El Marco Modérateur

3580 votes

  • Crow

    Roman Surzhenko, Yann

    7/10 Louve reste persuadée que son père, Thorgal, est encore en vie. Et voilà qu’une chasseuse, Crow, traque la jeune fille et qu’une autre gamine est retrouvée morte, visiblement dévorée par un loup. Louve décide alors de s’installer dans la forêt, selon ses propres mots « pour toujours ». Un nouvel épisode prenant et dynamique, où se mêlent chasseurs nocturnes, le dénommé Skald à la langue tranchée, et animaux avec lesquels Louve et la prédatrice peuvent communiquer. Solide et convaincant.

    23/03/2023 à 18:51 2

  • Le Royaume du chaos

    Roman Surzhenko, Yann

    7/10 Une amorce fantasmagorique pour ce troisième tome de la série, avec Louve se dissimulant dans des champignons géants pour échapper au Dieu Fenrir. Un chouette bestiaire de créatures surnaturelles, parfois inspirées d’animaux préhistoriques. Un opus indéniablement plus musclé et entraînant que les précédents. Ça ne réinvente pas la célèbre série par Jean Van Hamme mais ça la réinterprète ici avec pas mal de talent et d’allant.

    23/03/2023 à 18:49 3

  • La Main coupée du dieu Tyr

    Roman Surzhenko, Yann

    6/10 Première mission pour Louve, désormais vêtue de peaux de bêtes, qui va devoir affronter nombre de créatures. Un peu d’action, mais je n’ai pas adhéré plus que ça à l’histoire ou au scénario. Reste un agréable moment de lecture, avec une apparition finale inquiétante : celle d’un immense loup noir, le Dieu Fenrir en personne. Globalement plutôt sympa, mais sans plus.

    23/03/2023 à 18:45 2

  • Afterschool Charisma 4

    Kumiko Suekane

    7/10 Un début marqué par le sang et la tension mais, malgré le rappel du casting au début de l’ouvrage, j’ai un peu de mal avec ces visages si lisses et proprets qu’ils en deviennent souvent interchangeables. Le sort de la clone de Jeanne d’Arc m’a touché, et contrairement à l’autre commentaire, j’ai beaucoup apprécié les considérations psychologiques quant aux clones (leur identité, leur raison d’être, leur utilité), beaucoup plus profondes qu’elles ne le laissent apparaître lorsqu’on prend le temps d’y réfléchir. Bref, du bon manga à mes yeux.

    20/03/2023 à 18:42 1

  • Afterschool Charisma 3

    Kumiko Suekane

    7/10 « Bienvenue dans le monde des clones ! » annonce-t-on à Shiro d’entrée de jeu, et lui-même va d’ailleurs vite se découvrir un personnage si stupéfiant de ressemblance qu’il va voir en lui un sosie… voire qu’ils sont tous les deux des clones (la présence récurrente de Dolly, cette miniature de brebis faisant directement référence au fameux animal dupliqué ne saurait être involontaire). J’avais lâché cette série il y a déjà quelque temps et je me réjouis de la retrouver, même si j’ai évidemment en partie oublié des détails des opus précédents. Un tome plutôt enthousiasmant, prenant et à l’atmosphère pesante, jusqu’au bain de sang dans la salle de spectacle.

    20/03/2023 à 18:21 1

  • Raïssa

    Roman Surzhenko, Yann

    6/10 Louve, gamine, découvre un étrange objet sur la plage, et des gamins la poussent au fond d’un trouve où se trouve une louve, et c’est ensemble qu’elles sortiront de ce gouffre. L’attend un combat inattendu : contre Raïssa, un loup noir.
    Une sorte de produit dérivé de la série Thorgal, une BD pas nécessaire mais agréable à lire, avec déjà une première quête prévue pour Louve indiquée à la fin de ce premier tome : la main coupée du Dieu Tyr (donnant d’ailleurs son titre à l’opus suivant).

