3710 votes
-
Le Trou bleu tome 2
7/10 Une esthétique et un scénario dans la droite ligne du précédent tome de cette série de mangas. Où l’on retrouve notre héroïne et ses camarades face aux dinosaures après ce voyage temporel et géographique hallucinant, mais l’accumulation de péripéties et autres confrontations avec les animaux préhistoriques, à défait d’amoindrir une quelconque crédibilité qui de toute façon n’existe pas, finit un peu par lasser, d’autan que le grand nombre de pages (près de 300, un poil plus que le précédent qui était déjà bien copieux) contrarie toute concision. Je regrette également la fin un peu naïve, trop ingénue, ce qui ne m’empêche pas de ne pas bouder mon plaisir global.
15/04/2022 à 08:33 1
-
Alice in Borderland tome 6
7/10 Toujours beaucoup de tension au sein de cet hôtel, pour un tome servi par un graphisme à la fois léché et épuré. Toujours un très bon niveau de suspense et d’action, continuant d’entretenir la cohérence de la série et quelques chouettes trouvailles (comme ce lance-flamme maison réalisé à partir d’un pistolet à eau ou le passé de Kuina), pour ce tome qui se conclut autour de l’identité de la « sorcière ». Je préfère infiniment le format one-shot des précédents opus mais celui-ci demeure très prenant et efficace.
15/04/2022 à 08:33 1
-
Le Tableau disparu
8/10 Le robot Zed et Tom Beffroy viennent d’hériter d’une nouvelle affaire : on a subtilisé un tableau au domicile de Jade Weiler, une jeune et richissime collectionneuse. Parce que cela peut permettre de doper la notoriété de Zircon, l’entreprise qui a créé cet androïde surpuissant et doué d’immenses capacités d’analyse, ils se mettent à traquer dans un premier temps le faussaire qui a peint une contrefaçon pour remplacer cette toile de Matisse…
Après Menaces sur le concert, on retrouve donc Zed dans cette nouvelle enquête qui est au moins aussi réussie que la précédente. Christian Grenier a eu le flair ainsi que l’intelligence de créer un héros fort sympathique et marquant, en la personne – mécanique et numérique – de ce robot, aimable colosse monté sur pneumatique, doué pour les raisonnements, capable d’exploiter les immenses ressources disponibles sur Internet, exprimant ses conjectures en leur attribuant des pourcentages de chances, et découvrant graduellement les sentiments qui animent les êtres humains. L’histoire commence fort bien, avec un traitement original, ou comment Zed va profiter d’éléments informatiques pour comprendre quand cet énigmatique falsificateur a pu substituer un faux Matisse au vrai, avant que les événements ne conduisent nos enquêteurs jusqu’en Thaïlande. Pas le moindre temps mort dans cet opus survitaminé, bien écrit et judicieusement adapté au jeune lectorat auquel il se destine.
Une nouvelle réussite de la part de Christian Grenier, qui impose ainsi cette machine parmi les meilleurs limiers de la littérature jeunesse, avec esprit et humour. D’ailleurs, les dernières lignes interpellent avec justesse sur le sort des produits dupliqués, mais soyons rassurés : pour le moment, on ne voit vraiment pas qui pourrait remplacer ce cher Zed dans nos cœurs.15/04/2022 à 08:22
-
Le Musée des tortures
8/10 La poisse intégrale. Lors d’une excursion scolaire dans Carcassonne, Léo est obligé de faire équipe avec les pires cassos de la classe, à savoir les jumelles Lisa et Laura Deviche, son ancien meilleur ami Adrien, et Kiara, une gitane aussi asociale que scolairement douée. Le jeu de piste fait qu’ils vont rencontrer une étrange femme qui leur propose la visite de son musée des tortures. Et voilà nos cinq élèves pris au piège !
