3484 votes
-
L'Homme sans souffle
6/10 Une histoire atypique où, au cours d’une dispute dantesque avec sa femme, un homme – le narrateur – en vient à perdre son souffle, comme l’indique le titre. Est-il époumoné ? Fatigué ? Atteint d’une maladie pulmonaire ? Rien de tout cela : il a littéralement perdu son souffle. Tout cela va le conduire à de nombreuses péripéties, dont des coups reçus, amputé, éviscéré, pendu, avant de revenir à la vie à la faveur d’un étrange commerce. Un récit assez étrange, bouffon par certains aspects, comme d’habitude chez Edgar Allan Poe confit de références historiques et littéraires (Zopyre et Epiménide, entre autres), avec quelques jeux de mots (l’un de ses interlocuteurs s’appelle M. Soufflassez tandis que le narrateur est appelé par ce dernier M. Pasdesouffle), s’achevant sur une morale intéressante sur la religion et l’espèce de troc que les Hommes peuvent avoir à son égard. A mes yeux, rien de bien transcendant ni mémorable, seulement un agréable moment passé à lire cette – forte courte – nouvelle au ton plaisamment facétieux.
20/03/2022 à 17:57
-
Me And The Devil Blues tome 2
8/10 Robert Johnson continue son périple à travers l’Amérique. Ce deuxième tome commence avec quelques images hallucinées, comme cette scène de lynchage ou cette main pourvue de dix doigts. Un graphisme toujours aussi fort, nerveux et parfois fantasmagorique, avec une violence présente mais muselée. Mise à part la scène d’adultère à l’ouverture, un rythme très calme mais, comme les mesures d’un bon vieux blues, le charme opère, l’attention est aimantée, pour un régal de lecture d’un bout à l’autre.
20/03/2022 à 17:57
-
Le Cabochon d'émeraude
8/10 La princesse Olga narre à ses amies comment elle a fait la rencontre du grand Arsène Lupin alors que Maxime Dervinol nourrissait pour elle un fort amour, le fils d’un banquier qui avait escroqué la princesse avant de se suicider en prison. C’est en présence de Maxime, dans le salon où elle se remémore ce passé, que son cabochon d’émeraude a disparu, d’une valeur de quatre-vingt mille francs. C’est Arsène Lupin, sous une fausse identité, qui va retrouver le bijou.
Une nouvelle assez curieuse dont il est presque impossible de parler sans dévoiler le final, inattendu. Une écriture élégante, à peu près autant que ne l’est notre gentleman cambrioleur qui, non seulement va agir gratuitement mais va accepter de se montrer galant en ne volant pas cette fameuse émeraude. Quant à la résolution de l’énigme, m’attendant à un autre ressort ou à une ficelle déjà employée ailleurs, même si elle peut effectivement décevoir, paradoxalement, elle m’a d’autant plus plu qu’elle est innovante et inattendue, s’appuyant sur un déclic imprévu, et aussi sur un domaine fort peu fouillé en littérature policière, je pense. Bref, un moment savoureux en raison de ce final dont je me souviendrai fort longtemps.16/03/2022 à 20:27 1
-
Un Million d'hivers
4/10 Troisième tome de la série qui commence dans un paysage hivernal et neigeux, et ses camarades se désespèrent encore de la disparition de Yann. Mais les défauts s’enchaînent de nouveau à mes yeux : un manque continu et un chouia désespérant d’originalité (la BD date de 2015, il n’a même pas l’excuse de son ancienneté…), la disparition de Yann ne signifiait évidemment pas sa mort (là, on n’est plus dans le téléphoné mais dans le poncif assez plat et facile), même le piège tendu au drone évoqué dans le résumé n’apporte rien (genre épiphénomène sans le moindre intérêt et déjà exploité maintes fois auparavant, l’image me venant aussitôt à l’esprit étant issue du film « Predator » qui date de… 1987), et autre compilation de scènes déjà lues ou vues des centaines de fois. Heureusement que le graphisme est agréable et que la dizaine des dernières planches est plutôt effrénée avec la promesse d’une infiltration au sein du repaire des robots ennemis, sans compter le fait qu’il ne reste plus qu’un tome à cette série qui commence à me décourager…
13/03/2022 à 20:38 1
-
Parasite Reversi tome 3
7/10 … où il est rapidement question d’un Sredni Vashtar, une sorte de divinité qui serait le leader des créatures. Ce troisième tome s’intéresse davantage à ces bestioles tandis que la police enquête sur l’une de ses dernières victimes alors que le modus operandi du meurtrier intrigue sacrément (une seule plaie thoracique mais un cœur découpé en morceaux à l’intérieur du corps). Ichinose, le nouveau collègue de Fukami, va faire une apparition éclair mais marquante. Fukami comprend le talent si particulier de Tatsuki alors que la menace d’une prédation à très grande échelle émerge. Un peu moins dynamique que les précédents opus, certes, mais l’intrigue se creuse et l’ambiance demeure agréablement efficace et inquiétante.