    19/03/2023 à 19:37 3

  • Le Maître des encens

    Jean-François Di Giorgio, Vax

    7/10 Une jeune et jolie bretteuse, Yukio, arrive sur l’île où s’entraîne durement notre jeune Takeo. Et voilà qu’une Tsuhiganô – une créature ressemblant à une araignée géante croisée avec un ver et crachant du feu – déboule à son tour. L’action se concentre autour du combat contre le monstre tandis que le maître des encens – qui donne son titre à cette BD – nous révèlera un sombre pan du passé de Yukio. L’événement final la concernant scellera d’ailleurs les motivations et la destinée de notre apprenti samouraï. Toujours aussi dynamique, enthousiasmant et bon.

    19/03/2023 à 19:36 3

  • Takeo

    Jean-François Di Giorgio, Vax

    7/10 Préquelles d’une série que j’ai beaucoup aimée, avec le même scénariste mais un dessinateur différent (Vax). Takeo, pourtant bien jeune, s’illustre déjà par sa sagesse et son ardeur à peine modérée par son maître d’armes, et les premiers combats d’entraînement montre justement que l’élève est en train de dépasser ce mentor, et il parvient même à battre le terrible Shusaké avant d’être salement blessé par ce dernier…
    Pas mal d’action, l’enlèvement d’une mystérieuse geisha par des ninjas redoutables : j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette BD. Elle n’est peut-être pas nécessaire, mais comme j’ai aimé le plat de résistance, je ne dis pas non à l’entrée.

    16/03/2023 à 18:46 1

  • Jack l'Eventreur

    Sophie Crépon

    1/10 Russell Edwards fait l’acquisition en 2007, lors d’une vente aux enchères, d’un châle qui aurait appartenu à l’une des victimes de Jack l’Eventreur. Il met également la main sur le journal intime du jeune Henry Simpson, journal écrit en 1888 alors qu’il n’avait que treize ans. Henry était le fils d’Amos, un sergent de Scotland Yard et avait alors mené une enquête parallèle aux côtés d’un journaliste.
    Je découvre la plume de Sophie Crépon via ce (court) roman. Points positifs : une écriture agréable. Et je m’arrête là. Parce que la liste des défauts, à mes yeux de lecteur adulte, n’est pas énorme, mais leur côté rédhibitoire l’est, en revanche. Et d’un : je crois que l’auteure s’est trompée de catégorie. L’écriture hésite sans cesse entre le lectorat jeunesse et adulte, sans jamais trouver sa voie. Au final : les jeunes n’accrocheront probablement pas, et les adultes s’ennuieront ferme voire trouveront le livre beaucoup trop court et simpliste. Et de deux : la documentation. Je me disais – naïvement – qu’aborder un tel sujet sans avoir sérieusement potassé le sujet (sans même faire remarquer que le livre est sorti en 2018, soit belle lurette après des milliers de romans et de documentaires : quand on arrive après les autres, la moindre des corrections, c’est d’essayer de proposer mieux ou un angle différent). Or, l’écrivaine confesse avoir exploité… deux ouvrages. A ce niveau-là, ça n’est même pas maigre : c’est indigent, voire indécent. Et de trois : si la restitution historique et sociologique du Londres de l’époque est potable (pour des jeunes, s’entend), le reste du coté soi-disant véridique du récit tient du canular honteux. La preuve ? Madame Crépon pointe du doigt, dans le final, un suspect (parmi une liste longue comme une autoroute) déjà connu. Elle écrit [sic] qu’une analyse d’ADN a été découverte et « qu’untel a fait partie de la liste des principaux suspects de Scotland Yard. Selon moi, cette coïncidence prouve de façon presque certaine sa culpabilité. » Tadaaaaaaam ! Waouh ! Il est magnifique, ce travail de fond : j’ai jeté un coup d’œil en diagonale à la page Wikipédia sur le sujet et on y trouve ce fait. Moralité : il suffit de trouver une information sur Wikipédia et de prendre de grands airs satisfaits pour dire : « Les autres ont pataugé, mais moi, en un claquement de doigts, J’AI COMPRIS, JE SAIS ! ». En vrai, cette écrivaine sait juste lire. En fait, non, pas vraiment : si elle était allée au bout des deux paragraphes (mais peut-être n’en a-t-elle pas eu le temps : deux paragraphes, c’est long à éplucher, faut croire), elle aurait appris que cette piste est, comme toutes les autres, très controversée voire contredite. Et encore : je ne suis pas un spécialiste de ce tueur en série, loin de là, mais la différence entre l’écrivaine et moi, c’est que j’ai la modestie de le confesser plutôt que de m’autodéclarer grand expert en la matière (avec deux livres pour justifier une certification, tout de même). Bref, selon moi, même si ça permet éventuellement de passer un agréable moment de lecture ou d’effleurer le mystère Jack l’Eventreur, j’ai trouvé madame Crépon d’une rare malhonnêteté morale pour les raisons indiquées ci-dessus. Si son ouvrage avait été de la pure fiction, oui, pourquoi pas. Mais accuser avec aussi peu de preuves, surtout lorsqu’on est une dilettante, c’est désarmant de grossièreté et d’amateurisme, selon moi.

