Horatio

294 votes

  • Monsieur Majestyk

    Elmore Leonard

    8/10 Le résumé du livre ne fait pas forcément envie, on s'attend à trouver un scénario digne d'un film d'action des années 70 (et d'ailleurs, l'auteur a également rédigé en parallèle le script du film avec Charles Bronson). Mais c'est Elmore Leonard à la plume, et ça change tout. Impossible de ne pas penser aux histoires westerns de ses débuts ; le cadre est le même (la frontière entre l'Arizona et le Mexique, près de Yuma), l'histoire aurait pu se passer au milieu du XIXème siècle sans grands changements, et par-dessus tout on retrouve toutes les qualités de conteur de Leonard : un grand dynamisme, la faculté de dessiner en un tournemain un paysage, des personnages et une ambiance, de l'humour... Au final, même si son scénario n'est pas très original, il a suffisamment de métier pour le transformer en un bon roman, vif et plaisant.

    08/03/2011 à 18:35 1

  • Mort d'un tatoué

    Ed McBain

    8/10 Je finis par ne plus savoir quoi dire dans mes commentaires des romans du 87ème District, tant Ed McBain parvient à garder un niveau de qualité impressionnant au fil des années et des polars. Avec en plus le sentiment de voir évoluer les inspecteurs et la ville d'Isola, mais aussi le crime. Depuis quelques livres, McBain cherche à multiplier les intrigues pour mieux les croiser, ce qui est encore le cas ici. Pour le reste, dialogues nombreux et réalistes sont toujours de mise, tout comme les petites touches d'humour - et en prime la résolution d'une affaire commencée dans Entre deux chaises.

    04/06/2011 à 17:57 1

  • Mygale

    Thierry Jonquet

    8/10 Un roman surprenant, glauque (mais pas racoleur) et très noir, qui se dévore d'une traite. Le scénario est habile, et à un détail près je l'ai trouvé parfaitement plausible. Une expérience qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui doit être tentée !

    02/09/2010 à 11:59 2

  • Nada

    Jean-Patrick Manchette

    8/10 Un très bon roman, sec, drôle et désespéré à la fois. La galerie de personnages lorgne vers les clichés, mais au final ils ne sont que les produits bruts de leur époque, pressés par des rouages qu'ils ne comprennent pas - ou trop tard. Du travail d'orfèvre de bout en bout.

    15/09/2010 à 17:06 3

  • Noires sont les ailes de mon ange

    Lewis Elliott Chaze

    8/10 Un pur roman noir à l'ancienne, au croisement de James M. Cain, Jim Thompson et Charles Williams. L'aspect psychologique est en permanence mis en avant, que ce soit le sentiment de culpabilité, la passion amoureuse dévorante et surtout la certitude pour le narrateur de s'enfoncer inexorablement dans des profondeurs dont il ne pourra jamais ressortir. À cause de quelques longueurs, ce roman ne se hisse peut-être pas au niveau des plus grands du genre mais il reste tout de même très solide.

    28/06/2011 à 13:36

  • Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme

    Cormac McCarthy

    8/10 Le style de McCarthy toujours aussi lapidaire, pour un roman noir déstabilisant de par sa structure et les thématiques abordées. Le parcours et les interrogations du shérif, personnage désabusé incapable d'appréhender le monde tel qu'il est devenu (dans les années 80), ne peuvent manquer de nous faire nous interroger sur celui dans lequel on vit aujourd'hui. Un livre complexe, foisonnant et minimaliste en même temps.

    16/01/2011 à 11:49 2

  • Nous avons toujours vécu au château

    Shirley Jackson

    8/10 Comme le faisait remarquer Polarbear dans sa critique, Nous avons toujours vécu au château est un roman qui se base entièrement sur son ambiance. Quelle est la véritable histoire de ces personnages étranges ? Les lecteurs ne pourront qu'émettre des hypothèses puisque le récit, vu à travers les yeux d'une des protagonistes, ne donnera aucune réponse tranchée. Il faut dire que cette narratrice a un comportement déconcertant : elle souhaite le malheur ou même la mort à ceux qui la dérangent - mais est-ce qu'elle dispose vraiment de pouvoirs magiques, à la manière d'une sorcière ? - et, comme son vieil oncle et sa sœur aînée, elle traîne avec elle un passé tragique et semble souffrir de troubles obsessionnels compulsifs... L'anormalité habite ce lieu dès la première page, et c'est réellement un tour de force de la part de Shirley Jackson. Quelque chose ne va pas ici, mais quoi ? Chacun se fera son idée. Voilà donc une lecture qui ne plaira pas à tout le monde (les amateurs de gros effets ou de rythme endiablé en seront pour leurs frais), mais il y a de bonnes chances pour qu'elle se révèle atypique, intrigante et parfois fascinante.

