Coco Lamartre

139 votes

  • Les Hamacs de carton

    Colin Niel

    7/10 Dépaysement total, une immersion dans la lointaine et fiévreuse Guyane, la chaleur tropicale, le fleuve, l'humidité, le poids des traditions, les tribus, on voyage dans son fauteuil avec une enquête bien ficelée. Les personnages s'ébauchent, ils prennent vie et forme tout au long des pages. Colin Niel amorce et peu à peu, on est ferré.

    07/11/2020 à 20:28 3

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    9/10 C'est cornélien de mettre une note à Sandrine Collette. Son style me déroute, ses redondances mais j'aime ses romans. Impossible à refermer.
    L'apocalypse attendu, la catastrophe, le déluge et l'arche de Noé, sans animaux à sauver et sans ceux que l'on a abandonnés. Que le père a abandonnés, qu'il a choisis contre la mère, pour sauver les autres. "Le choix de Sophie", c'est lui qui l'a fait sans SS tout puissant à l'entrée du camp. Trois petits bouchons flottants au sommet d'un ilot perdu au milieu d'un océan démonté. Des petits débrouillards et adorables, poussés par une détermination sans borne et une envie de vivre sans faille. Ils vont partir, tenter le tout pour le tout et ils auront bien raison. La mère aussi qui veut retrouver toute sa portée, courageuse jusqu'au bout face à la passivité du père, à son impardonnable choix ! L'espoir, l'amour plus fort que tout...
    Ces petits bouts d'homme et de femme resteront dans ma mémoire. Sandrine Collette a ce don rare de susciter de grandes émotions.

    07/11/2020 à 20:17 6

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    8/10 Je venais de regarder le mini-série "Chernobyl" que j'ai adorée et je me suis dit : "Continue, t'es contaminée, un peu plus ou un peu moins..." Et bien, dans le mille ! Je m'y croyais ! Finalement, je voyais tout en cinémascope mais en gris. Tout était là : la trouille, l'angoisse, la maladie, la destruction, l'abandon, la guerre, le décor noir de crasse, de poussière et de radiation, les flics avec une grosse personnalité, la vengeance qui se mange froid... En résumé, Un monde pourri ! Du talent ce Morgan Audic, un vrai premier choix.

    07/11/2020 à 19:59 15

  • 1793

    Niklas Natt och Dag

    10/10 Quand j'ai lu la première de couverture, j'ai cru que Niklas Nacht Och Dag 1793 était le titre. Il est vrai que je n'y connais absolument rien en suédois. Passons parce-que Niklas a écrit un chef d’œuvre loin, très loin de Sandham, le Biarritz suédois, ses sandales et son sable blanc. Sacrée documentation à l'appui, une tâche d'historien.
    Je l'ai dévoré jusqu'à la nausée, à l’écœurement. La misère du peuple consommable, les guerres en toile de fond, la faim, les maladies, les odeurs nauséabondes, la fange, la perversité jusqu'à l'horreur des nantis, une monarchie vacillante, le décor de rêve est planté pour un polar dans ce sale vieux Stockholm. On poursuit dans les rues et à travers la Suède miséreuse, un binôme d'enquêteurs improbables mais attachants. L'avocat éclairé, érudit, un homme des Lumières, souffreteux, presque à l'article de la mort mais assoiffé de justice, est épaulé par un vieux cuir, un vieux choufe, blanchi sous le harnais de l'armée, des guerres, boucheries incessantes. Ce dernier n'a rien à perdre juste à regagner sa dignité. Il y a un peu du sergent Bowen en lui (Trois mille chevaux vapeur). Je les aime bien.
    En tout cas, tout cela fait un sacré cocktail ! J'ai eu du mal à décrocher et surtout je l'ai gardé en bouche un moment avant de passer à autre chose.
    J'attends la prochaine année, 1794, mais elle est en avril...

