El Marco Modérateur

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  • Marée Noire

    Attica Locke

    9/10 Été 1981. Jay Porter, noir, avocat et ancien militant des droits civiques, fait un tour de bateau avec sa femme. Ils entendent des cris de femme puis des détonations. Jay se porte au secours de l’inconnue, sans savoir qu’il va mettre son bras tout entier dans un imbroglio qui pourrait bien le tuer.

    Attica Locke explique, dans la postface, comment lui est venue l’idée de cet ouvrage. L’écrivaine est en fait née peu de temps avant le récit fictif de ce Marée noire, et du fait de sa situation familiale, a bien des raisons de connaître ce contexte historique. De ce fait, tous les éléments décrits sonnent avec une justesse phénoménale : la grève des dockers, les divers courants syndicaux, les atermoiements de la maire, les droits civiques imparfaits des Noirs, la mutation du Texas et sa mainmise par de grandes familles en raison de son sous-sol pétrolifère, les balbutiements de l’écologie, etc. L’intrigue policière de ce roman passionné et à la structure dédaléenne renverra, à un moment ou un autre, à tous ces éléments, mettant à nu les appétits des individus ou groupes de pression, dévoilant les personnalités cachées sous les lambris de la respectabilité quand la concupiscence l’emporte. C’est aussi un magnifique portrait, à la fois enthousiaste et désabusé quant aux illusions d’une certaine jeunesse un temps militante et revendicative, puis ayant renoncé à ses propres combats pour la justice sociale dès lors que le profit, qu’il soit financier ou politique, peut modifier la propre condition individuelle.

    Alternant avec un immense talent de conteur le fil rouge qu’est l’intrigue policière avec le portrait circonstancié et virulent du Texas ainsi que de sa principale ville, Houston, qui peinent tous deux à trouver leur maturité sociétale et leur probité, Attica Locke signe un livre d’une absolue efficacité, tout en nuances, où la verve de sa plume met paradoxalement autant en lumière les errances d’un État qui lui est cher qu’une forme de foi aveugle en la droiture de certains êtres humains. Un roman offert comme une magnifique leçon, sans que jamais celle-ci ne se fasse pesante ou conformiste.

    08/12/2013 à 08:47 2

  • Le Rasoir d'Ockham

    Henri Loevenbruck

    4/10 Un tueur en série assassine Paul Cazo en lui ouvrant le crâne et liquéfiant son cerveau à l’aide de produits chimiques. Peu de temps auparavant, Paul Cazo avait appelé à l’aide le fils d’un de ses amis, Ari Mackenzie, analyste des Renseignements Généraux. Pour Ari, cette histoire tourne à la quête personnelle. Il va alors traquer ce tueur et être mis sur la piste d’un mystérieux carnet, celui de Villard de Honnecourt, dont les pages semblent recéler un secret pour lequel on tue.

    Henri Loevenbruck s’intéresse ici au thriller ésotérique qui a connu un immense succès littéraire avec notamment des romans comme Da Vinci Code ou Le Troisième secret. L’auteur a une plume intéressante, appuyant son récit sur une documentation solide et décrivant des scènes à fort potentiel visuel. Cependant, si le talent narratif de Henri Loevenbruck n’est pas à remettre en cause, il en est tout autrement de l’intrigue elle-même. Il manque en effet cette tension et cette originalité qui aurait pu faire de cette énième variation sur le thème du roman religieux un véritable succès. Beaucoup de passages sentent le « déjà lu ». Par ailleurs, les personnages peinent un peu à convaincre ; malgré un rebondissement final – qui n’a en soi rien de palpitant, le lecteur ne trouvera probablement pas en eux des héros dont il souhaitera suivre d’autres aventures.

    Au final, Le Rasoir d’Ockham est un thriller manquant cruellement d’âme, la faute à une intrigue n’ayant pas réussi à marquer durablement les esprits. Il contentera peut-être les amateurs mais pas ceux qui s’attendaient à un renouveau du genre.

