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Emphysiqué !
9/10 Roman très inhabituel, mêlant espionnage, humour vache et carnets de voyage lyonno-thaïlandais. En un mot, inclassable. Ah cet humour, acide à la Philippe Alexandre, grinçant à la Bernard Mabille, allusif à la Jacques Maillot, parfois épouvantable à la Desproges , il affleure à presque chaque page. Et Saint-Luc n’est pas du genre tendre !
13/03/2012 à 18:36
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Brouillard au pont de Tolbiac
7/10 Ce polar est paru en 1956 dans la série qu’a consacré Léo Malet à la capitale, « Les nouveaux mystères de Paris ».
Malet a voulu, ou subi, son héros comme un privé qui ne réussit pas souvent. Là encore Burma échoue. Oh, pas complètement bien sûr, son ami sera vengé, les affreux qui l’ont tué seront fait aux pattes ou occis, mais lui perdra aussi. Burma n’est pas le gagnant qu’adule un public : il est tout bêtement humain.
Brouillard au pont de Tolbiac est un voyage complet dans le XIIIème parisien. On aimera (ou pas, d’ailleurs) cette exploration minutieuse du macadam, le foisonnement de noms de rues.
Humain, Burma l’est ici terriblement puisqu’il tombe amoureux d’une jeune gitane que son ami avait pris sous son aile sans jamais la toucher, une « romano » qui lui avait été louée par une bande d’affreux, une bande décidée à la reprendre puisque la pension que versait cet ami n’est plus réglée rubis sur l’ongle.
Tout est triste à pleurer dans ce polar. Les lieux sont immondes, noyés dans la brume comme il semble que c’est leur destinée immuable, le brouillard. Les gens sont moches, des affreux gitans aux ex-anars reconvertis dans le faire suer l’burnous aux derniers de la classe. Burma n’y est pas dépaysé : le XIIIème, il connait, les rêves anarchistes, il a donné, la trahison mauvaise des petites gens, il a appris avec le temps. Il essaie bien de se sortir de ses souvenirs, mais le destin tragique du XIIIème les rattrape… Tous, jusqu’au dernier.
Un polar qu’on ne lit pas avec plaisir, un polar non jubilatoire s’il en est, un polar à se rendre plus triste encore un jour de pluie. Ou de brouillard. Trois polars en un, m’sieurs dames, et pour le même prix ! Une exploration des profondeurs d’un Paris que n’auront pas idée de visiter les touristes, une histoire d’amour finement ébauchée, l’épilogue d’une vieille vengeance bien recuite. C’est moche, l’homme…07/12/2011 à 23:58
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Maigret et son mort
9/10 Le quatrième de couverture est un des plus beaux exemples de « j’m’en foutisme » éditorial. Se contenter de reprendre les premières phrases d’un roman afin de délivrer un résumé éditeur enfonce les barrières habituelles de l’affliction.
Maigret est appelé au téléphone par un homme terrorisé, se sachant suivi, et qui demande sa protection. Il change souvent de lieu, mais sans s’éloigner des quartiers Chatelet-Marais-Bastille. L’inspecteur que Maigret envoie sur ses traces arrivera trop tard et perdra la trace de l’homme, dont le corps sera retrouvé en pleine nuit, le visage défiguré à coups de masse, et gisant place de la Concorde.
Donner une identité au cadavre sera le premier travail du commissaire. Lorsqu’il la connaitra, visiter son domicile deviendra aisé. L’homme était bistrot, et cette révélation donnera à Maigret l’idée de rouvrir le Petit Albert, un troquet parigot comme on n’en voit plus que rarement, en y plaçant un de ses inspecteurs. Cette ouverture permettra à la police de se lancer sur la piste de tueurs, et à Maigret de jouer les clients somnolant au fond, derrière le poêle.
Il s’agit d’un Maigret parisien, un de ceux qui me parlent le plus car j’ai une longue histoire d’amour avec le Marais (ça n’intéresse personne, d’accord).
