El Marco Modérateur

3257 votes

  • Interception

    Marin Ledun

    9/10 Valentine est épileptique, et son état semble empirer. Pire : elle est désormais la proie de cauchemars récurrents et effrayants. Ses parents décident de lui faire intégrer un lycée-clinique expérimental. Mais sur place, l’adolescente se rend compte que sa guérison ne fait pas nécessairement partie des objectifs des médecins.

    Écrivain reconnu en littérature pour adultes, Marin Ledun a également composé des œuvres pour les jeunes, comme Un cri dans la forêt et Luz. Il signe ici un ouvrage qui paraît dans la collection Thriller de chez Rageot, et la magie opère immédiatement. Le style est attisé, sec, brutal. Les chapitres se dévorent à toute allure, et le roman est bâti de manière très intelligente. Mais au-delà de la forme, remarquable, c’est l’histoire qui stupéfie. Une fille, sujette à l’épilepsie, et qui peut ainsi accéder à un monde parallèle, semblable à un dédale ponctué de portes, derrière lesquelles se trouvent des univers possibles et contrôlés par des spectres ainsi qu’un bien étrange personnage. Le pari était osé : proposer aux lecteurs – jeunes – un récit d’une originalité inouïe, servie par une plume incendiaire et incendiée. Et ce défi est amplement réussi. Tout, dans ce livre, est accrocheur et percutant. Il est d’ailleurs bien difficile d’évoquer le contenu de cet opus sans dévoiler certaines situations qui ne manqueront pas de surprendre, quel que soit l’âge de celles et ceux qui le liront.

    Dans cette collection naissante, nous avions, entre autres, le percutant Blackzone de Philip Le Roy, le cérébral Spiral de Paul Halter, et l’engagé et lyrique Dernier ours de Charlotte Bousquet. Nous avons désormais cet inclassable livre survolté de Marin Ledun, qui achève de faire de cet auteur, s’il en fallait encore une preuve, l’un des meilleurs de sa génération.

    06/11/2012 à 15:16 2

  • Le Projet Hakana

    Marin Ledun

    9/10 Parce que la Terre est devenue invivable en 2175, une expérience projette des individus – dont beaucoup d’adolescentes – aux îles Marquises, presque six siècles en arrière, afin d’y tester les lieux. Il s’agit de mener des expériences pour s’assurer que des personnes capables à leur tour de voyager dans le temps et munis d’un solide compte bancaire pourront y vivre dans de meilleures conditions et échapper à ce que leur réserve l’avenir. Sauf que parmi ces pèlerins du futur, il y a Rim, une ado qui n’est pas décidée à revenir à son époque, ce qui irrite hautement les meneurs de ce projet. Et si, malgré son jeune âge, elle devenait une égérie de la lutte contre la colonisation ?

    On connaît déjà le puissant talent de Marin Ledun, qu’il s’exprime dans des romans à destination des adultes (Modus operandi, Marketing viral, Les Visages écrasés ou L’Homme qui a vu l’homme) ou d’un public plus adolescent (Luz, Interception ou Un Cri dans la forêt) pour ne citer qu’eux, et voilà qu’il nous revient avec cet ouvrage jeunesse. D’entrée de jeu, l’originalité du scénario intrigue et les premiers chapitres séduisent : on y découvre cette expédition temporelle dont l’un des membres, Rim, est enceinte de huit mois et dont le père est Moana, un Marquisien. Elle s’est rapidement éprise de lui tout en se rendant compte que ce projet Hatana porte les germes d’une nouvelle catastrophe humaine, presque civilisationnelle, comme si l’Histoire s’apprêtait à répéter les erreurs qu’elle a déjà commises : les îles Marquises vont-elles devenir encore une fois un butin que des nantis pourront piller à leur guise ? Son peuple devra-t-il subir les assauts de l’Occident tout-puissant, être pillé puis soumis au cours d’une nouvelle colonisation ? Et s’il était possible de rejouer le cours des événements du XVIe siècle, est-ce que cela ne vaudrait pas la peine de tenter de préserver ce territoire idyllique ? En auteur militant et engagé, Marin Ledun nous offre une véritable bulle de fraîcheur, d’espérance et d’optimisme en l’espèce humaine sans pour autant fermer les yeux sur ses errances et ses méfaits, et se fait lanceur d’alerte. Préoccupation écologique, refus de la cupidité, rejet d’un monde cloisonné entre riches et pauvres, dénonciation des velléités expansionnistes et impérialistes, l’écrivain parvient à mêler ces divers sujets dans cette histoire forte et palpitante, très bien menée et habilement entrecoupée d’extraits d’interrogatoires de celles et ceux qui ont côtoyé Rim. Et le final fait retentir – avec certes de la candeur, mais c’est bien cette perspective humaniste qu’il s’agit de nourrir – ce souhait de rédemption culturelle, avec l’acceptation d’autrui et la possibilité que oui, un autre monde est bel et bien possible.

