clemence

339 votes

  • Sauf

    Hervé Commère

    9/10 Le retour de mon chouchou comme si ce roman avait été écrit pour moi. Une succession de poupées russes , le drame familial fondateur qui va déployer ses tentacules, un quatuor de choc qui bouscule les codes tout en les parant de dorures, les absents qui brillent par leur présence. L’amour et l’argent , ces ressorts permanents, comme l’explique Gary, façonnent un roman à tiroir que j’ai dévoré de manière compulsive en 5 Heures.
    Les paysages sont superbes et le décor scandinave, berceau du dénouement , est tonitruant.
    Hervé, you rock !

    17/03/2018 à 10:07 9

  • La Veille de presque tout

    Víctor Del Árbol

    7/10 La finesse de l’écriture au service des langueurs de l’âme. On voyage aisément dans la géographie et les souvenirs des uns et des autres, un peu plus difficilement dans la temporalité des différentes étapes, mais on ne se perd pas tant l’empreinte visuelle et presque scénique des tableaux aident le lecteur à se situer. Bon sang que ce roman est triste : peu de lumière, point d’espoir, des ancrages vers le bas. Un sursaut de lueur, une étincelle, et c’est à nouveau noir foncé. J’ai apprécié l’ambiance et les mots travaillés, l’histoire n’est pas mauvaise loin de là, aussi il ne m’a manqué que ce petit supplément de tendresse, de vivacité et de rythme pour être tout à fait conquise.

    18/02/2018 à 14:59 7

  • Nulle part sur la terre

    Michael Farris Smith

    7/10 J’aurais voulu nommer ce livre “Ode to Jason Tisdale”, tant la (superbe) chanson de Bobbie Gentry (“ode to Billie Joe”, lien ci dessous ) m’a accompagnée dans ce roman, des premières notes jusqu’au dernier chapitre. (La chanson et cette histoire ont selon moi vraiment beaucoup en commun).
    Ces livres d’écorchés ont parfois tendance à forcer le trait, ici il s’agit juste de parcours de vies comme il doit en exister partout sur la terre. L’incarcération, le mauvais endroit au mauvais moment, l’alcool, les tromperies du quotidien sont contrebalancés parfois par les éclats de rire d‘Annalee qui remonte un poisson chat, Consuela qui chante dans un murmure, deux histoires qui se croisent et qui se reconnaissent à onze ans d’écart, un genre de poésie sur fond de Mississippi.
    Another sleepy, dusty, delta day. Beau bouquin.

    11/02/2018 à 08:40 8

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 Excellente surprise.
    Voilà exactement le bien fondé du prix PP : sortir de l’ombre un roman au titre peu attractif et à l’emballage loin de me séduire. Dans ce polar sans une goutte de sang versée (la morte l’est dès le début), cinq voix s’articulent pour traduire leur tranche de vie, originale, sans répétitions. Quel exercice périlleux ! Réussi. Le puzzle s’emboîte avec talent. A chaque nouveau chapitre, le style se renouvelle, diffère, et l’auteur nous fait voyager dans l’histoire incongrue d’Evelyne Ducat.
    Le Causse, magnétique, tourmenté, battu, isolé, est un décor simple, adapté et décrit de manière magnifique.
    La thématique du battement d’ailes du papillon qui génère mille rebondissements n’est pas sans me rappeler les parfaits livres d’Hervé Commère.

