Fredo

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  • L'Outsider

    Stephen King

    8/10 « Je crois qu'il y a dans ma tête des dizaines de pensées alignées en file indienne derrière chaque pensée consciente. »

    Voici une belle phrase prononcée par un des personnage du livre. J'aime bien extirper ce genre de propos d'un livre qui me permet d'évoquer divers processus d'écriture et de lecture.

    Ici, cette phrase synthétise parfaitement bien les pensées de l'auteur, de son personnage et aussi celles de son lecteur. Une belle mise en abime qui permet de jouer avec cette notion d'idées que l'on assimile, que notre cerveau traite puis classifie à sa manière et que notre inconscient va se mettre à faire mijoter. Et pour nous faire mijoter, Stephen King sait y faire.

    100 premières pages où l'on se dit que l'intrigue a du mal à s'emballer.
    100 pages de plus pour se prendre une grosse claque dans la tête.
    130 pages encore, et l'Outsider prend son sens.

    L'équation de départ est simple : un meurtre atroce, des preuves irréfutables qui désignent un coupable, l'empathique Terry Maitland. Et ce dernier présente un alibi lui aussi irréfutable.

    Pas la première fois que Stephen King met en scène une équation de ce genre. J'ai immédiatement pensé à la Ligne Verte et à John Caffey, accusé d'un double meurtre dont on sait très vite en tant que lecteur qu'il n'a pas pu le commettre.

    Ralph Anderson, l'enquêteur qui se penche sur cette affaire en incarnant les doutes, la colère et les certitudes des lecteurs.

    « Je crois qu'il y a dans ma tête des dizaines de pensées alignées en file indienne derrière chaque pensée consciente. »

    Ces pensées alignées, Stephen King les incarne dans ses pages en nous plongeant dans le processus de réflexion de son enquêteur. Elles prennent également la forme d'un puzzle, comme le suggère un des personnages. De multiples narrateurs prennent successivement les rênes de l'intrigue pour amener une pièce manquante l'une après l'autre.

    En se rassemblant, ils découvrent l'ampleur du mystère auquel ils sont confrontés. Une structure narrative classique mais entre les mains de Stephen King, celle-ci fait des merveilles.
    Le Ka est mentionné une fois dans le livre, et c'est seulement à ce moment là que j'ai compris que ce groupe de personnes qui part en chasse de cet Outsider forme en fait un autre Ka-tet (que celui formé dans la saga de la Tour Sombre).

    Dans l'Outsider, on y retrouve Holly Gibney, un personnage qui a fait son apparition dans la trilogie Bill Hodges regroupant Mr Mercedes, Carnets Noirs, et Fin de ronde. J'ai pensé au personnage d'Elsbeth Tascioni dans The Good Wife incarné par Carrie Preston.

    Je n'ai pas lu cette dernière trilogie, alors qu'elle est dans ma bibliothèque depuis un bail. Je vais m'y mettre dans les semaines qui viennent.

    Je reste sceptique sur la manière dont Stephen King conclut la partie "judiciaire" de son histoire mais pour le reste, c'est toujours un régal.

    L'Outsider de Stephen King est traduit par Jean Esch pour les éditions Albin Michel.

    Frédéric Fontès, www.4decouv.com

    30/01/2019 à 22:38 9

  • Guillotine sèche

    René Belbenoît

    9/10 Voici ce que j'en disais en 2012 :

    Si je devais nommer mon livre de chevet, il s'agirait de Papillon d'Henri Charrière. Alors quand les éditions de la Manufacture de livres se proposent de sortir une nouvelle édition de ces Compagnons de la belle de René Belbenoit, dont la première version date de 1938, je ne peux que me ruer dessus.
    Lire Guillotine sèche est l'occasion pour moi de retourner aux sources du récit de Charrière.

    Avant de poursuivre, je vais faire un petite point sur la polémique Papillon.

    Condamné au bagne en 1931, Henri Charrière va publier le récit de son calvaire dans le livre Papillon et sa suite Banco, romans respectivement publiés en 1969 et 1972 aux éditions Robert Laffont. Le roman sera adapté au cinéma en 1973. On parle de polémique puisqu'il est reproché à l'auteur de ne pas avoir vécu l'intégralité des récits qu'ils racontent dans ses livres mais de s'être inspiré de ceux de Charles Brunier et... René Belbenoit.

