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Couverture dangereuse
6/10 Un ouvrage que j'ai trouvé très proche de « Pour adultes seulement » , tant par la forme que par le fond. Des dialogues bien ciselés, des personnages et des situations que l'on pourrait retrouver dans un film de Tarantino, des chapitres courts et visuels. On lit ce bouquin comme on regarderait un film d'action américain.
Malgré ces points positifs, j'ai toujours un peu de mal avec le style de Philip Le Roy, justement trop américanisé à mon humble avis. Par ailleurs, malgré de très bonnes idées, je trouve que le récit tombe souvent dans la surenchère de scènes d'actions un peu inutiles voire caricaturales, au point que j'ai fini par ne plus croire à l'histoire, et j'ai eu le sentiment que le livre n'en finissait pas de finir.
Un assez bon moment de lecture, je le reconnais, mais qui ne me marquera certainement pas.11/08/2010 à 18:40
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Eternalis
7/10 Italie du dix-huitième siècle : un homme étrange est poursuivi car il serait le détenteur d'un important secret. Irak, de nos jours : une escouade américaine découvre un laboratoire secret où des cobayes ont été torturés et soumis à des expérimentations atroces. Sur les murs de cette geôle clandestine, un Ouroboros, serpent mythique se mordant la queue et formant un cercle. Beyrouth : Mia assiste, impuissante, à l'enlèvement de sa mère, une archéologue qui cherchait à obtenir un mystérieux codex. Quel peut bien être le lien entre ces diverses histoires ?
Auteur à succès, Raymond Khoury signait ce livre après Le dernier templier. En technicien confirmé, l'écrivain a su bâtir une intrigue mêlant aventure, religion, ésotérisme, science et espionnage, pour un ouvrage parfaitement calibré. On retrouve des complots à l'échelle internationale, des membres des services secrets particulièrement retors, un médecin aux essais cliniques dignes des pires sauvageries de Mengele, des héroïnes attachantes et fortes dans les épreuves, et un arcane qui pourrait modifier le monde. Raymond Khoury est un excellent conteur d'histoire, multipliant les rebondissements et les fins de chapitres donnant envie de se ruer sur le suivant – ce que l'on appelle des « cliffhangers ». Néanmoins, malgré l'imposante documentation et le savoir-faire de l'auteur, certains écueils viennent ternir la qualité de l'œuvre : beaucoup de poncifs – tant psychologiques qu'événementiels – émaillent le récit, et certaines ficelles de l'intrigue sont de la taille de cordes à nœuds.
S'il ne révolutionne pas le genre, Eternalis reste un agréable ouvrage, quelque part entre ceux de Steve Berry, Dan Brown et les péripéties d'Indiana Jones. En fait, s'il fallait n'émettre qu'un seul reproche majeur à ce roman, ce serait son titre : en effet, il dévoile beaucoup trop – et surtout beaucoup trop vite – la teneur du secret si ardemment poursuivi par les divers protagonistes de l'histoire.09/08/2010 à 19:03
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L'Irlandais de Brighton
7/10 Un style qui s'affirme et des références à Stephen King pleinement assumées : un bien bon ouvrage, tantôt poignant, tantôt déstabilisant, qui laissera un très agréable souvenir.
02/08/2010 à 11:22
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Sarko et Vanzetti
8/10 Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, apprend que l'un de ses plus vieux amis, Vanzetti, leader anarcho-syndicaliste dans une usine d'armement, vient d'être arrêté pour le meurtre d'un vigile. N'écoutant que son cœur, Gabriel se rend sur place et découvre l'envers du décor : pendant que les métallos sont sur le point d'être virés de l'entreprise, il semble que de sombres accords sont passés chez les dirigeants. Des arnaques, des trafics en tous genres : le Poulpe ne sait plus où donner du tentacule. Une seule chose est certaine : il ira jusqu'au bout pour prouver l'innocence de son camarade, quitte à employer la méthode forte... voire très forte.
