El Marco Modérateur

3492 votes

  • Pièges

    Eric Corbeyran, Richard Guérineau

    7/10 On commence par une scène dans l’Altiplano andin (Pérou) avec ce flashback présentant un dénommé Charles Grosvenor qui est assassiné et dont l’empire industriel pourrait tomber entre des mains malintentionnées, tandis que Mélinda est séquestrée dans une cellule capitonnée aux allures d’asile psychiatrique. Un sacré clin d’œil à « Pulp Fiction » avec ce tueur qui ressemble au personnage interprété par John Travolta tandis que le nom des Stryges apparaît pour la première fois et que naît ainsi l’identité de la chose trouvée après l’incendie du tome précédent. Pas mal du tout, ça se laisse lire.

    27/09/2020 à 18:24 1

  • Une Descente dans le Maelstrom

    Edgar Allan Poe

    7/10 … ou comment le narrateur, flanqué d’un guide en haut d’un sommet se trouvant en Norvège, en bord de mer, se voit confier l’histoire survenue, trois ans plus tôt, à laquelle a échappé son guide : un incroyable naufrage, dû à un maelström, appelé localement le « Moskœ-Strom ». Un récit qui oscille entre deux genres narratifs : l’aventure vécue par le survivant, et son côté irréel, presque fantastique, avec notamment des descriptions tellement dantesques qu’elles penchent vers un surnaturel qui ne dit presque jamais son nom. J’ai adoré la manière dont Edgar Allan Poe décrit la monstruosité de ce phénomène naturel, avec force détails, presque de manière « clinique », comme on autopsie une dépouille. Dans le même temps, la furie des éléments est telle qu’elle a fait blanchir soudainement les cheveux du rescapé et modifié sa physionomie, preuve du sceau laissé sur lui et dans son âme ; même si je ne suis pas spécialement fan des récits d’aventures, je suis bien obligé de reconnaître que celui-ci, sous la forme d’une nouvelle, est très réussi.

    27/09/2020 à 18:22 1

  • Rambo

    David Morrell

    9/10 Parce que son allure et son effronterie ne plaisent pas au shérif de Madison William Teasle, le jeune John Rambo est arrêté et conduit au poste de police. Mais la situation va dégénérer, Rambo s’échapper dans les montagnes avoisinantes, et les morts se multiplier. Ce que Tealse ignore, c’est que Rambo est un béret vert et un vétéran de la Guerre du Vietnam. Deux fauves vont alors s’affronter dans une lutte mortelle.

    Vous qui avez vu le film de 1982, réalisé par Ted Kotcheff et avec Sylvester Stallone dans le rôle principal, oubliez-le immédiatement. Ce long-métrage reproduit la trame de ce roman de David Morrell avec une certaine fidélité scénaristique, mais le livre s’avère bien plus dense, fort et marquant. Notre ancien soldat s’y révèle beaucoup plus jeune, barbu, et avec un sens de la répartie remarquable, l’une des raisons pour lesquelles le shérif Teasle en viendra à l’appréhender. Malmené durant l'enfance par un père alcoolique et violent, robotisé par l’entraînement militaire, détruit par une longue période de séquestration et de tortures répétées au Vietnam, Rambo est une grenade dégoupillée qui revient sur son sol natal, accablé de tant de démons que ces derniers ne pouvaient que rejaillir. De même, Teasle est bien plus complexe dans sa version littéraire : également ancien combattant (de la Guerre de Corée), presque adopté par le dénommé Orval qui lui a tout appris, éreinté par une situation conjugale compliquée après le départ de sa femme Anna, il va venir à éprouver des sentiments ambivalents, voire paradoxaux, pour l’homme qu’il traque. La plume de David Morrell est impressionnante de retenue, assez sèche, sans artifice particulier, ce qui ne l’empêche nullement de déployer un immense éventail de nuances, notamment dans les portraits psychologiques. On retiendra de cet opus datant de 1972 de multiples scènes, mémorables, comme la cavale de Rambo dans une mine désaffectée saturée de chauves-souris, les abondantes mises à mort de notre homme pourchassé (qui s’illustre par ses talents de tueur bien plus violent que dans le film), ou encore le final, le mettant aux prises avec l’ancien directeur de l’école qui l’a formée, le colonel Sam Trautman.

