El Marco Modérateur

3301 votes

  • Dr. Stone tome 1

    Boichi, Riichiro Inagaki

    7/10 Un cataclysme inattendu (une sorte d’explosion nucléaire) transforme les êtres vivants en statues de pierre. 3700 ans plus tard, deux ados, Taiju et Senku reviennent à la vie en essayant de survivre avec les (rares) moyens du bord. Ils vont exploiter leur savoir en matière de chimie et des sciences en général, avec pas mal de (re)découvertes à la clef, comme l’élémentaire nécessité du sel, la chaux vive, le vin, l’acide nitrique, la poudre à canon, etc. Dans le même temps, un autre survivant, Tsukasa, au départ très utile face aux lions en raison de sa force physique et de sa violence, va devenir un ennemi mortel puisqu’il veut détruire le maximum de statues (donc des humains) afin de réduire la population et sauver l’humanité toute entière. Un manga très original, au pitch alléchant et au contenu assez bien mené, sans compter une esthétique agréable, même si je regrette la multiplicité des passages un peu bouffons, inutilement « balourds », pour reprendre une expression chère à l’un des protagonistes. Je serai au rendez-vous des tomes suivants, d’autant que je suis curieux de voir comment la série va évoluer.

    09/12/2020 à 17:39 1

  • Charlock et le trafic de croquettes

    Sébastien Perez

    8/10 New York, 1917. Alors qu’il est tranquillement en train de deviser avec son ami Claude, un pigeon gentiment toqué depuis l’éjection du nid quand il était jeune et une sacrée chute sur la tête, le chat Charlock entend une rixe en contrebas : le gang des Pet Shop Dogs est en pleine querelle avec celui des Chappuccini. La raison ? Les chiens accusent les chats d’empoisonner leurs croquettes. Pour régler ce problème et éviter une guerre rangée entre les deux bandes, Charlock et Claude décident de mener l’enquête.

    Après le très bon La Disparition des souris, Sébastien Perez et l’illustrateur Benjamin Lacombe nous reviennent avec cette nouvelle aventure de Charlock, le matou policier. Un opus très réussi, où nos compères vont suivre la piste de ces aliments corrompus, jusqu’à l’usine à croquettes « King Woof ». Un récit attachant, court et bien mené, toujours servi par les dessins remarquables de l’illustrateur qui constituent à eux seuls une réussite graphique. L’histoire est originale, prenante jusqu’à la chute. Cette dernière pourra éventuellement décevoir les défenseurs d’une ligne policière plus dure, plus primitive, mais elle n’en demeure pas moins originale et pertinente, jouant en quelques mots habilement trouvés sur l’émotion et la relation de profonde fidélité de nos compagnons domestiques.

    Voilà un livre de grande qualité, qui ne fait que confirmer tout le bien que nous pensons, en général, de cette série consacrée à Charlock. On en miaule de bonheur.

    08/12/2020 à 07:09 2

  • Détective Conan Tome 61

    Gosho Aoyama

    7/10 Au programme : l’affaire des pierres violettes, ou comment le célébrissime voleur Kid Kaito souhaite les dérober en utilisant, selon ses dires, la téléportation, mais notre limier en culotte courte saura démêler le vrai du faux : l’explication est classique, mais l’ensemble de l’enquête est très bien mené. Ensuite, nos héros se rendant à un camping mais tombent en panne de voiture, et l’homme qu’ils croisent dans sa magnifique Rolls-Royce Phantom meurt dans l’explosion de son automobile : le dénouement est finement trouvé, avec une belle économie de moyens. Puis une histoire d’avions en papier avec des points dessus qui pourraient, en réalité, composer un message crypté : très distrayant. Enfin, l’histoire inachevée d’un homme assassiné avec un fusil de chasse et que j’aurai plaisir à terminer dans l’opus suivant. Au final, un divertissement ingénieux et bien ficelé, qui me donne d’autant plus envie de me replonger dans les tomes de cette série que je n’en avais pas lu depuis déjà pas mal de temps.

