El Marco Modérateur

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  • Le Mystère de la traction 22

    Olivier Marin, Emilio Van Der Zuiden

    6/10 En 1959, pour les 25 ans de la Traction de Citroën, on confie à la belle Margot, une journaliste, un reportage sur la Traction 22 CV, plus un mythe qu’autre chose dans la mesure où aucun modèle n’aurait été produit. Une enquête ultra sympathique (même si le sujet ne passionnera en priorité que les fondus de véhicules anciens), servis par des dessins gentiment désuets mais collant assez bien, je trouve, à cette époque de la fin des années 1950. Margot s’y présente de manière très aguichante, et l’intrigue nous permet de voyager (dans le temps, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale) et dans l’espace (Cochinchine). Rien d’extraordinaire, donc, mais ça m’a fait passer un agréable moment, d’autant que le sujet choisi se démarque indéniablement.

    14/05/2020 à 18:31 1

  • Auteur de crimes

    Christos Markogiannakis

    7/10 Athènes connaît depuis quelques jours de bien terribles faits : des victimes, sans le moindre lien entre elles, sont retrouvées assassinées. Mais quel peut être le rapport entre des cercles bleus dessinés à la craie, un petit singe en plastique sur une scène de crime dévastée, un éventuel rite satanique, etc. ? Le capitaine Christophoros Markou ne le sait pas encore, mais ce tueur – ou ces tueurs – n’en a pas fini avec sa croisade meurtrière qui est en lien avec la littérature policière.

    Christos Markogiannakis livre ici le quatrième ouvrage de la série consacrée au capitaine Markou. Dès le début, le lecteur comprend que la sauvagerie sanglante est liée à sa propre bibliothèque constituée de romans policiers, et notre enquêteur va vite saisir que le criminel s’inspire d’homicides imaginés par la fine fleur des auteurs du genre, parmi lesquels Agatha Christie, Edgar Allan Poe, ou Fred Vargas. Il faut dire que Markou est un féru de ce type de littérature, et le personnage qu’il compose est assez sympathique : fanatique de musique classique et de Maria Callas en particulier, casanier, faisant partie d’un club d’amateurs de polars, son désarroi face à cette vague d’exécutions ne va aller que crescendo, d’autant que le ou les coupables semblent vouloir à tout prix lui faire payer quelque chose. Est-ce l’un de ses collègues, comme ce Manias qu’on vient tout juste de lui adjoindre ? Dans son investigation, il saura compter sur l’aide d’une profileuse talentueuse mais c’est bien seul qu’il parviendra à résoudre cette sinistre histoire. Sur un ton plutôt décontracté, Christos Markogiannakis livre ici un roman à suspense classique mais bien mené, sans la moindre surenchère sanguinolente ni effet facile. L’ensemble est concis, parfois attendu, mais certains points resteront longtemps en tête, comme les relations si sympathiques de notre héros avec sa vieille voisine, la joute verbale finale entre le coupable et Markou, ou encore cet épilogue qui semble promettre une suite.

    Un ouvrage qui rend un bel hommage aux jalons de la littérature policière tout en offrant un suspense sobre et très agréable.

    15/09/2023 à 07:07 4

  • Black blocs

    Elsa Marpeau

    6/10 Swann Ladoux a tout pour être heureuse : un métier de technicienne en labo de biophysique, et un compagnon, Samuel. Sauf que Swann retrouve Samuel abattu chez eux d’une balle. Pour la police, elle est la suspecte idéale. Mais il se peut que le défunt ait dissimulé une part de son existence, de ses activités, en étant un membre des Black Blocs.

