Dany33

535 votes

  • De mort lente

    Michaël Mention

    10/10 Nouveau roman et hop, nouvel univers.
    La part d’exotisme est assurée en visitant la « commission européenne » à Bruxelles. Un monde éloigné de notre quotidien dont il a pourtant pour mission de se préoccuper, une toute autre dimension que celles de la vie de Marie, Nabil et de leur fils Léo.
    Surprise ? Vous avez dit surprise ? C’est peu de le dire !
    Au cours de la lecture de ce roman de Michaël Mention, les personnages s’installent doucement, ils sont nos potes, nos voisins, nos collègues et nous adhérons progressivement à leurs quêtes, avec leurs idéaux et leurs angoisses. Un récit chronologique qui se déroule sur une dizaine d’années (2010-2020), riche en événements politiques, qui a vu Daech et ses attentats, la guerre en Libye, trois Présidents de la République en France et tant d’autres choses que nous évoque l’auteur au cours de ces 415 pages.
    Nous adhérons bien sûr à la cause de Marie et Nabil, à l’angoisse révélée par le scandale sanitaire des agents chimiques qui envahissent de façon intrusive nos quotidiens. Le couple trouvera un allié avec Franck, journaliste au Monde ce qui procure à l’auteur l’occasion de montrer comment l’argent de la publicité influe sur la ligne éditoriale de la presse car même la plus vertueuse à l’origine, peut cacher la finance.

    Oui Michaël Mention est un formidable lanceur d’alerte, puisque nous sommes tous concernés par ce sujet. Comment les entreprises prennent-elles le pas sur la santé, comment la finance dirige-t-elle le monde, comment l’empoisonnement de l’humanité peut-il se faire en toute impunité ?
    C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer mais même les élites sont le pot de terre de quelqu’un !
    En cocoonant dans notre confort quotidien, on peut se croire très loin des enjeux financiers de cette société de consommation alors qu’en fait on y est immergés (nos meubles, notre nourriture, nos vêtements, …)
    Le talent de Michaël Mention fait que le doute s’immisce dans notre esprit, tant nous sommes étrangers à cette planète des « experts » (quoique l’actualité récente les ait mis avec outrance, en lumière). Que dire de la lutte entre l’intérêt public confronté à l’intérêt privé ? Que dire quand l’intégrité des justes et de leur famille est menacée … jusqu’où serions-nous prêts à aller pour défendre nos idéaux au risque de mettre en péril nos proches ? Et cependant, la parano ambiante milite aujourd’hui pour alimenter la théorie du complot …

    J’arrête ici la liste de mes questionnements, je suis totalement sous le choc de ce bouquin qui confirme si toutes fois il en était besoin, la capacité de son auteur à traiter des grands problèmes de notre société en « se cachant » derrière une intrigue bien menée. Vous l’avez compris, De mort lente est un incontournable de ce début 2020 même si hélas, vu sa date de naissance, il n’a pu bénéficier de la promotion qu’il méritait …

    Au fait les auteurs, on adore quand vous vous faites des clins d’œil dans vos livres …Grossir le ciel est un très bon bouquin aussi et que dire du policier hybride Yvan Smadja !

    05/06/2020 à 21:16 9

  • Défaillance

    Anders De La Motte

    7/10 Un roman Suédois, atypique, mais qui ravira les adeptes de polars nordiques. Une intrigue, très complexe mais bien structurée, nous emmène à la suite de David, victime d’un AVC ou d’une tentative de meurtre ? Les gangs, le ministère de la justice, le frère d’une victime, les divers corps de la police, tous ne se posent qu’une question : qui est Janus ? Toutes les hypothèses sont évoquées : indic, balance, meurtrier, flic, infiltré, protégé ?
    David n’est pas une copie de Jason Bourne, il le dit lui-même. Rien à voir non plus avec le Janus de Laurent Scalese, sauf le double visage du personnage. La mémoire en miettes de David est-elle un alibi ou un handicap ? Il sait qu’il a franchi les limites autorisées par l’éthique et les procédures. Les souvenirs lui reviennent progressivement au cours de ce roman mené tambour battant et éclairent le lecteur. Pour se faire un jugement « définitif » il lui faudra cependant attendre le dernier chapitre.
    Une découverte pour ma part qui ne connaissait pas cet auteur dont c’est le quatrième roman, j’ai aimé !