Nous avons ici affaire à un roman dont la violence est prégnante, violence ressentie tout au long du roman, violence de bêtes fauves et non de petits malfrats qu’affectionne, en son for intérieur, Jules Maigret. Ce dernier se sent à la fois plus responsable et concerné qu’à l’habitude : concerné parce qu’il s’en veut de n’avoir pas été capable de sauver un homme lui demandant de l’aide ; responsable parce que ces gens là n’ont pas d’âme, parce qu’ils tuent sans hésitation, parce qu’ils tueront encore et toujours.
C’est en finale un Maigret dans lequel il y a de l’action, beaucoup, contrairement à certaines enquêtes versant dans la pure réflexion. Un Maigret dur, superbe. Rien que la description de la rafle rue du Roi de Sicile vaut qu’on dévore ce livre.01/12/2011 à 00:24 2
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Meurtre à l'Elysée
6/10 Ecrit sous le pseudonyme hilarant de « Jean Duchateau », ce polar de Roland Cayrol, directeur du CEVIPOF rattaché à Sciences-Po et de l’institut de sondages CSA, se lit sans déplaisir aucun.
L’intrigue n’est pas d’une solidité à toute épreuve, loin s’en faut, elle est même assez invraisemblable, rappelant par certains côtés « Le grand restaurant » dans lequel s’illustra Louis de Funès.
Roland Cayrol a visiblement souhaité écrire une farce, mais en la farcissant de deux ingrédients qui rendent son ouvrage très intéressant
- D’abord le lieu de l’intrigue, le palais de l’Elysée : toujours agréable de fouler les mêmes tapis que ceux sur lesquels évoluent nos chères édiles, mais on regrettera toutefois que la visite se limite aux pièces visitées par le journaliste… Or ses fonctions ne lui ont pas permis de tout voir.
- Ensuite, et c’est ce qui fait le vrai sel du livre, imaginer les réactions du monde politique à l’assassinat de Mitterrand ; là, c’est assez jouissif, bien malpropre, bien sournois et sans doute très bien vu.
Mais pourquoi Roland Cayrol n'a-t-il pas, avec l'intelligence pourtant aigüe qu'on lui connait, imaginé une intrigue moins prévisible? Car là est vraiment où blesse le bât. Dès le premier tiers du livre, on est fixé sur la fin. Quel dommage !25/11/2011 à 16:28
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Les yeux de Lira
1/10 « Avec « Les yeux de Lira », le duo Eva Joly-Judith Perrignon s’attaque au polar avec jubilation et plonge le lecteur dans une véritable course-poursuite, sans retour possible ».
C’est faux, et fort heureusement ! Le lecteur a un « retour possible », une carte stop, il peut tout simplement refermer ce bouquin avant de s’être par trop ennuyé à le lire jusqu’au bout, et l’emmener directement vers sa destination naturelle, un centre de recyclage : on est écolo, ou pas, fichtre ! Il peut aller aussi jusqu’à ne pas l’acheter, acte encore plus citoyen, ce qui lui évitera le déplacement vers les bennes.
Qui a vraiment écrit ce navet, Mystère. Quoique. La recette est on ne peu plus simple, en fait : l’une a bricolé un vague thriller politico-financier, glissé quelques anecdotes tirées de son ancien métier, et l’autre a mis en forme.
Disons le tout de suite, le travail de mise en forme est honnête. Pas transcendant, mais honnête. Quelques fautes de style, mais on a vu bien pire. C’est le fond qui pose problème dans ce livre : une fois qu’on a dit, redit, rabâché, que les riches étaient pourris, que le parquet l’était également (Eva Joly, ancien juge d’instruction hait et méprise à la fois les procureurs et plus généralement l’intégralité de son ancienne hiérarchie) et qu’on a truffé le récit de ficelles financières faciles et connues même du paysan du Rouergue, on fait quoi ? Comme il faut tenir 317 pages (pour vendre un navet 19,80€, il faut tout de même ça) on reprend depuis le début, on invente quelques nouveaux personnages, et on touille à nouveau.
