El Marco Modérateur

3710 votes

  • La Belle et le loup 1/2

    Jenny, Patricia Lyfoung

    6/10 Après le thème du vampire dans les deux derniers tomes, voici à présent celui du loup-garou : une guérisseuse vient d’être agressée par une créature immense à mi-chemin entre l’homme et le loup. Maud et Guilhem sont aussitôt confrontés à ce monstre et ne se tirent de ce combat que grâce à une intervention extérieure. Tous les éléments attendus (de la balle en argent aux pièges aux résultats infructueux en passant par le bel homme potentiellement loup-garou) sont présents, dommage que cette BD n’essaie pas de tirer son épingle du jeu sur ce thème et préfère accumuler les clichés du genre. Une lecture agréable mais sans plus.

    21/12/2022 à 08:16 1

  • Seule la haine

    David Ruiz Martin

    9/10 Larry Barnay, psychanalyste, est retenu prisonnier dans son cabinet. Son séquestreur n’est qu’un ado de quinze ans, Elliot, qu’il rend responsable du suicide de son frère aîné, Simon. Mais Elliot est armé, déterminé, et avec un immense appétit de vengeance. Débute alors un échange entre ces deux protagonistes, avec force révélations… et d’incroyables rebondissements.

    Avec ce roman qui est déjà son cinquième, David Ruiz Martin nous régale. Et nous marque. L’exercice littéraire du huis clos est périlleux, au risque de rendre l’ensemble artificiel et longuet. Ici, ça n’est assurément pas le cas. Narré par Larry Barnay, le récit est immédiatement prenant. Grâce à une plume absolument excellente, offrant à nos duettistes une réelle densité humaine, on bascule dans une histoire dont on se doute qu’elle sera noire et asphyxiante. Graduellement, Elliot s’ouvre sur ses maux et explique comme son frangin a basculé, notamment en raison de deux adolescents surnommés Brad et Sam. Des monstres. De la graine de violence, harceleurs, incendiaires, commettant des atrocités au sabre sur des animaux avant de s’en prendre à de jeunes filles. Les abominations coulent des lèvres d’Elliot, emportant le lecteur dans un maelström d’horreurs, indicibles, insoutenables. David Ruiz Martin relate ces faits avec froideur, comme un entomologiste épingle des insectes sur une planche de liège. Il n’a nullement besoin d’émettre le moindre jugement, la plus élémentaire des morales : les faits parlent d’eux-mêmes, et l’on ne peut qu’être de fait effrayé. Mais là où l’ouvrage déroute, pour notre plus grand plaisir, c’est que l’auteur n’est pas que le metteur en scène de violences malheureusement ordinaires et barbares : c’est aussi, à sa façon, un illusionniste. On pensait avoir tout compris avec cet inventaire de déviances ? Perdu. La fin du chapitre 20 – environ la moitié du roman – rebat les cartes avec talent. Un rebondissement remarquable et qui n'est que le début de nombre d’autres. Dès lors, il faut s’attendre à être constamment surpris et désorienté puisque c’est une cascade de twists qui nous attend. Une série de manipulations mémorables qu’il serait grossier et maladroit de divulguer, mais qui portent indéniablement le sceau d’un écrivain habile, nous forçant à regarder l’une de ses mains pendant que l’autre nous prépare déjà un tour renversant. Et quand le livre s’achève, le lecteur, même chevronné, est à la fois éberlué de s’être ainsi fait prendre et étonné qu’un texte aussi court puisse porter en son sein autant d’intelligence et de noirceur. Il se paie en outre le luxe d’interroger avec pertinence nos consciences et les choix qui peuvent nous éclairer ou nous plonger dans les ténèbres.

    Un ouvrage particulièrement réussi et maîtrisé, prestidigitateur et suffocant.

