El Marco Modérateur

3314 votes

  • Charisma tome 1

    Taisei Nishizaki, Fuyuki Shindo, Tsutomu Yashioji

    8/10 Okazaki commence mal son petit tour sur Terre : sa mère est une furie ignoble et violente qui n’hésite pas à le cogner devant ses camarades. Elle se double d’une mauvaise femme au foyer, tombée sous la coupe d’un gourou qu’elle appelle « le sauveur ». Quand son époux lui propose un internement pour qu’elle s’y fasse soigner, la mère d’Okazaki le poignarde avant de se donner la mort. Un premier opus saisissant de noirceur et d’une violence presque exclusivement psychologique, poignante et prenante sans jamais appuyer sur le moindre levier facile ou téléphoné. Le gourou, en poussah méprisant, lubrique et cassant, leader de séides qu’il manipule avec intelligence, est effroyable. Des scènes de sexe très crues et une grande violence psychologique pour ce manga qui s’achève presque sur un sacré rebondissement quant à l’identité du gourou. Il y a des clichés, c’est indéniable, mais j’ai été tellement aveuglé par l’ensemble que je n’ai même pas envie de les voir. Vivement la suite !

    27/03/2021 à 17:47 1

  • Spy X Family tome 1

    Tatsuya Endo

    7/10 Le graphisme si caractéristique de la série des « Détective Conan » au service d’une histoire fort sympathique. Twilight, en espion chevronné et affûté, est passé maître ès déguisements et autres agissements du genre. Mais pour sa prochaine mission, qui concerne Donovan Desmond, le président d’un parti politique nazillon, il doit parfaire sa couverture, et son donneur d’ordre lui demande… de se marier et d’avoir un enfant, et sous sept jours. Mais les choses continuent de partir en vrille : la gamine adoptée, Anya, a été victime d’expériences et en est ressortie avec le don de télépathie, et sa femme, Yoru, est en réalité la « Princesse des épines », une tueuse à gages particulièrement efficace. Je salue le fait que l’auteur, Tatsuya Endo, ait pris le risque de quitter sa zone de confort en abandonnant sa série fétiche pour se lancer dans une autre. Comme Hoel, je reconnais bien volontiers que les ficelles sont si grosses qu’elles tiennent davantage de la poutre élastique (le clin d’œil à l’affiche du film « Mr. and Mrs. Smith » d’entrée de jeu en est presque évidente), mais j’ai bien aimé cet humour, décalé, notamment avec la gamine, attachiante en diable, capable de deviner aussitôt les pensées des gens. Un bon moment d’une lecture très décontractée, je serai assurément au rendez-vous des prochains opus.

    25/03/2021 à 18:30 2

  • Ceux qui restent

    Charlie Adlard, Robert Kirkman

    7/10 Après la boucherie de l’opus précédent, il était nécessaire d’avoir une sorte de respiration dans la série, et c’est le cas, même si les premières planches exposent encore quelques scories des violences antérieures. Il faut cicatriser après ces récentes plaies, ce qui n’empêche nullement des enfants de tirer à bout touchant sur trois zombies pour arborer juste après un sourire réjoui puis de se mettre à pleurer. Un opus plus calme que le huitième (le contraire aurait été assez difficile), ce qui n’empêche nullement des passages impétueux et sanglants ainsi que de salvatrices touches d’émotion, et se terminant sur une révélation partielle quant à la naissance du virus et sur une amorce de départ.

    24/03/2021 à 19:41 2

  • Une Odyssée sicilienne

    Luca Blengino, Pasquale Del Vecchio

    4/10 Printemps 1943. Les Américains s’apprêtent à envahir l’Italie en passant par la Sicile. Ayant échappé à un peloton d’exécution grâce à des bombardements, Ettore est recruté par le Vatican : si Pie XII est mort, une mallette qu’il comptait donner aux autorités s’est échouée en mer suite au mitraillage de l’avion qui convoyait ces précieux documents. Un graphisme moyennement séduisant, parfois un peu grossier, vieilli prématurément on pourrait presque dire, un scénario très abracadabrant, et ce qui devait constituer le bouquet final, à savoir le contenu exact de cette encyclique du pape, a autant d’impact que l’atterrissage d’une mouche sur le museau d’un lapin nain. Bref, un opus particulièrement décevant.