    07/11/2020 à 19:18 11

  • Et toujours les Forêts

    Sandrine Collette

    9/10 Plus je lis Sandrine Collette plus je l'aime. Pourtant son style me déroute. Je ne peux pas dire que je l’apprécie mais je n'arrive pas à lâcher le roman, à chaque fois. Lorsque je lis Herta Müller, Prix Nobel de Littérature, ça me fait le même effet. Celui-ci est indéniablement mon préféré.
    Sandrine Collette a réussi la prouesse de me faire rentrer dans l'univers de "La Route" de Cormak McCarthy sans "impression de déjà vu". C'est fort, très fort. Tout y est l’atmosphère oppressante, angoissante, l'instinct primaire des hordes barbares, l'espérance que rien n'est écrit, vivre pour ses enfants et leur offrir un monde meilleur jusqu'au sacrifice... Beaucoup d'éléments communs jusqu'au style à la ponctuation minimaliste mais que c'est beau !

    07/11/2020 à 18:51 10

  • Buveurs de vent

    Franck Bouysse

    6/10 Moi, une afficionada de Bouysse, je vais faire baisser sa moyenne !!! Et oui, ça arrive, un peu comme pour le Michelin. Quand on est en haut, c'est dur d'y rester. Le style, la forme est là. C'est toujours un régal de mots, de procédés d'écriture formidables mais un roman ne se résume pas à cela. J'étais habituée à avoir le beurre et l'argent du beurre mais là, je reste sur ma faim.
    Un western banal avec un vilain méchant qui dirige une ville avec à sa botte une brigade de lèche-bottes. Une fratrie sympathique : un sauvageon, un intello, un "attardé" et une fille délurée, rien de bien extraordinaire. Un père de famille résigné avec une femme bigote. Un grand-pa' attachant à la Stumpy. Un gars sorti de nulle part, le lonesome cow-boy attendu, en fait, un marin échoué, qui va essayer de secouer le cocotier. La caricature du shériff corrompu... Et puis, un final cousu de fil blanc ! Le coup de la valise comme le nez au milieu de la figure ! On n'aura pas eu "The Magnificent seven" mais ils auront au moins fini dans la dignité.
    "Né d'une femme inconnu" et "Glaise" sont des chefs d’œuvre, "Buveurs de vent" est un bon roman. En fait, j'en attendais trop, un vrai repas gastronomique, j'ai eu un menu "brasserie".
    J'attends mieux l'année prochaine.

    07/11/2020 à 18:31 7

  • Back up

    Paul Colize

    10/10 Et puis, il y a eu Back up... il est toujours là, inoubliable. Comme cela a été difficile de commencer la cure de désintox et ce n'est pas fini. Une salade de tutti fruitti, délicieuse qui explose, qui balance des grandes balles de feu de toutes les couleurs. Lectrice Sous Dépendance, voilà, ce que je suis devenue. L'été était encore plus bleu, les étoiles étaient bleues dans un ciel de satin blanc. On prend une dose de cheval, on traverse le rock, on twiste, on s'emballe, toute une histoire qui défile. On peindrait tout en rouge en laissant le noir. J'avoue, j'ai vraiment de la sympathie pour le Diable quand il s'appelle Paul Colize. Je ne voulais pas que ça s'arrête...

    11/09/2020 à 18:15 10

  • Animal

    Sandrine Collette

    8/10 Nin et Nun, Mara et Matthieu, quatre êtres aux destins liés. Nin et Nun comme le yang et le yin d'une fratrie, arrachés à la forêt et aux prédateurs par Mara pour sauver leur petite vie qui vaut moins que celle d'un animal. Deux petits d'homme sacrifiés. Malgré lui, Matthieu, fou amoureux inconditionnel, rendra Lior emportée par la foule à Nun qui va lui voler. Pourtant, elle avait trouvé la paix de l'âme. Deux chasseurs que les animaux réuniront pourtant. Après ça, fini la soif de sang et de vengeance... Un roman initiatique où les animaux détiennent la clé. Sommes-nous si bêtes pour ne pas les comprendre ? Sandrine Collette nous livre une belle réponse. Mon premier et pas mon dernier.

