El Marco Modérateur

3492 votes

  • Détective Conan Tome 76

    Gosho Aoyama

    8/10 Un homme suicidé dans des toilettes après un habile quiproquo, puis un cadavre dans une valise, et c’est ensuite Conan lui-même qui est enlevé : un premier texte qui part très fort et dont le rythme ne faiblit pas, malgré une enquête qui m’a semblé factuellement un peu plus longue qu’à l’accoutumée. Puis une femme poignardée par son époux dans un apparent état de légitime défense : un dénouement plein de malice, marquant et absolument indevinable. Après, c’est l’inspecteur Takagi qui est en bien mauvaise posture : ligoté et allongé sur une planche de bois au-dessus du vide, avec une corde autour du cou, et filmé, tandis qu’un inconnu a remis aux enfants une tablette sur laquelle on peut suivre en direct le sort du captif. Beaucoup de suspense et de tension pour ce récit qui s’achèvera dans le tome suivant. Un très bon opus de la série, avec des histoires fortes et plus longues que d’habitude, mais vraiment trépidantes.

    30/06/2019 à 18:11

  • Akumetsu tome 1

    Yoshiaki Tabata, Yûki Yogo

    6/10 Un justicier masqué, Akumetsu, qui s’en prend, à la fin du vingtième siècle, aux ennemis intérieurs du Japon, en commençant par les malfrats en col blanc qui détournent de l’argent et profitent avec une morgue effrayante de leur opulence. Dès les premières pages, j’ai été cueilli par le graphisme, violent et endiablé (même s’il est un peu daté, le manga étant paru en 2003) qui ne fait pas dans la dentelle. Cela m’a également permis de découvrir ce que sont les « bosozokus », ces clans de motards et de conducteurs de voitures, et c’est à un de ces gangs qu’Akumetsu va se confronter. Vraiment rien de nouveau ou d’exceptionnel dans ce premier tome de la série, mais je lui trouve cependant une certaine valeur purement cathartique, comme on regarderait à la télévision, de manière détachée et consciente, un bon gros film de série B. Je vais continuer encore un peu, histoire de voir ce que ça devient.

    30/06/2019 à 18:10 1

  • Another tome 2

    Hiro Kiyohara

    7/10 Une suite réussie au premier opus que j’avais déjà bien apprécié, avec un graphisme léché, une intrigue prenante mêlant malédiction et répétition d’accident autour d’une mystérieuse classe de troisième, remontant jusqu’à vingt-six ans plus tôt. De magnifiques dégradés, une ambiance pesante et anxiogène, et même si j’ai perdu le fil de l’intrigue depuis ma lecture du premier tome, j’ai bien apprécié celui-ci.

    23/06/2019 à 20:47

  • Waltz tome 4

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    7/10 Le quatrième opus qui commence sur une belle méprise et relance mon intérêt pour cette série, avec toujours autant d’action et de suspense. Mais j’ai du mal à croire au fait qu’un type lambda, couard en outre, puisse ainsi prendre la place d’un tueur expérimenté et au modus operandi si particulier, ce qui nuit à la crédibilité de l’ouvrage et donc de sa globalité scénaristique. Néanmoins, le rythme soutenu, et donc l’action, parvient à prendre le pas sur ce que je trouve être une fragilité.

    23/06/2019 à 20:46

  • Waltz tome 3

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    7/10 Cet opus commence avec un approfondissement de la psychologie d’Iwanishi et ce qui l’a amené à ainsi n’agir que pour l’argent, puis reprend le cours de la série avec sa confrontation avec les « Tic-tac ». Le « briseur de nuques » réapparaît également avec son étrange rôle de tueur et protecteur de son sosie, et le « Chapelier » s’avère être un dangereux psychopathe qui enlève des femmes. Un troisième tome qui s’achève sur une scène pleine d’interrogations et de suspense au pied d’un parking. Si je reste bien accroché, je suis un peu plus perplexe à propos de la manière dont l’histoire évolue : un ixième tueur à gages, cette histoire de sosie à laquelle j’ai bien du mal à croire, et « la cigale » qui passe au second plan. A voir comment cela va évoluer dans les mangas suivants.

    23/06/2019 à 20:45

  • Waltz tome 2

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    8/10 … ou comment « la cigale » en vient à se mêler d’un combat entre un tueur à gage qui n’en est pas un en réalité et une bande d’assassins dirigée par une femme austère et sinistre captivé par le temps, dont le clan est surnommé « Tic-tac ». Notre « héros » se retrouve pris au piège et doit combattre contre la meute de mercenaires. Un opus aussi endiablé que le premier, avec une intrigue qui s’affermit et qui prend, à présent, une direction plus précise, tandis que naît l’ombre d’un tireur de ficelle, le « Chapelier ». De l’action, du suspense, une intrigue à mes yeux enfin sur les rails, je prends la direction de l’opus suivant.

