El Marco Modérateur

3330 votes

  • Issak tome 2

    DOUBLE-S, Shinji Makari

    7/10 On avait laissé Issak aux prises avec des chevaliers en armure sur lesquels il est parvenu à prendre le dessus, mais on le retrouve salement amoché, mais il trouve tout de même la force de s’opérer le bras gauche. La situation s’annonce néanmoins périlleuse pour les Hollandais, en très nette infériorité numérique par rapport aux Espagnols, raison pour laquelle les Protestants ont l’audace de prendre les devants et d’attaquer les Catholiques par surprise et de nuit. Issak s’illustre une nouvelle fois par son art du tir à longue distance, mais également par sa tactique et la compréhension de la psychologie ennemie. A l’instar du premier tome, un pur régal de divertissement d’autant que le final nous laisse Issak en bien mauvaise posture après l’apparition surprise de son ennemi juré, Renzo, même si le côté indestructible, clairvoyant au-delà de tout repère et, d’une certaine manière, trop lisse parce que parfait du héros a fini par me faire tiquer.

    04/01/2022 à 19:34 2

  • Champ de tir

    Linwood Barclay

    9/10 « Je suis le taré qui a tué Sean » : c’est le tatouage sauvage que l’on retrouve dans le dos de Brian Gaffney lorsqu’il se présente au bureau de l’inspecteur Duckworth. Amnésique, encore dans le cirage, le jeune homme ne comprend pas ce qu’on lui a fait subir, ni même qui est ce prénommé Sean. Dans le même temps, le détective privé Cal Weaver doit assurer la protection de Jeremy Pilford, surnommé « Big Baby », autrefois soupçonné d’avoir écrasé une jeune femme avec une Porsche. Dans les deux cas, de sombres forces liées à l’autodéfense et une justice plus expéditive semblent être à l’œuvre, notamment via le site Internet « Just Deserve » où des anonymes prônent ce qui s’apparente à de la vengeance contre des individus ayant échappé à un système judiciaire jugé trop laxiste.

    Après sa trilogie Promise Falls, Linwood Barclay continue d’explorer cette ville de l’Etat de Washington en mettant de nouveau en scène Barry Duckworth et Cal Weaver, sans qu’il soit pour autant nécessaire d’avoir lu ces précédents opus. On y retrouve le style de l’auteur, riche, fort, avec des dialogues qui pétillent, des descriptions assez sèches, une psychologie singulière et une intrigue aux engrenages parfaitement huilés. Ici, deux histoires viennent coexister, au gré de chapitres qui alternent entre elles. Duckworth compose un policier assez usé, blasé, luttant contre l’embonpoint, encore auréolé de ce qu’il a récemment accompli pour la ville, qui n’a rien perdu de sa sagacité ni de sa pugnacité. Parallèlement, Weaver est un détective privé très observateur, encore rongé par le décès de son fils et de son épouse, et qui va, au contact du jeune Jeremy, découvrir que sa fibre paternelle, voire paternaliste, n’est pas morte en même temps que les membres de sa famille. Le scénario est remarquable de maîtrise, d’ingéniosité, avec d’excellents enchaînements et des retournements de situations inattendus et parfaitement pensés. On retiendra notamment quelques scènes, majeures et marquantes, comme la première apparition de Craig Pierce, émasculé et au visage ravagé par un chien à qui il avait été donné en pâture (une référence probablement directe à Mason Verger, le personnage que l’on découvre dans Hannibal de Thomas Harris), ou encore le final, fort, sombre et percutant.

    Un thriller prodigieux et mémorable, qui se paie également le luxe, en plus de proposer une intrigue crédible et puissante, de nous interroger sur le sens de la justice et la férocité au sein des familles.

