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Lady Fantôme
7/10 Scott Henderson avait demandé le divorce à sa femme. Encore une fois, celle-ci a refusé. Puisque la méthode argumentaire ne la faisait pas céder, Henderson avait pensé à une manière plus agréable : lui offrir une soirée pleine de charme et d’attrait, à savoir restaurant et théâtre. Mais elle a refusé catégoriquement en lui riant au nez pour ce qui apparaissait comme ridicule.
Alors, en colère, tant par frustration que par malheur, Henderson est sorti, et est allé dans un bar. En voyant cette belle femme le regardait, il lui vint cette idée : passer la soirée avec cette inconnue. La seule condition : qu’il reste des inconnus.
La soirée se terminant, Henderson rentre chez lui où l’attendent des policiers. Sa femme a été trouvée morte, étranglée avec la cravate de son mari. Henderson a un gros problème : ne connaissant pas l’identité de la femme avec qui il a passé la soirée, il n’a pas d’alibi mais un bon mobile. Il est arrêté puis condamné à l’exécution capitale.
Dans le couloir de la mort, les jours sont comptés. Il a fait appel à son meilleur ami, Lombard, qui reviendra exprès de sa mission au Vénézuéla, pour tenter de retrouver cette femme, le seul alibi pouvant le sauver de son exécution.
Bien que bien ancré dans son époque (1942), tant dans la construction que dans le style, ce roman possède un charme simple et suspens implacable. Chaque chapitre possède un décompte des jours avant la date de l’exécution d’Henderson et rend compte de la quête difficile de Lombard à retrouver cette femme et surtout de la « malchance » dont les témoins sont victimes. Seul le final m’a semblé décevant. Je découvre que ce livre a fait (comme d’autres de William Irish) l’objet d’une adaptation au cinéma sous le titre « Les Mains qui tuent » et j’espère pouvoir la regarder, tant ce livre semble un scénario évident pour tout bon réalisateur.01/10/2025 à 11:37 2
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Le lotissement
7/10 Nous sommes en 1986. Dans un lotissement, d’un village proche d’une petite vingtaine de kilomètres de Paris, Mare-les-Champs.
La Gauche est au pouvoir, Le Pen commence à faire des scores aux élections législatives, les slogans « Touche pas à mon pote » surgissent, les attentats parisiens affolent la population. On boit du Tang, on rêve d’un BMX à la place du vélo classique, Balavoine chante sur les radios FM L’Aziza, on se copie les cassettes de Bronki Beat et son « Tell me why ? ». La télévision diffuse Goldorak et les Coco Girls… Coluche va nous dire Adieu en se plantant en moto, les stylos plumes Waterman sont dans les trousses, le magazine « 20 ans » sous les lits…
Et les familles du lotissement vont vivre un drame : un incendie dans une résidence. Et pas n’importe laquelle : celle d’Elise Mondessert, une des familles les plus admirées des pavillons voisins. C’est elle qui en est responsable, cette adolescente rebelle de 13 ans, en mettant le feu dans le garage chez elle. Un drame parmi d’autres, à savoir le suicide de la nouvelle maitresse d’école, Suzanne Bourgeois, venue des îles, et puis celui de François Belge, le garagiste. Quelques jours plus tard, la famille de la narratrice fait les cartons et déménage… Dedans, le journal intime d’Elise que la narratrice a volé dans les restes calcinés du pavillon.
2021, la narratrice enterre sa mère. C’est le temps de vider la maison. Et ce journal intime, retrouvé dans un carton, ravive des souvenirs enfouis. Et avec eux, le besoin de comprendre ce qu’il s’est passé cette année 1986 et d’avoir des explications sur ces événements qui ont endeuillé le lotissement…
Plus qu’un roman nostalgique à destination des cinquantenaires, Le Lotissement est avant tout un roman social qui dresse un portait sans fard d’une génération, avec ses préjugés, ses personnages de banlieues, ses peurs et ses histoires d’amour…Une lecture qui ravive des souvenirs et rappelle les fondations de notre France actuelle.26/09/2025 à 10:14 1
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La Mue
7/10 Avec La Mue, on retrouve ce qui rend les polars de son autrice si attachants et efficaces : du rythme, une intrigue réaliste et une enquête passionnante. Mais connaissant l’immense talent de Céline Denjean, j’ai ressenti, cependant, une légère déception à la lecture de ce 4ème livre de la série mettant en scène la gendarme Louise Camont. J’ai trouvé Céline Denjean en pilotage automatique : peu de surprise dans le dénouement de l’histoire, une intrigue cousue de fil blanc, un déroulement somme tout prévisible…
Le seul intérêt que j’ai trouvé dans cette Mue est à porter sur les thèmes du déni de grossesse et du déni d’enfants, des sujets psychologiques portés magnifiquement à la connaissance du lecteur.
La Mue est un bon livre, mais si on le place dans l’œuvre de qualité de Céline Denjean, il constitue une petite déception.
23/09/2025 à 12:26 2
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Le Rôdeur
7/10 Le rôdeur constitue le 2ème livre mettant en scène l'inspecteur Phil Brennan et la profileuse Marina Esposito. Qui dit série, dit histoire dans l’histoire. C’est d’ailleurs l’inconvénient dans ce livre. Les relations personnelles entre les deux principaux personnages prennent plus de place que l’intrigue en elle-même. Cette dernière met du temps à décoller, ce qui, pour certains lecteurs, peut nuire à leur patience.