    Un ouvrage détonant, jouant adroitement sur les paradoxes temporels et la célébration du libre arbitre des populations. Marin Ledun démontre avec maestria que les livres destinés à la jeunesse peuvent être porteurs de message vibrants et intemporels puisque ce sont bien les générations actuelles ou à venir qui sont les dépositaires de l’avenir d’une planète que nous leur avons léguée dans un état guère brillant.

    08/03/2023 à 06:47 9

  • Modus operandi

    Marin Ledun

    8/10 Un roman noir, très bien construit et haletant, avec une fin intéressante, même si elle est un peu rapide à mon goût. On referme le livre avec une sacrée gueule de bois.

    28/08/2009 à 12:01 1

  • Que ta volonté soit faite

    Marin Ledun

    9/10 Une surprenante histoire de passion qui tourne à la tragédie. Un récit prenant et noir, où les amours désenchantées dépérissent jusqu’à ce que coule le sang. C’est terriblement crédible et humain, d’une grande densité, avec un final à la fois grandiose et sombre. Pour moi, une pièce maîtresse de la série.

    11/07/2014 à 08:32 5

  • Salut à toi ô mon frère

    Marin Ledun

    7/10 Dans la famille Mabille-Pons, je demande la mère et le père, respectivement infirmière saugrenue et au farouche engagement politique, et clerc de notaire dont la modération vient tempérer les élans de son épouse. Ils ont six enfants, dont Rose, travaillant dans un salon de coiffure où elle lit des textes pour le grand plaisir des clientes. Mais au sein de cette progéniture, il y a également Gus, adopté, d’origine colombienne, qui vient de s’illustrer lors du braquage d’un bureau de tabac et qui a disparu juste après. Il est le coupable parfait aux yeux de tous, sauf à ceux de sa famille. Et c’est notamment Rose qui prend le sentier de la guerre pour retrouver son frangin et prouver son innocence.

    Huit ans après La Guerre des vanités, Marin Ledun revient dans la ville de Tournon, mais sur un ton bien différent de ses autres ouvrages. En effet, l’auteur, entre autres, des puissants Modus Operandi, Marketing viral, Les Visages écrasés et L’Homme qui a vu l’homme opère un virage osé dans sa bibliographie, en signant cet opus sacrément décontracté et jubilatoire. Des personnages croustillants, qui n’engendrent à aucun moment la mélancolie. Des dialogues cocasses. Des situations drolatiques. De délicieux moments d’humour, d’autant plus réussis qu’ils étaient vraiment inattendus de la part d’un écrivain aussi engagé, et aux écrits habituellement si sombres. On retiendra de nombreux moments très amusants, comme les relations tendues, même si cela n’empêche nullement un profond attachement, entre les Mabille-Pons, ou encore les échanges de SMS entre Rose et le lieutenant Personne, devenu son amant, où le policier se voit opposer à chacun de ses messages des propositions coquines. Dans le même temps, si la forme est indéniablement distractive et réjouissante, l’intrigue déçoit un peu. Elle se réduit même à une portion indigente tandis que de nombreux clichés – certes assumés et répondant toujours aux engagements politiques et sociétaux de Marin Ledun, comme le racisme, la lutte contre les inégalités, les préjugés, etc. – sont véhiculés au gré des chapitres. Mais soyons parfaitement honnêtes : quand s’achève l’ouvrage, on en retient bien plus son souffle de décontraction que son aspect purement policier, et on est sincèrement heureux d’avoir davantage mobilisé ses zygomatiques que ses cellules grises.

