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La Horde maudite
4/10 En Europe centrale, il y a « peut-être 100000 ans, peut-être davantage », une tribu d’hommes préhistoriques (le camp des Ghmour) vient à bout d’une meute de bisons. Tounga, un jeune et valeureux guerrier, défie Kaoum pour obtenir la mainmise sur la tribu mais le combat qui doit les départager tourne à l’équilibre.
Une vision assez particulière de la Préhistoire : certains la jugeront hautement décontractée et distractive, d’autres profondément ridicule. Tounga parle aux mammouths (Robert Redford murmurait bien à l’oreille de chevaux…), se castagne avec un crocodile, se bastonne dans la foulée avec d’autres combattants, se confronte aussitôt après à un smilodon qui se trouve avoir été apprivoisé (!!), fait de l’escalade, vient à bout d’un rhinocéros noir, bousille des loups, etc. Alors, oui, si l’on est vraiment trop regardant et que l’on tient compte de l’âge de cette BD (parue en 1974, tout de même), ça peut passer. Malgré toute ma bonne volonté et ma magnanimité, là, j’avoue que ça pique tout de même méchamment. J’en ai encore quelques tomes sous la main, je pense que je vais me les faire sans pour autant me forcer.20/07/2022 à 08:27 1
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Naissance
7/10 Emile Chapuis, encore mauvais garçon quelque temps plus tôt, est devenu restaurateur et accepte de ne pas se faire payer par un dénommé Marc Chagall en échange de l’une de ses peintures. « Naissance » est le titre de cette œuvre. Trente-neuf ans plus tard, Emile Chapuis ainsi que son épouse ont été massacrés. Monsieur en est mort, madame est dans le coma, et la gouvernante, Pauline, atteste la disparition dudit tableau. Le mobile est-il purement lié à l’argent que représentait cette toile… ou doit-on y voir l’ombre d’un amant trop violent ?
Une nouvelle fort agréable de la part d’Isabelle Villain, aimablement imaginée et bien construite, avec un final certes devinable mais qui n’en demeure pas moins réjouissant. Une « (Re)Naissance » qui atteint totalement son objectif de distraction.19/07/2022 à 08:26 1
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Promenons-nous dans les bois
7/10 Pour les 30 ans de votre ami Ziad, vous organisez une sortie avec ses copains Melissa, Elise, Benjamin et vous, les jumeaux. Mais une averse subite et abondante vous oblige tous les six à aller vous protéger dans un refuge isolé dans la forêt. Sur place, vous attend une atmosphère étrange confirmée quelques instants plus tôt par un fait curieux : vous vous retrouvez enfermés dans ce grand chalet. Dès lors, il va falloir vous débrouiller pour comprendre ce qui se trame ici et surtout… survivre.
Un escape game brillant, à l’ambiance délicieusement anxiogène soulignée par des illustrations réussies (notamment les quartiers de viande, les expressions faciales et les ténèbres de ce refuge). Des énigmes assez complexes qui vont de l’observation (cf. l’épreuve des chaînes dans le mur) aux mathématiques (les distances d’émission des talkies-walkies), la logique et la déduction (quel est le dernier quartier de viande à avoir été apporté dans le chalet ?, etc.), le tout agrémenté de quelques éléments disponibles en dehors du livre (via les QR codes). Au final, il y a assez peu d’énigmes mais elles sont suffisamment costaudes pour éprouver les petites cellules grises des adultes, d’autant que le concept est de les résoudre en moins de soixante minutes. Un bel ouvrage (vraiment bien fini et graphiquement travaillé), prenant et distractif, avec cependant un (gros) bémol à mes yeux : dans l’épilogue, on ne sait rien des motivations du tueur, ce qui est assez décevant et frustrant.18/07/2022 à 17:50 1
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Fortress of Apocalypse tome 3
6/10 Des hybrides chiens-humains-zombies pour commencer ce troisième tome (ceux découverts dans le précédent), et un schéma narratif connu : baston, horreur, suspense, cavalcades, survie, etc. Bref, tout ça n’a (toujours) rien d’extraordinaire ni de mémorable ni d’original, mais ça se laisse lire, sans plus.
