El Marco Modérateur

3225 votes

  • Léo a disparu

    Roselyne Bertin

    8/10 Léo a disparu. Un événement incompréhensible. Nul ne sait si, en arrivant au collège, il a été kidnappé ou s’il a fugué. Ses amis s’interrogent, notamment Olivier, Clément et Estelle. Sans compter, bien évidemment, la maman de Léo. Et Gilles Valérian, le gendarme qui va enquêter sur cette affaire.

    Avec cet ouvrage destiné à la jeunesse, Roselyne Bertin retient l’attention de la première à la dernière page. Une écriture simple et efficace, entraînante, tissant d’amples moments de suspense, de tension et de zones d’ombre pour retenir l’attention. Une histoire simple, jamais simpliste, crédible et prenante, où s’entrecroisent avec intelligence les points de vue des divers protagonistes. Les amis du disparu, mais aussi Gilles, fin et pugnace, qui saura retrouver la trace du garçon. D’ailleurs, il est à noter que Roselyne Bertin a bâti un récit différent de ce que l’on trouve habituellement dans les polars pour les jeunes. C’est un véritable concours de circonstances et de rencontres, un enchaînement fort plausible d’événements inattendus, qui va conduire le pauvre Léo au cœur d’un engrenage qui pourrait bien lui être fatal. Comme de bien entendu dans ce type de littérature, la fin heureuse mettra en relief des attitudes humaines fort louables ainsi que des qualités d’âme estimables, comme l’amitié, le sens du devoir, la protection des êtres – et parfois des animaux – plus faibles que soi, au terme de deux jours d’une disparition que Léo n’oubliera probablement jamais. Et les juvéniles amateurs de littérature policière non plus.

    16/04/2017 à 08:40 1

  • La Rage du dragon

    Alfred, Guillaume Guéraud

    7/10 … ou comment un jardinier massacré par un tyran local et ses trois sbires prend sa revanche grâce à une vieille dame qui lui enseigne le kung-fu. Un petit régal d’humour et d’ixième degré, ponctué de blagues potaches (comment faire pipi quand on a des serpes greffées aux mains, ou la mauvaise haleine de Leung à force de se laver les dents avec les pieds), qui se lit très facilement, avec des illustrations d’Alfred dynamiques et explosives. Une série B littéraire totalement assumée, particulièrement rapide à lire et jouissive.

    09/04/2017 à 08:32

  • Secret volume 1

    Yoshiki Tonogai

    7/10 Une histoire intéressante, autour de la potentielle culpabilité de trois adolescents lors d’un accident de car. Du mystère, des interactions prenantes, et j’ai retrouvé avec plaisir le style scénaristique de Yoshiki Tonogai des séries « Judge » et « Doubt », avec toutefois un graphisme et des traits bien moins poussés et travaillés.

    09/04/2017 à 08:31 1

  • Sous-sol interdit

    R. L. Stine

    7/10 Une histoire prenante et bien menée, avec de nombreux (et anxiogènes) allers-retours avec la cave de la famille Brouwer où le père mène d’étranges expériences. Des rebondissements intéressants, depuis l’identité du père jusqu’à la nature même des expérimentations, jusqu’à l’épilogue, certes peu crédible, mais qui rebat les cartes de façon enthousiasmante.

    09/04/2017 à 08:30 1

  • Mission 10 - Le Grand Jeu

    Robert Muchamore

    7/10 Entre l’infiltration musclée du groupuscule d’un dirigeant anarchiste menant à l’arrestation d’un ancien membre de l’IRA à l’invasion d’un centre de l’aiguillage aérien anglais pour en éprouver les failles, cet épisode de la série commence sur les chapeaux de roue ! Par la suite, même si le récit est sacrément efficace, toujours aussi entraînant, bien écrit et sans guère de temps mort, je regrette que la mission tant attendue dans le camp ne débute que si tard (elle est annoncée vers la page 150). De même, comme Nico, je déplore que l’enjeu soit, pour une fois, si minime (uniquement une mission d’entraînement, même si elle va requérir de sacrés talents de combat et de stratégie). Pas mon ouvrage préféré de CHERUB, mais tout de même un agréable moment.

