El Marco Modérateur

3578 votes

  • Deathco tome 5

    Atsushi Kaneko

    7/10 Un cinquième tome qui commence sur les chapeaux de roues – au sens propre comme au figuré – avec un camion énorme déboulant sur la route et une sacrée fusillade. L’histoire se poursuit dans un parc d’attractions. L’ensemble est toujours aussi décalé, dynamique, agréablement distractif, gentiment gothique et, si l’épaisseur ou la complexité du scénario ne font pas partie des priorités de l’auteur, elles ne constituent pas non plus celles du lecteur.

    06/12/2023 à 17:41 2

  • Dead Tube tome 18

    Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi

    5/10 Un début assez bavard mais qui permet de découvrir l’identité de celui qui est derrière la manigance. Cette série, avec ce 18ème tome, conserve son ADN – un caryotype de sang, de manipulation, de violence et de sexe même s’il y en a nettement moins que dans d’autres opus – mais les dialogues à rallonge m’inspirent le fait que tout ceci aurait pu être raccourci pour conserver son impact, ou alors le scénariste fait durer l’histoire parce qu’il est un peu en panne d’inspiration, comme d’autres jouent la montre. Globalement longuet et décevant.

    06/12/2023 à 17:40 2

  • Opération Gold

    Mark Zellweger

    7/10 Les espionnes du Salève continuent de lutter pour contrer la machine nazie. Face à elle, plusieurs combats sont désormais à mener : le frère de Ruth a disparu, d’étranges mouvements ont lieu entre le Crédit suisse et la légation – c’est-à-dire l’ambassade – allemande de Berne, et un sous-marin contenant de l’or a été repéré du côté de Buenos Aires.

    Ce quatrième volet de la série consacrée aux espionnes du Salève reprend tout ce qui a fait le succès des précédents tomes. En auteur roué, Mark Zellweger a préparé son ouvrage avec un solide travail de documentation, et c’est ainsi que le lecteur va côtoyer des personnages réels comme imaginaires. Les cadres historiques et géographiques sont très bien restitués, et l’on se plaît à suivre les périples de nos héroïnes, toujours aussi déterminées et courageuses dès lors qu’il s’agit de triompher de l’obscurantisme. Malgré leur vaillance, elles n’en demeurent pas moins humaines, avec leurs zones de faiblesse et leur humanité, et l’écrivain a le bon goût de ne pas torpiller son récit en mettant en scène des protagonistes lisses et indestructibles. On passe un agréable moment auprès d’elles, de la France à la Suisse en passant par l’Argentine, entre infiltrations, opérations de prise de renseignements, commandos contre l’équipage d’un U-Boot et autres actions fort audacieuses. Les moins de trois-cents pages défilent à toute allure, la petite histoire de la fiction se mêlant à celle s’écrivant en lettres majuscules, avec un final qui laisse presque déjà augurer d’une ou de plusieurs suites. Dans le même temps, il est vraiment dommage que le roman soit émaillé d’autant de fautes d’orthographe et d’approximations syntaxiques, et que certains passages, à force de trop vouloir mettre en valeur la bravoure de ces jeunes femmes, en deviennent capillotractés voire improbables.

    Un bon roman d’espionnage, ménageant l’action, le suspense, la restitution de l’époque ainsi que le fonctionnement des réseaux de résistance. On en regrette d’autant les multiples coquilles et certaines scènes assez peu crédibles.

    06/12/2023 à 06:47 3

  • Backhome tome 1

    Toni Caballero, Sergio Hernandez

    8/10 Woscastle. Adam Harper et sa grande sœur Ann voyagent en train. Des années plus tard, Ann revient sur place, se retrouve confrontée à des créatures inquiétantes avant d’être exfiltrée par des militaires puis placée en prison. Décidément, quelque chose ne tourne pas rond dans cette ville fantôme.
    Un manga écrit et dessiné par des Espagnols ? Pourquoi pas, et c’est cette particularité qui m’a conduit à me lancer dans cette lecture, que je ne regrette absolument pas. Graphisme particulièrement réussi, récit nerveux, ambiances lourdes d’angoisse parfaitement rendues, passé habilement restitué par courtes analepses, un capitaine qui cache de douloureux secrets, de judicieux flous et retours des couleurs… C’est vraiment très bon !