    Un ouvrage puissant et sulfureux, où Teasle et Rambo vont se défier, hors de tout conflit déclaré ou raisons impérieuses, juste pour des peccadilles, dans un vertigineux face-à-face dont nul ne sortira indemne. Indéniablement, un jalon de la littérature policière, autant qu’un troublant réquisitoire contre les conflits armés qui engendrent, parfois, de pauvres diables incapables d’éconduire les fantômes qui les hantent.

    23/09/2020 à 09:43 6

  • A Cache-cache

    M. J. Arlidge

    9/10 Disgrâce totale pour la commandant de police Helen Grace : la voilà en prison après la manipulation opérée par Robert Stonehill dans Oxygène. Peu de temps après, on retrouve une détenue, Leah, morte, la bouche et les yeux cousus, les autres orifices bouchés à la vaseline. Alors que l’heure de son procès approche, Helen ne peut faire autrement que de mener l’enquête.

    Voici le sixième volet de la série consacrée à Helen Grace, et c’est de nouveau une réussite. M. J. Arldige nous permet de retrouver notre policière de choc dans une situation pour le moins compliquée, puisqu’emprisonnée et donc incapable de prouver son innocence, et confrontée à un ennemi particulièrement diabolique et mystérieux. L’auteur réussit, une fois de plus, à imprimer un rythme fou à son ouvrage, avec cent quarante-et-un chapitres, la majorité d’entre eux ne comptant que deux ou trois pages. Chacun s’emboîte à merveille au précédent et au suivant, ce qui fait que le livre est impossible à lâcher. On découvre, dans cette prison d’Holloway, des personnages variés et denses, depuis le terrible Campbell, maton acéré et brutal, aux prisonnières altruistes, en passant par les ignobles Annie et Alexis, la première étant handicapée par une sclérose en plaques et devenue chef de meute, la seconde jouant les gros bras et prête à se mesurer à Helen. M. J. Arldige joue habilement sur les faux-semblants, les rebondissements et les psychologies, et l’on ne voit pas passer les quelque trois cents soixante-dix pages. De plus, en dehors du pénitencier, l’action se poursuit avec Charlie Brooks, fidèle à son ancienne supérieure hiérarchique désormais derrière les barreaux, et prête à tout pour retrouver le retors neveu d’Helen, héroïnomane et usurpateur d’identité, et ainsi démontrer l’innocence de la capitaine.

    M. J. Arldige mène son histoire pied au plancher, avec un scénario de prime abord classique mais redoutable d’efficacité. Probablement l’un des meilleurs opus de la série.

    22/09/2020 à 07:22 8

  • Histoires criminelles : L'empoisonneuse de Corrèze et autres récits glaçants

    Christophe Hondelatte

    8/10 Vingt-quatre : c’est le nombre de cas criminels traités ici dans ce recueil signé par Christophe Hondelatte. Des histoires sanglantes, monstrueuses, s’étant déroulées pour leur immense majorité en France, et ayant marqué les annales de la perversité. Traitées pour la plupart en une dizaine de pages, ces récits permettent de s’approprier les grands traits de ces événements. De l’affaire Dominici au massacre perpétré par les séides de Charles Manson, d’Hamida Djandoubi – le dernier condamné à mort en France – à un prisonnier rouennais ayant tué puis mangé un bout du poumon de son codétenu, du récit de ce père ayant drogué les adversaires de son tennisman de fils au passé de l’écrivain Georges Arnaud, voilà amplement de quoi satisfaire la curiosité des lecteurs. En spécialiste du crime et animateur télévisé et radiophonique d’émissions sur ce sujet, Christophe Hondelatte maîtrise ces épisodes féroces, en offrant suffisamment d’informations sans pour autant se perdre dans les détails et autres conjectures. Bien évidemment, certains lecteurs se sentiront peut-être frustrés de ne pas avoir plus de renseignements sur ces faits divers, mais là n’est pas le but de l’auteur : il s’agit d’obtenir les grandes lignes de ces intrigues, en laissant bien évidemment celles et ceux qui le souhaitent creuser davantage leurs connaissances sur telle ou telle affaire. Au-delà de l’énoncé des faits, nous avons également la possibilité de voir se dessiner des sujets très intéressants, depuis la médiatisation internationale bien avant Internet (cf. l’affaire du procureur Fualdès), ou la question de la rédemption (Jacques Fesch, et le docteur Bougrat).