Deux-cent-soixante-septième aventure du Poulpe, ce Sarko et Vanzetti est cette fois-ci écrit par Sergueï Dounovetz. On y retrouve avec un plaisir non dissimulé le goût de Gabriel pour lutter contre les injustices, sans jamais oublier de se rincer régulièrement le gosier à la bière. Le verbe est haut, les réparties jubilatoires, et les personnages bien croqués. L'accent social est, comme toujours, de mise, avec une plongée dans le monde ouvrier, les luttes intestines entre syndicats et partis politiques, le milieu des trafiquants, et les sphères politiques opaques. D'ailleurs, Sergueï Dounovetz a choisi de mettre en avant les descriptions des grèves et leurs conséquences sociales, parfois au détriment d'une intrigue qui apparaît parfois secondaire ; cela pourra décontenancer voire décevoir des lecteurs qui auraient voulu une trame policière plus épaisse. Néanmoins, l'auteur assume pleinement ce choix, s'en délecte même, et offre des réflexions qui, à défaut d'être toujours partagées par le lecteur, n'en demeurent pas moins bien amenées et constitutives de l'esprit libertaire du Poulpe.
La série du Poulpe se porte donc très bien. Un auteur, un épisode, et l'on passe à la suite. Le prochain à animer le céphalopode sera Antoine Chainas avec 2010, l'odyssée de la poisse. Le roman de Sergueï Dounovetz se conclut sur un départ de Gabriel à Lille : Antoine Chainas y installera-t-il l'intrigue de son livre ? Suspense. La réponse en septembre prochain.29/07/2010 à 10:02 1
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Le dolmen des dieux
8/10 Gabriel Lacouvreur, alias le Poulpe, vient de fêter son demi-siècle. Pour se changer les idées, il file en Bretagne, mais les faits divers, encore une fois, attirent son attention. On a retrouvé deux gardes d'une réserve ornithologique au bas des falaises. Double suicide ? C'est ce que semblent prouver les premiers rapports d'autopsie. Mais Gabriel est quelqu'un de tenace, et il ne va pas en rester à ces apparences de vérité. Car, à n'en pas douter, il y a des gros poissons qui se gargarisent de cette version des faits, pourvu que leur bien-être soit préservé...
Deux-cent-soixante-huitième aventure du Poulpe signée par Chrysostome Gourio, Le dolmen des Dieux est, une fois de plus, un ouvrage bien mené et acide. Les sphères politiques, économiques et policières sont sacrément mises à mal par l'auteur, soulignant des relations pour le moins écœurantes. On retrouve le fort appétit de Gabriel Lecouvreur pour briser les injustices, en enquêteur libertaire opiniâtre. D'ailleurs, Chrysostome Gourio fait le lien avec d'autres opus de la série, comme Babel Ouest d'Gérard Alle, Certains l'aiment clos de Laurent Martin ou Arrêtez le carrelage de Patrick Raynal. L'intrigue est très bien menée, et sa résolution prend un écho significatif avec une récente actualité mettant en cause de hautes instances de l'État. Le lecteur aura donc le plaisir de voir Chrysostome Gourio renouer avec l'action et l'humour des précédents ouvrages, tout en offrant une passerelle inattendue avec Denis Bretin et Laurent Bonzon, en reprenant des personnages apparus dans Eden et Sentinelle.
Pour conclure, Le dolmen des dieux est un roman piquant et rythmé, poursuivant la série du Poulpe avec beaucoup de brio. Les aficionados se régaleront, et ceux qui ne connaissent pas ce feuilleton littéraire y verront un excellent moyen d'entrer dans la danse.29/07/2010 à 09:47 1
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La grande évasion en pantoufles
8/10 Il fallait du cran et du talent pour faire passer cette histoire de tueur, tout en rendant le personnage sympathique. Serge Scotto ne manque assurément ni de l'un ni de l'autre, et le résultat est très original ainsi que prenant. Chapeau !
29/07/2010 à 09:41
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Sable noir Tome 2 : Vampyres
Ouvrage collectif
7/10 Soyez les bienvenus à Sable Noir. Il s'agit d'un petit village perdu, ne figurant sur aucune carte. D'apparence paisible. En apparence seulement. Car quand tombe la nuit, sa physionomie se modifie. La quiétude devient terreur. Les bêtes se réveillent. Et elles ont faim. Faim de chair humaine. Soif de sang. Ce sont des vampires. Le détour vous intéresse-t-il toujours ? Oui ? Tant pis. Vous aurez été prévenus.