11/03/2022 à 15:23 2
-
Alice in Borderland tome 4
9/10 Huitième jour à Borderland. Alice et sa nouvelle accompagnatrice Yuzuha cherchent à rejoindre la plage, et ils tombent sur une immense piscine associée à un hôtel de luxe et fréquentée par de jeunes gens en joie, un lieu qu’ils pensent être une sorte d’utopie et dirigé par Takeru Danma qui se surnomme « Le Chapelier ». Une sorte d’oasis nichée au milieu de cet environnement de cauchemar, de sang, de jeux mortels. Mais cet endroit paradisiaque a son revers : il faut partager toutes les cartes acquises dans une sorte de pot commun, ou alors c’est la mort des traîtres. Et que dire de ce « Groupe 2 », des guerriers bien tarés qui prennent leur pied en affrontant des animaux sauvages… Un quatrième opus vraiment bien troussé, anxiogène, habile, zoomant sur les jeux de pouvoirs et autres manipulations au sein de cet asile qui est beaucoup plus bancal et malveillant que prévu. Le final laisse nos deux protagonistes en bien fâcheuse posture, avec un suspense acéré. Ce que j’aime aussi énormément, c’est le fait que chaque tome est si différent des précédents tout en restant bien ficelé, angoissant et hautement addictif en attendant le shot du prochain opus.
10/03/2022 à 19:39 2
-
Trace tome 2
7/10 Retour, vingt ans auparavant, sur une tuerie qui a atrocement touché la famille Minamoto : trois meurtres et le suicide du fils aîné ainsi incriminé, d’autant qu’il a laissé une lettre testamentaire en ce sens. Seul Reïji, huit ans, le fils cadet a survécu à cette boucherie mais il n’a jamais cru en cette version des faits. De nos jours, c’est le corps d’une jeune femme que l’on découvre, mutilée. C’est le compagnon de la victime qui est suspecté mais les preuves manquent et c’est sur cette affaire que Reïji Mano, qui travaille désormais comme analyste de scène de crime, qui doit mener les investigations avec son équipe. Une première partie assez réussie, ressuscitant l’esprit de la série des « Experts » avec cette affaire simple mais efficace et crédible. La suivante, autour de la personnalité de la laborantine, est moins intéressante même si elle pose un personnage de la série. Enfin, la dernière, avec la découverte d’un pendu, possiblement l’auteur d’un matricide, et s’achève avec la découverte d’un cadavre en nette décomposition, n’est qu’entamée. Au final, ce tome me plaît davantage que le précédent, proposant des histoires prenantes et des détails techniques intéressants.
10/03/2022 à 19:14 1
-
Hélius
Jerry Frissen, Peter Snejbjerg
6/10 La Lune, sur la base Ralph Milne Farley, le 7 février 2017 : un grutier commet un impair, laisse tomber une grosse caisse, et réveille une créature extraterrestre. Depuis, plus la moindre nouvelle du millier d’hommes qui s’y trouvaient. Arrive sur scène un personnage mystérieux, Hélius, qui semble méconnaître des éléments fort communs comme un avion ou la Floride, mais dont le rôle va s’avérer central. Un graphisme assez simple, sans fioriture mais efficace, au service d’une histoire également classique mais plutôt prenante même si assez bizarroïde pour le moment (entre Alien et humanoïdes, êtres hybrides et zombies) qui nous fait voyager à la fois dans le monde comme dans le temps. Je ne suis pas particulièrement fan de ce qui s’apparente, avec ce premier tome, à une BD volontairement de série B, presque parodique à mes yeux, mais je suis curieux de voir vers quoi s’acheminent les deux tomes suivants.