    07/12/2020 à 18:11 1

  • 6000 tome 2

    Koike Nokuto

    8/10 On retrouve Kengo dans la base sous-marine appelée « Cofdeece » où le jeune homme est toujours sujet à de terribles hallucinations, sans pour autant savoir ce qui s’est déroulé là-bas trois ans plus tôt. On apprend cependant assez rapidement que les survivants, pris de folie, se sont confiés à « une déité perverse ». Un graphisme très travaillé qui souligne le côté anxiogène de cette station enfouie sous les flots. Ce tome s’achève sur une ultime apparition qui n’a rien de fantasmée par Kengo. Le suspense est total, je suis conquis, et vivement la suite !

    06/12/2020 à 20:17 1

  • Entrez dans la danse

    Jean Teulé

    8/10 Strasbourg, 12 juillet 1518. Une jeune femme, Enneline, se débarrasse de son nouveau-né, après quoi elle est prise d’une frénésie de danse. Peu de temps après, d’autres Strasbourgeois viennent se greffer à ce ballet, sans qu’on ne sache pourquoi, et c’est bientôt deux mille âmes qui sont prises dans cette transe collective. Punition divine ? Influence astrologique ? Réaction face à la présence fantasmée de Turcs dans les parages ? Jean Teulé, d’une façon atypique, peint cet épisode si particulier – et réel – de cet épisode d’hystérie collective, avec sa verve si particulière. J’ai d’abord été surpris par l’emploi de termes très contemporains (« moyen, moyen », « rave party », « dancefloor », etc.) avant de me rendre compte que cela fait partie de l’ADN de sa littérature : ajouter de l’humour – parfois potache – et de mots récents pour un ouvrage qui mêle véracité historique (cf. les documents cités en fin d’ouvrage) et cocasserie pour un cocktail détonnant. Des moments assez croustillants (les dialogues entre l’équivalent du maire et l’archevêque, les errements sexuels autour de cette immense fiesta générale, comment on les a encouragés en les nourrissant et en les hydratant et tous ces atermoiements des autorités autour de cette manifestation incompréhensible, les liens avec la religion, ce qui arrive réellement et finalement à ces convulsionnaires, etc.) pour un livre dont je n’ai pas vu passer les pages. Mon seul bémol, au final, c’est l’absence d’explication – ou de tentative d’explication, même partiale – quant à ce phénomène : je m’attendais, probablement à tort, à cette interprétation qui jamais n’est venue. Mais je renouerai avec plaisir avec d’autres documents de Jean Teulé.

    03/12/2020 à 19:42 3

  • L'Accident de l'A35

    Graeme Macrae Burnet

    9/10 Une sortie de route : c’est ce qui a causé la mort de Bertrand Barthelme, notaire dans la ville de Saint-Louis. Mais lorsque l’inspecteur Georges Gorski vient apprendre la terrible nouvelle à son épouse, Lucette, et à son fils, Raymond, l’ambiance n’est pas aussi sinistre qu’attendue : elle est indifférente voire dans la retenue de l’allégresse. Autre élément qui vient titiller le policier : la veuve lui apprend que feu son mari n’avait normalement rien à faire à cet endroit ni à cette heure. Y aurait-il anguille sous roche ? L’accident en est-il vraiment un ? Le défunt avait-il quelques secrets à dissimuler ?

    Après La Disparition d’Adèle Bedeau, voici le deuxième opus de la série consacrée à Georges Gorski. Un peu plus de trois cents pages d’une bien belle tenue, forte et prenante, qui emporte le lecteur de la première à la dernière page. Graeme Macrae Burnet nous entraîne dans un ouvrage à l’ambiance poisseuse, où le flegme apparent des mots et des ambiances n’en est que plus trompeur. A la manière d’un Georges Simenon que l’écrivain semble avoir pris comme tuteur littéraire (la référence, notamment, à Saint-Fiacre, une rue où se rend le fils de la victime, n’est sans doute pas choisie au hasard), il se commue en portraitiste acide, usant du vitriol avec maestria, et nous livre des tableaux acerbes, notamment dans les rapports de couple. L’histoire se découpe nettement en deux parties, avec l’enquête de Gorski d’un côté, et celle de Raymond de l’autre, un adolescent mal dans sa peau, à la sexualité perturbée, qui va tenter de mieux connaître son paternel une fois mort que vivant. Il sera ainsi amené à côtoyer la belle Yvette, allant au-devant d’une terrible vérité. Dans le même temps, notre inspecteur résoudra une autre affaire, dont la chute, à la fin du vingt-deuxième chapitre, va tomber en quelques mots, habiles et judicieusement choisis, comme le couperet d’une guillotine. Tentant de renouer avec sa femme, Céline, dont il est séparé, et cherchant à récupérer sa fille, il se débat encore avec ses légers problèmes d’alcool, tout en entretenant sa mère qui perd la tête.