Nous sommes à Colchester, dans l'Essex, Angleterre. Le cadavre d'une jeune femme, atrocement mutilé, est retrouvé sur le pont d'un bateau-phare. La police locale enquête. Parallèlement, on découvre ce rôdeur, un dépravé sexuel, qui mâte des femmes, rentre chez elle à leur insu, déplace des objets et leur laisse de drôles de souvenir de son passage… Des jeunes filles disparaissent… Et Phil Brennan est perturbé par le départ de sa compagne, Marina Esposito, et de leur fille… De quoi ne pas voir clair dans ces affaires…
Tania Carver est le pseudonyme choisi par Martyn Waites et son épouse Linda. Ils ont choisi de créer ces deux personnages Phil Brennan et Marina Esposito, qui s’avèrent être de redoutables professionnels : lui en tant qu’enquêteur et elle en tant que psychologue. Cette deuxième enquête, et je conseille de les lire dans l’ordre à défaut de comprendre leur histoire personnelle, n’est pas des plus originales. Mais, comme je l’avais soulevé dans Substitutions, le couple ne ménage pas le lecteur dans la description de l’horreur et des situations très dures de leurs victimes. Le rôdeur est toutefois une suite qui doit être lue si, comme moi, on souhaite poursuivre la découverte de la série d’enquêtes menées par Phil Brennan et Marina Esposito.19/09/2025 à 12:52
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Sueurs Froides
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
9/10 Connaissant (et adorant) le film Sueurs froides (Vertigo en VO) d’Alfred Hitchcock dont est tiré D’entre les morts, c’est à reculons que je suis entré dans ce livre. Il m’est difficile de lire un livre après en avoir vu son adaptation cinématographique. Je trouve que la lecture perd en saveur, que l’effet de surprise n’est plus là, que l’imagination suscitée par les mots est remplacée par les scènes du film.
Mais quelle fut mon agréable surprise de constater que le livre s’avère différent du scénario dont Hitchcock a tiré pour son film. Comme j’en avais fait la remarque avec un autre livre du duo, Celle qui n’était plus, et son adaptation par Clouzot sous le titre Les Diaboliques. Certes la trame est la même mais le changement de lieu, de cadre et d’époque rajoute à la noirceur de cette histoire macabre. Cela se joue à des détails mais des fois, les détails font une grande différence.
Paris, 1940. La guerre a été déclarée et les actualités sont assez rassurantes malgré l’apparition de réfugiés belges qui vont dans le Sud. Gévigne, brillant homme d’affaire parisien, a fait appel à l’assistance de son ancien ami, Flavières, avocat parisien. Gévigne est inquiet quant au comportement de son épouse, Madeleine. Cette dernière, depuis quelque temps, sombre dans la mélancolie et a des habitudes étranges. C’est simple, Gévigne ne reconnaît plus sa femme. Il s’inquiète et se demande si elle le trompe ou si, comme sa vieille tante, elle n’éprouve pas des envies suicidaires. Aussi, les affaires le poussant à quitter régulièrement le foyer conjugal, Gévigne demande à Flavières de suivre Madeleine, pendant quelques jours et de lui rendre compte de ses faits et gestes. Flavières, ayant été réformé, est le seul à pouvoir l’aider même si Gévigne a bien conscience qu’ils ne se sont pas côtoyés depuis plusieurs années. D’ailleurs, il ne connaît pas Madeleine.
Flavières qui vit mal sa non incorporation dans l’armée s’est mis à boire. Cet ancien de la police, mis sur la touche, car ayant perdu son coéquipier alors qu’il était pris de vertige, est devenu avocat. Cette affaire ne l’intrigue pas plus que cela, n’y voyant qu’une histoire d’adultère. Toutefois Flavières suit Madeleine. Et plus il la suit, plus le comportement de Madeleine lui paraît trouble voire inquiétant. Mais surtout Flavières va commettre l’irréparable : après avoir fait connaissance en la sauvant d’une noyade, Flavières va avouer ses sentiments à Madeleine. Et le suicide de Madeleine va le traumatiser à vie. Car par lâcheté et à cause de son vertige, il n’a pu la sauver ni alerter la police.
4 ans après, de retour de son exil à Dakar, Flavières découvre au cinéma lors d’un reportage sur la venue de De Gaule à Marseille que Madeleine est bien vivante. Mais est-ce bien elle ?
Si l’adaptation d’Hitchcock est un chef d’œuvre, D’entre les morts n’est pas moins un livre attachant et prenant. Boileau-Narcejac nous font vivre les remous émotionnels de Flavières, son emprise, sa folie ( ?) pour cette femme. D’entre les morts est plus qu’un livre majeur dans l’œuvre du duo, il est une pièce majeure et un classique de la littérature policière.16/09/2025 à 15:45 5
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Les yeux bleus
8/10 Je viens de terminer Les yeux bleus, le troisième livre que je lis de Sébastien Didier, son deuxième par ordre de parution. J’y ai retrouvé ce qui m’avait plu dans ses précédents livres : une intrigue implacable dans laquelle le lecteur y est chevillée corps et âmes. Oui, l’enlèvement d’un enfant, ça secoue tout le monde, y compris les personnes les moins sensibles. Toucher à la chaire de notre chaire, c’est un enfer sans nom. Et puis, le rythme implacable de l’écriture. L’auteur niçois n’a pas son pareil pour accoucher de véritables page-turners.