    05/07/2008 à 20:28 2

  • Le Syndrome Copernic

    Henri Loevenbruck

    7/10 Vigo Ravel est un trentenaire atteint de troubles schizophréniques ainsi que d'une amnésie. Alors qu'il se rend dans le quartier de la Défense pour y rencontrer son psychiatre, il entend des voix dans sa tête lui indiquant qu'il faut fuir. Quelques instants plus tard, trois bombes réduisent l'immeuble où il se rendait en un piège létal pour des centaines de personnes. Unique survivant, Vigo va tenter de comprendre ce que sont ces étranges voix. Pourquoi lui parlent-elles ? D'où sont-elles issues ? Et si toute son existence n'était qu'une vaste supercherie ? Il va falloir plonger au cœur de ténèbres dont les plus effrayantes sont encore celles qui voilent son passé.

    Auteur à succès, Henri Lœvenbruck signe avec Le syndrome Copernic un thriller saisissant. Sur la trame classique de la machination, l'auteur plonge rapidement le lecteur dans un suspense efficace dont il est difficile de se dessaisir. Le protagoniste principal, Vigo Ravel, devient vite attachant, avec ses zones d'ombre, sa fragilité, ses errances. Le roman, même s'il est assez long, ne présente pas de réelles longueurs inutiles dans la mesure où le mélange de suspense, d'action et de descriptions est bien mené. L'intrigue est intelligemment construite et malgré quelques poncifs inhérents au genre – un héros amnésique qui va éclaircir les zones d'ombre de son passé, les sphères politiques et militaires, la thèse d'un gigantesque complot, etc –, l'ouvrage, pétri de références scientifiques et philosophiques, se lit avec intérêt.

    A défaut d'être d'une immense originalité, Henri Lœvenbruck exploite donc avec brio les codes du genre pour offrir un opus brillant et documenté, qui ravira les amateurs de conspirations.

    25/01/2010 à 18:34

  • Crépuscule Vaudou

    Jean-Marc Lofficier

    8/10 Encore un très bon ouvrage de la série van Helsing. Du mystère, encore et encore, où se côtoient zombies, divinités vaudoues et, en rebondissement final, un complot ourdi par les sphères politiques. Hugo van Helsing y est moins batailleur que dans d’autres ouvrages, laissant un peu plus de marge aux personnages seconds.

    05/08/2015 à 08:33

  • Le Secret du carrousel

    Aurélien Loncke

    8/10 Baskousse, Nigon, Romina et Marsouin sont fous amoureux du manège que possède le père Guillaume. Il a beau avoir beaucoup vécu, ce carrousel séduit ce quatuor de mômes grâce à la gentillesse de son possesseur et la vitesse incroyable qui anime les montures mécaniques. Mais trois étranges personnages commencent à tourner autour de l’attraction : Scrabbe, Touppin et Galottin. Qu’est-ce qui peut donc autant attirer la convoitise de ces brigands ?

    Il existe, malheureusement, des ouvrages pour la jeunesse qui se content d’accumuler les clichés, les rebondissements faciles et les intrigues dépassionnées sous prétexte que le lectorat se laissera entraîner quoi qu’il en soit. En revanche, d’autres ouvrages osent proposer des histoires solides, une écriture admirable et des personnages différents. Assurément, Aurélien Loncke s’inscrit cet opus dans la seconde catégorie. D’entrée de jeu, on ne peut être que charmé, indépendamment de son âge, par la maturité de l’écriture, la profondeur humaine des personnages et l’intelligence des dialogues. Ici, tout vibrionne, éclate, réjouit. Les situations sont ravissantes, les répliques séduisantes (notamment les déclarations de Marsouin), et l’intrigue ne marque aucun temps mort. Le livre ne compte même pas quatre-vingts pages, et il était inutile d’en rajouter. Même le moment de l’échange de Cristiléna, que l’auteur aurait pu expédier de manière lacunaire, est un pur régal, avec la dispersion des trois kidnappeurs vers autant de guet-apens savoureux.

    Un ouvrage pour la jeunesse absolument enchanteur. On ne peut que louer la plume espiègle et succulente d’Aurélien Loncke qui propose un roman qui sort indéniablement des sentiers battus.