    Un roman qui, paradoxalement, érige son intrigue avec une immense économie de moyens tout en déployant une réelle puissance de percussion. Graeme Macrae Burnet nous régale de bout en bout, avec des atmosphères adroitement tissées, des personnages d’une rare densité humaine, et une histoire d’une crédibilité sans la moindre faille. Pour les fans de Geroges Simenon et les amateurs d’une littérature qui privilégie la peinture des âmes et des cœurs aux effets pyrotechniques, voilà un pur bijou.

    30/11/2020 à 07:00 8

  • L'Ange gardien

    Robert Muchamore

    8/10 Pourchassé après la mort de sa mère, Ethan a été contraint de rejoindre sa famille, le terrible clan Aramov, au Kirghizstan. Un clan hautement criminel, mené par sa grand-mère, Irena, bien mal en point depuis quelque temps puisqu’elle suit un traitement contre le cancer. Ethan a conservé un lien très fort avec Ryan, qui lui avait précédemment sauvé deux fois la vie, et qui travaille en réalité pour l’unité CHERUB. Mais lorsque Ethan s’apprête à mettre à bas les mauvais agissements de son oncle Leonid, il est enlevé et conduit au Botswana. CHERUB doit désormais intervenir.

    Après Le Clan Aramov, Robert Muchamore poursuit sa série consacrée à la terrible famille Aramov, et nous régale une fois de plus. Cela commence par un entraînement paramilitaire pour les jumeaux Léon et Daniel, ainsi que Ning, devant démontrer l’étendue de leur efficacité et de leur inventivité sur un îlot, alors que dans le même temps, on suit avec intérêt ce qui se passe au « Kremlin », quartier général de la caste Aramov. Une dynastie qui a accumulé d’immenses richesses avec des trafics illégaux, où chaque rejeton est un malfrat en devenir, violent et arrogant, et où le cruel Leonid semble bien décidé à reprendre le contrôle sur l’empire. Robert Muchamore nous séduit avec son sens de la narration, diablement efficace, creusant la psychologie de ses personnages et proposant de très bons moments de suspense et d’action. D’ailleurs, il est à noter que les explosions et autres courses-poursuites sont moins nombreuses que dans d’autres opus de la série. Certes, il n’y a vraiment pas de quoi trouver le temps long, notamment lors de fusillades bien conduites ou de palpitants instants de séquestration. Ici, c’est plus un ouvrage charnière dans la saga, avec les réminiscences de quelques personnages (la mort de la mère de Ning, par exemple) autant que la mise en œuvre d’un plan finement élaboré pour contrer la mainmise de Leonid sur les affaires familiales tout en asséchant les comptes bancaires de cette horde.

    Un roman où Robert Muchamore nous offre un schéma scénaristique un peu différent des précédents, ce qui n’empêche nullement ce livre d’être particulièrement réussi. On salive d’avance à l’idée de ce l’auteur nous réserve pour la suite.

    26/11/2020 à 07:38 4

  • Sang mentir

    Pierre Bordage

    8/10 A cette question, l’intéressée répondrait volontiers qu’elle est plutôt mal dans sa peau. Elle va sur ses quinze ans mais vit médiocrement son adolescence. Elle a bien deux amies, Louann et June, et sent bien que Gaspard en pince pour elle, mais cela ne suffit pas à se construire une existence apaisée et épanouie. D’autant que ses parents constituent une parodie de géniteurs : peu attentionnés, distants et parfois cruels. Alors, quand une Lincoln Continental des années 1960 se met à tourner autour d’Odeline, la jeune fille panique. Et elle n’est pas au bout de ses surprises.

