853 votes
-
Le Lac d'or
8/10 « Le Lac d’or » a pour cadre le XIIIe arrondissement parisien, entre les décors d’un Leo Mallet, la tristesse des alentours de la bibliothèque François Mitterand et le vivant quartier chinois revisité.
C’est plus l’histoire d’un flic au bord du naufrage qu’une intrigue policière essayant de découvrir l’assassin d’une prostituée que ce commissaire Barbey a aimé un été. Le policier désabusé est tellement perdu que je m’attendais à une fin plus tragique. L’atmosphère plus grise que noire rend bien les tâtonnements ratés de l’enquêteur dilletante qui sabote à son insu un long travail de surveillance de la DST. L’écriture, travaillée et élégante, sans superflu donne un plaisir supplémentaire à ce bref et bon moment de lecture.
Bien entendu, le lecteur de roman policier qui cherche adrénaline, suspense et tension narrative, serait déçu.18/09/2008 à 19:53
-
Une Seconde d'inattention
9/10 L’histoire ou plutôt les histoires tournent autour de deux agents des services secrets qui, à huit ans d’intervalle, ont échoué dans la protection de deux candidats à l’élection présidentielle. Une machine machiavélique va les réunir pour les prendre en tenaille.
Je classerai ce thriller parmi les plus réussis du romancier, il ne pèche par facilité comme il lui est arrivé en sortant des dénouements tombés du ciel. L’intrigue bien ficelée tient le lecteur accroché au livre.16/09/2008 à 21:51
-
L'ile panorama
6/10 Court récit de 157 pages présenté comme un roman policier oscille entre fantastique, naturel et angoisse. Le maître du roman policier japonais, influencé par Poe et Doyle, dans un premier temps accroche le lecteur avec une situation détonnante : un écrivain sans succès, profite de sa ressemblance physique avec un millionnaire décédé, pour prendre la place du défunt. Les faux pas le guettent et tout au long des pages, on se demande si il peut tromper tout sa famille et son entourage. Il en profite pour réaliser un rêve grandiose et assouvir ses désirs créatifs en commandant la construction d’une île idyllique et fascinante. Edogawa Ranpo n’insiste pas sur la tension narrative même si une esquisse de suspense sous-tend l’histoire.
Le livre vaut le détour, un petit détour…Vous l’avez compris, je n’ai pas été transporté par le roman…En me relisant, j’ai une impression opaque, me suis-je endormi sur ce livre?15/09/2008 à 05:01
-
La vallée des ténèbres
9/10 Après l’excellent « Le voyeur du Yorkshire », j’ai continué mon exploration de l’oeuvre de l’Anglais Peter Robinson, véritable orfèvre dans le roman policier. La vallée des ténèbres ne m’a pas pas déçu et j’ai pris grand plaisir à suivre cette intrigue admirablement ficelée. Le légendaire inspecteur Banks, qui a fui l’étouffante capitale londonienne, se retrouve dans le Yorkshire pour élucider un meurtre qui semble lier à des crimes anciens. Les aléas vont l’emmener à Toronto pour essayer de dénouer les liens du drame. Affaire de gros sous, vengeance amoureuse, suicide, crimes passionnels, psychopathe, folie ? Le lecteur échafaude toutes les hypothèses au gré des évolutions du roman tout en dévorant page sur page avec suave délectation. Cet admirable conteur arrive à nous faire rentrer dans la peau des personnages et les rend très vivants, j’étais plongé dans l’histoire.
14/09/2008 à 09:48
-
Dégâts des eaux
8/10 Une bande de bras cassés dans une aventure folle avec un humour caustique et grinçant; quelques longueurs.
30/08/2008 à 12:49 1
-
Aime-moi, Casanova
8/10 L’auteur montre un véritable talent pour composer des personnages hauts en couleur. Casanova, flic tombeur de femmes et drogué du sexe, oscille entre un sort de looser pathétique et une destinée à gueule d’ange promise à un avenir de cinglé. Confronté à des sphères aux sexualités débridées et à des êtres déjantés, Il court vers son destin sans résistance.
Les personnages secondaires, atypiques également, sont réussis.
Roman noir ne rime pas toujours avec roman policier. Le lecteur ne doit pas s’attendre à une intrigue bien ficelée ; ici, la recherche d’un collègue policier disparu n’est que prétexte à perdition dans les cercles nauséabonds de l’être sans pouvoir se retrouver face à soi-même.
L’écriture jaillit parfois comme une éjaculation intensive avec certaines scènes déchaînées entre cruauté et ravages ; le rythme ne laisse pas de répit et il faut s’accrocher entre folie et désespoir.