    11/04/2017 à 09:15 6

  • Ô dingos, ô chateaux !

    Jean-Patrick Manchette

    8/10 Toujours cette économie de moyen, ce style implacable qui fait mouche. Le road movie haletant et parfois improbable n'est finalement qu'un prétexte pour chambouler le polar traditionnel français en le projetant dans la société de consommation. Le passage de la fusillade dans le centre commercial est magistral, une leçon d'écriture.

    15/09/2010 à 08:54 1

  • Perfidia

    James Ellroy

    8/10 Un nouvel Ellroy est toujours un événement, et encore plus lorsqu'il se présente comme le premier roman d'un nouveau quatuor de Los Angeles, comme c'est le cas de Perfidia. Nous suivons donc ici les destins de quatre personnages : l'inénarrable Dudley Smith, Kay Lake, William H. Parker et Hideo Ashida, pendant quelques jours de décembre 1941, au moment de l'attaque surprise de Pearl Harbor. Le livre est foisonnant, plus de 800 pages remplies de l'écriture incisive et des obsessions d'Ellroy que ce dernier ne fait que ressasser au fil de ses créations. Que dire... Déjà que Perfidia est un très bon roman noir mais pas la claque que j'en espérais. L'intrigue est trop diluée, trop inutilement complexe, et elle manque singulièrement de puissance - comme si elle ne servait que de prétexte à remettre sur le devant de la scène des personnages du précédent quatuor (et du Dahlia Noir en particulier), personnages que j'ai d'ailleurs eu parfois du mal à reconnaître tant leurs réactions sont quelquefois étranges compte tenu de ce qu'on connaît déjà d'eux. Ellroy se perd dans du superflu, cabotine, récite son style avec tellement d'application qu'il ne nous surprend plus, il loupe totalement la "révélation" finale (mais ça, il le faisait déjà dans ses meilleurs livres qui sont pourtant des chefs-d’œuvre)... Pourtant, l'ambiance est là et elle accroche le lecteur (l'hystérie anti-japonaise en Californie est par exemple très bien rendue), tout comme certains passages pendant lesquels la tension monte enfin et prend aux tripes. Perfidia est donc une entrée en matière consistante, qui pourra rester sur l'estomac de certains, mais qui permet d'espérer un plat principal qui tient enfin toutes ses promesses.

    09/06/2015 à 19:50 7

  • Pierre qui roule

    Donald Westlake

    8/10 La première aventure de John Dortmunder, le cambrioleur le plus poisseux que la Terre ait jamais porté. L'équipe de bras cassés est déjà là elle aussi : Andy Kelp, le voleur de voitures de médecins, Stan Much, le chauffeur, etc. C'est évidemment très drôle, même si ce n'est pas à mon avis le meilleur de la série - ne serait-ce que parce qu'il semble trop court !

    03/07/2011 à 09:00 5

  • Quand les femmes sortent pour danser

    Elmore Leonard

    8/10 Neuf nouvelles et pas d'autre prétention que de raconter une histoire simple, et pourtant ça fait mouche à tous les coups. La "patte" d'Elmore Leonard entre en action dès les premières lignes et rend les protagonistes hauts en couleur : un ex-joueur de base-ball gouailleur, un born again néonazi, des péquenauds dégénérés... Autant de personnages qui restent en mémoire bien après avoir lu leurs aventures. Alors c'est vrai qu'il n'y a pas d'intrigues alambiquées ici, pas de révélations de dernière minute non plus, mais juste le plaisir de lire de bonnes histoires distillées par un des maîtres du récit.

    30/06/2015 à 08:23 1

  • Rançon sur un thème mineur

    Ed McBain

    8/10 Lorsqu'un magnat de la chaussure apprend que son fils a été kidnappé, il abandonne la plus grande opération financière de sa vie pour réunir l'argent de la rançon. Mais quand il se rend compte que les ravisseurs se sont trompés d'enfant et ont emmené le fils de son chauffeur à la place - et qu'ils exigent cependant toujours de lui la rançon - que doit-il faire ? Sur une idée de départ très originale, McBain livre ici un roman du 87ème District plus ambitieux qu'à l'accoutumée. Les personnages principaux ne sont plus les hommes du 87ème, mais d'un côté des d'hommes d'affaires, véritables requins sans scrupules, et de l'autre un groupe de kidnappeurs, plutôt hétérogène. Au centre, il y a l'enfant, et surtout une question qui revient sans cesse : est-il possible de changer quand on s'est engagé trop loin dans l'immoralité ? Même si le récit met du temps à démarrer, cette affaire est une des meilleures de la série jusqu'à présent, avec de multiples niveaux de lecture et des personnages complexes. Le cinéaste Akira Kurosawa ne s'y est pas trompé en choisissant d'en faire une magnifique adaptation, sous le titre "Entre le ciel et l'enfer".

