jackbauer

727 votes

  • Le Service des manuscrits

    Antoine Laurain

    9/10 En utilisant le biais du roman policier pour nous introduire dans le sénacle des maisons d'édition, Antoine Laurain offre à tout amateur de littérature l'occasion de découvrir l'envers et l'endroit : celui du décor et là où tout se fait et se défait ...
    J'ai particulièrement apprécié d'accompagner Violaine dans sa démarche de découvreuse de talents, le fait que l'auteur situe, en partie, l'action de son intrigue à l'intérieur de ces mastodontes qui décident du sort de ceux qui se rêvent écrivains...
    Une investigation qui, loin d'être un faire-valoir, sait nous captiver, et mettre en valeur des personnages qui ont le mérite de cultiver leur attachement...
    Même si la résolution de l'enquête conserve quelques scories, c'est sans hésiter que je lui attribue un soleil radieux... ( Comprendront ceux qui auront lu le livre...)

    09/09/2020 à 19:32 4

  • Et toujours les Forêts

    Sandrine Collette

    9/10 Il arrive que quelque fois, une lecture arrive comme un écho aux préoccupations qui sont celles du moment...
    À n'en pas douter, ce nouveau roman de Sandrine Collette débarque dans une période de bouleversements particuliers, et je peux dire, sans forfanterie, qu'il trouve en moi une résonance particulièrement aiguë...
    Une espèce d'épitaphe littéraire du monde d'avant, la projection d'un futur pas forcément si éloigné de nous, et les questionnements qui découlent d'un changement radical...
    " Maintenant, on fait quoi ?
    On vit. On survit.
    Mais pourquoi ? Jusqu'à quand ? Et comment ? "
    L'objectif de l'auteure n'est pas de nous livrer un énième page-turner bodybuildé, et pourtant, sans rebondissements fracassants, ni cavalcades exténuantes, elle propage le désir de savoir ce qu'il va advenir de ses personnages, quand bien même rien ne change, ni n'évolue...
    Fidèle à son œuvre, et portée par un style dénué de tout artifice, Sandrine Collette réussit la gageure de nous parler de la vie au travers de la mort, de la reviviscence au travers de l'extinction, du bonheur au travers de la perte...
    Et même si la tonalité du roman reste globalement sombre, et le final poignant, errer aux côtés de Corentin dans ces Grandes Forêts reste une expérience hautement marquante, qui prouve, s'il le fallait encore, l'importance de son auteure dans le panorama littéraire actuel...

    31/08/2020 à 21:13 7

  • Tuer le fils

    Benoît Séverac

    7/10 Parri...cide manqué, en ce qui me concerne, pour Benoît Séverac...
    Je ne me suis jamais senti totalement concerné par son histoire...
    La relation père/fils, abordée sous l'angle de la rancœur et du ressentiment, l'est de manière trop superficielle, à mon goût, sans que jamais, on ne se sente investi, ou touché, par ce qu'elle évoque...
    L'intrigue sert plus de prétexte à l'analyse psychologique, censée être le moteur du forfait, qu'elle ne nous tient en haleine, même si le trio d'enquêteurs chargé de la résoudre, avec ses faux airs de troupe à Mehrlicht, tire son épingle du jeu...

