LeJugeW

1776 votes

  • Le Clandestin

    Franck Thilliez

    7/10 J'ai lu cette nouvelle dans le recueil "Brèves de noir" paru à l'occasion des 10 ans de Quais du Polar en 2014.
    J'en garde un bon souvenir, un récit noir qui colle particulièrement bien à l'actualité.

    10/02/2016 à 21:14 1

  • Dernière récolte

    Attica Locke

    7/10 Beau, mélancolique voyage dans cette Louisiane oubliée, entre passé vitrifié et réalité bien plus sombre. L'auteure interroge le rapport au passé, passé proche de l’héroïne, passé plus lointain de l'esclavage, passé enjolivé qui ne passe plus et dont les résonances sonnent fort aux oreilles des personnages comme du lecteur. Le parallèle entre l'esclavage des noirs et l'esclavage moderne des travailleurs clandestins latino-américains est pertinent. L'intrigue n'est pas des plus passionnantes mais c'est le décor qui envoûte et c'est la recherche de la vérité dans le passé qui convainc.
    J'ai regretté quelques longueurs mais ai passé dans l'ensemble un bon moment de lecture au milieu des protagonistes de Belle Vie.

    10/02/2016 à 15:25 3

  • Maison fondée en 1959

    Michaël Mention

    8/10 En écrivant ce livre et son "prolongement" (La Voix Secrète), sortis le même jour (chapeau au passage à la maison d'édition, partante pour ce coup de poker assez rare), Michaël Mention m'a, encore une fois, bluffé.
    Bluffé par l'inventivité de l'auteur, bluffé par cette audace. Le livre est en plus très intime, on devine beaucoup de points communs entre Luc et l'auteur. Le style, reconnaissable entre mille, est bien présent tout comme la descente aux enfers, presque consubstantielle de l’œuvre de l'auteur.
    Les amateurs de M. Mention seront ravis à la lecture de ce roman et les autres apprécieront cette sincérité qui transpire de cet écrit.
    Une nouvelle fois, je m'incline et ne peut que saluer le talent de l'auteur, une voix vraiment à part dans le monde du polar français.

    10/02/2016 à 15:15 3

  • L'Enigme des Blancs-Manteaux

    Jean-François Parot

    8/10 J'ai découvert la série dédiée à Nicolas Le Floch il y a quelques années via l'adaptation télévisuelle diffusée sur France 2 et qui m'avait fait bonne impression.
    Bonne impression confirmée et même amplifiée à la lecture de ce premier tome. L'auteur prend son temps pour installer son personnage principal puis les personnages secondaires qui vont, ou non, subsister dans les enquêtes suivantes. Si l'intrigue n'est pas des plus originales, L'énigme des blancs-manteaux vaut avant tout pour le "dépaysement temporel", dans ce Paris du XVIIIe s., dans cette France de Louis XV, grâce à un travail remarquable de Jean-François Parot. La plume se veut la plus proche possible de la langue française du XVIIIe siècle, tout comme le décor parisien, très fidèle à son époque. L'érudition de l'auteur sert à merveille un roman envoûtant, plaisir prolongé (ou parallèle) par le site nicolaslefloch.fr qui reprend en images d'époque et plan à l'appui les différents endroits traversés par notre héros.
    Bref, j'ai adoré ce premier roman et ne vais pas tarder à ouvrir la suite des aventures du Breton Le Floch.

    10/02/2016 à 14:56

  • Polichinelle mouillé

    Frédéric H. Fajardie

    8/10 En quelques phrases (magnifique premier chapitre !), en quelques pages, Fajardie dresse un portrait touchant, réaliste et très réussi de l'humanité.
    Polichinelle mouillé est un vieil homme, bossu, veuf depuis neuf mois et à qui la vie n'a jamais fait de cadeau, sauf son amour, pour toujours perdu.
    Alors lorsque le doigt se tend une nouvelle fois, c'est la fois de trop. Et le bossu se fait pousseur, et rend justice à ce monde si ingrat.
    Pour l'arrêter, Antonio Padovani, dont les points communs avec l'assassin montre bien que l'humanité ne fait qu'une...
    Frédéric H. Fajardie est un grand auteur, un must du roman noir humaniste.