    Un recueil très intéressant, qui panache affaires notoires et cas moins connus. Vingt-quatre pétales de fleurs du mal que l’on effeuille pour mieux cerner les vices, travers et abominations de notre société.

    21/09/2020 à 08:02 3

  • Pieds humides

    William O'Farrel

    8/10 … ou comment Rudolph Valentino – dit Rudy – Callahan, nouvellement nommé garde-frontière au poste d’Arroyo Seco, en vient à tomber dans un piège qui pourrait être mortel. Pourtant, Rudy présente bien : jeune, paroles distinguées, beau gosse. En réalité, c’est une fine crapule. Amateur de femmes, quitte à se montrer violent voire violeur, passablement raciste, joueur invétéré, ancien tireur d’élite pendant la Guerre de Corée – mais il n’est même pas certain que ce soit vrai, il cumule les défauts et péchés, drapé de son uniforme. Mais ses errements et fautes vont finir par le rattraper, notamment en raison d’interactions imprévues avec d’autres individus. Pas mal de personnages secondaires retiennent l’attention dans ce roman dans la plus pure tradition de la littérature noire, et ce sont à mon avis les femmes, notamment Gloria Jean Hansen. Elle est la fille du cultivateur et magnat local, mais surtout une remarquable allumeuse au physique vertigineux, une érotomane de première, une alcoolique, et une femme fatale, à sa façon, qui conduira à leur perte plusieurs hommes. La plume de William O’Farrell correspond sans mal à ce que l’on attend de ce type de livre : sec, sombre, allant à l’essentiel. Une intrigue intéressante, bien charpentée et offrant son lot d’émotions contradictoires, jusqu’au final, en plusieurs étapes, avec des conclusions mémorables quant aux existences de Gloria Jean et de Rudy. C’est aussi une belle peinture des ouvriers mexicains venus travailler sur les terres texanes en fonction des besoins des maraîchers locaux. Je ne regrette au final que deux choses dans ce bouquin épatant : le titre (« Wetbacks », littéralement « Dos humides », comme on appelle les émigrés clandestins traversant le Rio Grande pour rejoindre les Etats-Unis, devenu ici dans sa traduction française « Pieds humides », bof bof…), et peut-être que la personnalité de Rudy aurait davantage pu être creusée, car il y avait matière à faire avec ce personnage.

    15/09/2020 à 18:25 3

  • Ombres

    Eric Corbeyran, Richard Guérineau

    7/10 Alors que le Président des Etats-Unis passe en revue une base militaire, une jeune femme et un groupe paramilitaire y accède et l’attaque. Viré suite à ce désastre, Kévin est traqué alors qu’on a découvert dans l’incendie le cadavre d’une « chose », peut-être de type vampirique. Un scénario intéressant, Kévin cherchant avec l’aide de Mélinda pourquoi il a ainsi servi de bouc émissaire. Voilà un opus qui pose plutôt pas mal le décor, les personnages et le fil rouge de l’intrigue, même si je ne suis pas un grand fana du graphisme qui a nécessairement vieilli en plus de deux décennies.

    14/09/2020 à 16:40 2

  • Perfect Crime tome 9

    Yuya Kanzaki, Arata Miyatsuki

    7/10 Tadashi Usobuki est de retour. Un contrat à propos d’un monsieur âgé qui pense avoir raté sa vie, une femme au foyer au bord de l’implosion, et d’autres histoires (qui développent principalement les liens entres les enquêteurs et notre tueur si particulier), mais je demeure nostalgique du premier « format » des opus de cette série, avec des affaires non connectées, comme des nouvelles indépendantes, où j’étais resté baba de tant de noirceur, d’intelligence et d’originalité.