    09/04/2017 à 08:28 2

  • Le lézard lubrique de Melancholy Cove

    Christopher Moore

    9/10 Melancholy Cove, une petite station balnéaire des Etats-Unis. En apparence, une commune sans fièvre aucune, où le banal mois de septembre commence à apparaître. Mais cette fois-ci, il va y avoir du changement en ville.

    De ce roman complètement barré de Christopher Moore, il est vraiment difficile d’en dire plus sans dévoiler la série de catastrophes imaginées par l’auteur. Sur un ton absolument foutraque et enthousiasmant, le lecteur va aller de surprises en surprises, et la faune – humaine – locale est irrésistible. Jugez plutôt. Bess, une femme pendue à qui on a peut-être donné un petit coup de main final. Théo, le policier local, fumeur invétéré de marijuana. Une tenancière de bar dont le corps a été patiemment complété de pièces de métal jusqu’à devenir une femelle Terminator. Valérie, la psychiatre du patelin, qui décide de faire remplacer tous les antidépresseurs prescrits à ses patients par des placebos. Winston, le pharmacien qui ne peut avoir des érections qu’en pensant à des dauphins. Molly, une ancienne actrice de films de série Z, entendant une voix intérieure et vivant dans une caravane. Catfish, un joueur de blues qui cache un bien étrange secret. Cette arche de Noé vous paraît-elle déjà saturée ? Eh bien non, pas tout à fait. Vous auriez bien encore un peu de place pour un lézard géant, rendu mutant par les radiations, particulièrement fâché que Catfish ait un jour tué l’un de ses petits ? Christopher Moore n’est pas seulement un écrivain, c’est également une aventure à lui tout seul. Une imagination débridée, aussi imaginative et corrosive que celle d’un sale gosse qui couche sur le papier ses plus incroyables délires et fantasmes. Le risque était immense, voire presque inéluctable, que cette abondance d’idées décalées devienne une fange stérile, un pathétique bordel, du grand-guignol. Pourtant, l’auteur, par on ne sait trop quel enchantement, nous rend l’ensemble non seulement hilarant mais aussi terriblement efficace. Sur les quelque quatre-cents pages de ce capharnaüm littéraire, tout s’emboîte, au gré des relations interpersonnelles, des conséquences imprévues du moindre geste anodin, et des mécanismes désopilants mis en œuvre par Christopher Moore. On retiendra de nombreuses scènes réjouissantes, comme la tentative ratée d’accouplement entre le lézard géant et le camion-citerne, les pèlerins venus rendre hommage au monstre dans la grotte, son intolérance au lait des vaches qu’il aura dévorées, ou encore ces dialogues burlesques (comme ceux du premier chapitres, où les policiers tentent de savoir si la victime était amish ou mennonite en vertu du fait qu’elle possédait un mixer et des fermeture Éclair sur ses vêtements).

    Un roman sidérant, presque sidéral, assumant la plus saugrenue des déviances, de bout en bout. Une magnifique tranche d’un immense n’importe quoi, porté par le style et la plume décomplexés d’un Christopher Moore en état de grâce… ou sous l’emprise de puissants psychotropes, sachant que le lecteur n’est nullement obligé de consommer les mêmes stupéfiants pour prendre à son tour son pied.

    01/04/2017 à 09:53 3

  • Pluto tome 1

    Naoki Urasawa

    9/10 Un manga saisissant. J’y suis d’abord allé un peu à reculons, en raison d’une couverture terne à mes yeux, et puis je me suis lentement fait transporter par l’histoire. Un récit nourri des préceptes d’Asimov et d’autres références à la science-fiction, tout en possédant son propre ADN. Des robots marquants, avec bien évidemment le protagoniste, Gesicht, mais aussi Mont-Blanc, le colosse mystérieusement tué en Suisse, Brau 1589, le tueur reclus et portant une lance dans le ventre qui le tuerait si on la lui enlevait, North 2, hanté par la guerre et vivant une poignante amitié avec un compositeur aveugle, et enfin Brando, le lutteur invincible. Une histoire envoûtante et originale, je serai très probablement au rendez-vous d’autres épisodes, celui-ci s’achevant sur un clin d’œil appuyé à l’œuvre d’Osamu Tezuka.

