El Marco Modérateur

3579 votes

  • Vyshaya Mera, Marina...

    Chetville, Hervé Richez

    7/10 Une séance de torture dans un camp soviétique, puis un flashback pour commencer ce cinquième tome. L’idée de l’expérience de visualisation à distance est intéressante et bien menée, et malgré quelques longueurs et autres effilochements, j’ai repris du plaisir avec cette série. Souhaitons que le sixième et dernier tome soit à la hauteur de mes espérances, d’autant que Sam clôt cet opus avec une nouvelle vision.

    23/07/2023 à 23:32 1

  • Le Jardin des guerriers, première partie

    Serge Brussolo

    7/10 … ou comment Vickie, notre décoratrice spécialisée dans l’ornement de lieux extrêmes, en vient par l’entremise de sa psychologue Zoey Walden, à s’occuper d’un lieu, « L’Arche », où un paquet d’enfants surdoués sont regroupés sous la férule d’Hoobard Glooster, afin de préparer un éventuel cataclysme et pourvoir à la refondation de l’humanité. Accompagnées de deux orphelins, les deux femmes vont vite comprendre que ce bunker est encore plus torve que prévu. Tout Brussolo est là : la langue, la prolificité, l’imagination, les personnages déstructurés, et l’intrigue haletante. Néanmoins, le début m’a un peu déçu : le coup des gosses rassemblés sous la tutelle d’un drôle de zèbre aux allures de gourou, on connaît déjà. Néanmoins, la suite, avec Joan DeBregan et sa curieuse propriété dans le Maine, où elle dresse des mômes à rejouer la bataille de Gettysburg afin de prouver que son père avait raison de défendre la conduite de Longstreet, permet de surprendre le lecteur autant de que redonner un coup de fouet et des couleurs à l’histoire. Bref, un départ assez frustrant par rapport à la très haute estime que j’ai pour cet écrivain, mais que la suite contrebalance habilement.

    22/07/2023 à 08:39 2

  • Monkey Peak tome 9

    Akihiro Kumeta, Koji Shinasaka

    7/10 Encore sous le coup de la mort de Fujishiba – visiblement morte d’hypothermie –, les survivants finissent par se débarrasser de sa dépouille avant d’entendre des coups de feu. L’autre groupe fait une sordide découverte dans le flanc d’une falaise tandis que l’inconnu au katana fait sa réapparition. De chouettes rebondissements scénaristiques viennent dynamiser le début de ce neuvième tome – dont une trahison inattendue, et beaucoup de suspense et d’énergie dans cette série qui semble presque se bonifier au fur et à mesure des opus.

    21/07/2023 à 08:29 1

  • Monkey Peak tome 8

    Akihiro Kumeta, Koji Shinasaka

    7/10 Un groupe d’alpinistes se retrouve aux prises avec un groupe de bestioles simiesques : plutôt que l’affrontement, ils tentent de trouver leur salut dans la fuite puis le fait de semer ces créatures. Un huitième tome moins axé sur la confrontation avec les prédateurs, mais qui mise beaucoup sur l’escalade des protagonistes pour échapper aux monstres et les tensions qui vont avec (environnement hostile, corniche escarpée), même si une des bêtes apparaît vers la moitié du manga… armée d’un cocktail Molotov. Un chouette virage dans la série, avec un cliffhanger inattendu en fin d’ouvrage et l’un des singes à qui l’on retire son masque : hâte de connaître la suite, d’autant que la fin de la série va vite arriver !

    20/07/2023 à 08:26 2

  • Monkey Peak tome 7

    Akihiro Kumeta, Koji Shinasaka

    7/10 La bombe artisanale de Tôno a fait son œuvre de destruction mais il se peut également que son sacrifice ait été un peu inutile. De nuit et désormais privés de toit, nos rescapés vont devoir survivre différemment, et les tensions entre eux semblent être en train de s’exacerber. Le mystérieux inconnu au sabre laisse un nouveau message aux survivants avec une vidéo de l’un des otages. Un septième tome bien tendu où ce sont les intempéries naturelles qui font davantage de ravages parmi les protagonistes que les prédateurs. Une série toujours aussi prenante.