18/07/2022 à 08:10 1
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SkilledFast tome 1
7/10 Dans un futur proche, un tueur en série baptisé « NoSkill » sévit : il ôte les SkilledFast à ses victimes, des implants permettant d’améliorer les facultés et capacités des porteurs. Le détective privé Roman Kirkegaard va faire équipe avec la commandant Julia Steins pour comprendre les motivations de ce psychopathe et l’arrêter. Un manga réussi et très agréable, réalisé par un auteur français (cocorico !) et qui se glisse dans la peau des mangakas traditionnels avec intelligence sans singer ses inspirateurs nippons. Le scénario tient du bel hommage à Philip K. Dick et autres récits du genre, et, au-delà du pitch, pose de belles questions quant au transhumanisme et à la quête éternelle de l’espèce humaine pour s’améliorer, parfois de manière contre-nature. Vraiment plaisant.
17/07/2022 à 08:36 1
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Des Voisins trop secrets
8/10 Glen Ridge, une petite ville bourgeoise du New Jersey, en 1978. Lorraine, une belle lycéenne, populaire et vedette d’une série télévisée destinée aux adolescents, entend des cris jaillir de la maison voisine à la sienne. Ses parents et ses amis ne croient pas à cette histoire. Seul quelqu’un pense qu’elle dit la vérité : Tom, un autre lycéen. Maigrelet, petit, dyslexique, scolairement médiocre, complexé par une dentition chaotique, il n’est clairement pas celui que l’on s’attendait à trouver aux côtés de la magnifique Lorraine, et c’est pourtant ce duo mal assorti qui va se lancer dans une mission d’infiltration dans cette habitation qui a tout de la maison hantée…
On connaît essentiellement Philip Le Roy pour ses ouvrages destinés aux adultes (entre autres Pour adultes seulement, Le Dernier Testament, Evana 4), mais ceux qu’il a écrits à destination des jeunes, comme son excellente série consacrée à la Brigade des fous), Dans la maison ou 1, 2, 3, nous irons au bois sont également très réussis. Ici, il rejoint la collection « Flash Fiction » pour ce roman vitaminé. On y découvre deux principaux personnages, Lorraine et Tom, dont les premiers pas dans le récit laissent craindre de véritables clichés littéraires ambulants, mais ça serait mal connaître Philip Le Roy : l’auteur semble s’amuse effectivement à utiliser ces individus stéréotypés pour mieux les associer et en faire un couple d’enquêteurs fort agréable à suivre. L’écriture est maîtrisée, le suspense solide, les ambiances dépeintes en peu de mots mais avec une belle efficacité. Mais là où l’écrivain fait très fort, c’est qu’il nous gratifie d’une intrigue originale dans la dernière partie de l’ouvrage, avec cette demeure recélant un secret qu’il est impossible de dévoiler mais qui est assurément finement trouvé autant que mémorable. Délicieux bonus : l’auteur nous offre dans les dernières lignes une fantaisie très cocasse quant au devenir de Tom, mais chut…
Encore un autre bon roman de Philip Le Roy, qui exploite habilement les poncifs pour mieux s’en jouer tout en proposant une histoire efficace et très divertissante.16/07/2022 à 08:07 1
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Sang-Marelle
6/10 Un gamin surpris en train de fumer alors qu’il jouait à la marelle avec ses camarades et le voilà convoqué chez le principal qui l’informe de la venue d’une nouvelle professeure de français, Clara de Leyrac. Une ambiance toujours aussi étrange quoique graphiquement soulignée par un dessin sobre (mais ayant pas mal vieilli), avec une atmosphère et une intrigue que j’ai eu du mal à pénétrer. Néanmoins, quelques scènes sont plus marquantes que dans le précédent tome, avec les exactions des gamins entre eux et le scaphandrier au casqué saturé d’eau. A la fois étonnant et marquant de voir ces petits Angus Young pratiquer d’autres excès criminels. Comme pour le précédent opus, j’accroche vaguement, je continue histoire de voir si je finis par me faire à cette série définitivement ou pas.
15/07/2022 à 18:22 1
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Sang-De-Lune
6/10 De nuit, des hommes assiègent une ferme située à Armser, un petit village de sept cents âmes et brûlent la main gauche de son propriétaire au nom d’un mystérieux « Livre des infractions » en raison du fait que la maison abrite un renard. Des années plus tard s’installe au village une belle femme rousse accompagné d’un renard appelé Néan qui découvre un réseau de galeries souterraines courant sous tout le village. Une bien étrange ambiance où se mêlent sorcellerie, phénomènes inexpliqués (comme les saignements de nez généralisés), une mystérieuse malédiction pesant sur une famille… C’est assez difficile, je trouve, de situer dès le premier tome cette série, qui panache éléments attendus et un suspense encore entier. Le graphisme a certes pas mal vieilli (ce tome est trentenaire), mais l’ensemble demeure plaisant à défaut d’être mémorable. J’irai probablement regarder les opus suivants pour affiner mon jugement.