    Un bon moment de détente littéraire, ponctué de nombreuses références littéraires, cinématographiques et musicales, qui démontre une autre facette du talent de Marin Ledun. On retrouvera d’ailleurs bien volontiers la suite des aventures de Rose dans l’ouvrage La Vie en Rose.

    15/03/2020 à 07:53 6

  • Un cri dans la forêt

    Marin Ledun

    7/10 Un bon petit roman à suspense qui joue habilement sur les préjugés et les faux-semblants. Il est assez différents des autres ouvrages de Marin Ledun (pas de charge sociale) mais constitue un agréable moment de détente, en priorité destiné aux jeunes lecteurs.

    19/01/2011 à 13:00 1

  • Un singe en Isère

    Marin Ledun

    9/10 Judith est retrouvée assassinée à Grenoble après une tentative de viol. José, fils unique d'un ami de Gabriel Lecouvreur, est rapidement accusé du crime. Il faut dire que la ville est en ébullition, entre la construction d'un stade et les manifestations d'éco-citoyens qui perchent en haut des arbres du parc Paul Mistral. Le Poulpe se rend donc dans cette ville, prêt à mettre un bon coup de pied dans la fourmilière et faire émerger la vérité, quitte à contrer bien des intérêts politiques et économiques.

    Deux-cent-soixante-quatrième aventure du Poulpe signée par Marin Ledun, cet opus constitue un épisode remarquable de la série. L'auteur de Modus Operandi, Marketing Viral et Le cinquième clandestin a parfaitement respecté le cahier des charges : un protagoniste têtu, des adversaires peu recommandables et une peinture au vitriol de la société de consommation. Le ton est sombre, l'enquête très dense et particulièrement bien menée, les dialogues toujours aussi bons. Assurément, Un singe en Isère est un roman palpitant, à la fois typique de la série et en même temps original, en grande partie grâce à la plume talentueuse de Marin Ledun. Il est d'ailleurs très agréable de retrouver un poulpe galvanisé par la déchéance du monde après un opus plus introverti et sage, Même pas Malte de Maïté Bernard.

    En seulement cent-cinquante pages, Marin Ledun offre aux lecteurs un roman jouissif, enlevé et acide.À noter pour l'anecdote que le titre est un jeu de mots sur un film dialogué par Michel Audiard, au même titre que le sont d'autres épisodes de la série du Poulpe comme Les Teutons flingueurs de Stéphane Geffray et Ataxie pour Hazebrouck de Serge Turbé.

    22/02/2010 à 17:42 1

  • La Carne

    Guy Lefebvre

    7/10 Brouchon, un chirurgien vieillissant. Elisabeth, sa femme, plus jeune que lui, stérile et disposant de nombreux appâts pour séduire les hommes. Dansec, le nouveau praticien et collègue de Brouchon, qui n’est pas insensible aux charmes d’Elisabeth. Marc, directeur d’un haras. Nader, palefrenier. Et La Carne, cette jument indomptable et irascible. Tous ces destins vont se télescoper dans un manège où se mêlent amours, passions contrariées, rancœurs et dissimulations.

    Cet ouvrage de Guy Lefebvre est son premier à paraître chez l’éditeur Fleur sauvage. Court (environ cent-quatre-vingts pages), ce roman fait intervenir une belle diversité de personnages. Tous bien dépeints, en quelques mots ou phrases savamment tournés, ils vont, en raison des liens qui les unissent, être amenés à s'affronter. Avec un style épuré qui n’empêche nullement les belles tournures littéraires, l’auteur signe un livre efficace et prenant de la première à la dernière page. C’est également un croquis adroit de la solitude et de l’abandon, de l’espoir qui anime les âmes et les chairs déclinantes, où les mots de l’auteur se posent avec beaucoup de justesse. L’intrigue, classique mais particulièrement humaine et crédible, se rapproche de celles de Georges Simenon, avec cette belle économie d’événements, mettant davantage en relief paysages et psychologies. Ce qui retient le plus l’attention, c’est finalement la présence de ce cheval, cet animal dangereux et tempétueux, qui deviendra le détonateur enfoui au milieu de cet amas d’animosités et d’inclinations.