    Elsa Marpeau, qui nous a déjà depuis séduits avec Et ils oublieront la colère ou Les Corps brisés, signait cet ouvrage en 2012 : avec les actuelles protestations des gilets jaunes et les nombreuses échauffourées impliquant à cette occasion des membres des Black Blocs, il en prend une saveur toute particulière. D’entrée de jeu, le style séduit : des phrases sèches, hachées, où les flashbacks viennent entrer en collision avec un récit au présent, et l’ensemble devient rapidement captivant, voire hypnotique. On se prend ainsi de sympathie pour Swann, que rien ne semblait prédestiner à entrer en contact puis en collusion avec ces individus extrémistes, tant dans leurs pensées politiques que dans leurs agissements militants. De nombreux personnages viennent retenir l’attention, notamment le policier Anton Legal, à la mise impeccable et perclus d’un mal physique qui va lentement le rattraper. Le lecteur, au même rythme que les protagonistes, vont se mettre en quête d’un livre, le Livre du noir, dont le contenu est susceptible de porter atteinte à la sûreté de l’Etat. Elsa Marpeau entrecoupe son récit de « recettes » permettant de confectionner des armes, ou donnant des conseils quant à la lutte contre le grand capital. Et le livre s’achève sur un chapitre, doublement explosif. Des lecteurs pourront reprocher à l’écrivaine un certain angélisme, voire un angélisme certain, vis-à-vis de cette faction d’obédience anarchiste, même si l’épigraphe, placée au début du roman, donne une indication quant à son positionnement politique. Parallèlement, malgré quelques passages permettant de mieux comprendre ce mouvement politique, notamment grâce à des discussions avec les acolytes de Samuel, on reste souvent à la surface du cœur du sujet, ne faisant que l’effleurer, et l’on ne ressort pas de cet opus rassasié ni même véritablement contenté de connaissances quant aux Black Blocs.

    Malgré quelques temps morts, dans l’ensemble, ce roman est réussi, notamment grâce à la plume si ensorcelante de l’auteur. Et si l’intrigue prend parfois quelques raccourcis ou téléphone des passages (la révélation de l’identité du tueur ne surprendra probablement pas), on passe un agréable moment à la lecture de ce livre au sujet original.

    03/06/2019 à 17:10 2

  • Et ils oublieront la colère

    Elsa Marpeau

    9/10 En 1944, Marianne Marceau court à travers la campagne de l’Yonne pour échapper à une meute furieuse. Son crime ? Avoir couché avec un soldat allemand. De nos jours, on retrouve le cadavre de Mehdi Azem, tué par balles, non loin de cette lointaine cavale. La victime, professeur d’histoire, était passionnée par la période de la Libération, et comptait écrire sur les dérives de l’épuration et la tonte des femmes suspectées de collaboration. Garance Calderon, capitaine de gendarmerie, mène l’enquête, sans se rendre compte que ces deux affaires sont intimement liées.

    Elsa Marpeau signe ici un roman d’une excellente tenue. L’intrigue, originale, met en relief un pan honteux de l’Histoire de France : les femmes tondues lors de la Libération, offertes à des foules hargneuses et vengeresses, parfois composées d’individus à l’héroïsme précipité et ayant tant de lâchetés à se faire pardonner. Un pari osé, risqué, qui pouvait déboucher sur des clichés en chapelets et des vérités premières sans intérêt. Le grand tour de force de l’écrivaine est justement de rejeter les poncifs, accordant aux uns et aux autres des fragments de justesse en cette époque particulièrement troublante et troublée. Dans le même temps, le récit policier est impressionnant d’intelligence et d’humanité. Tous les personnages sont vertigineux de crédibilité, avec leurs parts d’ombre et de lumière, leurs attitudes et leurs tempéraments. A cet égard, Garance Calderon est remarquable : une femme forte, mais dont l’investigation va la mener à affronter ses propres fantômes, comme cette mère prostituée qui s’est suicidée, et qui a été tondue par son grand-père quand, adolescente, elle a tenté une coloration approximative de sa chevelure afin de ne plus ressembler à sa génitrice. L’assassinat de Mehdi Azem va réveiller de vieilles rancœurs et ranimer des morts que tout le monde aurait bien voulu oublier. En outre, quelques rebondissements vers la fin achèvent d’en faire un modèle du genre.

    Elsa Marpeau, auteure chevronnée, livre un opus d’une incroyable densité humaine et historique, sans jamais tomber dans le guet-apens de la facilité ou de la partialité. Un roman qui séduit puis hypnotise, tant par l’excellence de sa plume que l’originalité de son propos, avant de désarçonner par une telle percussion de noirceur. Un grand moment de littérature, tout simplement.

    17/07/2018 à 08:32 5

  • Les Corps brisés

    Elsa Marpeau

    9/10 Sarah Lemire est dans la pleine force de l’âge lorsque la voiture de rallye qu’elle pilote s’écrase sur le bas-côté. Elle y laisse la vie de son copilote et l’usage de ses jambes. Envoyée dans un centre de rééducation, elle tente, tant bien que mal, de se reconstruire, physiquement et mentalement. Mais la disparition inattendue de Clémence, sa voisine de chambre, la pousse progressivement dans les retranchements de la paranoïa : en ce lieu isolé, quelqu’un aurait-il kidnappé la malade ?