Un roman qui ne peut laisser indifférent.28/08/2008 à 07:26
-
Le Couperet
9/10 Pour répondre à la cruauté, le personnage principal, licencié à la suite d’une compression de personnel va répliquer avec la même cruauté et un égal cynisme. A l’abattage, il renvoie l’abattage. Ce cadre supérieur de l’industrie du papier, en quête d’un nouveau poste, élimine tout simplement ses concurrents à ce poste, oui, il les abat avec un vieux revolver ou un marteau ou alors avec sa voiture ou pire encore. Amoral, Burk Devore se cale également sur une devise des affaires et des gouvernants, la fin justifie les moyens. La conclusion de l’auteur que je ne dévoilerais pas afin de pas gâcher le plaisir du lecteur s’inscrit dans cet explosion des cadres de l’amoralité. Westalke a composé un livre sublime avec une écriture fluide et un humour grinçant qui porte le lecteur dès les premières pages. Pas de fioritures, que des phrases au scapel en écho à la noirceur de ce monde sauvage et sans pitié du capitalisme sans humanité.
La première phrase dresse d’emblée le tableau : « En fait, je n’ai jamais encore tué personne, assassiné quelqu’un, supprimé un autre être humain ». Elle préfigure la suite des événements… L’écriture du point de vue du tueur donne encore plus de force au récit.27/08/2008 à 16:24 2
-
La Simple Vérité
7/10 Une histoire mêlant thriller judiciaire, roman policier et course-poursuite pour réparer une erreur judiciaire vieille de 25 ans. La première partie, sur un petit rythme met 150 pages à planter le décor avant de monter en puissance dans la tension narrative. L’auteur n’est pas tombé dans le piège de multiples rebondissements, il a dosé le suspense avec maîtrise sans essayer de leurrer le lecteur tout en calculant au millimètre la dose de rebondissement à distiller. L’intrigue balance entre la Cour Suprême des Etats-Unis, des militaires, un sénateur et des expériences sur le LSD pour la CIA.
27/08/2008 à 11:31
-
Le Contrat
8/10 Une dénonciation des excès du système judiciaire, des lobby et de la politique mariée aux grosses entreprises. La tension narrative, comme à l’accoutumée, est admirablement maîtrisée avec des rebondissements calculés au millimètre. Dans cet opus, Grisham s’attaque aux gros pollueurs et pourfendeurs de la santé, qui tenteront de manipuler la Cour Suprême du Mississipi pour sauvegarder les intérêts de la société Krane Chemical accusée d’avoir empoisonné l’eau d’une ville et d’être à l’originie de dizaines de cancers mortels. Des milliards de dollars sont en jeu.
Le récit de Grisham est tendu vers le suspense et le lecteur ne doit pas s’attendre à de fines touches psychologiques et à des personnages bien campés. Sa littérature cherche l’efficacité du thriller sans l’épaisseur des personnages. La peinture des deux partis reste un peu trop manichéenne à mon goût avec le Bien et le Mal caricaturés de manière un peu trop simpliste. La description des personnages pèche un peu sur cette note.
Le lecteur n’est pas déçu quand il désire un récit qui l’emmène vite au coeur de l’histoire avec une machinerie efficace digne des plus grands du thriller.19/08/2008 à 21:39
-
Jeux de Chine
5/10 Daniel Hervouët avec « L’Etau » avait écrit un roman d’espionnage très bien calibré avec une intrigue bien menée, un personnage principal bien campé et une écriture fluide tout en montrant une réelle connaissance des mileux terroristes et de l’espionnage. L’auteur, bien placé pour composer ce genre de romans, a été formé à l’école des forces spéciales et du renseignement pendant une quinzaine d’années.
A l’approche des Jeux olympiques de Pékin, il sort « Jeux de Chine », qui voit une gigantesque prise d’otage le jour de l’inauguration des JO. Un ancien de la DGSE est sur place pour affaire. Manipulation, complots et perfidies politiques s’enchaînent sur un rythme effréné. Si le scénario choisi s’intègre dans le vraisemblable, l’adresse de nos Français m’a un peu gêné. Que de simples diplomates ou militaires puissent avoir une telle influence au plus haut sommet de l’Etat chinois fait un peu tiquer. La romance entre l’ex-espion et la journaliste reste trop « téléphonée » pour accrocher. Dommage, « L’Etau » m’avait complètement séduit, « Jeux de Chine » déçoit un peu.01/08/2008 à 18:21
-
Le Voyeur du Yorkshire
10/10 Robinson est une valeur sûre. Ouvrir la première page d’un de ses romans emporte dans un voyage mouvementé et agréable.
Le voyeur du Yorkshire allie sens de l’intrigue et rebondissements dosés. Bien ficelée, la trame emmène le lecteur sur deux enquêtes qui semblent se rejoindre en gardant le suspense jusqu’au bout.
Le personnage légendaire de l’inspecteur Banks gagne en épaisseur et les relations humaines sont analysées avec finesse sans tomber dans la caricature.