    03/01/2022 à 07:05 3

  • La Mort d'Auguste

    Georges Simenon

    9/10 … ou comment Auguste Mature, restaurateur et copropriétaire du « Chez l’Auvergnat » dans le quartier des Halles, est pris d’un malaise au terme duquel il décède. Le hic, c’est que sa mort va déboucher sur une âpre lutte entre ses trois fils pour l’héritage. On a Antoine, qui était resté à ses côtés pour s’occuper du restaurant, qui a épousé une ancienne prostituée, Fernande, qui n’a pas pu lui donner d’enfant à cause d’une maladie vénérienne mal soignée, et avec lequel le vieil homme cohabitait en parfaite communion, sans esclandre ni afflux de parole. Il y a également Ferdinand, magistrat, assez effacé et surtout orienté par son épouse, une rapace de premier ordre dans la mesure où le couple gagne chichement son existence et s’est surendetté pour acheter un appartement et qui a deux enfants. Enfin, le fin du fin, Bernard, un bibendum toujours à courir l’argent, constamment embarqué dans des coups financiers soi-disant juteux, mais toujours en quête de monnaie. Ce roman est typique de l’univers de Georges Simenon : une écriture sèche, une histoire simple et crédible, des personnages décrits en quelques traits rapides et habiles, et une noirceur… Ici, il ne faut guère attendre pour voir poindre l’appât du gain, alors que le corps de leur propre père est encore tiède : dès le deuxième chapitre, les premiers mots naissent pour demander des comptes – au sens propre comme au figuré – à Antoine, qui est finalement, avec sa femme, le seul personnage qu’épargne l’écrivain. Les autres sont avides, sans le moindre sentiment, d’un cynisme inouï, guignant un éventuel trésor pour subvenir à leur dispendieux train de vie. Tout, dans ce livre, est sombre, ignoble, malintentionné, et Georges Simenon se lâche comme rarement pour décrire ces petits comportements, ces bassesses, ces vilénies toujours « justifiées » par une enfance prétendument injuste, des comportements passés inadaptés, la présence des enfants, etc. En contrepoint de cette mélodie en mode mineur, la peinture agréable, teintée de nostalgie, de ce quartier des Halles, de la solidarité des Auvergnats, et de tous ces taiseux qui se serrent les coudes sans la moindre volubilité. Une merveille de plus de la part de cet immense auteur belge, et dont j’avais beaucoup apprécié l’adaptation télévisée, que je peux maintenant juger par rapport à l’œuvre originelle : très fidèle, mis à part le rôle du neveu d’Antoine, ici moins sympathique, et un final autour d’une tombe (mais peut-être est-ce une erreur de ma part). L’ouverture du coffre et la découverte de son contenu mettront un terme aux exigences pécuniaires des deux harpagons. Pour qui aime les histoires hautement plausibles, décrivant au vitriol les relations familiales, et sans jamais tomber dans les clichés ni les effets faciles, ce roman est une pure perle, d’une rare concision, à mes yeux l’un des meilleurs de l’auteur.

    01/01/2022 à 08:30 4

  • Le Barbare

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Thorgal et les siens sont retenus prisonniers depuis un mois par un individu, Jaffar, qui a fait de notre héros son esclave, et une chasse à l’homme prouve aussitôt ses capacités au combat. Un opus peut-être un peu moins inspiré que le précédent, assez classique avec ses combats de gladiateurs et surtout les concours de tirs à l’arc, mais l’ensemble est énergique et bien mené, avec un final très ouvert quant au sort de Thorgal, aux portes de la mort. A suivre.

    27/12/2021 à 17:38 2

  • Des détails suivront

    Michel Kopp

    8/10 Vincent Lutz a tout pour être heureux : jeune, cardiologue réputé, vivant en couple avec une femme qui le comble, de l’argent, rien ne vient entacher son enchantement. Mais un jour, il reçoit un curieux message dans une enveloppe : « Bonjour Vincent, je viens te prévenir d’une horrible catastrophe. Des détails suivront ». D’abord circonspect, Vincent en vient à prendre peur quand ces courriers se multiplient, augurant du pire pour la suite, d’autant que l’expéditeur en vient à se manifester : les courriers suivants sont signés de sa propre main et semblent venir du futur.