    Du coup, avec Guillotine sèche, j'ai eu l'occasion de replonger dans la fascinante aventure que sera la quête de liberté de René Belbenoit, qui enchainera de multiples tentatives d’évasions avant de parvenir à ses fins. Et encore. Quand le livre s'arrête, les soucis du français ne sont pas terminés : quelques années après son arrivée aux USA, il sera expulsé et de nouveau condamné à de la prison pour immigration clandestine. Après moult péripéties, il lui faudra patienter cinq années de plus avant de pouvoir être officiellement autorisé à devenir résidant permanent sur le sol américains.

    René Belbenoit n'a pas la verve d'Henri Charrière mais son récit à le mérite d'être particulièrement précis. C'est une véritable autopsie d'un condamné. Une véritable damnation en fait. Quand le bagnard a accompli sa peine, il est libéré. Mais il n'est pas autorisé à regagner sa patrie. On lui interdit de quitter la Guyane et (si je ne me trompe pas) d'obtenir un travail. Un comble !

    Avant de se faire la malle une bonne fois pour toute, René Belbenoit va devenir l'archiviste du Gouverneur Siadous, qui gère la Guyane française de 1929 à 1931. Belbenoit va en profiter pour mettre la main sur un certain nombre de documents, qui vont l'aider à dénoncer les terribles injustices qui règnent au bagne. Il lui faudra entreprendre un voyage de deux ans pour quitter à pieds la Guyane et rejoindre les USA, avec ses archives sous le bras.
    Même si le récit est plus académique et moins lyrique que les romans d'Henri Charrière, il n'en demeure pas une lecture indispensable.

    En 2010, Stéphane Hessel nous a invité à nous indigner.
    En 1938, René Belbenoit nous avait déjà montrer le chemin, suivit quelques décennies plus tard par Henri Charrière. Ces deux hommes se sont battus, avec les moyens du bord, pour changer leur condition de vie particulièrement précaire. Avec une volonté extra-ordinaire, ils ont déjoué le destin tout tracé auquel on les avait condamné. Guillotine sèche, Papillon et Banco sont leurs histoires. Lisez-les !

    En ce qui me concerne, il me reste encore à découvrir le récit de Slavomir Rawicz, À marche forcée, autre histoire de survie en milieu particulièrement hostile, qui est déjà dans la pile depuis quelques années.

    14/01/2019 à 23:26 3

  • La Saison du Suicide

    Lora Allansdóttir

    8/10 En 55 pages, Lora Allansdóttir construit un récit à la fois viscéral et envoutant. Le suicide est un sujet délicat a traiter et l'auteure l'aborde avec justesse et simplicité. Sans jamais sombrer dans la surenchère ou le cliché.
    Le côté envoutant prend la forme d'un mystérieux immeuble (on pense à celui de Rec).
    Troublante lecture et une romancière dont je vais suivre le travail avec attention.

    15/12/2018 à 14:39 6

  • Malédiction

    Benedict Jacka

    8/10 Malédiction est le tome 2 de la série Alex Verus signée Benedict Jacka et traduit par Benjamin Kuntzer pour les éditions Anne Carrière.

    Après avoir dévoré le premier opus, Destinée, il m'aura fallut un peu plus de temps pour lire cette suite.

    Autant le premier était lumineux, percutant et d'une redoutable fluidité, autant Malédiction rompt le rythme imposé en nous présentant le versant sombre de cet univers.

    Cette fois, Benedict Jacka creuse la psychologie de ses personnages et impose à son héros de prendre son temps pour atteindre son objectif.

    Un opus viscéral, qui fait douter à la fois son héros et son lecteur. Le rythme peut paraitre surprenant au début mais au final, on comprend que cette nouvelle histoire peut être considérée comme un moyen d'en apprendre plus via un nouvel œil sur le monde d'Alex Verus.

    Malédiction surprend par son côté oppressant et lent, mais c'est finalement un cadeau que nous offre Benedict Jacka dès la seconde partie de sa série : en abordant ainsi cette suite, il permet aux lecteurs d'approcher au plus près les personnages. Il crée une empathie scellant définitivement un pacte initié auparavant avec eux.