    20/12/2022 à 08:19 3

  • Terres profondes

    Patrick S. Vast

    8/10 Août 1978. Dans un village de l’Ardèche, quatre hippies se sont installés dans une maison, et ce serait un pâle euphémisme que de dire que leur présence pose problème aux autochtones. Ils sont jeunes, chevelus, excentriques, et ils déparent avec leurs mœurs enjouées. Au cours d’une nuit, on entend des coups de feu et ces hippies disparaissent. Quarante ans plus tard, Jack Sellier, policier en disponibilité et auteur de thrillers, pose ses valises dans ce même village pour écrire. Il est rapidement mis au courant de ce qui s’est déroulé par le passé, sans encore savoir qu’il va réveiller des spectres que l’on pensait enterrés à jamais.

    A Polars Pourpres, on a toujours apprécié les ouvrages de Patrick S. Vast. Béthune, 2 minutes d’arrêt, Potions amères, Nuits grises ou encore Noire campagne demeurent dans notre esprit pour leur intelligence, leur scénario solidement bâti, leur écriture simple et rudement efficace et leur immense crédibilité. Ici, l’écrivain nous régale à nouveau avec cet opus. On ressent littéralement la poisseuse ambiance de ce village, replié sur lui-même, peu enclin à l’intrusion de horsains dans son enclave, les méfiances et jalousies qui affleurent, et la violence qui ne demande qu’à jaillir. Dans ce roman noir intrinsèquement rural, on règle ses comptes au fusil de chasse, au gros plomb, sans fioriture ni atermoiement. Quatre décennies plus tard, Jack Sellier constituera l’étincelle qui viendra mettre le feu à une mèche que tout le monde imaginait inerte. De non-dits en racontars, de mots qui échappent en révélations, de flash-backs en volontés de taire ce qui jamais n’aurait dû s’accomplir, il va graduellement faire ressurgir un passé sombre, cruel et violent, avec cette ultime rencontre au cours d’un salon littéraire qui constituera le dernier jalon d’un chemin de sang. Au gré de ce pur roman noir, sec et particulièrement plausible, Patrick S. Vast crée une atmosphère pesante, lourde de silences et de secrets plantés et assumés par les autochtones, avec une magnifique économie de mots, sans le moindre temps mort, et d’une concision bienvenue.

    Même si l’on peut regretter un épilogue un peu trop happy end, l’auteur a écrit un livre réussi et efficace, au climat fangeux et délétère, dont on goûte chaque gorgée comme un whisky délicieusement malté, à la saveur de tourbe.

    15/12/2022 à 06:57 4

  • Un Morceau de toi

    Christophe Guillaumot

    9/10 Le vol de trop. Gaspard Maltazar, seize ans, a déjà commis trop d’impairs lorsqu’il est appréhendé après avoir volé une Audi. On lui propose un étrange pacte : tirer un trait sur son passé judiciaire en échange de sa participation à une expérimentation, celle liée au Bureau des affaires non résolues. Il doit collaborer avec le policier Ruben Arcega pour rouvrir des cold cases, enchevêtrant le regard expérimenté d’un flic à celui, plus neuf, d’un ado. Gaspard accepte. Leur première investigation sera double : comprendre les mutilations de cent vingt-huit chevaux tandis qu’un tueur s’en prend à des femmes pour les mutiler.

    Ce premier tome de la série consacrée au Bureau des affaires non résolues séduit dès les premiers instants. Une remarque, d’ailleurs : s’il s’agit d’un ouvrage destiné à la jeunesse, les plus grands seront également captivés par ce roman. Le ton y est dur, rugueux, empreint de réalisme avec quelques passages qui font froid dans le dos, comme le récit des agressions par le psychopathe ou la découverte de sa tanière, mémorable. Christophe Guillaumot, qui a déjà conquis un large lectorat adulte avec Chasses à l’homme (Prix du Quai des Orfèvres en 2009), ou encore sa série consacrée à Renato Donatelli, dit le Kanak, est un lieutenant de police qui connaît les rouages de son institution, s’est nourri de son expérience et nous propose ici un livre fort réussi. Les deux protagonistes sont attachants, de Gaspard en totale déshérence depuis le départ mystérieux de son père, à Ruben en solitaire vivant sur sa péniche. Après des frictions, ils en finiront par construire de solides liens de respect, d’amitié et de solidarité. Il faut dire que le monstre après lequel ils vont courir est effrayant : dément, sans le moindre état d’âme, il poursuit une quête complètement démente, qui marquera probablement longtemps les esprits. Aucune facilité dans le récit, pas le moindre temps mort, un tempo fortement cadencé et une grande vraisemblance dans cette traque au bourreau : la réussite est totale d’un bout à l’autre.