    Pierre Bordage est un écrivain que l’on ne présente plus, tant sa bibliographie – principalement fondée sur la science-fiction – ravit la critique comme le public. Aussi, quand il se lance dans le polar pour la jeunesse, l’ouvrage en question attise la curiosité. Dès les premières pages, on ne peut qu’être emballé par le style de l’auteur : poétique, travaillé, plein de tact, rendant avec justesse les troubles de l’âge adolescent. Les premières ombres vont apparaître, avec ce Novak, personnage immense et costaud, travaillant pour un mystérieux personnage appelé Mirko Zladic, porteur d’un message contenu dans une enveloppe et dont le contenu pourrait bien révéler de tristes secrets à Odeline. Dès lors, graduellement, c’est une véritable descente aux enfers pour elle, avec la divulgation de sinistres vérités quant à sa famille. Pierre Bordage a parfaitement intégré le schéma narratif des romans policiers et l’a habilement adapté à un public plus jeune, sans pour autant que l’ouvrage ne perde de son panache ou de son suspense. D’ailleurs, le rythme demeure élevé jusqu’au final, et malgré quelques événements un peu téléphonés, il y a dans cet opus amplement de quoi satisfaire les ados.

    Un livre efficace, bien pensé et habilement mené : on n’a plus qu’à espérer que l’immense Pierre Bordage continue à nous offrir d’autres romans policiers. Quant à celles et ceux qui se demanderaient qui est cette énigmatique Anelise Jousset comme coauteure, il nous est expliqué à la fin du livre que, « du haut de ses 11 ans », elle a eu une idée dont a découlé l’histoire de ce Sang mentir.

    25/11/2020 à 07:12 3

  • Monstrueux

    Charlie Adlard, Robert Kirkman

    9/10 Alors qu’ils fouillent leur bastion et s’apprêtent à essayer de redémarrer le générateur, nos survivants trouvent des combinaisons façon maintien de l’ordre, et en testent très rapidement la résistance. Ils voient alors un hélicoptère s’écraser, et quand ils décident d’aller aider les éventuels survivants, ils ne sont pas les premiers arrivés sur place… Un opus très bien réalisé, alternant l’action et les dialogues – parfois intimes et poignants – notamment chez celles et ceux restés dans le camp, alors que l’on découvre le personnage du Gouverneur, suffisamment retors et détestable pour organiser des combats entre êtres humains (et ce n’est pas le pire de ses vices…). Des protagonistes que les auteurs laissent se faire tabasser, amputer, violer : un opus coup de poing très marquant, justement celui dont j’avais besoin pour me redonner un coup de pied où je pense et me faire continuer la série.

    24/11/2020 à 19:50 3

  • Qui sème le vent récolte la tempête

    Kazuo Kamimura, Kazuo Koike

    3/10 Je reste assez dubitatif en fermant la dernière page de ce deuxième opus de la trilogie, encore plus qu’avec le premier. Cette histoire mêlant tueuse professionnelle façon ninja, vengeance, nombreuses scènes de sexe, et la surabondance assez gratuite et stérile de meurtres m’a laissé particulièrement froid. Rien de très original, ni dans l’intrigue, ni dans la forme ou le récit, et les graphismes m’ont laissé indifférent au plus haut point. En plus, un peu plus de 500 pages (ce qui est énorme pour un manga !) qui ont consisté pour moi en long bavardage alors que les auteurs pouvaient sans mal retrancher une voire deux centaines de pages pour concentrer le scénario : bref, presque du soporifique. Et puis, aucune scène marquante à mes yeux : les freaks font une trop courte apparition, les épisodes avec le vieil original, façon « Tortue géniale », en étaient presque ridicules selon moi, et j’ai eu l’impression tenace que le dessinateur débitait son histoire parce qu’il était payé à la planche et que le malheureux scénariste devait suivre son compère sans trop savoir quoi faire dire à ses personnages ni comment remplir ces vides à moins que ça ne soit l’inverse. Pour résumer, avec sévérité mais en toute objectivité : une lecture hautement dispensable. Et même s’il ne me reste « que » le troisième opus pour conclure cette trilogie, je ne suis pas certain d’être de l’aventure.

