Ash House

(The Ash House)

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  • 8/10 Ash House : littéralement, « la maison de cendres ». C’est là où arrive un adolescent rapidement baptisé Sol par les autres pensionnaires. Un étrange manoir, inquiétant et drapé d’une sombre ambiance, où les matériaux traditionnels se mêlent à la végétation et aux cendres. En tout, une quinzaine d’enfants y vivent, sans la présence du moindre adulte. Il y a bien le Directeur, mais nul ne l’a vu depuis trois ans. Quant au Docteur, son aura sinistre en intimide plus d’un. Sol, d’abord surpris, constate aussitôt que des secrets sont enfouis en ces lieux : une clôture qu’il ne faut franchir à aucun prix, des créatures – les Shucks – qui rôdent, des drones déployés dans le ciel, des mots courants – « parent », « école », « film » – qu’aucun de ces adolescents ne connaît, une fillette qui a disparu et dont nul n’est autorisé à parler… Et Sol n’est pas au bout de ses surprises.

    Unique ouvrage de Angharad Walker, ce Ash House surprend aussitôt, en même temps qu’il ensorcelle. Une atmosphère pesante et menaçante, un manoir digne des textes d’Edgar Allan Poe, des orphelins soumis à un Directeur pourtant absent, des exigences morales sibyllines – les « Obligeances » et les « Désobligeances », le concept de maladie qui met en émoi les occupants des lieux… Il faudrait une longue liste pour répertorier tous ces éléments d’appréhension et de panique qui sont semés dans ce livre. Très habilement, Angharad Walker laisse croître les doutes du lectorat, ses effrois, ses interrogations, et le récit recèle de nombreux rebondissements et autres passages anxiogènes. Par exemple, la fuite de Dom et son combat contre les Shucks est un petit bijou de sensations fortes. Sol, miné par des douleurs vertébrales et expédié dans des conditions brumeuses dans ce foyer pour en guérir, ira de surprises en révélations, d’autant que le cortège des adolescents présents à ses côtés constituent autant d’alliés comme d’adversaires potentiels. Et puis, il y a cet amoncellement de secrets, de vérités cachées, de ouï-dire, de présomptions, de suspicions larvées. Sur trois cents pages, l’écrivaine nous propose une immersion haletante dans un univers sombre et décalé, à la lisière du roman à suspense et de l’irréel, qui secoue et oppresse. Et l’épilogue est à la hauteur du livre et de son enchevêtrement d’incertitudes : il est en quelque sorte très ouvert. Angharad Walker a-t-elle souhaité laisser chaque lecteur se forger sa propre opinion sur les maléfices de cette surprenante habitation ? A-t-elle songé à en rédiger une suite ? A ces questions, comme dans la conclusion de son ouvrage, aucune réponse certaine.

    Un roman poisseux et pénétrant, où se propagent autant d’ombres et de mystères que dans la tête du lecteur une fois l’opus terminé. A coup sûr, une histoire qui marque autant qu’elle interroge.

    02/05/2022 à 06:57 El Marco (3434 votes, 7.2/10 de moyenne) 2