    Elsa Marpeau, qui a déjà signé, entre autres, Les Yeux des morts, Et ils oublieront la colère et Son autre mort, livrait ce roman en 2017. Un livre dont elle indique, d’entrée de jeu, qu’il est inspiré de l’affaire des « torturées d’Appoigny ». Et c’est tout la noirceur et la cruauté d’un terrible fait divers, certes romancé, qui s’étale progressivement sous les yeux du lecteur. L’écriture est remarquable, riche de lyrisme et de beauté, au point que l’on en vient, fréquemment, à relire certains passages tant ils sont poétiques et succulents. Sarah, pour qui la vitesse et la fusion avec son destrier mécanique, constituaient les seuls points de gravité, doit réapprendre à vivre, différente, handicapée, sans même pouvoir espérer recouvrer la moindre motricité des membres inférieurs. Elle va donc se confronter aux longues séances de kinésithérapie, avec un psychologue, ou cet étrange médecin que tout le monde surnomme « docteur Lune ». Dans le même temps, elle va cohabiter avec d’autres pensionnaires : brisés dans leurs chairs en raison d’accidents, combattant la maladie, rééduquant leurs organismes affaiblis par de terribles calamités. Une forme de fraternité des corps et des âmes va naître de cette proximité, au point que Sarah va rapidement s’inquiéter suite à la disparition de son amie Clémence. Fugue ? Enlèvement ? Des soupçons de kidnappings apparaissent dans l’esprit de la jeune femme en raison de cet endroit esseulé et anxiogène, et la suite ne fera que, malheureusement, lui donner raison. Les derniers chapitres sont à cet égard particulièrement durs, tendus, à la limite du dicible : avec des termes toujours choisis avec tact et empreints de charme, Elsa Marpeau va dépeindre l’envers du décor. Sordide, inhumain, nauséabond, abjectement mercantile et insensible. Un monde destructeur, disloqué, anomique, luciférien. Une onde de choc de mots et de maux traversera probablement le lecteur, lui vrillant âme et tripes, et le suspendant au fil des pages jusqu’à ce que la dernière d’entre elles ne soit tournée.

    Un roman d’une rare cruauté, sans jamais que cette férocité ne se fasse de manière gratuite ou voyeuriste. C’est tout autant un incroyable cri d’espoir et d’amour – puisqu’aucun de ces deux sentiments n’est totalement éclipsé du récit – qu’un hurlement primaire jaillissant de geôles anonymes et invisibles, comme savent, mille fois hélas, nous le rappeler les médias.

    22/09/2019 à 08:41 1

  • Colère

    Denis Marquet

    7/10 Lu il y a bien longtemps. A défaut d'avoir été profondément marqué par sa lecture, je me souviens avoir passé un agréable moment de lecture avec ce roman catastrophe.

    05/06/2010 à 18:18

  • Mexicana – Tome 1

    Mars, Matz, Gilles Mezzomo

    7/10 Emmett Gardner est garde-frontière et il revient d’une opération quand il reçoit un coup de téléphone : son fils Kyle vient d’être arrêté. Il s’est mis dans un pétrin pas possible en devant assassiner Ricardo Cabrera, un trafiquant de drogue rival du gang pour lequel il travaille. Pour le sortir d’affaire, Emmett tue Cabrera avant d’apprendre qu’il était en réalité un agent des stups infiltré.
    Une entame classique mais diablement efficace et prenante, et qui s’achève par notre héros kidnappé et dans le repaire du narcotrafiquant. Vraiment bon.

    16/12/2023 à 08:05 3

  • Mexicana – Tome 2

    Mars, Matz, Gilles Mezzomo

    7/10 Un second contrat se profile pour Emmett – celui que devait honorer son fils Kyle – en devant exécuter un autre individu. « En gros, je vais au casse-pipe… », conclut-il à raison.
    Un récit toujours assez classique mais nerveux, au tempo très marqué, avec force fusillades, tandis que Kyle retrouve Marisa. Vraiment bon.