    31/01/2016 à 15:34 3

  • L'Enfer de Church Street

    Jake Hinkson

    6/10 Un début intrigant, puis une centaine de pages très quelconque avant un premier rebondissement qui relance l'intérêt de l'intrigue. Mais finalement, sans être déplaisant à lire, j'ai trouvé que ça restait très en-deçà d'un Le diable, tout le temps (D.R. Pollock) par exemple. Les mots choisis pour critiquer les excès dus à la religion (plutôt à une certaine pratique de la religion) sont justes mais l'intrigue reste assez plate je trouve. Quant aux traits d'humour, mouais, bof, j'ai à peine souri.
    Un premier roman qui se lit bien mais qui n'apporte pas grand chose de plus au genre.

    30/01/2016 à 22:15 7

  • À mains nues

    Paola Barbato

    6/10 « Vous qui entrez ici, perdez tout espoir »
    La célèbre phrase de la Divine Comédie écrite par l’illustre florentin Dante sied tout à fait au roman de la milanaise Paola Barbato.
    Trois pages. Les trois premières. Voilà ce que laisse Paola Barbato au lecteur comme répit. Car après… Après on plonge dans l’ultra-violence, la cruauté, la perfidie, l’ignoble et on boit ce chaudron des vices humains jusqu’à la lie.
    Je n’ai pas éprouvé de plaisir à cette lecture. Ce déchaînement gratuit de violence sans parvenir à en comprendre le sens m’a sans cesse rebuté. Pourtant Paola Barbato nous prévient, indirectement, p.141 : « Il faut que tu arrêtes de vouloir trouver une explication à tout. Je suis sérieux, mon garçon, ça n’a pas de sens. Dans tout ceci, dans ce que nous faisons, dans ce que tu fais, il n’y a rien à comprendre. D’accord ? C’est comme ça, c’est tout. Donc, arrête de réfléchir. »
    Et bien non, j’ai continué à réfléchir, affligé (au sens propre du terme) par ce nihilisme.
    J’ai avancé vite dans ma lecture parce que l’auteure est sacrément douée pour faire tourner les pages mais aussi parce que je voulais en voir la fin, enfin.
    Et quelle fin ! Le dernier mot… le mot ultime, qui clôt le roman. Comme un dernier coup, imparable, létal, qui nous plonge dans l’abysse, définitivement.
    Une expérience de lecture saisissante mais effroyable.

    20/01/2016 à 10:44 9

  • La Cinquième Victime

    Franck Linol

    5/10 Premier livre de la série Meurtres en Limousin qui met en scène l’inspecteur Franck Dumontel qui après une belle carrière parisienne revient sur sa terre natale, la Haute-Vienne (le nord notamment).
    Dans ce premier roman, l’auteur utilise des ficelles assez classiques du thriller tout en gratifiant le lecteur d’une abondance de détails sur les restaurants, bars, brasseries…bref les « bonnes adresses » de la capitale limousine … et si l’œnologie vous passionne, vous aimerez ce livre, l’auteur plaçant régulièrement le nom de tel ou tel vin, son inspecteur appréciant particulièrement ce nectar…
    Il y a par ailleurs quelques éléments d’érudition souvent intéressants mais qui ralentissent considérablement le rythme du livre quand ils ne sont pas placés de façon incongrue dans le récit (en pleine action par exemple)… L’écriture est très inégale avec des passages très pertinents et d’autres farfelus, comme par exemple le chapitre 12 durant lequel les équipes de gendarmerie et de police échangent leurs points de vue sur l’enquête.
    Bref c’est un premier roman pas inintéressant mais qui s’éparpille trop à mon goût.

    17/01/2016 à 12:45 1

  • Hollywood Zero

    Dominique Forma

    6/10 Je rejoins l'avis de Norbert, on peut résumer l'ambiance hollywoodienne par cette phrase tirée du livre (p. 171) : "La réalité hollywoodienne se nourrissait de la prétention des unes et de la bêtise des autres. C'était un jeu de dupes parmi les dupes."
    Le roman se lit vite et bien mais je m'attendais à une critique encore plus mordante, de la part d'un auteur dont j'ai particulièrement apprécié le très bon Amor. J'ai en revanche apprécié la partie mexicaine, plus sombre.