15/07/2022 à 08:39 1
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Le Baiser du Dragon
Alain Henriet, Daniel Pecqueur
6/10 Daytona est dans les choux du point de vue du classement dans la course, mais il ne baisse pour autant pas les bras tandis que Brenda et sa coéquipière sont victimes d’un interrogatoire pour avouer le code de la bombe, le tout afin de tuer le nouveau président chinois. Une teinte d’espionnage qui tourne un peu au n’importe quoi avec l’arrivée, à mi BD, de Xiao Long, la femme robot tueuse. Quelques combats façon arts martiaux, une course-poursuite, l’arroseur en partie arrosé avec l’androïde, mais l’ensemble manque de peps et s’éparpille. Allez, je vais me faire le sixième et dernier tome.
14/07/2022 à 17:32 1
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Récursion
9/10 2 novembre 2018. L’inspecteur Barry Sutton intervient pour empêcher Ann Voss Peters de se jeter dans le vide. En vain. Avant l’acte, la jeune femme fait part au policier d’un symptôme étrange : elle est persuadée d’avoir vécu une autre vie, dans le Vermont. S’agit-il d’une autre victime du mystérieux SFS – pour Syndrome des Faux Souvenirs – qui vont pousser d’autres individus à se suicider ? 22 octobre 2007. Helena Smith est engagée pour travailler aux côtés du richissime Marcus Slade, sur une plateforme perdue en plein océan, afin de mettre au point une technologie permettant d’enregistrer les souvenirs d’une personne. Les existences de Barry et d’Helena vont se croiser, parce qu’un procédé capable de modeler notre mémoire pourrait influencer notre passé collectif… de façon sidérante.
Blake Crouch a déjà séduit la télévision, avec sa série Wayward Pines adaptée sur le petit écran par Night Shyamalan. Ici, dès les premières pages, on bascule dans un univers tout aussi visuel et cinématographique qui n’est pas sans rappeler celui de Philip K. Dick ou du film Inception. Graduellement, avec beaucoup d’intelligence et de finesse, l’auteur nous fait basculer dans une intrigue formidable où il sera question des concepts d’espace-temps, de voyages dans le passé, de physique quantique et de paradoxes temporels. Enoncé ainsi, voilà qui risque de faire fuir nombre de lecteurs hermétiques à de tels concepts, mais il faut savoir que Blake Crouch, s’il maîtrise indéniablement ces sujets, il nous les expose de manière apaisée et empirique à mesure qu’il déploie son histoire. Jusqu’où sommes-nous capables d’aller afin d’essayer de rendre le monde meilleur ? Un sacrifice peut-il en éviter tant d’autres ? Toute décision fondée sur la bienveillance et l’altruisme conduit-elle nécessairement à un résultat satisfaisant ? Autant de questions philosophiques qui trouvent leurs réponses dans cet ouvrage vertigineux d’intérêt et d’esprit. Barry, en policier désabusé, dont la fille Meghan a été renversée par un chauffard et dont le mariage avec Julia a explosé en plein vol, et Helena, chercheuse motivée par la maladie d’Alzheimer qui ronge progressivement le cerveau de sa mère, composent des protagonistes crédibles et fort sympathiques, confrontés à une découverte scientifique absolument phénoménale. D’ailleurs, au-delà des enjeux moraux exposés, il y a une réelle trame policière, fantastique à tous les sens du terme, puisque cette invention sensationnelle va non seulement permettre de consigner des souvenirs, mais également de créer des lignes temporelles et de réécrire le passé. Certains auteurs ou réalisateurs s’y sont déjà essayé, mais Blake Crouch les surpasse par sa virtuosité scénaristique ainsi que par l’émotion dont il imprègne ses mots. D’ailleurs, le final est en soi remarquable : une magnifique juxtaposition d’une scène purement policière et d’une autre, plus sentimentale, qui se conclut de points de suspension, laissant le lecteur se forger sa propre écriture.