Ce polar est parfait non seulement pour le suspense, le rythme bien dosé mais aussi ou plutôt surtout par sa capacité à garder l’évolution de l’histoire dans le domaine du vraisemblable. Même les meilleurs auteurs parfois nous sortent des sentiers de la vraisemblance ou place des personnes trop « super héros » qui dénouent les fils de l’intrigue un peu trop facilement ou avec des aides tombées du ciel pour rester pleinement crédibles. Robinson reste dans les limites réalistes, ce qui permet de vivre davantage l’histoire et de tourner les pages avec avidité.
L’histoire est simple. Banks essaie de découvrir qui est le voyeur qui traque les femmes d’un quartier tout en tentant de faire la lumière sur une série de cambriolages et d’une mort liée apparemment à ces vols.01/08/2008 à 05:08 1
-
Debout les Morts
8/10 Déjanté, bon, bizarroïde, poilant. A ne pas mettre entre toutes les mains!
04/07/2008 à 10:36 1
-
Un lieu incertain
9/10 Un excellent Vargas avec son style si unique et si atypique qui ne tient pas toujours compte de la vraisemblance et du réel. L'intrigue démarre avec un cimetière sur une situation bizarre et désarçonnante pour le lecteur non aguerri au style FV : « L'odeur était pestilentielle, la scène choquante, et Adamsberg lui-même se raidit, demeurant à distance derrière son collègue anglais. Des chaussures craquelées ; lacets défaits, émergeaient des chevilles décomposées, laissant voir les chairs sombres et les teintes blanches des tibias coupés nets » (page 26). L' intrigue, sortie de l'imagination échevelée de l'auteur est comme à l'accoutumée tirée par les cheveux. Adamsberg, entre terre et ciel ne déçoit pas et gagne en épaisseur tout en se trouvant dans des situations humaines complexes. Les autres personnages n'ont pas à pâlir et Danglard continue de faire sourire Adamsberg avec son érudition aussi encombrante qu' efficace. Le voyage en Serbie assez mouvementé apporte un peu de fraîcheur.
Attention, l écriture et les histoires de F.Vargas peuvent être déconcertantes et le déroulement saccadé de son récit rebute certains lecteurs. D'autres diront qu'elle a encore repris la même recette et qu'elle ne prend pas de risque en ne s'essayant pas à un autre genre. Difficile de nier mais en tant que lecteur, j'attendais avec impatience ce nouveau Vargas et j'ai retrouvé avec plaisir les méandres alambiqués de sa trame.04/07/2008 à 09:53 1
-
Instinct
6/10 « Instinct », troisième d'une trilogie, conclut la folle course de Kurtz. Prédation , le premier volume, m'avait enchanté grâce à son rythme et un personnage vraiment très réussi. Le second volume, Stigmate, en dépit d'un récit moins dense, se finissait avec une dernière ligne magistrale. Instinct, à mon goût, n 'est pas à la hauteur. L'histoire, malgré quelques rebondissements, traîne trop, manque de rythme et le final, un peu trop beau, ne me séduit pas.
03/07/2008 à 10:47
-
Marketing viral
9/10 Après la lecture des premiers chapitres, j’ai vite compris pourquoi deux des plus importantes maisons d’édition parisiennes voulaient absolument éditer ce roman.
En effet, ce thriller dépasse son genre et pointe les dangers cruciaux inhérents à la folle dictature du marketing, aux développement de nouvelles technologies, telle la nanotechnologie, poussées à leurs extrêmes usages.
La citation de Deleuze en tête du roman positionne d’entrée le combat : « Le marketing est maintenant l’instrument du contrôle social, et forme la race imprudente de nos maîtres ».
Le prologue aux allure d’apocalypse et quelques phrases tirées de la Bible suggèrent que l’auteur s’attaque à une autre religion, celle du marketing qui opère un esclavagisme et un enfermement de la pensée tout comme le christianisme qui a remporté le plus grand succès marketing planétaire depuis 2000 ans avec des slogans, préfigurant les cultes de la personnalité de pays totalitaires...
Marin Ledun, docteur en sciences de l'information et de la communication et ex-chercheur, au passage, envoie des salves sur le monde de la recherche, ses travers et sa gestion.
Je donne une interprétation sociale et politique (au sens de polis, cité) de ce roman mais il ne faut pas oublier tout l’efficacité narrative. Avec son premier roman paru Modus Operandi, le romancier nous avait montré une parfaite maîtrise de la tension narrative, des ressorts du thriller et de ses rebondissements ; ce dernier opus confirme la bonne première impression. L’écriture dynamique porte le lecteur. Les parties théoriques nécessaires sont distillés avec précision et s’incorporent dans la trame du récit sans casser le rythme. Un excellent thriller
Modus Operandi appartient à la catégorie roman noir avec un inspecteur looser en proie à ses délires ; Marketing Viral allie davantage l’aspect thriller à critique sociale et devrait plaire à un très large public. Les médias, presse et télévision, régionaux et nationaux, commencent à le recommander. Les éditeurs ne s’étaient pas trompés...