    Un tome qui reste encore pesant après avoir tourner la dernière page. J'ai hâte de pouvoir me lancer dans la lecture du troisième tome, Persécution, au moment où le tome 4 vient d'être annoncé par les éditions Anne Carrière : Les Élus, traduit par Marie de Prémonville, sera publié le 8 février 2019.

    09/12/2018 à 18:55 4

  • 13

    Steve Cavanagh

    7/10 Un excellent opus, captivant de bout en bout. Cavanagh joue parfaitement bien avec nos nerfs et surpassent l'un de ses maitres, Jeffery Deaver, le patron des mis-directions.
    Ma déception vient du fait que Bragelonne a traduit le tome 4 de la série et pas le tome 3. Ce qui explique que la situation familiale du héros n'est pas forcément raccord avec le tome précédent. J'ai horreur quand un éditeur flingue une série en jouant avec l'ordre de publication...

    18/11/2018 à 16:29 8

  • T comme Tombeau

    Lincoln Child, Douglas Preston

    5/10 Un dernier opus (?) qui n'est pas à la hauteur des précédents mais parfaitement raccord avec les premiers. Eli Glinn qui était l'un des personnages les plus intéressants est quasiment abandonné, et ce ne sont pas les pérégrinations de Gideon qui sauvent la mise. Une grosse déception en ce qui me concerne. Beaucoup de questions posées dans cet opus restent sans réponses. Dommage.

    18/11/2018 à 16:25 6

  • Power

    Michaël Mention

    10/10 C'est durant une discussion avec l'ami David Smadja consacrée aux comic books, que j'ai finalement su comment j'allais évoquer ce nouveau roman de Michael Mention, Power.

    Avec David, donc, je lui expliquais pourquoi je continuais à lire des comic books : pour retrouver les sensations de lecture que j'ai ressenti à la lecture du tout premier. Cette euphorie et cette fascination qui m'ont embarqué, une fois que j'ai jeté un œil dans ce nouvel univers qui s'offrait à moi.

    Avec ce dixième roman de Michael Mention, j'ai eu exactement la même impression : comme si j'ouvrais un livre pour la première fois, et que je prenais ma première grosse claque.

    Voilà, pour faire simple, Power m'a donné l'impression de revivre mon premier dépucelage littéraire.

    Cela fait quelques années que je lis les romans de Michael Mention, et à chaque fois il m'épate. Avec le talent qu'on lui connait, il parvient une nouvelle fois à repousser le cadre du roman pour offrir à ses lectrices et lecteurs une nouvelle expérience de lecture. Toujours ce rythme, cette cadence, cette musicalité et cette narration qui donnent à son écriture une dimension unique et si particulière.

    Le pouvoir de Michael Mention vous explose à la figure de la première à la dernière page.

    Pas une surprise en soit, tant le bonhomme a de l'or au bout des doigts. La surprise en ce qui me concerne vient du fait que le roman ne soit pas plus plébiscité que ça dans les médias ou par les prix littéraires.

    Power est un livre inclassable, écrit par un auteur inclassable et par une maison d'édition qui se veut de proposer des romans comme tel.

    L'occasion pour moi de dire un grand merci à Michael Mention : à 42 ans, c'est ce roman qui m'a fait redécouvrir le pied que j'ai pris gamin à la lecture de ma première claque littéraire.

    23/09/2018 à 11:44 13

  • Destinée

    Benedict Jacka

    9/10 La série de Benedict Jacka consacrée à son héros magicien Alex Verus débarque en France aux éditions Anne Carrière.

    Le premier opus, traduit par Marie de Prémonville, Destinée, est disponible depuis le 1er juin. Ainsi que le tome 2, Malédiction, traduit par Benjamin Kuntzer. Le tome 3, Persécution est attendu pour le 14 septembre prochain. Il sera traduit par Cyrielle Ayakatsikas. Marie de Prémonville officiant sur ces deux derniers titres en tant que superviseuse de l'équipe de traduction.

    Les éditions Anne Carrière poursuivent, après la Fin des Mystères de Scarlett Thomas récemment réédité, et surtout Le Project Starpoint de Marie-Lorna Vaconsin chez La Belle Collère ainsi que
    La fille qui avait bu la lune de Kelly Barnhill, leur exploration des mondes de la magie et du fantastique.
    Si vous ne connaissez pas encore ces trois romans, je peux déjà vous conseiller vivement de les lire.