Alors bien évidemment j’ai dévoré ce livre et tourné frénétiquement les pages de cette histoire de vengeance familiale qui traverse les années et qui trouve son origine sur le meurtre effroyable d’une jeune famille dans leur villa dans les hauteurs de Nice. Un enlèvement d’un enfant, le petit fils de Claude Cerutti, un immense et riche homme d’affaires niçois. Je ne voulais pas perdre de temps pour en connaître le dénouement. Une affaire dans laquelle le nom et la famille sont sacrés. Un immense plaisir même si, avec le recul, les thèmes sont largement exploités. Mais ce livre raconte une histoire familiale, qui aurait mérité plus de consistance à mon goût, au déprimant de l’action qui me semble sur-présentée. Mais c’est le parti pris de l’auteur que je respecte. Comme je l’ai déjà dit, ce livre procure toutefois un très agréable et ludique moment de lecture.
11/09/2025 à 14:35 3
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Le Retour
7/10 Angleterre, années 1980. Lors d’un mariage, Chris rencontre de manière inopinée, Nicky, un ancien ami d’enfance. Hagard, incohérent, Nicky lui demande de trouver qui a tué son père. Chris comprend qu’il fait référence à une sordide affaire qui a ébranlé également sa famille : le père de Nicky a été condamné à mort pour le meurtre de l’oncle de Chris, il y a plus de 30 ans de cela.
Si cette apparition a secoué Chris, il en sera autrement le lendemain quand il découvrira Nicky, pendu à un arbre dans la propriété de sa famille.
Chris, autant par compassion que par culpabilité, va se replonger dans l’affaire du meurtre de son oncle, à une époque où il était encore gamin. Une affaire sensible pour Chris et ses parents qui ont hérité de la fortune de cet oncle, le fruit d’une ruée vers l’or aux USA au début du siècle.
Secrets de famille, manipulation, rancœurs, convoitise, sont les ingrédients semés par Robert Goddard dans cette Angleterre de ce XXème siècle. Si, comme d’habitude, la plume de l’auteur britannique m’a séduit, l’histoire m’a paru un peu fade par rapport à ce qu’il a pu produire. L’intrigue a du mal à prendre de l’ampleur et son essor. Certains personnages sont trop peu développés, à mon goût. Et je n’ose pas parler de ce final (négociations, arrangements) que j’ai trouvé un peu trop facile voire tiré par les cheveux pour conclure cette affaire et cette histoire.09/09/2025 à 12:11 2
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La Muraille Invisible
7/10 Wallander est de plus en plus dépité. Tant à cause de sa vie professionnelle que de sa vie personnelle. Le célèbre et attachant inspecteur d’Ystad se voit enquêter sur le meurtre d’un chauffeur de taxi par deux jeunes filles, dont une mineure, avec un couteau de cuisine et un marteau. Cette situation désespère Wallander : il est affligé de constater que ces 2 jeunes filles semblent complétement distantes et froides face à leur acte et aux peines qu’elles encourent. Un cadavre est découvert devant un distributeur automatique de billets. Si l’autopsie révèle une mort naturelle, les policiers ne comprennent pas le vol du cadavre. Wallander est aussi confronté à un autre fait majeur : l’une des jeunes filles inculpées est retrouvée carbonisée dans un transformateur électrique…
Wallander est malmené dans cet épisode, à tel point qu’il envisage sérieusement de démissionner de la police. Il voit ses amis partir de Suède, ce pays en profonde mutation ; sa solitude lui pèse de plus en plus et son diabète lui demande des efforts constants. Tout semble bien incompatible avec son métier de policier dont il ne comprend plus le sens.
Un épisode au thème trop ancré dans son époque mais qui permet de suivre avec toujours le même plaisir Wallander et son entourage.
08/09/2025 à 10:48 2
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Bastion
7/10 J’ai découvert sur le tard cet auteur français. Mais depuis, soit un an et demi, je m’enfile à la chaîne ses romans. Je ne me lasse pas des aventures rocambolesques de ses personnages, de ses scénarios décalés et burlesques et de ses répliques désopilantes.
Si depuis ma lecture de Demain c'est loin, je trouve toujours ces ingrédients, avec Bastion, sa dernière parution, je suis un peu déçu par cette lecture. Peut-être cela vient-il du sujet un peu plus sérieux eu égard au contexte politique actuel ? De manque de second degré, et/ou de personnage moins loufoques ?
Pourtant Bastion est loin d’être un livre raté ou de seconde zone. Lire les aventures partisanes, bien malgré lui, de Jean-Marc, ce retraité aspirant à une vie paisible, fut plaisante. Jean-Marc, par amitié d’enfance et par promesse à son épouse, va essayer de protéger Bernard, qui s’est lancé dans le parrainage de la candidature d’Eric Zemmour. Car Bernard ne voit pas les dérives néo-nazies des compagnons d’affichage, membres de groupuscules obscurs. Mais les compétences et l’intelligence de Jean-Marc vont attirer les cadres du mouvement. Bien que bien ancré à gauche, Jean-Marc va se trouver embarquer dans une situation dont il va être aussi bien acteur que victime…
Sans être déplaisant, il m’a manqué toutefois l’humour décalé de ses autres romans. Ma seule consolation fut de lire, dans les remerciements, qu’Antoine de Caunes était pressenti pour réaliser et adapter les livres de Jacky Schwartzmann au grand écran. Hâte de voir le résultat.