    01/04/2017 à 09:50 1

  • SOS dans le cosmos

    Guillaume Guéraud, Alex W. Inker

    7/10 …ou la folle odyssée dans l’espace. Un chat involontairement héroïque, des Martiens qui ressemblent à des oreillers, un cyborg débile à souhait, et des références appuyées et assumées au film Alien. C’est iconoclaste en diable, bourré de plaisanteries puériles et jubilatoires, jusqu’au final gentiment canaille. Un petit moment de bonheur, sans prétention aucune, et souligné, voire tonifié, par la mise en page et les dessins d’Alex W. Inker.

    01/04/2017 à 09:49

  • Un loup-garou dans la maison !

    R. L. Stine

    6/10 Rien de très nouveau sous le soleil de la lycanthropie, avec son lot attendu de scènes, parfois téléphonées, sur la transformation en bête assoiffée de sang, de doutes quant à l’identité du monstre tueur, et de passages d’une aimable tension. C’est indéniable, ça se laisse lire facilement en procurant de quoi animer les jeunes lecteurs, mais cet ouvrage ne constitue pas à mes yeux l’un des meilleurs de R.L. Stine.

    01/04/2017 à 09:48 1

  • #Scoop

    Yann Le Poulichet

    6/10 Baptiste Jourdain, journaliste au magazine Scoop, découvre dans les toilettes des bureaux de la revue le corps de Pascal Doumantier, égorgé. Aidé de la désirable commissaire Isabelle, Baptiste va user de ses connaissances du milieu médiatique pour appréhender le criminel.

    Yann Le Poulichet nous livre un cocasse roman policier. Dès le premier paragraphe, la victime du crime est découverte, et le style plein d’allégresse de l’auteur ne faiblit jamais. Fort d’une excellente culture journalistique – l’écrivain publie des articles dans Voici, les réparties risibles sont nombreuses et claquent efficacement. Les situations, portraits vitriolés des mœurs des journaux travaillant dans le people, sont sacrément bien senties, et l’on s’amuse autant que l’on s’instruit au gré des diverses mécaniques et méthodes de travail si particulières. Avec cet ouvrage, vous apprendrez tout des techniques employées : comment les paparazzis planquent, les moyens de payer les informateurs, ainsi que quelques éléments intéressants sur les dessous de la profession. En soi, l’intrigue n’est pas véritablement mémorable, mais Yann Le Poulichet nous régale sur un tout autre domaine : l’humour. L’histoire n’est en fait qu’un prétexte – habilement exploité – pour nous faire découvrir les coulisses de ce business parfois peu reluisant, avec à la clef une sacrée dose de second degré. Malgré cet aspect policier qui passe à l’arrière-plan, on passe un agréable moment aux côtés de ces reporters (souvent) de l’inutile.

    01/04/2017 à 09:41 1

  • Psycho-Pass tome 1

    Midori Goto, Natsuo Sai

    7/10 Une histoire qui se rapproche de « Minority Report », mais avec ses propres codes. Un récit assez glauque, où il est question de greffes, de médecine de pointe et d’anthropophagie. Une ambiance prenante, des « chiens de chasse » unis en une équipe efficace, le tout servi par une trame prenante. L’intrigue ne se dénoue qu’en partie à la fin de ce tome, excitant la curiosité du lecteur et donnant très envie de connaître la suite.

    01/04/2017 à 09:40

  • Retour à Whitechapel

    Michel Moatti

    8/10 En pleine Seconde Guerre mondiale, Amelia Pritlowe est infirmière dans une capitale britannique matraquée par les bombes. Une lettre posthume de son père lui apprend sa terrible filiation : elle est la fille de Mary Jane Kelly, l’une des victimes de Jack l’Eventreur. Amelia se fixe alors un objectif : découvrir l’identité du célèbre tueur en série.