    Voilà un pitch assez déroutant et qui, dans le même temps, intrigue autant qu’il allèche. Et en un peu moins de deux cents pages, Michel Kopp nous convainc. Le style de l’auteur, assez sec, nous fait découvrir le bonheur vécu par Vincent ainsi que son entourage, principalement des camarades officiant dans la médecine, et à qui il va expliquer cette étrange histoire de missives. A la manière de Patrick S. Vast, l’auteur s’y connaît en rouages : il accumule les engrenages, les fait s’emboîter les uns aux autres avec la patience d’un horloger roué, et l’ensemble de la machinerie commence à s’animer. Pas le moindre temps mort, et le suspense s’accroît : à mesure que les divers protagonistes, parfois empêtrés dans des affaires intimes, certes périphériques à l’écart de l’intrigue principale mais qui donnent un peu de chair à ces protagonistes tout en creusant de potentielles pistes, nous sont présentés et s’ébattent, la tension devient de plus en plus forte. Et ces lettres ne cessent de devenir de plus en plus inquiétantes à mesure que les prophéties qui y sont écrites se réalisent. Un patient qui décède lors d’une opération, un accident de voiture : Vincent a-t-il réellement rédigé ces messages depuis le futur et découvert un moyen de les expédier dans le passé ? Non content de bâtir un récit appétissant, Michel Kopp retombe sur ses pattes dans l’explication finale, ou, plus exactement dans le dénouement en deux temps. Une résolution intéressante, frappée au coin du bon sens et amplement crédible, qui se double d’un épilogue inattendu et qui parachève l’ensemble de son histoire d’un rebondissement croustillant.

    Un opus particulièrement réussi, fondé sur un synopsis séduisant, et dont la conclusion est tout aussi piquante.

    24/12/2021 à 08:15 5

  • Le Coeur du prophète

    Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt

    7/10 Dans un Japon médiéval, un effondrement de terrain révèle un trésor caché. Seize années plus tard, un samouraï, Takeo, et son serviteur, Shiro, souhaitent accoster sur une île énigmatique, celle dite « sans nom ». Dans le village sur la rive opposée, il y est bientôt question du « Cœur du prophète », un objet sacré qui déchaîne les passions. Une BD plutôt datée (ça remonte tout de même à 2005), contenant tous les ingrédients attendus dans ce type de littérature : des héros au grand cœur, des méchants mystérieux, un trésor singulier, etc. Des codes parfaitement assimilés et réexploités, sans originalité non plus, et qui s’achève sur l’attaque épique d’un monastère. Je vais poursuivre cette série fort distrayante.

    23/12/2021 à 17:58 3

  • Le Cycle de l'air 2

    Hub

    8/10 Okko est laissé pour mort, tué en duel par ce puissant samouraï, mais Magato, celui qui souhaitait tant croiser le fer avec lui et s’apprête à se faire seppuku l’entend pousser un râle. Le vent se déchaîne tandis que Noburo affronte le tombeur de son maître. Une BD forte et dantesque pour ce qui est de ce duel qui voit également le retour d’Okko, malgré sa main amputée. Fin du cycle du vent, direction celui du feu. Je continue cette très bonne série.