    24/08/2020 à 18:44 3

  • La Loterie et autres contes noirs

    Shirley Jackson

    7/10 Souvent citée comme une auteure phare du genre par Stephen King, j'ai voulu découvrir par moi-même l'univers particulier de Shirley Jackson...
    Et quel accès plus indiqué que son recueil de nouvelles, dont la plus fameuse, La loterie, donne son nom au-dit recueil, pour appréhender son style si caractéristique...
    Le point névralgique d'une nouvelle étant sa chute, ce qui déroute le lecteur, c'est la marque de fabrique de l'auteure d'ouvrir le champ des possibles à la fin de ses courtes histoires, et d'inoculer le doute, sans permettre au lectorat d'affirmer une quelconque certitude...
    Un peu comme si la fin n'était que le commencement de l'histoire, le moment où l'auteure permettait au lecteur de commencer son propre travail de création mentale...
    Ces dénouements, qui n'en sont pas, ajoutés au fait que Jackson s'ingénie à dissimuler les visages du Mal derrière des façades de gentil(les) bourgeois(es) civilisé(es), et non pas d'affreux revenants, ou monstres surgis du néant, font bel et bien de cette auteure l'une des figures de proue d'un fantastique ancré dans le réel...
    Néanmoins, même si la tension et l'angoisse surgissent à tous les coups, au détour des pages, je n'ai pas été renversé par la majorité des histoires, hormis la nouvelle éponyme, franchement glaçante...
    Il m'aura manqué aussi un peu plus de variété, et de surprises, pour pouvoir dépasser l'aspect trop rigoriste et, parfois, routinier, de l'enchaînement des différentes histoires...

    11/08/2020 à 22:38 3

  • Regarde

    Hervé Commère

    9/10 Ici, plutôt que de donner un sens à une vie, Commère parvient à capter les sens de l'existence...
    Écoute la musicalité, d'un allant bienheureux, des mots d'une histoire au plus près des êtres, et des sentiments...
    Touche du bout de tes souhaits cette passion revigorante, qui exalte l'envie de vivre, et rassérène  en ces temps incertains...
    Sens la douce bienveillance dont sait faire preuve un auteur qui renoue ici avec une verve qui nous fait du bien, en forme de calinothérapie littéraire...
    Dis aux personnages à quel point tu te sens proche d'eux, et combien ils sont rares ces écrivains sachant retranscrire avec une telle intensité ces existences jamais normalisées...
    Regarde le monde d'Hervé Commère comme il te le donne à voir, d'un nuancé romantique aux reflets mélancoliques, un monde légèrement suranné, et savoure le plaisir que tu prends, une fois de plus, à parcourir ces pages, dans les pas d'une héroïne atypique...

    07/08/2020 à 23:09 5

  • L'Ami imaginaire

    Stephen Chbosky

    7/10 Stephen Chbosky prend le risque, avec son Ami Imaginaire, que son univers entre en collision avec celui d'un autre Stephen, beaucoup plus renommé dans le genre...
    Pourtant, le risque paie ( raisonnablement ) ...
    Malgré certaines similitudes ( hommage ?) relevées ici ou là, son histoire trouve sa place dans la galaxie sans cesse en expansion d'une bande de gamins-laissés-pour-compte, et qui devient le dernier recours face aux forces du Mal...
    Même si, un peu trop vite à mon goût, l'affrontement ne se résume alors qu'à un duel quasi théologique, les personnages secondaires gardent une épaisseur salutaire pour l'intérêt du récit, et participent finalement au plaisir de lecture..
    On pourra penser, à un moment, que l'auteur a lancé son sprint trop tôt, comme un coureur de fond qui présume de ses forces, et rate le podium pour pas grand chose...
    Et, en effet, on a parfois, sur la fin, l'impression de tourner en rond, et que l'auteur ne sait pas trop comment faire pour clôturer de façon définitive son histoire...
    Le final, un peu trop oecuménique à mon sens, ne conservera pas, quant à lui, toutes mes faveurs...

    29/07/2020 à 09:10 7

  • Tombent les anges

    Marlène Charine

    7/10 Pour un premier roman, on ne peut pas dire que Marlène Charine ait choisi la facilité...
    Sa volonté d'imbriquer l'un dans l'autre les univers du thriller et du fantastique, de nous proposer une héroïne résolument borderline, très clivante, au risque de voir le lectorat se la mettre à dos, et au final, ce très risqué panachage des genres, accouchent d'une histoire qui, bien que souffrant de quelques imperfections, se laisse parcourir avec intérêt...
    L'auteure a clairement compris en tous cas que l'union faisait la force, et le groupe au sein duquel évolue Cécile, ainsi, et surtout, que les rapports qu'elle va entretenir avec son supérieur, agrémentent très agréablement, et de façon bienveillante, une intrigue qui n'est pas sans rappeler celle du dernier Niko Tackian...
    La direction empruntée par l'enquête lors du dernier tiers du roman, d'une violence dispensable, et un final un peu trop surnaturel, donnent peut-être à Marlène Charine quelques indications sur les pièges à éviter pour un éventuel second volet...

