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Comme de longs échos
8/10 Comme de longs échos résonne des drames d'une humanité retorse et perverse, de ceux qui peuplent la rubrique des faits divers, et dont on se demande constamment qui, de la réalité ou de la fiction, fournit matière à l'autre...
Ici, exaltés par la griffe Piacentini, ils prennent un tour tragiquement lyrique, quand la sombre rudesse des actes, tempérée par le sacerdoce blasé de ses personnages, conduit à l'inimaginable, voire l'innommable...
Soufflé par l'esthétique littéraire et la prévenance apportée à sa brigade, l'aspect familial de son équipage fixe rendez-vous au lecteur pour de nouvelles révélations, comme gage de nouveaux plaisirs de lecture...07/01/2018 à 11:30 5
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Un moindre mal
6/10 Totalement d'accord avec OttisToole... Une histoire qui ne s'apprivoise que tardivement, qui ne se donne pas sans avoir fait un effort de persévérance presque butée, même si je reste moins enthousiaste que lui, concernant la réussite de l'ensemble...
03/01/2018 à 16:14 5
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La Pieuvre
8/10 Amateurs des aventures du couple Sharko/Hennebelle, penchez-vous rapidement sur le cas Jacques Saussey... Son duo de flics, unis à la ville comme à la scène... de crime, nous fait immanquablement penser au binôme cher à Franck Thilliez... Le caractère sériel de leurs enquêtes rapproche les deux sagas, quand la sphère privée percute de plein fouet la sphère professionnelle, plaçant les personnages dans des situations toujours plus explosives ; mais là où Thilliez expose son tandem aux dérives de la science, et à ses méfaits, Saussey confine ses personnages dans des limites plus cartésiennes, plus judico-judiciaires...
Malgré un impact dramatique moins intense que celui ressenti à la lecture de " Ne prononcez...", la Pieuvre vous prend dans ses tentacules et resserre son étau d'effroi jusqu'aux dernières lignes...29/12/2017 à 10:26 8
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D'ombre et de silence
8/10 Il faut avoir le cœur bien accroché, et l'optimisme chevillé au corps, pour garder foi dans le genre humain, malmené et vilipendé tout au long de ces neuf nouvelles ... Un trop-plein de noirceur et de désespoir, un poil caricatural par moments, dans le plus pur style Giebelien... Phrases affûtées comme des lames de rasoir, pour larmes dérisoires, final fatal, toutes ne sont pas toujours réussies , mais chacune ne manquera pas de provoquer le malaise chez le lecteur citoyen...
18/12/2017 à 20:25 9
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Hex
7/10 Un étonnant roman d'horreur, sorte de croisement entre Dôme et le Projet Blair Witch, au potentiel indéniable, et à la conclusion glaçante...
Combinant le gothique et l'horreur moderne, mêlant traditions et technologie du XXIeme siècle, se rapprochant, par certains de ses aspects, d'une analyse sociologique d'un microcosme soumis à la défiance de l'Etrange(r), le livre de Thomas Olde Heuvelt s'apparente à une mosaïque d'influences, de Stephen King à Night Shyamalan, en passant par Clive Barker... Un patchwork réussi, dont les qualités premières demeurent avant tout la très réussie retranscription du sentiment d'isolement, voire d'isolation de cette petite communauté, ainsi que le caractère de son intrigue, assez déroutant, et délicieusement anachronique...17/12/2017 à 20:29 11
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Les Chiens de Détroit
7/10 À la lecture de ce roman, je ne peux m'empêcher de tracer un parallèle avec celui de Vincent Hauuy, Le Tricycle Rouge... Deux auteurs français qui, pour leur premier roman, viennent défier les auteurs anglo-saxons sur leur propre territoire, leur empruntant décors, codes et personnages...
Un emprunt nullement sans intérêt, mais indéniablement à risques, car il assure une comparaison inévitable avec ceux ayant déjà sévi...
Ici, l'exercice ne m'a pas donné entière satisfaction, du fait de personnages proches de la caricature et d'une intrigue indolente...
Mais rendons grâce à Jérôme Loubry d'avoir su faire de la ville de Detroit un acteur à part entière ; c'est elle qui focalise complètement l'attention du lecteur...
Le véritable croque-mitaine du bouquin, c'est elle...10/12/2017 à 14:29 7
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Candyland
9/10 Sous ses dehors à la Bull Mountain, Candyland dépose sur vos pupilles une saveur âcre-douce : le désespoir charbonneux de ses trajectoires individuelles, malgré les tentatives d'extraction d'une destinée à la marge, vient vous brûler les iris, jusqu'à annihiler toute perspective enchantée...