    Un polar jeunesse singulier et remarquable, s’adressant autant aux jeunes qu’aux adultes. Un puzzle macabre et prenant qui ensorcelle jusqu’à ce que la dernière pièce soit à sa place.

    13/12/2022 à 06:57 4

  • Maigret hésite

    Georges Simenon

    9/10 Un 4 mars appartenant déjà au printemps, Maigret reçoit un courrier anonyme l’informant qu’un crime va avoir lieu. Où, qui, quand, comment ? Enigme. Remontant la piste du papier utilisé, il aboutit à l’appartement de maître Parendon, avocat spécialisé en droit maritime. Comparé à un gnome, l’homme ne présente guère d’intérêt à part son obsession pour l’article 64 du code pénal. Sera-t-il la victime de son épouse ? De sa maîtresse ? De l’un de ses deux enfants ? De ses domestiques ? A moins qu’un rebondissement inattendu ne survienne.
    J’ai, une fois de plus, adoré ce roman de Georges Simenon. On y retrouve la patte unique de l’écrivain belge : écriture sèche et acide, roman court, une psychologie de haute volée malgré l’immense économie de mots, des personnages croustillants, et une intrigue forte et crédible. Ici, ce qui retient l’attention à mon avis, ce sont les protagonistes, à vif et si mal assortis, notamment maître Parendon, tarte comme ça n’est guère possible, à l’esprit chancelant et au physique fragile dixit son épouse, mais surtout cette dernière : froide, moins maîtresse de maison que despote à peine éclairée, presque castratrice, et à l’âme plus complexe que prévu. L’épilogue est en soi un petit prodige : quelques mots, quelques phrases, à peine quelques paragraphes, fondés sur des ellipses, des sous-entendus, des non-dits, où ce fameux article 64 revient à la charge dans l’esprit embrouillé et dubitatif de notre si cher commissaire Maigret. Bref, une fois de plus, une réussite totale.

    12/12/2022 à 18:03 3

  • Piégés !

    Charlie Adlard, Robert Kirkman

    8/10 La neige s’abat sur le fortin improvisé des survivants tandis qu’une vague de zombies s’approche d’eux. Un tome assez hétéroclite, oscillant entre scènes intimistes, bastons contre les morts-vivants, moments de suspense (la corde qui craque, les planches qui flanchent sous les assauts des créatures), violence (têtes et bras tranchés), etc. Des moments bien gores, notamment vers la fin, pour cet opus dont la férocité s’accroît à mesure que les planches défilent. Du bon et du lourd.

    10/12/2022 à 18:39 2

  • Black-Box tome 3

    Tsutomu Takahashi

    8/10 Ryoga est hanté par l’idée qu’il a tué quelqu’un tandis qu’il continue à se préparer, au moins psychologiquement (cf. la scène de la séquestration volontaire dans le noir). Il apparaît voûté et affaibli lors de la conférence de presse d’avant match avec Shidoh mais sa dernière répartie laisse entendre qu’il est déterminé et prêt à combattre. De beaux moments de tension juste avant l’affrontement (avec Nozomi, la compagne de Shidoh, dont Ryoga arrache les vêtements) et un combat qui commence comme une boucherie où Ryoga se fait littéralement massacrer, mais on se doute qu’il a un plan en tête. Une esthétique toujours aussi sublime, toute en fureur, en nuances et en puissance, qui s’illustre jusqu’à la fin de ce troisième tome, inachevé, où les boxeurs finissent par s’envoyer… des crachats.

