jackbauer

727 votes

  • Ceux qui nous ont offensés

    Cody McFadyen

    7/10 Avec ce troisième épisode des investigations de Smoky Barrett et de sa troupe d'Esprits criminels, on peut penser que Cody McFaden se rend coupable du péché de paresse... L'auteur avait placé la barre tellement haut avec son Shadowman, qu'on ne peut ressortir de ce L. A. Confessionnal que frustré et déçu... Le manque de singularité et de fraîcheur de l'intrigue, par rapport aux précédents épisodes, ou à d'autres ouvrages, ne stimule pas l'intérêt du lecteur, tout comme le rythme atone, ou certains passages peu en phase, à mon goût, avec l'univers dans lequel baigne l'histoire...
    Dommage, car la forte caractérisation des personnages, que l'on prend plaisir à retrouver de nouveau, et leur évolution au quotidien, m'avait rendu cette série éminemment attachante...

    27/01/2017 à 22:24 4

  • Cabossé

    Benoît Philippon

    8/10 Cabossé, ça pourrait être le nom de la fée plutôt cruelle qui, à la naissance, se serait penchée sur le berceau de Raymond, alias Roy: comme si, en pleine partie de poker existentielle, elle avait choisi son âme pour se défausser... Un personnage de conte défait, dont la légende s'écrit à coups de beignes dans la gueule, la sienne, mais surtout celle des autres... Un prince désenchanté, à qui le destin octroie un nouveau départ... Bonne pioche ?
    Benoît Philippon s'invite à la table des forts en gouaille, les Michel Audiard et autres Frédéric Dard, avec cette fable contemporaine et profondément humaniste; des chapitres courts et nerveux comme autant d'uppercuts, qui vous vrillent la face et le coeur, balançant entre humour et déconvenues...
    Charitable envers ses personnages, sans être acrimonieux, avec ce road book à l'eau de chardon, il parvient à transformer d'attendrissants anti-héros en d'épatants Michel Simon et Arletty des temps modernes...

    18/01/2017 à 21:16 9

  • Le Bazar des mauvais rêves

    Stephen King

    8/10 Vingt textes qui nous permettent une fois encore d'être témoin du talent protéiforme du King, vingt mondes ouverts sur autant d'univers différents, vingt façons pour l'auteur de faire la démonstration de sa remarquable faculté à se renouveler sans se renier, honorer ses pairs et modèles sans plagier... Ce qui est à souligner ici, c'est que ces textes de Stephen King ne sont pas systématiquement passés au filtre du surnaturel, ou du bizarre, mais plutôt un éclairage merveilleux et déroutant sur la virtuosité avec laquelle l'auteur appréhende son environnement, et nous restitue sa propre compréhension du monde et de la place qu'il occupe, à l'instar des grands écrivains de ces dernières années, comme si avec l'art de la nouvelle, King retrouvait une espèce de légitimité trop souvent contestée...

    15/01/2017 à 11:22 5

  • Bienvenue à Cotton's Warwick

    Michaël Mention

    9/10 C'est un peu comme si, au détour de Cotton's Warwick, vous tombiez sur le chaînon manquant faisant la jonction entre la tribu de rednecks du Délivrance de John Boorman et la troupe de freaks de Todd Browning; son invraisemblable communauté de tarés, cette monstrueuse galerie de personnages, c'est Rendez-vous en terre inconnue version Tobe Hooper, une plongée hallucinante au cœur d'un territoire hostile, au fond d'un abyme de désespérance, d'horreur et d'abandon...
    Ici, on copule en famille, on enterre sa peine et ses rêves d'ailleurs sous des couches de cynisme frelaté, on survit en vase clos... Ici, Darwin côtoie Hemingway, George Miller et Alfred Hitchcock... Ici, le genre humain en est réduit à la portion congrue, et finit par s'étioler sous les coups de butoir d'une barbarie et d'une bestialité crasse, symboles décadents d'une société privilégiant l'individualisme et le repli sur soi...