    15/03/2023 à 18:41 3

  • Versailles Of The Dead tome 2

    Kumiko Suekane

    1/10 Où l’on apprend, d’entrée de jeu, que les morts-vivants se nourrissent de pierres précieuses (ben allons donc…). On reprend donc une louche de ce brouet mélangeant histoire (mal) revue et (très mal) corrigée, zombies, cambriolages, dessins plats, scènes saphistes sans intérêt, passages occultes complètement grotesques, démonologie pathétique, immense ennui croissant, et quelques malheureux fous rires tant l’ensemble est navrant. Que l’Histoire soit réécrite, oui, pourquoi pas, mais pour le faire, il faut un minimum de talent (pourtant présent dans « Afterschool Charisma ») et surtout, il faut y croire, parce que là, j’ai surtout pensé que le mangaka avait perdu un gage et progressait dans son histoire à marche forcée, comme on va à la guillotine, justement. Ou alors, il aurait fallu une forme de distanciation, d’ixième degré, d’humour parodique, bref, ce qui manque au moins autant cruellement à cette série que du goût. A oublier de toute urgence.

    13/03/2023 à 18:56 4

  • Ender Geister tome 2

    Takashi Yomoyama

    4/10 Même verdict que pour le précédent tome : un vaste imbroglio d'éléments déjà présents ailleurs, que ça soit en mangas ou dans des films. De l'action à tout-va, certes, distractive et pas prise de tête pour un sou, mais un ensemble assez léger du point de vue scénaristique et qui ne me marquera vraiment pas durablement (sauf, à la limite, le combat final contre la tueuse sans visage). Je pense que je vais passer mon chemin pour la suite.

    13/03/2023 à 18:44 2

  • Huit crimes parfaits

    Peter Swanson

    7/10 Malcolm Kershaw est un libraire spécialisé dans la littérature policière. Il reçoit la visite de l’agente du FBI Gwen Mulvey qui pense qu’un assassin s’est inspiré d’une liste publiée sur Internet où Malcolm a énuméré ses ouvrages préférés en matière de crimes parfaits. Un tueur en série se serait-il donc enflammé à la lecture de ces romans ? D’ailleurs, ce monstre ne s’est-il pas déjà beaucoup rapproché de Malcolm ?

    Peter Swanson, au-delà de son rang d’auteur, est un adepte de littérature policière, et cela se sent indéniablement à la lecture de cet opus. Connaissant sur le bout des doigts des ouvrages majeurs signés Agatha Christie, Patricia Highsmith, Michael Connelly, John D. MacDonald, Donna Tartt ou encore James M. Cain pour ne citer qu’eux. Il convoque ainsi à ce festin les plus habiles et émérites plumes dans ce domaine et nous offre le portrait d’un malheureux libraire indépendant qui se trouve bousculé puis happé par un piège qui semble dépasser son humble condition. L’histoire est intéressante, l’intrigue prenante et l’on se laisse entraîner par le récit qui retrouve d’ailleurs son second souffle passé le premier tiers du livre. En effet, l’auteur de La Fille au cœur mécanique et de Vis-à-vis a ménagé quelques rebondissements surprenants et louables, notamment concernant la personnalité de notre protagoniste qui n’est pas si héroïque et banal que cela. S’il y a tout de même quelques longueurs çà et là, le roman demeure efficace sans pour autant être émaillé de moments définitivement mémorables ou d’un twist révolutionnaire. A cet égard, le dénouement s’inscrit parfaitement dans cette volonté, voire cette cohérence, de Peter Swanson : simple, presque élémentaire, sans effet facile ni frisson véritable. Néanmoins, le trente-deuxième et ultime chapitre réserve quelques beaux moments, avec une mise en abyme bienvenue.