10/03/2022 à 19:01 1
-
Vinland Saga tome 5
7/10 Thorkell es sur le point de perdre son « pari » après avoir pris fait et cause contre ses propres compatriotes puisque le Danemark pourrait sous peu envahir et posséder l’ensemble du Royaume anglais. Mais quand il entend parler d’une troupe qui correspond très probablement à celle de Thorfinn qui l’a amputé de plusieurs doigts, il part sur place sur-le-champ. Ragnar, sévèrement blessé, confie à Askeladd les divisions à la tête de l’Etat. Un début un peu lent peut-être, mais l’affrontement psychologique, et presque à distance entre les deux clans, tient toutes ses promesses, sans compter les combats dans le dernier tiers, violents et bien sauvages, même si je regrette encore une fois leur esthétique et esprit proche de « Ken le survivant ».
09/03/2022 à 18:29 3
-
Je m'appelle Requiem et je t'...
8/10 Il s’appelle Estéban Lehydeux, mais vous pouvez le désigner sous son sobriquet de « Requiem ». Un curé, oui, en effet. Du genre beau gosse, costaud et surtout, toujours prêt à dégommer du malfaisant. Un moine-soldat ? S’il n’était que bagarreur, ça pourrait éventuellement passer, mais voilà : il aime aussi l’alcool, le sexe, les gros mots, et c’est avec cette même ferveur qu’il n’hésite jamais à se fourrer dans des histoires pas possibles. Ici, c’est la belle Martine, professionnelle de la galipette, qui lui demande de l’aide, parce que des tarés lui ont demandé de tourner dans un film porno avec des enfants. Et Requiem n’est pas du genre à pardonner ce genre d’écart.
Ce premier opus de la série consacrée à Requiem pose le ton dès le prologue : ça va être gras et dynamique. Vous aimez la finesse, le lyrisme, la subtilité ? Passez votre chemin. Requiem, ce dur en soutane, c’est un hybride : il est le fils littéraire de Stanislas Petrosky, mais il tient tout autant de Frédéric Dard, de Michel Audiard, de Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, ou encore de certains écrits de Maxime Gillio. Un individu féroce, déroutant, au verbe haut, enfiévré et licencieux, mais pour lequel on ressent rapidement de l’empathie. Et voilà que cette grenade humaine dégoupillée du goupillon en vient à se frotter à un réseau pédopornographique : imaginez bien qu’il ne va pas faire dans la dentelle. Notre lascar va se retrouver au volant de la Ford Mustang conduite par Jean-Paul Belmondo dans Le Marginal, jouer du Desert Eagle, baffer du gougnafier et même payer chèrement de sa personne. Indéniablement, voilà un ouvrage qui divise : ça claque, ça déglingue, ça s’envoie en l’air, ça multiplie les jeux de mots – parfois volontairement foireux. Stanislas Petrosky, tout à sa gouaille décomplexée, aligne aussi les notes de bas de page, s’adresse directement au lecteur, et jamais, ô grand jamais, ne se prend au sérieux. D’ailleurs, on remarque rapidement que l’intrigue a l’épaisseur d’une limande prise en étau entre deux sous-marins nucléaires, les personnages tiennent du cliché ambulant, et certains passages sont ouvertement des prétextes à galéjades, parties de jambes en l’air et autres confrontations musclées. Mais on pardonne bien volontiers à Stanislas Petrosky ces facilités pour une raison magistrale : on se marre. La forme l’emporte sur le fond, la décontraction sur l’absence de crédibilité et d’originalité, et les moins de deux cents pages passent si vite qu’on en vient presque à regretter la concision de l’ensemble. Mais pas de panique : il y a encore cinq autres tomes à cette série, le dernier, Sur des Breizh ardentes, est d’ailleurs paru chez Eaux troubles en début d’année. En revanche, un carton rouge clignotant pour les fautes d’orthographe et autres coquilles, surnuméraires comme ça n’est guère permis dans cet opus !
Un roman sévèrement décoincé, sans réel égal dans le monde littéraire actuel, où Stanislas Petrosky fait feu de tout bois pour notre plus grand plaisir. Avec Requiem, voilà un protagoniste atypique qui, à défaut de pallier la crise des vocations dans le personnel catholique, ralliera à lui les ouailles gourmandes de boutades et de récits qui défoulent. Amen.09/03/2022 à 07:01 6
-
The Fable tome 2
7/10 Le patron de Fable et de sa complice leur ordonnent d’acheter un animal de compagnie, et ils retrouvent à l’animalerie leurs deux bastonneurs avant d’acquérir un caïque à tête noire. Le bras droit du boss veut s’assurer que Fable est bien ce tueur à gage si célèbre en le faisant affronter un ancien catcheur tandis que Youko est draguée par l’un des hommes de main, Takahashi, à la demande de ce même bras droit. Fable fait rapidement la démonstration de son talent tandis que Youko passe un bon moment de rigolade avec son accompagnateur complètement bourré. Un graphisme toujours aussi particulier et un ton très agréable, avec des dialogues qui font mouche et une ambiance prenante.