    18/07/2023 à 08:33

  • Monkey Peak tome 6

    Akihiro Kumeta, Koji Shinasaka

    7/10 L’inconnu armé d’un sabre et visiblement du côté des monstres a laissé son ultimatum, et les survivants cherchent à trouver de l’eau autour du refuge en creusant le sol. Ils en viennent même à collecter des coléoptères pour les manger et pallier leur faim avant de préparer des pièges mortels pour les singes au cas où ils essaieraient de se glisser dans le chalet durant la nuit. Plus de tension dans ce sixième tome que de véritable action, et c’en est presque préférable d’après moi : un suspense qui trouve son acmé avec l’arrivée des prédateurs, la prise d’otage et le final explosif.

    17/07/2023 à 08:38 2

  • Monkey Peak tome 5

    Akihiro Kumeta, Koji Shinasaka

    7/10 Ambiance survie pour nos rescapés perdus dans la montagne, face au froid, à la faim et à la fatigue. Puis c’est à la fronde et au piolet que l’on affronte les bestioles simiesques. L’ensemble demeure finalement assez balisé mais ça n’en reste pas moins distractif et intéressant, d’autant qu’apparaît un homme mystérieux, muni d’un sabre et visiblement en cheville avec les créatures, qui est porteur d’un ultimatum inattendu.

    16/07/2023 à 08:41 2

  • Monkey Peak tome 2

    Akihiro Kumeta, Koji Shinasaka

    7/10 Les survivants pensent désormais qu’il y a un traître parmi eux : le mot d’ordre est donc « Ne faites confiance à personne ». La soif et l’épuisement font des ravages tandis qu’ils atteignent le sommet du Mont Maedake. Et même quand l’espoir renaît, c’est pour voir arriver un singe armé d’un arc et de flèches, qui attaque avant de vider les bouteilles d’eau de leur contenu.
    Un deuxième tome qui se déroule presque exclusivement dans le refuge, avec des tensions croissantes entre les membres du groupe, quitte à torturer l’un des leurs avec une fourchette pour lui faire avouer la vérité. L’arrivée de la créature dans la dernière planche augure probablement un coup de fouet attendu pour cet opus qui, même classique, a eu l’intelligence de jouer autre chose que la partition attendue d’un nouveau massacre.

    15/07/2023 à 08:21 2

  • 1954

    Stephen Green, Mike Mignola

    7/10 Une station dans l’Arctique aux prises avec de mystérieux événements, des phénomènes paranormaux à Baltimore liés à un garçon et à un singe, Hong-Kong et des apparitions de monstres, des revenants et un miroir : même si j’ai moins apprécié la troisième histoire et que la dernière m’a semblé assez faible (à moins qu’elle ne soit volontairement inachevée ?), l’ensemble demeure particulièrement plaisant et réjouissant.

    13/07/2023 à 08:18 1

  • Under Ninja tome 1

    Kengo Hanazawa

    5/10 Douglas MacArthur a fait en sorte que les ninjas continuent d’exister en secret sur le territoire japonais, au point que l’on en compte environ 200000 actuellement. Mais certains d’entre eux restent tout en bas de l’échelle. Kurô Kumogakure est l’un d’entre eux, désœuvré, et l’on vient pourtant de lui confier une mission : infiltrer le lycée Koudan.
    Le premier tome d’une série qui se veut décalée mais qui a peiné à me saisir. OK, il y a quelques passages absurdes, de belles acrobaties et un chouette graphisme, mais ça ne m’a tout bonnement pas parlé, rien touché, rien fait ressentir de particulier. Je m’arrête là.

    09/07/2023 à 17:36 1

  • Denjin N tome 1

    Kazu Inabe, Yuu Kuraishi

    9/10 Nasu a tout du pauvre type : son métier à la supérette est purement alimentaire, son existence plate comme une plaque de marbre, on dit même de lui que « c’est pas vraiment une lumière, il n’a pas fini le lycée ». Son père a quitté le domicile familial en ne laissant que des dettes, sa mère a sombré dans l’alcoolisme, et sa maigre paye passe dans le remboursement des traites autant que des frais médicaux. Il ne trouve finalement son seul plaisir qu’auprès de Misaki Kanzaki, une jeune et belle chanteuse type K-pop, qu’il suit grâce à son masque de réalité virtuelle, et sur laquelle il a craqué le jour où elle lui a tendu un mouchoir alors qu’il venait de se faire molester par de petites brutes. Mais un jour banal, alors qu’il porte ce fameux masque, il parvient à avoir l’emprise sur le réseau électrique de toute la ville ainsi que sur les systèmes qui utilisent cette énergie, et il en « profite » pour assassiner son patron…
    Un premier tome sacrément nerveux et intéressant, singulier dans le fond comme dans la forme – très beau graphisme, une esthétique forte et tendue, des visages très expressifs et une violence mémorable soulignée avec éclat –, ou comment un loser intégral devient un pur tueur en série psychopathe pour servir celle qu’il aime en secret. Un premier tome tonitruant et qui pose, en filigrane, de justes questionnements sur notre assujettissement à l’électricité et au tout-numérique. Evidemment, je vais poursuivre cette excellente série, une traque au « Denjin », ce que l’un des personnages traduit par « électrhumain ».