    Poursuite donc de cette exploration avec cette série de roman écrite par Benedict Jacka et consacrée à son héros, Alex Verus. Je viens de tourner la dernière page de ce premier tome et je me suis régalé.
    Les personnages sont attachants, le héros charismatique, l'histoire ne connait pas de temps morts et l'univers proposé par l'auteur est particulièrement riche.

    Univers qui n'est pas sans rappeler celui des Dossiers Dresden de Jim Butcher (publication abandonnée par les éditions Bragelonne après 5 tomes mais une intégrale va paraitre dans leur collection 10 ans, croisons les doigts pour que cela entraine la traduction du tome 6 et de la suite toujours inédite en France).

    Comme Butcher, Jacka donne corps à un personnage en bas de l'échelle social qui utilise la magie dans le cadre d'une profession de vendeur d'articles pour magiciens amateurs. Il ouvre à ses lecteurs novices en la matière un univers fait d'enchantements et d'incantations à bien connaitre si l'on veut survivre. Et surtout un "bestiaire" fantastique fascinant.

    Alex Verus est irrésistible et il est difficile de ne pas s'attacher à lui après la lecture de ce premier tome. Une chance que le tome 2 soit déjà disponible et que le 3 suive en septembre.

    Pour celles et ceux qui suivent les traductions de Marie de Prémonville, ils et elles seront particulièrement sensibles à l'apparition dans le lexique de la série du terme "pistoléro" et l'évocation d'un "Dieu me déteste" par l'un des personnages. Une manière de lier l'esprit de ces romans et ceux cités plus haut dans une longue lignée d'histoires à l'aura et à la sensibilité à part.

    Si j'étais devin comme Alex Verus, j'évoquerais les nombreuses possibilités qui s'offrent à vous avec la lecture de ce premier tome...

    Maintenant, un choix s'offre à vous.

    09/06/2018 à 16:53 2

  • La Voie du Talion

    Alexandra Coin, Erik Kwapinski

    7/10 Ce premier roman démontre le plein potentiel de l'écriture à quatre mains formée par Alexandra Coin et Erik Kwapinski.
    J'y ai trouvé quelques facilités et je pense qu'il manque des indications temporelles plus précises en tête de chapitre.
    Mais les perso sont attachants et gardent une part de mystère. L'intrigue a de l'ampleur et les 227 pages ne laissent place à aucun temps morts.
    Du coup, je suis curieux de voir ce que les auteurs vont nous proposer avec leur nouveau roman qui vient de paraitre aux éditions Lucien Souny, Kiaï.

    07/06/2018 à 13:23 2

  • La Nuit de l'ogre

    Patrick Bauwen

    8/10 La Nuit de l'ogre est le sixième roman de Patrick Bauwen publié le 2 mai dernier aux éditions Albin Michel. On y retrouve Chris Kovak, héros de son précédent livre Le Jour du chien.

    Patrick Bauwen est joueur et du coup, il en profite pour balader son lecteur. Impossible d'anticiper quoique ce soit dans ce "whodunit" endiablé" !

    Cette nuit que vous allez passer avec l'ogre vous réserve son lot de surprises. Les seuls bémol que j'émettrais à ce sujet c'est qu'il y en a peu être une de trop... Et je bug sur le chapitre 65 et ses pages 407 et 408.

    Gamin, j'aimais bien regarder le dessin animé Scooby Doo des studios Hanna-Barbera. Avec à chaque final d'épisode le vilain qui était littéralement démasqué par l'équipe de la série. J'ai toujours aimé les romans avec un vilain à l'identité secrète dont on découvrait qu'il était sous notre nez depuis le début du livre ou de la série. Je pense par exemple à James Patterson avec les premiers romans de sa série consacrée à Alex Cross, du temps où il écrivait encore lui-même ses bouquins...

    Ici Patrick Bauwen s'en donne à cœur joie. Le Chien est de retour et il voit d'un mauvais œil cet Ogre qui vient interagir avec son cheptel... Depuis ses précédents livres, on savait l'auteur particulièrement attentif au fait de surprendre ses lecteurs. Avec cette seconde partie de son diptyque, il prend un évident plaisir à développer ses personnages secondaires, et ainsi emmener ses lecteurs dans des directions complètement inattendu.