Ce roman figurant dans la collection « Hanté » de Casterman séduit dès les premières pages. Rachel Corenblit signe un opus à la trame certes classique, mais agrafe l’attention du lecteur de la première à la dernière page. On y retrouve les ingrédients attendus dans ce type d’ouvrage, avec des adolescents bien tranchés, formant un groupe hétéroclite, et affrontant un péril inattendu, les conduisant progressivement à la solidarité et à une forme d’amitié. Léo, en aimable petite racaille, qui croit être revenue de tout et s’autorise à porter des jugements à l’emporte-pièce sur tout un chacun, fait ici figure de protagoniste principal, ce qui n’empêche nullement les autres jeunes de jouer leur part dans le déroulement de l’histoire. La sorcière – parce qu’il y sera question d’occultisme et de magie noire – compose un personnage sombre et particulièrement prompt aux enchantements pyrotechniques, avec une idée bien précise du rôle que doivent jouer ses proies dans le plan qu’elle a prévu pour elles. D’ailleurs, là où le récit se distingue, c’est dans la forme, peut-être davantage que dans le fond : le style est certes adapté au lectorat auquel il s’adresse, mais certains passages, mettant en scène des outils de torture, des corps suppliciés, ainsi que des éléments assez répugnants, sont très visuels et ne manqueront pas de faire grimacer quelques liseurs. Le final trouve parfaitement sa place, avec une morale déclinée sans la moindre lourdeur, tout en évitant le cliché du happy end béat.
Un très bon roman, une fois de plus, pour cette collection, soulignant à la fois l’hétérogénéité de celle-ci dans la diversité des intrigues qu’elle présente autant que la qualité qui la caractérise.14/04/2022 à 08:19 1
-
Blood & Sugar
9/10 Juin 1781. Sur les docks de Deptford, on retrouve le cadavre pendu de Tad Harcher, ardent défenseur de la cause abolitionniste. Son corps a été martyrisé et marqué au fer rouge, comme du bétail, comme un esclave. Sa sœur va alors trouver Harry Corsham, vétéran de la Guerre d’indépendance des Etats-Unis et versé en politique. Corsham va tenter de comprendre ce qui a mené Tad à sa perte, quitte à remonter vers d’atroces pans du passé.
Ce premier ouvrage de Laura Shepherd-Robinson saisit dès les premiers instants. Sombre, âpre, tourmentée, son écriture fait amplement écho aux tragédies que l’écrivaine va brosser. Ayant réuni un abondant socle de documentation, l’auteure nous fait basculer sans le moindre mal dans cette Angleterre de la fin du XVIIIe siècle, largement acquise à la cause de l’esclavagisme, même si des remous antagonistes à la traite négrière se font entendre. Dans le même temps, elle nous décrit avec brio la crasse, la corruption, les trafics, la prostitution et les vicissitudes de Deptford qui s’opposent avec d’autant plus d’éclat à Greenwich et à ses oligarques. L’intrigue est un pur bijou : si l’histoire autour de ce navire « L’Ange noir » et ses trois cents trois esclaves sacrifiés est fictive, elle s’inspire directement du massacre du Zong. C’est épouvanté, même si l’on connaissait déjà l’asservissement d’êtres humains et leur statut de simple marchandise, que l’on replonge dans cette époque dégagée de la plus élémentaire des empathies pour ces malheureux. Mais Laura Shepherd-Robinson va au-delà de cela, puisque son histoire réserve encore bien des rebondissements, et son récit va se montrer bien moins attendu que prévu, voire dédaléen, puisque chacun des personnages dépeints dans son roman possède sa part d’ombre et de potentiels motifs de s’en prendre à Tad, d’autant que d’autres homicides, particulièrement ignobles, vont jalonner l’investigation de Corsham. Les ignominies, lâchetés et autres vengeances afflueront, des sévices sexuels à la pédophilie en passant par l’homophobie. Corsham, en enquêteur improvisé, blessé à la jambe de la bataille de Saratoga, s’y révèlera fort pugnace, parfois accompagné du fantôme de Tad qui l’a aimé et continue de lui parler.
