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Les ombres qui attendent
7/10 Jeune femme, Marissa a vu l’une de ses meilleures amies mourir sous ses yeux. Accident pour la version officielle. Mais Marissa en est certaine : c’était bel et bien un meurtre. De nos jours, de retour à Aurora Falls, une ombre surgit alors qu’elle conduit, et elle n’échappe que de peu à la mort. Même si personne ne la croit, elle demeure persuadée que l’on essaie de l’assassiner.
Auteur d’une douzaine de romans policiers, Carlene Thompson sait faire la part belle aux psychologies humaines. Ce style si particulier, mettant l’accent sur les descriptions des émotions de ses personnages, s’illustre dès le premier chapitre. Remarquable sur ce thème, on se prend rapidement de sympathie pour Marissa Gray, avec ses forces et ses faiblesses, si typiquement humaines, ainsi que pour les autres protagonistes. De longs passages consistent en des portraits sentimentaux, depuis les relations entre les individus jusqu’aux introspections en passant par des dialogues mettant en relief les béguins et autres relations passionnées. Carlene Thompson doucement met en place les divers êtres humains qui gravitent autour de Marissa, nourrissant ainsi autant de pistes quant à l’identité du meurtrier. L’écriture est plaisante, et l’histoire crédible, tient facilement le lecteur jusqu’au final.
Si le talent de l’écrivaine n’est clairement pas en cause, il convient néanmoins de noter que son ouvrage est assez typé. Tout y est écrit au pastel. Les héros sont tous jeunes, beaux, musclés, irrésistibles, et leur capacité à rire à la moindre occasion alors que les homicides se multiplient force le respect dans le meilleur des cas, tout comme il peut irriter. En fait, c’est une vision très idéalisée de la société que nous offre Carlene Thompson, caractéristique de téléfilms à l’eau de rose, où, mis à part l’assassin, on peine à trouver des défauts à ces personnages immaculés, archétypes d’une certaine jeunesse magnifiée.
D’indéniables qualités littéraires, avec une plume agréable à lire et une intrigue solide, côtoient une écriture rose à l’extrême. Dans le genre, Carlene Thompson y excelle ; encore faut-il apprécier ce type de littérature.13/10/2013 à 09:07 1
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Sept détectives
9/10 Voilà une bande dessinée envoûtante. Le graphisme sublime se marie avec bonheur au scénario dédaléen. On en ressort essoufflé, mais également ravi d’avoir fait la rencontre de ces sept limiers et de cet assassin machiavélique.
13/10/2013 à 09:07
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Crimes parfaits
Ouvrage collectif
8/10 Un cambrioleur qui annonce la date et l'heure de son prochain vol alors qu'il se trouve en prison. Un homme tué par une arme invisible. Un couple dont le mari de la voisine a subitement disparu. Un magnat enfermé par une ombre dans son propre coffre-fort. Un corps découvert dans une rivière et qui n'a pu y être apporté qu'en empruntant un pont de verre... qui n'existe pas. Au total, huit nouvelles où faire appel au surnaturel semble être le seul moyen de résoudre l'énigme. Et pourtant...
Pour élaborer ce florilège, Christian Poslaniec a choisi huit auteurs reconnus, et pas seulement dans le domaine policier. Par ailleurs, les récits ne constituent pas obligatoirement les plus célèbres. Maurice Leblanc narre une habile machination orchestrée par Arsène Lupin, toute en ingéniosité, aux ressorts certes classiques mais efficaces. L'histoire de John Dickson Carr, extraite de Services des affaires inclassables, est typique, avec cet assassinat en vase clos, dont la résolution paraît pourtant si évidente quand elle se dénoue. Robert Arthur signe un récit particulièrement habile et audacieux qui mérite amplement de faire partie des classiques du genre. Celui d'Isaac Asimov met en scène le simple vol d'un objet anodin, mais avec une imagination louable. L'écrivain Fredric Brown, panachant humour et inquiétude provoquée par l'hypothétique recours à la magie noire, livre une histoire qui sonne comme un défi littéraire classique – le meurtre dans un champ enneigé et un problème d'empreintes – et propose un dénouement intéressant, mais que le lecteur attentionné saura peut-être résoudre de lui-même en raison d'un élément laissé un peu trop en évidence. Les écrits de John Lutz et de Pauline C. Smith sont assez courts et nerveux, et même si ces deux auteurs ne bénéficient pas de la renommée des autres écrivains choisis dans ce recueil, leurs histoires ont comme point commun une révélation finale très fine. Quant à la dernière nouvelle, celle de Donald Westlake, elle allie un scénario très original à un humour de haute volée.