04/09/2025 à 12:15 7
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Le Village
9/10 Ouest de l’Ukraine, dans un petit village isolé dénommé Vyriv, en 1930 : Luka, le père, et Viktor et Petro, ses 2 fils, partis chasser voient un homme venir vers eux. Dans cette neige abondante, cet homme progresse lentement. Luka, ancien soldat de l’armée impériale puis de l’armée révolutionnaire, guette avec circonspection la venue de l’étranger. Tout le monde au village redoute l’arrivée des activistes russes à la solde de Staline venus piller les terres et déporter les hommes dans les camps de travail. Jusqu’ici Vyriv a su être épargnée de la vindicte de la Guépéou, la police d’état de Staline. Et elle compte bien le rester. Luka constatant que cet homme est seul, vient à sa rencontre. L’homme s’effondre dans la neige inconscient, affaibli par la faim, la fatigue et le froid. Luka prend la décision de le ramener au village pour le soigner. Mais il constate que l’homme transporte avec lui, sur son traineau, les cadavres de deux enfants. C’est l’effroi. Les cuisses des enfants ont été découpées soigneusement en prélevant un morceau de chair. Luka n’a pas pu garder secret sa découverte aux villageois. Alors que Luka, après avoir fouillé les affaires de l’inconnu, sait que l’étranger était le père des enfants morts, les villageois ne l’entendent pas de cette oreille et veulent rendre justice. C’est un lynchage par les habitants remplis de haines envers ce tueur d’enfants.
Après cette exécution sommaire, il est constaté que Dariya, une petite fille de 8 ans a disparu. Dariya est la nièce de Luka, la fille de Dimitri qui a déclenché le lynchage et la mort de l’inconnu. Les recherches s’organisent. Luka, guerrier et chasseur aguerri et expérimenté, prend la tête de l’expédition avec ses 2 fils. Les traces montrent que la petite fille a fait l’objet d’un enlèvement. Les minutes sont dès lors comptées. Mais dans ce froid extrême, ces conditions neigeuses difficiles, la faim qui tiraille l’estomac, cette chasse à l’homme est complexe d’autant qu’un autre paramètre inquiète encore plus Luka : ce voleur d’enfants s’avère être un tireur d’élite hors-pair…
Je suis rentré dans ce livre à l’aveugle. J’avais ce livre depuis plusieurs mois dans ma liste de livres à lire, ce dernier étant très bien noté d’une part, et avait l’air de satisfaire mes goûts en matière de lecture, d’autre part. Comme je le fais de plus en plus, je n’ai pas lu la 4ème de couverture, les résumés divulgâchant trop à mon goût l’intrigue. Ainsi, je fus complétement subjugué par ce thriller. Car, outre l’ambiance froide et pesante due au contexte géopolitique de l’époque, ce livre multiplie les moments de tensions, l’intrigue principale se dévoilant au fil des pages. Ce livre est rempli d’épisodes effroyablement mémorables : le lynchage de l’étranger, la quête interminable de la fillette, les réflexions du chasseur/tireur d’élite, les interrogatoires violents des habitants et surtout ce personnage admirable de courage et de force/convictions, Luka. Un homme sur qui tout le monde compte mais rempli de doutes et d’humanité.
Un livre qui m’a beaucoup séduit, ému et touché : un livre que je recommande fortement.04/09/2025 à 10:38 2
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1280 âmes
6/10 L’idée est séduisante pour tout amateur littéraire : trouver une explication à la traduction décalée d’un livre. En l’espèce, Jean-Bernard Pouy, amateur (comme tout bon écrivain) de polars, a tenté dans ce livre de percer le mystère des cinq habitants manquants entre « Pottsville, 1280 habitants » (le titre original du célèbre polar de Jim Thompson) et sa traduction française « 1275 âmes ».
Il ne s’agit pas d’un essai ou d’un article. C’est de manière romancée que l’auteur français, par l’intermédiaire de son personnage principal, Pierre de Gondol, tente de trouver qui sont ces 5 personnages que Marcel Duhamel, le traducteur français, a « oublié » ou « volontairement omis », sachant que la Série noire, l’éditeur, n’hésitait pas à tronquer des textes originaux.
Pierre de Gondol, libraire à Paris, se voit lancer un pari par un client : trouver donc les 5 personnages manquants. Le lecteur va être amené à plonger dans les réflexions plus ou moins tirées par les cheveux du libraire. Il suivra également Pierre dans sa quête de Pottsville lors d’un périple aux Etats-Unis.
