Surcouf

366 votes

  • Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

    Thierry Jonquet

    9/10 Scènes de "vie" de banlieue dans le 93, collèges en ZEP, jeunes profs sans expérience, zone HLM et zones pavillonnaires, bandes de délinquants ethniques, apprentis salafistes, imams prosélytes, authentiques djihadistes, télé-poubelle, trafic de drogue, antisémitisme, intifada importée, gang de barbares, karchérisation, moyens de police ... sont tous les ingrédients réunis pour ce roman noir très actuel sur la vie dans ces territoires dangereux. A lire absolument !
    Portrait assez terrifiant de nos banlieues, peuplées d'islamistes, de voleurs, de collèges dans lesquels on n'apprend rien, de profs dépassés et agressés.
    Noir, déprimant...voire pire encore. Écrit en 2006, à l'époque certains avait trouvé le livre excessif. Aujourd'hui, alors qu'on découvre, ou fait semblant de découvrir la poussière cachée sous le tapis, on le trouvera terriblement réaliste. Le titre est un extrait d'un poème de Victor Hugo de 1871 en faveur de l'amnistie des condamnés de la Commune.

    13/11/2020 à 09:25 5

  • Pandémie

    Robin Cook (USA)

    6/10 Curieux bouquin dont le titre ne correspond pas au contenu. Pas de pandémie en effet, tout au plus 10 cas sont comptés dans ce thriller médical. Il y a beaucoup de longueurs et de passages inutiles. Le médecin légiste qui tient le premier rôle est assez peu sympathique. En fait tout l'intérêt du livre tient dans la très fine analyse que l'auteur fait de la Chine et de ses investissements massifs dans la médecine, biomédecine, dans la recherche en biotechnologies et surtout dans l'évolution de ses stratégies. Certaine d'être aujourd'hui un acteur de premier plan en géopolitique, la Chine, sous l'impulsion de Xi Jinping passe d'un communisme adapté au libéralisme à un ultranationalisme et à des visées expansionnistes dans tous les domaines. C'est ce qui est développé dans les 40 dernières pages qui sont vraiment les plus intéressantes. On regarde l'épidémie de COVID19 d'un œil beaucoup plus circonspect.

    04/11/2020 à 10:25 6

  • Planeta Extra

    Diego Agrimbau, Gabriel Ippoliti

    7/10 Dans un futur proche, la Terre est devenue une planète poubelle. Ceux qui le peuvent, de par leur classe sociale ou leur position politique, partent s'installer sur Lunaerope, sorte de station orbitale où il y a de l'air pur et de l'eau pure. Mais les animaux de compagnie y sont interdits. Kéké est un déménageur qui transporte les affaires des partants au cosmoport et qui a petit à petit noué des contacts avec la police des frontières et les services des douanes. Un jour, sa fille qui se voit sans avenir sur la Terre lui annonce qu'elle a un billet pour partir. Il va tout mettre en œuvre pour la faire rester, quitte à accepter un marché risqué. Le scénario d’anticipation est assez classique. Planète polluée et fuite des élites vers d’autres cieux. Le prolétariat reste et doit vivre entre débrouille et violence. Les auteurs argentins ont ajouté une touche sociale, trafics louches, de pauvres naïfs qui se font gruger, une femme fatale et des policiers véreux, une transposition de la société argentine d'aujourd'hui en quelque sorte. Les héros sont sympathiques et tous les personnages bien campés. Quelques scènes avec beaucoup de visages demandent un peu d’attention. Les décors qui sont souvent des zones urbaines avec une circulation à plusieurs niveaux, avec des véhicules aux apparences contemporaines rappellent l’univers du 5e élément de Luc Besson. Et une ressemblance en attirant une autre, on pense inévitablement à Valérian et Laureline, les agents spatio-temporels de Christin et Mézières, mais qui évolueraient dans un contexte de lutte des classes. Les dessins et les couleurs choisis accentuent très bien l'atmosphère de monde empoissonné. La touche finale, qui voit la solidarité récompensée laisse vaguement espérer de l'humanité. Sans qu'on y croit vraiment.

    27/10/2020 à 14:28

  • Surface

    Olivier Norek

    8/10 C'est un excellent petit polar rural. L'intrigue est très crédible, les personnages aussi, le tout sur fond de secrets bien gardés et protégés par le côté taiseux et renfermés des gens du Massif Central dont l'Aveyron fait partie. C'est aussi l'histoire d'une enquête menée "à l’ancienne", dans laquelle la capacité d'écoute, de mémorisation, d'analyse, de déduction, d'anticipation et d'intuition policière est primordiale. Il n'y a pas une débauche d'hyper technicité, d'hyper connectivité ni d'hyper violence. Des ingrédients du quotidien suffisent à l'auteur pour donner corps à son histoire. Son talent d'écrivain ajoute le suspens qui fait qu'on tourne les pages avec gourmandise.