    20/11/2017 à 19:36 4

  • Présentation alpha

    Eric Loutte, Frédéric Zumbiehl

    6/10 Salon aéronautique de Jakarta. Alors que le Rafale doit être la vedette de l’événement un sabotage survient, mettant à mal la première démonstration de l’avion. C’est ensuite une tentative d’assassinat en pleine rue : décidément, on semble en vouloir à l’entreprise Dassault. Tant du point de vue graphique que scénaristique, c’est assez réussi, et ce premier tome de la série offre son lot de distractions même si certaines d’entre elles sont vraiment trop grosses (héros indestructibles, épisode du combat contre l’hélico, etc.). Plus gênant : le fait que Dassault figure dès les premières planches parmi les « partenaires officiels » de cette BD. Une jolie carte postale envoyée par l’entreprise, un produit de placement plutôt réussi même si cette « connivence » me pose un peu problème…

    02/11/2023 à 08:36 1

  • Celui qui chuchotait dans les ténèbres

    Howard Phillips Lovecraft

    8/10 … ou comment Wilmarth, professeur de littérature, en vient à nouer une relation d’abord épistolaire avec le dénommé Henry Wentworth Arkeley, après que Wilmarth a entendu parler de bêtes étranges flotter dans les rivières du Vermont. Arkeley s’exprime fort bien et semble doué d’une réelle érudition, et les lettres qu’il envoie finissent par se teinter d’une forte paranoïa, voire de folie, et il faudra que Wilmarth se déplace pour aller à la rencontre de son interlocuteur, suite à une lettre étonnamment et subitement apaisée, pour comprendre l’ampleur de ce qui se passe. Une écriture toujours aussi exemplaire, pour une nouvelle d’une centaine de pages dont la très relative « épaisseur » est cassée par la succession des choix narratifs de l’auteur (la description des créatures dans les eaux, la correspondance, la disparition du colis, la rencontre entre les deux hommes, etc.). Un moment fort, parfois très dense quand Arkeley évoque la cosmogonie, les prouesses chirurgicales de « Ceux du dehors » ainsi que leurs supposés desiderata, et qui se conclut avec une scène très forte, presque mémorable, de manipulation.

    24/04/2020 à 08:43 3

  • Je suis d'Ailleurs

    Howard Phillips Lovecraft

    9/10 Un formidable recueil de nouvelles : de l'étrange, du fantastique, du merveilleux et de l'horreur. Un vrai régal !

    18/01/2006 à 09:34

  • L'Abomination de Dunwich

    Howard Phillips Lovecraft

    9/10 … ou la terrible destinée, dans un village perdu du Massachusetts, de Wilbur Whateley, issu d’une lignée d’individus abâtardis, probablement consanguins. Un physique qui le rapproche de l’animal, une taille qui croît de façon exponentielle et aberrante, et un esprit affûté qui le porte à s’intéresser rapidement à des textes démoniaques, avant que n’apparaisse, dans ce patelin isolé, en 1928, une anomalie irrationnelle qui défraie l’entendement. Je me replonge avec un plaisir total dans les écrits de l’immense H. P. Lovecraft, dont la plume ne cesse de m’ensorceler. Un univers très étrange, lourd des mots employés, où plane toujours des menaces (les apparitions des engoulevents sont magistrales) ainsi qu’un certain nombre de non-dits. Je ne suis pas près d’oublier les descriptions de Wilbur, tout au long des paliers des ans passés, de sa fin, et de cette chose fantasmagorique près de Sentinel Hill (décrite à la fois avec des termes précis, mais, par la magie du vocabulaire de l’auteur, est enveloppée d’une accablante écharpe de mystère). Vraiment brillantissime, même si (une broutille) je suis un peu plus circonspect sur sa façon, artificielle à mes yeux, de rendre le patois et les mots morcelés prononcés par certains autochtones.

    23/03/2020 à 08:16 4

  • L'Affaire Charles Dexter Ward

    Howard Phillips Lovecraft

    10/10 Une très grande nouvelle! Du fantastique, de l'étrange, parfois proche d'Edgar Allan Poe, des appels à la mythologie et à la démonologie, et le tout sur moins de 130 pages. Un des jalons de la littérature fantastique !