    09/01/2016 à 19:58 1

  • Etrange étranger

    Ouvrage collectif

    8/10 Voilà une belle initiative de la part de la Cimade, du Festival International du Roman Noir de Frontignan et de la Manufacture des livres : rassembler 14 nouvelles noires pour soutenir l'action de la Cimade en faveur des réfugiés, notamment. Cette association d'inspiration protestante, née en septembre 1939 pour permettre l'accueil des habitants de l'Alsace-Lorraine après l'entrée en guerre contre l'Allemagne. Depuis, elle a poursuivi cette action et est particulièrement sollicitée ces dernières années avec, entre autres, la guerre en Syrie, et nous rappelle, par son slogan, que "l'humanité passe par l'autre".
    14 nouvelles noires, sous le titre emprunté à Jacques Prévert, Étrange étranger (1951), écrites par des auteurs souvent engagés (comme Sophie Loubière, par exemple), parfois en lien avec le sujet des migrants mais pas toujours.
    La gamme du noir est plutôt étendue, du noir pur (grosse claque avec la très courte mais choquante nouvelle de Sophie Loubière) à du plus léger (Serguei Dounovetz, Bernard Pouy).
    "Il n'y a pas d'étrangers sur cette terre, seulement des êtres humains" : cette phrase qui occupe la 4e de couverture amène à la réflexion, entamée ou prolongée par la lecture du recueil. A découvrir.

    09/01/2016 à 11:05 4

  • Un petit boulot

    Iain Levison

    8/10 Premier roman de Iain Levison pour moi et c'est une bonne pioche : Un petit boulot est une critique acerbe du libéralisme à outrance, du capitalisme à l'américaine et des dégâts qui en résultent. J'ai vraiment aimé le ton du livre, empreint d'humour noir caustique. La fin est plutôt originale : ni hard-boiled, ni moralisatrice. La voix d'Olivier Cuvellier (livre audio) se prête particulièrement bien à l'atmosphère du roman.
    Bref, une réussite à tout point de vue et un plaisir de "lecture".

    04/01/2016 à 21:04 6

  • Ceux qui osent

    Pierre Bordage

    8/10 Un dernier tome dans la lignée du précédent : nous sommes en Arcanecout, la terre de la liberté qui déplait tant aux royaumes coalisés, ces "roicos" bien déterminés à anéantir l'Arcanecout et ses habitants. Il faudra beaucoup de courage, d'espoir, d'abnégation à nos amis devenus grands pour faire face à de nombreux périls, y compris intérieurs.
    Quelques passages redondants dans ce tome (forme choisie oblige) mais toujours ce souffle épique qui fait tourner les pages avec plaisir.
    Ceux qui osent, comme le reste de la trilogie, est une ode à la liberté, l'amitié, la solidarité. Une belle fable qui porte de belles valeurs et qui plaira assurément à nombre de jeunes lecteurs (à partir de 10-12 ans) et qui séduira les plus grands.

    03/01/2016 à 13:27 3

  • Les Enfants de l'eau noire

    Joe R. Lansdale

    8/10 East Texas, dans les années 1930. Un territoire plus proche de la Louisiane que du reste de l’Etat, c’est-à-dire rural, pauvre, ségrégationniste. Frappé par la Grande dépression.
    C’est là que May Linn, adolescente qui rêve d’un futur hollywoodien, est retrouvée morte, le pied attaché à une machine à coudre. Ses trois plus proches amis, Sue Ellen, Terry et Jinx se mettent alors en tête d’apporter ses cendres à Hollywood. Une manière symbolique de réaliser son rêve mais aussi de partir de cette terre qui ne promet rien d’autre qu’un avenir médiocre voire dangereux : Sue Ellen, toujours sur la défensive entre une mère toxicomane et surtout un père alcoolique et incestueux, Terry suspecté d’être une « pédale » (mot du père de Sue) et Jinx, dont la couleur de peau l’expose de plein fouet à la ségrégation raciale.
    Le monde dans lequel vivent ces adolescents est résumé dans cette phrase : « Dans mon monde, rencontrer un quadragénaire avec ses dents, ses deux oreilles et un nez pas cassé était à peu près aussi rare que de trouver une pastèque dans un poulailler » (p.145). Ici comme dans d’autres passages, l’auteur utilise des métaphores souvent drôles et bien trouvées. J’ai aimé aussi le clin d’œil aux Raisins de la colère (p.245 à 247).
    Leur parcours jusqu’à Gladewater (première étape avant le voyage vers Hollywood) sera semé d’embûches, de cadavres et de sang, de drames mais aussi et surtout de moments forts d’amitié, de solidarité.
    Une lecture très plaisante, c’était mon premier Lansdale, ce ne sera assurément pas mon dernier.