08/03/2022 à 19:32 1
-
Meurtre avec (pré)méditation
8/10 Aslan Kennedy tient, avec son épouse, un centre de remise en forme à Sainte-Marie, une île des Caraïbes. Dans ce qui est appelé « Espace de Méditation », il est avec cinq autres personnes, presque des patients, heureux de recevoir des soins d’ordre zen. Mais un drame a lieu : Aslan est assassiné de plusieurs coups de couteau, et c’est Julia Higgins, l’arme dans la main, qui s’accuse aussitôt du crime. Le cas est presque résolu sur-le-champ, sauf que l’inspecteur-chef Richard Poole n’aime pas ça, les affaires trop évidentes…
Si le cadre ou le nom de Richard Poole vous disent quelque chose, c’est normal : c’est en effet à Robert Thorogood que l’on doit la série télévisée Meurtres au Paradis. Ici, sur un scénario jamais porté à l’écran, on retrouve donc cet enquêteur so british, transplanté dans le décor idyllique des Caraïbes, attaché à son élégance vestimentaire et au soin presque maniaque de sa maison, mais qui ne s’est toujours pas fait à ce lieu. Tout y est « trop » : le climat chaud, la nourriture épicée, la faune locale envahissante (notamment Harry, ce lézard vert). Et « trop », c’est aussi ce qui caractérise cet assassinat dès lors qu’on l’y adjoint l’épithète « facile ». En limier pugnace et perspicace, Richard – que l’on ne s’étonne guère de l’appeler par son prénom tant il est rapidement sympathique – va se démener pour s’assurer qu’il n’y a pas eu une manipulation. Les rebondissements seront fort nombreux, depuis la découverte du passé d’escroc d’Aslan, expert de la pyramide de Ponzi, à ceux de quelques-unes des personnes présentes à ses côtés dans ce cabanon fermé de l’intérieur, en passant par d’autres découvertes habiles et inattendues. On se régale de la décontraction de l’ouvrage, où Richard est parfois inénarrable, comme son effroi lorsqu’il découvre un morceau joué à la flûte de Pan, la scène où il tient, très fier, un ballon gonflé à l’hélium avant de se lancer dans une démonstration scientifique, son embarras de quadragénaire n’ayant visiblement jamais pratiqué l’acte sexuel, ou son entêtement à vouloir comprendre la raison de la présence d’une punaise sur les lieux du crime. Il flotte, tout au long de ce livre, un humour exquis, délectable, tant appréciable en ces temps de thrillers poisseux et outranciers et, même si l’on peut reprocher à l’écrivain quelques dialogues agaçants (des « Quoi ? » et autres « Comment ça ? » surnuméraires), Robert Thorogood nous charme avec cette intrigue très bien conçue, réservant notamment un clin d’œil appuyé à Agatha Christie tout en sachant, dans l’épilogue, fournir une résolution originale et très crédible de ce meurtre en chambre close.
Un roman délicieux et fort distrayant, que l’on savoure d’un bout à l’autre. Voilà qui donne très envie de se jeter sur Falaise fatale, l’autre ouvrage consacré à Richard Poole et également paru chez J’ai lu.08/03/2022 à 06:47 1
-
Moi, Jolan
7/10 Ayant quitté sa famille, mais « surtout et définitivement son enfance », retombe sous la coupe du magicien au masque de fer, Manthor, qui avait sauvé son père. Mais il va devoir passer des épreuves en compétition avec d’autres adolescents de son âge. Pendant ce temps, sa mère, Aaricia, s’en va rencontrer une sorcière, Mahara, afin de savoir ce qu’il va advenir de Jolan. Un opus plaisant, aux nuances de couleurs toujours aussi attrayantes, pour une double intrigue, assez dynamique en ce qui concerne les ados, et intéressante pour la quête d’Aaricia qui va apprendre une incroyable nouvelle quant à l’un des protagonistes de la série.