    09/01/2024 à 20:16 2

  • Mexicana – Tome 3

    Mars, Matz, Gilles Mezzomo

    7/10 Troisième et dernier épisode de cette série, qui commence par Emmett qui s’en prend à nouveau plein la gueule. « Je n’ai pas réussi à protéger mon fils », dit-il à la belle Lucia. Un début assez sage pour un final avec un chouette rebondissement et une fusillade sanglante. C’est finalement aussi classique que les précédents tomes mais ça n’en demeure pas moins réussi et efficace.

    01/04/2024 à 11:54 2

  • Frères de chair

    Michael Marshall Smith

    9/10 Dans un futur assez éloigné, Jack Randall, ancien policier dont la famille a été massacrée par le criminel Vinaldi, s’est recyclé dans la protection d’une ferme d’alters. On appelle ainsi des clones qui vivent isolés, parqués comme du bétail, en attendant que leur double, celui disposant d’une réelle existence, ait besoin de tout ou partie de leur corps de dépannage. Mais après s’être occupé de ces alters, Randall ne supporte plus que l’on se serve d’eux, et s’enfuit avec eux. C’est pour l’ex-flic le début d’une descente aux enfers, ponctuée notamment par un retour dans La Brèche, cet univers parallèle que gouverne la peur.

    Ce thriller fantastique de Michael Marshall Smith date de 1996, et pourtant, à sa (re)lecture, le temps passé depuis sa création n’a pas amoindri ses qualités ou son impact. Le genre de l’anticipation est parfois rendu impénétrable par un langage, une vision du monde ou des codes littéraires qui le rendent inintelligible pour nombre de lecteurs ; ici, indéniablement, ce n’est pas le cas. La plume de l’auteur est particulièrement alerte, conjuguant des moments très sombres à des répliques humoristiques particulièrement savoureuses et que l’on imaginerait sans peine dites par des acteurs de blockbusters hollywoodiens. Les scènes d’action sont également nombreuses, très bien écrites, et c’est avec un plaisir soutenu que l’on suit le périple de Jack Randall dans cet avenir empreint de nouvelles technologies.
    D’ailleurs, au-delà du décor et de l’ambiance futuristes, saisissants d’efficacité et, pourrait-on dire, de réalisme, c’est aussi la personnalité de cet ancien policier qui retient l’attention. Marqué à jamais par les combats dans La Brèche, drogué au point d’être devenu un véritable zombi, meurtri par le massacre des siens, c’est au contact des alters, ces petits êtres sans existence officielle et réduits au rang de pièces humaines de rechange qu’il va reconquérir sa part d’humanité. Michael Marshall Smith excelle dans l’art des portraits, par petites touches et flash-backs successifs, jusqu’à peindre des âmes denses et d’une rare profondeur. D’autres auteurs auraient pu se contenter d’esquisser des protagonistes effacés, édulcorés, insipides, au gré d’une intrigue qui n’aurait été que le prétexte à des scènes d’action échevelées. Michael Marshall Smith prend le contrepied de ces facilités, en imaginant un paysage futuriste détonnant, une histoire singulière, et des personnages complexes.

    Ce Frères de chair se situe à la confluence de l’univers inventif de Philip K. Dick, du cinéma spectaculaire couché sur papier et de l’intelligence quant à l’emploi des sciences. Pour se divertir, s’émouvoir ou réfléchir, il s’agit d’un opus de très grande qualité.

    04/07/2012 à 18:53

  • Une proie si facile

    Laura Marshall

    8/10 Louise vient de recevoir un étrange message sur Facebook : Maria Weston lui demande d’être son amie sur le célèbre réseau social. Le problème, c’est que Maria est décédée vingt-sept ans plus tôt. Enfin, tout le monde la croit morte, mais nul n’a jamais retrouvé son corps. A cette époque, Louise ainsi que d’autres camarades de classe se sont mal comportés avec elle. Est-ce un canular ? L’amorce d’une vengeance ? Qui est derrière tout cela ? Quand une invitation encourage les anciens de l’école à se réunir, il se pourrait bien qu’un nouveau drame éclate.