Si l’idée était intéressante, ce livre est, je trouve, un prétexte à rendre hommage à Jim Thompson, à la Série noire et au genre du polar. C’est surtout un exercice de style, Jean-Bernard Pouy développant ses références littéraires, ses formules alambiquées, ses réparties culturelles, qui à la longue, deviennent barbantes. Si on additionne ce style rédhibitoire et une solution peu crédible pour ma part, 1280 âmes ne m’a pas vraiment convaincu.02/09/2025 à 11:21
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Rendez-vous en noir
7/10 Pour bien comprendre la qualité de l’œuvre de William Irish, il suffit de citer La Mariée était en noir et La sirène du Mississipi adaptés au cinéma par François Truffaut, Fenêtre sur cour par Alfred Hitchcock, J’ai épousé une ombre par Robin Davis… Les écrits de William Irish ont inspiré les plus grands cinéastes et ont été interprétés pas de grands acteurs (Nathalie Baye, Francis Huster, James Stewart, Grace Kelly, Jeanne Moreau, Michel Bouquet, Jean-Claude Brialy,…). Le suspense procréé par l’Américain rend addictive la lecture de ses polars et peut facilement inspirer des scènes mémorables.
Si Rendez-vous en noir n’a pas été adapté au cinéma, il n’en reste pas moins une impression qu’il aurait pu être facilement être source de scénario. Au départ, c’est un jeune couple amoureux, Johnny et Dorothy, qui, après plusieurs années d’attente et de rendez-vous devant la pharmacie de la ville, peuvent enfin entrevoir ensemble leur avenir : le mariage. Mais, un soir, Johnny arrivant au point de rendez-vous, découvre au milieu d’un attroupement le corps sans vie de Dorothy et à côté, une bouteille cassée…
Chacun des autres chapitres décrit un rendez-vous d’amoureux dont le mari, l’amant, le fiancé va au final voir sa belle être tuée… Le lecteur découvre, au fil des pages, le lien qui unit ces histoires fatales de couples. Cela fait froid dans le dos. Au fil des paragraphes, des images de scène de films, en noir et blanc bien sûr (ce livre est écrit en 1948) me venaient en tête. Je voyais bien certains acteurs s’embrasser, zoom avant, dans un appartement typique des USA d’après-guerre, avec des violons grinçants en fond sonore…
Si le scénario est un peu tiré par les cheveux, c’est l’ambiance générale de ce livre qui m’a plu : une atmosphère cloitrée, sombre et inquiétante.
28/08/2025 à 10:23
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Tous les silences
9/10 Vers 23 heures, comme tous les soirs depuis qu’il réside dans cette maison de retraite, Albert Kangasharju, 97 ans, fait sa petite sortie rituelle en bordure du parc. Deux hommes en noirs vont agresser le vieil homme. Les policiers de la Brigade de Pori sont chargés de l’enquête. Alors qu’Albert est à l’hôpital, les agresseurs tentent de le tuer et de le faire taire à jamais. Pour la police, la tentative de meurtre ne fait plus de doute. Après la tentative de pendaison à la maison de retraite et la tentative d’étouffement dans la chambre d’hôpital, les policiers s’interrogent sur le mobile d’un tel acharnement sur un vieillard. D’autant plus qu’Albert ignore les raisons de son agression. Lui, cet homme presque centenaire que tout le monde adore pense qu’il a fait l’objet d’une méprise, comme ce fut le cas, il y a plusieurs années.
Polovita, Linda et Oksman mènent l’enquête sur le passé de cet homme.
L’auteur finlandais déterre l’histoire de ces 8000 volontaires finlandais qui, après la Guerre d’Hiver, ont attaqué l’URSS aux côtés de l’Allemagne nazie. Un élan patriotique en vue d’une Finlande nourrissant un espoir vers une Grande Nation. Parallèlement à l’enquête, le lecteur sera amené à découvrir les atrocités commises par cette Division Viking envers les civils, les Juifs et les prisonniers de guerre.
Ouvrir ce livre, c’est, outre se plonger dans une enquête passionnante, découvrir une page de l’histoire méconnue (pour le grand public, je pense) de la Finlande. C’est aussi le prétexte pour l’auteur de se questionner sur l’intérêt de dénoncer, encore de nos jours, les criminels nazis pour son pays.
Ce fut une lecture sensible et délicate où j’ai adoré retrouver l’équipe de la Brigade de Pori, que je trouve aussi humaine qu’attachante.
27/08/2025 à 15:43 6
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Minuit à Atlanta
9/10 Minuit à Atlanta clôt, à mon humble avis, admirablement cette trilogie « Darktown-Atlanta ». Car, si on retrouve encore une fois cette tension raciale, on ressent cette ségrégation entre Blancs et Noirs de manière plus extrême. La déségrégation des écoles est prononcée, ce qui, pour cette ville du Sud, est impossible socialement. Mais, pour ma part, ce qui rend encore plus passionnant cette lecture, c’est que l’auteur américain a axé son intrigue sur les médias afro-américains.
Dans cette Atlanta de 1956, Tommy Smith, ex- flic noir (apparu dans les 2 tomes précédents) est devenu reporter au Daily Times. Alors qu’il s’est assoupi à son bureau, Smith est réveillé par un coup de feu. Il découvre le rédacteur en chef et propriétaire du journal, Arthur Bishop, mort. Son instinct policier prenant le dessus, Smith va enquêter sur les raisons de cet assassinat. Alors que la police arrête la femme de Bishop, Smith pense que le meurtrier voulait empêcher la divulgation dans le journal de certains faits gênants. Oui, mais qui et lesquels ? Car le bureau de Bishop, comme sa maison, ont été fouillés par d’étranges personnes.