    22/12/2021 à 17:16 2

  • Le Champion escamoté

    Léon Groc

    7/10 Après avoir exposé les raisons pour lesquelles il a divorcé d’avec le métier d’avocat et repoussé l’idée de devenir policier, Stan Kipper est contacté par Duchamp, le manager de Robert Henry, un boxeur également connu sous le sobriquet de « Bob-le-Frappeur » qui a disparu. Et l’on finit par découvrir le cadavre du sportif, pendu à un arbre de la forêt de Saint-Germain, avant que le légiste ne s’aperçoive que la victime a été préalablement chloroformée puis étranglée avant d’être accrochée.
    Une nouvelle fort prenante et intéressante, qui m’a permis de faire la connaissance de Stan Kipper, un détective privé flegmatique dans ses raisonnements, ce qui ne l’empêche pas de se montrer démonstratif et enjoué lorsqu’il est avec des proches, des collaborateurs ou lors des explications finales. Dans cet opus, on le voit en train d’exploiter les renseignements qu’il détient à propos de la plupart des personnalités de son temps dans ce qu’il appelle son « arsenal », des données collectées par sa secrétaire puisqu’il déteste la paperasserie. Il tendra un piège au tueur tout en ayant déjà une idée très précise quant à son identité. Voilà un texte réussi et efficace, qui m’a permis de me divertir au gré d’une histoire à l’ancienne réussie et de connaître un enquêteur que, qui sait, j’aurai un jour l’occasion de retrouver.

    20/12/2021 à 17:57 2

  • Le Fugitif

    Chris Bradford

    8/10 Connor Reeves assure la protection d’une personne éminente au Mexique, mais sa mission tourne au drame. De retour en Angleterre, il découvre que le quartier général de Bodyguard a été victime d’un raid. On compte un mort tandis que les autres agents ont été enlevés. Le colonel Black, son supérieur, l’enjoint de rejoindre Shangaï à la recherche des assassins. Avec Amir et Zhen, une intrépide conductrice d’un rickshaw, il va devoir affronter pour la dernière fois Equilibrium et tenter de mettre un terme aux agissements de cette organisation criminelle.

    Cet opus, le sixième et dernier de la série Bodyguard se conclut de la plus belle des manières : avec intelligence et panache. Chris Bradford a concocté l’assortiment littéraire idéal, celui que les fans attendaient et dont ils se sont régalés jusqu’à présent. Un excellent mélange d’action, avec des scènes épiques (courses-poursuites dans les rues de Shangaï, bataille contre une boule de démolition, fusillades échevelées et combat final en haut d’un building), avec des touches d’un humour bienvenu ainsi que de l’émotion. Quelques personnages marquants perdront la vie dans ce roman, et le final, avec plusieurs rebondissements à la clef, viennent clore avec maestria autant ce livre que la série. La grand-mère de Zhen appendra quelques ficelles salvatrices d’arts martiaux à notre héros adolescent (ah, le coup de la porte du démon ou encore la chemise de fer), et Connor renouera avec Charley, sa copine handicapée, tout en mettant en pleine lumière les agissements destructeurs d’Equilibrium, cette entité qui n’a rien à envier au Spectre combattu par James Bond. La Présidente ainsi que Mr Grey, deux adversaires retors, machiavéliques et hautement dangereux, composent d’ailleurs un duo d’ennemis marquants et face auxquels Connor devra déployer des trésors de bravoure et de sacrifice.

    Un roman pyrotechnique et hautement cinématographique, concluant brillamment une série fort entraînante capable de rivaliser avec Robert Muchamore et ses ouvrages consacrés à CHERUB, ce qui n’est pas un mince exploit. Espérons que d’autres œuvres de Chris Bradford, pas encore traduits en français, seront publiés chez nous pour continuer de nous enchanter.

    20/12/2021 à 08:01 2

  • Killing Stalking tome 2

    Koogi

    5/10 Sangwoo et le jeune protagoniste (j’ai vu la mention de son prénom sur des sites, mais jusqu’à présent, il n’a toujours pas été cité…) continuent leur étrange cohabitation et s’en vont même prendre un peu de bon temps dans un parc d’attraction. Le sexe (gay) gagne nettement en crudité et en explicite par rapport au tome précédent, et je trouve que l’intrigue peine à véritablement décoller. Je m’arrête là.