    24/11/2020 à 19:48 2

  • Silencer tome 1

    Buronson, Yuka Nagate

    8/10 Shizuka, dont le prénom signifie « silence » ou « celle qui fait taire », est une personne qui sort de l’ordinaire : on la voit, dès la première scène, se faire passer pour une prostituée à New York, pratiquer une fellation sur un narcotrafiquant avant de l’abattre à l’aide d’un pistolet muni d’un silencieux puis de faire la même chose à son sbire. Ah, détail détonnant : elle est inspectrice de police. Lorsqu’une mystérieuse et inquiétante « division 39 », émanant de l’appareil politique de la Corée du Nord, en vient à apparaître, elle n’hésite pas à sortir à nouveau les armes de façon illégale et régler leur compte aux gangsters. Elle va devoir faire équipe avec le policier Iba, poivrot, corrompu et machiste, au sein d’un service qui ressemble à un placard, où ne sont données que des tâches annexes, sans importance, dont la première pour le duo est la disparition d’une personne âgée. Le papy va être le témoin de l’assassinat d’une jeune femme. Prostitution, escroquerie financière : seule ce dernier élément permet de passer au tome suivant en termes d’intrigue suivie. Un scénario certes classique mais très bien assumé, des personnages lourds et bien noirs, un ton original, bref, j’ai beaucoup aimé et je vais tâcher d’entamer assez vite la suite.

    23/11/2020 à 18:41 1

  • Ichi The Killer tome 8

    Hideo Yamamoto

    7/10 Ichi repart au combat avec sa tenue de baston, et le combat avec ce taré d’homme de main, Jirou, tient toutes ses promesses. Notre tueur n’a alors plus que trois adversaires sur sa route : le taré SM, le jumeau de Jirou dégoûté de ne pas avoir pu tuer lui-même son frangin pour prouver sa valeur, et Kaneko le jeune papa. Suzuki, le bandé de partout, refait une apparition furtive. Ichi finit par apprendre que ses trois prochaines cibles imposées par « le vieux » sont justement ses trois ennemis (même s’il a beaucoup de sympathie pour Kaneko avec lequel il vient de nouer un accord à propos de son fils), et ça promet donc du sang pour les opus suivants.

    23/11/2020 à 18:41 2

  • Btooom ! tome 4

    Junya Inoue

    6/10 Un quatrième opus qui commence par un flashback pour Ryota, du temps des jours à peu près heureux en dehors de l’île, avec sa passion dévorante pour les jeux vidéo. Ryota ainsi que Sakamoto se posent encore des questions quant au rôle de cette jeune fille blonde que l’on appellera par la suite Himiko. Ryota fait la connaissance – violente – de Miyamoto Masashi, un combattant aux allures de Rambo. La confrontation dans le fortin est agréable à suivre, plutôt bien menée, et son final intéressant, mais à part la scène presque finale qui éclaire un peu sur les enjeux de cette île si mystérieuse, l’ensemble de ce manga manque un peu de nerf, d’originalité, de noirceur, voire des trois, pour être vraiment marquant, même s’il demeure divertissant.

    22/11/2020 à 17:31 2

  • Détective Conan Tome 29

    Gosho Aoyama

    6/10 La résolution de l’enquête sur cet agresseur et tueur en série de jeunes femmes : un scénario assez classique, mais c’est très efficace, d’autant que le mobile du tueur est intéressant (déjà évoqué dans un autre opus de la série, mais je ne me souviens plus du tout lequel…), tout en nous expliquant la raison pour laquelle Maigret ne quitte jamais son chapeau (à titre d’anecdote, impossible de ne pas penser au fait que Gosho Aoyama a dû lire « Maigret tend un piège » tant le début y ressemble, avec la référence aux appâts féminins). Puis une prise d’otages dans un bus, avec un complice dissimulé parmi les usagers : c’est agréable, mais ça n’est pas bien fort, juste un plaisant entracte. Ensuite, un chien, Doyle, a peut-être été carbonisé dans un four avant qu’on se dise qu’il a été enlevé : une intrigue gentillette, mais franchement pas mémorable. Enfin, une rencontre d’anciens sportifs débouche sur l’assassinat d’un journaliste américain : une explication un peu tirée par les cheveux, qui a cependant un peu plus de poids au niveau de la psychologie. Donc, à part la première enquête qui sort un peu du lot, un opus un cran en dessous des autres, mais qui n’en demeure pas moins bien distractif et sympathique.