En plus d'être des récits de qualité, ces huit nouvelles présentent l'intérêt supplémentaire d'être moins connues que d'autres, et, dans quelques cas, d'émaner d'auteurs moins illustres. Les choix de Christian Poslaniec sont donc intelligents à plusieurs niveaux et permettent à un lectorat jeune de découvrir le genre policier de manière originale. Une gageure doublée d'une réussite qui s'adresse également à des lecteurs adultes.13/10/2013 à 09:06 1
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L'Echappée
8/10 Carter « Doc » McCoy vient de sortir de prison. Son épouse Carol l’y a aidé grâce à un arrangement avec le juge. Mais ce couple infernal n’est pour autant pas décidé à rentrer dans le droit chemin, et se jette aussitôt dans un cambriolage. Les problèmes s’amoncellent rapidement au-dessus des têtes des criminels, et ces derniers doivent trouver leur salut dans la fuite.
Auteur majeur de la littérature policière américaine, Jim Thompson a marqué les esprits avec des ouvrages majeurs. Rivages a eu récemment l’excellente idée de présenter de nouvelles traductions intégrales de deux de ses œuvres, Le Démon dans ma peau devenu L’Assassin qui est en moi ainsi que Le Lien conjugal qui paraît sous ce titre de L’Échappée. D’emblée, le style séduit : personnages sombres, écriture dénuée de tout jugement, péripéties narrées de manière concise. Les deux protagonistes que sont McCoy et Carol sont presque des archétypes du genre : sans scrupule, calculateurs, et entourés d’amis et complices tout autant glacés que glaçants. On se régale de leur équipée sauvage, au cours de laquelle ils vont être confrontés à une palette d’individus peu recommandables : un juge prêt à se laisser corrompre, un associé aux dents longues et à la peau dure, un voleur malchanceux, une famille de gangsters avec une mère à la poigne forte etc. En deux-cent-trente pages, tout est là : les errances des fugueurs, les liens troubles de l’amour qu’ils nourrissent l’un pour l’autre, les traîtrises et les fidélités. Et la fuite se poursuivra jusqu’au troublant royaume d’El Rey, aussi étrange que fantasmagorique, où les ultimes pages du roman ne cessent d’interpeler le lecteur en raison de leurs divers niveaux d’interprétation et les multiples lectures qui peuvent en être faites.
Sur une partition pourtant très classique, Jim Thompson développe une mélodie imparable, aussi prenante que désespérée. Un délicieux moment de lecture à redécouvrir au travers de cette traduction inédite.13/10/2013 à 09:06
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L'Ombre de la mort
7/10 Sherlock Holmes n’est encore que bien jeune quand il est extrait de son pensionnat pour rejoindre la maison de ses oncle et tante. Sur place, il se lie d’amitié avec Matty Arnatt, un gamin des rues, qui lui narre une étrange histoire : il a été le témoin d’un mystérieux nuage quittant un appartement où venait d’être commis un meurtre. Puis ce sont d’autres morts brutales, apparemment liées à une maladie monstrueuse, qui vont avoir lieu.
En proposant une jeunesse, et donc un second souffle au personnage de Sherlock Holmes, le célébrissime limier créé par Arthur Conan Doyle, Andrew Lane s’était lancé un défi phénoménal. Au gré du premier opus de cette série, l’auteur propose une histoire très intéressante, prenante et bien menée, où sa plume régale le lecteur. Les ambiances, lieux et coutumes sont parfaitement retranscrits, et l’on suit avec un plaisir réel l’enquête d’un juvénile Sherlock. D’ailleurs, l’épilogue, avec la mention de la Chambre du Paradol, est une invitation à suivre ses prochaines aventures. L’investigation est intelligente, mais l’on ne regrette finalement qu’un seul point : c’est le manque relatif de panache intellectuel de Sherlock : beaucoup des observations, déductions et autres finesses cérébrales sont souvent plus dues à son tuteur Crowe, qu’à lui. Certes, on ne pouvait probablement pas demander à Andrew Lane d’en faire, dès son jeune âge, un être déjà perspicace et brillant comme il le sera à sa période adulte, au risque de casser toute crédibilité. Cependant, il convient de rappeler que cette saga est destinée à la jeunesse et doit donc demeurer accessible.