    05/01/2017 à 00:00 7

  • L'Ordre des choses

    Frank Wheeler Jr

    4/10 Une histoire elliptique, traversée de bouffées de violence brute, condition sine qua non au statu quo; pour garantir l'ordre moral et assurer la tranquillité de cette petite ville du Nebraska, le dérèglement est un mal nécessaire, et la bordure entre la légalité et l'illicite tend à s'effriter... D'où le côté borderline du personnage principal...
    Sentiments plus que contrastés à la lecture du roman de Franck Wheeler Jr; engageant, mais rarement captivant, soufflant le chaud et le froid, confiné dans cet entre-deux tiédasse jusqu'au terme de son histoire, j'ai eu du mal à en apprécier la saveur... L'aspect assez brut de décoffrage de la narration, cette espèce de no time's land, qui vous balade d'un moment à un autre sans que l'on s'y retrouve, le manque d'empathie vis-à-vis des personnages, assez nombreux, et pour lesquels on ne vibre jamais vraiment, et les manoeuvres abscons qui président à ce jeu de chaises musicales entre les forces de l'ordre et les narcotrafiquants m'ont rendu la lecture fastidieuse... Tout comme la relation qui s'est forgée entre Earl Jr et Camilla, qui manque de densité et de carnation, et vient comme un cheveu sur la soupe, ralentir le rythme...

    03/01/2017 à 10:05 3

  • Ils savent tout de vous

    Iain Levison

    6/10 Iain Levison conduit son récit comme un bulldozer carburant au diesel, lancé à vive allure sur les voies de Big Brother, une histoire de télépathes échevelée et à haut débit, très tarantinesque, le premier thriller post-Snowden et Guantanamo... La connexion avec ses personnages se fait immédiatement, l'auteur réussit à capter notre attention tout du long, et l'on passe finalement un bon moment, même si l'on peut regretter la rupture brutale du faisceau, et les zones d'ombre qui subsistent...

    28/12/2016 à 23:34 5

  • Je sais pas

    Barbara Abel

    5/10 D'une manière générale, Barbara Abel maîtrise les ressorts de nos peurs les plus domestiques, et sait s'introduire dans la plus stricte intimité de ses personnages pour les placer dans des situations dramatiquement banales, cas de conscience et autres dilemmes moraux, permettant une identification immédiate et empathique... Elle prend le temps de délayer son intrigue, de faire monter la mayonnaise, avant de dresser ses chroniques d'une vie qui, subitement, sort des clous; malheureusement, en ce qui me concerne, ce temps d'exposition, copieusement garni d'analyses psychologiques, m'a fait perdre l'appétit à l'heure d'entamer le plat de résistance, et j'ai dû batailler avec moi-même pour parvenir à la fin d'une histoire pas forcément si ratée que cela, mais à laquelle il me manque les bons ingrédients...

    23/12/2016 à 21:42 3

  • La Prunelle de ses yeux

    Ingrid Desjours

    7/10 Comme souvent, Ingrid Desjours nous conte, avec cette rencontre les yeux dans les yeux, des histoires de mimétisme; mimétisme dans la construction de l'intrigue, en miroir, à travers lequel se répondent les trajectoires heurtées d'un père et de son fils, lancés chacun vers l'acceptation de leur nature véritable, et celle de l'autre, prêts à en découdre avec leurs démons intérieurs...
    Mimétisme dans le rapport qui se noue entre Maya et Gabriel, et qui renvoie à celui existant entre l'auteur et son lecteur: l'un se fie à l'autre dans la découverte d'un monde qu'il ne peut totalement appréhender seul... Un roman sensitif, presque sensoriel, dont chacun des personnages pourrait être défini par un organe atrophié, comme un négatif sensible: le silence assourdissant de l'exil forcé pour Maya, le goût amer de l'échec pour Gabriel, la carence tactile paternelle pour Victor, l'odeur fétide de la mort qui colle aux basques de Tancrède...

    19/12/2016 à 11:00 6

  • Troupe 52

    Craig Davidson

    9/10 Quand un groupe de scouts croise, sur une île coupée du monde, la route d'un quidam solitaire, ils ne savent pas encore que pour eux, c'est le début de la faim...
    Le pitch est alléchant, le résultat bien plus encore; mixant The Thing et The Body, la magnifique nouvelle de Stephen King, Craig Davidson parvient, par le biais d'une situation extraordinaire, à créer un état de malaise, une configuration aux ressorts éminemment dramatiques, prétexte pour souligner que le ver est déjà dans le fruit: toute la complexité et la noirceur du genre humain, passés au révélateur d'une catastrophe qui lève le voile sur la véritable nature de tout un chacun...
    L'aboutissement de l'auteur réside dans ce sens de l'observation et du détail, dans cette analyse de la dynamique du groupe, qui régit les rapports de cette bande de pré-ados, leur caractérisation, d'une justesse émouvante...
    L'horreur de leur situation est de plus rendue de façon si imagée et figurative, si formellement visuelle, qu'on ne peut s'empêcher de ressentir, nous aussi, presque physiquement, les dégâts occasionnés par ce parasite monstrueux...

    13/12/2016 à 21:27 9

  • Nous allons mourir ce soir

    Gillian Flynn

    6/10 Féroce
    Licencieux
    hYpnotique
    haNté
    décoNvenue...