    11/12/2016 à 14:28 2

  • Délivrance

    Jussi Adler-Olsen

    8/10 Un polar nordique. Alors que la biographie de l’auteur annonce qu’il en est à son quatrième, j’ai commencé par celui-ci qui est le troisième de la dynastie et qui affiche 1047 pages en numérique.
    Un trio d’enquêteurs haut en couleur : un chef cassé par une bavure, un arabe peu loquace sur son passé et une schizophrène se mettent en mouvement sur « un cold case » parce qu’il ressemble au cas qu’ils sont justement en train d’étudier. Sur fond de maltraitance des enfants et de sectes, le rythme rapide de ce roman bien documenté sur les divers rituels, m’a convaincue de lire les autres romans de cet auteur … mais dans quel ordre ? Ceci est ma question du moment.

    01/07/2015 à 16:40 4

  • Demain j'arrête !

    Gilles Legardinier

    8/10 Dans la série des chats ... le deuxième encore plus jubilatoire que le premier. A ne pas bouder !

    02/07/2015 à 15:40

  • Démons

    Marc Laine

    9/10 Parce que c’est un coup de cœur de Franck Thilliez, je me suis penchée sur le cas de ces démons. Un premier roman pour ce gendarme attaché à la sécurité d’une ambassade en Afrique. Là nous sommes immergés dans le Vaucluse, Avignon et ses environs psychiatriques … les scènes de crimes sont assez atypiques et que dire des crimes eux-mêmes et de leur modes opératoires : des « chefs d’œuvre d’atrocité ! Alors Maxime, parce que son chef sait à quel point il est habité de ses démons, va lui flanquer une jeune partenaire et lui confier l’enquête. Tueur en série ou vengeance. Il faut accompagner les enquêteurs pour appréhender la noirceur de l’âme humaine, les petites et les grandes déviances dans ce microcosme. Le récit est rythmé, touchant et chaotique et l’on voit quels sont les références de cet auteur très prometteur.
    Prix du polar VSD 2016 : récompense bien méritée !

    02/09/2016 à 15:07 5

  • Dérivations

    Fredrik T. Olsson

    9/10 Avertissement : à trop vouloir combattre les terroristes, on peut le devenir soi-même !
    Pour son deuxième roman, l’auteur nous livre un récit actuel, que l’on espère être une fiction plutôt que de l’anticipation. Big Brother version 2.0 va entraîner plusieurs innocents et les amener à devoir se disculper, en occasionnant de nombreux et douloureux dommages collatéraux, entre théorie du complot et manipulation.
    Ce long roman de près de 600 pages ne laisse aucun répit et ses multiples rebondissements surprennent par leur caractère parfois improbable. Mais le lecteur le sait : on ne lui dit pas tout dans la fiction comme dans la vraie vie ! L’auteur suédois nous livre une intrigue qui surfe entre l’espionnage et le polar, en plus d’être une réflexion sur notre mode de communication actuel, les limites de l’usage abusif de la haute technologie et la hiérarchisation de nos valeurs.
    Il est très difficile d’en dire d’avantage sur les aventures de William, cryptologue récemment placardisé, qui va au-devant du danger pour « rendre service » à une vielle connaissance pas si sympathique en fait. Il va devoir s’opposer à son ancienne hiérarchie et demander de l’aide à son ex-épouse tout en faisant le deuil de leur fille.
    Quand on sait que le premier roman de cet auteur est en cours d’adaptation cinématographique, compte tenu de l’intensité et du rythme de celui-ci, on peut aisément penser qu’il en sera de même … c’est tout le mal qu’on lui souhaite ! L’une des scènes finales n’est pas sans filiation avec « 2001 Odyssée de l’espace » …