    Un livre qui rend habilement hommage à ses illustres prédécesseurs tout en proposant une histoire solide et fort agréable. Peter Swanson réveillera certainement l’envie de se (re)plonger dans les pépites littéraires mentionnées afin de prolonger notre plaisir de lecture.

    13/03/2023 à 06:59 2

  • Ender Geister tome 1

    Takashi Yomoyama

    5/10 Michael n’est pas un exorciste comme les autres ni comme les poncifs du genre auraient pu nous le décrire : jeune, beau et athlétique, solidement armé et prêt à en découdre, il tient davantage du tueur à gages ou du yakuza. Son employeur l’envoie d’entrée de jeu lutter contre un ogre qui vient de causer 21 morts et 12 disparus, avant d’être envoyé au Japon, mais c’est dans l’avion que les ennuis vont commencer.
    Un manga qui dépoussière le mythe de l’exorciste, mélange curieux de scénarios de films à la Luc Besson (pas spécialement un compliment pour moi…), d’une esthétique typiquement manga, de l’ouverture d’un bestiaire composé de sacrées sales bêtes et autres créatures maléfiques, avec pas mal d’action et de fusillades. Objectivement, à part cette relecture de l’exorcisme, rien de bien flambant : ça se laisse lire et ça divertit, mais ça n’urine vraiment pas loin…

    12/03/2023 à 19:50 1

  • Blood Rain tome 3

    Mio Murao

    5/10 La tueuse apparaît à visage découvert et le jeu de massacre devient davantage psychologique que purement sanglant. L’érotisme s’éclipse au profit (façon de parler…) d’une pornographie d’autant plus dérangeante qu’elle est inutile et presque omniprésente). L’histoire commence – hélas – déjà à ronronner voire à patiner, et je me demande comment l’auteur va pouvoir continuer à maintenir du souffle à cette histoire alors qu’il reste encore six tomes avant la fin…

    08/03/2023 à 19:39 2

  • Blood Rain tome 2

    Mio Murao

    6/10 Le petit jeu de massacre (et d’érotisme ainsi que de sexe, mais à une dose trop prononcée à mon goût, d’autant que ça n’apporte absolument rien à l’histoire) se poursuit tandis que la tueuse resserre son étau sur l’ancien groupe, plus spécifiquement sur Kumi que la meurtrière veut faire souffrir indirectement… Un bon petit opus, modeste mais prenant, qui dispense une tension intacte et presque addictive.

    08/03/2023 à 19:38 2

  • Le Projet Hakana

    Marin Ledun

    9/10 Parce que la Terre est devenue invivable en 2175, une expérience projette des individus – dont beaucoup d’adolescentes – aux îles Marquises, presque six siècles en arrière, afin d’y tester les lieux. Il s’agit de mener des expériences pour s’assurer que des personnes capables à leur tour de voyager dans le temps et munis d’un solide compte bancaire pourront y vivre dans de meilleures conditions et échapper à ce que leur réserve l’avenir. Sauf que parmi ces pèlerins du futur, il y a Rim, une ado qui n’est pas décidée à revenir à son époque, ce qui irrite hautement les meneurs de ce projet. Et si, malgré son jeune âge, elle devenait une égérie de la lutte contre la colonisation ?