    23/06/2019 à 20:45

  • Waltz tome 1

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    7/10 Un jeune tueur à gage, spécialiste du couteau, qui prend cependant des libertés avec ses contrats, et qui fait la rencontre d’un mystérieux personnage qui s’appelle Iwanishi, et qui lui propose de devenir son manager. Enfant turbulent et violent, ayant progressivement oublié jusqu’à son nom, Iwanishi le surnomme « La cigale » en raison du bruit fait par ces bestioles. Il doit à présent s’occuper d’un autre tueur à gage, « le briseur de nuques », tandis que l’on s’intéresse également à un jeune type falot, Minoru Ishigohara, que, visiblement, beaucoup de gens confondent avec un bon samaritain qui est en réalité ce « briseur de nuques ». Pas mal de violence et d’action et, même si je ne saisis pas encore totalement dans quelle direction cette série se rend, sans révolutionner le genre, ç’a le mérite, pour moi, d’être assez efficace et de ménager suffisamment de suspense et d’interrogations pour avoir envie de découvrir les autres tomes.

    23/06/2019 à 20:44

  • Green Blood Tome 2

    Masasumi Kakizaki

    8/10 Un graphisme toujours aussi sombre, anxiogène et époustouflant, mais j’ai laissé trop de temps entre la lecture du premier tome et celui-ci, ce qui explique que j’ai un peu perdu le fil de l’histoire. Brad doit faire un choix cornélien, entre son travail et la vie de son frère Luke, et l’intrigue enchaîne très bien : toujours ce mélange délicieux de noirceur, de western (le duel entre Brad et le membre des Iron Butterflies est très réussi), de luttes de gangs (certaines scènes de confrontations feront ardemment penser au film « Gangs of New York »), de vengeances entremêlées, avec de belles avancées dans la relation entre Luke et son tueur à gage de frère.

    23/06/2019 à 20:43 1

  • Eitaro le négociateur tome 3

    Takashi Kii

    6/10 Suite et fin de l’enquête sur les incendies criminels : du même acabit que le début, à savoir très tarte. Une affaire d’enlèvement de la petite Tatsuko, bien plus intéressante, où même le dessin semble avoir gagné en maturité, en noirceur et en précision, comme si Takashi Kii avait vraiment eu besoin de se reprendre, ou de trouver une bonne histoire pour poser correctement le graphisme qui va avec. Puis une incursion aux Etats-Unis, où on en apprend un peu plus sur la jeunesse d’Eitaro. Content de voir un tel bouleversement, graphique et scénaristique, dans cette série, une double métamorphose que je n’attendais même plus.

    23/06/2019 à 20:42

  • Eitaro le négociateur tome 2

    Takashi Kii

    3/10 Moi qui n’avais guère été convaincu par le premier tome, je me suis lancé dans le deuxième, histoire de vérifier mes impressions. J’y ai retrouvé un graphisme toujours aussi sommaire, à la limite du laid, et des situations convenues au possible. Eitaro commence par dissuader du suicide une jeune femme qui habite son immeuble avec des arguments d’une banalité affligeante. Ensuite, une histoire de braquage ouvertement inspirée par l’affaire Spaggiari, et qui commence mal (la manière dont le cerveau du cambriolage se fait piéger en devient presque risible tellement elle est absurde et grotesque) et la suite est d’une fadeur incroyable. Puis une histoire autour d’incendies criminels et d’une milice d’autodéfense, inachevée, qui ne m’emballe pas des masses mais dont j’ai envie de connaître l’épilogue. Bref, non seulement rien de très nouveau avec ce deuxième opus, mais en outre, ma déception voire pire ne fait qu’augmenter.

    23/06/2019 à 20:42

  • Eitaro le négociateur tome 1

    Takashi Kii

    4/10 Un détournement d’avion à une altitude de 27000 pieds, qui dévie à présent vers Pyongyang mais à bord, il y a Eitaro Minegishi, négociateur pour le bureau d’enquêtes spéciales de la police métropolitaine. Dans le premier tome de cette série, j’ai trouvé que ça commençait un peu mollement, avec des dialogues peu convaincants, une psychologie pas si élaborée que cela, pas mal de poncifs et de situations invraisemblables (les passagers peuvent continuer de faire ce qu’ils veulent, sans la moindre surveillance, et Eitaro parvient ainsi, de manière invraisemblable à choper un téléphone satellitaire, contacter les forces au sol, etc.). La confrontation verbale entre Eitaro et le chef des terroristes ne tient vraiment pas ses promesses, sans la moindre étincelle de vraisemblance, d’intelligence ou d’originalité, et le graphisme particulièrement banal et sans panache m’a également laissé sur la passerelle, sans jamais me donner envie de monter à bord de cet avion. A mes yeux, une grande déception. J’essaierai toutefois d’autres tomes de la série.