Un excellent thriller, brillamment imaginé et adroitement mené, et ponctué de justes réflexions sur la probité, l’amour, la famille. Un véritable festin de la première à la dernière ligne… mais tout cela s’est-il réellement produit ? Toujours est-il que le souvenir de cette lecture singulière nous marquera longtemps.12/07/2022 à 08:36 11
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Vinland Saga tome 6
7/10 L’affrontement entre Thorfinn et Thorkell reprend de plus belle, de façon brutale, même si ce graphisme et ce traitement si japonisant (cela n’a rien de méchant de ma part, c’est juste que l’univers viking n’avait pas à mes yeux à tant se laisser gagner par une esthétique à la « Ken le survivant ») me dérangent. Pendant ce temps, une scène inattendue et forte : comment la princesse parvient, même de manière éphémère, à convertir le guerrier berserker à un peu d’innocence et de paix. Retour au duel Thorfinn – Thorkell, où ce dernier raconte l’histoire du père du gamin, Thors, qu’il a bien connu par le passé et qu’il a cru un temps mort noyé. Un épisode clé avec beaucoup d’alliances qui se nouent à la fin, augurant d’un sacré virage scénaristique dans la série.
12/07/2022 à 08:33 2
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Les filles mortes ne sont pas aussi jolies
7/10 Marissa Dahl est monteuse pour le cinéma. Douée bien que marginale et solitaire, elle parvient à se faire engager pour le prochain film de Tony Rees, réalisateur sulfureux et plusieurs fois oscarisé. Mais sur l’Île de Kickout où se déroule le tournage, des incidents se produisent : une atmosphère lourde, des comportements belliqueux, une aura de mystère… Il faut dire que le film en question évoque l’assassinat non résolu, bien des années auparavant, de Caitlyn Kelly, alors âgée de dix-neuf ans, retrouvée morte sur la plage d’un hôtel de luxe. Le meurtrier de la jeune femme serait-il tenté de repasser à l’acte ?
Après Les Réponses, voici le deuxième ouvrage d’Elizabeth Little. D’entrée de jeu, le lecteur est secoué par le style de l’écrivaine : haché, émaillé des pensées intimes de Marissa, où le second degré et l’ironie foisonnent. Les chapitres sont d’ailleurs souvent séparés par des extraits d’interviews, postérieurs aux événements se déroulant dans le roman, tandis que le personnage central intrigue puis séduit. Cette jeune femme, décomplexée, parfois maniaque et au comportement proche de l’autisme dans sa relation aux autres, férue du septième art, multiplie les références cinématographiques, et n’a pas son pareil pour balancer des réparties bien senties, souvent très cocasses et caustiques, qui font merveille. Par exemple, sa relation avec Isaiah, son colosse noir, probablement ancien Navy SEAL, qui lui sert de protecteur sur les lieux du tournage, est un pur régal de décontraction et d’humour. L’histoire, intéressante, nous permet également de mieux connaître l’envers du décor, ses pratiques, les méthodes employées, les diverses professions à l’œuvre, ainsi que de nombreuses techniques tant de prises de vues que de montage. Sur un rythme plutôt lent qui sert le récit, avec une ambiance délicieusement anxiogène et ce huis clos sur un îlot du Delaware, Elizabeth Little nous régale, même s’il faut bien reconnaître que la chute n’est pas vraiment à la hauteur du roman. On aurait aimé être plus déstabilisé par l’identité du tueur – mais peut-être que ce manque de surprise vient du nombre finalement peu élevé de suspects – tandis que les mobiles retenus pour son acte ne sont guère étonnants non plus. Il n’en reste pas moins que ce livre au titre énigmatique et mémorable permet de passer un très agréable moment de lecture.
Elizabeth Little a probablement privilégié la forme au fond, mettant en scène une Marissa Dahl particulièrement atypique, pétillante et attachante, qui contraste avec un déroulé davantage ronronnant que rugissant. Néanmoins, ce roman demeure prenant et efficace, en se doublant d’un bel hommage au monde du cinéma.11/07/2022 à 08:08 1
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Barjoland
8/10 Les temps sont rudes pour Damien : il vient d’apprendre par un texto l’élection de Donald Trump et sa mère, Marlène vient de se mettre en couple avec Jacques Colvert, un pédopsychiatre qui anime une émission de radio, alors que son père n’est décédé que depuis trois ans. Pire : Marlène compte les faire emménager chez Colvert. Dans le même temps, un vent de révolte se met à souffler dans les crânes des amis de Damien qui a fermement décidé de venir à bout du nouveau compagnon de sa mère, en commençant par saboter son émission. Et leur professeur d’HG, Gallois, qui s’en prend au nouveau Président des Etats-Unis pendant ses cours au point de fortement irriter Santoro, le proviseur. Décidément, les mauvaises planètes étaient en train de s’aligner : et si on était à Barjoland ?