    14/09/2020 à 16:40 1

  • Manuscrit trouvé dans une bouteille

    Edgar Allan Poe

    8/10 … ou le récit ébouriffant d’un naufrage raconté par un jeune homme dix-huit ans. Comme toujours, la plume d’Edgar Allan Poe sert à merveille l’histoire, qui mélange à la fois l’aventure (les scènes où naissent les vagues qui frappent le navire sont impeccables) et le fantastique (avec l’autre navire et ses marins fantomatiques). Les descriptions physiques sont toujours aussi sidérantes et anxiogènes, et je ne regrette au final que sa conclusion, peut-être prévisible dès l’entame.

    13/09/2020 à 18:32 2

  • Le Parfum disparu

    Pierre Christin, Annie Goetzinger

    3/10 Paris, 1955. Edith Hardy, détective privée, se voit confier une nouvelle affaire : Lecauchois, industriel, lui demande de retrouver l’un de ses jeunes chimistes, Antoine Dubreuil, qui a disparu alors qu’il s’apprêtait à déposer un brevet pour un nouveau parfum qui devait être incorporé à une crème cicatrisante. Mais rapidement, les apparences presque banales s’effacent pour laisser la place à une histoire d’espionnage. Je n’ai vraiment pas accroché à cette BD. Une esthétique surannée (et qui n’est pas qui liée à son âge, datant de 2001, probablement y a-t-il aussi une forme d’hommage), des dialogues particulièrement longuets, et un personnage central sans la moindre aspérité et lisse comme un galet. En outre, elle manque sévèrement de rythme et n’a pas instillé de réelles informations ni éléments marquants, au point qu’aux dernières planches, on pourrait résumer ce premier opus en quelques phrases. Bref, j’ai trouvé ça assez tarte graphiquement, très mou, et bavard, en plus d’être une coquille vide. Vraiment déçu.

    13/09/2020 à 18:31 1

  • L'Envers du miroir

    Mark Zellweger

    8/10 Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage en Europe, la Suisse a un positionnement assez particulier, du fait de sa neutralité. Néanmoins, cela ne l’empêche pas de recueillir de nombreux renseignements contre l’Allemagne nazie, au cas où cette dernière tenterait finalement de l’envahir (comme le prévoit l’opération Tannenbaum), au profit des Alliés. C’est ainsi que Victor Farrell, le vice-consul britannique, et son cabinet en viennent à créer une escouade de jeunes femmes, baptisées « Les Louves » ou encore « Les espionnes du Salève », afin de lutter de manière discrète contre le Troisième Reich : Thela, Sev, Ruth, Marieke, Adèle, Marie et Louise vont ainsi unir leurs forces pour contrer un ennemi géographiquement si proche.

    Premier opus de la série consacrée aux espionnes du Salève, ce roman de Mark Zellweger séduit dès les premières pages. Prenant place dans la Suisse du début de la Seconde Guerre mondiale, ce qui constitue un cadre géographique original dans la longue liste des ouvrages se déroulant durant cette période. Avec un style simple et une plume qui va à l’essentiel, l’auteur nous décrit le contexte international, les divers services de renseignements, les luttes de pouvoir, les pressions, chantages et exactions, etc. Plusieurs intrigues naissent dans ce premier tome de la série, depuis l’arrestation d’un lycéen dont le père a été exécuté en raison des messages hostiles à l’Occupant que le jeune homme avait laissés jusqu’à la probable présence d’un traître dans le réseau de Résistance, en passant par un gradé faisant disparaître des tableaux afin de pouvoir les récupérer. Une série d’histoires qui s’emboîtent à merveille, toutes prenantes et sonnant avec authenticité, même si on pourrait reprocher, à la marge, que l’auteur ne creuse pas davantage les psychologies de ses protagonistes, ou que certains passages ont un goût de déjà-vu ou de déjà-lu.