Jax Miller vous apâte avec une pleine poignée de friandises, de beaux mots sucrés, qu'elle enrobe de fiel et d'amertume, et qu'elle vous force à ingurgiter ad nauseaum, de ceux qui vous filent mal au bide, le cœur au bord des larmes, les émotions en vrac...
Une lecture éprouvante, au sens étymologique du mot, car c'est en effet une véritable épreuve que de se confronter à cette déréliction, cette chienlit émotionnelle, qui affecte chacun des protagonistes, magnifiée par l'écriture incarnée de Jax Miller...
Une tragédie shakespearienne intense et mémorable, l'un des romans les plus marquants de cette année...04/12/2017 à 21:22 12
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Assassins d'avant
8/10 Assassins d'avant, coupables passés, victimes de toujours...
La rencontre de deux êtres, meurtris dans leur chair, l'un dont la mère décédée n'a jamais été aussi vivante, l'autre dont le frère, vivant, est aux portes de la mort, l'union contre nature, la rédemption ou le pardon...
Malgré les thèmes abordés, la narration confortable d'Elisa Vix procure un ravissement de lecture, à la limite de l'euphorie, l'envie féroce de connaître le fin mot de l'histoire, heureux ou malheureux, l'essentiel étant qu'il n'arrive pas trop tôt...
La fluidité du style, l'étude des caractères qui témoigne d'un intérêt sincère pour ses personnages, qu'elle sait nous rendre empathiques, participent au charme vénéneux de l'ouvrage...
Le final, qui claque comme un coup de revolver, achève de rendre l'ensemble particulièrement séduisant...
27/11/2017 à 18:25 10
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Après la chute
7/10 De prime abord, j'ai ressenti le même désarroi, la même confusion que l'héroïne de ce roman noir, l'impression de m'être fait moi aussi arnaquer... La frustration du lecteur floué par une histoire qui n'a pas l'air de vouloir tenir toutes ses promesses...
Pourtant, elles paraissaient nombreuses: Dennis Lehane, un auteur apprécié, presque adulé, après les machiavéliques Shutter Island et Mystic River, l'avis laudateur de Gillian Flynn en préambule, un démarrage équivoque et engageant...
Mais voilà, après une centaine de pages fastidieuses, sans relief particulier, j'avais du mal à accrocher, et y trouver mon intérêt, à fortiori, mon bonheur...
Sauf qu'Après la chute, souvent, viennent les rebond(issements)...
Et alors, voilà qu'ils amènent du sang neuf, et un nouvel éclairage, qui, même s'ils ne transcendent pas l'œuvre, la placent dans une nouvelle perspective, nous permettant de passer au final un très agréable moment...
La relation Rachel / Brian prend alors une nouvelle tournure, on bascule de Douglas Kennedy aux frères Cohen, et l'on en vient à regretter les atermoiements du début...25/11/2017 à 14:16 7
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L'Appel du néant
9/10 De cet appel du néant, il en est finalement sorti quelque chose... Oui, l'inspiration de Maxime Chattam, celle qui lui a permis de composer sa Trilogie du Mal, est toujours là...
Après pas mal d'histoires en deçà de celles qui l'avaient révélé au public, ou d'autres beaucoup trop foutraques, ou tout simplement ratées à mon goût, il revient en pleine lumière, en s'écartant partiellement des ténèbres, s'éloignant de sa zone de confort, tentant d'appréhender la nébuleuse terroriste...
L'association djihadisme / tueur en série pouvait s'avérer casse-gueule ; pourtant, pour une fois, Chattam s'en sort plutôt avec les honneurs, malgré les horreurs...
Peut être parce qu'il joue ici profil(er) bas, en circonscrivant son intrigue à un périmètre plus humain, moins dans la démesure, plus dans la retenue, que lors de ses précédentes histoires...
Moins de strass, plus de stress : la tension est omniprésente, et l'auteur n'est plus dans l'épate, ni la surenchère, son sujet se suffisant à lui-même...
Finalement, contrairement à ses derniers romans, où il nous plongeait au cœur de l'abîme, c'est en nous poussant vers le bord du précipice, que Maxime Chattam parvient le mieux à s'élever dans la hiérarchie des auteurs du genre...19/11/2017 à 18:37 9
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Tenebra Roma
8/10 Tous les chemins mènent à Rome, et principalement celui de la rédemption pour Marcus le pénitencier, contraint d'enquêter sur lui-même pour retrouver la trace d'un enfant disparu...