07/03/2022 à 17:05 2
-
Mafioso
9/10 New York, août 1947. On découvre dans l’hôtel Palmer situé à Manhattan quatre cadavres, des personnes atrocement assassinées à l’arme blanche. Le suspect est évident : Thomas James Talbot. Un Noir, amateur de magie vaudou. Son père, Michael, plus de soixante-dix ans, ancien détective privé, ne croit pas du tout à cette version. Il demande l’aide d’Ida Davis, également détective privée avec laquelle il a longtemps travaillé, notamment dans l’agence Pinkerton. Dans le même temps, Gabriel Leveson a amassé suffisamment d’argent grâce aux champs de courses pour partir au Mexique avec sa nièce Sarah. Mais la mafia qui l’emploie lui demande de retrouver deux millions de dollars que Bugsy Siegel aurait dérobé à la pègre lors de la construction du Flamingo, le casino de Las Vegas. Un point commun entre ces deux affaires va lentement apparaître : un homme, Faron, un tueur à gage psychopathe qui avait violé la sœur de Gabriel avant que cette dernière ne se défenestre.
Après Carnaval et Mascarade, voici le troisième volet de la quadrilogie consacrée au City Blues Quartet, et ce n’est qu’un euphémisme que de dire que ce tome est au moins aussi bon que les précédents. Pourtant bien épais, ce livre de Ray Celestin séduit dès les premières pages, dès les premières lignes : « Venez voir tous ces vampires. Regardez-les traîner sur Times Square. Regardez ce grouillement empressé sous l’orbe des étoiles ». L’auteur nous balade dans le New York de l’immédiat après-guerre, développant sa puissante et envoûtante connaissance de la Grosse Pomme à travers une multitude d’anecdotes architecturales, musicales, cinématographiques, littéraires, géographiques et historiques. On a coutume de dire qu’un écrivain s’est beaucoup documenté, mais ici, évacuons le terme de « documentation », trop négligeable par rapport à ce qu’a accompli Ray Celestin. Dans le même temps, c’est aussi une incroyable radioscopie de la mafia italienne, maîtresse à peine masquée de New York, du pouvoir américain et de ses arcanes, entre luttes de pouvoir, coexistence de familles disjointes et coups bas pour récupérer l’entièreté de la main sur la ville. On voit défiler de nombreux personnages authentiques dans ce livre (et pas tous liés à la mafia), comme Dean Martin, Frank Sinatra, Louis Armstrong, Charlie Parker, Stanley Kubrick ou Ronald Reagan, sans parler de certains pontes eux-mêmes de la grande criminalité. Il est très intéressant de voir comment la mafia a réussi à infiltrer les milieux du cinéma, notamment sous prétexte de lutter contre l’influence des syndicats, ainsi que le port de la ville au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Parallèlement, l’intrigue est diablement bien construite, et les six cent trente pages de cet opus particulièrement bien écrit et profond permettent de déployer une structure dédaléenne, riche et passionnante, qui feront remonter nos trois protagonistes jusqu’à un épisode du passé que certains aimeraient tant conserver secret. Beaucoup de noirceur, de suspense, d’action dans cet ouvrage éblouissant, sans oublier l’émotion : certains passages se révèlent poignants, comme les relations tumultueuses entre Michael et son fils, ou encore un détail physique de Sarah qui va déboucher sur une révélation étourdissante.
Quelque part entre le thriller et le roman noir, Ray Celestin nous livre ici un roman d’une somptueuse complexité et d’une magnifique densité humaine. Un pur joyau d’ébène, à lire absolument.04/03/2022 à 08:11 6
-
Silence
6/10 Une histoire assez étrange, où l’on ne comprend qu’à la fin qu’il s’agit d’un conte. Des descriptions à la fois belles et en même temps agaçantes (cette surabondance de « et… ») tandis que la nature finit par ployer sous le silence. Mais l’ensemble ainsi que les probables références (l’homme en toge, le rocher, le démon, etc.) s’est montré un peu trop ésotérique à mes yeux.
03/03/2022 à 18:59 1
-
Échappe-toi du musée
8/10 Après Echappe-toi des catacombes et Echappe-toi du cimetière, vous incarnez Alex, et vos amis, les « Escape Geeks », sont Bérénice, Karim, Romain et Yun. Lors de votre dernière aventure, vous avez mis la main sur une clef USB que vous ouvrez au CDI de votre collège qui vous indique que la prochaine étape sera le Musée du Louvre. Une fois de plus, vous allez devoir utiliser vos petites cellules grises au sein des différentes galeries de ce lieu emblématique afin de poursuivre la secte Odal… et de vous échapper !