Thomas Mullen a su mélanger habilement tous les ingrédients sociaux et historiques de l’époque : chasse aux communistes, force du FBI, envergure d’un homme qui va devenir un symbole dans la lutte pour les droits civiques, Martin Luther King, le blocus des transports, les enjeux politiques locales, le poids des médias,… Si ce tome peut se lire aisément et indépendamment de ses prédécesseurs, avec Minuit à Atlanta, on prend conscience de la qualité de cette trilogie et de l’ampleur du travail documentaire réalisé par l’auteur américain.
Thomas Mullen signe une œuvre de référence dans le polar historique et se pose surtout comme l’auteur américain contemporain le plus intéressant.26/08/2025 à 10:44 5
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Le Bal des frelons
8/10 Dans ce Bal des frelons, il y a du Donald Westlake et du Charles Williams. Indubitablement, on jubile à la lecture de ce livre : les personnages « ploucs » ce village rural, caricaturaux, et cette histoire dont les ficelles se délient au fil des pages…
Dans ce village de campagne, Maxime s’est retiré parce qu’il avait peur de faire du mal à ceux qu’il aimait et est devenu apiculteur, heureux de prendre soin des abeilles. Son beau-fils vient, après plusieurs années d’absence, le voir, en faisant de l’auto-stop. Il a été véhiculé par Antonin, agent pénitentiaire à la retraite, qui s’est retiré au vert, parce que sa femme, Martine, ne pouvait plus supporter la ville. Antonin essaie de trouver une manière de tuer sa femme. Martine a trompé son mari avec le Maire, Michel. Coralie, la secrétaire de la mairie, aimerait bien profiter aussi du premier magistrat de la commune et le menace de dévoiler ses petites affaires s’il ne lui fait pas l’amour, une première pour elle à plus de 50 ans.
Mais Antonin a du souci à se faire. Il ne sait pas que 2 anciens taulards, Loïk et Baptiste, amants et fan de Status Quo, veulent se venger, eux aussi. De quoi ? D’avoir eu une relation avec une femme ?
Pendant ce temps-là, Rémi, du haut de son château d’eau, retrouve sa femme morte avec qui il parle ainsi qu’à ses deux poules, ses seules compagnes.
Une panoplie de personnages loufoques dans une histoire qui surprendra par son comique de situation, d’autant plus que Pascal Dessaint (d’abeilles), multiplie les phrases de citations et de réparties très drôles.22/08/2025 à 10:00 3
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Toutes les nuances de la nuit
10/10 « Aimer et être aimé, c’est plus que ce que l’on peut espérer de la vie. De quoi combler un millier d’existences ordinaires ».
Joseph McCauley dit « Patch » a aimé et a été aimé, tout au long de son existence. Pourtant, lui, ce gamin pirate, a connu une existence des plus dramatiques. Séquestré plusieurs mois dans une cave plongée dans le noir, par un serial-killer en sauvant une copine de sa classe, Misty, il doit son sauvetage à Saint, sa copine qui à 13 ans a mené son enquête, observé les gens, disséqué les alibis, donné à l’inspecteur Nix ses pistes. Il doit sa survie à Grace, cette gamine, qui, enfermée elle aussi dans cette cave, lui a donné de l’espoir et des raisons de vivre, en lui décrivant les endroits majestueux.
Quand il a été délivré, Grace avait disparu. Aucune trace de celle dont il n’a pas pu voir le visage. Tout le monde pensa même que Patch avait inventé ce personnage, créé un mirage qui l’avait aidé à survivre à l’enfer de son enlèvement. Peu importait les moqueries de ces camarades, il savait qu’il n’avait pas inventé Grace. Par amour pour son jeune ami, Saint le croit. Elle va même l’aider à la rechercher. Patch va peindre son portait dont il imaginait les traits. De son travail, il va développer un certain talent, dont les œuvres sont inspirées exclusivement de Grace et des jeunes filles enlevées. Patch va consacrer toute sa vie à le rechercher, et Saint, devenue policière et agente du FBI, l’épauler dans cette quête…
Ce livre, je l’ai dévoré. Cette histoire est des plus poignantes. Chris Whitaker offre à son lecteur un panel de sentiments des plus variés et forts sur plus de 800 pages que l’on ne voit pas passer, chaque chapitre ne comportant pas plus de 3 pages. Si l’amour et l’amitié sont les thèmes prédominants, la liberté et la beauté des choses empreignent chaque page, à travers les différents protagonistes qui jalonnent cette tranche de vie. On admire comment l’auteur a su faire évoluer les personnages que l’on suit pendant 25 ans, avec leur vie, leur personnalité et la fidélité à leur valeur et principes.
Ce livre, malgré toute la bienveillance qui transpire à chaque ligne, a pour trame principale la quête d’un tueur de jeunes filles à travers les Etats-Unis. Une sale affaire d’enlèvements, de disparitions non élucidées d’adolescentes, pour laquelle Patch et son amour d’enfance, Saint, vont consacrer la majorité de leur existence. Un sacrifice ? Une preuve d’amour ? Chacun y trouvera sa réponse.
Mais n’oubliez pas : « Aimer et être aimé, c’est plus que ce que l’on peut espérer de la vie. De quoi combler un millier d’existences ordinaires ».