    30/12/2015 à 13:43 10

  • Le Train bleu

    Marc Piskic

    8/10 Je n'ai pas (encore) lu le roman d'A. Christie, mais cette adaptation de Marc Piskic m'a donné envie de le faire. J'ai cependant trouvé que les traits physiques prêtés par le dessinateur à Hercule Poirot n'étaient pas les mieux choisis (mais c'est très subjectif).
    Ces adaptations en BD des romans d'Agatha Christie sont, pour les quelques-uns que j'ai lus, de bonne facture.

    29/12/2015 à 13:55

  • Fin de contrat

    Alain Dodier

    7/10 Je découvre cette série dédiée au détective privé Jérôme K. Jérôme Bloche avec ce 20e opus. Dans cet album, le jeune détective privé (jeune, ou aux traits juvéniles ?) est poursuivi par un tueur qui tente de l'assassiner par tous les moyens possibles.
    Le dessin est sympa, l'intrigue agréable à suivre, et une forte amitié semble souder les différents protagonistes (sauf le méchant of course). Je pense néanmoins qu'il faut avoir lu les tomes précédents en raison des références qui sont faites (notamment le tome précédent).

    28/12/2015 à 11:20

  • Cinq petits cochons

    David Charrier, Miceal O'Griafa

    8/10 Je n'ai pas lu le roman de 1942 mais j'ai vu l'adaptation télévisuelle très réussie de 2011 (Saison 1 des Petits Meurtres d'Agatha Christie) avec Antoine Duléry, Vincent Wintherhalter ou encore Michel Muller. Et cette adaptation BD est fidèle à mes souvenirs. Une intrigue de base très bien ficelée, finement scénarisée par Miceal O'Griafa et joliment illustrée par David Charrier.
    Une réussite.

    25/12/2015 à 19:37 1

  • Je suis une légende

    Richard Matheson

    10/10 "Viens, Neville !" [...] "Mon Dieu, faites que le matin vienne…" [...] "Ca devait donc finir ainsi…"
    Rien d'étonnant à ce que ce court roman de Richard Matheson soit considéré comme un chef-d’œuvre : l'auteur reprend le thème du vampirisme pour l'adapter à son époque, la Guerre froide. Nous sommes en 1954 et la guerre nucléaire n'est pas une vue de l'esprit, surtout depuis que l'URSS maîtrise l'arme nucléaire (1949). Mais Richard Matheson utilise l'idée d'un virus plutôt que celle de bombes atomiques (quoiqu'il y a des références nombreuses à la guerre, aux "bombes qui entrainent des tempêtes de poussière") pour imaginer une humanité anéantie, devenue vampire, où un homme seul, sorte de Robinson Crusoé de l'Apocalypse, Robert Neville, survit.
    Maîtrisant parfaitement le texte de l'Irlandais Bram Stoker (père du Dracula romanesque), il va loin dans l'analyse du vampirisme et de ses références (croix, gousse d'ail etc...) en tentant de comprendre, via son héros, comment fonctionnent ces êtres de la nuit qui le font douter de sa propre humanité (les scènes de jour sont à ce titre fort intéressantes).
    Loin de l'adaptation cinématographique récente (2007, avec Will Smith), par ailleurs non dénuée d'intérêt mais différente, Richard Matheson livre un roman intelligent qui fait réfléchir le lecteur sur l'humanité et sur sa propension à s'autodétruire.
    Comme l'écrivait Plaute, il y a plus de 2000 ans : "Homo homini lupus est".

    23/12/2015 à 20:53 7

  • La Voix secrète

    Michaël Mention

    7/10 Michaël Mention choisit un sujet (Lacenaire) et une époque (la Monarchie de Juillet) pour en faire un thriller atypique et immersif.
    Le style est (déjà) reconnaissable et fait de ce polar historique un roman résolument moderne. Le croisement entre réalité (avec notamment les citations de passages des textes de Lacenaire) et fiction est réussi. A découvrir.

    23/12/2015 à 20:25 7

  • Le Secret de Chimneys

    François Rivière, Laurence Suhner

    7/10 Adaptation d'un des premiers romans de la Reine du crime. N'ayant pas lu le roman je ne saurais dire s'il s'agit d'une adaptation fidèle. Elle m'a en tout cas donné envie de lire l'original.

    23/12/2015 à 20:19

  • La Nuit qui ne finit pas

    Frank Leclercq, François Rivière

    6/10 Fidèle adaptation du roman éponyme qui ne m'avait pas emballé. Les dessins sont très classiques et l'intrigue plutôt fade. La note sera donc la même.

    22/12/2015 à 19:48