    24/03/2021 à 16:46 1

  • Les Damnés du Reich

    Maza, Richard D. Nolane

    7/10 Un tome à l’esthétique aussi réussie que dans les précédents, qui débute par un parachutage et un combat musclé entre des bombardiers et des navires de guerre. L’usage de ce « thanatoscope », les vues du camp d’Auschwitz que les nazis vont chercher à détruire, un accident avec la présérie des appareils révolutionnaires, des tractations autour de la prothèse du bras d’Hitler, et des combats aériens fort réjouissants maintiennent mon attention pour cette série à une belle altitude.

    23/03/2021 à 19:59 1

  • Sur le Seuil

    Patrick Senécal

    8/10 … ou comment le psychiatre Paul Lacasse en vient à recevoir un hôte de marque en la personne de Thomas Roy. Roy est un écrivain célébré au Québec, dont chacun des opus est un best-seller. Sauf que là, il vient de se trancher les dix doigts au massicot et attenté à sa vie en se lançant à travers une fenêtre. Mais ce que Lacasse et sa collègue, Jeanne Marcoux, accompagnés d’un journaliste et de l’agent de l’auteur, va dépasser l’entendement. Quand je commence un livre de Patrick Senécal, je me sens aussitôt en terrain connu : écriture sèche avec de très (trop ?) rares figures de style, presque une sorte de ronronnement stylistique mais ce qui ne l’empêche nullement de charrier rapidement les éclats d’un décor ayant volé en morceaux. Ici, on bascule assez rapidement dans le suspense, intense, puis graduellement vers le thriller horrifique teinté de fantastique (surtout vers la fin et les explications qui vont avec). Je n’ai pas trouvé le moindre temps mort, tout s’est étiré et noué avec maestria à mes yeux, et les divers rebondissements venus nourrir mon intérêt pour l’histoire sont venus à rythme cadencé, depuis ces faits divers jusqu’au passé avec les dix-sept morts en passant par ces énigmatiques curés. Je me suis également attaché au personnage de Lacasse qui va se mettre à douter, après vingt-cinq ans d’exercice, de ses propres appuis déontologiques, de l’utilité de son combat, de la véracité de son expertise de praticien, mais également de sa fonction sociale et de sa responsabilité de psychiatre. Jusqu’au carnage final, je me suis littéralement faire happer par l’histoire. Un bémol néanmoins : je n’ai pas été pleinement satisfait de l’éclaircissement ultime de Patrick Senécal : il lui manque un je-ne-sais-quoi d’explication supplémentaire, d’interprétation, d’exégèse, de « concret » (même si on est bien évidemment dans une zone clairement fantastique), bref, une ossature sur laquelle auraient été intégralement soudées toutes les pièces de ce puzzle. Au final, j’ai vraiment un passé un très bon moment de lecture enfiévrée, porté moi-même jusqu’à ce seuil qui clôture le livre, mais je n’en demeure pas moins un peu frustré par l’absence d’un élément plus tangible dans les explications, élément que j’attendais tant.

    21/03/2021 à 16:49 5

  • Une Vie de souffrance

    Charlie Adlard, Robert Kirkman

    8/10 Retour sur le personnage du Gouverneur et sur ce que Michonne lui a dernièrement fait subir. La suite est un sacré déchaînement de violences, avec force fusillades et assassinats (il y a notamment la scène de l’exécution au sabre qui est très féroce). Un opus sacrément musclé, saturé de testostérone, où nombre de personnages récurrents vont y passer et imprimant nécessairement un nouvel élan, voire un tournant, à la série.

    20/03/2021 à 09:59 2

  • Incident à Twenty-Mile

    Trevanian

    9/10 1898. Twenty-Mile est une bourgade perdue dans le Wyoming, peuplée d’une quinzaine d’âmes, et qui ne survit que grâce aux mouvements pendulaires hebdomadaires de plusieurs dizaines de mineurs travaillant à extraire de l’argent d’un gisement. Un jeune homme arrive, prénommé Matthew, et tente de se faire une place au sein de cette minuscule communauté, tandis que trois détenus viennent de s’évader de la prison d’Etat de Laramie, avec la ferme intention de rejoindre Twenty-Mile. Il y aura des morts à l’arrivée.