20/08/2025 à 13:38 9
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Labyrinthes
7/10 Labyrinthes débute par dans un hôpital où une patiente y a été admise dans un état critique. Camille Nijinski, en charge de l'enquête, souhaite connaître l’identité de cette personne pour faire la lumière sur l’affaire. Retrouvée couverte de sang dans les bois à côté d’un cadavre, Camille ne possède aucun indice sur ce drame. De plus, la prévient le docteur Fibonacci, la victime ne pourra pas l’aider : elle a perdu tout souvenir de sa vie. Toutefois, le docteur Fibonacci informe Camille qu’elle a pu se confier à lui et lui a raconté son étrange histoire avant de tout oublier…
« Tout d'abord, mademoiselle Nijinski, vous devez savoir qu'il y a cinq protagonistes. Toutes des femmes. Écrivez, c'est important : "la kidnappée", "la journaliste", "la romancière", "la psychiatre"... Et concentrez-vous, parce que cette histoire est un vrai labyrinthe où tout s'entremêle. La cinquième personne sera d'ailleurs le fil dans ce dédale et, j'en suis sûr, apportera les réponses à toutes vos questions. »
Alors, on boit ces histoires de ces 4 femmes : Lysine, la journaliste, qui est victime d’une usurpation d’identité ; Véra Clétorne, la psychiatre, qui, souffrant d’hyper-électrosensibilité, s’est volontairement cloîtrée dans le hameau du bout du Croc, au fin fond des Vosges, isolée de toute onde. Elle y rencontrera Sophie Enrichz, une autrice, qui fut jadis sa patiente, mais dont elle ne garde aucun souvenir. Et Julie, qui se trouve kidnappée et enfermé par un étrange maniaque qui joue avec ses nerfs et aux échecs.
Labyrinthes m’a plus ennuyé que dérouté. Ces différents huis-clos ne sont pas propices à l’action, et ce troisième tome de la série manque de rythme. Le thème est avant tout psychologique (perte de la mémoire, force de celle-ci à construire sa propre vérité) expliquant la lenteur de l’histoire. En soi, ce n’est pas préjudiciable sauf quand l’auteur compense par des scènes d’horreur dispensables, peut-être pour déstabiliser le lecteur qui peut voir au fil des pages la sortie de ce labyrinthe.18/08/2025 à 12:09 3
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Tous des animaux
8/10 Polar choral, on sait dès les premières lignes, par la voix de Nicholas Pips, alias Nicky, qu’il a, avec Emmy Nailer et Peter Sachs, ses deux amis de lycée, tué et enterré Sammy Saint John. Fils du plus riche et influent homme d’affaire de la ville de Savage Ridge, Sammy passait pour le jeune le plus antipathique du lycée. Et c’est un euphémisme. Si la police ne sait pas qu’il a été tué, il ne fait aucun doute pour le magnat de la ville que son fils est mort. Il sait même que Nicky, Emmy et Peter sont les coupables. Il veut et somme les policiers et Barry Poplar, le chef, de les arrêter. Mais les trois amis ont un alibi en béton.
Dix ans plus tard, par un stratagème d’une enquêtrice privée, Sloane Yo, recrutée par le père Saint John et le frère de Sammy, Ellison, les trois amis se retrouvent de retour à Savage Ridge. Ce secret est désormais fragile, car si le remords gagne Emmy, Sloane Yo veut tout faire pour harceler les amis et ébranler leur amitié. Et Ellison qui souhaite montrer à son père mourant qu’il peut être un digne héritier Saint John veut aussi montrer sa force pour faire avouer Nicky, Emmy et Peter.
« On est à Savage Ridge, ma belle. Ici, on est tous des animaux ». Ces paroles d’un des protagonistes de cette affaire souligne à quel point le lecteur doit être prêt à découvrir leur motivation et le pacte scellé entre eux. Car tout est dévoilé, bien évidemment, à la fin, et le lecteur n’est pas au bout de ses surprises.
Une très agréable lecture, dont l’intrigue se dévoile au gré des aller-retours passé-présent avec des personnages aussi mystérieux qu’horribles, aussi antipathiques que torturés. Quand on sait qu’il s’agit du premier polar traduit de l’auteur qui en compte plus d’une vingtaine à ce jour, on n’a pas, je le pense, fini d’entendre parler et de lire Morgan Greene.14/08/2025 à 13:53 3
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Le Verdict
10/10 Je savais que si je voulais lire ce livre, il fallait me réserver du temps. Car pour avaler ses 800 pages (en version poche), étant peu adepte de faire traîner mes lectures sur plusieurs semaines, il me fallait avoir devant moi plusieurs jours de disponibilité. Or, rien de tel que les congés d’été. C’était avec un mélange d’appréhension et d’excitation que j’ai ouvert Le verdict et commencer ma lecture.
Et je dois avouer que j’ai été happé par cette histoire, subjugué par tant de maîtrise, dans la description des procédures judiciaires, dans l’avancée subtile de l’intrigue, dans le déroulement de l’enquête, dans la construction de la personnalité des personnages, dans cette conspiration déroutante… Et Nick Stone n’ennuie jamais le lecteur. Au contraire, il nous tient en haleine. On tourne les pages pour dévorer cette histoire.