    22/11/2020 à 17:29 1

  • Détective Conan Tome 28

    Gosho Aoyama

    7/10 Suite et fin de l’intrigue inachevée concluant le tome précédent, avec cette affaire de chasseurs : une résolution qui joue davantage sur les sentiments humains (et animaux), que sur des ressorts purement policiers, avec pas mal d’émotion (et de surprise) à la clef. Le cas suivant commence avec l’enquête sur la disparition d’un homme, après quoi un individu est retrouvé mort, une photo dans la main : une affaire qui, à mon sens, comme la précédente, joue plus sur la psychologie que sur le côté policier, un peu laissé à l’écart. L’histoire suivante, où il est question d’une île, d’une légende, d’une malédiction et d’une sirène, et qui débouche rapidement sur une femme pendue, une autre étranglée et une autre brûlée : pas mal de suspense, mais le dénouement m’a laissé assez froid (trop bavard, pas assez efficace à mon goût). Le dernier cas s’amorce avec une femme fracassée par un inconnu avec une batte de baseball, avec un tueur en série de jeunes femmes, avec le policier Maigret aux premières loges : la suite dans le tome 29. Globalement, un bien bon opus, distrayant et intéressant.

    22/11/2020 à 17:28 1

  • Simple mortelle

    Lilian Bathelot

    9/10 Mallisègre, dans l’Aude. Après une séparation, Nicole décide de refaire sa vie et obtient son premier poste de professeure des écoles dans ce village. Elle y fait rapidement la connaissance de Louis, une sorte de marginal, et c’est le coup de foudre réciproque. Une passion torride, totale. Mais Louis n’est pas parvenu à se débarrasser des démons de son passé tandis que d’autres personnalités, installées dans de hautes sphères politiques, sont bien décidées à choisir une victime expiatoire pour leur projet.

    Lilian Bathelot prend, dès les premières pages, le lecteur dans les filets de divers enchantements. Des sortilèges hétéroclites, parmi lesquelles sa prose, admirable et poétique, un récit choral qui permet de placer les diverses pièces du puzzle de son intrigue, et un incroyable sens du mystère qui enrobe ces premiers éléments scénaristiques. On est ainsi plongé dans une histoire ardente, celle de la flamme qui naît presque aussitôt entre Nicole, « simple mortelle », ayant décidé de décocher son existence dans une nouvelle direction, et Louis, ancien soldat, qui pourrait se transformer en un bouc émissaire bien pratique. L’ambiance presque « séquestrée » de Mallisègre, bourg perdu dans l’Aude, est parfaitement rendue, et les mots pour décrire et caractériser les amours embrasées de nos deux protagonistes choisis avec tact et lyrisme : de belles touches d’un érotisme trouble, ne tombant jamais dans la crudité. Dans le même temps, on s’interroge autant qu’on se passionne pour ces autres individus qui apparaissent, sans comprendre exactement leur finalité : qui est cette commandante, Fanny, ou ces membres des forces de l’ordre qui semblent épier une proie humaine ? De même, quels pourront bien être les rôles du maire, Frédéric, ou de cette ancienne institutrice, Suzanne ? Puis, graduellement, Lilian Bathelot organise les divers morceaux de son histoire et elle nous apparaît alors : simple mais efficace, et surtout portée par un enthousiasme littéraire et un solide appétit pour les beaux mots. D’ailleurs, certains passages sont mémorables, comme la confidence de Louis quant à son retour à la vie civile, ses égarements citadins et sexuels, puis ses errances dans une grotte, animal inadapté à la coexistence avec ses contemporains et encore maltraité par un récent drame.

    Un ouvrage poignant, prenant en diable, dont l’écriture fiévreuse transportera le lecteur. Dans le même temps, de profondes réflexions sur le militantisme, la condition citoyenne, l’amour écrit en lettres capitales, et la rédemption.

    19/11/2020 à 06:40 5

  • Les Morsures de l'aube

    Tonino Benacquista

    8/10 Antoine Andrieux et son compère Bertrand Laurence font partie de ces « parasites professionnels » qui savent profiter des opportunités offertes par les nuits parisiennes. De boîtes de nuit en salons privés, de bars en colloques, ils savent s’incruster dans ces occasions où ils ne sont pourtant pas conviés, écumer buffets et alcools, avant de revenir à une vie presque normale quand vient l’aube. Sauf qu’une de ces soirées tourne mal pour notre duo d’oiseaux de nuit : Bertrand est séquestré tandis que l’on intime à Antoine l’ordre de retrouver un dénommé Jordan dans les quarante-huit heures, sinon… Et voilà Antoine qui part à la recherche de cet inconnu.