    05/06/2017 à 09:59 1

  • Dernière escale

    Sandra Martineau

    8/10 J’avais découvert cette auteure dans le recueil « irradié » où sa nouvelle m’avait particulièrement touchée. Ici, elle nous mène en bateau, en croisière plus exactement en Méditerranée mais pas une croisière qui s’amuse. Un couple devrait essayer de « recoller les morceaux » mais c’est sans compte sur les remords, les secrets, les extravagances et autres débordements d’un ancien footeux à la dérive. C’est bien à un numéro de manipulation de lecteur que nous sommes conviés et malmenés jusqu’à la toute dernière page. Ouf l’honneur est sauf … ou pas et c’est bien un goût amer qui nous reste en refermant ce roman.
    La narration tantôt à la première personne quand il s’agit de Richard, ou plus impersonnelle quand elle s’attache aux faits coule agréablement au fil des retournements de situation.

    18/04/2016 à 17:20 3

  • Derrière la haine

    Barbara Abel

    10/10 J'ai lu ce livre de Barbara Abel après "bonheur sur ordonnance" pour "vérifier" qu'elle écrivait bien des thrillers, comme suggéré par son appartenance à "la ligue de l'imaginaire". Alors, là pas de déception !
    L'analyse d'un crime parfait, fruit d'un délire de souffrance rarement atteint.
    Vous ne regarderez plus vos voisins de la même façon !
    Le style est agréable, les personnages très attachants et leurs réactions très proches de celles que nous pourrions avoir dans les mêmes circonstances.
    Nous le savons, nous sommes tous des paranos en puissance

    01/07/2015 à 16:58 1

  • Derrière les portes

    B. A. Paris

    8/10 Surprenante découverte que ce thriller, qui fait penser que Douglas Kennedy avec « une relation dangereuse » a écrit pour la bibliothèque rose et Claire Favan avec son « tueur intime » ne sont pas très éloignés du monde de Grace.
    Nous souffrons avec cette femme qui doit constamment choisir entre son mari et sa sœur trisomique … jusqu’au dénouement qui ressemblera peut-être à celui que nous appelons de nos vœux et dont nous ne saurons s’il se réalise qu’en toute dernière fin.
    Des personnages étrangement probables, des seconds rôles attachants … tour y est finesse et perversion !
    Un premier roman réussi.

    12/03/2017 à 15:01 4

  • Des noeuds d'acier

    Sandrine Collette

    8/10 Quelle claque monumentale pour ce premier roman … plus « gratuit » que « les morsures de l’ombre » et tout aussi rural que « le purgatoire des innocents » (deux romans de Karine Giébel) j’y ai cependant trouvé une certaine filiation. ..
    Certes Théo n’est pas un ange mais il a payé sa dette envers notre société quand il est happé par ce duo improbable de frères Joshua et Basile. Le lecteur aura quelques difficultés à émerger de la torpeur et de l’horreur, une fois cette intrigue aboutie et gardera à coup sûr un goût amer ! Un suspense noir très foncé qui mérite sa lecture. Ames sensibles prenez garde de ne pas lire en état de déprime … ou alors avec vos médocs à portée de main !

    08/05/2017 à 15:37 9

  • Des Poignards dans les sourires

    Cécile Cabanac

    8/10 Un père de famille détestable à souhait disparaît, sa femme ne déclare pas sa disparition, trop heureuse de cette aubaine. Elle va enfin profiter de la vie, changer de look et c’est ce qui va déranger les bien-pensants locaux …
    Un corps sans tête et démembré est retrouvé au milieu de nulle part, l’enquête est confiée à un tout nouveau duo d’enquêteurs de Clermont-Ferrand, qui s’apprivoise en peinant à identifier le corps…
    Il n’y a que le lecteur pour y voir des convergences. Mais si le lecteur se trompait …
    Des fausses pistes comme s’il en pleuvait, de la malversation politico-économique et l’immersion dans les milieux libertins, des trahisons à l’usurpation d’héritage, de bons vieux secrets de famille à vous légitimer n’importe quel mobile, bref une profusion de mensonges…
    480 pages pour une intrigue dense et une enquête qui piétine … le lecteur peut parfois s’impatienter car pour partie, il sait lui. Mais il sera récompensé par le dénouement assez inattendu quoique …
    En même temps c’est une chronique rurale, dans les environs de Clermont-Ferrand, en hiver donc il faut prendre des précautions pour ne pas déraper sur les pistes de l’assassin !