Comme entrée en matière, dès les premières pages, les faits sont exposés : Vernon James, brillant mais controversé riche homme d’affaire (self-made man), reçoit le titre de l’homme étique de l’année. Vernon James est un séducteur et aime posséder les femmes. Et lors de cette soirée, pendant son discours de remerciement, il a remarqué dans le public, au premier rang, une femme, en robe verte, grande, blonde… le type de femme qu’il aime. Peu importe qu’il soit marié, le pouvoir lui permet tout. Alors que la soirée se termine, après avoir bu plusieurs verres, il retrouve enfin cette femme prénommée Fabia. Une fois dans la suite de l’hôtel, Fabia se refuse à lui. Les bousculades se terminent en coups, les coups en casse du mobilier. Fabia part laissant Vernon seul en colère, frustré… Le lendemain matin, après s’être affalé sur le canapé, Vernon se réveille, quitte l’hôtel et part à son bureau. Mais le personnel de chambre découvre le corps sans vie d’une femme dans la chambre de Vernon. Les policiers viennent l’arrêter pour meurtre… Vernon James clame son innocence et sollicite le célèbre cabinet KRP pour le représenter et le défendre. Car tout accuse Vernon James…
Dans le cabinet KRP, Terry Flint est greffier. Au statut précaire, il aspire à être retenu pour obtenir de son employeur une bourse lui permettant d’aller à l’école d’avocat. Mais Terry est âgé et en concurrence avec une de ses collègues, une requin et au talent ravageur. Alors quand il se voit confier l’affaire VJ (Vernon James), il tait volontairement qu’il connaît bien le client : les deux étaient amis d’enfance, jusqu’à l’Université de Cambridge. Mais une sombre histoire de vol dont Vernon a accusé Terry a mis un terme définitif à cette longue amitié. Terry voit même une envie de vengeance.
On découvre ainsi dans des aller-retours l’histoire de cette amitié déchue, les personnalités complexes de Terry et de Vernon, et bien évidemment cette affaire, dont on n’arrive pas à savoir qui dit vrai. On est tiraillé par des nouveaux faits incessants qui viennent contredire et mettre à mal les propos de VJ, et son innocence.
Nick Stone déploie avec talent et malice une affaire dont les rebondissements sont multiples : on pourrait facilement une série tirée de cette histoire, avec plein de cliffhanger à chaque fin de chapitre, des histoires dans l’histoire, des personnages secondaires qui prennent une place essentielle (le détective privé, par exemple), de l’amour, de l’action,… C’est peu dire que j’ai été conquis par cette lecture. Un livre que je ne suis pas près d’oublier et dont je vais fortement conseiller la lecture.13/08/2025 à 11:30 8
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Loch noir
8/10 Quand j’ai appris que Peter May allait donner une suite à sa fameuse Trilogie écossaise, « redonner vie » à son héro Fin Macleod, mon sang n’a fait qu’un tour. Il faut dire que j’avais adoré les trois tomes qui, outre des enquêtes subtiles, avaient montré une Ecosse à la nature sauvage, aussi attrayante qu’effroyable, aussi mystérieuse que sublime. L’auteur aime son Ecosse et sait le retranscrire dans ses romans et notamment avec un talent indéniable dans cette Trilogie. Car, il faut savoir que l’Ecossais avait délaissé la Chine pour mettre en lumière sa terre natale, l’Ile de Lewis, dans cette série. Une belle découverte pour le lecteur.
Mais, il aura fallu 15 ans pour que Peter May remette en toile de fond de ses livres la richesse et la beauté sauvage de l’Ile de Lewis. 15 ans, c’est une durée qui nous aurait fait oublier les détails des 3 tomes de la série. Mais cela n’affecte en rien la lecture de ce Loch noir. C’est donc avec empressement que j’ai ouvert ce livre et commencé cette histoire. Mais est-ce que j’attendais trop de cette suite, ou bien Peter May est en baisse d’inspiration, j’ai trouvé ce Loch noir fade par rapport aux précédents livres.
Pourtant tout démarrait sur les chapeaux de roue, et, la tension et le suspense se présentaient à merveille. Fionnlagh, le fils de Fin Macleod et de Marsaili, est accusé du meurtre de Caitlin Black. Lui devenu professeur avait une liaison extra-conjugale avec cette jeune de 12 ans sa cadette. C’est l’effroi pour Fin et Marsaili, qui décident de quitter Glasgow pour aller sur place, sur l’Ile de Lewis.
Fin, ayant quitté la police, souhaite, face au mutisme de son fils, faire la lumière sur cette affaire. A cette occasion, il rencontrera différentes personnes de sa jeunesse. Par flashback, on découvre l’histoire passée de Fin et de Marsaili. Si cela est intéressant, cela nuit à l’enquête qui ainsi semble mise en parenthèse jusqu’au dernier quart du livre. Toutefois, j’aurais appris les dérives écologiques de l’élevage industriel du saumon écossais ainsi que l’échouage malheureux des baleines sur les plages de l’île.
Mais est-ce que j’attendais trop de cette suite, ou bien Peter May est en baisse d’inspiration ? Je dirais plutôt que l’effet de surprise du talent de l’auteur et de la beauté de l’Ile de Lewis ne jouent plus et que le lecteur amateur de l’œuvre de l’Ecossais voulait pour ce retour fracassant, un livre exceptionnel. Je n’aurais eu "qu’un" très bon livre.12/08/2025 à 11:20 5