    Il s’agit du dernier opus de la quadrilogie consacrée à Antoine Andrieux, écrite par Tonino Benacquista. On y retrouve la truculence de l’auteur, toujours en verve, qui sait habilement décrire les nuits de la capitale, lâchant au passage de délicieux mots d’auteur et autres aphorismes croustillants. Ici, notre Antoine va devoir passer au tamis les boîtes parisiennes, faire jouer ses relations, contacter ses « indicateurs » et autres relations, pour retrouver ce dénommé Jordan. Mais la partie ne s’annonce pas gagnée d’avance, d’autant que cet énergumène semble aussi insaisissable qu’un courant d’air et laisse dans son sillage une étrange impression à celles et ceux qui l’ont rencontré. Un personnage d’autant plus énigmatique qu’il est couplé à une jeune fille diaphane, provocante et particulièrement libérée, Violaine, et que les langues commencent à se délier à propos de certains comportements vampiriques de leur part. Assurément, Tonino Benacquista maîtrise son sujet, notamment dans ces milieux interlopes des fêtes pour noctambules, errances de ces hétérocères humains, et autres tristes solitudes d’individus qui ne parviennent jamais à se greffer à la vie diurne. L’humour de l’auteur est également excellent : des dialogues qui claquent, des mots qui font mouche, des descriptions mémorables : un excellent moyen de passer un bon moment, les zygomatiques en action. L’intrigue se perd parfois dans quelques bavardages et autres temps morts, mais lorsqu’elle réapparaît, elle sait prendre des virages inattendus, comme avec la découverte de Jordan et de Violaine, si bien appariés, mettant à nu de sombres pans d’un passé commun et des secrets de famille empestés.

    Un roman noir qui n’engendre guère la mélancolie, mais qui sait aussi aborder des rivages plus sombres, sans jamais se départir d’une langue belle et jouissive.

    17/11/2020 à 08:16 1

  • Le Centre

    Fabien Clavel

    8/10 Le père de Stéphane, séduisant lycéen, est très malade, au point que ses jours sont comptés. Il semblerait qu’il ait été atteint par le cancer après avoir longtemps été agent d’entretien au Centre, un complexe secret dans une forêt proche de Compiègne. Pour son fils, sa petite copine Cerise, et son amie Emma, le remède se trouve nécessairement au même endroit que le mal : c’est ainsi que les trois adolescents décident de pénétrer le Centre, à leurs risques et périls.

    Après Témoins à abattre d’Olivier Gay, voici le second opus de la collection « Flash fiction » de chez Rageot, avec Fabien Clavel aux manettes. Autant le premier était ouvertement policier, autant celui-ci se tourne vers une texture plus fantastique, avec notamment une belle référence à la série X-Files. L’auteur, en expert de la littérature jeunesse, maîtrise son sujet, et les pages, certes peu nombreuses, défilent à toute allure, sans le moindre temps mort. S’adressant ouvertement à celles et ceux qui « n’aiment pas lire » tout en étant adapté aux « dys », cet opus est un pur régal : action, suspense, mystère autour de cette étrange pyramide et de ce que nos infiltrés vont découvrir, sans oublier une juste mesure d’émotions, voilà qui constitue à coup sûr un cocktail qui séduira. Stéphane saura compter sur l’aide de Cerise, sa compagne de prime abord détestable avec son allure de pimbêche imbue d’elle-même et de la situation financière de sa famille, d’autant que son père dirige cet énigmatique Centre, et sur Emma, d’origine asiatique et prête à tout pour porter secours à son camarade. Le final, particulièrement cinématographique, est certes un peu abrupt, mais il n’en demeure pas moins très bien trouvé et mémorable.

    Un roman singulièrement efficace, offrant une porte dorée et alléchante vers le policier et le fantastique autant que vers la littérature en général pour les adolescents : un défi amplement couronné de succès. On attend déjà avec impatience les prochains livres de cette collection.