Moi, j’ai vraiment dévoré ce roman.24/06/2008 à 08:23 2
-
Cicatrices
9/10 Rankin a encore composé un très bon policier avec une intrigue parfaitement ficelée et des rebondissements dosés au milimètre entre ancien du service spécial des SAS, trafic en tous genres et meurtres. Par ailleurs, Rebus dès les premières pages, affirme s’être ébouillanté les mains juste après après avoir quitté la demeure d’un délinquant qui est mort brûlé dans son appartement un peu plus tard dans la nuit. Les soupçons pèsent sur Rébus qui peut avoir de bonnes raisons de se venger de ce repris de justice. Le lecteur craint que son héros a une fois de plus franchi la ligne jaune mais aussi a commis l’irréparable. L’auteur a un talent pour nous faire rentrer dans l’histoire, donner envie de défendre et sauver Rebus qu’il a su rendre très attachant.
16/06/2008 à 15:52 2
-
Mes secrets d'écrivain
9/10 E. George nous éclaire sur ses techniques. Bien entendu, on pourra se récrier que l’écriture n’est pas une affaire de technique et que beaucoup ont composé d’admirables romans sans être doté d’un arsenal théorique. Cet ouvrage intéressera autant le lecteur, l’apprenti-écrivain que l’écrivain par les diverses conclusions, interrogations et réflexions amenées et suscitées.
Elle aborde, avec grande pédagogie, tous les points importants – personnage, décor, paysage, intrigue, la voix, les dialogues - tout en illustrant ses propos avec de nombreux exemples littéraires.28/05/2008 à 15:06 1
-
À Genoux
5/10 Ce court roman de 230 pages emmène le lecteur dans une course trépidante sur une enquête bouclée en 12 heures. En pleine paranoïa sécuritaire de l’après 11 septembre, Bosch se retrouve entraîné sur une piste terroriste. Malheureusement, l’intrigue manque de consistance, Bosch trouve trop facilement l’indice révélateur pour que le livre reste crédible. Dommage, certainement l’un des moins bons Connelly. Bien entendu, les lecteurs des oeuvres de Michael Connelly aimeront retrouver l’ambiance typique des romans de l’auteur, l’insupportable Harry Bosch, une enquête suivie au millimètre, l’art pour nous faire rentrer dès les premières pages dans l’histoire. Un bon moment de lecture malgré tout.
Le livre se vend très bien ; selon le site Edistat, 8000 exemplaires vendus la semaine dernière.27/05/2008 à 03:07
-
Versus
9/10 Le thème central semble reposer sur la perversion ou/et la corruption des âmes, le passage de la ligne jaune pour tomber dans les pires tourments, déviances et méfaits. Ici, Chainas, avec une connaissance indéniable du milieu policier, évoque avec émoi le transport du flic à destination de Hyde.
Versus est politique, social et engagé contre une société qui se délite.
Le personnage principal, Nazutti avec tous ses défauts insupportables, claque le lecteur par sa noirceur, sa violence, son cynisme et son authenticité. Rarement, une plume parvient à aussi bien camper un policier suspendu dans le vide entre abyme, espoir et désespoir.
Pourquoi tant de violence, de coups et de mépris ? Par contraste ou procédé initiatique, le roman me ( c’est ma lecture) montre que de la guerre annoncée contre la pourriture de la société le flic nous laisse envisager une autre face de l’existence.
Chainas arrive avec doigté à ne pas étouffer le lecteur avec un Nazutti qui aurait pu bouffer le roman par une haute personnalité hors du commun ; les personnages secondaires s’emboîtent parfaitement dans le décor et la trame tout en gardant du relief.
Le rythme tangue entre phases de tension menées tambour battant et moments de répit sans traîner en longueur.
Les phrases sont agencées au scalpel et les mots frappent comme le fouet.
L’intrigue, bien que secondaire dans l’éloquence du roman, tient le choc.
Un roman qui non seulement marquera l’année 2008 mais qui aussi annonce ( ou confirme pour ceux qui ont lu le premier Chainas) l’avènement d’un grand auteur.
Vite conquis par le style, la foudre et le coup de canon de Versus, après une dizaine de pages, je commandais aussi vite le premier opus de Chainas « Aime-moi Casanova ».
Un roman qui déménage et secoue.
Bravo Antoine, bravo Chainas, bravo Antoine Chainas25/05/2008 à 11:32
-
1980
9/10 Toujours aussi bon Peace. Moins de rage, de violence cette fois et une histoire plus facile à suivre.
11/05/2008 à 13:06 1