    Les ouvrages policiers ayant trait à ce sinistre monstre sont nombreux. Aussi, quand un nouveau livre paraît à ce sujet, il est compréhensible que l’on puisse être, de prime abord, dubitatif voire indifférent à cette nouvelle pierre portée sur un édifice déjà fort ample. Pourtant, ici, Michel Moatti parvient à tirer son épingle du jeu. On pouvait craindre une héroïne hollywoodienne, tombée du ciel, et résolvant une énigme vieille de plus d’un siècle. Il n’en est rien. Amelia est une femme, certes opiniâtre et intelligente, mais elle n’est en rien le prototype du personnage invincible et omniscient. Elle doute, a peur, tente de remonter la piste de Jack l’Eventreur. C’est surtout une véritable fureteuse, arpentant les archives de la police et de la société de ripperologues qu’elle fréquente. La structure du roman est également osée : il s’agit d’un enchevêtrement de textes issus du carnet tenu par Amelia, de reconstitutions de scènes de l’époque (frissons garantis) et de saynètes extraites du jury d’enquête de l’époque. Indéniablement, Michel Moatti a effectué un remarquable travail en amont, se documentant, et rendant ses recherches particulièrement passionnantes. Et la légitime question que l’on peut poser celles et ceux ayant fini cet opus est la suivante, comme le ferait benoitement un téléspectateur ayant manqué le final d’un feuilleton policier : « Alors, qui a fait le coup ? ». Quand certains œuvrent dans le strict domaine documentaire (cf. Sophie Herfort dans son Jack l’Eventreur démasqué), d’autres choisissent la pure voie de la fiction (comme Michael Dibdin et L’ultime défi de Sherlock Holmes ou Bob Garcia avec son Duel en enfer. Michel Moatti suit une troisième voie, empruntant aux deux précédentes : le réel côtoie l’imaginaire. Si certains lecteurs lui reprocheront ce choix – comme certains exècrent la cuisine sucrée-salée –, il faut reconnaître à l’écrivain une besogne colossale de recherches dans laquelle il a inséré, au fil du récit, des individus qu’il a inventés, notamment Amelia, prétendue fille de Mary Jane Kelly. Et l’explication qu’il offre, cet homme qu’il incrime – ou plus exactement ces hommes – figurent déjà dans la la longue liste des suspects déjà connus de tous les détectives amateurs. Les éléments d’accusation sont certes étayés et intéressants – d’autant que Michel Moatti reprend certaines imputations déjà employées par un autre écrivain que nous ne nommerons pas ici afin de préserver le suspense – et l’on sait déjà que quelques aficionados de ce cas criminel sauront lui opposer d’autres arguments.

    Au final, il s’agit d’un ouvrage riche et dense, où la réalité et la fiction valsent dans une même danse macabre. Un point de vue supplémentaire sur le sujet, à ranger à côté de tant d’autres, que ces derniers confirment ou infirment la thèse ici soutenue. Demeure un livre-procès très habilement mené, adroitement écrit, et atypique dans sa forme, sur un mystère qui ne sera peut-être jamais résolu et où tout un chacun a sa propre intime conviction, ignorant si celle-ci est la bonne ou non.

    01/04/2017 à 09:33 10

  • La Maison de l'angoisse

    Agnès Laroche

    8/10 La soirée s’annonce sympathique pour Mortimer : il est avec sa copine Aglaé, son chat Frisson, sous la surveillance de Clarabelle, sa sœur. Et quand cette dernière déclare aux enfants qu’elle les laisse pour participer à une soirée entre amis non loin de là, la perspective de festivités encore plus avantageuses apparaît ! Sauf que tout ne va pas se dérouler comme prévu.

    Agnès Laroche, dont on connaît déjà, entre autres, les très bons Murder Party, Le Fantôme de Sarah Fisher ou Tu vas payer, a signé une série consacrée à Mortimer. On retrouve tous les éléments nécessaires à ce que l’attention des jeunes lecteurs soit happée du début à la fin : des personnages agréables et auxquels on peut aisément s’identifier, une écriture simple et efficace, et une tension qui ne retombe jamais. Les divers événements mis en scène le sont avec intelligence et à-propos : l’énigmatique importun, les bruits étranges dans la maison, l’intrusion de souris, la coupure d’électricité, le tonnerre, etc. Finalement, l’épilogue sera heureux et inattendu.