Après Sable noir auquel avaient participé Denis Bretin, Jean-Bernard Pouy, Maud Tabachnik, Andrea H. Japp et Xavier Mauméjean, voici la nouvelle cuvée. L'idée de base reste la même : un lieu isolé livré à de terribles événements, distillés en nouvelles, sous la plume d'écrivains reconnus. Ici, le fil rouge est la présence de vampires. Comme la plupart des ouvrages de ce genre, l'ensemble est soumis, bien évidemment, à l'imagination et au genre originel de chaque auteur. La nouvelle de Caryl Férey est somme toute classique, mais elle constitue une sorte de prologue intéressant en plongeant le lecteur dans l'ambiance des suceurs d'hémoglobine. Avec Brigitte Aubert, on bascule définitivement dans une ambiance glauque, très prenante. L'écrit de Thierry Jonquet fait à nouveau des merveilles, avec un habile suspense et une intrigue plus nuancée qui ne livre l'ultime pièce du puzzle que dans les dernières pages. La nouvelle d'Ann Scott est plus maléfique, revisitant le thème de la maison hantée et des apparitions, avec de nombreuses situations qui raviront les amateurs du genre mais qui s'éloigne du thème des vampires. Le récit de Colin Thibert est typique de l'auteur, avec de l'humour et des dialogues qui font mouche, et malgré un classicisme assumé, on passe un bon moment avec ces deux cambrioleurs qui ne sont pas au bout de leurs surprises. Quant à Pierre Pelot, ultime contributeur, il sait créer une histoire alternant passé et présent avec un final dont les dernières lignes sont marquantes.
Vampyres est donc un recueil bien bâti et s'offrant une pléiade d'auteurs au talent certain. Si les nouvelles sont brodées sur un sujet commun, elles n'en conservent pas moins leur identité respective. Les contributeurs ont véritablement respecté le cahier des charges qui leur était imposé, et, à défaut de marquer les esprits de manière durable, proposent ainsi un florilège divertissant et... appétissant.27/07/2010 à 08:49
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La Faute à pas de chance
7/10 A l'est de Los Angeles, un hélicoptère jette par-dessus bord Calvin Franz avant de rentrer au bercail. Quelques temps plus tard, Jack Reacher, commando à la retraite, reçoit un message sibyllin via son compte courant : il a en effet reçu 1030 dollars. Passionné de chiffres et de mathématiques, il finit par comprendre la transmission : le 10-30 est un signal d'alerte que seul un des anciens membres de son unité d'élite a pu lui expédier. Pour savoir qui lui a envoyé ce SOS, il n'a plus à réfléchir : il doit sortir de sa retraite et passer à l'action.
En spécialiste du genre, Lee Child signe un nouvel opus à la hauteur des précédents. On retrouve les milieux interlopes du terrorisme et des services secrets, avec force complots, trafics et enjeux internationaux. L'auteur manie parfaitement les codes du thriller et du roman d'espionnage, n'ayant rien à envier aux plumes de Robert Ludlum ou Chris Ryan. Les personnages, depuis les camarades de combat de Jack Reacher jusqu'à leurs ennemis, sont bien campés et très intéressants malgré les clichés inhérents à ce type de littérature. Le lecteur aura le plaisir de retrouver des scènes d'action énergiques et visuelles, avec un goût consommé pour le suspense. Lee Child maîtrise l'histoire de bout en bout, avec un canevas certes classique mais néanmoins efficace, profitant de nombreux alinéas et autres phrases nominales pour donner du souffle à l'action. Par ailleurs, si certains romans comme Les caves de la maison blanche souffraient d'un trop-plein de péripéties et donc d'un certain manque de crédibilité, il semble que Lee Child a gagné en maturité, avec des protagonistes plus travaillés et davantage d'attention portée aux situations, plus plausibles.
