El Marco Modérateur

3708 votes

  • Ladies with guns tome 2

    Anlor, Olivier Bocquet

    7/10 « Cinq gonzesses, mille dollars par tête » : revoilà nos héroïnes pourchassées après les événements du tome précédent. Elles savent désormais que leurs têtes sont mises à prix, mais leur priorité, c’est l’amputation de la jambe de l’une d’entre elles. Elles vont de nouveau affronter des hommes, employer une terrifiante mitrailleuse Gatling et même braquer une banque. Toujours aussi efficace et original.

    28/04/2025 à 17:37

  • Danse avec la mort

    Philip Le Roy

    8/10 Depuis un accident de moto, Maïa est confinée dans un fauteuil roulant. Avec son sacré tempérament et son look qui détonne, elle est souvent la cible d’imbéciles, aussi est-elle surprise quand Laura et son petit copain l’invitent à faire du camping. Après le passage par une rivière, les trois adolescents accompagnés de Tim et d’Ombeline s’approchent d’un vieil hôpital qui a autrefois été un sanatorium. Le lieu est encore hanté par de sombres rumeurs et propage une atmosphère inquiétante. Ces jeunes reviendront-ils vivants ?

    Après s’être illustré dans la littérature policière pour adultes (Pour adultes seulement, Couverture dangereuse, ou encore la série consacrée à Nathan Love, Philip Le Roy s’est ensuite orienté vers les récits à destination des plus jeunes (Des Voisins trop secrets, Les ombres aussi ont peur du noir, 1, 2, 3, nous irons au bois, et ce Danse avec la mort, publié chez Rageot, est à nouveau écrit pour les adolescents. On y retrouve aussitôt la patte de l’auteur : références musicales multiples, dialogues au cordeau, personnages singuliers. Ici, Maïa compose une protagoniste de toute beauté : une apparence gothique, de nombreux tatouages et piercings, un caractère incandescent et des aspirations de danse brisées par le drame qu’elle a vécu. L’histoire est très réussie, l’humour dans les réparties apporte des touches salvatrices, et le prologue – un bijou – met immédiatement dans le ton. Certes, l’un des ressorts employés a déjà été exploité au cinéma, mais il est fort probable que les jeunes lecteurs, portés par ce scénario alléchant et ce texte sans temps mort, n’en tiendront probablement pas rigueur à l’écrivain, voire ne connaissent pas cette référence. Et de ce roman haletant, on retiendra également une magnifique histoire d’amour, atypique et poignante.

    Philip Le Roy signe un ouvrage à la fois nerveux et émouvant, porté par une plume alerte qui, tour à tour, fait frissonner et émeut.

    28/04/2025 à 06:47 3

  • The Ex-people tome 1

    Stephen Desberg, Alexander Utkin

    6/10 Sept pèlerins (dont trois animaux) d’un genre curieux rentrent dans Jérusalem aux alentours de Pâques 1271, direction une église où ils pourront éventuellement purger leur sort voire contrecarrer celui qui va survenir. Un long flashback explique leur situation actuelle, comment ils se sont rencontrés puis ont décidé de faire route et cause communes. Une BD agréable, assez déconcertante par l’histoire, mais je n’ai pas adhéré du tout aux dessins.

    27/04/2025 à 15:42

  • The X-Files tome 1

    Joe Harris, Michael Walsh

    3/10 Nos héros de la célébrissime série TV sont pourchassés : Scully – devenue le docteur Blake – est poursuivie par d’étranges individus avant d’être enlevée, Skinner essaie de se pendre, Doggett est attaqué dans un oléoduc et le service des affaires non classées a été pillé. Mais qui est à la manœuvre et pourquoi ?
    On retrouve les grands protagonistes ainsi que le fumeur, Reyes ou les Lone Gunmen, et l’ambiance complotiste est plutôt fidèlement rendue, mais je n’ai vraiment pas apprécié ce premier tome alors que j’adorais la série originelle, la faute probablement à un scénario trop convenu ou pas assez poussé, se contentant de jouer la partition attendue de manière plutôt scolaire et sans réelle âme. A ce stade de la série, personnellement, j’ai envie de dire que c’est bien beau de vouloir ressusciter les défunts, mais là, ça ressemble plutôt à un sordide pillage de tombe. Je verrai bien si les opus suivants s’avèrent plus concluants et imaginatifs.