    Typiquement, l’ouvrage à suspense à conseiller aux plus juvéniles, car tout y est : l’écriture prenante et séduisante, les péripéties à faire trembler les gamins, et une bienvenue dose d’humour. Avec ce très court roman, Agnès Laroche enthousiasme autant qu’elle donne envie de lire les autres bouquins de cette série.

    01/04/2017 à 09:27 1

  • Occupe-toi d’Arletty !

    Jean-Pierre de Lucovich

    8/10 Jérôme Dracéna, ancien policier de la brigade criminelle devenu détective privé, en vient à trouver une cliente inattendue par l’entremise de son père, lui-même policier : Arletty. Cette dernière vient de recevoir un cercueil par la voie postale ainsi que des lettres de menace. Qui peut donc bien en vouloir à la célèbre actrice ? Est-ce parce qu’elle vit avec un officier allemand ? Un coup de la Résistance ? Chantage, peut-être ? En acceptant – avec joie – cette affaire, le détective privé n’a pas idée des eaux sombres dans lesquelles il va devoir patauger.

    Ce premier ouvrage de Jean-Pierre de Lucovich inaugure également une série consacrée à Jérôme Dracéna. Têtu, sagace, pratiquant la boxe avec panache et aidé de son ami Marcel, également prêt à jouer des poings, il est assurément l’un de ces personnages de fiction que l’on aura envie de retrouver dans d’autres enquêtes. L’intrigue est très intéressante, complexe, multipliant les suspects ainsi que les fausses pistes tout au long de ce livre, certes assez court, mais dense. Et au-delà de l’aspect policier de cet ouvrage, c’est aussi la peinture du Paris sous l’Occupation qui retient l’attention, surtout du point de vue des stars de cinéma. Il faut dire qu’elles sont nombreuses à apparaître dans ces pages : Carette, Pierre Fresnay, Jules Berry, etc. Un véritable panthéon du cinéma français de l’entre-deux-guerres et de l’Occupation. Mais on connaît également la joie de voir Arletty, actrice emblématique, gouailleuse et polissonne, caustique jusque dans ses travers, à qui Jean-Pierre de Lucovich offre un hommage vibrant en la rendant vivante grâce à son écriture empreinte d’une puissante déférence. C’est également l’occasion de croiser de sombres individus, comme des maîtres-chanteurs, les membres de la Carlingue, c’est-à-dire la Gestapo française, et plus précisément Henri Lafont, dont l’ombre plane sur tout le récit.

    Jean-Pierre de Lucovich sait faire revivre une sombre période tout en l’égayant d’individus croustillants issus du septième art, et plaque sur son histoire les codes du roman noir américain des années 1950 et 1960. Il en résulte un ouvrage prenant, où le distractif et le culturel s’emmêle avec maestria. On a hâte de poursuivre une telle lecture – atypique, efficace et divertissante autant qu’instructive – dans Satan habite au 21.

    20/03/2017 à 18:46 2

  • Plaisir en bouche

    Béatrice Joyaud

    9/10 Un ouvrage atypique, ou comment Balthazar devient un remarquable cuisinier avant d’être foudroyé en plein ciel de sa carrière quand on démontre qu’il a servi de la chair humaine à ses clients. Un style poétique et ensorcelant, proche de celui de la littérature blanche, qui ravit de bout en bout. Béatrice Joyaud rend crédible l’ascension de ce maître queux, avec ses tourments, ses appétits fous et ses désirs de gloire, quelque peu contrôlé par de nébuleuses lettres anonymes. Un portrait saisissant d’une société étrange, dominé par un courant dénommé « misme » qui affadit tout, où la peine capitale existe et où les rapports des tribunaux ne sont jamais consignés par écrit. Je suis plus dubitatif quant à la dernière partie, avec la manipulation et le rôle de l’avocate privée, Barbara, privée de l’une de ses mains. Mais l’ouvrage, dans sa globalité, est remarquable, diablement original et envoûtant, qui m’a fait penser, d’une certaine manière, au « Parfum » de Süskind.