    Sur un canevas classique, Laura Marshall a bâti un ouvrage à suspense crédible et très efficace. Très rapidement, le lecteur se retrouve plongé dans une ambiance mystérieuse à souhait, propice à la paranoïa et aux rebondissements. On découvre Louise, divorcée de Sam et maman d’un bout de chou de quatre ans, Henry, qui voit ressurgir, dès la première page de ce roman, un passé qu’elle pensait révolu, et surtout connu de très peu de personnes. L’époque des seize ans, des amours incertaines, des rivalités entre filles, des premières expérimentations des drogues. Le temps des lâchetés et de malveillances, au nom de rivalités claniques, pour être populaire ou avoir le droit de se joindre aux camarades les plus appréciées. L’apprentissage du sexe, également. Et lorsque que cette supposée Maria Weston réapparaît, c’est tout un pan de l'existence de Louise, mais également de son ex-mari, Sophie, Esther et des autres qui rejaillit de la conscience collective. Les mots de Laura Marshall sont fins, intelligents, et tissent des situations, des attitudes et des psychologies fort plausibles et humaines de bout en bout, entre indignités déplorées et souhait de rédemption, au point que chacun des personnages pourrait être l’une de nos amies, connaissances ou proches. Des individus écartelés entre une ancienne implication stupide et la volonté, peut-être, que rien ne soit mis à jour. Si l’intrigue ne ménage, en soi, guère de passages mémorables ou de suspense inoubliable, tout se révèle subtil et vraisemblable, au point de ne ressentir aucun temps mort et d’éprouver des sentiments changeants et contradictoires pour d’anciens bourreaux devenus victimes.

    Un livre certes classique mais très prenant, disséquant avec habileté les phénomènes de harcèlement, d’exclusion et de déchéance, au sein des adolescents comme des adultes.

    23/10/2018 à 11:56 4

  • Skin Trade

    George R. R. Martin

    8/10 Willie Flambeaux se tourne vers sa vieille amie, Randi Wade, devenue détective privée, pour enquêter sur le meurtre barbare d’une paralytique. Qui pouvait bien en vouloir à la victime ? Et qu’est-ce qui a pu pousser le tueur à ainsi détruire physiquement sa proie ? Pour Randi, c’est le début d’une investigation cruelle, hérissée d’assassinats sauvages et de découvertes hallucinantes, qui la mènera jusqu’à la résolution de la mort de son propre père.

    De George R. R. Martin, on connaît surtout l’œuvre consacrée au Trône de fer. Aussi, quand on apprend la réédition de ce polar fantastique datant de 1989, on ne peut être qu’intrigué. En cent cinquante pages, le lecteur verra à peine le temps passer. Le style n’a pas vieilli outre mesure, le récit est savamment charpenté, et les personnages sont tous très agréables à suivre. Willie Flambeaux, asthmatique, à la fois fou de désir pour Randi et prêt à tout pour comprendre ce qui taillade ainsi les veines de la ville. Randi, encore meurtrie par l’exécution brutale de son père, à ce jour non résolue. La famille Harmon, avec un paternel perclus de rhumatismes, à l’allure ensorcelante, et son fils Steven, dégénéré profond, capable dans sa jeunesse des pires atrocités, dont le corps est couvert de marques de brûlures. Et il y a également cette ville sur laquelle plane encore les ombres malsaines de deux familles, l’une régnant sur le commerce de la viande, l’autre sur celui du métal. Une histoire prenante et efficace, où va rapidement apparaître la figure grondante des lycanthropes. Cet élément fantastique pourra éloigner les amateurs du pur polar, mais il est à noter que cet ouvrage conserve, chevillé à son ADN, les codes de la littérature policière, tout en y enchâssant habilement des éléments surnaturels.

    Un roman qui semblera peut-être à certains classique, mais, près de trente ans après sa sortie, il faut humblement conserver en tête l’antériorité de cet ouvrage, qui demeure efficace et fort distractif. On lui pardonnera d’autant une erreur majeure, celle s’illustrant dès la deuxième page, et qui en dit déjà trop long sur l’un des personnages ; une maladresse semblable à celle d’une femme dévoilant trop tôt ses beaux atours et gâchant ainsi le suspense quant à la découverte complète de ses charmes.

