El Marco Modérateur

3301 votes

  • Origin tome 2

    Boichi

    6/10 Ça commence très fort avec une bagarre magnifiquement chorégraphiée (j’avais conservé le souvenir de cette esthétique léchée du premier opus), mais le cocktail robot au bon cœur, en lutte contre ses frères, et découvrant progressivement ce que sont les sentiments n’est guère nouveau. L’intrigue avance enfin avec l’arrivée de cette femme, Laura Fermi, mais l’ensemble retombe dans une (très belle) léthargie jusqu’à cet épisode sur les docks, inachevé. Résultat : un opus graphiquement délectable mais au scénario passable et à la cadence assez molle après un début canon. Dommage.

    13/03/2021 à 10:13 1

  • Freak Island tome 2

    Masaya Hokazono

    4/10 Ce deuxième opus commence assez mal à mes yeux, moi qui n’avais déjà que moyennement goûté le précédent : un slasher dans la plus pure tradition, mais dont l’entame se veut horrifique et anxiogène alors que je l’ai presque trouvée grotesque et risible. Il y a bien quelques flash-backs, l’arrivée d’un personnage inattendu et un graphisme très potable, mais je trouve que ça sombre vraiment dans le grand n’importe quoi : des étudiants qui deviennent en un claquement de doigts de véritables guerriers, des monstres du genre zombies qui déboulent et se font éclater comme à la foire, des clichés à la pelle… Pas beaucoup d’originalité dans ce fatras, un scénario assez bas du groin, et une atmosphère plus proche de la parodie que de la véritable peur à force de surenchères et de poncifs.

    13/03/2021 à 10:06 2

  • Dragon Head tome 2

    Minetaro Mochizuki

    8/10 Nobuo apparaît peint comme un guerrier primitif tandis que Teru a trouvé une gaine d’aération. De la chaleur apparaît dans le tunnel tandis que de l’eau se déverse dans la conduite. Je trouve que la série prend enfin son envol après le précédent opus peut-être un peu plan-plan parce qu’il fallait planter le décor et les trois personnages, ici notamment avec la folie grandissante de Nobuo qui en vient à faire une offrande à l’obscurité. Je serai au rendez-vous de la suite, autant par appétit que par curiosité.

    12/03/2021 à 17:17 2

  • Aux Portes de l'enfer

    Maza, Richard D. Nolane

    7/10 Hauptmann n’est pas mort dans le crash de son avion à réaction, alors que les combats aériens, acharnés, se poursuivent. Ce « pilote du diable » semble être un véritable trompe-la-mort. Un graphisme toujours aussi réussi, même s’il manque toujours, à mes yeux, une sorte de colonne vertébrale scénaristique plus solide ou originale au début de cette série.

    11/03/2021 à 19:57 1

  • Le Pilote du diable

    Maza, Richard D. Nolane

    7/10 En août 1946, les Alliés ne sont pas venus à bout de l’Allemagne nazie, et l’on suit d’entrée de jeu un combat aérien au cours duquel se distingue Hauptmann Murnau, un pilote d’élite, qu’Hitler va venir décorer en le qualifiant de « pilote du diable ». Une course contre la montre pour récupérer les armes de pointe du camp adverse, de la géopolitique, le « plaisir » de retrouver des personnages historiques et un graphisme léché alors que des travaux sont en cours à Auschwitz. Même si, à ce stade de la série, rien n’est réinventé ni bouleversant d’originalité, c’est très agréable à suivre.