    Peut-être certains amateurs de littérature policière auraient préféré un ou deux rebondissements supplémentaires, tandis que d’autres regretteront à coup sûr les nombreuses fautes et coquilles disséminées dans le roman. Néanmoins, cette Carne est assurément un bon ouvrage, intelligemment écrit, plausible et racé.

    11/01/2017 à 17:36 3

  • Vomi soit qui malle y pense

    Gérard Lefort

    7/10 Même si l’intrigue est un peu faiblarde, elle a l’immense mérite de n’être dénouée que vers la fin de l’ouvrage. En plus, Gérard Lefort a une plume vraiment cocasse, et c’est bien souvent que je me suis marré lors de ce périple breton. Probablement pas la meilleure des enquêtes du Poulpe, mais un bien bon moment de lecture décomplexée.

    01/05/2015 à 22:56 2

  • Pour un instant d'éternité

    Gilles Legardinier

    8/10 Alors que s’ouvre l’Exposition universelle de Paris, Vincent Cavel et ses camarades ont un emploi bien particulier : créer chez de riches clients des passages secrets afin qu’y soient dissimulés leurs trésors et secrets. Le travail ne manque pas, mais une menace se précise : on cherche à tuer les compagnons de Vincent, par empoisonnement, en les écrasant ou en les poignardant. Qui cherche ainsi à annihiler ces hommes, et pourquoi ? La réponse se trouve sous terre, et à des siècles de là…

    Gilles Legardinier, à qui l’on doit des polars (L’Exil des anges, Nous étions les hommes ou Le Premier miracle), mais aussi des ouvrages feel-good(Demain j’arrête !, Complètement cramé !, ou J’ai encore menti !), signe ici un pur roman d’aventures. Se déroulant lors du dix-neuvième siècle finissant, l’auteur livre un très réussi hommage à Jules Verne et consorts. Partant d’un pitch très intéressant (les passages secrets, qu’ils soient utilisés comme des coffres-forts ou des chambres de panique), Gilles Legardinier happe l’attention du lecteur du début à la fin. Les clefs du succès ? Des chapitres courts et souvent finis par un cliffhanger habile, des personnages très humains et qui attirent l’empathie, et une belle plongée historique et géographique. Le style, épuré, permet une lecture agréable et déliée, et les protagonistes, plus particulièrement la bande de Vincent, n’est composée que d’individus sympathiques. Nous avons Vincent et son frère cadet, Pierre, ainsi qu’Eustasio, le peintre qui vit une idylle avec une comtesse italienne, le menuisier Konrad et Henri, dit « Le Clou », qui sert principalement de messager. Le cadre de l’Exposition universelle est adroitement exploité, nous permettant de nous imprégner de cette ambiance si particulière, sans jamais que la balade ne soit pesante ou trop érudite. Nos héros vont devoir affronter un ennemi bien retors après avoir envisagé diverses hypothèses quant aux raisons pour lesquelles on leur en veut. Esotérisme, expéditions dans les souterrains parisiens, alchimie, illusionnisme (avec cette figure presque paternelle qu’a constitué le grand Houdini pour Vincent), Templiers, souvenirs des Croisades, etc. : un bel éventail de sujets passionnants qui ravira les lecteurs.

    Même si la teneur du grand secret, révélée dans les ultimes pages, pourra éventuellement décevoir, on se régale d’un bout à l’autre de ce récit, épique et humain, d’autant que la bibliographie finale, les explications de Gilles Legardinier quant à la genèse de ce livre, et les faits réels cités éclairent l’ensemble d’un éclat particulier. Un opus entraînant et de grande qualité.