    Vous allez cogiter, faire des suppositions, tourner les pages, lire un chapitre de plus et dévorer le livre. Parce qu'en fait l'ogre de l'histoire, c'est vous !

    07/06/2018 à 11:50 8

  • Le Manuscrit inachevé

    Franck Thilliez

    9/10 Avec ce Manuscrit Inachevé, Franck Thilliez améliore un peu plus son art de romagicien, en nous proposant un thriller à la mécanique implacable. Franck Thilliez s'amuse avec ses lecteurs et en jouant avec les niveaux de lecture. Dans le parfait prolongement de la Mémoire Fantôme, l'Anneau de Moebius, Vertige, ou plus récemment Puzzle et Rêver, le prestidigitateur du thriller français vous convie à son nouveau numéro, avec un final particulièrement haletant qui va vous laisser d'abord dans le noir complet. Il ne tiendra qu'à vous de trouver la lumière...

    13/05/2018 à 13:19 7

  • Tout le monde aime Bruce Willis

    Dominique Maisons

    8/10 Pour son précédent roman, On se souvient du nom des assassins, je disais "qu'il marque le moment où l'on prend conscience que Dominique Maisons est capable d'écrire dans n'importe quel genre et univers qu'il aura choisi, et de parvenir à coup sûr à régaler son lecteur."

    Pour ce cinquième livre Tout le monde aime Bruce Willis, il le démontre une nouvelle fois.

    Je suis épaté par la capacité de l'auteur à se lancer dans l'aventure d'un roman qui n'a absolument rien à voir avec le précédent. Ce n'est pas que cela m'aurait dérangé. Tant que le plaisir de lecture est là. Dans le cas de Dominique Maisons, il place la barre encore un peu plus haut en choisissant de ne pas s'appuyer sur un de ses romans existants pour créer le nouveau.

    Dominique Maisons démontre son savoir faire pour surprendre ses lecteurs et embarquer ses personnages dans des directions complètement imprévisibles...
    En découvrant le personnage de Gordon qui fait office de "protecteur" de l’héroïne Rose Century, impossible de ne pas penser au Myron Bolitar d'Harlan Coben et au Ray Donovan de la série tv. Le personnage est charismatique, on se dit même que le romancier aurait pu en faire le héros d'un roman à part entière.

    J'ai aussi pensé à un autre roman qui se penche sur les mystères et les légendes d'Hollywood, l'excellent premier roman d'Olivier Bonnard, Vilaine Fille, dont je conseille évidemment la lecture.

    Bref, je me suis complètement fait surprendre par la direction prise par l'auteur. Dominique Maisons nous propose sur papier ce qui ferait un excellent blockbuster au cinéma.

    En 2017, on disait : On se souviendra du nom d'un putain de romancier.
    En 2018, ça sera : Tout le monde aime Dominique Maisons.

    01/05/2018 à 21:50 13

  • Sang de lune

    Lincoln Child

    9/10 Sang de lune est la cinquième aventure du Docteur Jeremy Logan écrite par Lincoln Child et traduite en français par Fabienne Gondrand pour les éditions Pygmalion.

    Elle fait suite à Deep Storm, La Troisième Porte, Projet Sin et la Bête d'Alaska.

    J'ai dévoré les 335 pages de ce roman en seulement deux jours. J'ai retrouvé dans ce nouvel opus ce qui m'avait passionné dans les précédents : le héros se retrouve confronté à un évènement extra-ordinaire, qu'il peut expliquer et justifier par les connaissances et techniques scientifiques actuelles.

    Pas un hasard si en mai 2017, je disais, à la lecture de Sharko de Franck Thilliez qu'il était "à la croisée de la série tv The Shield, des Rivières Pourpres de Jean Christophe Grangé et des romans de Preston & Child, Franck Thilliez construit une intrigue extrêmement élaborée."

    Comme la fait Franck Thilliez avec un autre amateur de sang, Lincoln Child s'attaque à l'une des grandes figures des créatures de légendes : le loup-garous.