    19/12/2021 à 17:36 1

  • Issak tome 1

    DOUBLE-S, Shinji Makari

    8/10 Septembre 1620, au sud-ouest de l’actuelle Allemagne. Un homme à l’allure, à l’équipement et à la technique de sabre d’un samouraï empêche une jeune femme, Zetta, de se faire violer. Alors que les nations et les religions s’entrechoquent, il n’a qu’un objectif : retrouver un traître dénommé Lorenzo qui a assassiné son maître et forgeron et a fui en emportant quelque chose de très précieux, aussi propose-t-il son aide à la Hollande protestante contre l’Espagne catholique. Déjà s’amorce une bataille entre la troupe du général Spinola, un désargenté que ses hommes suivent avec fidélité et combattant au nom du Prince Alfonso, et celle de Heinrich, au cours de laquelle le talent inattendu d’Issak en tant que sniper va bousculer le cours des événements. Un premier opus particulièrement réussi et dynamique (les scènes de la bataille sont assourdissantes), qui propose un héros attachant, avec un beau décalage par rapport aux soldats contre lesquels / auprès desquels il combat. En outre, contrairement à « Vinland Saga », les traits des personnages ne sont pas calqués sur ceux des Japonais, donc sont en adéquation avec une forme de crédibilité. Je vais poursuivre cette série.

    18/12/2021 à 17:16 2

  • Le Diamant et le brigand

    Agnès Laroche

    8/10 Alors que Sam, Nina et Agathe se rendent aux Gourmandines, un salon dédié à la gourmandise, leur chien Maurice s’échappe pour ne revenir que plus tard à la maison, un diamant dans la bouche. D’où vient cette pierre précieuse ? A qui l’animal l’a-t-il prise ? De nouveau, nos jeunes héros se commuent en détectives.

    Voici une autre aventure des apprentis détectives, et Agnès Laroche nous régale encore une fois. Un opus fort court (environ quatre-vingts pages), et, ce qui caractérise d’ailleurs cette série, pas le moindre aspect dérageant : aucun meurtre, pas de véritable sueur froide, pas la moindre goutte de sang ni violence. Pourtant, le registre demeure clairement policier, et le suspense est bien présent. Nous retrouvons ici notre trio de si sympathiques limiers, avec Sam en fauteuil roulant, Nina et sa sœur cadette Agathe, sans compter le facétieux Maurice, avec cette intrigue tournant autour de ce bijou dont ils ignorent l’identité du propriétaire ainsi que les circonstances au cours desquelles le quadripède l’a gobé. Agnès Laroche maîtrise son art et sa plume, sachant parfaitement les ajuster au public – jeune – auquel elle s’adresse, et les ressorts correspondent complètement à la trame attendue, avec des hypothèses, des observations, des personnes interrogées. Le final s’insère avec intelligence au cadre global de la recherche, avec bienveillance et happy end, ce qui ne manquera pas de satisfaire largement le lectorat visé.

    Un autre roman très réussi pour cette série, proposant une aventure policière fort aimable et efficace.

    17/12/2021 à 07:55 2

  • Ascension tome 3

    Shinichi Sakamoto

    8/10 La tension éclate au sein de nos grimpeurs de l’extrême. Buntarô est parti pour escalader ce Mont Akadake, mais il fait la dure expérience du froid de l’altitude ainsi que du vent, obligeant ses camarades ainsi qu’un spécialiste des hauts sommets à une mission de sauvetage. Un opus d’une magnifique tension, où les scènes d’ascension, de fraternité, de douleurs, d’appel des hautes cimes, d’espérance et de survie sont de toute beauté. Malgré un élément peu crédible (je ne le spoilerai pas) dans le final mais attendu, un tome encore une fois extra.

    15/12/2021 à 19:41 1

  • Alice in Borderland tome 1

    Haro Asô

    7/10 Ryôhei Alice et ses deux camarades Chôta Segawa et Daikichi Karube, des adolescents, s’ennuient à mourir dans une société dans laquelle ils savent déjà que jamais ils ne pourront s’épanouir. Mais un étrange feu d’artifice, aveuglant et monstrueux, les transporte dans un autre monde, semblable au leur mais où ils sont seuls, avec davantage de nature. Ils en profitent à fond jusqu’à ce qu’ils tombent, dans une fête foraine, sur une belle jeune femme, Saori Shibuki qui leur fait rapidement comprendre la nature réelle de cet univers parallèle : ils vont devoir s’entraider pour survivre à des épreuves potentiellement mortelles. Les premières épreuves (avec les énigmes et les jets de flèches) plantent un décor intéressant, une agréable variation sur le thème des jeux de survie. Le thème n’est donc pas original mais la forme est sympa à suivre.