    07/12/2022 à 18:58 1

  • Sarah

    David Munoz, Tirso

    7/10 Tchécoslovaquie, 1949. La Fondation Broemel vient de recueillir Sarah dont, dixit l’une des médecins, les parents ont été tués par un virus créé et propagé par les nazis, mais les mystères s’enchaînent dans cette demeure aux allures de tombeau géant… Une BD à l’esthétique très particulière, presque bon enfant (tant dans les traits que les coloris), mais l’ambiance demeure lourde et anxiogène, ménageant quelques pistes et rebondissements plutôt bienvenus (la présence des autres enfants, les transformations en monstres, la voix entendue par la gamine, etc.). Même si, à ce stade de la série, je n’ai rien trouvé de très novateur, ça demeure sacrément agréable à suivre, d’autant que le final doit (j’imagine) permettre de basculer sur le tome suivant avec aisance.

    07/12/2022 à 16:31 3

  • Prison School 006

    Akira Hiramoto

    2/10 André se rue sur la vice-présidente au point d’en arracher les barbelés qui les séparent, ce que la dominatrice prend pour une tentative d’évasion : ça n’était rien de moins qu’un piège. Là, on a basculé définitivement dans le porno soft, avec poitrine qui se gonfle et sexe féminin apparent histoire d’appâter ce bon gros nigaud dans le traquenard. Le reste est à l’avenant : on est carrément dans le libidineux et je ne trouve toujours aucun intérêt à cette série, malgré un graphisme qui est tout sauf mauvais, bien au contraire. Arrêt probablement définitif en ce qui me concerne.

    05/12/2022 à 18:23

  • Chez les espions

    Tristan Pichard

    6/10 Vous incarnez l’agent spécial Vert dans cet escape game, et un certain nombre de missions s’offrent à vous : retrouver La Jonconde, battre des robots, parcourir la jungle, la banquise, le laboratoire d’un savant fou, l’Île de Tarantula, un labyrinthe, et démasquer une taupe. Des exercices de pure observation, assez simples puisque destinés à de jeunes lecteurs, avec quelques codes à décrypter, des détails à découvrir dans le décor, des mots à compléter, des erreurs à repérer, des dessins à reconstituer, etc. De gentilles petites touches d’humour tout au long de ces épreuves certes de facture classique mais agréables à résoudre, à conseiller évidemment en priorité aux enfants en raison de leur accessibilité et de la facilité à les démêler. Un livre d’énigmes sympathique, pas mémorable néanmoins.

    05/12/2022 à 18:22

  • En manque

    Jacques Expert

    2/10 La confession d’un tueur en série confiné chez lui en pleine période de coronavirus. Pour passer le temps, il nous fait visiter son petit appartement en ayant une attention toute particulière pour les chiffres et les nombres. Dix-neuf victimes à son actif et il aurait bien voulu pouvoir continuer encore un peu…
    Une nouvelle particulièrement courte mais à laquelle je n’ai pas du tout accroché. De l’humour, mais à mes yeux, ni drôle ni de bon goût. Ça m’a fait mal au cœur de voir un auteur si réputé s’embourber dans des blagues aussi mauvaises, basses du front et plates comme une table. Aucune originalité dans le portrait de cet égorgeur en série, ni du point de vue psychologique ni dans celui du modus operandi. J’en finis même par me demander quel pouvait bien être l’objectif de Jacques Expert. Nous divertir ? En ce qui me concerne, c’est raté. Nous faire rire ? Raté. Nous faire réfléchir ? Raté. Être atypique ? Raté. Nous surprendre ? Le final est si téléphoné que ça en devient gênant. Nous impressionner, nous émouvoir, nous procurer des sensations fortes, même a minima en raison de la concision du texte ? Raté. Alors, comment est cette nouvelle ? Tout bonnement ratée.