    11/09/2020 à 17:23 9

  • Trois mille chevaux vapeur

    Antonin Varenne

    9/10 J'avais besoin d'évasion, trop de noirs, un peu écœurée comme quand on boit un café avec trop de tanin. Un roman d'aventures, c'était bien comme choix pour mettre les voiles, foutre le camp. Alors là, chapeau, billet "Birmanie - États-Unis via Angleterre" gagnant ! En plein dans le 1000 ! Quelle aventure ! Quel voyage ! J'ai filé ventre à terre avec le sergent Bowman, en selle sur Walden et accroche-toi au pommeau. Un road-book , un livre de bord, un carnet de voyages sans jamais une once d'ennui, sans péripéties abracadabrantes. Ça tient la piste. Oh, que ça m'a fait du bien...

    11/09/2020 à 17:00 12

  • Les auteurs du Noir face à la différence

    Ouvrage collectif

    9/10 J’ai tourné les pages de ce recueil sans m’arrêter. J’ai savouré cette lecture. Les auteurs se sont pliés à un exercice difficile avec un sujet Très précis, la différence. On peut passer de la colère à une énorme tristesse, une empathie incroyable parfois. Seulement deux ne m’ont pas convaincue. Étonnamment, ce ne sont pas les écrivains les plus connus qui ont sorti les meilleures. C’est mon point de vue, bien sûr.

    04/09/2020 à 19:25 4

  • Tu ne perds rien pour attendre

    Janis Otsiémi

    6/10 J’ai passé un bon moment de lecture sans plus. L’auteur, pourtant, plante bien le décor et l’ambiance de la métropole africaine. Le style, l’emploie des expressions gabonaises contribuent à l’atmosphère. Mais que c’est long pour arriver enfin à un début d’enquête et qu’on arrive vite, trop vite à la fin cousue de fil blanc. C’est décevant quand on pense qu’Otsiémi a été qualifié de «James Elleroy africain». Il y a encore de la marge.

    01/09/2020 à 22:30 2

  • Tokyo express

    Seichô Matsumoto

    10/10 Ce court roman est un chef-d’œuvre de complexité comme j’en ai rarement lu ! L’inspecteur Mihara en perd son Japonais. Ses petites cellules grises sont mises à rude épreuve par Yasuda, son suspect. Toutes les pistes s’effondrent une à une. Mais sa pugnacité est sans faille. Bonne chance jeune inspecteur ! Un vrai plaisir !

    30/08/2020 à 19:18 5

  • Le Lézard noir

    Ranpo Edogawa

    8/10 Un très court roman de 1929 par l’un des maîtres du polar japonais, un très bon moment de lecture. Une aventure rocambolesque, pleine de rebondissements où l’on suit un détective perspicace, futé qui tient à la fois de Vidocq et Rouletabille et une belle cambrioleuse venimeuse qui tient d’Arsène Lupin et Fantomas. Un charme désuet, suranné mais savoureux !

    29/08/2020 à 19:21 3

  • Tout un été sans Facebook

    Romain Puértolas

    7/10 J'ai passé un très bon moment avec quelques fous-rires ! Romain Puértolas a beaucoup d'humour, décidément. On s'évade à New-York, Californie et pas New-York, New-York. Les personnages sont cocasses et caricaturaux mais c'est bien fait et voulu. Ayant lu avant, La police des fleurs, des arbres et des forêts, décoiffant, plus récent, que j'ai adoré, j'ai été moins emballée par celui-ci. J'attends la sortie automnale du prochain puisque ça va en s'améliorant. Un nouveau genre a baptisé "Le polar smile" ?

    26/08/2020 à 15:01 3

  • Retour à Biarritz

    Ian Manook

    7/10 Une bonne nouvelle noire mais Manook ne sort pas vraiment de sa zone de confort : le dépaysement, la nature sauvage comme les hommes et ses espaces infinis. Bon, on est loin de la Mongolie, voire à l'opposé à tout point de vue. Il plante le décor dans la selva, on voyage et l'ambiance est là. On s'y croirait. Par contre, le critère urbain métropolitain n'est pas rempli. A moins qu'il y ait un Biarritz au Brésil, c'est plutôt l'Argentine, le coin des Basques. Ian aurait-il peur des ambiances urbaines ? Malgré tout, on ne s'ennuie pas et c'est très bien écrit.