Quoi de plus adéquat, pour parler du commerce du bois d’ébène – expression soi-disant bienséante pour désigner la traite négrière – qu’un roman noir ? Laura Shepherd-Robinson s’impose en un seul ouvrage par la férocité de sa plume et la complexité de son intrigue, servant avec brio son aspect policier comme le devoir de mémoire qui l’accompagne.13/04/2022 à 08:04 8
-
Dead Tube tome 14
Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi
7/10 Le créateur originel du « Dead Tube » explique ses (malsaines) motivations et d’où lui est venue sa perversion ; lui qui souhaitait être filmé pendant qu’il allait être massacré va en être pour ses frais et devoir mourir sans être honoré par un film dont il aurait été la victime. Loin des dérapages gores et sexuels d’autres tomes, celui-ci présente même une scène assez poignante entre Tomo et Hanae. La page du « Dead Tube » et de ses atrocités pixellisées semble se tourner mais la réouverture d’un club d’études cinématographiques et la création d’un « Dead Tube Neo » pourrait bien rebattre les cartes. Le tome 14, ou l’art de relancer une série avec un agréable virage scénaristique, avec les dernières planches qui replongent le lecteur dans le sexe et la violence.
10/04/2022 à 08:38 1
-
Maigret chez le ministre
8/10 Une tragédie. Un peu plus tôt, cent vingt-huit enfants traités dans un sanatorium sont morts lors d’une catastrophe liée aux intempéries. Maigret a reçu chez lui un coup de fil du ministre des travaux publics, Auguste Point, parce qu’il a reçu de mains de Piquemal le rapport Calame, établi bien avant le drame, et qui prophétisait ce cataclysme. Malheureusement, le rapport a été volé et Point, homme de cœur et d’une immense probité, souhaite que le commissaire le retrouve avant que l’on ne prétende qu’il l’a sciemment détruit pour protéger des hommes politiques.
Encore un très bon ouvrage de la part de Georges Simenon. Pour une fois, pas une enquête criminelle à proprement parler, mais une investigation au cours de laquelle il va falloir remettre la main sur ce fameux rapport, savoir qu’il l’a subtilisé et pourquoi. Ici, Maigret fait beaucoup appel à ses fidèles coéquipiers, ce qui délite parfois un peu l’intrigue avec quelques allers-retours où notre protagoniste est un peu moins mis en avant que dans d’autres des ouvrages. Néanmoins, deux points, excellents, ont marqué mon attention : la diatribe de l’auteur contre la classe politique (ce qui est en outre original dans sa bibliographie), avec les collusions, vilénies, manigances et autres chantages malodorants, où l’on comprend mieux pourquoi Maigret indique qu’il n’apprécie guère ces cercles. Deuxième point, qui en vient presque à contrebalancer le premier : la personne de Point. Résistant zélé et discret dont on n’a su que tard le rôle primordial pendant l’Occupation, c’est un individu intègre, un peu venu à la politique par hasard, tard, alors que tant de ses confrères n’y sont allés que par appât du gain ou des dorures, tremblant pour sa vertu quand il se voit déjà voué aux gémonies pour un forfait dont il est innocent. D’ailleurs, les dernières lignes, en peu de mots, avec une immense pudeur, révèlent l’étendue de sa probité et de sa belle éducation. Bref, un roman qui tranche avec les autres autant qu’un bien beau moment d’une lecture qui nous évite les poncifs du « tous pourris ».09/04/2022 à 08:12 4
-
Résister ou mourir
6/10 Riku impressionne Rénoma par son courage, allant même jusqu’à le protéger après ce début de match de rugby d’un dangereux et violent gardien de prison. Le pourtant trouillard Suguru se montrera décisif tandis qu’un personnage féminin apparaît, Aï Torasawa, nouveau médecin de cette zone du pénitencier. Où l’on découvre le passé de Rénoma, les raisons pour lesquelles il a basculé dans la violence, ainsi que le cachot si particulier pour prisonniers têtus, où la victime est attachée au sol tandis que la pièce est remplie d’eau. Comme dans le précédent tome, rien de bien sensationnel, mais un ensemble typiquement manga, agréable, parfois drôle parfois violent, qui se laisse lire sans pour autant provoquer de réels frissons ni de souvenirs indélébiles.
