Horatio

294 votes

  • Sacré

    Dennis Lehane

    6/10 Le troisième roman qui met en scène le duo Kenzie-Gennaro est le moins sombre jusque-là, et aussi le moins profond. L'humour tombe un peu trop souvent à plat à mon goût, et même le style si caractéristique de Lehane me semble parfois aux abonnés absents. Ce n'est pas un mauvais livre loin de là, et certains passages sont très émouvants, mais voilà, quand un auteur est bourré de talent on en attend toujours monts et merveilles...

    22/04/2018 à 10:26 3

  • Ténèbres, prenez-moi la main

    Dennis Lehane

    8/10 Un deuxième opus très différent du premier, un poil plus sombre et surtout beaucoup plus complexe. Lehane nous donne de nombreux détails sur le passé pas toujours rose de ses personnages principaux et en particulier sur leur enfance, les erreurs qu'ils ont fait et parfois payé cher, les ressentiments qui subsistent malgré le temps... L'intrigue basée sur des meurtres en série ne m'a pas franchement passionné mais l'écriture est belle et certains passages sonnent tellement juste...

    18/04/2018 à 09:26 10

  • Drive

    James Sallis

    7/10 Drive est un bon petit roman noir, et comme il s'agit visiblement d'un hommage au genre il en reprend une bonne partie des codes, tout en s'attachant à déstructurer son récit. Difficile donc de s'y retrouver parfois, mais c'est aussi un des charmes du livre. Par contre, pour ceux qui ont aimé le film, ce dernier est de beaucoup supérieur au roman...

    01/03/2018 à 08:46 6

  • Bazaar

    Stephen King

    7/10 Bazaar est un bon livre de Stephen King c'est certain, mais sans qu'il atteigne des sommets non plus. Comme toujours avec cet auteur les personnages sont très travaillés et l'intrigue est astucieuse, mais le récit s'étire un peu trop, et surtout on retrouve le même enchaînement d'actions pendant tout le livre (ceux qui l'ont lu verront de suite de quoi je parle). Bref c'est plaisant à lire, parfois intense, mais King a écrit beaucoup mieux.

    06/01/2018 à 17:44 4

  • La Maison hantée

    Shirley Jackson

    9/10 Ce roman est étonnant, comme toutes les histoires écrites par Shirley Jackson j'imagine ; Nous avons toujours vécu au château est de la même trempe, bien que très différent. Que se passe-t-il vraiment dans cette maison ? Et dans la tête d'Eléonore ? Car au final ce sont ses pensées qui mettent le plus mal à l'aise. On peut supposer que c'est la maison qui l'appelle et qui attise ses sentiments mais rien n'est sûr, d'autant que les attitudes des autres personnages sont étranges également. A moins que nous ne les voyions que par le prisme d'Eléonore... Bref, si vous êtes le genre de lecteurs à vouloir des réponses et de l’esbroufe vous n'en trouverez pas ici. Shirley Jackson tisse de la dentelle, et c'est justement cette finesse et ce côté éthéré et "sensuel"qui rendent ses récits aussi malsains et dérangeants.

    04/11/2017 à 11:36 8

  • La part des ténèbres

    Stephen King

    6/10 L'idée de départ du King est assez géniale, mais malheureusement il va par la suite se contenter d'en jouer en allongeant le roman... dans lequel il se passe finalement peu de choses. Je trouve que les personnages sont aussi moins détaillés et moins "vivants" que d'habitude avec lui. Quelques facilités d'écriture également... Comme c'est King ça reste agréable à lire, mais il pouvait faire tellement mieux que mon impression finale est très mitigée.

    01/11/2017 à 10:12 2

  • Wastburg

    Cédric Ferrand

    8/10 Wastburg est privée de magie depuis "la Déglingue" il y a plusieurs dizaines d'années, et elle est donc devenue assez proche des villes de la fin du Moyen Âge ou de la Guerre de Trente Ans. Enfin, pas tout à fait comme elles non plus, puisqu'elle se situe entre deux royaumes et qu'elle abrite des résidents issus des deux contrées : les Waelmiens qui semblent majoritaires, et les Loritains qui sont relégués dans des quartiers crasseux et des métiers peu reluisants (leurs femmes à soldats sont particulièrement réputées). Ici pas de grandiloquence comme on peut en retrouver dans beaucoup de romans de fantasy, c'est au contraire le règne des pots de vin, des combines et de la débine, des coups de surin dans le dos... Concrètement, le lecteur suit un ou plusieurs personnages par chapitre, et il voit se construire l'intrigue à travers leurs yeux. Je n'ai pas été vraiment convaincu par l'histoire en elle-même, mais par contre le cadre est fantastique ; comme dans de nombreux romans noirs, la ville est un véritable personnage avec son caractère propre, sa fatalité, ses mystères. L'ambiance, elle aussi très originale, mélange avec bonheur humour vachard et situations tragiques - un peu dans la veine, toute proportion gardée, des romans de Jim Thompson. La langue utilisée, faite de gouaille, d'ironie, de bons mots et d'expressions argotiques, vient parachever le tout et faire de Wastburg un roman à la fois original et réjouissant.