La plume de Jean-Luc Luciani, je la connais (j’ai déjà lu quelques-uns de ses autres romans), et je me suis fait plaisir en m’attaquant à cet ouvrage, présenté comme différent des autres, et paru dans la collection « Rester vivant » que j’apprécie également. D’entrée de jeu, effectivement, ce roman ne ressemble pas à ses autres écrits : un style plus tranché, barré, pour un univers davantage destiné aux ados qu’aux jeunes lecteurs. La lente descente aux enfers de Damien, miné par une société qu’il rejette en bloc et détérioré par le nouvel amour de sa mère – qui s’avère rapidement être un abruti de première, égocentré, possessif et plus attaché aux objets qu’aux êtres humains. Entre les deux, la tension va monter, d’incendie en internement en hôpital psychiatrique. Une vision désenchantée de l’adolescence presque autant que de notre monde, mais d’où jaillissent quelques traits d’espérance. L’ensemble est très agréable à lire, original et prenant de bout en bout, même si je regrette l’absence d’un élément que je n’ai pas encore cerné. Peut-être aurais-je préféré plus de noirceur, d’absurde, de pessimisme, ou alors une histoire mettant moins à l’arrière-plan des personnages qui auraient, selon moi, mérité une place plus large, comme Gallois qui s’éclipse de la scène trop rapidement alors qu’il aurait pu bénéficier de plus d’attention de la part de son géniteur littéraire. Bref, une lecture très estimable, indéniablement, mais avec un très léger goût d’inachevé.10/07/2022 à 08:40 1
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Au service secret de sa Sainteté
Pierre-Mony Chan, Jean-Luc Sala
7/10 Ça commence à Londres durant l’été 1939 où des prélats viennent avertir Sigmund Freud que son récent ouvrage a mis en colère le Vatican, mais les deux religieux finissent par choisir de ne pas empoisonner l’auteur. Retour au présent où Angelo Costanza et d’Agostino traque sur un chantier de fouilles l’Evangile selon Judas. Pas mal d’action à l’américaine (cf. la fusillade avec le bulldozer, ou avec le téléphérique), bien mise en scène, une esthétique sympa comme tout, et un côté divertissant indéniable, même si, comme assez souvent, certains passages sont trop forcés et perdent en crédibilité. Encore un jeu de mots lié à la saga James Bond pour ce second tome très plaisant.
09/07/2022 à 08:20 1
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Point de non-retour
Charlie Adlard, Robert Kirkman
7/10 Découverte de l’arsenal conservé dans cette résidence encore préservée des morts-vivants, mais aussi de la « phalange », une technique de combat qui permet d’épargner davantage le groupe que les individus isolés, donc moyennement altruiste. Et c’est aussi la découverte de l’envers du décor car, sous les apparences d’un lieu protecteur et apaisé, Rick va enrager de voir que l’on peut battre impunément les membres de sa famille, avec quelques explications apportées à propos de cet événement passé concernant le dénommé Alexander Davidson. Un tome à l’image du précédent, plus sage et moins violent, dont je retiendrai prioritairement la délation du prêtre et la confrontation finale, avec le sniper.
09/07/2022 à 08:16 2
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La Nuit du Jabberwock
9/10 Doc Stoeger, propriétaire du journal le Carmel City Clarion, a une vie pour le moins paisible. Lui-même journaliste, il participe à ce canard local qu’il boucle chaque jeudi. Des histoires sans intérêt, à l’instar de ce village de l’Illinois, Carmel, où il ne se passe jamais rien. Mais là, ce grand amateur de l’œuvre de Lewis Carroll, qui a autrefois publié un ouvrage et un article à son sujet, va connaître une nuit d’anthologie.