    04/12/2022 à 18:14 6

  • La Dame en rouge 2/2

    Jenny, Patricia Lyfoung

    6/10 Les soupçons pèsent à présent sur Camille, la duchesse, que l’on vient de retrouver au-dessus de Marine qui a deux trous rouges au cou, mais la probable criminelle parvient à s’enfuir. Au programme : vindicte populaire, tentative de lynchage, humour et romance ainsi qu’une lecture très scolaire et attendue du mythe des suceurs de sang, mais à défaut d’être mémorable ou de se jouer des codes attendus, ça reste tout à fait correct à lire.

    30/11/2022 à 13:26

  • La Dame en rouge 1/2

    Jenny, Patricia Lyfoung

    7/10 Maud et Guilhem sont invités au mariage d’une amie d’enfance de la jeune femme. Sur place, quelque chose terrorise les habitants en s’en prenant aux animaux qu’elle vide de leur sang : un vampire aux yeux rouges. Un mélange toujours aussi agréable d’aventure, de mystère, d’humour et de fantastique (ici avec cette créature laissant des dépouilles animales exsangues dans son sillage, avec deux trous rouges au cou, sauf à la dernière planche où c’est un être humain qui est sa victime). Ce n’est pas particulièrement original mais c’est efficace et entraînant.

    30/11/2022 à 13:24

  • Où es-tu ?

    Patricia Lyfoung

    5/10 Comme l’indique explicitement le tome de ce huitième tome, Maud se demande où est passé Guilhem qui l’a abandonnée au pied de l’autel pour leur mariage. On retrouve le disparu aux côtés de Natalia, l’avatar customisé de Maud (habillée un peu comme elle, façon superhéros) en train de bastonner des moines. Un final en Pologne auprès des représentants de l’Ordre teutonique dans un château, avec infiltration, incendie et autres péripéties attendues (et convenues). Une série qui se met à ronronner, je trouve. Je vais faire une pause en espérant que les tomes suivants seront davantage inspirés.

    30/11/2022 à 13:23

  • Sakamoto Days tome 1

    Yuto Suzuki

    7/10 Taro Sakamoto était considéré comme le meilleur et le plus redouté des tueurs à gages, sauf qu’un jour… patatras ! Amour, retraite, mariage, enfant et surpoids ! La béchamel infernale. Il tient désormais une épicerie mais il est repéré par Shin, un jeune tueur à gages, capable de lire dans les pensées, qui doit le supprimer. Un ton volontairement décalé (Taro parvient tout de même à détourner une balle avec un Ricola !) pour un héros également loufoque même s’il n’a rien perdu de ses aptitudes au combat. Vraiment plaisante, cette découverte.

    30/11/2022 à 13:20

  • Le Radium du professeur Allan Gordon

    José Moselli

    6/10 Lors d’une conférence, l’éminent professeur Allan Gordon doit livrer le fruit de ses dernières recherches quant au radium. Il vient avec 6 grammes de cet élément (ce qui représente cent cinquante mille dollars tout de même) qu’une assistance couve alors avec appétit, mais la précieuse marchandise disparaît. Sauf l’enjeu de ce vol diverge peut-être du simple mobile de la convoitise…
    Une nouvelle sympathique et bien menée, sans temps mort, avec une piste inattendue quant à cette morsure de serpent et de chantage. Plaisant, avec un petit tour de passe-passe autour de l’emplacement du fameux radium. Pas inoubliable non plus, mais agréable.

    30/11/2022 à 13:18 1

  • Tu seras toujours à moi

    Patricia Lyfoung

    4/10 Préparatifs du mariage et actions justicières pour nos deux héros masqués. Badinages, bavardages et autres « Je t’aime, moi non plus » jusqu’à la quarantième planche environ, ce qui fait que le temps m’a paru extrêmement long. Seul le final, où Maud est seule au pied de l’autel, pourra éventuellement me marquer, mais à mes yeux, c’est un tome très mou et sans grande inspiration où l’auteure/dessinatrice semble s’essouffler.