    11/03/2021 à 19:54 1

  • Le Hameau des Purs

    Sonja Delzongle

    7/10 Mon premier Sonja Delzongle (si l’on excepte le recueil de nouvelles « Phobia » auquel elle a participé), et j’ai beaucoup aimé les deux premiers tiers. Une ambiance lourde, plombée, poisseuse, avec une langue qui m’a rappelé celle de Jean-Christophe Grangé par moments, en plus de l’histoire : une communauté proche de la secte, avec ses secrets, ses mystères, et ses problèmes de consanguinité. Une intrigue qui commence, d’entrée de jeu, par la découverte de sept corps carbonisés et sur lesquels enquête Audrey Grimaud, native du hameau, et dont le passé est intimement lié à cette étrange société dont les descriptions la rapprochent des Amish. Pas mal d’éléments et de pistes intéressants, qui ne demandent qu’à être suivis (le passé de la Seconde Guerre mondiale, les petits enfants juifs, le personnage de Léman dit « le Gars », les corbeaux, etc.), sans compter l’ombre sauvage de ce tueur en série, l’Empailleur, qui ouvre ses victimes, les délestent de leurs organes et les recoud à l’aide de fil de pêche. Mais il y a ce – double – final qui me laisse perplexe : c’est trop. « Un rebondissement, ça va, mais deux, bonjour les dégâts ». Leur juxtaposition, si directe, si rapide, et à mes yeux pas nécessaire, me laisse un curieux arrière-goût en bouche. L’écrivaine n’a-t-elle pas su (ou voulu) trancher entre ces deux possibilités au point de nous en gratifier ? J’ai donc trouvé dommage cette presque superposition ultime, pas vitale, même si j’ai beaucoup apprécié cet ouvrage pour son atmosphère délétère et suffocante. J’essaierai de lire d’autres romans de Sonja Delzongle, parce que sa plume et son imagination, en revanche, m’ont largement convaincu.

    05/03/2021 à 08:24 4

  • Gray

    Leonie Swann

    8/10 Elliot Fairbanks n’est plus. Cet étudiant est tombé de la chapelle du King’s college de Cambridge en faisant de la varappe. Accident ? Suicide ? Son tuteur, Augustus Huff, docteur en anthropologie et membre du corps enseignant, se rend vite compte qu’une troisième hypothèse est à envisager : le meurtre. Avec l’aide de Gray, le perroquet du défunt, il va se lancer dans une enquête qui va révéler le dessous de nombreuses cartes…

    Après le succès de Qui a tué Glenn ?, Leonie Swann revient avec ce roman à suspense original et prenant. On se passionne vite pour cette histoire dont on devine rapidement qu’elle va sortir du lot. Un professeur jeune et bourré de tics, voire de troubles obsessionnels compulsifs (comme se laver plusieurs fois de suite les mains, se sentir mal à l’aise face à certains chiffres, ou déplacer puis replacer jusqu’à l’obsession ses presse-papiers) va devoir s’allier, bien contre son gré, à un perroquet à la langue bien pendue qui mitraille des mots et expressions qu’il a entendus. Le récit s’effectue de manière très fluide, ponctué d’humour dans les réparties comme dans les saynètes, et l’on en vient à se prendre d’une immense sympathie pour ce duo d’enquêteurs improvisés qui vont se confronter à de nombreuses fausses pistes. C’est ainsi que le volatile et l’enseignant vont découvrir, parmi tant d’autres, une série de photographies compromettantes, l’envers du monde de la musique, des amours particulières et exclusives, un secret de famille soigneusement camouflé, un chantage, une étrange expérimentation, etc. Leonie Swann parvient avec talent à mêler l’ambiance so british du whodunit traditionnel à la décontraction notamment apporté par ce perroquet très observateur et malin, mais capable de sacrées bévues. La construction du livre se révèle efficace, jouant sur les faux-semblants, retournements de situation, déductions habiles d’Augustus et questions finalement pertinentes de l’oiseau.

    Un roman détendu et détendant, proposant une intrigue crédible et efficace. Typiquement l’entracte nécessaire entre deux thrillers trop nerveux et/ou sanglants. Remercions ainsi Leonie Swann pour cette délicieuse parenthèse de bien-être.

    04/03/2021 à 08:08 5

  • Les vers contre-attaquent

    R. L. Stine

    7/10 Bruno Jones n’aime rien tant que les vers de terre qu’il collectionne et étudie, et va même jusqu’à leur bâtir un vivarium. Il s’en sert aussi pour faire des farces de mauvais goût à sa sœur, Jennifer, et son entrain le mène un jour à en couper un en deux. C’est alors qu’il perçoit des phénomènes inhabituels : et si les autres vers cherchaient à venger leur congénère en terrorisant Bruno ? Un « Chair de poule » classique dans la forme, avec des chapitres concis, une écriture très accessible, des personnages peu nombreux et un pitch jouant sur la peur des ados, même si, ici, c’est davantage le dégoût qui est exploité, avec quelques scènes gentiment crades. Il faut attendre les tout derniers chapitres pour savoir s’il y a un réel côté fantastique ou si Bruno est la victime d’un harcèlement de la part de l’un des autres protagonistes, voire les deux puisque R. L. Stine sait ménager le suspense. Une lecture très agréable, même si je suis un peu déçu par le twist final, la signature de l’écrivain, qui m’a semblé à la fois trop abrupt – la nouvelle passion de notre héros – ainsi que les ultimes phrases, un peu trop prévisibles, du coup.