    03/02/2018 à 20:47 14

  • Les Larmes noires sur la Terre

    Sandrine Collette

    9/10 Peu convaincue par mes lectures de l'auteur (j'ai commencé je crois tous ses romans, je suis allée au bout d'un seul, et donc de deux, désormais), je me suis penchée sur ce roman dans le cadre du prix PP. Quelle découverte, âpre comme un fond de théière qui aurait infusé 12 heures ! Puissante également, par le désarroi de Moe et les rencontres déterminantes de sa famille de la Casse, ces paumées qui se rassemblent sans illusions. J'ai été bouleversée par le petit Côme et la notion de fatalité, de destin, de libre-arbitre qui émergent autour de lui et de sa vie à venir. C'est peut être bien cette thématique qui m'a chamboulée, plus que le reste.
    Le décor futuriste est rarement ma tasse de thé toutefois l'alternance entre des événements connus et fondateurs des années 2010 (les attentats, des séismes, etc) et la Casse permettent de s'y retrouver et de naviguer aisément. Les turpitudes sans appel de la noirceur humaine sont béantes tout au long du roman, j'ai eu l'impression que je n'en sortirai pas vivante, happée par l'outrenoir.
    De fait, j'ai une féroce envie de voir le jour en fermant ce roman. Qui émerge, par touches, brillantes, salvatrices.
    Le noir-lumière, concept couleur inventé par Soulages (je lui ai déjà emprunté son outrenoir il y a un instant), se prête à merveille pour la vie de Moe, petit fagot de bois de vie bringuebalé bien loin de son île ensoleillée.
    Sandrine Collette disperse dans les pages de son livre une multitude de pistes narratives (des biographies, du récit, des souvenirs, de l'attente et même du suspense) qui ont en commun la douceur de sa plume et la recherche du verbe et du mot. Ca ressemble parfois à quelque chose de simple, c'est toujours fluide, travaillé.
    J'étais passée à côté de son talent jusqu'à présent.

    30/01/2018 à 21:15 10

  • Fantazmë

    Niko Tackian

    7/10 J’imaginais voyager tranquillement dans la suite de “Toxique” mais j’y ai trouvé bien plus qu’une promenade de santé. J’ai pensé de nombreuses fois au Festin du Serpent (Gilberti) et au Pilgrim de Terry Hayes, références dues à la documentation précise et au contexte géopolitique permanent qui fonde la base de l’intrigue. Sans surprise, ce roman déroule ses événements de manière séquencée, brute et avec force réalité. C’est la plupart du temps très visuel et cette écriture garantit une immersion haletante du lecteur. On ferme le roman avec l’envie de vivre encore un peu avec les personnages ...

    20/01/2018 à 22:42 6

  • Le Dernier homme

    Elena Piacentini

    9/10 Une nouvelle sombre et somptueuse, nichée dans la montagne. Séverin, Horace et Antoine. Court et intense !

    16/01/2018 à 05:55 2

  • Toxique

    Niko Tackian

    7/10 Toxique, ou comment s'imbiber de maladie(s) mentale(s) sans s'en apercevoir ... Sans dévoiler ce qui fait la force des romans de Niko Tackian (les révélations à double sens, là où ne les attend pas ou peu), ce roman est très rythmé et intense.
    Tomar est un commandant torturé, son équipe de flics se construit à travers ses yeux et ses sens, on commence à entrevoir les failles et la force de l'homme, tous les ingrédients de la mise en place du perso récurrent sont là, et gracieusement disposés. J'ai trouvé du Sharko dans ce commandant aux origines kurdes : je souhaite à son auteur une aussi belle carrière pour son héros. Un très très bon policier. Oscars des seconds rôles pour Berthier et Rhonda, deux secondaires de la pas-si-ombre en qui je décèle beaucoup de lumière. A confirmer avec la suite !

    07/01/2018 à 12:22 10

  • Vernon Subutex 3

    Virginie Despentes

    8/10 Il y a du Vernon Sullivan dans ce roman où la folie et la propagande l’emportent sur la fresque sociale, pourtant riche et bigarrée. Les caractères des protagonistes sont poussés à leurs extrémités et, si on a perdu en légèreté du propos depuis les débuts, l’argument réaliste, les descriptions magiques des « convergences » et les turpitudes de la vie en société (ainsi que le communautarisme) sont exposés avec talent.
    Ce dernier opus relate une critique (que j’ai trouvée intelligente) de notre mode de vie, la fin part un peu en cacahouète mais ne nuit pas a l’ensemble de la trilogie. Pfiou, c’était trop bien !