Le livre a néanmoins un mérite ; il nous renseigne utilement sur la dose de bile rentrée d’Eva Joly ; sa haine transparait presque à chaque page. Haine de quoi ? Mais de tout ce qui réussit, simplement. Qu’elle se consacre aux tribunes, sa nouvelle passion, mais pitié ! Qu’elle ne se mêle plus d’écrire ! C’est d’autant plus injuste d’ailleurs que les éditions Les arènes auraient pu se laisser tenter par un auteur inconnu mais prometteur au lieu de se dire qu’avec les présidentielles en vue, un truc labellisé Eva Joly avait des chances de se vendre.
Tout le livre tient dans cet échange verbal, un bien dans l’air du temps, un bien courageux et qui fera à n’en pas douter progresser le monde :
- " Et pendant que vous y êtes, signez la commission rogatoire ! Au moins, vous saurez pourquoi vous vous faites engueuler, tente encore Félix.
- On va trouver quoi ? des entourloupes de milliardaires mais rien sur ce qui s’est passé. Les riches aussi se noient !
- Mais seuls les pauvres ne savent pas nager !"
C’est beau, hein? Ah c’est sûr, le monde est mal fait, que voulez-vous c’est ainsi depuis la nuit des temps, et ce ne sont pas les larmes faciles d’Eva Joly qui le fera avancer dans le bon sens.
On peut comparer cet « ouvrage » aux deux premiers Sulitzer, « Money » et « Cash » .Même veine, sauf que ces deux-là réservaient au moins leurs moments d’humour. Ici, même pas. Ils étaient aussi empreints d’un certain optimisme. Ici, behh…25/11/2011 à 16:26 1
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Maigret à Vichy
9/10 Un des Maigret que je préfère, pour deux raisons :
- D’abord, il se passe à Vichy, ville que j’adore parce que je n’y vais pas souvent. Si le Vichy ville n’a strictement aucun intérêt, le Vichy thermal a un parfum inimitable, spécialement en basse saison (c’est-à-dire presque toute l’année). Parfum de belle ville morte.
- Ensuite, parce que c’est sans aucun doute l’une des enquêtes qui dévoile le plus l’ignominie possible de l’être humain poussée à son paroxysme.
Maigret s’y rend à la belle saison, en cure, et découvre donc un Vichy différent de celui que je connais le mieux. Il remarque d’abord une femme qui lui semble mystérieuse, hautaine, qui le fascine, écoutant comme lui les aubades données par l’harmonie municipale alignée dans le kiosque à musique. Puis il ne la voit plus et ça le gène. Enfin, il apprend sa mort et il cherche.
Et lorsqu’on découvre enfin la vérité, elle est tout simplement épouvantable. Maigret, comme nous, est moralement du côté du tueur : il aurait aussi tué dans ce cas là, il aurait tué ce monstre.
Chez Simenon, les vrais monstres sont, pardon Mesdames, des femmes. Les vrais, ceux qui calculent froidement, qui prennent leur temps, qui tissent leur toile patiemment, qui n’ont aucune pitié, aucun sentiment, qui ne vivent que par une nécessité égoïste et pitoyable, assurer leurs vieux jours.
Voilà un Maigret qui prend à la gorge, qui donne envie de vomir. C’est un peu une enquête mais avant tout une lente marche vers la découverte de l’horreur absolue d’une âme noire.25/11/2011 à 16:24 2
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Les vacances de Maigret
9/10 Un homme « normal » en vacances, ça se repose, Maigret, non. Jamais en vacances, celui-là ! Il suffit qu’il visite son épouse alitée dans une clinique pour qu’il sente l’anormal, pour qu’il piste, pour qu’il cherche, pour qu’il découvre une vérité cachée.
Sa confrontation avec un tueur psychopathe est bien dans la veine de Simenon : Maigret interroge, l’air de rien, patelin. Son adversaire feint d’être sûr de lui, se dérobe, joue les notables, plaide la maladie, la folie d’une autre. Serré de près, il tuera encore, pour se protéger, au grand dam du commissaire qui n’a pas vu venir le coup et laissera une enfant se faire tordre le coup. Une enfant de pauvre, une qui n’avait rien demandé mais qui a eu la malchance de voir. Le notable se décomposera en finale, nouveau jouet malade entre les mains d’un Maigret même pas haineux. Très belle scène entre un juge d’instruction ami du psychopathe, une amitié de classe, un juge qui défend son camarade d’extraction bourgeoise, et un Maigret compréhensif mais impitoyable.