    08/07/2023 à 22:05 2

  • Le Chanoine rouge

    Luc Valmont

    4/10 Crécy-les-Saules. M. Chabenas, maire de ce village, a demandé à son ami Alain Barrois de venir. La raison ? « Le Chanoine rouge ». On prétend que le chanoine Albert a été assassiné pendant la Révolution en 1793, et que son spectre continue de hanter les lieux. Michel Bascoul a disparu depuis deux jours, et les villageois pensent que c’est un coup de ce mystérieux fantôme. Il se murmure également qu’un trésor serait encore dans l’abbaye. Barrois se décide à enquêter lorsqu’il découvre avec l’édile le corps de Lisette Béranger, la fiancée du disparu.
    Une nouvelle qui commence plutôt bien, avec la conjonction entre cet étrange – et saisissant – revenant, et un enquêteur intéressant. Barrois est un détective privé qui se laisse souvent submerger par ses réflexions au point de devenir étranger à son environnement extérieur immédiat, se montre tenace, soliloque pas mal. Quand apparaissent d’autres suspects, des amoureux éconduits de Lisette, en la personne de Jean Legros et Charles Marinet, et que le spectre apparaît face à notre limier, on se dit qu’on va se régaler… eh bien non. A part la personnalité du héros, tout est rapidement bâclé. La résolution se fait si vite qu’elle en devient incompréhensible, sans le moindre intérêt, et jamais l’auteur n’explique avec conviction et détails comment son héros y parvient. En outre, la concision du récit vient davantage saper ce (te absence de) raisonnement, au point que je me suis senti profondément floué, dépossédé de la déduction de Barrois que j’attendais. Et je me retrouve avec un texte plutôt sympa mais complètement gâché par un épilogue catapulté sans précaution, un dénouement sans finesse, et, quand j’y repense à tête reposée, une histoire sans grande originalité que ne vient même pas sauver une conclusion délicate, originale ou marquante. Pour résumer, une sacrée désillusion.

    08/07/2023 à 08:02 2

  • 60 minutes

    M. J. Arlidge

    8/10 « Il te reste une heure à vivre » : c’est ce que Justin Lanning s’entend dire au téléphone par un inconnu, et cette terrible menace s’accomplit. La commandant Helen Grace comprend vite que la victime n’est pas n’importe qui : il y a huit ans, elle et quatre de ses amis se sont retrouvés séquestrés par Daniel King, un psychopathe qui a tué l’un d’entre eux avant de disparaître. Le monstre serait-il de retour pour terminer son œuvre de destruction ?

    Ce neuvième volet de la série consacrée à Helen Grace régalera certainement ses fans. On y retrouve avec un plaisir intact la plume et le style si caractéristiques de M. J. Arlidge : une écriture simple et efficace, des chapitres particulièrement courts – n’excédant que rarement les trois ou quatre pages, une histoire immédiatement addictive et une intrigue percutante. Ici, on est rapidement passionné par le sort de ces quatre rescapés qui, près d’une décennie plus tard, vont à nouveau tâcher de survivre à de sinistres ultimatums lâchés par un individu perspicace et très déterminé. Helen Grace s’illustre une fois de plus par sa finesse d’esprit, sa clairvoyance et sa pugnacité, tandis qu’on la trouve en couple avec le capitaine Joseph Hudson, Charlie enceinte jusqu’aux yeux et la journaliste retorse Emilia Garanita trouvant encore le moyen de faire des siennes. L’ouvrage réserve de bons moments de tension ainsi que des rebondissements habilement amenés. Résultat : les quelque cinq-cent-cinquante pages sont avalées plus qu’elles ne sont lues, à un rythme endiablé, sans jamais que le récit ne souffre du moindre temps mort.