La faute à pas de chance est donc un ouvrage palpitant et très bien mené, permettant des heures d'une lecture très enjouée et racée. Il ne révolutionne certes pas le genre mais assume pleinement son rôle distractif, pour le plus grand régal d'un lectorat féru des aventures de Jack Reacher.24/07/2010 à 10:16 1
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Le masque d'argile
8/10 Un très bon roman, comme souvent chez Maître Brussolo : imaginatif, original, instruit, avec des personnages sacrément travaillés. J'en redemande !
21/07/2010 à 09:02 1
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Obscura
8/10 Un très bon roman, prenant et bien construit, avec une documentation solide pour étayer son intrigue. J'ai beaucoup aimé la fin, vraiment poignante.
20/07/2010 à 09:09
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Le monstre d'Arras
8/10 Jean Maurtin a tout du criminel idéal. La petite Virginie Tirman a été retrouvée morte, et tous les doutes se sont portés sur cet homme assez marginal, obsédé par la photographie. Forts soupçons de la police, puis découverte de preuves irréfutables, et enfin des aveux après vingt-et-une heures de garde à vue. L'affaire semble bouclée. Sauf pour un avocat opiniâtre et son fidèle acolyte, pour qui les preuves sont presque trop évidentes pour être crédibles.
Après Braquages à Fives, Le monstre d'Arras est le deuxième ouvrage de Pierre Willi – dont il a également peint le tableau figurant en couverture – à paraître aux éditions Ravet-Anceau. Ce roman, oscillant entre l'œuvre noire et le roman à suspense, est parfaitement mené. Les huit premiers chapitres sont absolument remarquables, décrivant avec une sobriété inouïe la lente descente aux enfers de Jean Maurtin, la mécanique implacable de la machine policière, le sentiment de culpabilité des proches du présumé coupable, jusqu'à la confession qui sonne comme un coup de tonnerre. Ensuite, on découvre avec plaisir deux personnages très intéressants, Gilles Démol, avocat atypique déterminé à défendre les pires individus devant la justice, et son comparse Émile Nource, enquêteur en marge. Ce duo de limiers est très attachant, et le lecteur progresse dans le récit au fur et à mesure de leurs impressions et découvertes, jusqu'à la vérité, inattendue. La plume de Pierre Willi est très plaisante, toute en retenue et teintée d'humour, et l'auteur restitue avec beaucoup de crédibilité et d'humanité les pensées de chacun de ses personnages.
Le monstre d'Arras est donc un livre de très haute volée, à la fois prenant et parfaitement plausible, décrivant avec justesse les douleurs des êtres broyés par les erreurs judiciaires. A n'en pas douter, cet écrivain a du talent, et l'on ne pourra que se ruer sur ses précédents ouvrages ainsi que ceux à venir.09/07/2010 à 11:57
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La Bête et la Belle
9/10 C'est une nouvelle enquête que doit résoudre le policier Gabelou. Face à lui, un vieux bonhomme rustre, Léon, aux manières indélicates. Il y est question de meurtres : une femme, autrefois fatale, un enfant, et bien d'autres encore. Visiblement, Léon protège un ami, le véritable criminel de l'histoire, qui est actuellement à l'hôpital. Une affaire somme toute classique, tragiquement banale. Sauf que Léon n'est pas prêt à livrer l'intégralité de la vérité. Non. Léon a beau être un sympathique péquenaud, il n'en a pas moins un sens aigu de la camaraderie. Il ne va pas dévoiler aussi vite le déroulement d'une existence qui l'a conduit à devenir le complice d'un assassin.
Thierry Jonquet, disparu le 9 août 2009, était l'une des figures majeures de la littérature noire française. Les lecteurs conserveront de lui le souvenir d'opus ténébreux et tragiques comme Mygale ou Le manoir des immortelles. Au sein de cette riche bibliographie, La Bête et la Belle est un ouvrage typique de l'auteur. Glauque, parfois désespéré, avec des portraits au vitriol. De prime abord, l'intrigue semble classique, voire convenue : un policier, un tueur, son acolyte. Mais c'est sans compter sur l'extraordinaire talent de conteur de Thierry Jonquet : le récit lapidaire – environ cent-cinquante pages – tient en haleine en raison de son aspect dédaléen. Les propos des divers protagonistes alternent pour composer un habile puzzle. A grands renforts de flashbacks et d'aveux voilés, la vérité se fait lentement, jusqu'à un épilogue sinistre faisant écho à la noirceur de l'histoire.