    03/03/2021 à 08:15 4

  • Tombes Oubliées

    Lincoln Child, Douglas Preston

    7/10 L’Expédition Donner, qui a eu lieu durant l’hiver 1846 – 1847, a laissé des traces durables dans les esprits : au cours de ce périple, de nombreuses personnes moururent tandis que d’autres purent survivre en ayant recours au cannibalisme. L’archéologue Nora Kelly est approchée par Clive Benton afin de poursuivre les recherches tout en essayant de mettre la main sur un trésor estimé à une vingtaine de millions de dollars. Dans le même temps, la jeune agente du FBI Corrie Swanson commence à enquêter sur des meurtres qui semblent être en rapport avec cette tragique expédition.

    Lincoln Child et Douglas Preston nous régalent chaque année avec un nouvel opus de la série consacrée à Pendergast, et l’on a ici grand plaisir à les retrouver pour cet ouvrage écrit à quatre mains. Le pitch est alléchant : un fait divers véridique particulièrement dramatique, un hypothétique trésor, des plaies mal cicatrisées et un secret que l’on cherche à tout prix à récupérer, sans compter l’intervention conjointe de deux personnages féminins que l’on a déjà vues aux côtés du célébrissime agent Pendergast, notamment dans La Chambre des curiosités, Les Croassements de la nuit ou Tempête blanche. Si les deux auteurs maîtrisent leur sujet et que les pages défilent indéniablement à toute allure, certains ingrédients paraissent manquer. Un bon nombre des protagonistes n’ont guère d’épaisseur psychologique, souvent ramenés à quelques poncifs agglomérés, et, de notre duo d’héroïnes, seule Corrie Swanson tire son épingle du jeu, avec son opiniâtreté et sa manière si directe de s’imposer, alors qu’elle n’est pourtant qu’une recrue du FBI, dans un univers essentiellement masculin. Le rythme ne faiblit cependant jamais, et la teneur de cet élément tant recherché par des protagonistes malveillants surprend autant qu’il séduit. On a même droit à un – bref – caméo de Pendergast himself à la fin de l’opus, ce qui ravira les aficionados de la série, d’autant qu’il sera d’une aide précieuse pour retrouver ce fameux trésor.

    Malgré quelques clichés presque inhérents au genre et un manque de profondeur chez certains personnages, Lincoln Child et Douglas Preston nous offrent un roman agréable et distrayant, un pur page-turner, qui nous fera patienter jusqu’à la prochaine apparition de notre cher Pendergast dans Bloodless, dont la date de parution chez nous est encore inconnue.

    02/03/2021 à 08:24 5

  • Secret Service

    Vincent Cara, Mathieu Gabella

    7/10 Hiver 1941. Heinrich Himmler a pris la tête de l’Etat allemand et les bombardements nazis sont si nombreux et meurtriers qu’il se pourrait bien que le Reich l’emporte. Dès lors, il faut absolument que les Etats-Unis entrent en guerre, quitte à mettre en œuvre une sale machination… Churchill, de Gaulle, Staline, une machine Enigma, une envie de vengeance, des trahisons, des taupes… Un opus typé espionnage, avec un graphisme très agréable et léché, bien différent des deux précédents opus, à savoir sans véritable action au sens pyrotechnique, action commando et autre fusillade. C’est assez réjouissant, même si certains bavardages auraient pu être supprimés afin de faire gagner à l’ensemble un peu plus d’efficacité et d’impact.

    01/03/2021 à 07:51 1

  • Le Lagon de Fortuna

    Christophe Bec, Eric Henninot

    8/10 Dans d’un forage dans une fosse de l’océan Pacifique sud, en 1993, quatre ouvriers plongeurs découvrent une grotte souterraine puis tombent sur un mégalodon particulièrement vorace. On voyage ensuite du barrage de Sarrans à la Nouvelle-Galles, de la Roumanie à la Nouvelle-Zélande, en passant par la Russie, avec cette histoire de brèche ouverte sur la préhistoire. Une histoire passionnante, qui se refuse à toute linéarité avec ces flash-backs et autres sauts géographiques, pour un propos très intéressant, et également intriguant parce qu’à ce stade de la série qui comporte douze ouvrages, je ne sais pas vers quoi nous mènent les auteurs.