    Une mécanique implacable servant une histoire certes classique mais adroite et prenante : c’est presque la signature de M. J. Arlidge, un auteur décidément exceptionnel et au talent de conteur remarquable. Probablement l’une des meilleures séries policières actuelles !

    05/07/2023 à 07:01 6

  • Des Zombies dans la prairie

    Chrysostome Gourio

    8/10 Maximus est au bout de sa vie : lui qui est fan de metal et de hard rock, le voilà obligé de rejoindre la Savoie, plus précisément le village de ses ancêtres, pour un festival de punk, avec sa mère et ses trois petits frères. Mais sur place, les événements prennent une bien étrange tournure : ça commence avec une marmotte qui lui brandit un doigt d’honneur et la nouvelle de la disparition d’un couple de randonneurs. Mais voilà qu’apparaît la plus improbable et la plus terrible des menaces : une invasion de marmottes, rendues zombies par des puissances maléfiques et chtoniennes. Une chose est alors certaine : Maximus et sa famille sont les seuls à pouvoir sauver l’humanité toute entière.

    Chrysostome Gourio nous livre ici un thriller pour adolescents particulièrement excentrique et débridé. D’ailleurs, le ton est rapidement donné : l’auteur va s’en donner à cœur joie, et plonger le lecteur dans de folles aventures. Les personnages principaux sont d’ailleurs hauts en couleur, du narrateur, Maximus, à sa mère professeure de philosophie dont certaines répliques semblent tirées du Crépuscule des guignols, en passant par les Twix, frères cadets et jumeaux qui adorent les expériences, même avec les crottes de nez et les flatulences, ou encore Achille dit « Le Nain », le plus petit de la fratrie, chouineur de première et adepte du saxophone. Une sacrée brochette de spécimens catapultés dans une histoire sacrément barrée, avec des marmottes meurtrières et possédées par des forces occultes, et contre lesquelles nos (anti)héros vont devoir se battre. Chrysostome Gourio maîtrise son art du récit, multiplie les références cinématographiques et musicales, et nous propose un véritable carnage de bestioles habituellement si attendrissantes : tous les moyens seront d’ailleurs bons pour les exterminer, des classiques pelles et armes de fortune, sans compter un produit qui sera abondamment exploité mais dont il serait malvenu de divulguer la nature. Ça va méchamment saigner dans les alpages, au gré d’un jouissif jeu de massacre, jusqu’à l’inévitable confrontation avec l’Archidiable en personne. La tournure de la confrontation s’avèrera d’ailleurs à l’image de l’ensemble du livre : absurde et osée. Pas le moindre temps mort, de l’énergie à revendre, un ton volontairement cracra, décalé et désopilant pour ce roman qui, à défaut de totalement révolutionner le genre, le réinterprète avec talent et jubilation. Tout au plus pourra-t-on reprocher – mais c’est là très subjectif – cette narration si particulière où chaque dialogue se voit préciser d’entrée de jeu quelle est la personne qui s’exprime, un procédé peu naturel et vite agaçant d’autant qu’il s’encombre de didascalies superflues.

    Un livre hautement distractif et féroce, procurant sa ration de rires et de sensations fortes. Chrysostome Gourio a intelligemment remplacé les prédateurs habituels (requin, ours, loup, etc.) par des bestioles bien mignonnes transformées en machines à tuer. On en redemande !

    04/07/2023 à 06:53 3

  • L'Attaque des titans tome 2

    Hajime Isayama

    7/10 Des titans investissent la ville tandis que de sinistres comportements individualistes et financiers viennent démontrer que les pires personnages ne sont pas nécessairement les envahisseurs, et des créatures en viennent même à s’entretuer et à se dévorer les unes les autres. Comme l’a indiqué gamille67, les titans ont effectivement un point faible (chouette référence à Polyphème), et un personnage central fait sa réapparition à la toute fin de ce deuxième tome. Une série vraiment intéressante et cet opus me donne largement envie de la poursuivre.