    05/12/2023 à 18:48 4

  • La Part du démon

    Mathieu Lecerf

    6/10 Une religieuse, retrouvée les mains tranchées, le visage massacré. On apprendra peu de temps après qu’elle était enceinte. Sur l’affaire, deux policiers : la jeune Esperanza Doloria, vive et nerveuse, encline au sexe sans le moindre état d’âme, et le quadragénaire Manuel de Almeida, dit « Manny », parfois atteint par un trouble dont on ne sait la nature qu’à la toute fin de l’ouvrage. Dans le même temps, Cris, le frère de Manny, journaliste, se penche sur le quadruple homicide de chauffeurs de taxi, visiblement perpétré à chaque fois par un individu différent.
    Je ne découvre ce premier roman de Mathieu Lecerf, et j’ai aussitôt été happé par l’histoire. Un rythme cadencé, une écriture racée, des protagonistes écorchés et une enquête « bifide » dont les deux axes vont finir par s’entrecouper. J’y ai vu une sorte de parenté avec les œuvres et le style de Jean-Christophe Grangé (cela n’est nullement un reproche). Pas de temps morts dans ce roman, assez joliment tourné et qui est un véritable page-turner. Beaucoup de points positifs, donc, d’autant qu’il s’agit d’un premier livre pour l’écrivain, mais il y a tout de même deux points qui m’ont un peu gêné. Le premier, ce sont ces étranges coïncidences qui font qu’à chaque fois que Manny intervient, c’est pile-poil pour sauver la mise d’un camarade : Esperanza, son frère, puis rebelote pour sa partenaire. Là, à chaque fois, ça se joue à la seconde près. On est d’accord, pléthore d’écrivains et cinéastes nous ont déjà fait le coup, mais là, c’est vraiment patent. Le coup du « Deux ex machina », arrivant au bon endroit et au bon moment trois fois de suite, ce n’est plus du hasard, c’est à mon avis un effet facile et employé deux fois de trop. L’autre bémol, plus sévère que ce détail – et ça va être ici difficile de l’expliquer sans déflorer quelques éléments du livre, c’est que, mis bout à bout, les résolutions ne sont vraiment pas nouvelles. Le tueur des chauffeurs de taxi ? Etonnamment, aucun des policiers ne semblent avoir entendu parler de ça ; je veux bien croire que ça n’est pas très commun, mais on ne compte pas le nombre de films, pour ne parler d’eux, qui ont déjà utilisé ce désordre psychiatrique (certains passages m’ont même fait sacrément penser à un ouvrage, non lu mais présent dans PP, qui a été adapté dans un film assez connu de 1996). Les textes en italique et relatifs à l’assassin ? On est également dans le poncif. Je ne dis pas que ça ne tient pas la route, je dis simplement que c’est du déjà-vu ou du déjà lu. Bref, l’ensemble est agréable à lire et très divertissant, mais ça ressemble à mes yeux à un habile patchwork où Mathieu Lecerf a cousu entre elles des pièces de tissu assez disparates, déjà maintes fois employées auparavant, pour un résultat plutôt décevant car sans éclair véritable de génie ni d’originalité. Et je ne parle pas des deux derniers événements – ce que l’on faisait des enfants dans cette institution, arrivant comme un cheveu sale dans une soupe tiédasse, ainsi que l’ultime rebondissement concernant Esperanza, qui se pointe également de façon incongrue. Bref, pas un mauvais livre du tout, loin de là, mais selon moi, un roman qui réemploie avec dextérité de vieilles ficelles sans pour autant en faire une belle dentelle.

    04/12/2023 à 18:13 5

  • Nayeli

    Thomas Mosdi, Gianluca Pagliarani

    7/10 Du cimetière du Père Lachaise à la Nouvelle-Espagne de 1574 en passant par la jungle du Yucatan en 1519, des razzias sur des villages à l’esclavagisme des survivants jusqu’aux sorcelleries, un cinquième opus inspiré, très réussi du point de vue graphique, propre dans le traitement de l’histoire et, une fois n’est pas coutume, assez maigre en scènes d’érotisme.

    03/12/2023 à 15:04 2

  • Messaline

    Marco Dominici, Thomas Mosdi

    7/10 Dans les bas-fonds de Rome, on s’adonne à la prostitution, mais l’un de ces péripatéticiennes cache bien son jeu autant que son identité : il s’agit de Messaline. Une relecture de la grande Histoire au graphisme très réussi et à l’intrigue subjectivement plus agréable que dans certains précédents tomes. Messaline, Poppée, Claude, avec complots de cour et pressions politiques, pour un opus bien moins ouvertement érotique que d’autres.