    22/05/2018 à 20:05 5

  • Certains l'aiment clos

    Laurent Martin

    8/10 Parce qu'il est en pleine déprime et miné par des problèmes personnels, Gabriel Lecouvreur échoue dans un monastère breton. Sur place, il croit entrevoir la lumière divine, le chant du Créateur, et commence une conversion aussi rapide que sincère. Mais des meurtres particulièrement sanglants brisent la retraite du Poulpe : des moines sont assassinés, une croix métallique dans le ventre. Gabriel va donc devoir abandonner son statut de retraitant pour mener l'enquête, quitte à ce que ses tentacules aillent plonger dans des bénitiers aux eaux peu reluisantes.

    Deux-cent-cinquante-septième ouvrage de la série consacrée au Poulpe, Certains l'aiment clos est écrit par Laurent Martin, un auteur à la bibliographie déjà fournie. D'entrée de jeu, le lecteur se rend compte que le ton de cet opus sera bien différent de celui des autres. Gabriel Lecouvreur découvre la foi ! Messie, messie ! Et il va même jusqu'à y trouver du plaisir ! Au-delà de ce postulat qui défrisera bien des aficionados du céphalopode, il y a une nette inflexion de la part de Laurent Martin à vouloir faire sortir le personnage de Gabriel Lecouvreur des sentiers battus. Il va se lier d'amitié avec les moines, participer aux offices, et chaque chapitre s'ouvre sur un psaume. L'écriture est très agréable, les personnages nombreux et joliment croqués, et le livre se dévore avec entrain. Il ne faut pas être très lettré pour se rendre compte que l'auteur s'est inspiré du Nom de la Rose d'Umberto Eco pour imaginer son intrigue, cette ascendance étant clairement assumée par Laurent Martin qui cite à plusieurs reprises le roman. L'intrigue se dénouera de manière relativement inattendue, loin des clichés auxquels on pouvait s'attendre.
    Et puisqu'il faut bien clore une histoire, Laurent Martin a choisi une voie bien surprenante, presque iconoclaste eu égard à la personnalité du Poulpe. Certains amateurs de Gabriel regretteront probablement ce choix, mais on ne peut pas manquer de louer les efforts de l'auteur pour édifier un ouvrage atypique.

    Certains l'aiment clos est donc une œuvre bien surprenante : elle conjugue les qualités d'un huis clos réussi à une tonalité inédite dans la série. Est-ce un blasphème ou un renouvellement du personnage ? La question divisera à coup sûr mais n'empêchera certainement pas de reconnaître les indéniables qualités de ce roman.

    28/03/2011 à 17:08 1

  • Contamination

    Les Martin

    5/10 Le suspense est certes là, mais j’ai trouvé que l’histoire tournait en rond. Une histoire de conjuration bien menée mais à laquelle il manque selon moi une âme.

    11/05/2014 à 18:57

  • Entité biologique extraterrestre

    Les Martin

    6/10 Une histoire où se même présence extraterrestre et complot politico-militaire. Rien de bien nouveau sous le soleil, mais c’est agréable à lire.

    11/05/2014 à 18:58

  • Faux frères siamois

    Les Martin

    8/10 Un régal de trouver en livre cette histoire, car l’épisode télévisé est un de mes préférés de la série. C’est à la fois cocasse et anxiogène, et se balader au milieu de ces freaks est jubilatoire !

    11/05/2014 à 19:38

  • La Guerre des coprophages

    Les Martin

    4/10 Un épisode un peu bâtard selon moi, car les scènes où apparaissent les bestioles manquent de force, et tout se conclut trop vite. Un essai non transformé.

    11/05/2014 à 19:41

  • Mauvais sang

    Les Martin

    7/10 Une histoire qui mise sur le complot, de manière intelligente, sans tapage, avec efficacité. Elle ravira les fans de la série.

    11/05/2014 à 19:00

  • Mystère vaudou

    Les Martin

    7/10 Un bon moment de lecture, pour un récit typique de la série, où se mêle complot (certes à une petite échelle) et un ésotérisme sobre et bien mené.

    11/05/2014 à 19:47

  • Nous ne sommes pas seuls

    Les Martin

    6/10 Une histoire pas mal menée, c’est surtout le départ de la série avec les divers éléments constitutifs : extraterrestres, complot, le côté cartésien de Scully auquel renvoie la croyance dans le paranormal de Mulder, sans compter ses touches d’humour. Rien d’exceptionnel, certes, mais on est immédiatement dans le bain à la fois de la série et de ses diverses novélisations.

    11/05/2014 à 19:45