    27/04/2025 à 06:46 1

  • L'Enigme de Turnglass

    Gareth Rubin

    8/10 Londres, 1881. Parce qu’il n’a plus un sou en poche et qu’il ne parvient pas à convaincre ses pairs quant à la façon d’éradiquer le choléra, Simeon Lee rejoint son oncle, Oliver Hawes, vicaire de son état, qui s’estime empoisonné. Dans la demeure, qu’elle n’est pas la surprise de découvrir une femme prénommée Florence qui est enfermée dans une cage de verre. Californie, 1939. Ken Kourian court les cachets et espère décrocher un rôle au cinéma quand il fait la connaissance d’Oliver Tooke, écrivain et fils du gouverneur de l’Etat. Quand Oliver est découvert mort, Ken se persuade que la résolution de cet homicide se trouve dans le roman que l’auteur venait de sortir. 1881 et 1939 : et si ces deux récits étaient liés ?

    Gareth Rubin signe ici un ouvrage dont la forme surprend : deux histoires, d’environ 230 pages chacune, accolées tête-bêche, qui ne sont pas des intrigues déliées mais bien raccordées. En effet, chaque texte répond à l’autre, ou du moins possède en lui suffisamment d’éléments pour nourrir la réflexion quant au suivant. Il est donc possible de les lire dans l’ordre qu’il nous plaira, et si votre serviteur a suivi le traditionnel ordre chronologique, le test est pour le moins concluant. L’enquête se déroulant au 19ème siècle est vraiment très bien faite, et malgré quelques longueurs, le rythme est intéressant, le style séduisant et les rebondissements nombreux, avec notamment un empoisonnement bien singulier dévoilé dans les dernières pages. La seconde histoire est un peu plus vive, avec là aussi un nombre appréciable de twists et de références au précédent récit : il y a une connexion naturelle entre les deux dans la mesure où le lecteur suit les tristes péripéties de la même famille sur plusieurs générations. Une femme volontairement cloîtrée dans un couvent, une sinistre maison de verre au-dessus de l’océan, une pendaison mystérieuse, l’emprise de l’eugénisme, de sordides secrets de famille : Gareth Rubin soigne le tempo et les révélations et s’offre le luxe suprême de bien coordonner ces deux énigmes, même s’il semble nettement préférable de les lire dans l’ordre chronologique.

    Un ouvrage atypique, construit avec intelligence : même si l’écrivain ne propose pas une interconnexion totale entre ces histoires, les échos et autres reflets disponibles de part et d’autre de la partie centrale sont élégants et astucieusement disséminés. Une réussite.

    25/04/2025 à 06:45 4

  • Serial Bomber

    Robert Pobi

    9/10 L’histoire commence avec l’explosion d’une bombe thermobarique dans le Musée Guggenheim de New York. Un véritable carnage, avec plus de sept cents victimes. Comme le FBI a besoin d’aide, il refait appel à Lucas Page, cet astrophysicien de génie, passionné par les chiffres et les défis, pour tirer cette histoire au clair. Mais tout ça ne fait en réalité que commencer…
    J’avais beaucoup aimé le premier tome et, même si l’effet de surprise s’est nécessairement en partie dissipé (maintenant que l’on connaît le protagoniste de cette série), j’ai tout autant apprécié ce deuxième volet. J’y ai retrouvé avec un immense plaisir Page, malheureux handicapé par une explosion (à propos de laquelle on n’apprend toujours rien de nouveau), génial dans ses déductions et reconstitutions mentales (les passages où il imagine ce qui s’est passé, en lecture lente et arrière, sont énormes), doué d’une sacrée dose d’humour et aussi assez cassant avec celles et ceux qui n’ont pas son intelligence ou ont la mauvaise idée de le contrarier. L’énigme est bien orchestrée, nous faisant surtout côtoyer des magnats de la bourse, des entrepreneurs nantis et autres nababs du dollar, et beaucoup de scènes resteront longtemps gravées en moi (ces fichues mines-S, la fin du chapitre 45 que nul ne pouvait deviner, ou encore l’incroyable plan de Page en fin de livre pour se sortir d’un guêpier explosif). Le suspense est également tendu, sans le moindre temps mort, et notre limier de fortune va prendre très cher au cours de cette enquête (explosions et fusillades), de même que l’excellent agent spécial Whitaker. Une résolution qui n’est peut-être pas le point le plus fort du livre, certes, mais qui a au moins le mérite d’être cohérente et efficace. Ce qui marque également, au-delà de l’empathie croissante pour notre héros, le suspense et l’humour, ce sont les à-côtés où Robert Pobi déglingue le monde de la finance, QAnon et les complotistes de tout poil (cf. les scènes burlesques des deux Youtubeurs qui font croire qu’ils sont des bombes humaines, les autodafés de smartphones, etc.). Bref, à mes yeux, un excellent thriller, nerveux, aux dialogues et à l’humour parfaitement ciselés, entretenant tout l’intérêt que nous avons pour cet enquêteur qui ne ressemble à aucun autre.