Vingt-quatre ans avant son trépas, Thierry Jonquet signait un ouvrage d'une incroyable puissance. Sobre, sans scène haletante ni action échevelée. Un roman qui remue les tripes, aussi humain qu'il est inhumain. Une pépite d'ébène.06/07/2010 à 18:27 3
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Et on dévora leur coeur
7/10 La situation de Samuel Johnson n'est guère reluisante. Après avoir volé cinquante mille dollars à un mafieux, Miguel Beaufort, il découvre son ami tué dans une chambre d'hôtel. Deux tueurs à gages aux trousses, il n'a plus d'autre choix que de s'enfuir vers les montagnes... avant de découvrir un nouveau cadavre près d'un village isolé. Murton Caves est un endroit étrange, où les hommes ne se déplacent qu'armés, les maisons entourées d'une clôture électrifiée, et où domine une curieuse loi du silence. Samuel Johnson va l'apprendre à ses dépens : certains passés ne doivent surtout pas être déterrés.
Premier ouvrage de Sylvain Blanchot récompensé au Festival de Beaune, Et on dévora leur cœur est un thriller fantastique très prenant. L'auteur est également scénariste, et cela se sent sans peine à la lecture de son œuvre : les chapitres sont habilement menés, alternant les divers points de vue – la vie au village, Samuel, les criminels qui le pourchassent –, au point qu'il est très difficile d'en quitter la lecture. On retrouve avec plaisir des ambiances sombres et tourmentées à la Stephen King, avec son lot de phénomènes inexpliqués, la terreur des protagonistes, l'ambiance lourde de tourments. Par la suite, le roman s'ouvre sur des scènes d'action tonitruantes, très visuelles, avec force courses-poursuites, fusillades et explosions, au rythme échevelé, parfois même trop, ce qui nuit un peu à la crédibilité de l'ouvrage. Le lecteur aura également le plaisir de découvrir une intrigue habile, malgré quelques poncifs, l'emmenant sur les terres de la mythologie amérindienne, avec des accents à la Tony Hillerman ou Kirk Mitchell.
Et on dévora leur cœur est donc un premier roman de belle tenue, prenant et efficace, auquel on pardonne sans problème quelques modiques péchés de jeunesse. Indéniablement, la plume de Sylvain Blanchot est talentueuse, et on ne pourra que se ruer sur ses prochains romans.29/06/2010 à 17:58
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Croisière maudite
Lincoln Child, Douglas Preston
6/10 Alors qu'ils sont au Tibet, l'inspecteur Aloysius Pendergast et sa protégée Constance Greene découvrent qu'un bien mystérieux objet de culte, l'Agozyen, a disparu du temple. Le duo va rapidement découvrir que le voleur est probablement sur le paquebot Britannia, un immense navire de luxe. Une fois à bord, une série d'événements étranges survient : disparitions, suicides, meurtres sanglants... Pour leur plus grand malheur et celui des passagers, le voyage va prendre une tournure particulièrement terrifiante.
Huitième ouvrage de la série consacrée à Aloysius Pendergast, Croisière maudite constitue un thriller fantastique efficace, signé par Douglas Preston et Lincoln Child. On retrouve avec plaisir le si spécial agent du FBI, cette fois-ci aux prises avec un esprit particulièrement retors. Le style des deux auteurs est bien présent, mélangeant action et suspense, avec un héros toujours aussi atypique. Cependant, le niveau atteint par Le violon du diable ou Danse de mort n'est pas égalé. En effet, l'intrigue peine un peu à prendre forme, et même si l'on suit avec intérêt les pérégrinations de Pendergast dans ce paquebot, le lecteur se perd parfois dans des intrigues secondaires : la traque de tricheurs aux cartes, les divers personnages, etc. Par ailleurs, Douglas Preston et Lincoln Child amalgament divers genres – le whodunit, le récit catastrophe, le fantastique –, mais l'alchimie ne prend pas toujours et l'on a parfois l'impression tenace que l'histoire part dans plusieurs directions. Certains événements sont même aisément devinables, téléphonés, et même si la mécanique du thriller est impeccablement maîtrisée par les deux auteurs, ce livre laisse un petit goût de déception.