    14/05/2006 à 19:26

  • L'Indicible

    Howard Phillips Lovecraft

    7/10 … ou comment deux amis discutent près d’un cimetière. L’un, Carter, le narrateur, est écrivain, féru de surnaturel (une sombre histoire familiale l’obsède) et persuadé de l’existence de forces occultes, tandis que son ami, Manton, ne croit qu’au « bon sens ». Mais une rencontre fera basculer les convictions cartésiennes de Manton. Une langue raffinée, une atmosphère pesante et anxiogène habilement plantée, et un dénouement classique mais efficace. Je n’ai pas boudé mon plaisir, loin de là, mais je ne suis pas persuadé de me souvenir longtemps de cette nouvelle, non pas en raison de sa – grande – qualité, mais surtout parce que rien de très mémorable n’émerge à mes yeux de l’ensemble.

    21/06/2020 à 19:30 1

  • La Chose sur le seuil

    Howard Phillips Lovecraft

    9/10 "Il est vrai que j’ai logé six balles dans la tête de mon meilleur ami, et pourtant j’espère montrer par le présent récit que je ne suis pas son meurtrier." Ou comment le narrateur, Dan Upton, nous conte son amitié avec Edward Derby avant de voir ce dernier se transformer au contact de sa femme, Anesath Waite, basculant dans une folie inquiétante et terrifiante au point que le narrateur s'est senti obligé, répondant à une supplique de son vieux camarade, de l'abattre.
    Je ne me lasse définitivement pas de la prose si érudite de Lovecraft, ne découvrant cette nouvelle que dernièrement. Un ton résolument fantastique, une plume presque possédée, une mécanique imparable, et une plongée dans les tréfonds d'une pure aliénation, jusqu'à la description finale du cadavre. Une excellente histoire, typique de l'œuvre de l'écrivain, ciselée et délicieusement toxique, nouant des iens avec d'autres de ses ouvrages (cf. les références à Innsmouth et à Edgar Allan Poe). Une écriture recherchée et irréprochable de qualité pour une histoire d'une rare efficacité et intemporelle.

    16/04/2023 à 18:20 3

  • La Couleur tombée du ciel

    Howard Phillips Lovecraft

    9/10 … ou comment le quotidien d’un village, Arkham, et surtout de la famille Gardner, fut bouleversé et traumatisé dans les années 1880 par la chute d’une météorite, accompagnée ensuite de phénomènes étranges et anxiogènes : la végétation, la flore puis les êtres humains vont être contaminés par cette chose anormale venue du ciel, dans ce que les autochtones appelleront ensuite la « lande foudroyée », même un demi-siècle plus tard. Une nouvelle majeure de H. P. Lovecraft, que j’avais lue quand j’étais adolescent, et que je viens de relire avec la même délectation. Une écriture particulièrement savoureuse et admirable, avec ce qu’il faut de gothique et de suranné, même si certaines des tournures peuvent, peut-être avec le recul et en raison des ans qui ont passé, paraître un peu déclamatoires. Mais, alors que je tourne la dernière de la cinquantaine de pages qui constituent cette histoire, je ne peux que confesser l’étrange ensorcèlement des mots du génial auteur, des ambiances si férocement croquées, et de cette atmosphère maudite et maléfique qui, un peu à la manière de l’aérolithe et de l’eau décrits dans le texte, exerceront encore sur moi une forte influence. Je vais de ce pas me ruer sur les autres nouvelles de Lovecraft.

    07/04/2020 à 08:45 3

  • La Tombe

    Howard Phillips Lovecraft

    8/10 ... ou comment Jervas Dudley en vient à être intrigué, attiré, hypnotisé puis possédé par une tombe, lui qui est à présent retenu dans un asile psychiatrique. Toujours la plume extraordinaire de Lovecraft, cette ambiance puissante, lourde et anxiogène, et une attraction pour cet objet sépulcral qui va tourner à la pure aliénation. C'est à la fois typique de l'œuvre de l'écrivain et - seul reproche personnel et donc très subjectif - le final avec le majordome et sa découverte en devient presque attendu. Il n'empêche, voilà une fois de plus une très bonne nouvelle !