La version télé, starring Jean Richard, a été tournée à Saint-Martin de Ré. Une toute petite ville dans laquelle j’ai traîné longtemps mes guêtres, prenant un café à l’hôtel des Colonnes comme lui, me demandant qui possédait cette belle demeure bourgeoise flanquée de canons à son huis, sise sur le port. La demeure du monstre.25/11/2011 à 16:22
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Cadavre d'Etat
6/10 Bien que certains aient cru bon de voir dans ce livre un rappel de l’affaire Clearstream, l’avertissement de l’éditeur vient nous rappeler qu’il n’en est rien. Et je le crois d’autant plus que le livre ne possède qu’un des fils d’Ariane qui pourrait être le faire pointer en parallèle avec cette affaire.
Il s’agit d’un thriller politique, ma catégorie préférée qu’on se le dise ! Il s’agit également d’un roman à clés, dont l’intrigue bien maîtrisée nous ramène aux personnages principaux suivants : le Président de la République, dit « Ramsès » évoque François Mitterrand et son amour de l’Egypte. Rebière, le ministre de l’Intérieur, le « pachyderme des corons » s’identifie évidemment à Pierre Mauroy (et non Sarkozy comme je l’ai lu sous la plume d’un confrère qui n’a sans doute pas lu le livre qu’il critiquait, et paf prends donc ça mon gars). De Vaslin et sa demeure périgourdine rappellent François de Grossouvre et son château nivernais. Michèle Billetot, la directrice de cabinet de Rebière a pour nom dans la vraie vie Marie-France Garaud (il s’agit du portrait le plus vitriolé). Parini, le mafieux au mieux avec la Banque Rhodanienne, c’est bien sûr Giancarlo Paretti qui s’illustra dans le scandale Crédit Lyonnais / MGM. Le Premier ministre, Neyrac, c’est sans doute un archi-connu, en « ac » aussi. L’identité de certains autres, dont un chef de cabinet nommé Ledouchy me laisse encore à l’état interrogatif.
Le « héros » de l’affaire, un commissaire féminin dénommée Le Gall est aussi inconsistante qu’improbable… Passons, car je ne veux pas dévaloriser ce bouquin, au contraire.
Il s’agit du conte d’une « manip » politique assez truculent, qui mêle mitterandie et chiraquie en une unité de temps volontaire, dans laquelle l’auteur exhale son mépris voire sa haine des politiques et de leurs féaux, les membres des cabinets et les sans scrupules des « services ». Certains ont prétendu que Marker était le pseudo de Bernard Tapie, j’y crois peu, chercherais plutôt dans le landerneau journalistique accrédité Matignon…
C’est bien fait, on pourrait « presque » y croire, et si je ne vois pas vraiment le rapport avec l’affaire Clearstream, j’imagine très bien la disparition programmée (oh pardon ! Le suicide, faut-il dire) de François de Grossouvre. J’écris « presque », car il s’agit d’un pur roman mêlant ensemble plusieurs affaires célèbres. L’auteur ayant visiblement construit à-partir d’elles, n’attendez donc aucune révélation (ce que les services de presse de l’éditeur ont pourtant tenté d’accréditer, ces coquins…).
Le style est assez inégal. On trouve de purs moments de bonheur nés de la juxtaposition improbable de mots, mais aussi un peu trop de sécheresse dans la narration. Il y manque aussi la dose d’humour distancié d’un Jean-Patrick Manchette, d’un Jean-Bernard Pouy, d’un Raoul Saint-Luc ou d’un Albert Simonin, humour froid et caustique qui nous aide aussi à nous attendrir sur ce qui n’est que de la bouillie d’homme. Marker, c’est noir, noir, noir… Un peu trop « noir sans espoir », et c’est bien dommage.22/11/2011 à 18:13
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L'Ombre chinoise
10/10 Toute la fange du quartier du Marais est ici passée au crible. Un quartier que Simenon connait bien, puisqu’il a lui-même habité place des Vosges. Dans les années cinquante, la place n’était pas le refuge ultra-chic qu’elle est devenue depuis, abritant anciens ministres et nouveaux promoteurs. C’était alors un véritable exemple de mixité sociale, avec ses riches aux étages nobles, ses pauvres sous les toits et ses petits employés coincés entre les deux, et quand j’écris « coincés », le participe passé est à prendre dans toute l’acception du terme… Et puis ses concierges, si importantes dans le petit monde de Maigret. L’immeuble parisien du Marais, c’est l’humanité parigote en réduction.