    26/10/2020 à 10:07 6

  • Dans l'ombre du brasier

    Hervé Le Corre

    5/10 Roman beaucoup plus historique que policier. L'intrigue policière est très accessoire, peu détaillée et parfois confuse. Elle sert un peu de fil rouge à l'histoire des personnages qui se démènent dans la tourmente de la Commune. La partie historique est largement plus détaillée, suivant le déroulement de la semaine sanglante. J'ai eu beaucoup de mal a accrocher aux deux volets du livre. L'aspect policier m'a paru trop léger, le destin de protagonistes essentiels est survolé. L'aspect historique m'a semblé trop linéaire et descriptif. Le scénario, par ses deux approches, ses personnages et son déroulement, ressemble vraiment beaucoup, étrangement même, à "Le cri du Peuple" de Vautrin (et une BD de Tardi tirée dudit roman), livre beaucoup plus prenant dont la construction a manifestement inspiré Hervé Le Corre.

    22/10/2020 à 09:41 5

  • Civilizations

    Laurent Binet

    8/10 Uchronie au cours de laquelle la rencontre avec l'Amérique est réécrite. Si l'auteur fait d'abord siennes les opinions d'historiens attribuant avant tout aux vikings la première incursion en Amérique, le fil de son récit prend l'histoire à contrepied. En 1531, l'Inca Atahualpa, défait dans un guerre fratricide, quitte les Andes et arrive en Espagne, et grâce à une stratégie machiavélique, conquiert celle-ci en quelques années. On croise des personnages historiques dont le rôle change, des évènements dont les conséquences sont modifiées, et le sort de certains peuples analysés par un autre regard. C'est une critique sans concession de l'Europe du XVIe siècle à travers un exercice littéraire original.

    12/10/2020 à 10:55 2

  • Incandescences

    Ron Rash

    7/10 Beaucoup de noirceur dans ces nouvelles, que la somptuosité des paysages décrits n'arrive pas à éclairer. Un étalage de misères humaines et de résignation qui ne pousse pas à la gaité. Seule la poésie de l'auteur anime un peu les personnages devant le sort qui leur est promis et qu'ils acceptent avec fatalisme.

    01/09/2020 à 16:24 2

  • Le Temps des barbares

    Laurent Obertone

    6/10 On peut dire qu'il s'agit d'une roman d'anticipation, tout en espérant d'ailleurs que l'auteur se trompe sur notre avenir proche. D'un strict point de vue littéraire, ce n'est pas un très grand livre. Le rythme est entretenu uniquement par la brièveté des chapitres d'à peine quelques pages. Et c'est une suite de répétition d'exactions dans divers endroits de la France, tombée aux mains de divers groupes suite à une bavure policière. L'auteur règle leurs comptes, jusqu'à la caricature, à tous les nouveaux extrémismes à la mode et à tous les communautarismes, sexuels, religieux, ethniques ... Si le bouchon est poussé assez loin, force est de reconnaitre, à la lueur d'évènements récents (affaire Traoré - 06/2020 par exemple), qu'il a souvent raison sur les dérives ultras et sectaires de quelques groupes. Le cours de son récit me parait toutefois un peu rapide, un état, même gangréné ne s'effondrerait pas aussi vite. Si la majorité des passages est claire, il y a certains développement de l'intrigue qui sont aussi maigres que confus, et qui rendent la fin du récit ambiguë. On ne sait pas vraiment qui sort gagnant du chaos, l'ancien monde ou un nouveau, ou le même mais avec des habits neufs ? Parmi les personnages qui donnent vie à l'histoire, Obertone rend un hommage appuyé à la Légion Étrangère, notamment au 2e REP, son régiment emblématique, et au Capitaine Danjou, le héros de la bataille de Camerone (Mexique - 30 avril 1863), et seul véritable héros du livre.

    10/06/2020 à 10:02 2

  • Complot

    Nicolas Beuglet

    7/10 Sur une idée originale, la lutte contre le machisme et le retour des femmes à la place qui est la leur dans l'histoire et dans la société, l'auteur délivre un message très contemporain, le tout dans une intrigue bien menée. Il y a des parties historiques méconnues et très intéressantes, le rythme est soutenu et les personnages sont crédibles. Il y a quelques longs paragraphes plutôt philosophiques sur la fin, qui rappellent fort des passages du Da Vinci code, et qui n'apportent pas grand chose. Le caractère affirmé de l’héroïne est plutôt atypique et rend son personnage d'autant plus fort.