    23/06/2019 à 20:41

  • City Hall tome 1

    Rémi Guérin, Guillaume Lapeyre

    8/10 … ou comment, à Londres, le Ministre des Finances semble avoir été tué par une immense explosion, tout en haut d’un immeuble. Parce que le modus operandi est retrouvé près du cadavre, écrit sur une feuille alors que la société a banni ce moyen de communication, et qu’il est dépassé par la mesure de l’affaire, le policier en charge de l’affaire convoque Jules Verne et Arthur Conan Doyle, encore gamins. Un manga très surprenant et atypique, qui emprunte tout autant ses codes stylistiques au manga japonais qu’à la traditionnelle bande dessinée, et intelligemment bâti. Des scène spectaculaires (le combat entre les deux titans), des personnages inattendus (tous contemporains : Abraham Lincoln, Eliot Ness, Al Capone) et l’introduction d’une policière opiniâtre et attachante en la personne de miss Earhart, ainsi qu’un dangereux criminel, Black Fowl. Une œuvre enlevée et trépidante, où les nouvelles technologies se mêlent à certains aspects anciens de la capitale anglaise, pour un mélange riche en aventure et en action, pour lutter contre Black Fowl qui a compris comment créer des entités monstrueuses et mortelles en les écrivant sur papier. Je serai au rendez-vous des autres tomes, assurément.

    23/06/2019 à 20:40

  • Détective Conan Tome 75

    Gosho Aoyama

    7/10 L’illusion de Jastrow (j’avoue, je ne connaissais pas…) ainsi que le phénomène « Gestaltzerfall » aide à la résolution de l’enquête inachevée du tome précédent. Intéressant et malicieux. Ensuite, un homme égorgé et une télécommande capricieuse pour une résolution technique et astucieuse. Des vandalismes sur des véhicules, avec la policière qui fut l’amour de jeunesse de Chiba pour une histoire au mobile poignant mais au final seulement sympathique mais pas très emballante à mon goût. Ensuite, un nouveau détective privé arrive sur scène tandis qu’une femme meurt carbonisée dans une voiture : suicide ou meurtre ? Une conclusion prenante et vraiment marquante, pleine de sensibilité et de justesse, ou comment l’amour peut rencontrer des barrières infranchissables et insoupçonnables.

    22/06/2019 à 11:51

  • Détective Conan Tome 74

    Gosho Aoyama

    8/10 L’enquête précédente trouve une résolution intelligente, même si, à défaut de connaître l’identité de la criminelle, on pouvait se douter de son mobile. Ensuite, une histoire de kidnapping, d’un chat et d’un vase. Là, je n’ai vraiment pas vu venir le cœur de l’énigme : simple, mais d’une efficacité d’autant plus marquante. Un cadavre découvert dans un restaurant fait après l’objet d’un défi pour savoir qui est le meilleur détective, alors qu’apparaissent le commissaire Maigret et un agent du FBI. Le dénouement tire parti de l’usage de la langue japonaise et des particularités langagières, ce qui a grandement atténué l’impact de la résolution sur moi. Une lettre envoyée par un mort, trois lettres découvertes (EYE), et du poison dans un baumkuchen. Des « losanges fous », une vengeance, et quand nos limiers pensent avoir compris qui était le criminel… tada, voilà un joli rebondissement !
    Décidément, toujours aussi jouissive, cette série !

    22/06/2019 à 11:49

  • Détective Conan Tome 73

    Gosho Aoyama

    8/10 La conclusion de l’enquête présentée à la fin du tome 72, avec la possibilité qu’un ouvrier, devenu fantôme, soit venu se venger de la victime, avec une solution originale, technique et intéressante. La suivante se déroule dans un restaurant où l’un des clients meurt empoisonné, avec une énigme sympa autour d’un tour de passe-passe. L’histoire ultérieure commence dans un bus, évoque un art martial, le « jeet kune do », puis un suicide du haut d’un immeuble. Conan va se mesurer à un jeune homme, Sera, qui prétend être également détective. Une solution très habile, un peu complexe mais sacrément bien trouvée. Une prise d’otage dans le dernier récit, avec notamment trois écrivaines de romans policiers. Beaucoup de suspense autour d’un crime passé. L’identité de la tueuse semble être livrée à la dernière page, mais comme le récit se poursuit dans le tome 74, y aura-t-il plus d’explications à de sujet ? Un très bon de la série des Détective Conan.