    25/08/2020 à 14:51 1

  • Bloody Paris

    Tito Topin

    7/10 Sympathique intrigue, un peu old style classique, bien menée. Emballé, c'est pesé. La fin offre une ouverture aux lecteurs pour imaginer la suite comme souvent dans les nouvelles. Petit bémol : Bloody Paris ou plutôt Bloody family, Paris ne montre guère son nez, dommage. Les dessins collent bien aux texte, rappelant ce bon vieux magasine "Détectives" ou les pulps américains. Bravo à Vincent Gravé !

    24/08/2020 à 20:01 2

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 Un magnifique roman choral à cinq voix aux destins liés, cinq désespérés, bien orchestré par Colin Niel . Il va bien au-delà du roman noir. Au fil des pages, on n'en oublierai presque la disparition de cette pauvre femme riche capricieuse, d'ailleurs, elle ne fait pas parti du chœur. La force de ce livre, c'est d'aller dans le fond des âmes, de leur vie sans artifices. Chaque personnage est un témoignage. Colin Niel brosse un tableau de la misère sociale, ici et ailleurs, de l'abandon de ceux qui tiennent à bout de bras leur vie, leurs bêtes et leurs terres, des oubliés cachés derrière les murs épais des fermes de montagne et des étables dans leur solitude, même à deux. Toutes les questions sont posées mais il n'y a pas de réponses.

    24/08/2020 à 18:29 11

  • Meurtre à Tombouctou

    Moussa Konaté

    8/10 Une jolie découverte que ce polar classique au Mali. J'ai été dépaysée, l'atmosphère est là. On découvre un Mali avant l'Islamisme intégriste à la charnière entre le monde d'avant et celui d’après et de maintenant. On parcourt, on visite Tombouctou vivante et animée très à l'opposé de l'image du film Timbuktu de Sissako. Les ethnies, les dialectes, les religions se mêlent. L'enquête est bien menée mais que d'obstacles à surmonter dans cette société complexe pour le commissaire Habib, un peu vieux sage, et ses jeunes et bouillants collègues, Sosso (le Moustique) et Guillaume venu de Paris. Les dialogues sont parfois un peu naïf mais on aurait bien pris un thé à la menthe sous la tente des Touaregs, en ce temps là !

    24/08/2020 à 17:46 4

  • Monsieur Meurtre

    Jean Vautrin

    9/10 J'ai bien apprécié ce petit noir, bien dosé, assez corsé sans amertume. De toute façon, j'aime beaucoup le style de Vautrin. Les illustrations de Baru collent bien à l'atmosphère.

    24/08/2020 à 17:35 3

  • L'Hypnotiseur

    Lars Kepler

    4/10 Avis mitigé. L'intrigue, les personnages, les mystères de l'hypnose sont assez intéressants les deux tiers de ce pavé. Mais que de redondances, on relit parfois les mêmes scènes ce qui n'apporte rien, que l'ennui. Tout est détaillé parfois inutilement. Joona Lina est très en retrait. A la fin, cette recherche improbable dans les neiges frise l’absurde (d'ailleurs, j'ai sauté des pages) ! Qui peut croire que les flics suédois de ce coin reculé n'irait pas tout faire pour sauver un gamin en danger ? On a l'impression que les auteurs voulaient en terminer... par un repas chez McDo ! ou alors, ils habitent Sandham ? Avant cet épisode cafouilleux, deux personnages arrivent Joseph et Evelyn, je les avais complètement oubliés tellement tout était brouillon et l'intermède long. C'est la première fois que cela m'arrive, même en lisant "Guerre et Paix" ! J'ai dû retourner en arrière pour savoir qui étaient ces deux clampins sanguinaires. J'ai été au bout pour honorer une lecture commune... Mon équipière a survécu mais l'appréciation est la même...

    24/08/2020 à 17:27 2