    03/12/2023 à 15:03 1

  • Ciudalia

    Frédéric Genêt

    8/10 Don Benvenuto est un tueur à gages, et il reçoit un jour une pièce de monnaie frappée de trois traits, comprenant aussitôt que l’on a besoin de ses services. Don Mascarina lui demande en effet de tuer quelqu’un qui s’avère être un maître sorcier, et Mascarina est retrouvé mort aussitôt après.
    Traits incisifs, scénario inspiré, du souffle, scènes de bataille très réussies : un premier tome alléchant pour cette série qui se déroule dans une Espagne habilement restituée.

    02/12/2023 à 22:46 4

  • Dog End tome 3

    Yurikawa

    6/10 Alors que nos trois compères roulent vers la Sky Tower, un obstacle se dresse devant eux en la personne d’un tueur à gages muni d’une batte de baseball, et ça ne sera pas la dernière des confrontations avec ces assassins venus leur barrer la route. Un ton toujours aussi WTF, et même si les combats à la Dragon Ball peuvent surprendre voire décevoir et lasser (ce qui est un peu ce que je ressens), l’ensemble demeure amusant et plutôt plaisant. Néanmoins, j’espère que la suite sera plus mordante.

    02/12/2023 à 22:45 3

  • Btooom ! tome 7

    Junya Inoue

    5/10 Ryota se souvient de son premier amour brisé et des coups qu’il a données suite à cette trahison. On retrouve ensuite le décor de cette île où se déroulent des combats à coups de petites bombes. Mis à part l’épisode du cul-de-basse-fosse, mon avis rejoint celui émis à propos du précédent tome : malgré une esthétique sympa et un déroulé plutôt divertissant, l’intrigue ronronne, sans jamais chercher l’originalité, des éléments marquants, ou des rebondissements venant dévier une trajectoire scénaristique trop plan-plan.

    02/12/2023 à 07:41 3

  • Eanna

    Gianluca Acciarino, Thomas Mosdi

    6/10 Enfin un peu d’allant avec l’entame de ce troisième tome et une incursion militaire et sanglante dans le temple. L’intrigue reprend également un peu d’énergie mais demeure un peu attendue voire téléphonée avec la vengeance d’Eanna qui va châtier ceux qui l’ont déchue, sexuellement exploitée puis abandonnée dans le désert.

    29/11/2023 à 17:02 2

  • Roxelane

    Adriano De Vincentiis, Thomas Mosdi

    6/10 D’Istanbul à la Russie en passant par la Crimée et Venise, un deuxième tome qui mise davantage sur sa beauté graphique et l’érotisme omniprésent que sur l’intrigue qui, selon moi, patine un peu. C’est très agréable à regarder mais l’histoire n’avance pas selon le tempo que j’aurais espéré.

    29/11/2023 à 17:00 2

  • Camilla

    Thomas Mosdi, Laurent Paturaud

    6/10 Après un bref passage dans l’Egypte antique avec la belle Méhousekhé, le lecteur se retrouve dans le Paris de 1794, auprès d’une magnifique femme qui séduit Robespierre. Celui que l’on surnomme « L’Incorruptible » décide de rendre un hommage public à Isis.
    Un curieux cocktail d’érotisme, d’ésotérisme, de relecture de la Révolution française, et même s’il est trop tôt pour juger cette série qui se centre sur ces mystérieuses « filles de Lilith », voilà une plutôt bonne amorce tandis qu’apparaît Bonaparte en toute fin de l’ouvrage.

    29/11/2023 à 16:59 2

  • Avalanche hôtel

    Niko Tackian

    7/10 … ou la très curieuse succession d’expériences inexpliquées de Joshua Auberson, vigile dans un hôtel proche de Montreux en Suisse, vécues comme les pièces disparates d’un puzzle : la disparition d’une adolescente dans les années 1980, un énigmatique barman, une curieuse pérégrination dans la neige, une piste de bobsleigh aussi abandonnée que l’hôtel où travaille Joshua… puis un retour à une époque contemporaine. Mon premier roman de Niko Tackian (je mets à part « Phobia », le recueil auquel il avait participé avec une nouvelle), et j’ai vraiment apprécié cette expérience. Une écriture fluide et qui va à l’essentiel, une histoire qui semble au départ très décousue et qui finit, graduellement, par faire se rejoindre ces divers blocs de vérité, le tout dans un décor anxiogène et prenant de montagnes enneigées, d’un établissement désaffecté ainsi que ces « entrailles de la Terre » qui participent à la réussite de l’ensemble. Quelques rapides touches d’un humour salvateur à travers la présence de Sybille, la partenaire de Joshua, mais l’ensemble, si l’on met de côté la note finale d’espoir, est sacrément sombre. L’intrigue est très bien menée, mais il est vrai qu’à force de loucher – je dis cela sans méchanceté aucune, c’est juste une sorte de filiation littéraire ou de mitoyenneté scénaristique – sur les œuvres de Franck Thilliez ou de Jean-Christophe Grangé, la chute apparaît vite transparente, aisément devinable, presque téléphonée, et constitue à mes yeux le seul réel défaut de cet opus. En vrac dans cette histoire : les thèmes de la famille, le syndrome de Marfan, la mémoire et l’hippocampe, la quête des origines, le coma, et encore pas mal d’autres éléments qui concourent à créer une histoire riche en fausses pistes diverses et au rythme très prenant et efficace. Un bien bon moment de lecture, et je tâcherai de lire d’autres romans de cet écrivain dans un avenir proche.