06/04/2022 à 18:08 2
-
Syndrome 1866 tome 4
7/10 Miroku est toujours chamboulé par le double homicide qu’il a commis. Alors qu’il peine à se remettre à l’écriture, il tombe sur un homme, Sudô, grand jouisseur de l’existence, en train de forniquer qui pourrait bien avoir une grande influence sur sa trajectoire émotionnelle, en le poussant à avoir « les yeux d’un assassin » et en « affirmant ses désirs ». Un bon opus qui joue sur les leviers émotionnels d’Hikaru et de toute être humain poussé dans ses derniers retranchements, à assumer sa conscience malpropre et ses appétits malveillants. Vivement la suite, d’autant que ce Sudô est un tentateur de la trempe de la défunte Hikaru.
06/04/2022 à 18:07 1
-
Le Manoir de l'écureuil, Première partie
7/10 … ou comment Mickie Katz, pour ce quatrième tome de l’Agence 13, doit cette fois-ci s’occuper de la maison de Savannah Warlock. Cette femme, auteure de best-sellers policiers, avait sombré dans l’anonymat après s’être subitement éclipsée en traçant subitement dans le désert bordant sa maison isolée, mais la récente réussite au box-office de l’adaptation de l’un de ses livres l’a remise sur le devant de la scène. Une disposition testamentaire indique que sa maison d’édition continuera de bénéficier de royalties si sa demeure est entretenue, d’où le fait que l’on fait appel en urgence à Mickie afin qu’elle redonne de l’éclat à la maison. Sauf que rien ne semble si limpide : un agent littéraire aux allures de golden boy, l’ancien fondé de confiance de l’écrivaine, un ex policier, sans compter cette meute d’aficionados de Warlock qui se sont baptisés « Les Fils de la hyène » (d’où le titre alternatif de ce roman), et une sourde et énigmatique menace qui pèse sur les épaules de la jeune femme. Fan de Serge Brussolo, je découvre cet opus après avoir découvert qu’il était disponible gratuitement sur le site de l’auteur, et je me suis régalé. Son imagination sans limite, son ton maîtrisé tout en restant agréablement foutraque, l’exubérance de ses idées qui naissent et galopent tout au long du récit, pour un ouvrage certes court mais efficace, traversé de multiples références assumées à la culture américaine, où Serge Brussolo pose habilement les pions d’une histoire qui se clôt avec la découverte d’un courrier dont l’identité de l’émetteur va probablement plonger notre jeune héroïne dans une relecture de sa propre histoire familiale. Du bon Brussolo avec, une fois n’est pas coutume, plus de retenue que d’habitude de la part de l’auteur dans la profusion de ses idées.
04/04/2022 à 17:28 3
-
Shobei
Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt
8/10 Ce sixième tome de la série porte le nom du vieux mais terrible samouraï que va affronter Takeo. Le combat en plusieurs manches avec des armes en bois tient toutes ses promesses, est équilibré, mais dans le même temps, une histoire d’empoisonnement engendrant une maladie mortelle vient rebattre les cartes et faire tourner les esprits des serviteurs du prince yakuza. Un final à la fois intéressant et émouvant qui se conclue par la réapparition d’un personnage farouche de la série.
03/04/2022 à 20:28 2
-
Sayuri
Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt
6/10 Takeo, son frère Akio et Shiro sont de retour, et Takeo se fait vite remarquer par son art du maniement des armes dans un dojo. D’ailleurs, peu après, même avec une canne à pêche, il est capable de faire des ravages tandis que son frère, avec ses bras cuirassés, est également apte à de beaux combats. Pendant ce temps, le sinistre Reiko réapparaît et Takeo découvre la passion auprès de la belle Sayuri. Le passé des frères ressurgit avec un monologue d’Akio évoquant un personnage nommé Ogomo, responsable de la mort de leur père. Un opus avec un peu moins de castagne que les autres mais qui livre des clefs nécessaires à l’histoire globale de la série, même si celles-ci, pour le moment, ne semblent guère originales.