    Il soigne parfaitement bien les seconds rôles, enrichissant du coup un environnement autours du héros qui se voulait être calme et solitaire.

    Sang de lune est d'une parfaite efficacité et évite la déception ressentie à la lecture d'un précédent opus des enquêtes de Pendergast, Tempête blanche, qui semblait promettre le retour de créatures étranges dans la série alors que non...

    Vivement le prochain !

    30/04/2018 à 11:09 7

  • Sauf

    Hervé Commère

    9/10 C'est avec un immense plaisir que j'ai dévoré les pages du nouveau roman d'Hervé Commère. Plaisir décuplé en retrouvant au fil des pages cette construction de l'intrigue qui est devenu sa marque de fabrique et qui avait trouvé naissance avec J'attraperai ta mort et les Ronds dans l'eau. D'ailleurs cette signature, c'est avec l'image des Ronds dans l'eau que l'on peut le mieux lui donner une forme. Alors oui, ses personnages vivent des histoires hors du commun mais il transpire d'eux un amour comme on en croise rarement dans les livres du genre. Même les seconds rôles portent en eux ce petit truc poétique, à la fois mélancolique et optimiste, qui ne peuvent laisser les lecteurs insensibles. L'image du rond dans l'eau est ce qui définit parfaitement bien les histoires de Commère : mathématique, irrémédiable et simplicité. Je n'ai pas lu ses deux précédents romans mais il faut que je rattrape ça, un peu comme je viens de me faire rattraper par un de ces fameux ronds dans l'eau. Merci Hervé Commère.

    19/04/2018 à 20:07 10

  • Nuit sans fin

    Lincoln Child, Douglas Preston

    7/10 Toujours un plaisir de retrouver Pendergast mais je ne placerai pas ce nouvel opus dans mon top 10 de mes préférés. Le duel final tire en longueurs et comme avec d'autres opus de la série, c'est vraiment l'épilogue qui offre aux lecteurs le cadeau de ce voyage. Nuit sans fin place sur le devant de la scène d'autres seconds rôles de la série, et met en scène peut-être pour la dernière un Pendergast incomplet. On a enfin hâte de le voir revenir à ses grandes heures !
    Si vous souhaitez vous replonger dans ce thème des 1%, je vous invite à lire la BD de Kaare Andrews, Renato Jones, dont la première saison est disponible en français chez Akileos.

    08/04/2018 à 15:27 7

  • Le Mal en soi

    Antonio Lanzetta

    6/10 J'ai pris plaisir à passer quelques jours avec les personnages d'Antonio Lanzetta. Même si l'intrigue n'est franchement pas original, il met en scène une galerie d'individus aux personnalités diverses et variées.
    Je ne pense pas que l'on soit en présence d'un "Stephen King italien" sous prétexte que son intrigue prend ses racines dans la jeunesse du héros, Damiano. Il faut reconnaitre que comparer un jeune auteur à Stephen King est toujours assez casse-gueule. Dès qu'un livre rappel sa nouvelle le Corps/Stand By Me, on se retrouve avec ce genre de comparaisons. Heureusement, je n'y suis pas sensible.
    Dans le même genre, je vous invite également à lire le roman Un Souffle, Une Ombre, de Christian Carayon, qui met en scène un personnage également hanté par son passé.
    Mais l'histoire de cette bande d'ado est touchante.
    La bascule d'une époque à l'autre fonctionne relativement bien, Antonio Lanzetta allant jusqu'à proposer aux lecteurs un héros différent, donc un point de vue différent pour les deux périodes : Damiano de nos jours et Flavio pour le passé.
    Si on retrouve Damiano dans les deux narrations, j'ai été frustré que ce ne soit pas le cas pour Flavio.
    Reste qu'Antonio Lanzetta sait parfaitement poser une ambiance, accrocher l'attention de ses lecteurs sans jamais l'abandonné en cours de route.
    Le mal en soi est un roman maitrisé, même si l'auteur a fait le choix de mettre en lumière certains évènements et que d'autres restent dans l'ombre.
    Antonio Lanzetta est un auteur à suivre, ce Mal en soi en est la parfaite preuve.