    26/04/2021 à 07:57 4

  • Nous ne t'oublierons jamais

    Cyrille Legendre

    8/10 Un duo de tueurs massacre des clients adeptes de prostituées et met en scène leur dépouille sur des vidéos. Matt Berger, directeur d’une maison d’édition, a enquêté sur l’explosion d’une usine qui a causé de nombreuses victimes, et a accusé un groupe d’extrême gauche, surnommé « Les fils de l’acier », d’en être l’auteur. Mais ce groupuscule se fait fort de signaler à Matt qu’il est innocent, après l’avoir laissé complètement brisé dans un parking souterrain. Il va alors confier la contrenquête à Adam, une jeune sans expérience mais aux dents longues et effilées. Dans le même temps, Matt a demandé à Makkal, un enquêteur assez particulier, de mener une investigation : vérifier que Marie, son amour de jeunesse, est véritablement décédée.

    Après Quitte ou double, récompensé par le Prix de Beaune en 2013, Cyrille Legendre nous revient avec cet opus. Comme on peut aisément l’observer à la lecture du résumé, l’histoire – voire les histoires – promet d’être particulièrement complexe. Et c’est le cas, avec ces pistes, parfois très éloignées les unes des autres, dont certaines demeureront parallèles tandis que d’autres viendront directement télescoper le fil principal. Avec un sens efficace de la narration, l’auteur nous fait rencontrer de nombreux personnages, complexes et denses, à la psychologie travaillée et aux apparences parfois traîtresses. C’est avec délectation que l’on se laisse embarquer dans ce récit volontairement touffu et labyrinthique, dont on ressort ébahi, puisque Cyrille Legendre parvient à nouer tous les fils de ces enquêtes.

    Grâce à une plume zélée et une intrigue arachnéenne, Cyrille Legendre séduit et envoûte jusqu’aux ultimes pages de ce roman détonnant.

    23/04/2016 à 11:05 2

  • Mystic River

    Dennis Lehane

    9/10 Un ouvrage noir et dur, à la fois tragique et émouvant, avec une galerie de personnages convaincante !

    28/06/2009 à 12:48 2

  • Shutter Island

    Dennis Lehane

    8/10

    26/02/2006 à 17:28

  • La Citadelle des cauchemars

    Christian Lehmann

    9/10 Partant d'une situation simple en apparence, l'auteur tisse une intrigue fantastique – au propre comme au figuré – qui ravira jeunes et adultes. On plonge dans cent-quarante pages dans un univers singulier, entre onirisme et limbes, peuplé de personnages inquiétants. Parallèlement, Christian Lehmann est un romancier nourri des mots d'illustres prédécesseurs, comme Lovecraft, Conan Doyle ou Bram Stoker. Par une très habile et ingénieuse mise en abyme, il convoque ces trois écrivains de manière inattendue et se permet, au passage, de griffer le monde de l'édition, avec notamment une charge virile mais correcte contre R. L. Stine même si ce nom a été légèrement maquillé.

    La citadelle des cauchemars est donc une véritable aventure littéraire, dépassant largement le cadre du simple roman d'angoisse. C'est très bien écrit, osé, unique et marquant.

    20/03/2013 à 17:08

  • Robe de marié

    Pierre Lemaitre

    9/10 Une oeuvre que je lis bien après sa sortie et le succès qu’elle a rencontré. Un style entêtant, efficace et finalement très simple, bâti sur une intrigue et une structure redoutables. Des personnages opaques, dont on découvre lentement les failles au gré des récits successifs, et une vérité qui apparaît lentement, jusqu’au choc des dernières pages. Un exercice courageux, et qui se conclut de manière remarquable.