    16/07/2020 à 21:09 3

  • Le Jour où Kennedy n'est pas mort

    R. J. Ellory

    7/10 Il y a forcément ici deux histoires dans l'Histoire...
    La première, la plus réussie à mon goût, qui concerne l'aspect fictionnel, et politique, de ce qui se serait donc passé si JFK n'avait pas été assassiné à Dallas en novembre 1963...
    Ellory revient là, sur l'un des événements les plus marquants de l'histoire des États-Unis, l'un de ceux qui aura durablement impacté la mémoire collective...
    Cet événement dramatique, qui a mythifié l'image du président américain, a sans aucun doute, occulté ses aspects les plus sombres, que l'auteur met ici en exergue, en proposant de voir la controverse derrière l'image d'Épinal...
    Les coulisses du pouvoir, la relation complexe qui unissait JFK et son frère Robert, les rapports tumultueux avec Jackie, et son addiction aux femmes, les passages qui nous plongent dans ce passé travesti par Ellory, puisque n'ayant jamais existé, sont ce qu'il y a de plus intense et de plus abouti...
    Contrairement à l'histoire d'amour déchue avec laquelle elle partage l'affiche, et qui n'est clairement pas au niveau des quelques-unes qu'il a précédemment écrites...
    La tendance redondante qu'a le personnage principal à s'auto-apitoyer sur son sort, et à ressasser ses mauvais choix, plombait ma lecture, à chaque fois que nous quittions les alcôves de la présidence...
    Finalement, l'ultime tour de passe-passe imaginé par Ellory, et sa version alternative, rendent les derniers chapitres impossibles à lâcher, et mon ressenti de lecteur encore plus frustrant...

    11/07/2020 à 16:18 8

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    9/10 " Il était deux fois " : Thilliez, plutôt deux fois qu'une...
    Jusqu'où Franck Thilliez repoussera-t-il les limites de son art ?
    Même si sa lecture n'est pas fondamentale pour profiter de celui-ci, on ne peut faire l'impasse sur son Manuscrit Inachevé, si l'on veut prendre la pleine mesure de la titanesque manipulation à laquelle nous convie Franck Thilliez...
    Conte de la folie extraordinaire, si son histoire use parfois de ficelles grossièrement tressées, c'est pour mieux nous faire des nœuds au cerveau, et l'improbable récit de prendre une dimension arachnéenne, à partir du moment où le pont entre les deux livres est jeté...
    De toute manière, ici, la notion de plaisir s'affranchit de toute affaire de style ou de crédibilité ; l'aspect ludique prime, aussi bien du côté de l'auteur, que de celui du lecteur, quand l'écrivain gredin dissémine au fil des pages tant d'indices, et de private jokes, que s'échine à collecter un lecteur/enquêteur jamais rassasié...
    La magie opère alors, et c'est là, l'essence même du talent de Franck Thilliez : donner au lecteur le plaisir d'être partie prenante du roman, accéder à cette jubilatoire communion qui fait du lecteur un personnage à part entière...