    11/05/2020 à 11:16 6

  • L'Unité Alphabet

    Jussi Adler-Olsen

    7/10 Les deux parties sont inégales. La première est assez longue et on ne voit pas trop ou l'auteur veut en venir. La trame est parfois obscure. La deuxième partie rattrape un peu tout ça en révélant les motivations des protagonistes. Beaucoup de détails et de suspens dans l'écriture d'Adler-Olsen, et ses personnages sont toujours très bien décrits. Il y peut être un peu trop de rebondissements sur la fin, et le côté "increvable" d'un personnage est exagéré. Ça reste tout de même captivant.

    11/04/2020 à 09:33 3

  • L'Archange du chaos

    Dominique Sylvain

    5/10 Je n'ai pas accroché. Intrigue malmenée, personnages sans relief, trame confuse, pas de suspens. La proximité entre les policiers, magistrats, avocats et suspects rend impossible la crédibilité de l'histoire.

    28/03/2020 à 10:35 2

  • Habemus piratam

    Pierre Raufast

    8/10 Un curé s'ennuie dans sa petite paroisse, jusqu'au jour ou un paroissien bien différent de ses ouailles habituelles vient se confesser, et dévoile même qu'il est menacé et que sa mort est inéluctable. Cet étrange personnage est un hacker particulièrement doué. A chaque confession, suivant la numérotation des commandements et des péchés, il avoue ses forfaits à l'Abbé Francis. Ce dernier, fasciné par ces aventures, se met à surfer fébrilement pour trouver les preuves accréditant les dires de son pénitent. Ce faisant, il laisse ses propres traces sur le net, dans le dark web, sur des forums, donnant des indices à d’inquiétants chasseurs. Si le curé se délecte de confessions bien plus croustillantes que les tricheries au scrabble de quelques paroissiennes, des révélations qui découlent de quelques-unes d’entre elles chamboulent la tranquillité du village. Avec son grand talent de conteur, Pierre Raufast nous entraine dans le monde de l’insécurité informatique, des cybercriminels, des hackers, des pirates du web, le tout avec un vocabulaire technique vulgarisé et sur un ton amusant. Un petit lexique propose des définitions simples et claires. Ce roman mêle thriller et humour, des chapitres jubilatoires, du suspens, beaucoup d’originalité, des rebondissements et une fin inattendue. Il y a de quoi être inquiet de la facilité avec laquelle un pirate peut agir et de la fragilité des matériels utilisés par le commun des mortels, sachant que même des sites sensibles ont de fait des protections défaillantes. N’importe quel objet connecté est conçu comme un véritable outils d’espionnage. Changez vos mots de passe et codes d’accès, le mieux étant de ne pas utiliser ces appareils diaboliques.

    24/02/2020 à 15:48 2

  • Carnaval Noir

    Metin Arditi

    5/10 Polar historique dans la veine de Anges et démons de Dan Brown. L'histoire se déroule en Italie, entre Venise, le Vatican et les Alpes et s'articule autour du XVIe et XXIe siècle. Le complot qui sert de point de départ est déjà un peu pipé dans sa nature, une alliance objective et sur le terrain entre djihadistes islamistes et fondamentalistes catholiques apparait bien hypothétique. D'autant que l'auteur n'exploite ensuite qu'assez peu ce filon, préférant balader son lecteur entre les deux époques, suivant des universitaires latinistes tellement érudits qu'on a du mal à les suivre. Même s'il y a beaucoup de très courts chapitres, la multiplicité de personnages, les liaisons parfois confuses entre eux rendent la lecture un peu longue. Dommage car les ingrédients présentés au départ auraient pu donner un tout autre résultat.

    28/01/2020 à 10:28 2

  • Le Renard dans le nom

    Richard Millet

    4/10 Roman rural qui s'attache à décrire les années 1960 en Limousin à travers les modes de vie des personnages, famille de paysans, notable de village, tous réunis autour d'un crime et d'un suspect. L'intrigue est assez fournie et l'auteur s'attache à faire des portraits très précis des protagonistes. Le dénouement, proposés en plusieurs versions, est une construction originale qui étudie toute les motivations possibles des assassins potentiels. Mais le style de l'auteur, qui fait des phrases longues comme des chapitres, voire des pages, réclame une concentration sans faille. Difficile d'aller ou bout, le rythme étant tellement mis à mal par ces longueurs infinies.