    03/01/2018 à 16:30 5

  • Vernon Subutex 2

    Virginie Despentes

    9/10 La suite, donc. Univers musical poussé pour ce deuxième opus qui voit le renouveau du style. Despentes aurait pu continuer à tisser la fibre du premier tome, elle choisit toutefois d’approfondir les chroniques urbaines survolées dans le premier volume: on va plus loin dans la compréhension des personnages et on regarde de plus près ceux qui gravitaient dans l’ombre du satellite. Tout aussi addictif que le précédent, ce roman s’achève sur un genre d’idéal hippie (la babacoolitude flirte tout au long des 360 pages avec un capitalisme assumé et/ou décrié). La vie de Vernon reste égale à une fable mélancolique (on est quand même plus proche de Shakespeare que de Pixar) amour, vengeance, violence, monstres et poupées, drame ... et la splendeur qui vient d’où on ne l’attend pas. Réaliste, cru, lumineux. Vite, le tome 3 !

    30/12/2017 à 14:51 5

  • Vernon Subutex 1

    Virginie Despentes

    9/10 Vernon Subutex est abîmé par la vie qu’il brûle par tous ses bouts. Rapidement à la rue après une désescalade plutôt raide à la suite de la fermeture de son enseigne de disquaire, ce paumé au charisme certain, détenteur d’interviews exclusives de feu son ami chanteur friqué Alex Bleach, déambule dans Paris, s’invite à droite , s’incruste à gauche, laissant à l’auteur le soin de dresser des portraits superbes, triviaux et déjantés des acteurs d’un Paris underground, qui bouillonne et qui fourmille. Remarquable premier tome bluffant, j’ai oublié de vivre pendant 24h tant ce roman m’a happée. Vite, le tome 2 !

    27/12/2017 à 06:29 7

  • Trois jours et une vie

    Pierre Lemaitre

    7/10 Aborder un roman de Lemaitre, c’est comme ouvrir un paquet de papillotes : on trouve le chocolat en plusieurs goûts, une citation, le tout emballé dans un papier brillant qui fait crouinch et qui nous propulse rapidement dans une féerie irrationnelle. J’attends toujours beaucoup des meilleurs, c'est mon drame !
    Alors, j’ai découvert ces chapitres, dégusté les tranches proposées par Lemaître (1999, 2011, 2015), savouré la plume précise, acérée, délicate quand il s’est agi de détailler les caractères d’Antoine et de sa maman, l’ambiance très carnassière de ce petit territoire et les turpitudes liées. Le rythme n’a pas molli un instant et je me suis retrouvée au bout de ma gourmandise sans l’avoir vue passer.
    Un petit tour de passe passe et voilà la chute. Crouinch, crouinch, mauvaise pioche... Le chocolat qu’on prend quand on n’a déjà plus faim, celui de trop.
    Mais je n’oublie pas le plaisir sucré des 300 premières pages de ce bonbon.... et j’attends déjà le prochain Lemaître.

    05/12/2017 à 21:45 13

  • Glaise

    Franck Bouysse

    9/10 J'ai cru un instant, craint, même, passer à côté de ce roman. Un mélange de paille et d'argile, une ambiance noire tendance minérale et un sujet des plus terribles, le départ des êtres chers au front. Et de pierre en caillou, de détours en méandres, je me suis laissée aspirer dans cette histoire magnifique et résolument moderne, celle du quotidien, de l'amour, de la peur. Quand s'envole la romance et qu'on se prête à rosir son cœur, alors arrive le couperet sous les traits de Valette, cet homme vil et veul, qui à lui seul manichéise le bouquin. On grimpe sans s'en rendre compte vers un final époustouflant et magistral. Le tout servi par une écriture affinée, du Zola peut-être, du Bouysse assurément. Somptueux.

    03/12/2017 à 09:44 14

  • Cinq matins de trop

    Kenneth Cook

    9/10 Ce petit roman est d'une sauvagerie punk inattendue pour un livre de 1961 ! On plonge dans la vie de John Grant sans filtre et sans respirer, c'est à la fois frénétique (dans le rythme) et pitoyable (les turpitudes viciées du personnage principal). Impossible de ne penser à "cul de sac" de Douglas Kennedy, le cœur mort de l'Australie et ses habitants bien barrés.
    En bref, une découverte géniale que j'avais laissée dans ma pile bien (trop) longtemps et qui me donne envie de lire d'autres romans de cet écrivain.