Fredric Brown, qui a déjà signé des romans majeurs comme La Belle et la Bête, La Fille de nulle part, ou encore Martiens, Go Home !, est un auteur important dont chaque incursion dans son œuvre est toujours un pur bonheur, et ce livre de 1950 ne déroge pas à la règle. On y découvre un patelin amorphe, presque anonyme, au sein duquel une nuit va se singulariser de manière vertigineuse. Notre malheureux Doc Stoeger, pourtant calme et très anodin, va être confronté à une série d’événements pour le moins singuliers. Jugez plutôt : un dénommé Yehudi Smith qui vient lui parler de son auteur fétiche qu’est Lewis Carroll, deux malabars aussi patibulaires que dangereux, un étrange braquage nocturne à la banque, une sombre histoire d’héritage… Lui qui pensait vendre son journal pour essayer de décocher son existence personnelle et professionnelle vers une trajectoire plus épicée, voilà qu’il est amplement servi, mais pas du tout comme il l’espérait. Fredric Brown jalonne son récit haut en couleur de références à Lewis Carroll (tout autant sa vie que ses ouvrages) ainsi que d’un humour de belle tenue et toujours pertinent. D’ailleurs, il y a bien des passages dans cet opus où l’on se demande où nous emmène l’écrivain : nous fait-il comprendre que Doc a définitivement basculé dans l’alcool et l’aliénation ? Est-ce un cauchemar vécu éveillé ? Serait-il le jouet de forces occultes bien décidées à le faire tourner en bourrique histoire de rigoler un peu ? Ou d’un complot plus prosaïque mais tout aussi périlleux ? Fredric Brown multiplie les fausses pistes, nous égare autant qu’il nous intrigue, avant de revenir dans les rails d’une énigme crédible et parfaitement maîtrisée, expurgée de toute notion surnaturelle, et ce pour notre plus grand bonheur.
Un tome excellent d’un bout à l’autre, court et entraînant, et si déjanté que les apparitions d’un Jabberwock, du chat du Cheshire et autres fantaisies de Lewis Carroll ne seraient en soi pas si farfelues. Et quand Fredric Brown termine presque ce roman avec « Mais le tabouret le plus proche était à des kilomètres, et des toves slictueux gimblaient dans les zoibes », cela ne nous surprend pas plus que ça. Une brillante immersion dans l’absurde, tout en conservant la colonne vertébrale d’un roman noir à l’ancienne particulièrement efficace. Un véritable exploit.07/07/2022 à 06:51 5
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Saga Valta tome 1
7/10 Valgar, venant de Valta, a aimé et mise enceinte Astridr, la fille du puissant Thorgerr, et c’est avec la naissance de Gunnar que commence ce premier tome. Thorgerr arrive alors et est mis devant le fait accompli : il considère Valgar comme un « bâtard ». Ce dernier n’est sauvé de l’un des hommes de son beau-père que par l’ingérence d’une créature, Ogerth-le-sinueux, qui remarque qu’il porte la fameuse lance de Jahell. Le monstre lui impose un pacte : la vie contre un mystérieux manteau rouge…
Une intrigue plutôt classique mais magnifiquement illustrée, bien menée et sans le moindre temps mort, avec quelques scènes de batailles bien sanglantes (cf. elle après l’arrivée des Dévoreurs dans le campement), pour une BD délassante et réussie.06/07/2022 à 18:54 1
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Projet Atalanta
6/10 Même si ce tome 5 reprend le côté mosaïque (du point de vue esthétique comme scénaristique) des précédents, il y a quelques scènes plutôt marquantes, comme le débarquement de ces droïdes de combat, cette ville sous-marine, le ballet de ces immenses raies mantas, etc. Toujours aussi paradoxale à mes yeux, cette série : elle est trop composite, vraiment pas mémorable, mais je continue à la suivre, également aussi par curiosité.
06/07/2022 à 18:54 1
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Un(e)secte
6/10 Une vieille femme dévorée vivante dans son rocking-chair, dans le Kansas. Atticus Gore, policier du LAPD, enquêtant sur la mort d’un journaliste à côté duquel on a trouvé des kyrielles d’insectes morts. Kat Kordell, détective privée, menant une investigation sur la disparition d’une jeune femme, dont le dernier SMS censé émaner d’elle mentionne sa sœur… depuis longtemps disparue. Comme on s’ne doute, ces deux pistes vont finir par se recouper.