Avec ce héros en quelque sorte réinventé, Andrew Lane réussit son challenge, dès lors que l’on garde à l’esprit qu’il est là pour des lecteurs encore novices en matière de littérature policière. Ces derniers pardonneront donc sans mal à l’auteur ce que des adultes pourront considérer comme une hérésie, et poursuivront cette série qui se montre immédiatement attachante, avec son protagoniste intrépide et son écriture visuelle.02/10/2013 à 20:26 1
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Angoisse à louer
7/10 Tout juste muté à Béthune, Michel Massard doit trouver un logement au plus vite, et il emménage rapidement dans un studio meublé. Le départ d’une nouvelle vie ? Oui, mais pas d’une vie idyllique. Les autres occupants de l’immeuble se montrent peu, la concierge a l’amabilité d’une guillotine. Et si ce bâtiment recélait des secrets effrayants ?
Après La Veuve de Béthune, Béthune, 2 minutes d’arrêt et Boulogne stress, Patrick S. Vast revient chez Ravet-Anceau pour ce polar. On y retrouve le ton si typique de l’auteur, et encore plus sa plume, dépouillée, reconnaissable entre toutes. Personnages décrits en quelques mots, décors minimalistes, ambiances restituées en un nombre minimal de phrases. Patrick S. Vast est assurément l’écrivain de l’économie littéraire, mettant en parallèle une nouvelle intrigue où les individus et événements sont autant de rouages amenant lentement mais sûrement vers des drames. Rares sont les auteurs à disposer d’une telle typicité. Comme dans les précédents livres, on se doute vite que Michel Massard va devenir la proie d’un terrible mécanisme sans que l’on soit pour autant capable de le caractériser a priori. Car sur cet échiquier vont apparaître d’autres pièces, comme une femme dominante et meneuse de parties sadomasochistes, le fils d’un agent immobilier ayant des comptes à régler avec son père, un collègue de Michel au comportement trouble avec sa femme comme avec ses associés, une troublante nièce de la concierge, etc. Toutes ces petites flammèches vont posément converger jusqu’à nourrir un même incendie qui brûlera plus d’un être humain. Si certains engrenages ne viennent pas aussi astucieusement s’emboîter aux autres comme ce fut le cas dans les autres ouvrages de Patrick S. Vast, il n’en demeure pas moins que le lecteur sera graduellement happé par une catastrophe, à la fois crédible et si tragiquement humaine.
Avec ce roman à suspense teinté de noir, Patrick S. Vast a su maintenir le cap qu’il s’était fixé avec sa bibliographie. Une écriture épurée, dans les descriptions des lieux comme des personnages, pour mieux mettre en exergue la lente déchéance de ses êtres d’encre. Une gageure une fois de plus réussie, peut-être un peu moins que par le passé, mais qui donne déjà envie de connaître ce que cet écrivain si original a prévu pour la suite de ses œuvres.02/10/2013 à 20:26
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L'Auto-stoppeur
9/10 Une réunion de cannibales. Un vol aérien qui aurait dû tourner au massacre. Un téléphone portable qui met en lien avec l’au-delà. Une demeure hantée dont il serait si facile de se servir de sa malédiction. En tout, neuf nouvelles qui résonnent de terreurs nocturnes.
Auteur immensément connu de la littérature jeunesse, Anthony Horowitz s’essaie aux nouvelles, et le résultat est de nouveau très concluant. Les récits s’enchaînent à grande vitesse, et indépendamment de l’âge du lecteur, le résultat est savoureux. La chute de chacune de ces histoires est souvent détonante, et surprend en même temps qu’elle saisit aux tripes. Le ton adopté est loin d’être simple ou niais, et certaines images pourront même tourmenter des âmes trop pudiques. Mettant en scène, sauf à deux reprises, le genre fantastique, ces fictions sont de véritables réussites, qui sauront provoquer l’effet escompté sur le lectorat : stupéfier.
