El Marco Modérateur

3577 votes

  • Hedge Fund Blues

    Eric Chabbert, Eric Corbeyran, Sylvain Lacaze

    8/10 On revient dans la scène de fin du précédent tome, dans la zone industrielle de Francfort, avec Skull, le hacker, qui découvre le cadavre de sa sœur Tina. Et Skull intervient beaucoup dans cette histoire, au point de disputer la vedette à nos deux héros. Les descriptions des enjeux politiques, géopolitiques et financiers sont toujours aussi bons, vulgarisés juste ce qu’il faut, l’histoire tient la route, le récit demeure dynamique, et une possible scène d’overdose vient clore ce quatrième et avant-dernier tome.

    17/04/2024 à 18:08 2

  • La Bombe grecque

    Eric Chabbert, Eric Corbeyran, Sylvain Lacaze

    8/10 Un homme court, traqué par un hélicoptère dans lequel se trouve un sniper : une entame efficace avant un flashback décrivant l’arrivée de Maureen et Mathieu en Grèce. Un nom apparaît au bout de cette chasse numérique : Elias Glycos. La toile d’araignée financière est très bien (re)constituée, le rythme trépidant. Le final, poignant, laisse augurer encore deux bons tomes à venir, je croise même les doigts pour ça.

    17/04/2024 à 18:01 2

  • Engrenage

    Frédéric Bagarry, Eric Chabbert, Eric Corbeyran

    8/10 Une agression en cours à Barcelone à laquelle succède un flashback. Dépassé par la teneur de la clef, Skull conseille à Mathieu Dorval de se rendre en Espagne où une de ses connaissances, Maureen, pourrait l’aider. Une intrigue solide et réaliste, une esthétique irréprochable quoiqu’assez classique, de bons moments au sein de Barcelone (de belles représentations de la Sagrada Familia) et une solide documentation pour soutenir l’ensemble. L’enlèvement final ajoute de la tension à ce deuxième tome qui n’en manque décidément pas.

    17/04/2024 à 18:00 2

  • La Cabane aux confins du monde

    Paul Tremblay

    9/10 Alors qu’elle est en vacances avec ses deux parents, Wen, sept ans, voit venir vers elle un parfait inconnu, Leonard. Un colosse calme et poli, et qui est accompagné de trois autres personnages – Adriane, Sabrina et Redmond, munis d’outils rudimentaires et hybrides qui ressemblent à des arbres. Cet étrange quatuor a une bien étrange déclaration à leur faire : « Nous sommes ici pour empêcher l’apocalypse ». Et seule une décision prise par Eric, Andrews et Wen pourra empêcher la fin du monde.

    Peut-être que certains reconnaîtront ce scénario puisqu’il a donné lieu à une adaptation cinématographique sous le titre Knock at the Cabin et réalisée par M. Night Shyamalan. Ce roman de Paul Tremblay séduit dès les premières pages, avec une ambiance pesante, délicieusement anxiogène et avec une tension qui va crescendo. Le fait d’avoir placé une gamine au centre du récit est une idée brillante et, même si l’histoire s’apparente souvent à un récit choral, c’est bien cette enfant espiègle, vive et d’une rare lucidité qui est la protagoniste principale, au moins au début. Paul Tremblay a également eu la finesse de casser les codes habituels du genre. Les parents de Wen sont-ils d’indestructibles héros ? Non : homosexuels, Eric et Andrews présentent des failles, l’un d’entre eux souffrant encore d’une ancienne commotion cérébrale. Wen est-elle elle-même exemplaire ? Non, à nouveau : adoptée, ayant souffert d’un bec-de-lièvre, son esprit brillant ne la rend pas pour autant édifiante. Ces Quatre Cavaliers de l’Apocalypse sont-ils de pures brutes et d’authentiques terreurs ? Toujours pas : ce sont des êtres lambda, porteurs d’un message dont ils ne voulaient pas et à qui on a assigné une mission qui les dépasse. L’auteur conduit alors un récit trouble, équivoque, où l’accent est porté sur la psychologie des individus charriés par cette incroyable histoire. Les scènes d’action y sont particulièrement rares et lorsqu’elles émergent, elles n’en sont que plus puissantes et féroces. Il faut dire que Paul Tremblay n’épargnera pas ses personnages jusqu’au final, très ouvert et – une fois n’est pas coutume – très différent de celui proposé par son adaptation pour le grand écran.