    28/02/2021 à 08:26 2

  • Le Groupe W

    Philippe Francq, Jean Van Hamme

    8/10 Largo apprend qu’il vient d’hériter de dix milliards de dollars, essaie d’évaluer cette somme monumentale puis prend ses marques au sein de l’entreprise de son père défunt. On en apprend un bon bout sur son enfance – pas marrante pour un sou. Notre héros découvre l’opulence inouïe à laquelle il a droit, un soupçon d’érotisme, mais la machination continue son implacable avancée et l’on trouve assez vite d’autres proches de Largo assassinés. Une esthétique délicieusement surannée et qui finit presque par servir le propos, du suspense et de l’action (notamment aux abords du chalet et sur cette île de la Mer Adriatique). Des clichés un peu inhérents au genre mais une tension constante et un rythme qui ne faiblit absolument pas pour le moment.

    27/02/2021 à 08:18 2

  • King of Eden tome 2

    Ignito, Naoki Urasawa

    6/10 A Dublin, un homme sortant d’un bar est enlevé et questionné à propos d’un mystérieux « virus du loup », et la quête se poursuit en Europe. Un graphisme toujours aussi remarquable, sombre et accrocheur, mais comme pour le premier opus, j’ai encore du mal à accrocher à cette intrigue que je trouve trop distendue, où seules les planches finales, relatant ce général de Darius et « géant de trois mètres », prennent un peu de hauteur. Je crois que je vais m’arrêter là avec cette série, non pas qu’elle soit mauvaise, mais ça n’est juste pas trop mon registre.

    27/02/2021 à 08:16 2

  • Higanjima tome 3

    Koji Matsumoto

    6/10 Les vampires se mettent à attaquer en masse, et voilà quelques-uns des survivants conduits au cœur du village pour une séquestration. Quelques moments finissent par s’extraire du manque général d’originalité (le cercle et la victime qui devra être désignée par ses codétenus et sera donc sacrifiée, ou la découverte du charnier) ainsi que l’évasion finale. Voilà qui me redonne envie de poursuivre la série, certes sans grand emballement, mais pourquoi pas…

    26/02/2021 à 08:17 3

  • Le Fils Cardinaud

    Georges Simenon

    7/10 … ou comment Hubert Cardinaud, employé d’assurances à qui son patron a d’ores et déjà fait comprendre qu’il sera son successeur, se rend compte en rentrant de la messe que son épouse, Marthe, l’a quitté, emportant avec elle trois mille francs. Il apprendra assez rapidement qu’elle est partie avec Emile Chitard, dit « Mimile », dit « Le fils à Titine ». Dès lors, il ne va avoir qu’une obsession : la récupérer. J’ai retrouvé le style de l’immense auteur belge, avec la concision de son histoire, sa construction de prime abord très simple, et sa plume acide. Ici, ce qui m’a davantage marqué que la quête de Cardinaud, c’est tout ce qui est périphérique, satellitaire à cet homme abandonné par sa femme et la mère de leurs deux enfants. Il y a la description acerbe du milieu d’où provient Hubert, cette basse extraction de vendeurs de sardines et autres petits métiers (la rencontre avec Lucien, l’un de ses frères, est de ce point de vue admirable), la veulerie de la populace lorsque cette dernière apprend les infidélités de Marthe (la lettre anonyme, les regards lâchés en coin, les propos que Cardinaud devine sans mal), et cette forme de Chemin de Croix que va devoir emprunter Hubert pour remettre la main sur Marthe. Une écriture toujours aussi paradoxale, à la fois prenante et passionnante tout en étant sèche et minimaliste, sans la moindre réelle action ou péripétie, se cantonnant à quelques déambulations en Vendée et un minuscule flash-back à Port-Gentil pour évoquer le caractère déjà misérable (la tentative de vol de la montre) de Mimile. En revanche, j’ai trouvé quelques longueurs (pour un roman d’environ cent soixante dix pages, tout est relatif…) dans le dernier tiers de l’ouvrage, ce qui n’enlève rien aux mérites de ce livre fort bien écrit, d’une crédibilité sans faille, et à hauteur d’homme.