    25/04/2017 à 19:24 2

  • La Maison des Damnés

    Richard Matheson

    6/10 Clairement, ce texte de Matheson n'est pas son meilleur, et de loin. L'ambiance et l'angle choisis par l'auteur sont intéressants mais leur traitement manque de finesse passé les premiers pas dans la maison. Il faut dire qu'il n'y va pas avec le dos de la cuillère tout en prenant un malin plaisir à malmener ses personnages (et sans doute une bonne partie de ses lecteurs). Je trouve que le roman a beaucoup vieilli tout de même, il devait être bien plus efficace dans les années 70, coincé entre L'Exorciste et La Malédiction, même s'il reste agréable à lire encore aujourd'hui.

    12/04/2017 à 18:31 3

  • Nous avons toujours vécu au château

    Shirley Jackson

    8/10 Comme le faisait remarquer Polarbear dans sa critique, Nous avons toujours vécu au château est un roman qui se base entièrement sur son ambiance. Quelle est la véritable histoire de ces personnages étranges ? Les lecteurs ne pourront qu'émettre des hypothèses puisque le récit, vu à travers les yeux d'une des protagonistes, ne donnera aucune réponse tranchée. Il faut dire que cette narratrice a un comportement déconcertant : elle souhaite le malheur ou même la mort à ceux qui la dérangent - mais est-ce qu'elle dispose vraiment de pouvoirs magiques, à la manière d'une sorcière ? - et, comme son vieil oncle et sa sœur aînée, elle traîne avec elle un passé tragique et semble souffrir de troubles obsessionnels compulsifs... L'anormalité habite ce lieu dès la première page, et c'est réellement un tour de force de la part de Shirley Jackson. Quelque chose ne va pas ici, mais quoi ? Chacun se fera son idée. Voilà donc une lecture qui ne plaira pas à tout le monde (les amateurs de gros effets ou de rythme endiablé en seront pour leurs frais), mais il y a de bonnes chances pour qu'elle se révèle atypique, intrigante et parfois fascinante.

    11/04/2017 à 09:15 6

  • La Forteresse Noire

    Francis Paul Wilson

    7/10 Un donjon mystérieux qui se dresse dans les montagnes de Valachie, des soldats de l'armée allemande en garnison bientôt accompagnés de quelques nazis pur jus, des morts qui reviennent à la vie, une entité maléfique tapie dans l'ombre... Tout ça est bien appétissant, du moins pour moi. Malheureusement, le roman ne va pas tenir toutes les promesses qu'une telle association peut faire naître mais, en même temps, il va s'engager vers des chemins encore plus étranges... et qui s'avèrent parfois intéressants ! C'est le cas par exemple de l'utilisation de certains concepts issus du zoroastrisme. C'est vrai que La Forteresse noire a vieilli et que le roman souffre d'une certaine naïveté (le héros mentionné par LeeWeel n'en est que l'élément le plus visible, mais il y en a beaucoup d'autres). D'un autre côté, l'auteur a tenté pas mal de choses et cela donne une vraie personnalité au livre, encore aujourd'hui. Même si c'est souvent mené de manière pataude, j'ai ainsi apprécié que certains personnages doivent faire face à de véritables cas de conscience, sur des thèmes comme la religion ou le mal en particulier. Une lecture à tenter en tout cas, surtout pour les amateurs de fantastique.

    04/12/2016 à 11:58 1

  • 22/11/63

    Stephen King

    7/10 Quel roman étrange... Si certains passages sont magiques, d'autres sont incroyablement longuets (les chapitres consacrés à la surveillance de Lee Harvey Oswald décrochent la timbale dans ce registre). L'histoire d'amour est belle, mais parfois niaiseuse et convenue à un point qu'il est difficile d'imaginer. L'idée initiale est astucieuse (les harmoniques !), mais en réalité elle n'est quasiment jamais exploitée, et jamais à son plein potentiel ; il faut attendre la dernière centaine de pages pour avoir un bref aperçu de ce que ça aurait pu donner. Alors je sais bien que ce n'était pas le but de l'auteur, que l'intérêt est ailleurs, et c'est en partie vrai, mais... Heureusement, le King est un conteur de génie qui rendrait sans doute passionnante la lecture du bottin.