    Une saga littéraire qui commence fort bien, sortant du lot des autres romans d’espionnage, solidement documenté, et proposant des histoires intelligemment enchâssées. Voilà qui donne furieusement envie de lire les ouvrages suivants, à savoir Bletchley Park et Le Pacte Allen Dulles.

    06/09/2020 à 20:09 3

  • Inconnu 89

    Elmore Leonard

    8/10 Jack Ryan, la trentaine, est devenu huissier pour les tribunaux de Détroit, où il se contente, la plupart du temps, de remettre la main sur les bonnes personnes pour leur transmettre des documents légaux. Cette fois-ci, pour le compte d’un dénommé monsieur Perez et l’entremise d’une connaissance, Jay Walt, il doit dénicher un dénommé Robert Leary Jr, dit « Bobby Lear ». Mais quand Jack retrouve Leary, c’est à la morgue, avec à l’orteil une étiquette indiquant « Inconnu 89 ». Il ne le sait pas encore, mais notre huissier vient de mettre les pieds dans un sacré nid de serpents.

    Second opus de la série consacrée à Jack Ryan après Cinglés, cet Inconnu 89 reparaît chez Rivages dans une nouvelle traduction intégrale, après avoir été préalablement édité à la Série Noire. On retrouve avec bonheur la langue et le style, tous deux uniques, d’Elmore Leonard : une intrigue serrée, de l’humour, et des dialogues qui font aussi souvent mouche qu’un sniper à la fête foraine. De prime abord assez classique, l’auteur, entre autres, de 3 heures 10 pour Yuma, Zigzag Movie et Punch créole, nous sert une histoire qui va vite se révéler bien plus complexe. Il y a Jack, mais également Denise, la veuve de Leary, Perez et Raymond, son bras armé, ainsi que Virgil, toujours prompt à jouer des armes, et Dick Speed, policier et ami de Jack. Le scénario va tourner autour de ces mystérieuses actions que Jack doit transmettre à Leary et, le cas échéant, à sa veuve, mais cela ne va pas se faire sans heurts ni morts. Elmore Leonard sait faire alterner avec maestria les moments hilarants (notamment lors de réparties particulièrement savoureuses), les instants plus durs (cf. le passage de Jack à la morgue), voire émouvants (quand notre héros repique à la bouteille). Même si certains moments sont un peu plus relâchés (comme l’escapade floridienne), l’ensemble ne présente guère de temps morts, et l’ensemble se dévore plus qu’il ne se lit.

    Encore un très bon roman de la part de cet auteur exceptionnel, dont on ne saurait se lasser de la bibliographie, étoffée et hétéroclite.

    04/09/2020 à 14:53 4

  • Le Trésor de Victor

    Agnès Laroche

    8/10 Un nouveau voisin vient d’emménager en face de chez Anatole. Un type inconnu, costaud, à l’allure patibulaire, et qui se me à creuser une série de trous dans son jardin. Qui est-il et que cherche-t-il ? Anatole, aidé des sœurs Nina et Agathe, enquêtent.

    Ce tome de la série consacrée aux apprentis détectives séduit immédiatement. Cette histoire commence pourtant de manière fort classique : un voisin d’allure peu recommandable, un comportement étrange, une aura de mystère, etc. Pourtant, sous la plume d’Agnès Laroche, tout prend rapidement une autre dimension. Le style, qui est à la fois direct et recélant pourtant des trésors d’humanité, captive aussitôt. L’ambiance assez anxiogène, laissant deviner des motifs criminels chez ce Victor Colmar, en vient à s’accroître dès que nos jeunes limiers apprennent qu’il a fait de la prison. L’histoire est très bien imaginée et menée, et les derniers rebondissements préservent un suspense de bon aloi et plein de tact, d’autant qu’il débouche sur une situation absolument imprévisible.

    Une nouvelle réussite pour Agnès Laroche, qui, avec sa vingtaine de polars destinés à la jeunesse, ne cesse de nous éblouir tout en sachant se renouveler.