    24/02/2021 à 08:12 1

  • Black Friday

    Robert Muchamore

    8/10 Le clan Aramov a beau être sacrément diminué suite à ce qui s’est passé dans L’Ange gardien, ce groupe terroriste n’en demeure pas moins actif… et dangereux. C’est ainsi qu’il projette d’exporter aux Etats-Unis onze tonnes d’explosifs pour une série d’attentats meurtriers, profitant de la forte présence de victimes potentielles dans les magasins à l’occasion du Black Friday. Mais l’agence CHERUB veille, bien décidée à mettre fin aux agissements de la famille Aramov. Définitivement.

    Robert Muchamore poursuit sa série consacrée à la terrible famille Aramov avec ce troisième tome, enlevé et épicé comme on les aime. Commençant par une infiltration menée par Ryan et Yosyp afin d’empêcher le transport de ces explosifs sur le sol américain, l’intrigue et l’action ne vont pas en rester là : l’auteur nous a concocté une série d’autres histoires pour cet opus, avec, pour ne pas trop en dévoiler, un avocat véreux, un commerce de missiles, une plongée dans le monde des narcotrafiquants, Ciudad Juárez et son incroyable taux de criminalité, sans compter quelques règlements de comptes. Robert Muchamore n’a guère son pareil pour inventer de telles histoires, efficaces et élaborées, avec force personnages et rebondissements. Ceux qui connaissaient déjà sa principale série littéraire, CHERUB, ou encore celle consacrée aux Henderson’s Boys, n’avaient aucune raison d’en douter, et cet ouvrage est en soi révélateur de l’univers de l’écrivain. Environ quatre cents pages de détonations, de manipulations, de quelques éclats d’un humour potache et salvateur, sans le moindre temps mort. D’ailleurs, l’étiquette « littérature jeunesse » est en partie trompeuse : il y a tout de même quelques allusions sexuelles directes, des innocents qui meurent, des membres de CHERUB également, des truands froidement abattus d’une balle en pleine tête, ou encore des personnages acceptant de coucher avec des individus de la pire espèce uniquement pour détourner l’attention.

    Un roman typique de la série, prenant d’un bout à l’autre et chargé de testostérone, ce qui ne l’empêche nullement de faire appel à la réflexion et aux sentiments. De la bien belle littérature, en somme.

    23/02/2021 à 08:26 5

  • Vengeance

    Charlie Adlard, Robert Kirkman

    8/10 Nos héros sont encore aux prises avec le Gouverneur, ce tyran qui s’amuse autant qu’il amuse ses séides avec des combats de gladiateurs modernes. Et c’est d’ailleurs lors d’un combat que Michonne s’illustre par sa sauvagerie et sa redoutable efficacité. Un opus plein de bruit et de fureur, où les femmes s’avèrent particulièrement sadiques (cf. la longue et détaillée scène d’une torture protéiforme et particulièrement sauvage, ou quand Michonne et son acolyte bousillent à tour de bras des zombies). Une BD survitaminée qui s’achève sur la perspective, presque la promesse, de retrouvailles brutales entre Rick et ses amis, et les hommes du Gouverneur.

    21/02/2021 à 23:28 2

  • La Nuit des marionnettes géantes

    R. L. Stine

    7/10 Ben et Jenny, des jumeaux qui passent leur temps à se disputer, veulent concourir à la fête de fin d’année de leur collège, mais ils ne savent pas encore comment. En visitant le grenier de leur copain Jonathan Sparrow, dit « Cuicui », ils tombent sur des marionnettes de grande taille, et c’est la révélation. Voilà ce qu’ils vont utiliser pour remporter ce concours, et cette idée leur plaît d’autant plus qu’Anna et Maria, deux filles qu’ils exècrent, avaient justement choisi elles aussi d’utiliser des pantins. Sauf que ces deux marionnettes semblent douées de leur propre vie et plutôt malveillantes. Pour qui a déjà lu des ouvrages de R. L. Stine, le canevas est connu : une histoire concise, des chapitres très courts, un cliffhanger à la fin de presque chaque chapitre, de jeunes héros qui affrontent des phénomènes inexpliqués. Ici, si l’intrigue paraît de prime abord classique, il y a tout de même quelques faits à relever, comme une écriture qui m’a semblé un peu plus mature, un peu plus adulte que d’habitude, un découpage original pour un « Chair de poule » (avec un prologue ayant lieu sept ans avant la suite du récit), quelques petits trucs inattendus (comme à la fin du chapitre 20), et une histoire sans temps mort. Bref, un roman très agréable à lire, dont je ne regrette finalement que la chute : là où l’auteur nous avait habitué à des twists finaux (pas toujours de bon goût, certes, mais c’en était presque sa signature), celui-ci est assez quelconque, même si pour une fois, ce ne sont pas les héros qui s’en prennent une nouvelle fois plein la tête.