    08/10/2017 à 20:17 3

  • Orgasme

    Chuck Palahniuk

    5/10 Le titre est provocateur mais le bouquin ne l'est pas. Tout au plus ce roman relate une ambition (masculine) de remplacer le plaisir charnel par une relation à l'objet. Bon. Quand on ajoute que l'histoire pourrait être drôle mais qu'elle ne l'est pas, on se retrouve au final avec une marmite pleine de bons ingrédients mais au goût insipide. Dommage !

    07/10/2017 à 19:02 5

  • Carrières Noires

    Elena Piacentini

    8/10 Une enquête avec des personnages dans leur jus , parfaitement bien campés ! L'intrigue se lit de manière fluide et est finement menée par le duo Leoni Ducatel aux prémices d'une complicité et plus si affinités.
    Seul petit bémol, le langage des trois drôles de dames est transcrit à l'écrit comme il est parlé, j'ai parfois du lire des passages 4 ou 5 fois pour comprendre (mais seul'ment au début, parc'q'après j'm'y suis habituée à la façon d'parler d'la Josy !) .
    Une enquête réussie pour la plus Corse des Lilloises.

    16/09/2017 à 22:04 3

  • Comme de longs échos

    Elena Piacentini

    9/10 J'ai aimé ce roman, sa poésie, sa musique et ses parfums. Elena Piacentini se renouvelle avec excellence. Mathilde Senechal est un personnage complexe à tiroir qu'il va me plaire de découvrir un peu plus dans le prochain opus. L'atmosphère de ces longs échos est addictive, tout comme les perso secondaires qui contribuent à faire le sel de ce roman. A découvrir sans tarder !

    26/08/2017 à 20:16 8

  • Le Premier Miracle

    Gilles Legardinier

    3/10 Je ne sais plus si déontologiquement je vote pour des romans que je ne termine pas faute d'ennui profond. Bon, j'y vais. Le pitch de départ est invraisemblable, les personnages grotesques et absolument non transposables dans la vraie vie, les énigmes grossières et l'écriture a souffert selon moi du changement éditorial. Je me suis arrêtée page 133, lasse et déçue. Un gros bide loin du miracle attendu, je préfère Gilles Legardinier dans ses bluettes feel-good.

    16/08/2017 à 22:19 2

  • Femme sur écoute

    Hervé Jourdain

    8/10 Une découverte de qualité, un roman choc, un policier comme je n'en ai pas lu beaucoup. On a l'impression que ça part dans tous les sens et puis soudainement la maille se tisse et ça en devient brillant. Je l'ai lu en deux jours et c'est certainement souhaitable car sinon j'imagine qu'on peut s'y perdre.. Et encore. Les personnages que l'on suit de manière privilégiée sont nombreux, l'équipe de la Crim' dans tous ses niveaux hiérarchiques, les plaignants, les coupables, victimes, journaleux, etc. Mais j'ai développé une affection particulière pour le lieutenant Lola Rivière, si intense dans sa relation à la vie ! Comme dans la réalité, les personnages ont leurs failles (certains sont plus détestables que d'autres) et ce roman brille (aussi) par l'intelligence de la relation humaine. L'intrigue est fouillée et précieuse, riche et détaillée. En un mot, wahou !

    08/08/2017 à 19:42 10

  • Un Corse à Lille

    Elena Piacentini

    8/10 Un vrai plaisir de découvrir l'arrivée de Leoni à Lille, alors même que je l'avais rencontré bien installé dans le Nord au gré d'autres enquêtes. J'aimais déjà l'homme ô combien et j'ai apprécié le connaître encore un peu plus. Son équipe est décrite sous la vibrante plume d'une auteur qui ne cesse de surprendre avec un ton mêlant humour, documentation et un poil de suspense. Une belle initiative que cette rééditon !

    16/07/2017 à 16:11 4