    Trevanian, l’auteur de La Sanction, L’Expert ou Shibumi, signait en 1998 ce western, le seul de sa bibliographie. D’entrée de jeu, on est saisi, à la gorge comme aux tripes, par la noirceur du récit, et l’on commence cet ouvrage crépusculaire avec la description des « grains de lune », ces prisonniers si particuliers, dont trois d’entre eux vont se faire la belle et rejoindre Twenty-Mile. L’écriture de Trevanian est remarquable : sombre, enténébrée, extraordinaire de densité et de maturité, laissant augurer du meilleur pour la suite. Au sein du village, dont on annonce déjà la fermeture de la mine qui constitue son unique source de revenus, les divers habitants sont décrits en quelques coups de plume, acérés, acides, et l’on voit déjà venir la tragédie finale, même si on en ignore la teneur et le déroulement exacts. Deux individus retiennent principalement l’attention : le jeune Matthew, visiblement brisé dans son enfance, prêt à tous les petits jobs pour réussir à joindre les deux bouts, promenant avec lui un tromblon biscornu en raison de sa taille et de son âge, et grand lecteur des aventures de « Ringo Kid », le héros récurrent de l’écrivain (fictif) Anthony Bradford Chumms. Parallèlement, Lieder, le chef du trio de malfrats qui débarque à Twenty-Mile, est un être d’une insondable malveillance : bel orateur, grand lecteur, il est rongé par une puissante haine raciste et nationaliste qui le pousse à des diatribes enfiévrées sur le sort de la patrie, l’invasion des migrants ou les roublardises des élites. C’est également un impuissant sexuel, un pur psychopathe et un manipulateur de première, stratège du crime et capable d’imaginer des plans assez douteux, tout en débitant des citations maltraitées de la Bible. Ici, pas de fusillades, de pétarades échevelées, ou de courses-poursuites à cheval : on est dans la noirceur dans ce qu’elle a de plus crue, ciselée comme une pierre précieuse. La tension va monter crescendo tandis que Lieder, Minus et Mon-P’tit-Bobby vont commencer à tyranniser la maigre population locale. Et le final s’effectue à toute allure, à la vitesse d’une volée de balles parfaitement chemisées : un épilogue sombre, où la psychologie l’emporte sur les effets purement pyrotechniques et visuels. D’ailleurs, les trente dernières pages de cet ouvrage expliquent sa genèse et le fait que nombre d’événements et de personnages sont réels.

    Un opus exemplaire, sombre comme ça n’est guère permis, où les quelques longueurs de l’entame sont rapidement balayées par la furie et la cruauté. Un roman spectaculaire, à sa façon, qui se paie en outre le luxe de devenir, en 1998, c’est-à-dire à une époque où le genre n’est plus vraiment à la mode, un jalon de la littérature consacrée aux westerns.

    19/03/2021 à 07:07 5

  • Abominables bonshommes des neiges

    R. L. Stine

    7/10 Orpheline de père et de mère, Jane Forest a quitté Chicago pour aller vivre dans le nord avec sa jeune tante, Anna, dans un village montagneux envahi par la neige, Sherpia. Là-bas, elle y découvre une communauté resserrée et vivant dans l’inquiétude d’un effrayant bonhomme de neige qui serait une sorte d’ogre local, au point que les habitants confectionnent tous un bonhomme de neige devant chez eux, comme un talisman. Anna se souvient d’une comptine dont elle ne se rappelle que l’entame et qui pourrait être la clef de cette histoire. Un pitch assez atypique dans la bibliographie de R. L. Stine, une ambiance aimablement anxiogène, des personnages qui dissimule des secrets (l’original barbu et son loup vivant à l’écart du village), de l’inexplicable et un suspense bien mené de bout en bout. Même si je ne suis pas fan de la littérature mettant en scène de la magie, cet opus est fort agréable à suivre, original et prenant. Je regrette juste deux points : la toute dernière ligne, là où l’on attend le twist final de l’auteur, semble avant tout fondé sur une tentative d’humour qu’une volonté d’être un réel rebondissement, ce qui m’a un peu déçu. Et il y a la fin du chapitre 25, clin d’œil géant à une réplique culte du cinéma, mais qui est tellement connue que l’effet, bien involontaire, n’a pas été chez moi le bon : autant j’ai adhéré à ce rebondissement, autant la manière de le mettre en scène m’a davantage fait rire et quitter les rails du récit qu’autre chose.