    13/03/2019 à 09:11 7

  • Diamants sur macchabées

    Michael Fenris

    9/10 Il fallait vraiment oser, en 2018, écrire un roman en noir et blanc, un vrai polar de la fin des années 50, en Amérique dans « la ville » dont le nom symbolique apparaît en fin de roman … sans ADN, avec une seule caméra de surveillance même pas exploitée, une balistique balbutiante. En prime une ambiance bien glauque, qui sent la sueur de flic négligé, le tout dans une atmosphère enfumée, alcoolisée. Une plongée dans l’univers de Chandler et Léo Malet, avec la palette classique du détective privé intègre et au cœur presque grand, que n’aurait pas renié Petre Cheyney (le père de Lemmy Caution), du flic pourri, des mauvais garçons chatouilleux de la gâchette, de la bourgeoise couverte de fourrure (animale, oui à cette époque les auteurs osaient encore …), la petite droguée à peine pubère, des belles voitures …
    Tout ce petit monde se trouve embarqué dans une intrigue somme toute classique mais bien menée, aux multiples rebondissements et au final digne d’un film de Tarentino. N’oublions pas non plus « la bande son » jazzy car en fait ce roman agit sur le lecteur comme un vrai film de gangsters, servi par la précision du style de cet auteur que je lis pour la première fois, dans lequel le narrateur, son héros nous fait immanquablement penser à Philip Marlowe. On ne s’y ennuie pas une seule seconde !

    17/03/2018 à 11:21 5

  • Djihad à Paris

    Marc de Borcheim

    9/10 Il est rare que le titre et la 4ème de couverture soient aussi pertinents. L’auteur nous entraîne dans une traque au contexte on ne peut plus actuel. Nous découvrons la complexité des enjeux qui plombent les relations avec le Moyen-Orient, les moyens au service de la lutte anti-terroriste et surtout le déroulement d’une enquête. Une traque qui perturbe la collaboration affichée entre les Etats occidentaux, englués qu’ils sont par les reliquats de la guerre froide et notamment les cellules « stay behind » véritable révélation pour moi. Je le sais on ne nous dit pas tout certes, et c’est bien heureux car il y a vraiment de quoi frémir au cours de ces 446 pages.
    Sur le devant de la scène, un militaire, Aymar, au passé incertain, va se questionner, nous questionner sur l’éthique dans ce type de situation : dilemme existentiel … il va mener cette enquête d’un nouveau type en côtoyant voire en s’immergeant au cœur de milieux glauques et interlopes et en se confrontant aux rivalités des différents services de renseignements.
    Espionnage, polar, thriller … en fait tout à la fois avec brio pour cet auteur issu du sérail qui nous offre un témoignage très explicite et tout autant inquiétant.
    Une révélation !

    23/10/2016 à 14:22 6

  • Dolores

    James Osmont

    8/10 Oui je pourrais tout à faire faire « copier-coller » sur ma chronique de Sandrine l’année dernière et l’appliquer mot pour mot au troisième volet de la trilogie psychiatrique de James Osmont.
    Il s’agit bien d’une trilogie à lire impérativement dans l’ordre sous peine de sombrer comme les héros … car on y retrouve ses personnages, du moins ceux qu’il a eu la délicatesse de ne pas tuer au cours des deux premiers tomes. Et là je copie : l'auteur nous immerge dans les cerveaux que l'on qualifie communément de malades mais dont les affections guettent chacun(e) d'entre nous, fragilisés que nous sommes par les accidents de la vie. Éprouvante lecture car elle nous renvoie au jugement que nous portons sur l'autre et pour cela même elle est incontournable. Au-delà du fond « psychiatrique », notons une galerie de personnages hauts en couleurs, qu'il ne ferait pas bon de rencontrer dans un bois …
    James Osmont nous étonne encore dans ce récit atypique, émaillé de citations poétiques et musicales … peut-être un tome 4 avec les rescapés ?