    06/12/2016 à 14:52 4

  • Comme une ombre dans la ville

    Nicolas Zeimet

    8/10 Nicolas Zeimet réussit la prouesse d'imposer à son lecteur une expérience sensorielle inédite, à l'image des tourments psychologiques qu'il inflige à son héros; l'impression d'avoir lu une espèce de roman polymorphe, voire métamorphe... Une mosaïque littéraire, comme une addition de trames, dont on ne discernerait le motif qu'après avoir refermé la dernière page...
    Un "ouvrage à personnalités multiples", comme si plusieurs auteurs s'étaient relayés pour produire cet écrit; d'abord, une première partie qui m'a furieusement rappelé du point de vue de l'intrigue, le manga "Erased", de Kei Sanbe, l'histoire de ce mangaka possédant des capacités de chronokinésie... Zeimet parvient néanmoins à insuffler suffisamment de malice et de mystère à son sujet pour ne pas lasser, et échapper à la redite... Puis, avec l'apparition du principal personnage féminin, la sensation de basculer d'un coup dans l'univers d'une Helen Fielding, ou d'un Gilles Legardinier, ces comédies romantiques légèrement loufoques et assez désopilantes, mettant en scène de jeunes célibattantes à la recherche du grand amour
    Le dernier tiers du roman, à glacer les sangs, tranche (!) avec les deux précédents, et Nicolas Zeimet de démontrer son aptitude à détourner les canons du genre, se les approprier, pour mieux nous frapper d'étonnement...

    05/12/2016 à 23:08 3

  • L'Héritage de Jason Mac Lane

    Youri Jigounov, Yves Sente

    4/10 On commence vraiment à s'y perdre dans toute cette histoire d'héritage des pères fondateurs... Peu de lisibilité, et un Jason Mc Lane de moins en moins charismatique dans cette seconde mouture signée Jigounov et Sente... Un épisode dispensable...

    03/12/2016 à 22:36 3

  • Le Carnaval des hyènes

    Michaël Mention

    9/10 Débit mitraillette, en mode sténo, Michaël Mention dézingue les cadors de l'info-spectacle, et défouraille à tout va, clouant au pilori une société de la désinformation qui nous refait les jeux du cirque chaque soir au 20 heures...
    Carl Belmeyer, dont la parentèle avec un certain PPDA saute aux yeux, sert, à son corps défendant, de blanc-seing dans cette guerre de l'audimat, à grands coups de mystification évènementielle... Ici, le temps d'antenne se monnaye le prix d'une vie, despote publicitaire, et tout un chacun d'alimenter le reality-show de l'info, travestissant la vérité, l'accomodant à sa sauce aigre-douce, où l'acronyme supplante l'anonyme...
    In fine, Mention très bien pour ce brûlot à charge contre le grand barnum journalistique, et son corollaire, le média télévisuel; entre cynisme et pastiche, l'auteur se permet un tour d'horizon décapant des acteurs du jeu médiatique, pointant du doigt les dérives d'un système à l'origine de sa propre décadence...

    30/11/2016 à 22:34 8

  • Le Cri

    Nicolas Beuglet

    6/10 La lecture du roman de Nicolas Beuglet- le bien nommé- ne m'aura pas arraché de cri d'effroi, comme il ne m'aura pas laissé muet d'admiration; tout au plus lui accorderais-je un vague murmure d'approbation...
    Une histoire à l'intrigue un peu trop ambitieuse à mon goût, au vu du résultat, notamment dans sa volonté de traiter une multitude d'éléments à la foi(s), qui ont déjà été abordés dans d'autres ouvrages, en mieux- j'ai notamment pensé au Syndrome E de Franck Thilliez... Malheureusement, le traitement ne suit pas toujours...
    A de nombreuses reprises, j'ai eu l'impression que l'histoire prenait toute la mesure de son potentiel, notamment lors de l'apparition de Christopher, le personnage masculin principal, qui tranche avec le début du roman, et les évènements de l'hôpital psychiatrique, qui m'auront laissé de marbre... Las... Une hétérogénéité dans le tempo que l'on retrouve tout au long du récit, due tantôt au sentiment de redondance de certaines scènes, tantôt au caractère abusif de certaines situations, et qui porte préjudice au plaisir que l'on peut prendre à la lecture de ce roman... Quant à l'épilogue, il faut le voir pour y croire...

    28/11/2016 à 20:18 10

  • Erased tome 4

    Kei Sanbe

    5/10 L'histoire se répète, mais pas seulement du point de vue de Satoru; le lecteur commence lui aussi à trouver le temps long, et l'histoire de tourner en rond...