Vous y trouverez un patron sympa, un qui a réussi dans les affaires mais qu’on assassine dès le début, une jeune demi-pute attendrissante (Simenon aime ces filles courageuses du cul, ça se sent), des bourgeois insensibles à tout ce qui ne les concerne pas directement, un fils d’employé dégouté par ses parents, un lâche de chez lâcheté et une ignoble bonne femme, une de celles qui vous épouvantent, la mocheté que vous vous bénissez de ne pas avoir rencontrée, car elle est à la fois bilieuse, haineuse, dictatoriale, tricheuse, et, malheureusement, intelligente avec tout ça.
L’atmosphère ici se mâche, c’est mon Paris, celui des brumes hivernales, des chiches lumières de rues, des rancœurs recuites mais aussi de l’attendrissement merveilleux éprouvé à la découverte d’un cœur encore pur. Par malheur, il n’y en a qu’un seul.
Un des plus immenses Maigret jamais écrits.21/11/2011 à 11:16
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Close-up
7/10 Critique
Si vous espérez d’autres développements, passez votre chemin, car toute l’histoire tient dans le quatrième de couverture. Et encore ! Le résumé de l’éditeur est nettement plus palpitant que le roman lui-même. Un polar sans suspense, à l’intrigue très improbable, un peu confuse et en tous cas mal ficelée.
Et pourtant, on se trouvera bien à lire ce livre. L’ambiance de ce cabaret miteux lillois est très bien rendue, on s’y croit tout de suite. Mais la quintessence de ce petit bouquin tient dans la plume de Michel Quint, qui aligne les mots comme pas un. Je dis qu’il aligne, car son écriture est loin d’être aisée à suivre : les paragraphes sont rares, les phrases interminables et les ponctuations ne font que de timides apparitions à l’exception de la virgule. On se laisse prendre dans le dédale de phrases, éprouvant du plaisir à mâcher ces mots. Peu importe après tout que la trame ne retienne que peu l’attention. Une curiosité littéraire, en somme.
Extrait
Elle suit Nelly au hasard de ses soifs, de ses envies de grignotis, elle demande l’impression quand on est nue devant des gens, est-ce qu’on a honte, est-ce qu’on est fière de faire de l’effet… ? Nelly raconte, elle regarde les yeux du dadais pas si niais qu’il en a l’air, elle ne ment pas, elle dit les rebuffades, la réputation de fille facile, de pute, les plaisirs simples du public qui applaudit, lui dit qu’elle est belle, et puis les nécessités financières, comment on en arrive à vivre à l’envers, la nuit, à faire l’effort pour conserver l’estime de soi, écrire « artiste de variétés » sur sa carte d’identité, pas danseuse nue, que l’amour d’un homme est une illusion tant qu’elle exercera mais que le métier ne dure pas toujours.11/11/2011 à 14:10
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Samedi 14
9/10 Quand on lit le dernier roman d’un ou d’une archi-connu(e), faut parfois se méfier. Amélie NOTHOMB et son « Tuer le père » par exemple… Peut mieux faire !
Alors là, c’est un POUY, le maître incontestable et toujours vivant du polar actuel. Avis tout personnel, comme de juste, et si je dis « vivant », c’est à cause de José Giovanni ou de Simenon. Donc méfiance… Et si POUY allait tomber dans la facilité comme NOTHOMB ? Eh bien, il ne faut surtout pas vous méfier ! Jean-Bernard POUY est toujours bien le POUY qu’on vénère, avec son style assez inimitable et ses histoires particulièrement bien construites. RES-PECT, Jean-Bernard !