    16/11/2020 à 09:16 3

  • La Mort des Bois

    Brigitte Aubert

    8/10 … ou comment Elise Andrioli, jolie trentenaire devenue tétraplégique, muette et aveugle suite à un attentat qui a également emporté son compagnon, en vient à entendre la confession de Virginie, une fantasque gamine, selon laquelle un tueur en série rôderait dans les parages, assassinant les uns après les autres des enfants. Mais prise dans la prison de son propre corps, comment Elise pourrait-elle en parler à ses proches ? La menace s’ajoute à l’urgence quand le criminel semble se rapprocher d’elle… J’avais lu le deuxième tome de la série, « La Mort des neiges », dont je garde, près de dix ans plus tard, un très agréable souvenir. La plume de Brigitte Aubert fait mouche, mêlant suspense, humour (parfois noir), et intrigue policière bien charpentée. C’est surtout l’occasion de voir apparaître une protagoniste mémorable, en la personne d’Elise, paralysée, et ne pouvant s’exprimer que grâce à son index (même si, au gré de ce roman, c’est ensuite la main puis le bras qu’elle parvient à mouvoir). On ressent bien évidemment de la sympathie et de la compassion pour elle, mais l’écrivaine a évité, à mon goût, le piège du pathos exagéré en lui refusant le rôle de la larmoyante héroïne/victime pour lui conférer, bien au contraire, un rôle fort, une personnalité acérée, et un esprit à la fois solide et sarcastique. L’histoire est bien menée, en finalement un nombre de pages plutôt restreint, avec un vaste panel de personnages qui constituent autant de suspects potentiels. Un déroulement intelligent, sans temps mort, dont je ne regrette finalement que le final, à la fois un peu longuet (cf. ma chronique de « La Mort des neiges » que je trouve également adapté à ce tome : « malgré une fin qui aurait pu facilement être réduite de quelques dizaines de pages pour préserver l'impact et la verve de l'histoire ») et trop touffu (j’entends par là qu’il est certes plutôt crédible, mais qu’il demeure trop embrouillé, avec excessivement d’interactions entre les divers personnages) alors qu’il aurait peut-être gagné en efficacité et en mémorabilité en étant plus direct et tranchant. Bref, un très agréable moment de lecture, dont je retiens en priorité le personnage d’Elise, atypique et inoubliable. Mais au vu des commentaires sur Polars Pourpres à propos du troisième et dernier opus, « La Mort au Festival de Cannes », pas certain que je sois au rendez-vous avec celui-là.

    11/11/2020 à 18:43 4

  • Docteur futur

    Philip K. Dick

    8/10 … ou comment Jim Parsons, médecin dans un futur proche (dans les années 2020, le livre datant de 1959), se voit projeté dans le temps, suite à un accident, et emporté dans un futur plus lointain. Sur place et à cette époque, il découvre des us qui lui semblent d’entrée de jeu étranges : des gens nécessairement métissés, où la mort est appréhendée de façon si incongrue qu’il n’y a pas de médecins, etc. En outre, on va présenter à Jim, notre égaré temporel, un homme plongé dans un cube dans une sorte de stase, une flèche fichée dans la poitrine, et il comprend que l’on va avoir besoin de lui pour le sauver et, s’il lui reste encore un peu de temps, modifier le passé en s’en prenant aux conquistadors et autres découvreurs du seizième siècle. Moi qui ne connaissais que bien peu l’œuvre de Philip K. Dick, on peut dire que je la découvre via ce roman d’environ deux cents pages. Pas le moindre temps mort, une langue simple mais qui sert à merveille la cadence élevée du récit, et une histoire singulière : d’accord, l’histoire des boucles temporelles n’est pas en soi très novatrice, mais n’oublions pas, comme évoqué précédemment, que le livre date de 1959, et il constitue en cela un ouvrage novateur pour son époque. Beaucoup d’éléments qui s’enchevêtrent – parfois un peu trop à mon goût, mais ces allers-retours passé/futur (en réalité, ce dernier constitue une forme de « présent ») tiennent bien la route, sans coup faillir, et l’on s’en rend compte notamment lorsque l’écrivain s’attache à cette histoire de flèche, faisant de son protagoniste bien plus qu’un spectateur de l’histoire, un réel acteur. Pas mal de rebondissements dans le final avec l’arrivée des deux enfants, et l’on ne peut que réfléchir de longs moments, une fois la dernière page achevée, à ce que l’auteur a démontré, comment cette spirale temporelle s’est déployée et qu’elles seront les incidences sur le passé, voire l’avenir de notre « héros ». Pour qui aime ce genre, c’est une véritable réussite, étalant l’éloquence de Philip K. Dick, son goût consommé pour la perte des repères, la paranoïa et la folie. Délectable.

    10/11/2020 à 20:07 4