    On connaît déjà le puissant talent de Marin Ledun, qu’il s’exprime dans des romans à destination des adultes (Modus operandi, Marketing viral, Les Visages écrasés ou L’Homme qui a vu l’homme) ou d’un public plus adolescent (Luz, Interception ou Un Cri dans la forêt) pour ne citer qu’eux, et voilà qu’il nous revient avec cet ouvrage jeunesse. D’entrée de jeu, l’originalité du scénario intrigue et les premiers chapitres séduisent : on y découvre cette expédition temporelle dont l’un des membres, Rim, est enceinte de huit mois et dont le père est Moana, un Marquisien. Elle s’est rapidement éprise de lui tout en se rendant compte que ce projet Hatana porte les germes d’une nouvelle catastrophe humaine, presque civilisationnelle, comme si l’Histoire s’apprêtait à répéter les erreurs qu’elle a déjà commises : les îles Marquises vont-elles devenir encore une fois un butin que des nantis pourront piller à leur guise ? Son peuple devra-t-il subir les assauts de l’Occident tout-puissant, être pillé puis soumis au cours d’une nouvelle colonisation ? Et s’il était possible de rejouer le cours des événements du XVIe siècle, est-ce que cela ne vaudrait pas la peine de tenter de préserver ce territoire idyllique ? En auteur militant et engagé, Marin Ledun nous offre une véritable bulle de fraîcheur, d’espérance et d’optimisme en l’espèce humaine sans pour autant fermer les yeux sur ses errances et ses méfaits, et se fait lanceur d’alerte. Préoccupation écologique, refus de la cupidité, rejet d’un monde cloisonné entre riches et pauvres, dénonciation des velléités expansionnistes et impérialistes, l’écrivain parvient à mêler ces divers sujets dans cette histoire forte et palpitante, très bien menée et habilement entrecoupée d’extraits d’interrogatoires de celles et ceux qui ont côtoyé Rim. Et le final fait retentir – avec certes de la candeur, mais c’est bien cette perspective humaniste qu’il s’agit de nourrir – ce souhait de rédemption culturelle, avec l’acceptation d’autrui et la possibilité que oui, un autre monde est bel et bien possible.

    Un ouvrage détonant, jouant adroitement sur les paradoxes temporels et la célébration du libre arbitre des populations. Marin Ledun démontre avec maestria que les livres destinés à la jeunesse peuvent être porteurs de message vibrants et intemporels puisque ce sont bien les générations actuelles ou à venir qui sont les dépositaires de l’avenir d’une planète que nous leur avons léguée dans un état guère brillant.

    08/03/2023 à 06:47 9

  • La Colère des dieux

    Maza, Richard D. Nolane

    6/10 Un dix-neuvième tome qui commence presque par un chouette ballet aérien puis une série de combats dans les airs autour d’un bombardement massif qui s’illustre par la quantité d’appareils mobilisés. Une bataille intense et de toute beauté graphiquement, dommage que le fil de la série passe ici un peu au second plan malgré la réapparition de Reitsch, le nazi masqué, ainsi que d’un bombardement prenant pour cible le bunker circulaire.

    06/03/2023 à 17:44 1

  • Vies et mort de Lucy Loveless

    Laura Shepherd-Robinson

    9/10 Londres, 1782. Caroline Corsham retrouve dans un jardin où se jouent des parties fines son amie, Lucy Loveless, mourante. Elle a été poignardée à de multiples reprises et n’a le temps, avant de décéder, que de confier : « Il sait ». Décidée à mener l’enquête, Caro engage Peregrine Child, un « attrape-voleurs », l’équivalent d’un détective privé, afin de comprendre ce que la défunte a voulu dire et qui l’a assassinée. Mais il existe des secrets tabous, si interdits que l’on est prêt à tout pour les conserver cachés, quitte à tuer.