    23/06/2020 à 21:11 13

  • La Nef des Damnés

    Jean-Paul Le Denmat

    8/10 Tout d'abord, merci à Jean-Paul Le Denmat pour avoir honorer sa promesse d'envoyer à qui souhaitait un exemplaire de son roman...
    Et bien m'a pris, car j'ai pu apprécier son style plutôt emballant, même si son histoire, fourmillante et protéiforme, a sûrement, comme principal talon d'Achille, le fait de multiplier les axes de narration, susceptibles de perdre le lecteur en cours de route...
    Un début envoûtant, un final apocalyptique, et entre les deux, beaucoup de matière(s)...
    L'auteur tente de tisser entre eux les fils de ses différentes intrigues, à l'aide des protagonistes principaux, qui interagissent les uns avec les autres, et, aussi, en fonction les uns des autres...
    Et c'est en ce qui me concerne, cette ambitieuse narration, ces points de vue successifs, et les zones d'ombre qui persistent après la conclusion du roman, qui contribue à déboussoler, voire égarer, l'attention du lecteur...
    La très bonne idée du livre, c'est cette évocation d'un scénario catastrophe, lié à une pandémie mondiale, qui rend la lecture du roman d'autant plus angoissante, qu'elle nous replonge avec acuité dans un passé fraîchement dramatique...
    Sa conclusion funèbre et très désenchantée lui permet quand même de marquer des points, garantissant une cohérence narrative certaine...

    13/06/2020 à 11:20 7

  • La Vallée

    Bernard Minier

    9/10 Peut-être l'un des meilleurs polars de Bernard Minier, certainement le meilleur de la série Martin Servaz...
    Il offre à ses protagonistes un confinement avant l'heure, et, en guise de poudrière à ciel ouvert, les place au cœur d'une vallée coupée du reste du monde...
    Comme souvent, les ressorts psychologiques à l'œuvre bénéficient de l'attention toute particulière de l'écrivain.
    À la façon d'un aruspice, Bernard Minier sonde les âmes et anatomise la notion de désindividuation, pour présager de l'impression d'insoumission ambiante qui traverse notre époque...
    Rarement des pages de fiction ne m'auront autant donné l'impression d'être en phase avec un quotidien à la limite de l'insurrectionel, quand l'auteur nous place au cœur de la fronde...
    " Puis il se dit que c'était le monde entier qui brûlait. Et cette vallée, cette ville n'étaient qu'une infime fraction de l'incendie général..."
    Au milieu du brasier qui couve, Minier pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements, et fait de Martin Servaz l'un des policiers les plus emblématiques de la fiction policière française...

    04/06/2020 à 21:16 8

  • Revolver

    Duane Swierczynski

    9/10 Duane Swierczynski atteint sa cible sans coup férir, avec son Revolver d'une qualité indéniable, porté par une intrigue éclatée et éclatante, qui voit trois générations de flics tenter d'échapper à l'attraction d'une tragédie familiale...
    Aussi passionnante et palpitante que soit la construction de son récit, elle n'occulte en rien le portrait d'une pertinence touchante du clan Waldzak ; quand les liens du sang nouent l'écheveau de drames racistes ou féminicides, les personnages se trouvent placés dans des situations cruelles, qui font le sel du roman, et donnent goût à l'histoire...
    La question de l'héritage familial et les considérations historiques et politiques, ancrées profondément dans cette ville de Philadelphie, restent autant de jalons qui balisent sensiblement ce récit réussi, bel hommage rendu par l'auteur à l'un de ses aïeuls policier...

    23/05/2020 à 13:59 5

  • Horrora borealis

    Nicolas Feuz

    8/10 Compliqué à chroniquer, sous peine de trop en dévoiler, ce roman de Nicolas Feuz a le mérite de placer son auteur en pleine lumière ( boréale )...
    Avec l'air de celui qui sait très bien où il va, mais qui n'a pas envie que ça se sache, il va vous prendre en otage, et vous contraindre à aller au bout de son histoire, sans vous laisser l'occasion d'en deviner la fin...
    Rien d'extravagant, ni d'énorme, seulement les souvenirs embrouillés d'un homme traqué, et le lecteur pour recoller les morceaux...
    La seule réserve que je pourrais émettre : je m'attendais à quelque chose d'encore plus bluffant que ça, après avoir lu les avis de mes collègues, même si l'intrigue, la construction du récit, et l'épilogue auront harponné tout du long mon intérêt de lecteur averti...