    16/04/2023 à 21:06 4

  • Le Cauchemar d'Innsmouth

    Howard Phillips Lovecraft

    9/10 … ou comment le narrateur, un peu par hasard, en vient à se rendre au village portuaire d’Innsmouth, où il surprend de nombreuses étrangetés, dont une certaine physionomie curieuse chez les habitants, un rite impénétrable, et bien pire encore, jusqu’à ce que les dernières pages révèlent un lien inattendu et intime entre la cité et lui-même. Une nouvelle très forte, encore une fois bien anxiogène et saturée de mystères, faisant pénétrer assez loin dans la cosmogonie lovecraftienne. Pas mal de scènes intéressantes et déjà « visuelles », depuis la poursuite du protagoniste depuis la chambre jusqu’aux descriptions physiques des autochtones, et ce jusqu’au final, efficace, et qui a certainement dû marquer pas mal de lecteurs et d’auteurs.

    13/04/2020 à 14:17 5

  • Le Mystère du cimetière

    Howard Phillips Lovecraft

    1/10 ... ou l'étrange disparition du pasteur Dobson, descendu dans la tombe de Joseph Burns que l'on vient tout juste d'enterrer, afin d'honorer son ultime requête : laisser tomber une boule en un point "A". Mais cette disparition, même mystérieuse, ne fait que s'amplifier avec l'apparition d'un dénommé Bell venu demander une rançon à la fille du disparu.
    J'ai beau adorer l'oeuvre du sieur Lovecraft, là, j'ai été très négativement étonné. Une histoire beaucoup trop courte, et inutilement découpée en douze chapitres que ne font que souligner cette concision qui prend des allures de pastiche. Car c'est là que le bât blesse : tout ça m'a paru complètement invraisemblable. Un modus operandi pour l'enlèvement capillotracté à un point que ça en devient grotesque (ça ne doit pas être tous les jours que la volonté d'un homme soit que l'on dépose dans sa tombe une boule en un point marqué "A"...). Cette histoire partait déjà fort mal... Et que dire du fait que l'enquêteur trouve justement la bonne boutique et au bon moment où les conspirateurs échangent librement à propos de cette histoire ? De Bell qui laisse tomber les clefs de la geôle et que récupère le reclus ? Que la cellule de ce dernier est "magnifiquement éclairée" (un captif, qui plus est à qui on en veut, on le laisse dans le noir, non ?) ? Que Dobson parvient à faire un double avec la cire des bougies (Bell ne s'est donc pas demandé si Dobson n'avait pas profité de sa bévue ?) ? Que Dobson passe "le jour suivant à limer des clés pour les adapter à la serrure", mais avec quoi les a-t-il limées ? Avec les ongles de ses orteils ? Et que dire de l'absence (même pas partielle, non, totale !) de mobile, ou d'explication à ce sujet des frangins quant à ce stratagème si alambiqué ? Et puis Dobson, pour en revenir à lui, puisqu'il était si haï, personne n'était au courant de cette inimitié si agressive ? Personne non plus n'avait pensé à fouiller cette fichue tombe puisque Dobson y était entré sans en sortir ? Et que dire du final à l'eau de rose, si téléphonée que ça en devient pathétique ?
    Non, là, désolé, ça n'est pas parce que j'apprécie beaucoup un écrivain qu'à titre personnel, je vais en être réduit à applaudir un texte qui, lu, dure une petite dizaine de minutes, et, factuellement, ne compte même pas mille cinq cents mots, et qui, surtout, aligne autant de non-sens et d'absurdités. A mon avis, à oublier au plus vite.