    27/01/2020 à 12:44 1

  • Honky Tonk Samouraïs

    Joe R. Lansdale

    7/10 Bonne cuvée, ni plus ni moins. Une originalité tient dans l'arrivée, inattendue, d'un nouveau personnage très proche de l'un des héros. Un tome qui fait la part belle aux femmes qui sont incontournables dans cette aventure, occupant des rôles très divers, parfois complémentaires l'une de l'autre, parfois très opposées. Fille, fiancée, amante, cliente ... , autant de statut pas faciles à manœuvrer en même temps. Le langage reste à ne pas mettre en toutes les oreilles et devant tous les yeux.

    15/01/2020 à 09:28 6

  • Les Fils de la poussière

    Arnaldur Indridason

    9/10 Premier livre de la série Erlendur, et premier coup de maitre. Un des meilleurs ouvrages d'Indridason. On se demande bien pourquoi l’éditeur français l'a publié si tard ?

    14/01/2020 à 10:49 5

  • Les Cicatrices de la nuit

    Alexandre Galien

    8/10 Plongée au cœur des nuits parisiennes et dans un de ces dramatiques excès lié à la prostitution. L'auteur connait manifestement très bien les ficelles du métier et a les qualités d'écrivain requises pour les restituer en un livre policier classique au suspens bien mené. Les codes du genre, investigations , fausses pistes , interrogatoires, autopsie, rapports aux chefs , organisation interne, répartition des rôles, données juridiques, jargon des services sont la. Ouvrage logiquement récompensé par le prix du quai des orfèvres.

    14/01/2020 à 10:44 5

  • L'Eté circulaire

    Marion Brunet

    9/10 Un portrait sans concession d'une Provence moins bucolique que celle de Pagnol ou Giono. Dans les banlieues pavillonnaires et dans les exploitations agricoles se croisent des immigrés à peu prés intégrés, des immigrés toujours pas intégrés, des gens de souche racistes, des femmes peu considérées et des niveaux de richesses qui créent d’âpres jalousies. Ajouter la chaleur de l'été, des adolescentes en quête de sensations, une bonne dose de bière et de pastis, et tous les ingrédients sont réunis pour arriver au drame. L'impunité étant la cerise sur le gâteau. Très bon roman noir.

    13/01/2020 à 15:11 4

  • Les Roses de la nuit

    Arnaldur Indridason

    8/10 Une des premières enquêtes d'Erlendur, l'éditeur français n'ayant pas publié dans le même ordre que l'édition islandaise. On y retrouve donc une équipe de policier en début de carrière ou chacun prend un peu ses marques. Comme à son habitude, l'auteur a installé son histoire sur fond de réalité socio-économique. A partir du cadavre d'une jeune junkie, on suit les évolutions de la vie dans les fjords de l'ouest ou les pécheurs revendent leurs quotas de pêche dans des conditions troublantes (phénomène observable en France avec le thon rouge, à Sète notamment). Indridasson propose le portrait d'une chaine criminelle calquée sur la chaine alimentaire : tout en bas, les petits délinquants, drogués, marginaux, manipulés par les intermédiaires, criminels plus organisés, plus malins et plus dangereux, et au sommet, les grands prédateurs qui tirent les ficelles sans se salir les mains, qui grâce à leur argent corrompent à tout va, et finissent, comme toute les mafias, par parasiter toute la vie d'un pays. C'est aussi une réflexion sur l'Islande ou, comme le répète souvent l'auteur, si la criminalité y est moindre qu’ailleurs, elle reste bien présente et sous toute ses formes.

    29/11/2019 à 10:39 7

  • Surf City

    Kem Nunn

    8/10 Bon roman bien noir qui se déroule chez les surfers californiens, mais qui va bien au delà de cette population. C'est une petite étude sur une certaine jeunesse américaine parmi laquelle la drogue fait des ravages. Il y a du Steinbeck chez Kem Nuun qui s'y entend pour dresser les portraits de ces marginaux, bikers, vétérans et autres qui composent eux aussi cette société de la côte est des USA, et les petits et gros trafics dont ils vivent ou dont ils sont victimes. Petit bémol, la fin, bien moins dense et étayée que les 3 premières parties nous laisse sur un léger sentiment d'inachevé et ce, alors que l'auteur apportait la dernière pierre à sa pyramide, les riches pervers qui profitent jusqu'à la monstruosité de ces déclassés.

    04/11/2019 à 09:26 1