    28/11/2022 à 16:54

  • L'Ermite de Skellingar

    Fred Vignaux, Yann

    8/10 Quelqu’un essaie de poignarder Thorgal durant la nuit, et notre héros se rend compte qu’il s’agit d’une belle femme qu’il avait vue précédemment sur le port. Elle cherchait à se venger de Thorgal du temps où il était devenu le terrible Shaïgan. Thorgal retourne alors à Skellingar afin de sceller son passé. Expédition, visions d’une pythie, naufrage d’un bateau, ascension d’une falaise, oiseaux agressifs, expérience chamanique : un opus sacrément dense et à l’esthétique toujours aussi délicieuse. Un régal.

    26/11/2022 à 09:29

  • Les Lamentations du coyote

    Gabino Iglesias

    9/10 La frontera, entre le Mexique et les Etats-Unis. Une sorte no man’s land où rôdent des individus oscillant entre l’espoir de rejoindre le territoire américain et celui de survivre aux monstres qui y vivent. Les sirènes d’un avenir enfin meilleur, mais avant cela, il va falloir franchir cette frontière qui ressemble davantage au Styx qu’au Rubicon.

    Si Gabino Iglesias nous avait déçus avec son Santa Muerte, il n’en est rien avec ces Lamentations du coyote qui est indéniablement un pur bijou de noirceur. Un roman choral où alternent les points de vue sur cette démarcation purement administrative entre les deux pays. Pedrito, un gamin qui a assisté à l’assassinat de son père et qui est fermement décidé à se venger des patrouilleurs. Le coyote, un mercenaire chargé de faire passer des gamins de l’autre côté de la délimitation mexicaine en les esquintant juste ce qu’il faut pour qu’on les prenne en compassion et qu’on leur octroie leur part d’espérance yankee. Alma, une artiste résolue à donner le meilleur d’elle-même, quitte à commettre le pire, pour que l’on se souvienne à jamais de son message de solidarité avec les migrants. Une femme aux prises avec un bébé démoniaque qu’elle porte en elle. Jaime, un repris de justice, qui n’est même pas certain de pouvoir rester longtemps insensible aux appels obsédants de la criminalité. Vous vous imaginiez recevoir des cartes postales signées Gabino Iglesias ? C’est un peu le cas, sauf qu’elles ne proviennent pas d’Acapulco mais de Ciudad Juárez. Vous vous figuriez peut-être des mariachis, des couleurs pastel, des clichés touristiques ? Erreur : tout y est sombre, violent, désespéré, porté par une fièvre qui glace et brûle à la fois. Tous les protagonistes subissent la violence latente, les circonstances terribles, les espoirs déçus, les désirs éconduits. Même les personnages secondaires sont mémorables et féroces, comme ce « Cuisinier de l’enfer », chargé par les mafias locales de faire disparaître les cadavres de leurs victimes et qui va trouver en Pedrito son successeur le plus fervent. Un kaléidoscope saignant et désenchanté, faisant écho aux souffrances et déchirements de ces malheureux qui ne cherchent que leur modique part de bonheur au pays de l’Oncle Sam.

    Un ouvrage puissant et brillamment écrit, aussi concis que mémorable. Muy caliente !

    24/11/2022 à 07:11 6

  • Le Spectre de la Bastille 2/2

    Jenny, Patricia Lyfoung

    6/10 Nos deux héros parviennent à capturer l’un de ces faux spectres kidnappeurs mais ce dernier meurt aussitôt après avoir ingurgité un simple verre d’eau. Et voilà que les fantômes viennent enlever M. Alexandre et Adèle. Pierre, en version remaniée de Q des James Bond, leur fournit des gadgets qui s’avèreront fort utiles. Une version rajeunie, affinée, retravaillée, et pour tout dire, améliorée, de la précédente série « La Rose écarlate », pour ce tome qui s’achève avec une infiltration dans la prison de la Bastille avec la révélation (certes classique mais efficace) de la teneur du complot. Plutôt sympa.

    21/11/2022 à 18:36