    24/04/2025 à 05:45 3

  • Quarantaine

    Mike Mignola, Ben Stenbeck

    6/10 Villefranche, sur la Côte d’Azur, en juillet 1916 : cela fait six mois que la peste a mis fin à la guerre mais Lord Henry Baltimore continue de savater des soldats allemands qui semblent s’être transformés en monstruosités – des vampires pour être précis. L’un de ceux-ci l’intéresse au plus haut point, et il s’appelle Haigus : leur histoire a débuté sur un champ de bataille.
    Un premier tome réussi, avec une histoire qui panache avec une certaine réussite des ingrédients bien connus. Quelques longueurs après le naufrage mais les flashbacks rompent cette petite monotonie. C’est gentiment régressif mais ça n’en demeure pas moins plutôt jubilatoire sans rien apporter de nouveau aux genres abordés.

    23/04/2025 à 20:30 1

  • Le Sang du Mississippi

    Steve Cuzor, Philippe Thirault

    9/10 Août 1935 : Huck Finn revient à Morgan City, dans le Mississippi, pour assister aux funérailles de Charley Williams avec lequel il a été ami pendant quatre ans. L’occasion de revenir sur les origines d’une solide camaraderie qui s’est affranchie du racisme (Charley était noir) dans une période très trouble et troublée.
    Une habile dénonciation de la ségrégation et des racismes en général au gré d’un récit très intéressant et de graphismes réussis. Quelques scènes sanglantes (cf. la décapitation du personnage qui aurait continué à marcher, comme un poulet) et une belle évocation du bluesman Robert Johnson. Poignant.

    23/04/2025 à 20:29 1

  • L'Oubliée

    Florian Dennisson

    8/10 Victoria Savigny, quinze ans, a été enlevée le 11 août 2009. Depuis, ses parents n’ont jamais su ce qu’il était advenu d’elle, malgré une lettre annuelle les assurant que leur fille allait bien et qu’ils ne la reverraient jamais. Pourtant, un accident automobile permet de faire ressurgir Victoria onze ans plus tard. Qui l’a kidnappée et séquestrée ? Il y a parfois des réponses qu’il vaudrait mieux ne pas connaître.

    Après La Liste, Florian Dennisson signait en 2021 la suite des enquêtes de l’adjudant Maxime Monceau. On perçoit instantanément le style de l’auteur : un tempo cadencé, une intrigue dense, pas le moindre temps mort et un dénouement inattendu. Parallèlement, c’est un régal de retrouver Maxime qui est un protagoniste détonnant : il est expert en décodage du langage corporel, entretient une relation tumultueuse avec sa collègue Assia, continue de nourrir les chats de son quartier, et son passé de jeune captif d’une secte est revitalisé quand sa sœur Elodie réapparaît. L’histoire est très bien tissée, les rebondissements sont nombreux, et l’ensemble des personnages – des autres gendarmes à la journaliste Ziegler en passant par l’avocat – sont très travaillés. L’épilogue réserve des surprises bienvenues et l’ensemble du récit noue des liens avec des cas criminels bien réels comme la séquestration de Natascha Kampusch ou encore la tuerie de Chevaline. Et si on connaît déjà Maxime Monceau, la magie ne s’est pas pour autant envolée : c’est davantage une connaissance littéraire si atypique que l’on a grand plaisir à revoir.

    Florian Dennisson livre ici un roman à suspense une fois de plus très réussi, et l’annonce finale – une menace adressée à la mère de Boris – fait que l’on a vraiment hâte que paraisse le troisième opus de cette série.

    23/04/2025 à 07:00 5

  • Empire mécanique tome 1

    Fred Duval, Stevan Subic

    4/10 Londres, septembre 1899. Le docteur Jekyll, métamorphosé en bête sanguinaire, broie tout ce qui se trouve sur son passage avant d’être abattu par la police. Dans le même temps, un homme, Gibbs, qui est en réalité un automate, plume ses adversaires à un jeu de cartes jusqu’à ce que Watson et Holmes parviennent à briser la machine.
    Un premier tome à la fois très rythmé et plutôt confus, qui panache une trop grande profusion d’ingrédients à mon goût – et qui ne sont guère originaux : Jekyll et Hyde, du trafic de drogue, Winston Churchill et la fondation Nobel, du steampunk également, des supersoldats, et l’évocation finale de ce diable de Moriarty. J’ajoute qu’il y a pas mal de bavardages et que je n’ai pas été des masses séduit par l’esthétique. Du coup, pas certain d’être au rendez-vous d’autres tomes de la série.