    20/03/2017 à 18:32 4

  • Re/Member tome 1

    Katsutoshi Murase, Welzard

    8/10 Une histoire incroyable, ou comment des lycéens, pris dans une boucle temporelle, doivent retrouver les membres d’une créature sanguinaire. Un scénario sacrément osé, une intrigue particulièrement efficace, avec des règles édictées pour cette chasse au corps humain dès les premières pages, un peu comme dans les « Death Note », et un graphisme remarquable, érigeant de sacrées scènes de tension et d’angoisse. Vivement les autres opus !

    20/03/2017 à 18:32

  • La Main droite de Lucifer tome 2

    Naoki Serizawa

    8/10 Encore un bon opus de cette série de mangas dont je ne me lasse pas. Des révélations intéressantes quant à Yû, le docteur Minatono, et Eriko. Des histoires d’amnésies qui s’enchevêtrent avec plaisir, un graphisme toujours aussi réussi, et un récit qui s’achève sur un cliffhanger intéressant, laissant augurer un bon (début de) troisième opus. Une saga qui, à la fin de ce deuxième tome, conserve encore à mes yeux toute son originalité et son efficacité.

    20/03/2017 à 18:31

  • La prochaine fois ce sera toi

    Vincent Villeminot

    8/10 Une jeune fille est retrouvée, le torse anéanti et les bras arrachés. Le commissaire Markowicz subodore l’attaque d’une goule, mais… Non, des détails clochent, comme ces membres supérieurs qui ne semblent pas avoir été arrachés mais découpés. Pour lui et son équipe si spéciale, il va falloir prendre garde, car un ennemi bien retors attend dans les ténèbres.

    Ce premier ouvrage de la série consacrée à la brigade de l’ombre frappe fort. D’entrée de jeu, avec un sens de la formule et une plume assez âpre pour de la littérature a priori pour adolescents, Vincent Villeminot déconcerte. Le roman est-il véritablement destiné aux jeunes lecteurs ? Les mots grossiers fleurissent, les descriptions sanglantes également, et certains passages pourront en désarçonner certains. Mais si l’on parvient à surpasser ce premier état de surprise, le récit offre un plaisir intense. L’intrigue est surprenante, puisqu’elle parvient à faire intervenir et rendre tout à fait crédible les meurtres sauvages perpétrés par des goules, se substituant ainsi avec originalité aux habituels zombies et autres lycanthropes. De même, les personnages qui composent cette escouade atypique sont particulièrement attachants et donnent déjà envie de les retrouver dans un futur que l’on souhaite proche. Léon Markowicz, le colosse boiteux qui consomme de l’alcool et des livres en grande quantité, entend d’étranges chansons dans sa tête, a une ex-femme psychologue et deux filles tonitruantes. Bosco, son adjoint, lilliputien, rescapé d’un génocide. Toussaint Fermeture (!!!), aux t-shirts cocasses et lié au monde des esprits. Diane, la chasseresse, ayant eu par le passé des soucis avec une violence qu’elle ne canalisait que très mal, et marquée par une jeunesse sombre. Face à cette équipe, Vincent Villeminot a mitonné un prédateur singulier, et qui souhaite visiblement assouvir un puissant appétit de vengeance. Grâce à des chapitres très courts, qui s’enchaînent à merveille, et qui permettent à tous les protagonistes de prendre vie, les pages défilent à une vitesse inouïe, jusqu’à un final choc, assurément pas celui que l’on pouvait s’attendre à trouver dans une lecture destinée aux jeunes.

    Vincent Villeminot, avec cet opus étonnant, casse les codes de la littérature. Quelque part entre le roman noir, le fantastique et la lecture pour adolescents, il a su oser, tout simplement, et l’on ne peut que louer une telle volonté salvatrice de bousculer les dictats. Il en résulte un livre prenant, rare, et dont on a déjà hâte de connaître la suite.