Tamisez les lumières. Glissez-vous sous les draps. Faites régner le silence dans votre chambre. Et à présent, ouvrez les pages. Laissez-les vous parler et vous montrer à quel point la peur peut être une si délicieuse berceuse avant de trouver le sommeil… si vous êtes encore capable de dormir après ces épreuves.02/10/2013 à 20:26
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Légitime défonce
4/10 Michel Barne, petit cambrioleur sans envergure, pénètre dans la demeure genevoise d’un riche propriétaire. Mais ce dernier, membre d’une milice d’autodéfense, tente de l’assassiner sans que le vol nécessite de telles représailles. Michel parvient à tuer l’homme et devient alors le gibier d’une vaste chasse lancée par les amis de la victime. Quand Gabriel Lecouvreur apprend ce déferlement de violences, il décide de se rendre sur place.
Cent-quatrième enquête du Poulpe signée par Paul Milan, cet ouvrage déçoit assez vite. Si le ton est agréable et bien dans l’esprit de la série, il manque de panache pour convaincre pleinement. Les passages où Michel Barne s’exprime détonnent par le ton employé (écriture hachée, langage coloré) mais les autres scènes sont sans grand éclat. Les rencontres entre le voleur en fuite et les miliciens sont sans envergure et répétitives, certaines ruses utilisées par le Poulpe sont tout bonnement invraisemblables et téléphonées, et les mercenaires sont tellement caricaturaux et insipides qu’ils en deviennent interchangeables. De plus, alors que l’idée de dénoncer les dérives de l’autodéfense peut amplement se justifier, Paul Milan ne fait que survoler les motivations et psychologies des traqueurs, ce qui fait qu’à aucun moment, le lecteur ne se sent réellement impliqué du point de vue émotionnel dans cette histoire. Alors, certes, Gabriel est souvent écœuré par ces pratiques, mais même le dégoût d’un personnage hautement sympathique ne peut générer automatiquement une répugnance similaire chez le lectorat.
Pas assez développé ou creusé, cet opus moyen n’en reste qu’au stade des bonnes intentions. Il manque surtout cruellement de corps, d’âme et d’esprit, ce qui est d’autant plus frustrant que le protagoniste confié à Paul Milan n’en manque pas. Pour résumer, ce roman met en situation sans jamais vraiment mettre en scène.02/10/2013 à 20:25 2
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Monsieur Moutarde
3/10 J’ai toujours été fan du Cluedo, et le voir transposé en livre m’a paru être une expérience très intéressante. L’ouvrage est très agréable à lire, en plus d’être esthétique, et je comprends que les plus jeunes se laissent embarquer. Mais j’ai une grosse nuance à apporter, un point qui me dérange, c’est au niveau de l’aspect interactif, ou soi-disant interactif. Car, quand un choix est proposé au lecteur, il est souvent illusoire, car on arrive dans la très grande majorité des cas à obtenir une fin heureuse. De même, les neurones ne chauffent jamais vraiment, parce qu’il n’y a pas réellement d’indice et donc aucune déduction à émettre, et les rares alternatives proposées au lecteur, qui devraient donc résulter de sa propre réflexion, ne portent jamais sur des raisonnements de sa part mais sur de purs hasards, voire, dans le meilleur des cas, sur le fait de savoir s’il faut se précipiter sur le présumé coupable ou poursuivre l’enquête. Une grosse déception en ce qui me concerne, pour ce livre qui me semble vraiment trahir l’essence du jeu, en ne proposant une interactivité qu’illusoire. Je testerai ça avec mes élèves mais je suis très dubitatif.
28/09/2013 à 08:50
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Hantés
9/10 C’est à coup sûr un thriller de très haute volée que nous offre Anne Fakhouri, passionné et passionnant, électrisé et électrisant, pour lequel le coup de foudre est quasiment assuré, et dont la seule critique repose donc sur son niveau littéraire, tant scénaristique que formel, qui est très exigeant.