    05/02/2013 à 18:52 5

  • Travail soigné

    Pierre Lemaitre

    9/10 Le commandant de police Camille Verhœven se voit confier une affaire sordide à Courbevoie : les corps de deux femmes martyrisées de façon insoutenable viennent d’être retrouvés. Aidé de sa fidèle équipe de collaborateurs, Verhœven va rapidement comprendre à quoi correspond la mise en scène des corps : l’assassin a cherché à imiter une des scènes d’American Psycho, l’un des best-sellers de Bret Easton Ellis. Ce ne sera que le début d’une longue série de morts épouvantables, toutes copiant des tueries issues de romans policiers, qui plongera le policier dans l’horreur.

    Avec ce premier roman nourri de références littéraires, Pierre Lemaitre a frappé très fort. Son récit, quoique long, est très dynamique, avec des qualités d’écriture et de narration incontestables. Le personnage de Camille Verhœven est particulièrement réussi, avec son physique d’homme miniature et ses méthodes si originales, au même titre que l’ensemble des autres protagonistes, très denses et travaillés. L’intrigue est un véritable régal, jouant sur les faux-semblants et les variations de rythme, offrant une fin saisissante qui marquera durablement le lecteur.

    Pour conclure, Travail soigné est à n’en pas douter un ouvrage indispensable !

    06/05/2008 à 18:33 6

  • Chemin de croix

    Jeff Lemire, Andrea Sorrentino

    9/10 Dès les premières planches, on bascule à nouveau dans cet univers si atypique (et même unique), tant du point de vue graphique que scénaristique. Nos protagonistes basculent dans des mondes parallèles, le désert pour père Fred avec une ville ambiance western qui s’appelle Gideon Falls. Voyages dans les époques, univers parallèles, paradoxes temporels : on comprend que l’un des personnages ait ressenti le besoin de dessiner une carte de ce chaos pour essayer de l’ordonner. Un épisode aussi fou que les précédents, et une telle démence, j’en redemande.

    28/04/2024 à 08:27 2

  • La Grange noire

    Jeff Lemire, Andrea Sorrentino

    8/10 Norton Sinclair est un jeune homme, complotiste et paranoïaque, qui collectionne les menus objets piochés dans les détritus de ses contemporains en les mettant dans des bocaux, persuadé que quelque chose de mal est en train de se tramer. Le père Wilfred arrive à Gideon Falls pour remplacer le précédent révérend, père Tom. Il va d’ailleurs rapidement trouver un cadavre de femme dans un champ. Le point commun entre ces deux individus ? Une mystérieuse grange noire que les personnages voient en vision et qui donne son titre à ce tome.
    Une BD graphiquement très originale (entre roman photo et épure esthétique, avec des visages qui semblent si réels : celui de la psy – Angie Xu – m’a fait penser à celui de Lucy Liu) avec une ambiance sombre et pesante particulièrement réussie. J’ai déjà hâte de continuer.

    27/04/2024 à 08:20 4

  • Le Pentoculus

    Jeff Lemire, Andrea Sorrentino

    9/10 Une ambiance toujours aussi incroyable, avec de multiples jeux sur les ombres, les formes, les couleurs, les textures. Le titre de ce quatrième tome vient de la machine créée par Norton Sinclair ayant ouvert une brèche dimensionnelle vers un monde alternatif. Une chouette référence à l’univers de Stephen King (le coup des bestioles sortant de la bouche) pour une série radicale et singulière. Un final explosif – à tous les sens du terme – et je me demande ce que le cinquième et dernier tome va nous réserver.

    28/04/2024 à 08:28 2

  • Péché originel

    Jeff Lemire, Andrea Sorrentino

    8/10 Norton confie à sa psy, Angie, qu’il essayait de reconstituer la grange noire à l’aide des divers objets qu’il piochait et collectionnait. Pendant ce temps, le père Fred continue sa quête quand on lui apprend qu’Abel Lacroix vient d’être enlevé.
    Un récit toujours aussi puissant, souvent schizophrénique, soutenu par cette esthétique si particulière et ces planches souvent déstructurées parcourues d’encarts rouges. C’est complètement fou et en même temps si réaliste que ça fait froid dans le dos. Une fin abrupte qui aiguise l’appétit pour la suite, quand le père Fred et Norton sont entrés dans cette fameuse grange.

    27/04/2024 à 08:20 2