective privé pour le compte de l’agence Continental de San Francisco, est engagé par un client qui lui demande de venir le rejoindre à Personville, mais à peine est-il arrivé que son commanditaire est assassiné. La ville est sous la coupe d’une horde de gangsters qui y avait jadis pris position pour mater une grève massive mais n’avait pas quitté la ville depuis. L’enquêteur se voit alors confier une nouvelle mission par le père du défunt : libérer la cité du joug des truands. Pour ce faire, le détective va employer une méthode ingénieuse : monter les malfrats les uns contre les autres. Ce sera le début d’une véritable « moisson rouge » jusqu’à la purification totale.

    Ecrit en 1929 par Dashiell Hammett, La moisson rouge est un délicieux roman noir qui réunit tous les ingrédients du genre : des criminels en grande quantité et toujours prêts à faire parler la poudre, de belles femmes causant bien du désagrément aux hommes qui les côtoient et une ambiance crépusculaire. Le récit y est viril à souhait, avec son lot de scènes d’actions et d’affrontements, avec un langage qui manie la concision et l’argot. Les descriptions des protagonistes sont savoureuses, le personnage de détective privé est un brillant calculateur, et c’est avec joie que l’on plonge dans cette intrigue dense et aux nombreuses ramifications. L’ensemble tient du whisky millésimé dont on savoure chaque gorgée et dont on s’étonne presque naïvement qu’il ait pu conserver un tel arôme malgré les années.

    31/08/2008 à 17:06 2

  • Le Diable de Glasgow

    Gilles Bornais

    8/10 Un roman que j'ai trouvé vraiment très sympa. Une intrigue originale, des personnages suffisamment consistants et une grande originalité de l'énigme, avec une résolution qui côtoie un peu le fantastique...mais je n'en dirai pas plus ! Le vocabulaire est parfois un peu léger, façon titi parisien en vadrouille en Ecosse, mais ce n'est pas du tout rebutant. Je le conseille vivement.

    31/08/2008 à 15:33

  • L'Homme aux yeux de napalm

    Serge Brussolo

    8/10 Encore une fois, Serge Brussolo fait preuve d’une imagination débordante dans ce récit fantastique. Pêle-mêle, on y découvre des jouets mutants, des dimensions parallèles où rêve et réalité se superposent, une secte dont les adeptes jouissent quand ils sont éviscérés, des entités extraterrestres aux desseins bien étranges, et les codes habituels des fêtes de Noël travestis en rites insolites. On retrouve cette patte si caractéristique de l’auteur, avec une langue très travaillée et des univers complètement fous, et un récit déroutant pour le lecteur qui n’a jamais arpenté les sentiers tracés par Serge Brussolo. L’homme aux yeux de napalm ressemble à bien des égards à Dreamcatcher de Stephen King et à quelques-unes de ses autres histoires ayant trait à l’enfance (Ca notamment) ainsi qu’à d’autres œuvres de Brussolo comme La nuit du Bombardier.
    Probablement pas son écrit le plus facile pour quiconque s’essaiera à cet auteur, mais pour les habitués, une fois qu’ils seront rentrés dans le récit, ce sera une nouvelle démonstration du talent halluciné de cet auteur-phare.

    25/08/2008 à 19:05 1

  • Nevermore

    William Hjortsberg

    8/10 A New York, dans les années 1920, un double crime alerte les autorités publiques et la police en vient à penser que le tueur a agi en essayant de reproduire l’une des nouvelles d’Edgar Allan Poe. Au même moment, les vieux amis Harry Houdini et Arthur Conan Doyle se retrouvent ; le magicien continue de brocarder les médiums en démystifiant leurs exploits tandis que l’écrivain est quant à lui le chantre des spirites. Et un autre crime est commis, toujours en rapport avec les écrits de Poe. Qui est le tueur ? Les deux amis, quoique très opposés sur les sujets occultes, vont mener ensemble leur enquête pour découvrir l’identité de l’assassin.

    L’idée de William Hjortsberg de faire intervenir dans un même roman deux personnages réels, à savoir l’illusionniste Houdini et Arthur Conan Doyle, le père du détective Sherlock Holmes, est une idée fameuse et exploitée de façon intéressante. L’auteur a également mis l’accent sur les lieux et l’époque, rendant de façon magistrale l’atmosphère du New York du début du vingtième siècle. L’ensemble est bien imaginé et construit, avec une écriture très agréable.
    Cependant, Nevermore n’est pas à proprement parler un pur roman policier puisque l’intrigue passe souvent au second plan, William Hjortsberg privilégiant le travail sur la psychologie de ses personnages, leurs doutes et leurs errances. A cet égard, de nombreux lecteurs risqueront de se sentir floués par une enquête policière abordée assez tardivement dans le livre et qui est finalement simpliste. Mais pour les amateurs de romans d’ambiances, passionnés d’histoire, férus d’Arthur Conan Doyle et d’Edgar Allan Poe, et souhaitant se lancer dans un livre atypique dans son fond comme dans sa forme, Nevermore reste assurément un choix judicieux, avec en prime une belle immersion dans l’univers de l’illusion et du spiritisme.

    24/08/2008 à 19:20 2