    22/04/2025 à 20:41 1

  • La Vallée des égarés

    Céline Servat

    7/10 Comptable quadragénaire, Marco Minelli mène une vie plutôt tranquille, et c’est son don de coupeur de feu – il peut donc soulager voire guérir les brûlures – qui lui fait rencontrer un plaquiste qui a été salement blessé. Peu de temps après, Marco retrouve cet individu mort, atrocement mutilé. Le tueur à l’œuvre n’en a pas fini avec sa croisade de destruction.

    Ce roman de Céline Servat séduit dès son entame : écriture simple et efficace, chapitres courts et nerveux – 79 en tout –, un mystère intéressant et un rythme qui ne faiblit jamais. Les personnages sont habilement croqués, de Marco Minelli qui est complètement dépassé par la tragédie dans laquelle il est impliqué et qui voit le défunt dans ses cauchemars, aux enquêteurs – Frank Deluc, Vincent Vivès et Gabrielle Leseigneur – en passant par Emmanuelle, la tonitruante voisine de Marco. L’histoire repose sur des ressorts objectivement classiques mais l’auteure les exploite avec intelligence, faisant graduellement ressurgir un ignoble passé et une vengeance brûlante, les quelques passages rédigés à la première personne permettant de comprendre le mobile de l’assassin. Le final est conforme aux attentes, apporte toutes les réponses nécessaires et boucle ce roman de manière traditionnelle mais réussie.

    Céline Servat signe donc un ouvrage à suspense convaincant, à la plume intelligente et au scénario qui met en relief avec tact et humanité le sort des familles d’accueil comme les malheureux qui ont transité chez ces personnes.

    22/04/2025 à 06:52 3

  • La Matriochka

    Andrea Mutti, Philippe Saimbert

    8/10 Un homme gravement blessé auprès de trois cadavres. Le dénommé Saindoux est dans un sale état dans cette banque ultrasécurisée au moment où les policiers débarquent, et l’histoire qu’il a bien l’intention de raconter commence à partir du moment où il a été recruté par « la Gorgone ».
    Un premier tome captivant, jouant visiblement sur la partition de films comme « Usual Suspects » ou « Inside Man ». Le décor se met en place avec intelligence et minutie, et quelques moments seulement suggérés sont mémorables (le châtiment de la femme adultère avec le chien). Je croise à présent les doigts pour que le second tome propose une histoire originale et une résolution à la hauteur de mes attentes après un tel début.

    21/04/2025 à 20:08 2

  • Btooom ! tome 9

    Junya Inoue

    6/10 Ryota n’arrive pas à se remettre de la mort de leur ami tan dis que lui et Himiko sont au pied d’un terrible dilemme : si l’un d’entre eux meurt, l’autre pourra survivre. Pendant ce temps, Kosuké est confronté à quatre inconnus armés.
    Une entame assez calme mais, étonnamment, ça passe bien, d’autant que l’action revient sacrément à la charge juste après, que l’on a droit à des passages depuis les serveurs du jeu, et que l’un des adversaires expérimente un BIM bouclier. Au final, un neuvième tome assez divertissant et réussi, là où certains opus précédents m’avaient un peu lassé par leur côté plan-plan.

    21/04/2025 à 07:58 1

  • Carnage

    Gregorio Harriet, Alex Macho

    6/10 On a définitivement basculé dans le dur avec ce deuxième et dernier tome, et ça commence avec un homme qui se fait prendre à son propre piège – photographique – par le tigre. Du coup, le récit devient plus nerveux mais aussi beaucoup plus classique et les clichés affluent : la scène du chalet poussé par la bête et qui glisse le long des skis, et les occupants qui s’en sortent sans une égratignure, le prédateur qui survit à l’explosion et au brasier, son arrivée opportune pour s’en prendre au mafieux, etc. Bref, c’est certes divertissant mais ça ne se démarque vraiment pas des autres œuvres mettant en scène une bête sauvage.