    26/11/2021 à 20:06 1

  • Mémoire

    Howard Phillips Lovecraft

    6/10 … ou la description d’un monde oublié, où l’Homme n’est plus, ayant laissé la place à un panorama merveilleusement décrit par H. P. Lovecraft, et dont la singularité des lieux, à mes oreilles bien mise en valeur par cette lecture audio, nous est en partie expliquée par un échange entre un génie et un démon. Une bien jolie représentation de ce paysage (délaissé par l’humanité, ou cette dernière les ayant chassé de ce Paradis terrestre, à chaque lecteur/auditeur de se faire son opinion) à travers l’évocation de l’animal, du végétal et du minéral. Ceci posé, au-delà de la beauté de la forme, je regrette la « stérilité » du fond, puisque l’auteur aurait pu nous en dire un peu plus quant aux raisons de ce lieu esseulé, et ainsi davantage creuser le sillon de son histoire, développer son schéma narratif, et apporter à l’ensemble bien plus d’impact. Bref, c’est beau, mais c’est assez mou, sauf si l’on s’en tient exclusivement à son aspect onirique et nostalgique.

    09/11/2020 à 15:27 1

  • Le médium a perdu ses esprits

    Peter Lovesey

    7/10 Un habile et méconnu roman à énigme, dans un style typiquement british, ou comment une série de cambriolages mène le sergent Cribb à enquêter sur un médium qui va lui-même mourir lors d’une étrange séance de spiritisme. Une ambiance très décontractée pour ce whodunit de bien bonne facture, avec un humour agréable, et des révélations en cascade sur la fin du livre. Peter Lovesey entremêle adroitement plusieurs pistes (chantages, charlatanisme, etc.), révèle quelques-unes des duperies du spiritisme, et rend prenante de bout en bout cette histoire d’augure électrocuté sur une chaise qui n’avait été élaborée, de prime abord, que pour s’assurer de sa bonne foi. A découvrir.

    15/12/2016 à 18:34 1

  • Barjoland

    Jean-Luc Luciani

    8/10 Les temps sont rudes pour Damien : il vient d’apprendre par un texto l’élection de Donald Trump et sa mère, Marlène vient de se mettre en couple avec Jacques Colvert, un pédopsychiatre qui anime une émission de radio, alors que son père n’est décédé que depuis trois ans. Pire : Marlène compte les faire emménager chez Colvert. Dans le même temps, un vent de révolte se met à souffler dans les crânes des amis de Damien qui a fermement décidé de venir à bout du nouveau compagnon de sa mère, en commençant par saboter son émission. Et leur professeur d’HG, Gallois, qui s’en prend au nouveau Président des Etats-Unis pendant ses cours au point de fortement irriter Santoro, le proviseur. Décidément, les mauvaises planètes étaient en train de s’aligner : et si on était à Barjoland ?
    La plume de Jean-Luc Luciani, je la connais (j’ai déjà lu quelques-uns de ses autres romans), et je me suis fait plaisir en m’attaquant à cet ouvrage, présenté comme différent des autres, et paru dans la collection « Rester vivant » que j’apprécie également. D’entrée de jeu, effectivement, ce roman ne ressemble pas à ses autres écrits : un style plus tranché, barré, pour un univers davantage destiné aux ados qu’aux jeunes lecteurs. La lente descente aux enfers de Damien, miné par une société qu’il rejette en bloc et détérioré par le nouvel amour de sa mère – qui s’avère rapidement être un abruti de première, égocentré, possessif et plus attaché aux objets qu’aux êtres humains. Entre les deux, la tension va monter, d’incendie en internement en hôpital psychiatrique. Une vision désenchantée de l’adolescence presque autant que de notre monde, mais d’où jaillissent quelques traits d’espérance. L’ensemble est très agréable à lire, original et prenant de bout en bout, même si je regrette l’absence d’un élément que je n’ai pas encore cerné. Peut-être aurais-je préféré plus de noirceur, d’absurde, de pessimisme, ou alors une histoire mettant moins à l’arrière-plan des personnages qui auraient, selon moi, mérité une place plus large, comme Gallois qui s’éclipse de la scène trop rapidement alors qu’il aurait pu bénéficier de plus d’attention de la part de son géniteur littéraire. Bref, une lecture très estimable, indéniablement, mais avec un très léger goût d’inachevé.

    10/07/2022 à 08:40 1

  • Clic mortel

    Jean-Luc Luciani

    8/10 Ce Clic mortel est à la fois efficace, nerveux et astucieux, en proposant aux collégiens une fiction angoissante, qui oblige à se poser des questions pertinentes quant au web et les usages qui en sont faits.

    08/09/2012 à 08:44