    03/09/2020 à 12:43 1

  • La Marque du diable

    Stephen Desberg, Enrico Marini

    7/10 Une bande dessinée réussie, véritable hommage au cinéma (et littérature, bien évidemment) de cape et d’épée. Un héros valeureux et assez ténébreux, sa réussite auprès des femmes, son excellence au combat, etc., bref, un protagoniste qui coche toutes les heureuses cases du genre, tandis que l’intrigue ménage d’habiles sinuosités, avec ses jeux de pouvoir, l’emprise de la religion et de ces neuf familles, cette gitane aux poisons si divers et féroces… Cela n’éclaire pas la BD en général ni celle d’aventure d’un soleil très nouveau, mais ça n’en demeure pas moins très efficace pour se divertir.

    01/09/2020 à 19:47 3

  • Battle Royale tome 1

    Masayuki Taguchi, Koushun Takami

    6/10 Une bande de gamins (42 pour être exact) issus de la classe de 3ème B, en viennent, bien malgré eux, à devoir participer à un jeu de massacre au terme duquel il ne pourra en rester qu’un. Une plaisanterie ? Non. D’ailleurs, le sort réservé à deux de leurs professeurs, monsieur Hayashi et mademoiselle Ryoko, ne laisse plus guère de doute quant à la détermination des décideurs. Une mise en place musclée, avec quelques interactions intéressantes entre les élèves, et déjà le sang qui coule de bien des manières. L’île d’Oki, là où doit se dérouler ce « programme » apparaît dans le dernier tiers de cet opus enlevé, où déjà cinq victimes sont à compter. Un jeu de massacre « agréable à regarder », qui se laisse lire, mais auquel il manque un je ne sais quoi de finesse psychologique ou scénaristique pour m’emporter totalement. Néanmoins, je continuerai – au moins en partie, on verra bien ce que la suite réserve – à lire quelques-uns des opus suivants.

    01/09/2020 à 19:46 1

  • Inspecteur Kurokôchi Vol.2

    Koji Kono, Takashi Nagasaki

    8/10 J’ai retrouvé avec plaisir cet inspecteur Kurokôchi pour ce deuxième opus, et l’intrigue continue de se nouer habilement autour de corruptions, de manigances, tandis qu’apparaît une mystérieuse « assemblée du cerisier ». Kurokôchi va d’ailleurs le payer d’une balle tandis que l’histoire se densifie, avec de nombreuses ramifications et interactions. Seike va alors prendre une envergure amplifiée du fait de l’hospitalisation de son collègue, et enquêter sur une vieille histoire concernant un casse portant sur 300 millions de yens. C’est toujours aussi original, documenté, bien dessiné (des traits et une esthétique vraiment reconnaissables) et prenant.

    01/09/2020 à 19:45 1

  • Histoires à mourir debout

    Ouvrage collectif

    8/10 Quatorze nouvelles écrites par des épées de la Série Noire. Au programme : un gamin qui cache bien son jeu mortel, un mari désirant se débarrasser de sa femme, une histoire autour d’un téléphone, une escroquerie avec des montres, une charmante vieille dame trop bien mise pour être honnête, une belle entourloupe avec des pierres précieuses, un tourmenteur particulièrement sadique, une erreur d’identité en raison d’un a priori racial, un très adroit tour de passe-passe, des appels téléphoniques qui conduisent une femme au meurtre, un chassé-croisé entre deux tueurs à gages, un meurtre commis par la mafia mexicaine… Seule celle intitulée « Quatre de chute » ne m’aura guère marqué. Mais puisque l’on parle de « chute », elles sont toutes vraiment très réussies, chacune à sa façon, que ça soit du polar hard-boiled, de l’humoristique, du suspense, etc. Bref, un très bon moment de lecture – noire, évidemment – qui m’a redonné le plaisir de renouer avec les recueils de nouvelles – ce que je n’avais pas fait depuis quelque temps. J’ai attendu chacune des scènes finales avec l’appétit d’un môme guignant le dessert concluant un excellent repas. Seul bémol : il n’y a pas de thématique, de fil rouge à ces histoires, ce qui m’a un peu déçu. Mais je n’en garderai pas moins un très bon souvenir de ces lectures.