S'appuyant sur un postulat de départ aguichant ( la ville de Rome privée d'électricité durant 24 heures), le nouveau thriller gothique de Donato Carrisi, en dépit d'un schéma narratif assez semblable à son précédent, s'avère, une fois encore, remarquablement prenant...
Une intrigue sous influence, autour de laquelle gravitent des bandes de casseurs à la Walking Dead, un génie du mal, cousin d'Hannibal Lecter...
Des rebondissements en cascade, et si Rome ne s'est pas faite en un jour, l'auteur s'efforce de la défaire en un temps record... Un scénario catastrophe qui colle à la frénésie du tempo, cette course poursuite dans une Rome en état de ( Saint ) siège, et un final en guise de promesse, celle de retrouver prochainement nos héros dans de nouvelles aventures trépidantes...12/11/2017 à 14:40 6
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Une fois dans ma vie
7/10 Gilles Legardinier redonne à ses héroïnes foi dans leur vie, malgré coups de blues, coups de folie et coups de foudre, celles qui, le plus souvent, rendent les larmes devant les problèmes du quotidien...
Ce sont les tantes et cousines des Julie, Marie et Sophie, ces personnages déjà rencontrés dans d'autres pages de l'auteur, un air de famille qui s'invite jusque dans leurs histoires qui se ressemblent aussi, d'un ouvrage à l'autre, et qui nous privent peut-être d'un effet de surprise, pour qui a déjà lu ses précédents romans, ce tourbillon romanesque qui émane des écrits de Legardinier, mais qui s'essouffle à force de redites...
C'est en tout cas ce que j'ai ressenti en lisant cette nouvelle histoire : alternance de moments réussis, drôles ou touchants, notamment quand il évoque le quotidien de ces saltimbanques débonnaires et atypiques, avec d'autres moins efficaces, plus sentencieux, trop solennels, privés d'une fantaisie qui ramène son propos à des formules un peu creuses de développement personnel...05/11/2017 à 23:08 5
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Origine
4/10 J'essaie de faire preuve, en général, d'imagination en rédigeant les avis que je poste, mais, ici, je vais faire du Dan Brown, et recycler une formule qui fonctionne ( ou pas ) : les assidus apprécieront, les autres moins, voire pas du tout, ce gaspacho à la Da Vinci Code...
Les mêmes ressorts dramatiques, les mêmes problématiques scientifico-religieuses, des rebondissements attendus, ou devinés, un temps d'exposition beaucoup trop long, un rythme qui en pâtit, et un final trop expliqué, et vite expédié...
Bref, même si j'ai apprécié les quelques anecdotes historiques dont Dan Brown a l'habitude de parsemer ses récits, on ne peut pas dire que cette quête de nos origines ait transcendé le sens du divin...29/10/2017 à 20:47 8
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Sans défense
7/10 Toujours un réel plaisir de retrouver Myron Bolitar et ses acolytes...
Et une fois n'est pas coutume, c'est lui qui vole au secours de son meilleur ami, pour l'aider à résoudre une disparition vieille de 10 ans...
Une lecture sans prise de tête, du rythme, des rebondissements, parfois un poil tirés par les cheveux...
Et puis, Coben, c'est un peu comme le corbeau avec le renard : on jure que l'on ne se fera plus (sur) prendre, et pourtant, à la fin, on se laisse piéger une nouvelle fois...24/10/2017 à 17:44 6
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On la trouvait plutôt jolie
8/10 Il n'y a pas à dire, Michel Bussi connaît la chanson, et récite ses gammes avec maestria, réussissant à jouer sa partition (presque) sans fausse note...
S'appuyant sur ce talent de conteur qu'on lui (re) connaît, l'effet quasi hypnotique de sa prose et l'articulation d'un récit qui nous porte à bout de pages, Bussi, en brillant artisan du thriller qu'il est, nous concocte une autre de ses histoires à tiroirs, peuplée d'un panel de personnages charmants et savoureux...
Vient s'y greffer un choeur de questionnement politique, qui trouve son écho dans le sort réservé aux migrants, et le commerce abject qui en découle...
Mais le juge de paix qui valide définitivement la réussite, ou non, des romans de Michel Bussi, c'est son twist final...
C'est comme avec les feux d'artifice : si le bouquet final est réussi, le souvenir n'en est que plus prégnant...Or, là, ce fameux twist intervient, à mon goût, un poil trop tôt, et désamorce le final, qui perd en concision et en efficacité...
Néanmoins, une bonne cuvée pour ce cru 2017...24/10/2017 à 16:14 8
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Entre deux mondes
9/10 Oubliez Mowgli, Baloo et Rudyard Kipling, Olivier Norek écrit son propre Livre de la Jungle, et on n'est pas chez Disney...