    17/03/2021 à 17:59 1

  • Les Mafieuses

    Pascale Dietrich

    8/10 Léon Acampora, l’un des grands parrains de la mafia grenobloise, vient de tomber dans le coma après de longues années de lutte contre Alzheimer. Il a deux filles, Dina, qui travaille dans une ONG, et Alessia, qui poursuit en quelque sorte l’œuvre de son père en utilisant une pharmacie comme paravent afin de vendre de la drogue. Mais avant de tomber gravement malade, Léon a trouvé la force d’écrire une lettre qui parvient à Michèle, son épouse : cette dernière apprend qu’il a mis un contrat sur sa tête afin qu’elle le rejoigne vite dans l’au-delà, à moins que ça ne soit pour la punir de ses infidélités. Dès lors, Dina et Alessia vont tout faire pour empêcher ce mystérieux tuer à gages d’honorer son engagement.

    De Pascale Dietrich, on connaissait déjà Le Homard, Le Congélateur ou Une Île bien tranquille, et on la retrouve ici avec cet opus concis (environ cent quatre-vingts pages) et enlevé. Grâce à sa plume énergique et son style rythmé, on plonge aussitôt dans le vif du sujet avec la découverte des trois femmes qui animent ce récit. Il y a donc Dina, œuvrant dans une ONG humanitaire, mais dont le rôle se résume à étudier des projets plutôt qu’à aider concrètement les nécessiteux, côtoyant au passage des collègues qui abusent de leur situation. Alessia règne sur le trafic local de drogue, usant de codes dans son officine pour délivrer des stupéfiants et toujours prête à briser la concurrence. Michèle, la mère, a surtout subi toute sa vie la présence de son mafieux d’époux et, quand ce dernier est sur le point de passer l’arme à gauche, voilà qu’en apparaît une autre, d’arme, mais cette fois-ci braquée sur elle par un tueur à gages mandaté par son mari et dont tout le monde ignore l’identité. La situation semble inextricable ? Si l’on ajoute à cela le flirt de Dina avec un champion du monde de la crème glacée, Alessia aux prises avec d’autres trafiquants aux dents rayant le parquet, Michèle devant fuir la menace, des gangsters dans des EHPAD et des femmes de mafieux dont on vient solliciter le soutien, le tableau final sera à coup sûr croquignolet. Jamais Pascale Dietrich ne se prend réellement au sérieux, disséminant quelques touches d’un humour salvateur, ce qui n’empêche nullement un suspense indéniable et même quelques scènes assez sanglantes (comme Alessia coupant avec un sécateur un orteil de son père plongé dans le coma). Certains passages sont assez téléphonés – comme l’identité de cet énigmatique assassin – mais l’ouvrage avance à toute allure, n’engendrant jamais la morosité, et offrant, une fois n’est pas coutume, la première place à des femmes qui prennent le dessus sur la gent masculine, quitte à faire couler le sang ou défendre leurs semblables suite à un dilemme impossible.

    Un roman percutant, de prime abord très distractif, mais qui recèle, sous son vernis purement délassant, un ton résolument acide.

    16/03/2021 à 06:59 3

  • Dans l'oeil du cyclone

    Charlie Adlard, Robert Kirkman

    7/10 Les sentiments (dont la culpabilité de l’adultère et l’amour) et le défoulement du sport composent l’amorce de cet épisode qui est un peu plus calme que les précédents, même s’il y a des moments violents (où ce sont d’ailleurs les êtres humains qui s’entretuent principalement, en amputent d’autres par nécessité, ou se suicident). Les tout derniers moments font réapparaître un personnage de la série et augurent donc un huitième tome qui pourrait se montrer plus musclé.

    15/03/2021 à 17:07 2

  • Eliminer Vassili Zaïtsev

    Herik Hanna, Ramon Rosanas

    7/10 Automne 1942. Les Etats-Unis s’apprêtent à rentrer en guerre tandis que les tractations se poursuivent entre les divers belligérants. A Blackpool, un sniper tue un colonel anglais en galante compagnie avec sa secrétaire : ce tireur d’élite s’appelle Vassili Grigorievitch Zaïtsev, un soldat russe. Un beau combat entre cet arbalétrier et le major Thorvald notamment, dans la furie des bombardements et autres fusillades musclées. Un court texte explique que ce sniper soviétique a réellement existé, au même titre que Thorvald, leur lutte ayant inspiré le « Stalingrad » de Jean-Jacques Annaud.