    18/02/2021 à 18:40 3

  • Dehors les chiens

    Michaël Mention

    9/10 1866. Alors que le soleil torréfie la Californie, Crimson Dyke, agent de l’United States Secret Service, parcourt les États de l’ouest à la recherche de faux-monnayeurs qu’il arrête. Il en vient à découvrir l’existence, par pur hasard, d’un cadavre éventré de manière barbare, avant de comprendre que le tueur n’en est pas à son coup d’essai. Dans un pays qui panse encore les plaies de la guerre civile, il va devoir affronter des spectres multiples et assoiffés de sang, de justice ou d’argent.

    Michaël Mention est un auteur remarquable qui semble s’épanouir en changeant constamment de registre. Depuis Le Rhume du pingouin en 2008, il a signé un thriller fantastique (Unter Blechkoller), des polars historiques (de La Voix secrète à sa trilogie anglaise), des opus proches du documentaire (Fils de Sam et Jeudi noir), un livre inspiré de la vie de Miles David (Manhattan chaos), ou encore une diatribe musclée contre l’industrie chimique (De Mort lente), et voilà qu’il nous revient, pour notre plus grand plaisir… avec un western. On est aussitôt happé par le style de l’auteur, si caractéristique, avec ses phrases sèches, l’utilisation d’onomatopées et de lettres capitales, et un ton empreint d’une grande puissance littéraire. Dans le même temps, le cadre est exploité à la perfection, avec ce Far West enténébré, violent comme aux âges primitifs, perclus de lésions après la guerre de Sécession, et encore en butte aux Indiens. Crimson Dyke, en enquêteur, se révèle instantanément intriguant et efficace, amplement capable de tenir la distance sur plusieurs ouvrages si l’écrivain décidait d’en faire le protagoniste d’une série. Le récit est jalonné de personnages remarquables de noirceur, depuis les terribles Seasons Brothers, quatre tueurs à gages redoutables, jusqu’à Benedict Ross, montagne de graisse et de machiavélisme. L’intrigue est également formidable, multipliant les fausses pistes jusqu’à sa résolution, mémorable et pourtant si évidente. Signalons aussi que Michaël Mention est tellement talentueux qu’il est capable d’insérer des références à la musique du vingtième siècle ou d’évoquer le trauma lié à l’oreille de Dyke alors que sous d’autres plumes, le résultat aurait tout bonnement été raté voire grotesque.

    Voilà un roman puisant son titre dans un extrait de la bible et qui, tour à tour, saisit, séduit, instruit, fait frissonner, émeut et, au final, remue autant les tripes que l’âme. Un excellent livre de la part de Michaël Mention, encore un de plus.

    18/02/2021 à 07:04 14

  • Opération Félix

    José Robledo, Marcial Toledano

    6/10 Après Paris et l’été 1940 dans le premier tome, nous voici en hiver 1940 à Gibraltar. Les Allemands ont obtenu l’accord et le soutien de Franco pour envahir les positions britanniques dans l’entrée de la Méditerranée. On vit donc les préparatifs du côté germano-hispanique avant les échauffourées qui commencent vers la moitié de la BD. Un opus beaucoup plus pêchu (ça n’était guère difficile…) que le précédent, un graphisme également plus réussi, une histoire de complot sympathique et quelques passages intéressants (comme les réapparitions fantasmées et méphistophéliques d’Hitler), pour une bande dessinée qui se laisse lire sans pour autant marquer les esprits par l’originalité de son scénario.

    16/02/2021 à 18:50 1