Sans condescendance aucune, ni populisme arbitraire, il nous dévoile l'enfer du décor calaisien, en confrontant un jeune flic idéaliste et timide au drame de l'exil forcé... Paradoxalement, il nous donne alors l'opportunité de comprendre, un peu, de l'intérieur ce purgatoire à ciel ouvert, quand tous ceux qui s'y trouvent n'aspirent qu'à des envies d'ailleurs..
Il donne à voir l'essence de ce qui s'y vit : là où a cours la loi de la Jungle, quand les bonnes actions récoltent plus souvent des mauvais poings dans la gueule que de belles images, et dresse le portrait de ces laissés-pour-compte qui n'ont pas eu le choix, ou plutôt qui n'ont pas choisi...
Une faune déracinée et persécutée, à qui Norek offre un visage différent de celui des médias calibrés et prêt-à-penser, comme un bras d'honneur aux clichés et à la bêtise des hommes...
Avec ce récit sauvagement ancré dans notre époque, Norek se fait passeur d'émotions, et de cette traversée d'un drame domestique à l'échelle humaine, vous ne ferez certainement pas partie des rescapés...
Plus qu'un coup de cœur, un coup de semonce...18/10/2017 à 22:15 15
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Ne dis rien à papa
7/10 Première incursion dans l'univers domestique de François-Xavier Dillard et la sensation d'être passé pas loin d'une réussite majeure... D'emblée, l'auteur parvient, sans avoir l'art d'y toucher, à faire surgir l'inquiétant au détour de scènes de la vie de tous les jours...
Une tension grandissante, le passé, sous silence, tourmenté, la résilience en forme de résistance...
Durant les trois quarts du roman, on est éperonnés par cette histoire de vendetta familiale...
Puis, d'un coup, surgit une péripétie qui vient déboulonner le bon agencement du récit, discréditant la cohérence de l'histoire, une argutie qui m'a personnellement dérangé, et fausse la bonne tenue de l'ensemble...12/10/2017 à 09:12 6
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Ne fais confiance à personne
9/10 Paul Cleave nous aide à boucher les trous ( de mémoire), en juxtaposant les points de vue, et les souvenirs, pour tenter de démêler le Grey du faux...
Il teinte les blancs de noir, avec ce whodunit paranoïaque et haletant, traversé de féroces éclats de rire, où la vérité de la veille n'est pas forcément celle du lendemain...
Face à l'incertitude constante qui façonne le quotidien de Jerry, le lecteur s'interroge avec lui sur le bien-fondé de ses actes, et la réalité de ses dires...
Avec son imbroglio psychologique, Cleave traduit de manière brillante l'essence même de ce vers quoi tend tout bon romancier de polar : l'état d'esprit du personnage principal illustre admirablement celui dans lequel les auteurs du noir cherchent à plonger leurs lecteurs... Ballottés entre demi-vérités et révélations douteuses, se défiant de tout, à la merci de leur bon vouloir, ils aiment à se sentir déboussolés en parcourant les lignes de leurs littérateurs préférés, à l'image des fameux carnets de Jerry Grey...07/10/2017 à 17:24 11
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Bon retour en enfer
5/10 Un thriller qui, sans renouveler vraiment le genre, s'appuie sur une intrigue plutôt réussie, mais souffre malgré tout de dialogues ratés ; un portrait de femme flic, parfois touchant, mais qui par moments nous plonge dans un inconfort délicat, notamment lorsque l'auteur relate la séquestration de l'héroïne et les tortures endurées...
Un récit en demi-teinte donc, un souvenir de lecture pas indélébile...01/10/2017 à 17:45 3
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Retour à River Falls
7/10 Même si le style Aubenque a fini par me lasser, le cycle de River Falls demeure le seul encore à trouver grâce à mes yeux...
Sûrement parce que l'auteur est parvenu à y établir une sorte de connexion avec le lecteur, ses personnages à la limite de la caricature, son cadre bucolique, ce petit coin d'Amérique fantasmée, qu'il n'a plus jamais par la suite retrouvé avec ses autres ouvrages...
Pourquoi ? Peut-être parce que j'ai l'impression qu'Aubenque a souvent cherché son nouveau River Falls, en tentant seulement de dupliquer sa recette, sans tenter de se régénérer...
Mais ici, la magie opère encore... Et même si l'auteur retombe dans quelques uns de ses travers ( résolutions simplistes et final un peu vite expédié), je serai présent lors du prochain rendez-vous, à River Falls...26/09/2017 à 17:43 4