Fabien Clavel reste aux manettes de cette série de livres fondée sur le principe des « escape games », et ce avec beaucoup de talent. Le principe demeure simple mais hautement efficace et addictif : des énigmes à résoudre, des personnages dont chaque caractère peut constituer une clef, des actions à réaliser, des objets à employer, et des choix à réaliser. Afin de satisfaire le lectorat assez jeune auquel se destine cet ouvrage, l’auteur panache les devinettes plutôt simples comme les arcanes plus corsés. Certaines de ces énigmes demanderont de l’observation, d’autres quelques compétences en mathématiques, et Fabien Clavel se paie le luxe – bienvenu – d’ajouter quelques notes d’humour où certaines résolutions feront bien sourire voire rire, même si c’est juste histoire de tester les multiples directions possibles. Nous avions déjà beaucoup apprécié Echappe-toi du cimetière, et cet opus est au moins de la même qualité, voire un cran au-dessus. Un petit régal de réflexion et de distraction qui, aussitôt achevé, ne demande qu’à être recommencé depuis le début pour découvrir des chemins alternatifs.
Une série très réussie et prenante, et ça tombe bien : on sait déjà que Fabien Clavel et l’éditeur Rageot ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin !02/03/2022 à 07:01 2
-
L'Île sans nom
Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt
7/10 Comme l’indique le titre, Takeo est de retour sur l’Île sans nom, à la recherche de son frère Akio, tandis que le début de cette BD nous permet de faire connaissance avec un redoutable bretteur, Shobei. Takeo arrive dans un village qui semble festif mais est en fait la proie de maladies ainsi que d’une bande de yakuzas qui prélève une fois par an une dîme qui ne fait qu’amplifier la misère de ces malheureux. Un opus toujours aussi bien dessiné et efficace, se concluant sur l’amorce du tournoi qui va donc voir s’opposer Takeo et Shobei.
01/03/2022 à 19:32 2
-
Le sang du Loonois
Sylvain Cordurié, Alessio Lapo
5/10 Une histoire prenant pied du temps d’Arthur et de ses chevaliers : le début panache combat entre cavaliers et une sacrée rixe entre des naïades façon elfiques. Une esthétique particulièrement léchée tandis que l’on suit ces personnages féminins user de magie et de persuasion pour prendre le pouvoir. L’ensemble est agréable et distractif, mais le scénario m’a déçu : pas assez évident, trop évanescent, guère mémorable, finalement. Je verrai si je vais lire les deux autres opus.
28/02/2022 à 16:55 1
-
Chasseurs de robot
6/10 Retour dans cet univers postapocalyptique où des gamins sont obligés de chasser des rats pour les manger et donc se nourrir (première scène). Ça commence de manière plus dynamique que le précédent tome (peut-être était-ce volontaire afin de planter le décor), avec S.A.M. qui réapparaît en affrontant une sorte d’immense scolopendre robotique. Le reste de l’histoire s’articule justement autour de l’amitié naissante entre Yann et S.A.M. tandis que les camarades de l’adolescent se demandent si cet androïde est digne de confiance. Un ton plus énergique pour une BD qui ne propose toujours rien de révolutionnaire mais se révèle sympathique (mais sans plus) à suivre.
27/02/2022 à 20:31 1
-
Après l'homme...
5/10 Dans un univers postapocalyptique, des ados tentent de survivre dans les décombres d’une vaste cité où des robots immenses sèment la terreur. Leur seule retraite : les souterrains et égouts par centaines. Un curieux mais agréable cocktail du point de vue graphique, qui panache l’esthétique japonaise du manga, quelque chose de beaucoup plus occidental (un indice : tous les prénoms des mômes sont à consonnance française, ou au moins européenne) et une fluidité digne des animes. Vraiment rien de transcendant du point de vue du fond avec un schéma classique et des éléments déjà lus ou vues maintes fois ailleurs, donc pas grand-chose de véritablement croustillant à se mettre sous les dents mais ça se laisse lire, sans plus, jusqu’à l’apparition de ce robot qui semble vouloir aider nos jeunes protagonistes. Ah, un détail irritant : le fait de mettre quasiment un mot sur quatre en gras. C’est trois fois rien mais ça n’apporte rien sinon de taper gentiment sur le système…
27/02/2022 à 18:57 1