    22/06/2019 à 11:48

  • Détective Conan Tome 72

    Gosho Aoyama

    7/10 La conclusion de l’affaire présentée dans l’opus précédent, lors d’un match de tennis. Pas de fièvre particulière chez moi : le début ne m’avait que modérément plu, le final n’est guère plus enthousiasmant. La suivante, c’est une personne que nos jeunes héros pensent être en danger, dans un building après un tremblement de terre. Un huis clos sympathique et efficace, à coups de cache-cache à suspense, code ressemblant au morse, pour une histoire plaisante. Après, une attraction appelée « la clinique de l’horreur » pendant une fête, et un simulacre d’opération qui débouche sur la mort de la patiente, par empoisonnement au cyanure. Vraiment très chouette, avec une belle résolution digne d’un tour de magie et des motivations poignantes du tueur. Ensuite, un gamin qui, comme le veut l’expression qui donne son titre au début de l’histoire, « criait au loup » tant et tant que personne ne le croit quand il dit être aux prises avec de méchantes personnes. Un texte à propos d’une séquestration. Agréable. La dernière enquête, entamée, nous confronte à une histoire de temps et d’horloges, mais dont l’entame est trop courte pour que je puisse la jauger convenablement, à suivre donc dans le prochain opus. Un nouveau tome fort sympathique et réussi de cette saga que, décidément, j’adore.

    22/06/2019 à 11:47 1

  • Détective Conan Tome 70

    Gosho Aoyama

    7/10 La suite et conclusion de l’intrigue présentée à la fin du tome précédent. Un peu bavard, mais sympathique et bien mené. L’enquête suivante prend place lors d’une exposition, où Kaito Kid indique qu’il va rendre des trésors volés vingt ans auparavant par une dénommée Lady fantôme. Un récit agréable de contrefaçons et de substitutions, et malgré le plaisir de revoir « l’insaisissable Kid », ce n’est pas une énigme qui me marquera longtemps. L’affaire suivante met en scène un chien démoniaque, s’inspirant ouvertement du « Chien des Baskerville » de Sherlock Holmes, un empoisonnement au monoxyde de carbone dans une pièce fermée de l’intérieur, et une question d’héritage autour de huit enfants désormais grands. Un récit assez long mais bien mené, distrayant et intéressant, même si je trouve dommage qu’une partie de l’explication soit fournie par l’utilisation de la langue japonaise (que je ne maîtrise évidemment pas), ce qui m’a privé du plaisir de pleinement entrer dans la résolution de l’énigme. Au final, un opus vraiment bon et efficace, qui présente eu outre l’intérêt d’offrir des histoires très variées.

    22/06/2019 à 11:45 1

  • Détective Conan Tome 69

    Gosho Aoyama

    7/10 Un criminel en cavale qui demande de l’aide, mais c’est passé à l’époque pour une noyade accidentelle, tandis que plane l’ombre d’un « kappa », un démon japonais censé attirer les humains dans l’eau : trois suspects à la clef. Une affaire rondement résolue, mais dont les mobiles, nécessairement anciens, sont bien trouvés, touchants et crédibles. L’enquête suivante prend place dans un « onsen », des thermes japonais, construit sur un lac, avec un meurtre en chambre close. Assez classique, mais efficace et enjoué. La troisième se déroule dans le monde de la confiserie, plus exactement du chocolat, avec un empoisonnement au cyanure. Une résolution fort sympathique qui m’a permis de découvrir ce qu’est la miraculine. La quatrième, sur « l’air sur la corde de sol » de Jean-Sébastien Bach, commence avec une maison isolée, un beau morceau de piano, et un meurtrier, absent, avouant sur papier le meurtre d’un enfant. Un huis clos anxiogène, non conclu, que je poursuivrai donc avec plaisir dans le tome70. Au final, rien de bien nouveau sous le soleil des Détective Conan que j’ai déjà bouquinés, mais toujours le même enthousiasme à les lire, avec cette imagination débordante de Gosho Aoyama, qui ne semble rien perdre de sa ferveur ou de sa fertilité.