    23/11/2010 à 09:21 3

  • Résurrection de Sherlock Holmes

    Arthur Conan Doyle

    8/10 Sherlock Holmes est de retour pour le plaisir de tous, sauf peut-être de son créateur. Même si j'apprécie un peu moins ces nouvelles que celles des précédents recueils, c'est encore une fois une franche réussite.

    27/01/2011 à 09:20

  • Retour à Saber River

    Elmore Leonard

    8/10 Deux mots viennent naturellement à l'esprit quand on lit les westerns d'Elmore Leonard : simplicité et efficacité. Sur une histoire déjà vue mille fois (un homme rentre chez lui après la guerre mais des hommes se sont installés sur ses terres), Leonard a écrit un roman dense et intense, aux personnages complexes et non manichéens. Il n'y a pas beaucoup d'action, mais quand elle survient elle est sèche et impitoyable. Une belle réussite, encore une fois.

    20/09/2011 à 19:55

  • Salem

    Stephen King

    8/10 Stephen King nous offre avec Salem une relecture désabusée et pessimiste du Dracula de Stocker, à la lumière des années 70 dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Beaucoup de choses ont changé depuis l'époque victorienne, et la science est ici impuissante à sauver les hommes, tout au plus permet-elle de décrire froidement les causes de leurs souffrances et de leurs trépas. Outre cette reprise du mythe du vampire, l'autre grand point fort du livre est la description sans fard de la petite communauté semi-rurale, souvent drôle et pertinente.

    04/01/2014 à 19:21 5

  • Sang mêlé

    Jim Thompson

    8/10 L'univers de Thompson est une sorte de monde parallèle, peuplé de tueurs, d'arnaqueurs, de sadiques, de pervers sexuels... et ce roman en est une parfaite illustration. On est toujours à la limite entre l'écœurement et le rire, avec parfois une pointe d'émotion d'autant plus sincère que l'auteur ne fait rien pour la susciter. Au milieu de toute cette noirceur, le langage fleuri et les nombreux clins d'œil (le passage avec Geronimo, l'arrivée de Jim Thompson lui-même dans l'histoire...) sont très drôles.

    16/06/2011 à 12:06 1

  • Shutter Island

    Dennis Lehane

    8/10 Une ambiance assez incroyable, lourde et stressante à souhait, pour ce roman poignant qui parle de psychiatrie, mais aussi d'humanité, de souvenirs et surtout d'amour. Que cache cette île au large de Boston, que cachent ses habitants, médecins, infirmiers, gardes et patients ? Lehane prend le temps de poser ses personnages ainsi que le cadre - l'île et son mystérieux hôpital-prison - ce qui entraîne parfois certaines longueurs, sans que le plaisir de la lecture n'en souffre trop. Le final, surprenant et émouvant, est bien loin d'être le seul atout du livre.

    08/11/2010 à 17:27 3

  • Son dernier coup d'archet

    Arthur Conan Doyle

    8/10 Un recueil de très bonnes histoires, dont l'ultime mission de Holmes et Watson au service de leur pays. Après toutes ces aventures, il est difficile de ne pas être touché par les derniers instants en compagnie de ces deux vieux amis.

    11/02/2011 à 09:45

  • Ténèbres, Prenez-moi la Main

    Dennis Lehane

    8/10 Un deuxième opus très différent du premier, un poil plus sombre et surtout beaucoup plus complexe. Lehane nous donne de nombreux détails sur le passé pas toujours rose de ses personnages principaux et en particulier sur leur enfance, les erreurs qu'ils ont fait et parfois payé cher, les ressentiments qui subsistent malgré le temps... L'intrigue basée sur des meurtres en série ne m'a pas franchement passionné mais l'écriture est belle et certains passages sonnent tellement juste...

    18/04/2018 à 09:26 10

  • Terreur apache

    William R. Burnett

    8/10 W.R. Burnett est plus connu, du moins en France, pour ses romans noirs tels Le Petit César, High Sierra, Quand la ville dort, ou en tant que scénariste de Scarface, que pour ses westerns. Pourtant, on retrouve dans ce Terreur apache toutes les qualités de ses romans noirs : les dialogues sont ciselés, le récit va à l'essentiel mais l'ambiance est pesante tout au long de cette traque, et la complexité des personnages est rendue en très peu de mots. La postface de Bertrand Tavernier, toujours pertinent, est très éclairante sur les qualité de l'auteur et de son œuvre.

    11/04/2021 à 08:53 10