    Un ouvrage unique et déroutant, d’une rare force de percussion dramatique, où l’écrivain brouille les pistes et désarçonne par ses choix. Un très grand thriller même si certains lui reprocheront peut-être cet épilogue, ce qui ne lui enlève nullement l’intelligence de son pitch et la portée des questions qui s’imposeront d’elles-mêmes aux lecteurs.

    17/04/2024 à 06:58 4

  • Insoupçonnable

    Jean-François Di Giorgio, Cristina Mormile

    7/10 Un quinzième tome aussi réussi que les précédents, avec cette belle esthétique si particulière, presque sans action ni combat (sauf au cours du final), où l’on revient notamment sur les raisons de l’empoisonnement de la rivière. Vraiment sympa.

    15/04/2024 à 18:40 2

  • Sky-High Survival tome 9

    Tsuina Miura, Takahiro Oba

    6/10 Rika Honjo et son accompagnateur arrivent dans un salon du building où les attend celui qui semble mener ce petit jeu de massacre en milieu surélevé. Un début un peu bavard, mais quand le donneur d’ordres – anciennement professeur en lycée – s’éclipse, de nouveaux masques apparaissent et s’amorce un chouette duel de snipers. Le graphisme est toujours aussi séduisant au même titre que l’intrigue originelle, mais comme je le disais dans mon précédent vote – qui remonte tout de même à un bail, près de trois ans et demi –, j’aurais préféré moins de tomes pour une intrigue plus resserrée.

    15/04/2024 à 18:32 2

  • Opération Dragonfly

    Butch Guice, Jade Lagardère

    2/10 Les ingrédients restent les mêmes, mais comme la recette était déjà moyenne les deux premiers coups, la cuisinière aurait pu faire un effort pour corriger le tir pour ce troisième et dernier tome. Que nenni ! Scènes déjà vues ou lues des centaines de fois, (absence de) scénario pathétique, clichés enfilés comme des perles, et je n'évoque même pas la fin, si précipitée qu'elle frôle le ridicule ou illustre le manque total d'inventivité de la scénariste qui a signé cette série, comme si elle avait enfin pris conscience que scénariste de BD, c'est un métier, pas un loisir qui peut être pratiqué par n'importe qui. En me renseignant sur elle, j'ai appris que Jade Lagardère avait été condamnée par la justice en 2021 pour avoir demandé à une autre personne de passer le permis de conduire à sa place : pour le coup, j'aurais préféré qu'elle passe un permis de scénariste, elle l'aurait largement raté et ça nous aurait évité ce naufrage.

    14/04/2024 à 16:52 3

  • Opération Cleverland

    Butch Guice, Jade Lagardère

    4/10 Poursuite sur le même ton que le précédent tome, avec immersion dans le milieu du mannequinat et traque de Kavotz. Amber se rend compte qu’Amanda n’est pas morte.
    Romance, exploits en tous genres pour notre héroïne, scénario vraiment téléphoné, baston extravagante car trop hollywoodienne en haut d’un building : même si l’épilogue permet de connaître les origines réelles d’Amber, tout ça est vraiment réchauffé et assez anodin.

    14/04/2024 à 16:36 2

  • La Fille de Merton Castle

    Butch Guice, Jade Lagardère

    4/10 Une agression sexuelle : c’est ce que vient de subir Alice, une amie d’Amber, et ce porc de Kavotz est visiblement un récidiviste. Amanda est ensuite retrouvée morte, le poignet nettement entaillé, et l’identité du tueur n’est guère un mystère. Après un enlèvement, Amber fait la connaissance de Peter Arg qui va recruter la jeune femme et lui permettre d’assouvir sa vengeance.
    Une héroïne indestructible, un scénario à la Luc Besson, des scènes d’action spectaculaires mais invraisemblables : autant le graphisme est réussi et la lutte contre les violences faites aux femmes demeure un combat obligatoire, autant ce premier tome est hautement attendu et, disons-le clairement, insipide et dispensable.