    14/12/2021 à 19:45 2

  • Sorry

    Zoran Drvenkar

    7/10 … ou comment quatre amis (Tamara, Frauke, Wolf et Kris) ont l’idée géniale (en fait, c’est plus exactement Kris qui l’a eue) de créer une société qui s’excusera à la place de ses employeurs (principalement des entreprises), quitte à faire le lien avec la personne lésée et se commuer en conciliateurs. Mais leur route va croiser celle d’un tueur en série qui va les embarquer dans sa croisade meurtrière. Indéniablement, Zoran Drvenkar a eu une idée brillante, celle de cette société qui présente des excuses à la place d’autrui, et j’ai, globalement, apprécié cette lecture. Les personnages sont assez riches, la psychologie est travaillée, et j’ai aimé notamment l’analyse mentale du tueur, en proie aux démons de son passé, dans sa vendetta vengeresse, au cours de laquelle la victime devient bourreau. Des passages poignants, forts et marquants, comme avec les références au film « Butch Cassidy et le Kid », le martyr d’un enfant, la brutalité des pédophiles, ou l’utilisation des clous. D’entrée de jeu, la construction m’a cependant secoué (avec ces récits à la première personne, mais aussi à la deuxième), et ces chapitres un peu chaotiques, façon narration chorale, ainsi que cette manière que l’écrivain a d’interpeler le lecteur à de multiples reprises, m’ont fait craindre un décrochage. Mais je me suis accroché et bien m’en a pris. C’est dense, crédible, avec des passages percutants, d’autres beaucoup plus effilochés à mon goût. La rencontre entre le premier cadavre et nos protagonistes intervient après un peu plus de cent pages, ce qui est correct, mais ce que je reproche le plus à l’auteur, c’est finalement que ce postulat (s’excuser à la place d’autres personnes) ne m’est apparu que comme un prétexte pour montrer une confrontation avec un tueur en série : j’aurais aimé que cette idée, ce concept, soit davantage creusé, ou entre beaucoup plus en ligne de compte dans l’histoire (même si, une dizaine de pages avant la fin, le tueur explique les raisons pour lesquelles il a intégré nos protagonistes dans son périple sanglant). Bref, une bonne lecture en ce qui me concerne, même si, si l’on soustrait cette idée d’excuse par procuration, on se retrouve avec un roman à la trame finalement assez classique.

    13/12/2021 à 17:57 3

  • Un Monde parfait

    Charlie Adlard, Robert Kirkman

    7/10 Ça commence par une scène assez poignante avant que n’intervienne un homme, Aaron, qui, après quelques moments mouvementés, propose aux protagonistes de rejoindre sa communauté qui ressemble de prime abord à une sorte d’éden. « Nous avons pu retrouver notre vie d’avant à l’intérieur de ces murs », leur dit-on. Le titre de ce douzième tome, « Un Monde parfait », est-il justifié ? La violence est-elle définitivement révolue, comme l’exprime ce flash-back vécu par Michonne ? Est-ce un leurre ou la promesse de temps futurs plus tumultueux, comme le calme avant la tempête ? Réponse fort probable dans le tome suivant.