    02/07/2023 à 19:42 2

  • Ma Vie de zombie

    RaphaëlB, Sébastien Viozat

    5/10 Léon Malmeau, gardien du cimetière Saint-Antoine, vit sa profession avec entrain et philosophie, poussant le vice jusqu’à habiter au cœur du cimetière. Mais lorsqu’il se fait mordre par un colonel revenu d’entre les morts, la donne change complètement…
    Les éléments classiques du genre (transformation physique, goût aiguisé pour la viande rouge crue, etc.), très voire trop classiques, et, malgré une esthétique assez particulière, une simple interprétation de plus du mythe des zombies sans que cette lecture supplémentaire soit autre chose que surnuméraire voire superflue. Agréable, mais tout aussi agréablement vain et aussitôt oubliée.

    29/06/2023 à 18:42 2

  • L'Île au trésor

    Benjamin Bachelier, Aurélien D'Almeida

    5/10 Inutile de revenir sur l’histoire de cette BD : tout le monde la connaît, même approximativement, et je crois me souvenir plutôt bien de l’ouvrage originel de Robert Louis Stevenson. Comme l’explique la quatrième de couverture, il s’agit d’une « fidèle adaptation » en un seul tome (ce qui est rare en la matière). C’est plutôt plaisant mais j’ai deux reproches : la concision de cette œuvre est telle qu’elle en devient précipitation, à mon goût, sans laisser le temps aux événements, au suspense ou aux peintures psychologiques le temps prendre de l’ampleur. Le second, très subjectif, mais tout de même : je n’ai pas du tout aimé le graphisme, trop brut, trop simpliste, parfois un peu grossier, ce qui m’a d’un bout à l’autre beaucoup contrarié. Dommage, donc.

    29/06/2023 à 18:40 2

  • Une Cathédrale à soi

    James Lee Burke

    8/10 Les familles Shondell et Balangie, toutes deux fort peu recommandables, voient un événement inattendu se produire : Johnny, rejeton de la première de ces deux dynasties, et Isolde, de la seconde, sont tombés amoureux. Malheureusement, la jeune femme est déjà promise à Mark, le sinistre oncle de Johnny, prédateur sexuel notoire. Dave Robicheaux et son comparse Clete Purcel vont s’immiscer dans cette sombre histoire tandis qu’apparaît un tueur aussi redoutable qu’énigmatique, qui prétend être « un révélateur » et avoir vécu plusieurs vies par le passé.

    Ce vingt-troisième tome de la série consacrée à Dave Robicheaux séduit immédiatement. James Lee Burke épingle l’attention du lecteur dès les premiers mots, les premiers échanges, les premières descriptions. L’auteur, chevronné et hautement talentueux, use de sa plume si spécifique pour décrire des ambiances délétères, signer des dialogues au cordeau, peindre des personnages ambigus, voire offrir une véritable texture littéraire à cette Louisiane qu’il chérit tant. Le récit est émaillé de nombreuses références à l’histoire ou à la géographie de l’Etat, ainsi que de multiples citations – le titre de l’ouvrage étant lui-même inspiré par un poème. On se passionne rapidement pour ce roman particulièrement noir où, comme le veut la règle, l’intérêt repose moins sur l’intrigue que sur tous les éléments connexes. Les divers protagonistes sont à cet égard remarquables, de Mark Shondell, sordide nabab aux desseins libidineux à peine muselés, à Gideon Richetti, cet assassin semblant avoir voyagé dans le temps et au physique de reptile. Dave Robicheaux, qui en est à dix-neuf mois de sevrage alcoolique, devra déployer des trésors de pugnacité autant que de tact pour venir à bout de cette enquête abjecte, et son fidèle compère Clete ne sera pas en reste, frôlant la mort de peu suspendu à un palan au-dessus des flammes, jouant du fusil de précision pour effaroucher des adversaires, ou démontrant toute l’ampleur de la violence dont il peut être capable sur un yacht en feu. Et il y a ces sortilèges sortis de la forte imagination de James Lee Burke, où nos héros continueront de voir défiler d’inquiétants pans de leurs passés respectifs tout en étant harcelés par des visions tenaces de terrifiants galions aux allures de vaisseaux fantômes.

    Une œuvre puissante et marquante, qui vaut tout autant pour les individus angoissants qui le peuplent que pour le style si brillant de l’auteur.

    29/06/2023 à 06:51 5

  • Quel secret abrite le château de Fougeret ?

    Sarah Barthère

    5/10 Pour Noël, la grand-mère d’Alix et de Gabriel, des jumeaux, leur offre un séjour au château de Fougeret. De prime abord, pas de quoi réjouir ces enfants. Sauf que cette résidence est supposée hantée. Avec leurs parents, les adolescents vont sur place et découvrent, aux côtés de Manel, une jeune fille aux allures gothiques, que la réputation des lieux n’est guère usurpée.

