Maigret à Vichy

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  • 8/10 Jules Maigret et son épouse sont en cure à Vichy, en obéissant aux prescription de pardon son médecin. Maigret a dépassé la cinquantaine, son corps commence à souffrir après plusieurs années de bonne chère, de bière, de vin blanc, de cognac, de calva, de vin rouge, des plats en sauce, de la prunelle d'Alsace, de la mirabelle de Lorraine. Alors pendant trois semaines, de l'eau, une promenade le matin au bras de Mme Maigret, un concert.
    Jules Maigret croise une inconnue distante et hautaine qui l'intrigue.
    Cette inconnue solitaire, qui se nomme Hélène Lange et qui originaire de La Rochelle, est retrouvée morte étranglée à son domicile.
    C'est Désiré Lecoeur, un ancien inspecteur de Maigret et devenu Commissaire à Clermont-Ferrand, qui est en en charge de l'affaire.
    Maigret, hors de son territoire, en cure, suit de l'extérieur la progression de l'enquête, apporte son aide.
    Les thèmes de l'enfant, de son placement dans une famille d'accueil, la mère célibataire, l'arnaque, le chantage chez Simenon qui un maître pour s'attarder sur l'ignominie et le sordide des êtres éclairés par leur noirceur, égoïstes et veules.
    Un très bon Maigret.

    08/11/2022 à 14:09 Max (689 votes, 8.1/10 de moyenne) 1

  • 9/10 Sur l’aimable insistance de son médecin et ami, M. Pardon, Maigret et son épouse vont faire une cure à Vichy. Notre commissaire a cinquante-trois ans, et si son organisme étonne le docteur par sa robustesse et sa résilience, il doit néanmoins s’offrir une pause. Adieu les plats en sauce, les vins et alcools, la sédentarité toxique de son métier, assis dans son bureau, les repas à la Brasserie Dauphine. Une femme que le couple a croisée, Hélène Lange, est assassinée, étranglée. Le responsable local de l’enquête est un ancien subalterne de Maigret, Lecœur, et Maigret ne va pas pouvoir s’empêcher d’assister son collègue dans cette affaire qui va révéler de sinistres inclinaisons humaines.
    Inutile de dire que je suis un fan absolu de l’œuvre de Georges Simenon, et je me régale, quasiment à chaque fois, de la découverte de l’un des romans du maestro belge. Ici, tout commence pianissimo, avec la délicate léthargie de notre policier, s’amusant, aux côtés de son épouse qui ne le quittera pas, du début à la fin de l’histoire, du rythme si particulier des curistes, de leurs habitudes, avec la manie, presque espiègle, de vouloir deviner les professions et passés de chacun de ces inconnus. Au gré de l’histoire, on en viendra à côtoyer, presque virtuellement, cette dénommée Hélène Lange, solitaire, ayant pas mal voyagé, dont la sœur cadette, Francine Lange, est aussi volcanique et attractive qu’Hélène était une énigme humaine. Maigret, un peu en retrait de l’enquête à proprement parler, assistera Lecœur avec la finesse psychologique qu’on lui connaît, faisant lentement remonter la présence d’un homme qui, s’il est l’assassin, n’en demeure pas moins davantage une victime sacrificielle que ne l’a été Hélène (« J’espère qu’il sera acquitté… » est la phrase prononcée par Maigret et clôturant ce roman remarquable). Impossible de dire de quoi il retourne véritablement sans rien divulguer de l’histoire, mais cet élément, cette racine du Mal, est un pur bijou : simple, crédible, d’une grande intelligence, et surtout d’une insondable ignominie. Georges Simenon est passé maître dans cet art, consommé, de la mise en relief des relations sordides, des portraits à l’acide, et cet opus, plutôt méconnu, constitue un excellent exemple de ce qu’il est capable de démontrer et de souligner dans la noirceur humaine. A (re)découvrir de toute urgence.

    28/10/2022 à 08:14 El Marco (3219 votes, 7.2/10 de moyenne) 3

  • 9/10 Un des Maigret que je préfère, pour deux raisons :

    - D’abord, il se passe à Vichy, ville que j’adore parce que je n’y vais pas souvent. Si le Vichy ville n’a strictement aucun intérêt, le Vichy thermal a un parfum inimitable, spécialement en basse saison (c’est-à-dire presque toute l’année). Parfum de belle ville morte.

    - Ensuite, parce que c’est sans aucun doute l’une des enquêtes qui dévoile le plus l’ignominie possible de l’être humain poussée à son paroxysme.

    Maigret s’y rend à la belle saison, en cure, et découvre donc un Vichy différent de celui que je connais le mieux. Il remarque d’abord une femme qui lui semble mystérieuse, hautaine, qui le fascine, écoutant comme lui les aubades données par l’harmonie municipale alignée dans le kiosque à musique. Puis il ne la voit plus et ça le gène. Enfin, il apprend sa mort et il cherche.

    Et lorsqu’on découvre enfin la vérité, elle est tout simplement épouvantable. Maigret, comme nous, est moralement du côté du tueur : il aurait aussi tué dans ce cas là, il aurait tué ce monstre.

    Chez Simenon, les vrais monstres sont, pardon Mesdames, des femmes. Les vrais, ceux qui calculent froidement, qui prennent leur temps, qui tissent leur toile patiemment, qui n’ont aucune pitié, aucun sentiment, qui ne vivent que par une nécessité égoïste et pitoyable, assurer leurs vieux jours.

    Voilà un Maigret qui prend à la gorge, qui donne envie de vomir. C’est un peu une enquête mais avant tout une lente marche vers la découverte de l’horreur absolue d’une âme noire.

    25/11/2011 à 16:24 NoirPolars (18 votes, 7.7/10 de moyenne) 2