    14/04/2024 à 16:35 2

  • Le Prix de la mort

    Dominique Hé, Noël Simsolo

    5/10 Octobre 1957, à Paris : une fusillade dans un bordel, et Dan canarde les nuisibles. Ancien résistant, exécuteur des basses œuvres de la République, voilà que le passé se rappelle chèrement à lui puisqu’il doit à nouveau repiquer aux contrats de mort.
    Une esthétique très colorée sans pour autant que le graphisme soit très soigné, une histoire assez classique, mais c’est surtout le rythme qui me rend dubitatif : trop cadencé, trop effréné, sans de véritables connexions entre les scènes, au point que j’ai eu l’impression d’une succession mal assortie de fusillades et autres machinations. « Mais nous non plus, on ne va pas chômer » est-il écrit en toute fin de cette BD : effectivement, je n’ai pas été convaincu par cette frénésie un peu vaine.

    13/04/2024 à 18:35 2

  • Le Faiseur de monstres

    Guillem March, James Tynion IV

    7/10 Le côté superhéros me semble accentué par rapport au tome précédent, et même si je n’ai pas tous les codes et références Marvel / DC Comics, j’ai beaucoup apprécié cette nouvelle chevauchée. Jim Gordon et le Joker – sublime de cabotinage – continuent de composer les personnages centraux de cette série épique et ils en prennent au passage plein la gueule. Un graphisme échevelé tout du long et un final mémorable avec des piñatas au contenu surprenant.

    13/04/2024 à 18:15 2

  • La Chasse au clown

    Guillem March, James Tynion IV

    7/10 Le policier James Gordon est encore hanté par le Joker et la mort de son fils, et une femme, une dénommée Cressida, lui propose d’aller éliminer définitivement ce monstre qui se trouverait au Bélize.
    Un graphisme très réussi, coloré et à de nombreuses reprises véritablement enflammé, où le Joker excelle en tant que cabotin maléfique. Même si les superhéros apparaissent, c’est bien Gordon qui reste au cœur de ce récit très dynamique.

    13/04/2024 à 18:14 2

  • Dévolution

    Max Brooks

    3/10 Greenloop, près de Seattle : un minuscule village bâti pour des riches soucieux de vivre au plus près de la Nature. « Greenloop est complètement hors des sentiers battus, le nec plus ultra du cul-de-sac, avec une route privée fermée, des alarmes reliées à des agences de sécurité privée et aux flics du comté ». Mais quand un volcan entre en éruption et que l’électricité et les moyens de communication sont coupés, l’Eden tourne au purgatoire. Et si on ajoute un ou plusieurs Bigfoot dans les parages, ça devient carrément l’Enfer.
    Un ouvrage qui se veut à la fois horrifique et divertissant, composé d’extraits d’entretiens et de journaux intimes, afin de reconstituer ce qui s’est déroulé sur place. Pas mal de citations en rapport avec les singes et les Bigfoot/Sasquatch qui sont assez intéressantes, mais quel euphémisme que de dire que je me suis ennuyé. Une entrée en matière interminable, des longueurs kilométriques, des personnages guère intéressants, très peu d’originalité dans le sujet comme dans le traitement, et la triste impression de ne jamais être grimpé à bord de l’intrigue. « Nous sommes simplement déconnectés », dit l’un des protagonistes, et c’est exactement ce qui s’est passé : une connexion impossible en raison d’une intrigue froide, amorphe, atone et lointaine.

    12/04/2024 à 18:29 3

  • Les Princes Misère

    Xavier Fourquemin, Régis Hautière

    6/10 Septembre 1792, dans la campagne bretonne : une diligence est attaquée et la jeune fille, Célénie, parvient à s’enfuir après la tuerie. Orpheline, elle comprend rapidement que son oncle veut l’assassiner pour récupérer l’héritage, et elle ne trouve une fois de plus le salut que dans la fuite. Elle se lie alors d’amitié avec des gamins de son âge, sans le sou, mais son oncle n’a pas l’intention de la laisser en vie.
    Un premier tome agréable, à l’intrigue certes convenue, mais les dessins sont réussis et le rythme l’est tout autant. Rien de transcendant, une lecture sympathique cependant.