    25/08/2020 à 08:14 3

  • Morella

    Edgar Allan Poe

    9/10 Le narrateur se marie à Morella, une jeune femme dont la beauté est surpassée par son intelligence et son érudition. Mais l’époux finit par nourrir certains frissons auprès de Morella. Quand cette dernière décède en lui laissant une fille qu’il se refusera longtemps à prénommer, il ne comprendra qu’au moment de son baptême l’incroyable étrangeté qui ne l’a jamais quitté. Une histoire fantastique, brillamment écrite, à la chute implacable (peut-être devinable, mais enfin, le texte date de 1835). Une idée brillantissime, presque une claque, et j’imagine encore plus forte à l’époque. Indéniablement, un bijou de littérature fantastique en plus d’être un jalon dans ce domaine.

    25/08/2020 à 08:11 2

  • Les Souvenirs de M. Auguste Bedloe

    Edgar Allan Poe

    9/10 … ou le récit étrange concernant Auguste Bedloe, et sa relation avec le docteur Templeton, passionné par Mesmer et ses pratiques magnétiques. Bedloe n’est plus que l’ombre de lui-même, physiquement parlant, en raison de plusieurs attaques névralgiques. Le docteur Templeton accepte de le soigner en employant des techniques « médicales » encore peu usitées à l’époque, mais la suite est encore plus curieuse : Bedloe va narrer un étrange voyage, après avoir consommé de l’opium. La conclusion du médecin n’en sera que plus… surprenante. Autant certaines nouvelles d’Edgar Allan Poe sont archiconnues, presque des jalons, autant celle-ci m’était inconnue (mais cela ne signifie pas qu’elle l’est également de toutes et tous). Et je trouve cela très injuste, me réprimandant par la même occasion, car sa conclusion est… waouh… incroyable. Un récit fort, où s’exprime avec le talent qu’on lui (re)connaît l’auteur, et où l’on perd pied quand Bedloe narre par le détail son expérience (la rencontre avec l’original, la hyène, la ville fourmillante et en furie, l’expérience de hors-corps). Mais l’épilogue, en deux temps, est à mes yeux une pure merveille : inattendue, qui trouble et désoriente, et me marquera durablement. Et c’est d’autant plus fort qu’en peu de pages (pour rappel, c’est une nouvelle), on se dit que l’on a là le germe d’un roman voire d’un film palpitant. Pour cette raison comme parce qu’elle est moins connue que les autres récits de Poe, à mon avis à tort, elle grimpe directement sur mon podium perso de mes nouvelles préférées de l’auteur.

    25/08/2020 à 08:10 1

  • Le Cottage Landor

    Edgar Allan Poe

    3/10 … ou la description, presque de bout en bout, d’un paysage et d’une nature idylliques par un narrateur, accompagné du dénommé Ponto, jusqu’à ce qu’ils parviennent au cottage Landor, du nom de ses deux occupants, une magnifique jeune femme et un homme. Mais là s’arrête ma description de la nouvelle, parce que nombre de lecteurs ne comprendront pas l’intérêt de cette histoire (qui se veut, c’est indiqué dès le début, le « pendant au « Domaine d’Arnheim » »), qu’après avoir lu cette dernière, ce qui est mon cas. Mais malgré cela (je crois avoir compris la visée d’Edgar Allan Poe, avec cette vision minimaliste de la demeure par rapport à celle de l’autre histoire), sincèrement, et malgré mon inclination pour les écrits de l’auteur et son indéniable talent, je me suis profondément ennuyé lors de cette lecture, et mon intérêt n’a survécu qu’en attendant une révélation, une chute, une relecture possible du « Domaine d’Arnheim », ce qui n’a jamais été le cas. Un exercice de style, d’accord, mais qui m’a paru profondément stérile malgré la qualité indubitable de l’écriture.

    25/08/2020 à 08:08 1