    21/07/2017 à 19:50 6

  • Dompteur d'anges

    Claire Favan

    10/10 Que ceux qui étaient restés sans voix à la fin de « serre-moi fort » se rassurent, le nouveau roman de Claire Favan va encore plus loin …
    Max, victime d’une erreur judiciaire va mettre tout son diabolisme au service de sa vengeance par anges interposés. Il est impossible d’en dire d’avantage tant le roman est riche en rebondissements et ses personnages totalement atypiques, attachants de tant de martyrs subis !
    L’écriture est d’une précision rare et l’intrigue crédible pour notre plus grand malheur … Encore un coup de cœur à l’actif de cette auteure au sourire angélique !

    16/02/2017 à 10:45 4

  • Dossier 64

    Jussi Adler-Olsen

    8/10 Le troisième épisode des aventures de Carl, toujours victime du vieux démon de l’enquête inachevée qui a vu la mort et l’accident invalidant de deux de ses équipiers. Rose la schizo et Assad le cachotier aident cette fois Carl dans sa quête des adeptes d’eugénisme proches d’emporter des sièges lors des prochaines élections … Avec un rythme toujours aussi palpitant, l’auteur nous entraîne dans des lieux sordides et nous y découvrons des pratiques d’aliénation mentale et d’altération physique qui font frémir. Et bonne nouvelle, il y a un tome 4 … alors vite ! Merci monsieur Olsen pour ce polar nordique.

    01/07/2015 à 14:07 3

  • Douve

    Victor Guilbert

    8/10 Hugo Boloren est un bon flic. Sa mère qui fut l’historienne d’un drame campagnard qu’elle a relaté dans un livre témoignage, perd la mémoire. Quelques décennies plus tard c’est donc un rappel douloureux que subit Hugo quand un nouveau meurtre est commis ans ce village du bout du monde. Ses origines se cachent à Douve, il le sent. Le voilà parti pour une immersion qui est tout sauf bucolique. Un huis clos s’impose à lui, avec ses secrets, ses trahisons, ses complicités, ses collusions qui égarent le lecteur de belle manière avec un humour et des personnages décalés bienvenus. Le voilà aussi parti sur les traces de cet Islandais, cueilleur de champignons, disparu en compagnie d’un gendarme, complice ou victime … tout reste encore à démêler.
    Premier roman, belle découverte ou la ruralité est un personnage à part entière, où l’on résout ses problèmes entre soi, que l’on soit vieilles jumelles maléfiques, idiot du village, brasseur inspiré ou …
    Allez rencontrer ces habitants de « l’aigrette du pissenlit », vous passerez un très agréable moment de lecture qui vaut bien le détour.

    08/02/2021 à 10:22 5

  • Droit dans le mur

    Nick Gardel

    9/10 Chronique sur le blanchiment de bijoux sales et autres biens mal acquis … Dans ce thriller nous retrouvons la gouaille de « Fourbi étourdi » et une galerie de personnages incomparables. Nick Gardel m’a fait penser à René Fallet et ses « chroniques villageoises et beaujolaises » mais dans le cas présent, ça se passe en Alsace, sur ces terres ballottées entre l’Allemagne et la France au grès des guerres et petits arrangements qui s’en suivent. Les fidèles lecteurs retrouveront aussi Estéban et sa divine Renault 5 …
    Quelle vie de retraité pour le narrateur ! Il n’arrive pas à mener à bien la réfection de son volet, perturbé et interrompu par des meurtres de ses voisins et un gendarme qui lui en veut. Il mènera néanmoins l’enquête et une fois face au mur devra faire des choix cruciaux pour sa tranquillité et son volet ! Même avec un nombre de morts conséquent, le lecteur sort du roman avec le sourire … jubilatoire n’est-il pas ?
    L’auteur annonce pour les accros la RE-parution de Fourbi étourdi avec bonus …