    Après Qu'est-il arrivé au vol MH370 ?, voici le deuxième roman de la collection « Mystères inexpliqués » autant que le deuxième roman de Sarah Barthère. On y retrouve avec plaisir la langue de l’écrivaine, riche et agréable, et une belle tenue dans la maîtrise de son récit. Alix et Gabriel composent deux protagonistes fort sympathiques et dont on suit avec plaisir les pérégrinations au sein de ce château où planent d’étranges présences. Séances de ouija, rires inexpliqués, tâches d’eau incompréhensibles, clichés ressurgissant du passé : autant de pistes aptes à procurer de belles sensations fortes à nos héros autant qu’au lectorat. Malheureusement, ici, l’ouvrage est très loin de la réussite du précédent. L’histoire ne s’amorce que vers la moitié du livre, et la suite accumule de nombreux clichés en matière de hantises et autres phénomènes paranormaux. Il y a bien quelques timides montées en adrénaline mais ces dernières demeurent trop peu nombreuses, timides et déjà lues ou vues des centaines de fois. Le rythme demeure particulièrement lent et, malgré une lecture globale plutôt plaisante, rien ne permet à ce livre de se distinguer de la quantité faramineuse d’autres ouvrages exploitant le thème des spectres. Il est même très probable que peu de souvenirs resteront durablement gravés en nous ou dans l’esprit des jeunes lecteurs une fois la dernière page achevée. Certes, l’idée d’exploiter un tel décor, existant réellement, est intéressante et porteuse d’une histoire palpitante, mais il faut bien reconnaître que cet opus se distingue davantage par son côté lénitif et si attendu que l’on frôle la caricature – molle, de surcroît.

    Sarah Barthère nous avait régalés avec son œuvre antérieure, alors oublions celle-ci au plus vite tant elle nous a déçus.

    27/06/2023 à 07:09 2

  • La Cité hantée

    Lincoln Child, Douglas Preston

    8/10 L’inspecteur Pendergast, sa pupille Constance et l’agent Coldmoon se sont à peine remis des événements de la Rivière maudite que l’avion dans lequel ils ont embarqué change de cap, direction la Géorgie, plus précisément la ville de Savannah. Deux cadavres y ont été trouvés, vidés de leur sang, et il n’en faut pas moins pour que la rumeur d’un terrible vampire s’y propage. Mais cette histoire pourrait être liée à celle, beaucoup plus ancienne, d’un étrange détournement d’avion jamais résolu.

    Voici la vingtième enquête de la série consacrée à Aloysius Pendergast, et l’on y retrouve avec une jubilation non dissimulée cet inspecteur du FBI si détonnant, aussi brillant qu’énigmatique, accompagné de l’équivoque Constance et du policier Coldmoon aux origines lakotas. Savannah offre un cadre exceptionnel pour cette intrigue qui ne l’est pas moins, palpitante et immédiatement addictive, avec un bel écheveau de pistes et de personnages étranges. Jugez plutôt : une créature pompant l’hémoglobine de ses victimes, une vieille femme vivant recluse au dernier étage d’un hôtel, un documentariste spécialisé dans les phénomènes paranormaux et un journaliste entièrement dédié à la démolition des sornettes à ce sujet, un sénateur particulièrement déplaisant, d’incroyables opérations fructueuses en bourse, etc. Indéniablement, Douglas Preston et Lincoln Child ont savamment réfléchi à cette histoire robuste et prenante, où les chapitres s’enchaînent à merveille sans qu’il ne soit possible de les lâcher. Et quelle merveilleuse idée ils ont eue que d’exploiter l’affaire criminelle D. B. Cooper, non résolue à ce jour. Les deux auteurs excellent à imprimer un rythme trépidant à ce récit qui se conclut sur une nette note fantastique, achevant de faire de ce livre l’un des plus dynamiques de la série.

    Remercions chaleureusement Douglas Preston et Lincoln Child pour ce roman si efficace, d’autant qu’il se termine en portant un éclairage très particulier sur le personnage de Constance, laquelle est déjà en train de mener une quête très personnelle que l’on se plaira à lire dans Le Cabinet du Dr Leng, à paraître le 19 octobre chez L'Archipel.

    26/06/2023 à 07:08 4