    19/04/2025 à 17:08 2

  • Taïga de sang

    Gregorio Harriet, Alex Macho

    7/10 Extrême-Orient russe, janvier 2019 : ça déforeste à tour de bras alors que trois naturalistes arrivent par avion pour tourner un documentaire. Sous prétexte de tourner leur film, ils veulent en réalité apporter un éclairage cinglant sur ce désastre écologique, ce qui ne va pas plaire aux trafiquants locaux, d’autant qu’un tigre va apparaître.
    Des dessins très réussis et une portée environnementale vertueuse et bienvenue, mais je trouve un peu préjudiciable que le récit hésite sans cesse entre tous les genres : lanceur d’alerte, aventures, un brin nerveux quand le tigre intervient – mais il faut attendre la moitié de l’ouvrage pour ça. Et puis, franchement, le coup de l’animal qui grimpe sur le toit du véhicule ou qui tranche des têtes…

    19/04/2025 à 08:05 2

  • Celle qu'il a emportée

    Blake Pierce

    6/10 Adam Riker s’est échappé de l’institut psychiatrique où il était retenu. Ce psychopathe manipulateur a manœuvré un des gardiens pour s’évader, et c’est tout naturellement que le FBI, en l’occurrence l’agent Christopher Marriott, fait appel à la jeune Paige King pour remettre la main sur ce prédateur. Celle-ci a longtemps conversé avec le monstre pour conclure sa thèse et c’est probablement elle qui le connaît le mieux. Mais Riker a certainement un projet très complet de ce qu’il veut accomplir maintenant qu’il est libre, quitte à aller fourgonner dans les relations de Paige.
    On retrouve ici un canevas classique, au début proche de celui du « Silence des agneaux », mais Blake Pierce a eu l’intelligence d’aller au-delà de ce pitch très convenu en se documentant pas mal sur le sujet (les références à l’asphyxie positionnelle, au modèle neurobiologique de Gray ou encore à la règle de Betteridge viennent étayer adroitement ses propos). Après, le schéma est certes traditionnel voire attendu, mais le roman ne manque pas de rythme, avec pas mal de fausses pistes, des épisodes téléphonés mais plutôt efficaces, et juste ce qu’il faut de psychologie globale pour rendre l’ensemble attrayant. Le personnage de Paige King est intéressant : loin d’être une experte en matière de profilage et d’analyse psychiatrique, elle se plante tout de même successivement trois fois sur les cibles potentielles de Riker, et elle a trouvé son père mort assassiné par un tueur en série jamais capturé avant que son beau-père ne vienne se glisser dans son lit lorsqu’elle était adolescente. Quant au dénouement, il est à l’instar de tout ce qui le précède : classique mais satisfaisant. En bref, un livre qui ne décoiffe pas ni ne se fait véritablement novateur, mais il tient assez bien la route et propose de la littérature policière tout à fait convenable, concise et divertissante.

    17/04/2025 à 07:41 1

  • Rêves atomiques

    Terry Moore

    4/10 Julie Martin continue de vivre comme elle peut avec sa poitrine recouverte de cette armature en quelque sorte tombée du ciel. Malheureusement, les bavardages inutiles et autres longueurs intempestives ralentissent un rythme déjà mollasson, et les quelques scènes un peu percutantes (la tête retrouvée accrochée près de la porte) ne véhiculent que des regains d’intérêt beaucoup trop brefs. Ça veut jouer la carte des superhéros sans pour autant apporter l’entrain attendu. Cette série comme les tomes suivants séduiront peut-être des lecteurs, mais ça sera sans moi.

    16/04/2025 à 08:10 1

  • Déjà partie

    Blake Pierce

    6/10 Laura Frost, agent du FBI de trente-cinq ans, dispose d’un don – ou d’une malédiction, selon la vision que l’on peut en avoir : elle est sujette à des visions prémonitoires qui lui sont bien utiles dans son métier autant qu’elles la bousillent, moralement et physiquement. Ancienne alcoolique, elle a perdu la garde de sa fille, Lacey, et forme un duo efficace avec Nate, son coéquipier et ami. Après avoir sauvé la jeune fille du gouverneur de l’Etat d’un kidnapping, voilà qu’elle et Nate doivent se rendre à Albany, dans l’Etat de New York, où un tueur en série a commencé sa série meurtrière en étranglant des femmes sans rapport les unes avec les autres. Il se pourrait que ce prédateur en ait après Laura.
    J’ai déjà eu l’occasion de le dire : si les romans de Blake Pierce ne sont pas mémorables, ils ne méritent néanmoins pas les quolibets ni le dédain. Celui-ci, par exemple, est assez typique : tout répond au cahier des charges (une enquêtrice du FBI, un tueur en série, un binôme sympathique et une intrigue suffisante pour passer quelques agréables heures de lecture). S’il n’y a là rien de bien novateur (les visions, le gouverneur bien pourri, le serial killer qui s’en prend de manière détournée à la protagoniste, etc.), l’ensemble fonctionne très correctement et se lit vite et bien. Des poncifs, certes, mais aussi des passages assez bien écrits et quelques moments de tension plutôt bien troussés, qui font de ce roman un honnête divertissement, qui me conforte dans l’idée que Blake Pierce (ou plutôt l’escadron d’auteurs se dissimulant sous ce prête-nom ou une IA) est suffisamment convaincant pour que je continue à me plonger dans son œuvre.