    26/10/2016 à 09:24 2

  • Le Zoulou de l'Ouest

    Elmore Leonard

    7/10 Quand un directeur de prison sans expérience, croyant à la possible rédemption des hommes, même des pires, tente de remettre dans le droit chemin un Apache et un Noir en les faisant renouer avec les traditions supposées de leur culture d'origine, ça donne un roman western farfelu et atypique. Comme souvent chez Leonard, la galerie de personnages ne manque pas de sel, et ici ils ne sont pour la plupart pas très malins, voire totalement idiots. Ce qui donne donc des situations surréalistes, comme lorsque les deux détenus s'entraînent à la course à pied couverts de peintures de guerre, lances en main, suivis par deux gardiens dans une vieille Ford, ou encore quand le directeur tente d'expliquer les vertus de la rééducation des détenus à un chef des gardiens qui n'a jamais donné qu'une chose : des jours de mitard. Mais même si on s'amuse, quand la violence arrive elle explose sèchement. Le Zoulou de l'Ouest n'est pas un grand Leonard et il ne brille pas par son ambition, mais il est bien écrit et on ne voit pas le temps passer.

    21/07/2016 à 08:29 2

  • Lemmer, l'Invisible

    Deon Meyer

    8/10 Lemmer, l'invisible est un bon polar typé "action" qui se déroule en Afrique du Sud. Deon Meyer connaît parfaitement son pays et son histoire, et on voyagera donc tout du long avec un passé chargé en arrière-plan et une réalité actuelle pas toujours simple. Et comme on se trouve dans un contexte de barbouzes on aura aussi du coup tordu, des complots, de la sueur, du sang et des larmes (un peu moins de cette dernière catégorie tout de même). Autant le dire de suite, l'histoire est musclée, et le style d'écriture est à l'unisson, mais ça n'empêche pas l'auteur de prendre le temps de parler de protection animale ou des difficultés actuelles de la société sud-africaine, ou encore de faire vivre des personnages attachants, surtout par leurs faiblesses d'ailleurs. Et puis les pensées cyniques et paranoïaques de Lemmer sont tellement savoureuses !

    21/07/2016 à 08:06 6

  • Docteur Sleep

    Stephen King

    7/10 Même s'il est très plaisant à lire, j'ai trouvé ce "Docteur Sleep" un peu bancal. J'ai eu eu l'impression que King savait exactement où il allait - et moi aussi, tellement ça m'a paru évident dès le moment où j'ai appris qu'il y aurait une suite à Shining - mais pas comment y aller. Comme il adore visiblement son personnage principal, tous les passages consacrés à Danny Torrance sont excellents et emprunts d'humanité, mais les autres protagonistes m'ont semblé moins convaincants, à commencer par les "méchants" même si on sent bien que King veut éviter tout manichéisme. D'autres sont sous-exploités, complètement mis de côté à partir du milieu du livre. Ça n'en fait pas une mauvaise suite, loin de là, ne serait-ce que parce que les qualités habituelles de l'auteur sont là, mais je m'attendais à un récit mieux maîtrisé.

    25/06/2016 à 08:10 4

  • Joyland

    Stephen King

    9/10 Ce que j'apprécie le plus chez King, le domaine dans lequel je trouve qu'il excelle, c'est cette faculté qu'il a à faire vivre ses personnages sous nos yeux. Ils ont de la consistance, des sentiments, un passé, des blessures... Ils sont de chair et de sang. Autant dire que j'ai été servi par Joyland, puisque tout le roman est bâti là-dessus, ce qui surprendra sans doute ceux qui s'intéressent plus au King "maître de l'horreur" (même si on retrouve ce trait dans ses autres romans). Il n'y a que très peu de fantastique ici, et s'il a bien une "enquête", celle-ci n'a pas une grande importance. Non, tout ce qui compte c'est l'histoire des personnages, leurs destins. Ils aiment, ils se comprennent ou pas, ils souffrent, ils se souviennent, bref ils vivent, et le temps passe qui vient mettre son grain de sel et apporter encore un autre regard sur les événements - pour les personnages comme pour les lecteurs. C'est typiquement le genre de roman qu'on doit apprécier différemment à chacun des âges de la vie.

