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8/10 Ce roman est une enquête policière mais aussi une enquête sur les dérives de l'exposition des enfants sur les chaînes de parents influenceurs sur les réseaux sociaux. Il m'a permis de découvrir le monde des vlogs, d'entrevoir où peut mener la soif de reconnaissance, le besoin de notoriété, l'appât de la consommation et des marques. On y découvre la mise en place de protections juridiques sur le droit à l'image des enfants et leur limite.
Delphine de Vigan réussit fort bien à traiter ces sujets de société sous forme d'un roman policier, d'un thriller "soft" bien documenté à l'intrigue prenante.24/04/2024 à 00:45 clochette (131 votes, 7.5/10 de moyenne) 1
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8/10 Les ravages des réseaux sociaux sur notre psychisme, des pratiques impudiques et lucratives sur le net sont nombreux et ne sont plus à démontrer. Lorsqu'il est question d'enfants en pleine construction, l'ampleur des dégâts est d'autant plus importante. Effroyable de réalisme. Une vision pessimiste de ce qu'est en train de devenir notre avenir et celui de nos enfants.
29/08/2022 à 23:42 Nelfe (227 votes, 7.5/10 de moyenne) 2
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8/10 Mélanie Claux a vécu, comme hypnotisée, les aventures des habitants du premier Loft Story depuis son canapé. Elle va grandir dans l'espoir de devenir un jour la nouvelle Loana, celle qui a été couverte de gloire à sa sortie du loft. Et si la télé-réalité s'est refusée à elle malgré quelques tentatives ratées, elle sait ce qu'elle veut : devenir célèbre.
Les premiers chapitres sont construits sur une écriture sèche, brute, hachée, directe et décousue qui fait référence à ce que la génération "loft Story" a vécu. A cela s'ajoutent des va-et-vient dans le passé et dans le présent, le tout entrecoupé de Story Instagram décrites visuellement et conformes à celles qui nous inondent sous forme de vlog et de vies plutôt banales mais très actives donc addictives.
Le rythme de départ est spécial, pour ne pas dire déroutant.
Si on ne sait pas de quoi le livre parlera, on se demande même où l'auteur veut en venir.
Ça va durer une cinquantaine de pages.
Et puis, retour définitif dans le présent, alors que Mélanie est devenue célèbre et riche en mettant en scène sa vie de famille parfaite, sa fille disparaît durant une partie de cache-cache, juste avant la traditionnelle storie qui va annoncer la sortie de leur nouvelle vidéo. Elle a 6 ans, son frère aîné 8.
Clara Roussel, procédurière à la crim, entre alors dans la danse avec cette enquête qui démarre.
2 mondes vont alors se dévoiler l'un à l'autre : celui qui est joué devant une caméra et celui qui est vécu, loin du paraître des réseaux sociaux.
Les retours dans le passé ne sont plus que des flashbacks de quelques minutes, au gré de la découverte des vidéos de la famille, pour comprendre leur(s) vie(s), virtuelle et réelle.
L'enquête va nous permettre de découvrir les 2 mondes qui se font face, et dont le "réel" ne soupçonne pas ce que le "virtuel" offre à ceux qui le fabriquent et le regardent.
Cette enquête ne va pas pour autant s'arrêter au présent. On est parti d'un passé pas si lointain, pour s'étendre jusqu'à un futur tout proche, en 2030.
C'est un récit fort sur l'image, sur l'évolution de notre société, sur les dérives d'une manière de vivre, de communiquer nouvelle et maîtrisée uniquement par ceux qui l'ont choisie. Rien de nouveau donc pour qui connait les réseaux sociaux et suit les stories Instagram, les chaînes YouTube mettant en scène les familles et enfants plusieurs fois par jour durant plusieurs années au point qu'on a l'impression de les connaître.
Pour ceux qui n'ont jamais vu de vidéos d'unboxing (les enfants sont filmés en train de déballer des cadeaux), tout ça va leur sembler irréel.
Les personnages sont très bien décrits au point où il est difficile de ne pas s'identifier. Parfois à l'un, parfois l'autre. On comprend tout le monde quand on est entre ces 2 mondes. C'est absolument dingue !
On pense irrémédiablement à 1984. Forcément ! C'est un futur qui va se réaliser. On est même déjà dedans. On file vers une explosion des cas de troubles psy à la Truman Show.
Je ne dirai pas que ce livre me fait peur. En tous cas, il me fait réfléchir sur les lois, inadaptées ou trop floues, pour protéger nos vies et celles des générations à venir. Et on ne parle pas ici seulement des vies numériques.
Les frontières de l'intime se sont déplacées depuis quelques années, depuis l'avènement de la télé-réalité puis des réseaux sociaux. Et ces derniers en sont seulement encore à censurer des bouts de seins ou de fesses, mais ils ne censurent pas les enfants dont l'anonymat auquel chaque être humain à droit est déjà perdu. Définitivement.
On se rend compte que toute l'intimité postée, affichée naïvement (ou vénalement, ou cupidement) cherche à générer du plaisir alors qu'au fond il génère tout autant angoisse et tristesse sur le long terme.
Intéressant !
Un éclairant 8/10 dans mon échelle de goût, avec une enquête bien menée et surtout, surtout, un sujet de société magistralement exposé qui ouvre un débat qui va devoir trouver des réponses plus claires et fermes pour sauver des vies.14/04/2022 à 18:49 athanagor (292 votes, 7.8/10 de moyenne) 1
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9/10 Un de mes gros coups de cœur de l'année, même si je ne pensais pas le retrouver ici avec les polars ! Un roman en prise avec l'actualité des réseaux sociaux, une réflexion sur l'image et l'estime de soi... Bref à découvrir de toute urgence si vous ne l'avez lu .
14/12/2021 à 16:24 media kris (15 votes, 7.3/10 de moyenne) 3
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8/10 Une histoire terriblement contemporaine, qui met en lumière le caractère fondamentalement clivant des réseaux sociaux...
J'ai aimé la construction du roman de Delphine de Vigan, qui donne à voir les effets de ces pathétiques tentatives d'amour virtuel sur le long terme...
Chacun de ses personnages, victime, bourreau, ou simple témoin,
subit cette dictature du clic, et se trouve dans l'incapacité de s'extirper du piège qu'il a lui-même créé...
À l'heure du repli sur soi, et du sans contact, ce besoin de partager sans s'impliquer témoigne d'un individualisme désolant, dopé par la multitude d'outils numériques à notre disposition, que le ton amer et désillusionné de l'auteur contribue à souligner...08/05/2021 à 18:44 jackbauer (727 votes, 7.2/10 de moyenne) 7