    26/11/2016 à 16:48 1

  • Erased tome 3

    Kei Sanbe

    7/10 L'étau se referme sur Satoru, qui peine à entrevoir la vérité, mais peut compter sur le soutien d'Airi, convaincue de son innocence... Même si l'intérêt pour la suite des mésaventures de Satoru ne faiblit pas, grâce au rythme imposé par le découpage et le sens des rebondissements de Kei Sanbe, la progression ne s'effectue pourtant qu'à petits pas vers l'identité du véritable tueur, en délaissant de manière dommageable l'aspect fictionnel des rediffusions...

    25/11/2016 à 21:23 1

  • Erased tome 2

    Kei Sanbe

    7/10 Deuxième tome des aventures de Satoru, où Kei Sanbe, et son personnage avec lui, s'interroge : a-t-on vraiment prise sur les faits marquants de notre existence ou bien notre destin est-il déjà tout tracé ?..
    La tension grimpe petit à petit, à mesure que se rapproche le jour fatidique... Le lecteur reste dépendant de cette chronologie à rebours, au suspense intense...

    25/11/2016 à 18:45 1

  • Erased tome 1

    Kei Sanbe

    8/10 Etonnant postulat de départ que celui de ce feuilleton dessiné: le personnage principal possède le don de revivre certains situations qui vont s'avérer potentiellement dangereuses, voire létales, afin de pouvoir y remédier... Cette faculté s'apparente somme toute à une malédiction, dans le sens où, Satoru étant un individu très renfermé sur lui-même, limite asocial, le fait d'être investi de cette capacité extraordinaire l'oblige, presque malgré lui, à s'impliquer et s'investir dans ces opérations de sauvetage...
    L'étude presque anthropologique du phénomène d'intégration, et de sociabilisation, à travers cette histoire et les souvenirs d'enfance qui vont graduellement refaire surface, constitue l'une des valeurs principales de cette série, tout comme la trame du récit, qui va connaître, dans la dernière ligne droite, un revirement stupéfiant, démultipliant le champ des possibles...

    23/11/2016 à 22:55 5

  • Le Premier Miracle

    Gilles Legardinier

    8/10 Gilles Legardinier retrouve le filon du bonheur, avec son Premier Miracle, en nous embarquant dans ce périple aurifère, quelque part entre Indiana Jones et James Bond, une intrigue que n'aurait pas renié Jules Verne... C'est érudit, c'est bien écrit et ça donne franchement envie... Sa bonne fortune lui permet de juxtaposer deux genres qu'il affectionne et auxquels il s'est déjà frotté par le passé, avec plus ou moins de réussite: le thriller ésotérique et la comédie romantique...
    Ici, l'alchimie fonctionne parfaitement, par la grâce d'une intrigue pleine de mystères et de savoirs, et de premiers rôles souvent drôles, aux rapports savoureux... Ici, les coups d'éclat sont généralement le fruit des déductions et de brainstorming délectables, plutôt que le fait de superhéros intouchables, des personnages faillibles et proches de nous, la richesse du propos se suffisant à elle-même; à cet égard, la relecture de la disparition d'une des figures les plus marquantes de l'histoire du siècle dernier mérite que l'on s'y attarde...

    19/11/2016 à 22:14 4

  • Un coeur sombre

    R. J. Ellory

    8/10 Ca commence comme dans " Réservoir Dogs" de Tarantino, un braquo qui tourne au bain de sang, mais assez vite, on est chez Ellory, et l'impression première de déjà lu est battue en brèche par l'étude de caractère, et l'introspection glaciale et pleine de cynisme à laquelle se livre Vincent Madigan, le personnage principal, véritable oxymoron vivant, ripou presque malgré lui, coincé entre une situation familiale déplorable et un engagement personnel délictueux...
    C'est une histoire de rédemption impossible, comme un ultime coup de poker, pour Madigan, une virginité perdue à force de coups foireux, une dernière dette à honorer pour un homme de peu d'honneur... C'est un vortex arachnéen sur le mode du " qui piège qui", dans lequel chaque solution débouche sur un nouveau problème, où les situations inextricables succèdent aux cas de conscience...
    Le style d'Ellory diffère d'ailleurs un peu de ses précédents romans, dans une sorte d'hommage aux romans noirs des années 50, une prose moins poétique et plus pragmatique, un ton direct et musclé qui nous plonge au coeur de la psyché de Madigan, et nous oblige à épouser les réflexions et le questionnement de ce dernier, nous interrogeant sur ses choix et ses décisions...

    14/11/2016 à 18:30 8