    14/03/2021 à 18:47 1

  • Genocidal Organ tome 2

    Gatô Asô, Itoh Project

    5/10 John Paul est un Américain qualifié de « touriste des génocides », abominable voyeur des charniers du monde entier, raison pour laquelle le gouvernement des Etats-Unis en fait la cible de son escouade chargée d’éliminer des criminels de guerre. En réalité, il est plus qu’un simple spectateur : c’est un agitateur. L’équipe se rend à Prague pour essayer de lui mettre la main dessus. Un opus que j’ai trouvé similaire au précédent, dans ses qualités comme dans ses défauts, et parmi ces derniers, un scénario un peu simpliste, un graphisme trop aseptisé qui hésite constamment entre le manga et la BD, un début assez mou (il faut attendre la scène de filature pour que ça bouge un peu, et encore, elle commence au bout de quatre-vingts pages environ et est assez mollassonne). Seuls surnagent vaguement les hallucinations du héros en rapport avec la mort de sa mère, la référence à la tombe de Kafka, la relation gentillette avec Lucia et un final un peu plus dynamique que le reste du manga, parce que l’ensemble est vraiment fadasse et soporifique.

    14/03/2021 à 08:18 1

  • Origin tome 2

    Boichi

    6/10 Ça commence très fort avec une bagarre magnifiquement chorégraphiée (j’avais conservé le souvenir de cette esthétique léchée du premier opus), mais le cocktail robot au bon cœur, en lutte contre ses frères, et découvrant progressivement ce que sont les sentiments n’est guère nouveau. L’intrigue avance enfin avec l’arrivée de cette femme, Laura Fermi, mais l’ensemble retombe dans une (très belle) léthargie jusqu’à cet épisode sur les docks, inachevé. Résultat : un opus graphiquement délectable mais au scénario passable et à la cadence assez molle après un début canon. Dommage.

    13/03/2021 à 10:13 1

  • Freak Island tome 2

    Masaya Hokazono

    4/10 Ce deuxième opus commence assez mal à mes yeux, moi qui n’avais déjà que moyennement goûté le précédent : un slasher dans la plus pure tradition, mais dont l’entame se veut horrifique et anxiogène alors que je l’ai presque trouvée grotesque et risible. Il y a bien quelques flash-backs, l’arrivée d’un personnage inattendu et un graphisme très potable, mais je trouve que ça sombre vraiment dans le grand n’importe quoi : des étudiants qui deviennent en un claquement de doigts de véritables guerriers, des monstres du genre zombies qui déboulent et se font éclater comme à la foire, des clichés à la pelle… Pas beaucoup d’originalité dans ce fatras, un scénario assez bas du groin, et une atmosphère plus proche de la parodie que de la véritable peur à force de surenchères et de poncifs.

    13/03/2021 à 10:06 2

  • Dragon Head tome 2

    Minetaro Mochizuki

    8/10 Nobuo apparaît peint comme un guerrier primitif tandis que Teru a trouvé une gaine d’aération. De la chaleur apparaît dans le tunnel tandis que de l’eau se déverse dans la conduite. Je trouve que la série prend enfin son envol après le précédent opus peut-être un peu plan-plan parce qu’il fallait planter le décor et les trois personnages, ici notamment avec la folie grandissante de Nobuo qui en vient à faire une offrande à l’obscurité. Je serai au rendez-vous de la suite, autant par appétit que par curiosité.

    12/03/2021 à 17:17 2

  • Aux Portes de l'enfer

    Maza, Richard D. Nolane

    7/10 Hauptmann n’est pas mort dans le crash de son avion à réaction, alors que les combats aériens, acharnés, se poursuivent. Ce « pilote du diable » semble être un véritable trompe-la-mort. Un graphisme toujours aussi réussi, même s’il manque toujours, à mes yeux, une sorte de colonne vertébrale scénaristique plus solide ou originale au début de cette série.

    11/03/2021 à 19:57 1

  • Le Pilote du diable

    Maza, Richard D. Nolane

    7/10 En août 1946, les Alliés ne sont pas venus à bout de l’Allemagne nazie, et l’on suit d’entrée de jeu un combat aérien au cours duquel se distingue Hauptmann Murnau, un pilote d’élite, qu’Hitler va venir décorer en le qualifiant de « pilote du diable ». Une course contre la montre pour récupérer les armes de pointe du camp adverse, de la géopolitique, le « plaisir » de retrouver des personnages historiques et un graphisme léché alors que des travaux sont en cours à Auschwitz. Même si, à ce stade de la série, rien n’est réinventé ni bouleversant d’originalité, c’est très agréable à suivre.