    22/06/2019 à 11:43

  • Ceux que nous avons abandonnés

    Stuart Neville

    9/10 Ciaran et son frère Thomas sont encore bien jeunes lorsqu’ils sont confiés aux Rolston, une famille d’accueil. Mais un jour, on retrouve le père mort, le crâne massacré par un presse-livres. Ciaran avoue être le coupable. Sept ans plus tard, Paula Cunningham, l’agent de probation de Ciaran, émet des doutes quant à ce qui s’est réellement passé, et contacte aussitôt Serena Flanagan, la policière qui avait enquêté à l’époque. Le passé n’a pas encore refermé ses plaies.

    Stuart Neville, à qui l’on doit des ouvrages majeurs comme Les Fantômes de Belfast ou Ratlines, s’essaie ici au roman noir, et c’est une réussite. Le style de l’auteur est une merveille : sombre, ténébreux, il se hisse sans mal à la dureté des propos, la tortuosité de l’histoire, les cicatrices demeurées béantes. Le livre s’avère relativement court, les chapitres sont véloces, et il n’y a pas un mot de trop au gré de ce récit prenant et poignant. Stuart Neville livre des portraits saisissants, particulièrement humains et touchants, sans le moindre pathos de mauvais goût ni effets faciles. Ciaran et Thomas, les deux frères, nouent une relation très tendue, équivoque, constituée de non-dits, de raideurs, de soumissions et de dominations étranges (la nature des rétorsions perpétrées par Thomas est affolante et mémorable), et il faudra attendre les ultimes chapitres pour en saisir toute la nébulosité et la complexité. Serena Flanagan, rescapée d’un cancer, ayant tant de mal à conjuguer ses vies personnelle et professionnelle, se montre également très crédible et lumineuse d’humanité, notamment lorsqu’elle apprend le cancer d’une proche dont le mari est atteint de la maladie d’Alzheimer. Elle verra également ressurgir à la surface du présent l’ambigu lien qu’elle a noué, presque inconsciemment, avec Ciaran, fait de silences, de désir et de transferts contradictoires.

    Un petit bijou de noirceur, tout en simplicité et en efficacité, bouleversant et nerveux, où la plume de Stuart Neville excelle sans jamais manifester le moindre signe d’effort. Tout y vient naturellement, avec une simplicité déconcertante, et parvient à se hisser au rang des meilleurs ouvrages du genre.

    17/06/2019 à 19:49 5

  • Skeleton Road

    Val McDermid

    8/10 Un corps est découvert tout en haut d’une tour d’Edimbourg. L’homme a été abattu d’une balle en pleine tête et se trouve là depuis fort longtemps. La policière Karen Pirie et son équipe enquêtent tandis que d’autres individus en viennent à s’intéresser à cette affaire, dont les membres du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et une enseignante en géographie. Une histoire qui pourrait remonter jusqu’aux anciens conflits armés dans les Balkans.

    Ecrivaine connue et reconnue, Val McDermid signe ici un roman fort et noir, aussi tourmenté que ne le furent les guerres de Yougoslavie. Le livre commence d’ailleurs rapidement, avec la découverte du cadavre par des ouvriers, et s’achève avec une scène poignante, qui n’a besoin que de quelques mots pour secouer et émouvoir. On découvre donc l’enquêtrice Karen Pirie, solide et obstinée, confrontée aux divers drames de la société écossaise, et dont le métier de policière et les horreurs auxquelles elle est confrontée ne cessent de la tourmenter. On suit également l’investigation menée par les membres du TPIY qui, même s’ils croient encore à leur juste et légale croisade contre les criminels de guerre, sont jetés aux basques d’un tueur dont on compte déjà onze victimes chez d’anciens bourreaux serbes, et ce pas uniquement pour de nobles raisons : un de leurs supérieurs soupçonne la présence d’une taupe vengeresse dans ses services. Val McDermid, en routière aguerrie du roman policier, emmène le lecteur au bout des quelque cinq cents pages de cet ouvrage solide et étayé, où les forces de police résolvent des problèmes de manière posée, crédible et cartésienne, en épluchant les indices, visionnant les films enregistrés par des caméras de surveillance, et recoupant des renseignements prometteurs. Dans le même temps, l’ignominie des crimes commis révulse : sans jamais tomber dans le voyeurisme ou la surenchère sanglante, l’auteure sait poser, avec des termes justes et néanmoins effrayants, l’horreur des combats, principalement lorsque les victimes sont de simples civils, dont des femmes et des enfants. Et il faudra à Karen déployer des trésors de persévérance et d’humanité pour comprendre les racines du mal, suite à un massacre ayant eu lieu dans le petit village de Podruvec.

    Même si l’identité du tueur ne surprendra guère, il n’en reste pas moins que ce roman se montre vraiment bon en raison de sa maîtrise, et presque nécessaire par le sujet qu’il aborde et décrit.

    17/06/2019 à 19:45 2