    28/11/2023 à 18:45 5

  • Raison de tuer

    Blake Pierce

    6/10 Avery Black a été une brillante avocate avant de défendre un client, Howard Randall, qui s’est avéré en réalité coupable. Désormais, Avery travaille à la police de Boston et fait de son mieux pour atteindre la rédemption professionnelle auprès de ses collègues qui continuent de la conspuer comme auprès de sa fille, Rose, avec qui les relations sont très distendues. Et voilà qu’un tueur en série qui laisse des femmes taxidermisées dans des positions lascives commence à faire des ravages.
    Je l’ai déjà écrit, Blake Pierce n’est certainement pas le réel auteur des ouvrages qu’il signe, et c’est avec un peu de scepticisme que je me suis lancé dans cette lecture qui s’est avérée néanmoins honnête. On retrouve le format classique, avec un serial killer, une enquêtrice, des relations houleuses avec son partenaire, des courses-poursuites, des interrogatoires, des fausses pistes et la confrontation finale avec le prédateur. Le style est loin d’être mauvais à défaut d’être mémorable, et l’intrigue est suffisamment correcte pour offrir quelques agréables heures de lecture. Dans le même temps, les clichés pleuvent par intermittence : Howard Randall qui reçoit Avery dans sa prison et livre des indices à l’enquêtrice façon « Silence des agneaux », le passé familial sanglant de la policière (assez superflu et venant coller une couche inutile sur la psychologie de celle-ci), et un tueur en série dont les intentions sont au final guères originales. Bref, on est dans du plutôt efficace sans pour autant être croustillant ou atypique. Sympa, mais sans plus.

    27/11/2023 à 17:25 3

  • La Confrérie

    Luigi Critone, France Richemond

    7/10 Le jeune Johann Friedrich Böttger découvre aux côtés de son grand-père, qu’il aurait un don pour l’alchimie. Cinq ans plus tard, il se rend à Berlin pour se perfectionner, ce qui va l’amener à côtoyer une société secrète qui compte beaucoup sur ses capacités.
    Une belle esthétique et un scénario plaisant pour ce premier tome de la série. La promesse de l’un des personnages (« Je t’apprendrai à commercer avec le Diable ») est alléchante pour la suite. Rien de sensationnel mais ça passe plutôt bien.

    26/11/2023 à 18:16 2

  • Dog End tome 2

    Yurikawa

    7/10 Où l’on retrouve notre duo impossible composé d’un assassin à gages sorti de sa cellule pour prêter main-forte à un policier assez rigide pour protéger une môme de 14 ans, et on en revient au combat inachevé face aux deux tueuses. Le problème est qu’Hatori, l’inspecteur, est empoisonné et qu’il ne lui reste plus que 48 heures à vivre : du coup, c’est Black Dog et l’adolescente qui vont devoir travailler ensemble, accompagnés également d’une toute petite gamine, Iroha. Un cocktail toujours aussi divertissant d’humour et d’action, tandis que l’on découvre également une famille bien barrée et que des assassins venus du monde entier s’apprêtent à débouler au Japon. Jubilatoire.

    24/11/2023 à 18:49 3

  • La Prisonnière du désert

    Alan Le May

    9/10 Texas, vers la fin de la décennie 1860. La famille d’Henry Edwards vient d’être massacrée dans sa ferme par des Comanches, et seules les filles Lucy et Debbie ont échappé au carnage, enlevées par les Indiens. Amos, le frère d’Henry, et son neveu Martin – un jeune homme en réalité adopté – ainsi que quelques autres cowboys partent à leur recherche. Cette traque, qui durera de longues années, les éprouveront plus qu’il n’est possible de le dire.