    08/05/2020 à 18:41 8

  • City of Windows

    Robert Pobi

    9/10 Il m'est difficile de définir le sentiment qui m'a habité tout au long de cette lecture... Ou peut-être en souscrivant à 100% à l'avis de Mephisto : l'impression que Robert Pobi, tout en respectant les données d'un modèle établi par d'autres avant lui, parvient à le sublimer, et en tirer une éventuelle quintessence narrative...
    Ce qu'il accomplit ici, sans révolutionner la traque de son serial sniper, fait souffler, sur New York, comme sur le genre, un vent de fraîcheur, symbolisé par l'éclosion d'un personnage emblématique et atypique, Lucas Paige...
    Sorte de John MC Clane 2.0, que l'on imagine volontiers récurrent, il habite les pages d'un roman de sa drôle de carcasse, roman dont l'histoire, bien articulée autour de cette chasse à l'homme haletante en milieu urbain, recèle, tout de même, son lot de surprises et d'actes de bravoure, tout en nous renvoyant l'image d'une Amérique qui fait froid dans le dos, à l'image du patriotisme extrémiste et exacerbé de ces fidèles du deuxième amendement...
    Un sentiment de complétude confirmé par toutes les composantes du récit, des personnages qui gravitent autour de Lucas Paige, qu'ils soient développés ou seulement esquissés, de la ville de New York, transie d'ef(froid), et jusqu'aux péripéties d'un récit qui sait viser juste...

    07/05/2020 à 17:54 9

  • Fermer les yeux

    Antoine Renand

    4/10 Fermer les yeux... Peut-être est-ce finalement la marche à suivre pour profiter pleinement de cette histoire, tant les exagérations et les incohérences vous sauteraient sans ça au visage...
    Après L'empathie, titre déjà très discutable, tant sur le fond que sur la forme, le deuxième roman d'Antoine Renand provoque chez moi le même dépit, qui confinerait presque à une forme de résignation...
    Pourtant, ça avait l'air plutôt bien parti, mais très vite, l'auteur retombe dans des travers rédhibitoires : une intrigue qui, à grand renfort de ramifications destinées à choquer et surprendre le lecteur, perd en intensité, une complaisance et une accumulation d'effets, voire de séquences dégradantes, comme si l'auteur ignorait le pouvoir de la suggestion, et considérait obligatoirement ses lecteurs comme des tueurs en série en puissance, avides de lire en détail le supplice enduré par les victimes du récit...
    Et, pour parachever l'ensemble, l'auteur dégaine un cliffhanger rocambolesque, comme s'il n'était pas lui-même convaincu de son récit...

    01/05/2020 à 21:30 6

  • Toute la violence des hommes

    Paul Colize

    9/10 Rien d'étonnant à ce que le principal protagoniste du dernier roman de Paul Colize se serve de l'art pictural pour exprimer ses sentiments, quand on parcourt les pages de celui-ci...
    En effet, l'auteur esquisse son intrigue comme un peintre sa toile, par petites touches, révélant toute l'étendue de l'incroyable destinée de son héros, étape après étape...
    Avec une simplicité et un effacement devant l'horreur, d'une humilité poignante, il nous fait partager tant d'émotions, nous soumet à tant de chagrins, nous place devant tant de nos contradictions, qu'on ne peut refermer ce livre sans s'interroger vraiment sur la nature de ce que nous sommes prêts à accepter sans jamais réagir...
    En évoquant l'épisode méconnu de la bataille de Vukovar, point de départ d'un drame humain qui l'est beaucoup moins, la guerre en ex-Yougoslavie, il met le doigt sur toute la violence des hommes...
    Qui, plus que lors des exactions commises par les milices serbes à l'époque, d'une ignominie crasse, ne se manifeste jamais aussi abominablement que dans la passivité et cette non-assistance à personnes en danger dont a fait preuve la majorité de la communauté internationale vis-à-vis du peuple croate...
    Et qui, quand on pense au sort réservé à la ville d'Alep, perdure encore...