    29/03/2018 à 15:21 5

  • Mange tes morts

    Jack Heath

    8/10 Qu'est-ce qui ne se mange pas mais se dévore, peut se feuilleter et avoir une belle tranche, et dont le contenu se tourne mais sans jamais bouger ?
    Mange tes morts est un thriller addictif. Quand vous vous réveillez en pleine nuit et qu'il vous prend l'idée d'en relire quelques pages, c'est que vous êtes sacrément dans la panade...
    En lisant la présentation de l'éditeur, j'ai pensé à la BD Chew qui met en scène le détective Tony Chu. Mais en dévorant le roman de Jack Heath, j'ai surtout penser à une autre série de l'éditeur Image Comics et publiée en France chez Glénat Comics, Nailbiter. Pour ne pas spoiler le livre, je vous laisse chercher sur le net les pitchs de ces deux bd, si vous ne les connaissez pas...
    Dans la filiation de personnages cultes de thrillers tels que Dexter Morgan et Hannibal Lecter, Jack Heath donne lui aussi naissance à un anti-héros à la fois fascinant et redoutable.
    Pas commun comme profil mais dans le cadre de cette histoire, on se surprend à plusieurs reprises à éprouver de l'attachement pour ce personnage un peu paumé, pour qui il est impossible de résister à ses pulsions "hors normes". Comme le Dexter de Jeff Lindsay, il trouve le moyen de les canaliser et surtout, de les "monnayer".
    Outre le mystère qui entoure cette enquête de Timothy, j'ai trouvé original l'idée d'insérer des énigmes après chaque chapitre. Étant donné que résoudre des énigmes est l'activité principale qui permet au héros de gagner sa vie (à ne pas confondre avec celle qui lui permet de manger !), c'est original de mettre à contribution le lecteur, avec les réponses à la fin du livre.
    Bref, pour un premier thriller, c'est un sacré challenge que relève Jack Heath avec ce Mange tes morts à la fois jouissif et imprévisible.

    Maintenant, on sa se ronger les ongles en attendant la suite...

    21/03/2018 à 20:50 8

  • Passager 23

    Sebastian Fitzek

    8/10 Sebastian Fitzek est à la fois fou et génial. Et son nouveau roman, Passager 23, en est le parfait exemple.
    Son intrigue à tiroir repousse encore une fois les limites du genre. Et peut-être trop même à l'image de cette conclusion très très tarabiscoté, avec une tonne d'infos extravagantes qui en gêne un peu la compréhension.
    Folie et génie. Folie parce qu'il ose beaucoup de choses. Et génie parce que c'est bourré de très bonnes idées.
    Fou fou fou !

    21/03/2018 à 20:42 10

  • Le Golem de Londres

    Peter Ackroyd

    4/10 J'ai lu le début et j'ai du vite renoncer à poursuivre ma lecture. Digressions excessives et changement de narrateur pour un même personnage m'ont condamné à abandonner sa lecture. J'ai vu le film, pour me faire cueillir par cette fin que l'on sent quand même venir.
    Donc à voir plutôt qu'à lire.

    20/03/2018 à 11:41 3

  • Normal

    Warren Ellis

    7/10 Disponible depuis le 8 février dernier, ce troisième roman de Warren Ellis est traduit par Laurent Queyssi, pour les éditions Au Diable Vauvert.
    Après Artères Souterraines et Gun Machine, Normal est l'occasion pour Warren Ellis de revenir sur certains de ses thèmes fétiches : le futur, la technologie, la paranoïa, la ville.
    Situer un roman dans un hôpital psychiatrique où la paranoïa est légion, on peut dire que c'est une idée casse-gueule. Mais entre les mains de Warren Ellis, cela devient génial. Ou dément. Cela dépend de quelle côté de la frontière vous vous tenez.
    Parce que le sujet de fond de Normal, c'est bien la frontière. Frontière de la normalité, de la réalité, de la santé mentale, du privé.
    L'internement du héros est l'occasion pour lui de commencer une véritable enquête. Si vous avez aimé Version Officielle de James Renner, vous aurez le plaisir de (re)plonger dans l'univers des théories du complot.
    C'est vraiment une lecture que je conseille aux fans de Warren Ellis. Et pour celles et ceux qui ne connaissent ni le scénariste et ni le romancier, c'est une des clés de son univers particulier.

    20/03/2018 à 11:37 6