    L’adaptation en film de 1956 est un bijou du septième art, et c’est avec entrain que l’on entame la lecture de ce roman publié deux ans plus tôt. On se délecte rapidement de la plume et du style d’Alan Le May, à la fois racée, profonde et dense. L’auteur refuse les poncifs du genre, brouille les codes, se joue d’eux avant de les brutaliser au gré de ce récit héroïque. Il n’y a guère de bons ou de méchants, même si les premiers chapitres ne laissent aucun doute quant à la sauvagerie des monstres qui s’en sont pris aux Edwards : les victimes ont été assassinées à coups de couteau, et Martha, la mère de famille, a même eu le bras tranché puisque certains Amérindiens pensaient que les personnes amputées ne pouvaient pas rejoindre l’au-delà. Dans le même temps, les Blancs ne sont pas exemplaires non plus, seulement de braves gens médusés par l’horreur de l’événement, contraints de déployer des trésors de résilience et de courage pour aller, des années durant, pister ces Comanches en espérant ramener Debbie à la maison. A cet égard, Amos compose un personnage édifiant : solide mais taiseux, tassé sur son cheval « comme un sac de grains », il va lentement être pris par une rage destructrice au point que Martin, son acolyte, va même craindre qu’il ne veuille achever la malheureuse Debbie une fois qu’ils l’auront secourue parce qu’elle aura été « souillée » par ses kidnappeurs. Dès lors, s’amorce une chasse à l’homme – ou plutôt à la fillette – qui va permettre au lecteur d’en apprendre davantage sur le territoire texan, les us et coutumes de l’époque, les mœurs amérindiennes, etc. On se régale de cette battue, dans l’aridité des déserts comme dans le froid des glaces, où chaque information ressuscite la frêle espérance de remettre la main sur la gamine. Le film de John Ford a fidèlement repris la trame de cet ouvrage ainsi que des passages marquants – les circonstances de la découverte de Lucy, le piège ourdi par Futterman, la rencontre avec le chef Scar. C’est aussi tout le talent d’Alan Le May qui éclate sous nos yeux près de sept décennies après la parution de ce western à la fois désenchanté et gorgé d’espoir. Le final, différent de celui du film et encore plus poignant, vient clore avec maestria ce livre d’une rare puissance narrative.

    Un roman remarquable d’humanité comme de brutalité, au scénario inoubliable, et qui rend dans le même temps un hommage appuyé aux femmes et hommes qui ont participé à la conquête de l’Ouest. Une évocation d’autant plus vibrante qu’elle est directement inspirée du drame vécu par Cynthia Ann Parker et qui démontre, s’il en était encore besoin, que ce processus de colonisation fut autant un récital de chants de sirènes que la promesse de sombres tragédies.

    24/11/2023 à 06:43 6

  • De la brièveté de la vie

    Sophian Cholet, Olivier Peru

    8/10 L’émotion reprend avec ce deuxième opus autour d’une inhumation en mer et du sale état de santé du jeune Josh. Sam part en expédition avec le type qui avait survécu aux morsures de zombies quand il tombe par hasard sur une photo de sa fille tandis qu’une immense marée de morts-vivants franchit la frontière de l’Oregon (« C’est une nation en mouvement… » dit l’une des protagonistes). Un ton toujours aussi entraînant et, même si effectivement il n’y a pas grand-chose de très neuf du point de vue scénaristique, le graphisme et la fluidité du récit rendent l’ensemble presque imparable. Quelques scènes marquantes comme les retrouvailles entre Sam et sa gamine, ou l’assaut du bateau par les créatures. Encore un très bon moment d’une lecture distractive et cathartique.

    23/11/2023 à 19:57 2

  • La Vengeance du Persan

    H. R. Woestyn

    6/10 Un dénommé monsieur Pascal vient rencontrer Pinson, il dirige une pension du même nom. Trois professeurs assurent l’enseignement de jeunes gens en ce lieu. Parmi ces enseignants, Boutron pris d’amnésies qui disparaissent graduellement lors d’un séjour de repos mais qui reviennent à la charge lorsqu’il revient dans la pension, au point que Pascal imagine et suggère une machination au sein de cette institution. Et les premiers soupçons de Pinson se portent sur Abdul-Hafiz, le fils d’une sommité vivant à Téhéran et l’un des plus riches élèves de la pension…
    Une nouvelle assez simple mais bien menée. On est dans le registre du classique mais c’est agréable à suivre, même si je regrette amèrement que le titre ainsi que l’image de la couverture présente sur le site Audiocite (reprenant une illustration originelle présente dans l’ouvrage où se trouvait ce texte) assassinent littéralement le suspense en offrant à la fois clairement l’identité du coupable et la méthode employée par ce dernier.

    22/11/2023 à 17:37 3