22/09/2013 à 18:25
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Permis de chasse
8/10 Robbie Daniels vit comme un nabab dans sa magnifique propriété de Palm Beach. Riche, séducteur, au-dessus de tout soupçon, il incarne la réussite professionnelle parfaitement épanouie. Mais Daniels n’est pas qu’une gravure de mode : c’est également un psychopathe. Féru d’armes à feu, il les collectionne et les utilise, à l’occasion, comme avec ce réfugié haïtien sur lequel il a tiré, alors que les circonstances de la légitime défense sont encore floues. Il engage un policier pour être à sa solde, autorise une journaliste pour qu’elle dresse son portrait, tandis qu’un autre flic commence à se mêler de ses affaires. Les nuages s’accumulent, et l’orage n’est décidément pas loin…
Auteur adoré par ses pairs et dont les œuvres ont souvent été portées à l’écran, Elmore Leonard fait partie de ces écrivains que l’on a plus besoin de présenter. Publié en français pour la première fois, ce Permis de chasse met immédiatement en lumière son style si particulier. Prompt aux digressions, capable de rendre des dialogues croustillants, mettant en scène des individus assez farfelus, cet opus ne déroge pas à la règle. Robbie Daniels est même une sorte de synthèse de ses créatures littéraires : siphonné sans jamais être une caricature de névrosé, il se passionne pour les armes, essaie de partager cette ferveur avec les gens qu’il croise, et devient complètement obsédé par la possibilité d’un meurtre ultime, sorte de parangon de ce qui pourrait se faire en la matière, qui serait pratiqué sur une vermine absolue. Il parvient à traîner Walter Kouza, policier à la dérive, dans son sillage de mort, et fait de lui son assistant. Ses relations avec Angela Nolan, la journaliste, et Bryan Hurd, limier perspicace, vont s’entrelacer jusqu’à un chaos que l’on devine toujours plus proche à mesure que les pages se tournent. Derrière les mots d'Elmore Leonard, sous les apparentes banalités de quelques verbiages et autres situations loufoques, on sent nettement des martèlements, ceux qui animent des individus purement fictionnels mais auxquels les écrivains doués savent donner vie. C’est ici le cas. Dans les réparties, les saynètes, les sentiments, tout sonne juste, jusqu’à parfois égarer le lecteur qui vient parfois à croire à une histoire bien cocasse, à s’en taper sur les cuisses tant c’est comique. Mais il n’en est rien : des gens sont abattus, d’autres filment les derniers moments de vie de malheureuses proies, et le dégoût se lie à l’absurdité des desseins de Daniels.
C’est tout le paradoxe de ces ouvrages d’Elmore Leonard : parvenir à les rendre burlesques sans jamais faire déteindre cette encre si noire avec laquelle il les écrit. Ou l’inverse : conserver cette teinte sombre sous le vernis d’un récit divertissant. Peu d’auteurs peuvent le faire sans tomber dans le ridicule ou le bancal. Non. En fait, il n’y en avait qu’un seul. Et c’est pour cela qu’on l’aimait tant. Elmore Leonard nous a quittés le 20 août dernier.22/09/2013 à 18:24 1
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L'instinct de la meute
9/10 Doug Allyn est un écrivain de premier ordre. Avec ses histoires brillantes, ses protagonistes si denses et son sens inouï pour magnifier l’espèce canine, il se singularise avec une élégance et un panache ahurissants. Ayant écrit peu de livres, les occasions de pénétrer son univers si original sont si rares qu’elles ne peuvent être manquées.
22/09/2013 à 18:24 1
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Le Cadavre est dans la boîte
8/10 Autant "Panique dans le tunnel" et "Mortel anniversaire", dans la même collection, m’avaient un peu déçu, autant celui-ci est une réussite. Personnages enlevés, intrigue solide, style sobre et agréable à lire, avec une chute habilement amenée. Une réussite !
14/09/2013 à 09:08
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Un témoin qui a du chien
9/10 Jeffrey Cohen signe donc un ouvrage malicieux et jouissif, qui se double d’une belle réflexion sous-jacente quant à l’autisme et à la tolérance. Une bien jolie leçon de vie qui, comble de l’élégance pour son auteur, se fait sans démonstration surchargée ni effet facile.
14/09/2013 à 08:53
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29 février
8/10 Riche et singulier, l’univers de Rémi Stefani échappe aux classifications usuelles. Mélangeant le noir et l’humour, le surréaliste et le vraisemblable, le suspense et l’émotion, ce 29 février fait partie de ces ouvrages destinés à la jeunesse assurément marquants. Une délicieuse petite perle, aussi rare que le sont les 29 février…
14/09/2013 à 08:47
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Les sectes mercenaires
7/10 Gabriel Lecouvreur apprend dans le journal qu’une jeune fille a été retrouvée assassinée dans l’Aude. À première vue, cela ressemble fort à un sacrifice humain, d’autant que la malheureuse a eu le cœur arraché. L’enquêteur se rend sur place, bien décidé à faire la lumière sur cet assassinat barbare. Il y découvre une secte, la Main Blanche, ainsi qu’une horde d’extrémistes. Et si Gabriel venait à débarrasser la région des deux ?