Addictif, le bouquin ! Pas facile de s’en extraire une fois commencé. En plus, l’histoire se déroule dans le milieu des « Services », ce que j’affectionne tout particulièrement (pas un hasard si j’ai critiqué « Mort d’un pourri » de Raf VALLET ou « Les cahiers du ministre » de SAINT-LUC, c’est que le polar mêlé au monde politique, j’adore ça).
Celui-ci, c’est du Pouy, pas autre chose : le style est allègre, c’est le mot qui vient, sorte de dialecte de parigot montmartrois qu’aurait une maîtrise de lettres. Raymond Queneau est présent à chaque page et Pierre Daninos n’est pas loin. Pierre Dac non plus. L’histoire est tortueuse à souhait, fondante comme un vieux calendar qu’exhalerait ses vacheries aux consommateurs d’un vieux café qu’aurait encore son zinc vieux, l’histoire d’un terroriste qui prenait une petite retraite et d’un poulet des « services » qui joue les apprentis Iznogoud .
Juste un infime bémol : si J-B voulait bien laisser un espace entre deux dialogues tenus par des protagonistes différents, pour qu’on sache que la scène vient de changer, ce serait sympa.
Lisez ça, vous m’en direz des nouvelles. Bon appétit !27/10/2011 à 17:01 2
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Soupe aux poulets
5/10 Les nouvelles d'Ed Mac Bain sont des romans dits "de gare", sans prétention aucune, qu'on lit rapidement et qui ne laissent aucun souvenir particulier, à part... A part l'atmosphère new-yorkaise particulièrement bien rendue, à part la langue, brute, sans aucune fioriture.
13/09/2011 à 17:00
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Ho !
9/10 Ho n'est pas un personnage de truand ordinaire, ce n'est pas comme GU du "Deuxième souffle", massif, brutal mais égaré dans un monde qu'il ne comprend plus... Ho, c'est un tout petit malfrat, une petite grenouille qui veut faire le beuf. Tout le talent de Giovanni est de nous faire souhaiter jusqu'au dernier moment qu'il s'en sorte: on ne l'envie pas, mais on ne peut non plus le détester. On le plaint, on l'acquitterait presque.
13/09/2011 à 16:52
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Le Deuxième souffle
10/10 Le meilleur polar de tous les temps, tout simplement. Les personnages sont très forts, chacun est épais, chacun dans sa logique, chacun sur son chemin dont il ne dévie pas parce qu'il ne peut dévier. "Le deuxième souffle" est une tragédie antique écrit dans un style simple, ravageur de simplicité.
13/09/2011 à 16:49
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Les dents du tigre
10/10 Ce Lupin là, c'est LE Lupin qu'il faut avoir lu, celui qui donnera envie de lire les autres: malheureusement, aucun des autres ne l'égale...
13/09/2011 à 16:46
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Bangkok 8
8/10 Drogue, sexe mais surtout philiosophie de l'amour tarifé, voilà l'atmosphère dans laquelle baigne ce remarquable traité de la vraie vie à Bangkok.
A lire immédiatement si vous connaissez déjà cette capitale ou projetez de vous y rendre ! Très probablement, ce livre décevra, voire ennuiera, les autres13/09/2011 à 16:44 3
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Les Cahiers du ministre
9/10 Si vous aimez le genre thriller politique, foncez ! Le livre aurait pu (aurait du) s'appeler "L'affaire Warth-Bettencourt" car il nage en pleine actualité. L'humour est féroce, et on assiste à un dégommage en règle des pratiques politiques: magouilles, fric sale, polices parrallèles. On sourit souvent, mais c'est plutôt jaune tant c'est actuel. Style très classique. Pas d'hémoglobine. En résumé, une remarquable trouvaille. Bien meilleur que le premier de la série.
13/09/2011 à 16:37
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La Jeune Chair
6/10 Un polar classique intéressant, servi par un humour froid. Un personnage de commissaire très attachant. Un style acide mais fluide et plaisant. Malheureusement, l'intrigue est cousue de fil blanc. On passe un bon moment et c'est tout.
13/09/2011 à 16:29