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8/10 Soledad se fait de l’argent de poche en tenant compagnie à une vieille dame, Florence. Dans l’appartement de cette dernière, des tableaux de valeur sont accrochés aux murs. Il n’en faut pas plus pour attirer la convoitise de personnages mal intentionnés. Et bien décidés à passer à l’action. Quitte à prendre en otage la propriétaire des lieux ainsi que Soledad.
Hubert Ben Kemoun sait comment s’adresser à son public, et cet ouvrage en est une preuve supplémentaire. D’entrée de jeu, les personnages se posent : humains, crédibles, et doués de cette justesse qui fait qu’ils « parleront » sans le moindre doute aux jeunes lecteurs. Il s’agit d’adolescents aux préoccupations concrètes, sujets au doute, à la volonté de rachat, aux questionnements liés à leur âge. Ils sont d’ailleurs assez nombreux, mais les qualités narratives de l’auteur font qu’ils demeurent rapidement identifiables tout au long du récit. L’intrigue est également plausible et réussie. En soi, elle ne révolutionne pas le genre, mais la plume d’Hubert Ben Kemoun fait mouche : l’histoire prend aux tripes, littéralement, et le suspense est savamment dosé, allant crescendo. Certaines scènes, notamment lorsque Soledad et Florence sont aux prises avec leur séquestreur, sont même des modèles du genre : intenses, noires, et si bien écrites qu’il devient difficile de ne pas passer aux pages suivantes pour savoir ce qu’il va advenir des deux femmes.
Tout autant roman noir qu’à suspense, ce livre est une réussite totale et indéniable. Par-delà l’aspect policier, Hubert Ben Kemoun a su insuffler à son ouvrage une morale adroite et intelligemment amenée : l’espérance en la jeunesse. Malgré des choix hasardeux voire contestables de certains protagonistes, l’histoire prouve qu’il est toujours temps de se racheter, de trouver une forme de rédemption dès lors que l’on décide de s’approprier son propre destin. Ainsi énoncée, cette leçon peut sembler convenue ; sous le stylo d’Hubert Ben Kemoun, elle prend un sens immédiat, évident, et rapidement assimilable. Un bien bel enseignement que ne manqueront probablement pas de retenir les lecteurs de cet ouvrage, au-delà des qualités purement formelles du récit.18/02/2012 à 12:51 El Marco (3431 votes, 7.2/10 de moyenne)