03/04/2022 à 20:28 2
-
The Fable tome 4
7/10 Kojima, le récent sorti de prison après une peine de quinze ans, montre son sale caractère ainsi que sa dangerosité, et son ami, Ebihara, est victime d’un malaise et se retrouve à l’hôpital. Pas mal d’éléments dans ce tome, comme Fable qui voit son fan devenir de plus en plus pressant, le collègue de Misaki qui se fait des films après avoir découvert qu’elle avait participé à des films érotiques. etc. Kojima marque les esprits par sa cruauté et sa violence, nimbées d’un immense sang-froid alors qu’il se met en tête de se lancer dans une entreprise d’escortes, s’approchant bien près de Misaki. Voilà qui semble augurer d’un virage scénaristique ainsi que la possibilité de donner un coup de fouet à la série.
02/04/2022 à 08:24 1
-
La Bataille d'Asgard
7/10 Thorgal cherche à récupérer Aniel, l’un de ses fils, tandis que Jolan, son autre enfant, est toujours sous la coupe de Manthor, qui le charge d’une mission : récupérer une pomme d’éternelle jeunesse auprès d’Idun afin de sauver Vylnia, la mère de ce magicien. Jolan, par son audace et sa combattivité, gagne vite ses lettres de noblesse auprès des hommes qu’on a confiés à son commandement, au point de presque devenir l’égal de son père. Un opus réjouissant et fort distractif, y mêlant pas mal de personnages et références vikings (Loki, Odin avec son marteau et son bouclier).
31/03/2022 à 19:42 2
-
Le Bouclier de Thor
7/10 Une inquiétante menace, presque une prophétie, plane sur Aniel, le fils que Thorgal a eu avec Kriss de Valnor. Pendant ce temps, quelques tensions naissent entre les cinq compétiteurs tombés sous la coupe de Manthor, le terrible magicien au masque de fer, avant les ultimes épreuves permettant de les partager et de désigner l’Elu. Un opus marquant en raison de quelques informations et autres événements importants, pour un ton toujours aussi réussi et une esthétique renouvelée depuis quelques tomes qui ne cesse de me séduire de plus en plus.
31/03/2022 à 19:41 3
-
The Fable tome 3
7/10 Fable se fait bien à sa cohabitation avec son perroquet Boss tandis qu’il se met en tête de chercher du travail histoire de combler son oisiveté, Youko voit partir l’homme de main mal remis de sa biture. Fable revoit Misaki et cette dernière lui permet d’obtenir un job. Plaisant de voir Fable se lancer dans une forme de sociabilité tandis qu’il nous apprend pourquoi il mange par exemple les cosses de je ne sais plus quel légume ainsi que la peau de la pastèque. Un rythme langoureux, sans scène d’action, et je me fais vraiment à cette série, originale et, malgré cette cadence paresseuse, prenante.
30/03/2022 à 18:32 1
-
Alice in Borderland tome 5
8/10 Alice est encore séquestré dans une chambre tandis que Yuzuha est aux prises avec les appétits vicieux de ses kidnappeurs, et cette « plage », rêvée, fantasmée, montre l’envers de son décor idyllique. Un jeu s’organise soudainement au sein de l’hôtel, une chasse aux sorcières autour du cadavre d’une jeune femme poignardée : il va falloir retrouver son assassin. La foule montre à quel point elle est stupide, grégaire et malveillante tandis que les membres du « Groupe 2 » sont prêts à tuer tout le monde sans le moindre état d’âme. Un opus tendu et sauvage, avec un sacré massacre à la clef même si, encore une fois, il n’y a pas de violences explicites ni de voyeurisme béat.
29/03/2022 à 20:37 2
-
Akumetsu tome 13
7/10 Le système du clonage est enfin découvert (un détail, un amusant clin d’œil : on voit sur une des planches les diverses identités supputées qu’aurait pu prendre Jingûji, dont Sherlock Holmes, Hercule Poirot, ou encore… Détective Conan !). Un tome radicalement différent des autres, expliquant la genèse d’Akumetsu entre autres, sans véritable scène d’action alors que les précédents opus en regorgent, ce qui peut décevoir, mais dans le même temps, il apporte pas mal d’explications plutôt intéressantes au lieu de poursuivre l’habituel jeu de massacre. Une charnière, en somme. A voir comment vont se passer les tomes à venir.