    15/04/2025 à 07:57 2

  • Bienvenue à Mother's rest

    Lee Child

    8/10 « Savez-vous pourquoi cette ville s’appelle Mother’s Rest ? ». C’est la question que ne cesse de poser Jack Reacher, descendu d’un train au beau milieu de nulle part dans cette bourgade. Au départ, c’est la curiosité qu’il l’a piqué et l’a incité à aller faire un tour dans ce patelin dédié aux céréales et à l’élevage bovin. Mais ce qui l’a poussé à y rester, c’est l’attitude de Michelle Chang, ancienne agente du FBI, qui avait rendez-vous sur place avec un dénommé Keever. Sauf que ce Keever n’est jamais descendu du train, et pour cause : les premières lignes de ce roman nous apprennent qu’il vient d’être enterré en catimini. Dès lors, faisant alliance avec cette belle et robuste Sino-américaine, ils vont plonger vers le terrible secret de cette ville aux apparences si anodine.
    J’ai doré cet opus, si caractéristique de ceux de Lee Child : un beau pavé, épais mais qui se dévore, avec une écriture très particulière. Parfois sans le moindre chichi, directe et lapidaire, parfois très lente et détaillée dès qu’il s’agit de mettre en scène un passage de baston ou de fusillade. Par exemple, une simple confrontation entre Reacher et un autre costaud se déroule sur une bonne dizaine de pages, alternant psychologie d’engagement et pure castagne. Dans le même temps, l’intrigue est très bien construite, intelligente et habilement charpentée, préservant le mystère de ce qui se passe à Mother’s Rest jusque dans les derniers chapitres, et encore, cela se joue en deux temps : le premier était déjà bien efficace, mais le second s’apparente à une deuxième détonation, inattendue et bien sentie. Certes, ces deux sujets ne sont pas du tout nouveaux, mais ils n’en conservent pas moins une solide efficacité. Lee Child est l’archétype de l’écrivain du thriller d’action, saturé de testostérone, mais qui conserve son âme et son esprit (quelques belles réflexions, et toujours ce sens pointu du dialogue au couteau, avec quelques répliques très cocasses pour notre démonteur de tronches qu’est Reacher). Bref, un très bon opus ; j’avais beaucoup apprécié « La cause était belle », je pense que je serai au rendez-vous de d’autres aventures de Jack Reacher.

    05/04/2025 à 06:56 3

  • La Maison d'à côté

    Blake Pierce

    3/10 Chloé Fine, agente stagiaire du FBI, revient s’installer à Pinecrest, dans le Maryland, dix-sept ans après son départ de la bourgade, avec son copain Steven avec lequel elle compte prochainement se marier. Elle y retrouve sa sœur Danielle et toutes deux tâchent de ne pas penser au passé : on avait retrouvé leur mère au bas d’un escalier et leur père avait avoué sa culpabilité. Et aujourd’hui, quand Danielle reçoit des lettres anonymes de menace, il n’est pas dit que présent et passé ne se chevaucheront pas.
    Un Blake Pierce assez mollasson. J’ai apprécié le fait que l’auteur essaie autre chose que ses traques aux tueurs en série, mais là, c’est vraiment faiblard. Une enquête qui ne décolle jamais, un rythme apathique, des personnages exsangues, une intrigue sans entrain, des moments hautement téléphonés. Même Chloé Fine n’est guère inspirante : son supérieur la félicite quand elle pense à regarder sous les ongles de la victime ou quand elle procède à une analyse graphologique aussi superficielle que risible. Bref, un roman sans grande envergure (mis à part le piège dans lequel Danielle tombe sans le vouloir avec cette histoire de voiture jetée dans le lac), à la trame convenue et au style sans le moindre éclat.

    04/04/2025 à 18:24 2