    11/03/2021 à 19:54 1

  • Le Hameau des Purs

    Sonja Delzongle

    7/10 Mon premier Sonja Delzongle (si l’on excepte le recueil de nouvelles « Phobia » auquel elle a participé), et j’ai beaucoup aimé les deux premiers tiers. Une ambiance lourde, plombée, poisseuse, avec une langue qui m’a rappelé celle de Jean-Christophe Grangé par moments, en plus de l’histoire : une communauté proche de la secte, avec ses secrets, ses mystères, et ses problèmes de consanguinité. Une intrigue qui commence, d’entrée de jeu, par la découverte de sept corps carbonisés et sur lesquels enquête Audrey Grimaud, native du hameau, et dont le passé est intimement lié à cette étrange société dont les descriptions la rapprochent des Amish. Pas mal d’éléments et de pistes intéressants, qui ne demandent qu’à être suivis (le passé de la Seconde Guerre mondiale, les petits enfants juifs, le personnage de Léman dit « le Gars », les corbeaux, etc.), sans compter l’ombre sauvage de ce tueur en série, l’Empailleur, qui ouvre ses victimes, les délestent de leurs organes et les recoud à l’aide de fil de pêche. Mais il y a ce – double – final qui me laisse perplexe : c’est trop. « Un rebondissement, ça va, mais deux, bonjour les dégâts ». Leur juxtaposition, si directe, si rapide, et à mes yeux pas nécessaire, me laisse un curieux arrière-goût en bouche. L’écrivaine n’a-t-elle pas su (ou voulu) trancher entre ces deux possibilités au point de nous en gratifier ? J’ai donc trouvé dommage cette presque superposition ultime, pas vitale, même si j’ai beaucoup apprécié cet ouvrage pour son atmosphère délétère et suffocante. J’essaierai de lire d’autres romans de Sonja Delzongle, parce que sa plume et son imagination, en revanche, m’ont largement convaincu.

    05/03/2021 à 08:24 4

  • Gray

    Leonie Swann

    8/10 Elliot Fairbanks n’est plus. Cet étudiant est tombé de la chapelle du King’s college de Cambridge en faisant de la varappe. Accident ? Suicide ? Son tuteur, Augustus Huff, docteur en anthropologie et membre du corps enseignant, se rend vite compte qu’une troisième hypothèse est à envisager : le meurtre. Avec l’aide de Gray, le perroquet du défunt, il va se lancer dans une enquête qui va révéler le dessous de nombreuses cartes…

    Après le succès de Qui a tué Glenn ?, Leonie Swann revient avec ce roman à suspense original et prenant. On se passionne vite pour cette histoire dont on devine rapidement qu’elle va sortir du lot. Un professeur jeune et bourré de tics, voire de troubles obsessionnels compulsifs (comme se laver plusieurs fois de suite les mains, se sentir mal à l’aise face à certains chiffres, ou déplacer puis replacer jusqu’à l’obsession ses presse-papiers) va devoir s’allier, bien contre son gré, à un perroquet à la langue bien pendue qui mitraille des mots et expressions qu’il a entendus. Le récit s’effectue de manière très fluide, ponctué d’humour dans les réparties comme dans les saynètes, et l’on en vient à se prendre d’une immense sympathie pour ce duo d’enquêteurs improvisés qui vont se confronter à de nombreuses fausses pistes. C’est ainsi que le volatile et l’enseignant vont découvrir, parmi tant d’autres, une série de photographies compromettantes, l’envers du monde de la musique, des amours particulières et exclusives, un secret de famille soigneusement camouflé, un chantage, une étrange expérimentation, etc. Leonie Swann parvient avec talent à mêler l’ambiance so british du whodunit traditionnel à la décontraction notamment apporté par ce perroquet très observateur et malin, mais capable de sacrées bévues. La construction du livre se révèle efficace, jouant sur les faux-semblants, retournements de situation, déductions habiles d’Augustus et questions finalement pertinentes de l’oiseau.

    Un roman détendu et détendant, proposant une intrigue crédible et efficace. Typiquement l’entracte nécessaire entre deux thrillers trop nerveux et/ou sanglants. Remercions ainsi Leonie Swann pour cette délicieuse parenthèse de bien-être.

    04/03/2021 à 08:08 5