Au final, Croisière maudite est un opus qui ne parvient pas toujours à atteindre la qualité des précédents épisodes, rappelant en cela Les croassements de la nuit, qui marquait un peu le pas par rapport aux autres. Néanmoins, il se laisse lire avec plaisir, procure de belles heures de détente, et apporte un élément important dans les ultimes pages, élément qui laisse augurer des rebondissements intéressants pour la suite.22/06/2010 à 19:09 3
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La Chambre d'ambre
7/10 J'ai bien aimé cet opus. Bien ficelé, écrit avec talent, un début d'intrigue très prenant et un style qui happe littéralement. Mais je suis plus mitigé quant au final : s'il est bon, il ne m'a pas chamboulé, et je ne l'ai pas trouvé aussi magistral que l'ont trouvé d'autres lecteurs. Néanmoins, une très agréable lecture.
15/06/2010 à 18:43
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Les pièges du crépuscule
9/10 A l'aube du vingtième siècle, à Vienne, un moine est retrouvé mort près de l'une des églises de la ville. Sa tête a été arrachée par un tueur qui devait certainement avoir une force surhumaine et l'on découvre sur place des traces de boue. L'inspecteur Oskar Rheinhardt fait appel à son vieux complice Max Liebermann, psychiatre, pour comprendre les raisons d'un tel acte. Les deux hommes se rendent rapidement compte que le moine, Frère Stanislav, était un ardent opposant aux Juifs, et ce meurtre déchaîne les passions antisémites des Viennois, particulièrement au sein du cénacle politique. Rheinhardt et Liebermann doivent donc vite découvrir l'identité du ou des assassins pour éviter que toute la ville ne bascule dans le chaos racial.
Quatrième opus des Carnets de Max Liebermann de Frank Tallis, Les pièges du crépuscule est un polar historique d'excellente tenue. Les protagonistes sont très attachants, et le duo formé par le policier et le psychiatre est original et convaincant. L'atmosphère des lieux et de l'époque est parfaitement rendue, et le lecteur plonge avec enthousiasme dans le charme viennois de cette ère, avec de nombreux détails historiques, géographiques ainsi que gastronomiques, appuyés par une documentation sans faille. Le livre permet également de mieux comprendre la religion hébraïque, avec ses idées, ses meneurs et ses angoisses. L'intrigue est par ailleurs bien bâtie, jouant sur les fausses pistes et les rebondissements grâce à une kyrielle de personnages secondaires intéressants, et offrant des apartés de qualité quant au freudisme, à l'interprétation des rêves ou à la kabbale.
Après La justice de l'inconscient, Du sang sur Vienne et Les mensonges de l'esprit, Frank Tallis montre que cette série d'enquêtes ne perd pas son souffle et demeure de grande qualité. Un polar historique qui plaira très certainement à tous, aux passionnés du genre comme à ceux cherchant à s'y initier.15/06/2010 à 18:36 1
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Le Corps noir
9/10 Paris, 6 juin 1944. Les Alliés débarquent sur les plages normandes. Il faudra environ deux mois et demi avant la libération de Paris. Entre ces deux moments, la population va hésiter : les Allemands peuvent-ils encore gagner la guerre ? Qui seront les vainqueurs lorsque s'achèveront les batailles ? C'est tout un microcosme parisien qui s'en trouve ainsi ébranlé, en proie au doute. Banquiers, artistes, prostituées, stars du cinéma, policiers... Dans ce tourbillon de passions accentuées par les rancœurs, les rivalités et les volontés de ne pas être du côté des perdants, chacun devra choisir son camp.