J’aime beaucoup l’œuvre de Maxime Chattam, et j’ai été heureux de renouer avec celle-ci, depuis « Le Signal », qui ne m’avait pourtant pas entièrement convaincu. Ici, j’ai retrouvé le style de l’auteur, ses obsessions, son univers, avec environ 550 pages en cette version poche d’un page turner à l’américaine, empruntant les codes du thriller avec beaucoup de talent. Cette histoire, originale, a au moins ceci d’intéressant qu’à défaut d’être crédible, s’avère selon moi marquante, puisque je ne pense pas que beaucoup d’ouvrages fassent référence à des attaques de bestioles. Malgré l’épaisseur de l’opus, je l’ai dévoré en trois jours, et je ne boude pas ma satisfaction. Après, je dois reconnaître qu’il est loin d’être sans défauts (mais quel ouvrage peut se targuer de l’être ?) : les passages à tendance philosophique sur le consumérisme, l’écologie, l’avenir du monde, le capitalisme et tout ça, bon, c’est loin d’être idiot ou inintéressant, mais à force, les charges de Maxime Chattam finissent par lasser, et je me suis même demandé si certains passages n’auraient pas pu être copiés/collés dans d’autres de ses romans tant ça sent la rengaine routinière. Ah, et il y a aussi ce tic qui en devient agaçant tant il est répété (parfois un à chaque page) quand les personnages, quels qu’ils soient, s’interrogent ou ont des pensées traduites en phrases en italique. Je n’ai pas non plus accroché plus que ça aux deux protagonistes, assez lointains, et ce n’est pas en faisant d’Atticus Gore un enquêteur homosexuel (mais le final vient d’ailleurs peut-être nuancer cette inclinaison), amateur de metal ou fan de sa Mini qu’il l’extirpe des milliers et milliers de policiers littéraires. Bref, ils ne sont probablement pas assez marquants à mes yeux. Le dernier tiers du roman m’a laissé hermétique à son traitement, avec une belle dose de n’importe quoi, trop rocambolesque, trop hollywoodien (au sens négatif du terme), ou comment deux individus parviennent à mettre un terme beaucoup trop facilement à un complot intercontinental sans vraiment en baver. Et puis, je ne suis pas spécialement fan des théories complotistes, et ici, j’ai été servi : ces Enfants de Jean, EneK, les SDF utilisés comme cobayes, la secte secrète alors que son complexe est monumental, les expérimentations, les laïus d’Edwin Kowalski à faire passer ceux du Spectre de James Bond pour des conciliabules d’écoliers, sans façon, ça n’est vraiment pas ma came.
Bref, un roman qui distrait, se laisse très agréablement lire, mais tire beaucoup trop sur la corde de la vraisemblance pour ne pas se déliter puis rompre. J’ai passé un agréable moment de lecture, j’en conviens très honnêtement, mais ça ne me marquera pas plus que ça. Je demeure nostalgique des premiers ouvrages de Maxime Chattam et resterai au rendez-vous d’autres œuvres de cet écrivain que j’aime beaucoup, mais je dois reconnaître qu’il se gâche un peu, à mon sens, dans des délires capillotractés.05/07/2022 à 18:34 3
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Réunion d'anciens ennemis
7/10 Convié à une réunion d’anciens étudiants avec sa femme, Rita, ce si cher Dexter retrouve Steve Gonzalez, un individu qu’il avait connu par le passé, « un vieux cauchemar » comme il le dit lui-même… et qu’il avait déjà failli tuer. Le hic, c’est que l’homme que Dexter vient tout juste d’assassiner, Arthur Bleek, travaillait pour Gonzalez. Rapidement, le comportement du bras droit de Gonzalez, Deveaux, intrigue et inquiète, tandis qu’un cocktail Molotov jeté sur le véhicule de Dexter et de sa partenaire vient confirmer que « quelque chose cloche ».
Même si je ne suis pas spécialement fan de ce type de graphisme, quel plaisir de retrouver ce célèbre tueur en série / médecin légiste au gré de cette intrigue bien menée et prenante, avec de multiples ingrédients bien trouvés et surtout bien exploités : une entreprise caritative (« The New Hope Foundation »), des penchants BDSM, taupe du FBI, de l’esclavage humain… Dommage que quelques éléments dans le final soient un peu capillotractés (l’outil justement à portée de main de l’un des séquestrés) et un poil expédiés, ou que l’épilogue rappelle aussi furieusement l’œuvre de Thomas Harris (peut-être est-ce un clin d’œil complice, une sorte de référence). Mais globalement, c’est efficace et particulièrement distractif.04/07/2022 à 20:03 1