    10/12/2021 à 19:36 2

  • Vinland Saga tome 2

    Makoto Yukimura

    7/10 Retour sur un épisode du passé, avec Thors, le père de Thorfinn, notre héros alors enfant. On découvre qu’il était auparavant un mercenaire, et on l’embrigade dans une bataille qu’il ne souhaite pas mais inclut la participation de son village. Seulement, surprise une fois le bateau parti : Thorfinn s’était dissimulé dans un des tonneaux. Comme Polarbear, j’ai moyennement goûté la façon dont il se débarrasse à mains nues de ses ennemis sur le navire, façon pro des arts martiaux, donc de manière anachronique et un peu déplacée, et je ne parle même pas du combat contre Bjorn, le berserker qui a gobé un champignon… Néanmoins, le combat final entre Thors et Askeladd tient toutes ses promesses, explique la haine farouche de Thorfinn et érige son père comme un individu d’une droiture exemplaire. Je continue volontiers cette série malgré mes petites réticences sur le côté graphique et trop nippon dans sa transposition.

    09/12/2021 à 19:46 3

  • Possession

    Paul Azaceta, Robert Kirkman

    7/10 Kyle Barnes vit avec sa sœur Megan. Il est rapidement contacté par le révérend Anderson, une ancienne connaissance à lui, afin de venir à l’aide d’un jeune garçon, Joshua Austin, qui vit à Hume et sur qui les tentatives d’exorcismes ont échoué. Il faut dire que la mère de Kyle puis son épouse, Allison, ont visiblement été touchées par un événement – mais on ignore encore lequel – qui fait penser à Kyle qu’il est en quelque sorte maudit. Un premier opus assez intriguant dans la mesure où l’on se demande ce qui s’est passé, autrefois, avec la maman et la femme de Kyle, et une scène d’exorcisme assez particulière et violente entre Kyle et ce Joshua. Même si je suis moyennement attiré par le graphisme, tout en clairs-obscurs et autres traits que je trouve parfois grossiers quoique leur aspect si particulier peut souligner les ténèbres de cette histoire, je continue la série parce que dans ce premier opus, incroyablement long pour une BD (il contient pas mal d’opus parus séparément en VO), les éléments s’enchaînent ensuite assez vite et de façon prenante : Kyle au chevet de sa mère, dans un lit d’hôpital, pris de sentiments contradictoires à son égard, l’arrivée du policier Luke Masters, un passage par la case prison pour une séance d’exorcisme sur un détenu, une vieille dame assez étonnante, etc.

    08/12/2021 à 19:45 1

  • Peau de lapin

    Mikaël Ollivier

    8/10 Alors qu’il fait des courses à la supérette avec sa mère, le jeune narrateur, Quentin, voit débarquer deux hommes cagoulés qui font un braquage. Parce qu’il ne saisit pas la gravité de la situation et que sa maman fait tout pour dédramatiser le contexte, Quentin en vient à penser que tout ça n’est qu’un jeu.
    Un texte d’une rare efficacité, partant d’un pitch très original, où le sérieux concret de l’histoire éclate dans un puissant par rapport à la façon dont Quentin perçoit les choses ainsi que les divers événements, y compris la mort probable d’un homme. Mikaël Ollivier nous offre un récit remarquable d’intelligence, de tact, de personnalité et d’humour, au terme duquel Quentin va finir par changer radicalement d’avis quant au chocolat. Jusqu’à présent, dans les quelques ivres de cette collection que j’ai pu lire, mon préféré avec « Et si la mer était bleue ? ».

    06/12/2021 à 19:41 3

  • Le Royaume sous le sable

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Après deux mois de pérégrinations, notre famille accoste sur une île où vivent des hommes qui bénéficient d’une technologie très avancée, avant de devenir leurs prisonniers. Talkie-walkie, lévitation, pistolet laser, capsules qui captent les souvenirs, fusée : le moins que l’on puisse dire, c’est que ces individus sont particulièrement en avance sur l’époque, et ce choc des civilisations est un peu brutal à mon goût même s’il y avait déjà eu des épisodes présentant ces techniques précédemment. Ce mélange autochtones – directement inspirés des Touaregs – sables mouvants – Atlantide est très dynamique et original, qui me donne déjà envie de passer au tome suivant.

    06/12/2021 à 17:55 3