    27/04/2020 à 17:51 11

  • Série Z

    J.M. Erre

    8/10 Ce n'est pas parce que la moitié des protagonistes de son histoire porte un dentier que l'auteur en perd sa dérision si mordante, et ce n'est pas parce que l'intrigue du roman porte sur les films de seconde zone que le travail de J-M Erre ne mérite pas de figurer au premier plan...
    En fils spirituel de Frédéric Dard, l'auteur rue dans les brancards du cinématographiquement correct, avec ce pastiche de série z, foutraque et déluré, qui, malgré sa propension à partir dans tous les sens, sait comment dérider nos zygomatiques...
    De références en clins d'œil, son roman, tout comme son intrigue, a plus de consistance et de robustesse que l'ensemble d'un casting gérontologiquement attendrissant...
    Qui, en sus, sait vous faire passer du rire aux larmes, par le biais d'un épilogue autrement plus grave que ce à quoi on aurait pu s'attendre...
    Après le déjà formidable " Qui a tué l'homme-homard ", et en ces temps de morosité ambiante, n'hésitez pas à vous plonger dans les pages de cet auteur inclassable et extrêmement talentueux, à la notoriété encore trop confidentielle...

    24/04/2020 à 20:33 3

  • Le Pacte de l'étrange

    John Connolly

    7/10 Comme toujours, chez Connolly, l'efficacité est de rigueur...
    Si l'on retrouve avec le même plaisir toute la bande constituée au fil des romans, il n'oublie jamais d'y ajouter quelques personnages particulièrement affreux, capables d'alimenter son folklore personnel, même si ce n'est parfois que l'espace d'une seule aventure...
    Ici, Charlie Parker sert à nouveau de poisson pilote au FBI à la recherche de son alter ego, un privé porté sur l'occulte et le surnaturel...
    Sa quête de la vérité l'amènera à croiser une nouvelle famille aux penchants sectaires, et à apporter une nouvelle pierre à l'édification du mythe de Charlie Parker...
    Même si la réjouissance de me plonger dans un nouveau volet des enquêtes du privé de Connolly demeure intacte, celui-ci tarde tout de même à délivrer son lot de révélations le concernant, nous laissant légèrement frustrés, parvenus au terme de l'histoire...

    20/04/2020 à 18:00 6

  • Celle qui pleurait sous l'eau

    Niko Tackian

    8/10 Assurément le meilleur volet des aventures de Tomar Khan...
    D'abord, parce que Khan sent le vent du boulet lui rafraîchir la nuque, et qu'un héros tel que lui, n'est jamais aussi séduisant que lorsqu'il se trouve dos au mur... ( C'est du moins mon avis...)
    Ensuite, parce que son équipe se trouve dans l'obligation de s'affranchir de sa figure tutélaire, ce qui permet à l'auteur d'étoffer un peu plus le pedigree des autres personnages du Bastion...
    Enfin, parce qu'en choisissant de consacrer cette enquête aux victimes de la violence faite aux femmes, Niko Tackian trouve là matière à exalter son style à la fois humaniste et pugnace, touchant au cœur ( du problème, comme du lecteur ) ...

    15/04/2020 à 15:35 4

  • L'Homme aux Murmures

    Steve Mosby

    9/10 Indépendemment d'une intrigue odieusement bien composée, c'est l'accablement d'un passé traumatique, qui préside à la constitution de ses personnages, et le talent de l'auteur, de savoir nous les rendre d'une proximité si empathique, qui est pour beaucoup dans le plaisir incommensurable que j'ai pris à lire ce livre...
    Il m'a rappelé, quand la résignation l'emporte sur toute forme de résilience, L'homme-craie, de C. J. Thorne, un autre formidable thriller lu récemment, qui partage avec celui-ci d'autres points communs...
    Une amertume pouvant confiner à une sorte de nostalgie, le sentiment d'un échec répété, chacun des protagonistes, quelle que soit son rôle, évolue sur le fil ténu d'une existence passée dans les pas d'un autre...
    Comme sa consœur britannique, Alex North réussit la performance d'ébranler le lecteur en profondeur, en humanisant de façon si touchante, une histoire si macabre...
    Indubitablement, comme l'a dit terror77, l'un des ( le ? ) meilleurs thrillers de ce début d'année...

    13/04/2020 à 12:25 10