    01/09/2016 à 14:30 4

  • Du feu de l'Enfer

    Cédric Sire

    8/10 Ça y est je suis réconciliée avec Sire Cédric. Je n’étais pas fâchée avec sa plume ni son style mais comme je ne suis pas friande du fantastique, j’avais buté à la page 143 de l’enfant des cimetières.
    Ici, point de fantastique mais des personnages bien atteints, de la violence et de l’hémoglobine (pas exclusivement humaine d’ailleurs), une guerre des polices délocalisée à Montpellier, une secte libertine et sanglante, des policiers ambigus, … . L’héroïne, Manon, nous fait découvrir en outre, les spécificités et les gestes de son métier de thanatopractrice avec force détails.
    Mais c’est au-delà du contexte que l’auteur nous entraîne dans une époustouflante lutte pour la survie. Ariel, frère de Manon découvre qu’il est le principal suspect d’une série de meurtres. Sa sœur le maternera au-delà du raisonnable. Ils cherchent des alliés dans la police et chez les collègues de Manon mais ont-ils raison ? Le suspense ne prendra fin qu’aux toutes dernières pages. Haletant !

    16/04/2017 à 15:54 6

  • Du poison dans la tête

    Jacques Saussey

    8/10 Il m’avait laissée KO après Enfermé.e. en 2018, il a emprunté les pas de Nestor Burma au printemps avec plus de légèreté et là je savais que nous allions retrouver Lisa et Daniel … mais dans quel état !
    Jacques Saussey nous transporte cette fois encore au cœur de ses tourments, avec les six femmes, personnages majeurs de son cru de l’automne 2019. Le début de ce 8ème opus de la saga Magne-Heslin ne laisse aucune ambigüité sur le propos : chez nous, près de 220.000 femmes subissent des violences physiques ou sexuelles de leur partenaire.
    Magne prend de l’âge et il va être rattrapé par la tragédie de son premier amour, un « cold-case » nommé Fanny, mais il va le cacher à Lisa.
    Lisa, toute à son rôle de mère auprès d’Oscar et sa complicité avec Sham, va être conviée à une reconversion professionnelle, mais elle n’en parlera pas à Daniel.
    Dès lors le couple va mal …
    Fred, hacker inspiré, va aider, pour rechercher la vérité sur le « faux » suicide de sa sœur Myriam, son binôme Ludo au sein du groupe Magne à la Crim’. Ils seront accompagnés par Ophélie, jeune recrue à la financière, qui voit là le ticket d’entrée dans le groupe convoité de Daniel. Leur histoire les fera côtoyer un pervers et sa victime Elodie.
    Et que dire d’Alexandra, prostituée, à qui le fils a été enlevé et qui arrive démunie de Bucarest pour le récupérer… je n’en dirai rien de plus au risque de spolier.
    Cela ressemble à un roman « chorale » et l’alternance des situations y met plus de proximité pour les lecteurs que pour les protagonistes. Le rythme doit aussi beaucoup à cette alternance qui fait que le suspense est soutenu et va crescendo jusqu’aux dernières pages qui apporteront les réponses, bonnes ou mauvaises…
    Oui, on souffre avec ces femmes victimes, on aimerait se faire justicier dans de telles situations et donc on comprend les conflits de conscience des personnages. Tous les moyens sont bons pour punir les déviances, les sévices … les meurtres ! Toujours fidèle à sa « ligne éditoriale », avec pudeur et sans voyeurisme, l’auteur mets son talent au service de ce plaidoyer. Au-delà, il nous alerte aussi sur les dangers de l’internet, allié des justes, complice des pervers … en résumé à utiliser avec prudence et modération ainsi que sur le manque de communication dans un monde hyper connecté.
    J’ai enfin eu la réponse à la question que je lui posais à chacune de nos rencontres … mais la fin m’en pose de nouvelles … implacable ce Jacques !

    A lire absolument, que vous connaissiez Magne et Heslin ou pas, vous serez conquis !

    21/11/2019 à 09:34 2