Dominique Manotti, c'est une plume. Sèche, allant à l'essentiel, avec des phrases saccadées, parfois nominales, avec des verbes sans sujet. L'écriture est alerte, sans concession, aussi effrénée que l'époque dépeinte. Durant cette période très équivoque, emplie de cynisme et de calculs immoraux, l'auteur décrit avec une étonnante crédibilité les échanges entre les divers personnages, nombreux et variés. Le fil conducteur du livre : des trafics, des jeux d'influence. Du sang également, beaucoup, versé pour nettoyer les honneurs impurs et tenter de faire bonne figure quand le vent tourne. Dominique Manotti ne se fait pas juge des attitudes des individus qu'elle décrit : elle présente, en toute objectivité, les situations auxquelles ils sont confrontés, les choix dont ils disposent, les décisions qui sont les leurs. A cet égard, il faut mettre en relief son talent pour brosser le tableau d'une époque plus que troublée et donner vie avec simplicité et humilité aux protagonistes, immergés dans un contexte vacillant qui les dépasse, mettant à nu leurs contradictions et leur sens – parfois très approximatif – de la dignité.
Le corps noir est donc un ouvrage remarquable, au style trépidant et à l'intrigue très originale. Quiconque s'intéressant à la Seconde Guerre mondiale, à la peinture des mœurs ou à l'âme humaine y trouvera de quoi nourrir sa réflexion. Un opus à la croisée des genres, quelque part entre le thriller, la littérature historique et le roman noir, qui se pose également comme un livre émérite sur la Résistance et l'épuration.06/06/2010 à 19:57 3
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Colère
7/10 Lu il y a bien longtemps. A défaut d'avoir été profondément marqué par sa lecture, je me souviens avoir passé un agréable moment de lecture avec ce roman catastrophe.
05/06/2010 à 18:18
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Le secret de sir Adrian F.
7/10 Un roman sobre et prenant, bien écrit et agréable à lire, confirmant la plume talentueuse de Béatrice Nicodème.
31/05/2010 à 18:42
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L'écorcheur des Flandres
7/10 C'est déjà le quatrième meurtre sordide qui ensanglante la région : à chaque fois, on retrouve un trentenaire, martyrisé, le bras écharpé et le sexe tranché. Le commandant de police Olivier Béjot n'a pour le moment pas la moindre piste ni le moindre indice. Il décide alors, sans en parler à sa hiérarchie, de renouer le contact avec un collègue parisien, Nicolas Dantès, lui-même traumatisé par un tueur en série qui avait tué sa femme et dont les compétences de profilage pourraient être très utiles. Mais le temps presse, car nul doute que le bourreau va de nouveau frapper...
Premier ouvrage de Philippe Declerck, L'écorcheur des Flandres est un bon polar. La scène d'ouverture, décrivant l'antre du tueur et la conduite méthodique de ce dernier, est un modèle du genre, et le lecteur ne pourra qu'avoir envie d'en connaître la suite, tant ce prologue est prometteur. Comme dans les livres de ce genre, on retrouve un meurtrier assez effrayant et une équipe de policiers bien sympathiques, moralement et psychologiquement dépassés par l'horreur de leurs découvertes. À cet égard, Philippe Declerck évite les poncifs des flics imperméables à la douleur des autres, aux déductions miraculeuses et détachés des affaires sordides sur lesquelles ils enquêtent : l'aspect humain et crédible de leur métier est très bien restitué. Le récit se compose d'environ deux-cents pages, et le rythme est bien maintenu, sans temps mort, le tout grâce à une écriture alerte et efficace où l'on retrouve parfois les accents d'illustres écrivains comme Laurent Scalese. Cependant, on aurait peut-être apprécié un peu plus d'originalité quant à l'intrigue ou à son traitement, ainsi que certains clichés soient évités. Mais l'histoire est loin de démériter, d'autant qu'elle offre assurément quelques heures d'une lecture distractive et prenante.
Cet ouvrage ne révolutionne donc pas le genre, et ce n'est d'ailleurs probablement pas son objectif : cela fait penser à ces plats que l'on commande en toute connaissance de cause, sachant pertinemment que l'on connaît leur goût, et, à défaut d'être surpris, on se plait à retrouver une gastronomie traditionnelle que l'on affectionne. L'écorcheur des Flandres est le premier livre de Philippe Declerck, et l'on espère que d'autres suivront, car la plume de l'auteur et le tempo de son histoire sont vraiment bons.24/05/2010 à 10:31