Dix-septième ouvrage de la série consacrée au Poulpe et écrit en 1996, ce Sectes mercenaires présentait tous les ingrédients propres à ravir les fans du célèbre céphalopode. Des personnages abjects, une écriture colorée, des scènes d’action jouissives, et au final, un bon moment de lecture décomplexée. Aux manettes, Bertrand Delcour a su répondre aux canons de la saga, avec les éléments attendus, tout en offrant de bons moments d’ingéniosité, comme la manière astucieuse avec laquelle Gabriel va réussir à opposer les deux clans jusqu’à l’apothéose, très explosive.
Sans constituer le meilleur des opus, cet ouvrage est néanmoins une réussite, car il sait proposer une nouvelle rencontre avec le Poulpe, avec efficacité et respect de l’esprit de cette série initiée par Jean-Bernard Pouy.14/09/2013 à 08:41 1
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Filles
9/10 Ancien policier militaire devenu vigile dans une université, Jack accepte, sur la proposition d’un cadre de la fac d’enquêter de manière officieuse sur la disparition d’une jeune fille, Janice Tanner. A priori, rien ne semble indiquer que Janice ait voulu fuir ni qu’elle ait été enlevée. Mais pour Jack, ça revêt vite un aspect personnel, intime. Son existence n’est qu’un vaste vide où il s’enfonce chaque jour davantage, sa toute jeune fille est décédée, son couple ne s’en remet pas, et son métier lui paraît d’une banalité croissante. Alors Jack se lance dans cette investigation sans retenue.
Auteur de romans sombres, Frederick Busch signait en 1997 ce livre puissant et mélancolique. Immédiatement saisi par le style de l’écrivain, le lecteur est d’emblée magnétisé par cette langueur des mots, aussi propice à l’abattement que le sont les paysages nord-américains décrits. Tout y est froid, obscurité et affliction. Les personnages apparaissent lentement, au gré des situations au cours desquels ils dialoguent avec autrui, ou lors d’événements de prime abord badin où ressurgissent de pénibles souvenirs. Les sourires, les rires ou les éclats de lumière humaine sont absents de cette œuvre. À cet égard, Jack est un individu saisissant : à la fois accablé par le décès de sa fille Hannah, voyant son ménage lentement se briser, il trouvera un réconfort éphémère entre les bras d’une autre femme. Mais c’est dans cette enquête qu’il souhaite ressusciter. Découvrir les raisons qui ont poussé un être humain à faire du mal à une gamine à peine en âge de se mettre à porter des dessous affriolants. Et pour ce faire, ce limier presque amateur ira jusqu’au bout de la nuit de sa propre existence. Et le voyage sera d’autant plus cruel que la vérité éclatera, avec une banalité qui la rendra d’autant plus insupportable.
Ouvrage d’une rare noirceur, ce Filles est un petit prodige littéraire. Frederick Busch a su rendre une dimension humaine à tous ses personnages, et même au plus vil d’entre eux. Sous ses atours de roman policier, c’est également un ardent hurlement à la lune, dans une nuit infinie, où chaque cœur se livre, chaque âme s’épanche, chaque parcelle de vie se disloque. Une véritable pépite de ténèbres.14/09/2013 à 08:34 1
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Les salauds du lac
7/10 Tout à la fois classique dans le fond et original dans la forme, cet opus séduit, et saura également allécher les lecteurs amateurs de fortes sensations. Une bien bonne cuvée pour le Poulpe, et qui en appelle d’autres, à n’en pas douter, comme le signale dans les ultimes lignes Gilbert Gallerne.
14/09/2013 à 08:28 1
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Le Poison du tigre
7/10 Efficace, aussi divertissant qu’instructif, ce deuxième ouvrage de la série est une fois de plus une réussite.
14/09/2013 à 08:22
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Les communiants de Rouen
8/10 Une investigation policière habile et très intéressante, bien loin des lieux communs, et servi par une écriture efficace. En somme, une riche succession de très bons présages pour Gilles Delabie dont il ne s’agit ici que du premier roman.
14/09/2013 à 08:19