    20/03/2017 à 18:28 2

  • À la poursuite du trésor

    Hervé Hernu

    7/10 Deux semaines après les événements survenus dans Sous le clair de lune, Léo n’en a pas fini avec les tourments. Un inconnu se met à creuser des trous dans le jardin de la maison où lui et sa famille viennent d’emménager. Si son chien, Goofy, est un temps suspecté, Léo n’y croit pas. Serait-ce lié à son énigmatique voisine, Rébecca Hoyt ?

    Pour ce deuxième ouvrage dédié à la jeunesse, Hervé Hernu continue d’enchanter. C’est toujours un régal que de retrouver Léo, espiègle et attachant, Badou, son ancien ennemi devenu camarade et acolyte inspecteur, ainsi qu’Antoine. Comme précédemment, si l’histoire n’est pas en soi d’une originalité à tomber par terre, elle maintient néanmoins aisément l’attention, et ce jusqu’au dénouement. Entre poursuites, scènes de tension et quelques rebondissements bien sentis, le lecteur ne quittera pas des yeux ces pages enjouées, où ces gamins, malicieux et ne reculant pas devant l’adversité, sauront démêler l’écheveau de cette histoire. D’ailleurs, la ligne finale semble annoncer un nouveau tome des enquêtes de Léo Lemoine. On ne peut déjà que s’en féliciter.

    20/03/2017 à 18:25 2

  • Criminal loft

    Armelle Carbonel

    8/10 Le sanatorium de Waverly Hills a été récemment reconverti et est désormais le lieu de tournage d’une émission de téléréalité. Criminal Loft. Huit prisonniers reconnus coupables par la justice américaine, patientant dans le couloir de la mort, et qui peuvent, à l’issue de ce divertissement télévisé, obtenir la liberté, s’ils convainquent les spectateurs. Mais au sein de ce lieu que l’on dit hanté et où se côtoient des êtres dangereux et poussés à bout, les tragédies ne peuvent que se multiplier.

    Préfacé par Laurent Scalese, voilà un roman qui ne peut pas laisser indifférent. D’entrée de jeu, Armelle Carbonel pose ses pions : le récit sera particulièrement sombre. Sur le papier, il s’agit d’une nouvelle variation sur le thème de la téléréalité, cousin littéraire et sanglant de Loft Story. Pourtant, ce roman est bien loin d’être insipide. La langue employée est forte, juste et terrible, capable de rendre anxiogènes de nombreuses scènes à Waverly Hills. D’ailleurs, ce sanatorium, comme l’explique l’écrivaine dans sa postface, existe réellement (cf. cette page). Il devient un personnage à part entière, avec les légendes urbaines qui le parcourent, comme cette mystérieuse chambre 502, cet énigmatique tunnel, ces horripilants bruits d’une balle rebondissant contre un mur, ou le fantôme de la petite Mary, morte après une monstrueuse thoracoplastie. Dans cet immense bâtiment, les prisonniers vont bien évidemment se jauger, nouer certaines unions, mais également se confronter, parfois à mort. Des personnages très denses, rapidement reconnaissables, aussi marquants que menaçants, et dont les psychologies recèlent de nombreuses surprises. C’est aussi un sacré tour de force de la part d’Armelle Carbonel : faire en sorte que le lecteur ne soit pas écœuré par tant de violence et de ténèbres. John T., le prisonnier à travers les yeux duquel on suit l’histoire, est tout de même un psychiatre retors et psychopathe, ayant violé, mutilé et tué vingt-quatre victimes. Pourtant, et au même titre que les autres captifs de cette émission, le lecteur va finir par lier certains sentiments – peut-être inconsciemment, ou de manière honteuse – envers ces captifs.

    Criminal Loft est donc un roman puissant, se prêtant à de multiples interprétations. Il fait réfléchir sur la peine de mort, la claustration, la justice, et la puissance des médias. Sachant, avec talent, mêler diverses influences littéraires (Dix petits nègres d’Agatha Christie, Shutter Island de Dennis Lehane, ou encore Stephen King), Armelle Carbonel réussit un très bon thriller, angoissant et addictif de la première à la dernière page.

    01/03/2017 à 13:16 5