29/03/2022 à 20:36 1
-
Les Quatre coins de la nuit
9/10 Coéquipiers, les policiers Bank Arbaugh et Mack Steiner reçoivent un appel : une gamine de douze ans, Tamara Shipley, a disparu. Un simple fait divers, une affaire de plus dont il faut s’occuper. Sauf que cette histoire fait douloureusement écho à une autre : Jamie, la fille que Bank a adoptée alors qu’elle n’était encore qu’un bébé, a également disparu sept années auparavant. Commence alors le douloureux – et si noir – récit d’une amitié sans pareille autant que d’une tragédie.
En 1998, Craig Holden nous offrait, comme on fait don d’un présent d’une extrême valeur, ce roman d’une rare noirceur. Rédigé à la première personne et nous proposant le point de vue de Mack Steiner, on plonge graduellement dans un récit lourd, poisseux, remarquablement écrit, et dont on sent que les plaies de cette nouvelle éclipse d’un enfant vont déchirer des cicatrices encore plus anciennes. Deux personnalités se manifestent clairement : Mack et Bank, mais c’est clairement ce dernier qui sidère par sa complexité et sa profondeur. Si tous les deux se sont connus enfants et ne se sont guère quittés depuis, ce colosse se hisse au premier plan de l’intrigue. Orphelin, physiquement impressionnant, gouailleur, policier de terrain sillonnant le bitume et raflant des filets saturés de suspects, c’est également un homme de cœur, capable d’une incroyable empathie avec les familles des victimes qui se confient à lui comme elles le feraient avec un proche voire un homme d’église. Craig Holden a construit une intrigue d’une exceptionnelle densité, forte et sombre, prenant le temps de décrire les passés de ses protagonistes, leur donnant de la chair, des sentiments, et une âme. Dialogues au cordeau, psychologies ardentes, tous ces êtres d’encre palpitent en profondeur. C’est aussi une puissante narration de cette ville – anonyme – de l’Ohio, de la nuit ainsi que de la faune qui la peuple, et des services de police ici décrits qui passent par des changements et refontes multiples – parfois absurdes. Et il y a cette révélation, gluante, asphyxiante, nuisible, l’ultime gorgée de poison après tant de ténèbres. Impossible d’en dire plus sans rien divulguer, mais ce rebondissement, assorti de quelques autres épisodes d’une humanité singulière, achèvent ce roman noir autant qu’ils le portent assurément parmi les meilleurs du genre. On n’oubliera pas de sitôt l’épisode où Bank, au péril de sa vie, pénètre dans un véhicule en feu pour en sauver le conducteur, un petit malfrat, ni ce dénouement de l’histoire qui nous hantera encore longtemps.
Avec ces Quatre Coins de la nuit, Craig Holden nous a ouvert l’une des fenêtres les plus palpitantes et mémorables sur l’obscurité de l’âme humaine autant que sur ses contradictions primitives. Quelque part entre James Ellroy et Dennis Lehane, une œuvre d’une incroyable force de percussion.29/03/2022 à 06:32 5
-
Sanctum tome 1
7/10 Alors qu’ils se rendaient à Las Vegas, la famille de la jeune Luna Hazuki est percutée par un poids lourd. Seule rescapée de ce tragique événement, sept années plus tard, Luna vit heureuse mais elle est un jour agressée par un homme : l’un des membres de l’équipe de secours qui s’était rendue sur la zone de l’accident. Il se trouve que Luna, à la morgue, avait scellé une sorte de pacte avec un démon qui avait accepté de ressusciter sa famille… mais quel en sera le prix à payer ? Une esthétique parfois davantage typée comics que manga très réussie (notamment les visages, particulièrement soignés, ainsi que les scènes d’explosion ou fantasmagoriques). Le scénario peut sembler convenu mais il se révèle rapidement plus complexe que prévu, avec notamment une exploitation plutôt habile de la religion et de l’ésotérisme. Pas nécessairement ma came, mais je me demande si je ne vais pas continuer cette série malgré ça.
27/03/2022 à 18:56 1