    15/06/2016 à 19:34 7

  • Carrie

    Stephen King

    8/10 Pour son premier roman publié, King détourne habilement (et cruellement) la trame des contes de fées : la souillon, malmenée par les autres jeunes filles mais invitée quand même au bal par le beau gosse, ne peut échapper à son destin... qui n'est pas de devenir une princesse. J'ai eu du mal à rentrer dans le roman, mais une fois lancé je ne me suis pas arrêté avant la fin, même si l'auteur nous laisse très vite deviner qu'elle sera apocalyptique. Idée formidable : mêler des extraits de livres (inventés) sur "l'affaire" en question, des témoignages de personnes présentes, de vieux souvenirs... Tout se met en place progressivement pour la scène finale. Comme souligné dans plusieurs commentaires, certains des thèmes de prédilection du King sont déjà là : le sentiment religieux et ses excès, le mal enfoui en chacun, la vie dans les petites villes, l'exclusion... Tout n'est pas parfait (je trouve la toute dernière partie superflue par exemple), mais qui ne voudrait pas débuter sa carrière de romancier de cette manière ?

    12/04/2016 à 12:14 7

  • The Corner, Enquête sur un marché de la drogue à ciel ouvert

    Ed Burns, David Simon

    8/10 David Simon excelle à présenter des personnages en nuances de gris, capables du pire comme du meilleur. Et dans le Corner de Baltimore le moins qu'on puisse dire est qu'il y a matière aux deux. Les destins se croisent, ceux qui ont sombré ou qui vont sombrer ; ceux, plus rares, qui réussissent à s'en sortir en fuyant les lieux ; ceux qui veulent soulager les souffrances... Tout peut changer, les rôles sont interchangeables, mais souvent pour le pire. On ferme le livre désabusé mais on ne peut s'empêcher de s'interroger sur le sort de ses protagonistes. Le mélange roman/documentaire permet de mieux comprendre la situation même s'il est parfois déconcertant. A quand la suite, car il ne s'agit là que de la première partie de l’œuvre originale ?

    12/04/2016 à 12:01 2

  • Innocence perdue

    Donald Westlake

    6/10 Curieux polar que ce petit roman de Westlake, dont j'ai découvert là une facette que je ne lui connaissais pas. J'avoue que je suis quand même resté un peu sur ma faim, l'intrigue étant assez mince même si l'aspect psychologique est intéressant et que le contexte des années 60 à New York est bien rendu.

    12/04/2016 à 11:44 3

  • Duel à Sonora

    Elmore Leonard

    7/10 Ce "duel" commence de manière géniale : deux hommes que tout oppose sauvent une jeune femme des griffes des indiens, et il posent ensemble pour une photo souvenir. Mais quelques années plus tard, les deux hommes sont maintenant dans des camps opposés, et un ennemi qu'ils ont laissé pour mort ressurgit de leur passé pour se venger. On imagine tout de suite le film que ça aurait pu donner ! Surtout que Leonard nous livre ici une galerie de personnages complexes qui ne se limite pas aux "héros" Moon et Early et que le style est concis et efficace. Malheureusement on perd un peu le fil en cours de route, sans doute parce que l'auteur ne retrouve pas la simplicité dont il use habituellement, et Duel à Sonora se termine de manière inattendue et assez peu crédible. Le livre reste bon, c'est bien écrit et on ressent vraiment l'atmosphère du grand Ouest, mais il aurait pu être tellement meilleur qu'on le referme avec un peu de déception.

    19/12/2015 à 09:12 2

  • Paiement cash

    Elmore Leonard

    6/10 Paiement Cash est un polar étrange. Pendant une grande partie du livre j'ai eu l'impression de lire une histoire de bras cassés, un peu à la Dortmunder, mais certains passages de l'histoire sont quand même malsains, voire franchement glauques. Comme si Leonard n'était pas parvenu à trouver le ton juste, le roman oscille ainsi perpétuellement entre les deux, ce qui le rend assez déroutant. Par ailleurs, l'histoire est très simple, et peut-être un peu trop tant l'auteur doit parfois étirer tout ça. Ceci dit, Paiement Cash n'est pas dénué de qualités : les personnages sont savoureux (de bêtise la plupart du temps), c'est bien écrit, etc. même si au final il s'agit bien d'un Leonard mineur.

    12/12/2015 à 09:44