    Après l’excellent Blood & Sugar, Laura Shepherd-Robinson nous revient avec ce deuxième roman qui est au moins aussi bon que le précédent. Bâti sur une documentation plus que solide, l’écrivaine nous offre une radioscopie sidérante de la société anglaise du XVIIIe siècle, dont les plus profondes strates, miséreuses et volontairement prostituées pour échapper à cette indigence, côtoient une noblesse et une bourgeoisie qui ne demandent qu’à s’encanailler. Usant d’une langue délicate et raffinée qui sied parfaitement à l’époque, l’auteure nous propose un large éventail de personnages, tous très contrastés et dont on finit, chapitre après chapitre, par découvrir la profondeur psychologique ainsi que des failles dont on n’aurait pas pu se douter de prime abord. Si Caro – que l’on avait déjà croisée dans le premier ouvrage de Laura Shepherd-Robinson – est une femme déterminée et courageuse, elle tente de cacher comme elle le peut qu’elle est enceinte d’un autre homme que son mari, parti en Amérique. Peregrine Child n’a rien non plus du détective intrépide et exemplaire : alcoolique, surendetté, il n’accepte cette mission confiée par la jeune femme que pour échapper au courroux de son créancier, et ce n’est d’ailleurs que vers la fin du livre que l’on apprend le sort tragique qu’ont subi son épouse et son fils. Il y a encore bien d’autres individus interlopes dans ce récit, du peintre Jacob Agnetti qui semble dissimuler des trésors de barbarie et dont la femme a disparu, au lieutenant Edward Dodd-Bellingham, séducteur patenté et ancien héros de guerre, en passant par Lucy Loveless, la victime, qui faisait croire qu’elle était d’une haute extraction italienne, et Ambrose Craven, le propre frère de Caro, qui a également un lourd secret à dissimuler. Au-delà de l’aspect purement policier, ce roman se distingue aussi par certaines ambiances, lourdes, délétères, presque asphyxiantes, de cette société que nombre d’auteurs nous ont déjà dépeinte comme exemplaire et vertueuse. Où l’âge de consentement sexuel était de douze ans. Où « une fille de quinze ans [était] vendue aux enchères comme de la viande de cheval ». Où l’on pensait encore que la syphilis pouvait être soignée par l’accouplement avec des vierges. Et ce n’est que dans les derniers chapitres que la résolution de l’affaire apparaît, venant apporter une lumineuse conclusion à cette intrigue si dense, savamment bâtie et menée avec maestria.

    Un nouveau coup de maître pour Laura Shepherd-Robinson qui panache avec un succès indéniable le whodunit, le roman sombre et le genre historique. Dans le genre, un bijou. Noir, forcément.

    06/03/2023 à 07:02 7

  • Blood Rain tome 1

    Mio Murao

    7/10 Un mystérieux tueur en série se met à massacrer des gens quand le temps est à la pluie. Aihara Kumi connaissait la dernière victime, Masashi, puisqu’elle était autrefois la manageuse du club de baseball dans lequel la victime jouait. Il semble d’ailleurs que l’assassin élimine les uns après les autres ces gens qui se sont connus par le passé dans cette équipe sportive…
    Un slasher dans la plus pure tradition, plutôt habile, agréablement graphiquement (l’esthétique a nécessairement vieilli, ça date de 2000) et offrant une petite dose d’érotisme. Il ne réinvente absolument pas le genre mais il maintient amplement en haleine. La dernière planche montre le visage du meurtrier : espérons que le rythme restera sauf.

    05/03/2023 à 20:15 2

  • Boufbowl tome 4

    Grelin, Maxe L'Hermenier

    1/10 Comme il fallait s’y attendre, voilà le match final : l’outsider contre le champion en titre. Toujours les mêmes cadrages foireux qui nous montrent des joueurs avec, en arrière-plan, des angles de murs et le sol où l’on aplatit la balle. Un naufrage ! Et, en plus, vu que cette série s’adresse, j’imagine, à un jeune lectorat, je réprouve certains aspects moraux. Je ne suis pas une conscience, mais tout de même, des protagonistes plutôt sympathiques de prime abord qui se dopent, trichent en simulant des blessures, utilisent des fumigènes pour aveugler l’équipe adverse, utilisent leur argent pour des paris sportifs et finissent, après leur victoire tellement téléphonée, par se comporter comme de petites divas pourries par leur fortune, leur gloire dérisoire et leur gloriole, ça aurait pu être une belle dénonciation alors qu’ici, c’est du premier degré assumé. Affligeant ! Une débâcle scénaristique, morale et du point de vue de la mise en perspective des plans.

    04/03/2023 à 20:48 2