    10/04/2024 à 19:42 1

  • La Bête de Vargu

    Mike Mignola, Ben Stenbeck

    7/10 Péripéties roumaines pour Hellboy, New Hampshire, Connecticut, Autriche, Angleterre : notre héros voyage de nouveau pas mal pour affronter de sacrés adversaires. La première histoire est passable, la deuxième prenante, la troisième également, la quatrième beaucoup trop courte selon moi. Dans l’ensemble, un bon opus, très divertissant.

    10/04/2024 à 19:41 1

  • Starjet, danger immédiat

    Maza, Richard D. Nolane

    6/10 Je renoue avec cette série que j’avais laissée de côté pendant plusieurs mois. Un mélange toujours aussi « plaisant » d’évocations entremêlées (nazisme, aviation) pour un récit dynamique, mais je trouve que l’intrigue ronronne sacrément, sans réelle étape franchie du point de vue scénaristique.

    09/04/2024 à 20:04 2

  • La Mangouste

    Xavier Dorison, Ralph Meyer

    7/10 Une idée intéressante que cette espèce de reboot de la fameuse série « XIII » en portant à chaque fois un éclairage spécifique sur un personnage, ici, vous l’aurez deviné, la Mangouste. Ça commence dans un navire avec un jubilatoire jeu de massacre avant un flashback débutant en octobre 1947 dans le secteur russe de Berlin. La genèse d’un spectaculaire tueur à gages qui va tirer son surnom d’une courte scène de descente dans une fosse peuplée de vipères. Vraiment bon.

    09/04/2024 à 20:03 2

  • Calamity Jane

    Thierry Gloris, Jacques Lamontagne

    8/10 Une entame où les quatre membres d’une famille se font abattre par des cowboys dans l’Utah, puis l’arrivée du célébrissime Wild Bill Hickock pour un portrait saisissant de ce que l’Ouest américain connaît de plus sauvage et de plus violent. Un graphisme remarquable et très travaillé, avec des saynètes fortes et marquantes, entre prostitution, duels, taxidermie, sexe et viol, et construction ferroviaire. Vraiment très bon.

    09/04/2024 à 20:02 2

  • L'Étoile Solitaire

    Fred Duval, Jean-Pierre Pécau, Colin Wilson - 2

    8/10 Singulier métier que celui de Nevada Marquez : ramener de force au bercail les starlettes d’Hollywood parties s’encanailler loin des studios. Après Miss Melody qui préférait le BDSM dans une chambre d’hôtel au tournage de son film, voilà qu’on fait de nouveau appel à Nevada Marquez pour retrouver Mac Nabb qui n’est pas revenu d’une virée à Tijuana.
    Décor et ambiance délicieusement western, scénario intéressant et original, dialogues qui font méchamment mouche, chouette graphisme : j’ai beaucoup apprécié ce premier tome qui pousse le clin d’œil jusqu’à s’achever par un duel au revolver (à peine arrangé). Je vais essayer de suivre cette série que je trouve prometteuse, un peu à la croisée des chemins.

    08/04/2024 à 19:43 2

  • Widowland

    Jane Thynne

    9/10 Londres, avril 1953. L’Allemagne nazie a remporté la Seconde Guerre mondiale et c’est désormais un protectorat qui régit le Royaume-Uni. A quelques semaines de l’arrivée du Leader – comprenez le Führer – dans la capitale ainsi que du couronnement du roi Edouard VIII, Rose Ransom, vingt-neuf ans, est chargée d’aller enquêter dans les Widowlands, ces territoires où sont recluses celles qui ne présentent que peu d’intérêt au sein de la hiérarchie des femmes. Déjà en charge de la réécriture des classiques de la littérature afin qu’ils coïncident avec les nouvelles normes sociétales du régime, Rose trouvera peut-être l’opportunité de marquer sa différence.

    Ce roman de Jane Thynne séduit dès la lecture de ce pitch, fort original. A la fois dystopique et uchronique, le récit expose la nouvelle structuration de la société, où les femmes sont classées selon des castes en fonction de leur apport à la communauté – à chaque fois selon un prénom emblématique : les Geli, les Klara, les Leni, les Paula, les Magda, les Gretl, ainsi que les Frieda. Dans le même temps, les autorités ont décidé que les grands ouvrages devront désormais être réécrits afin de corriger les élans féministes et autres mouvements allant à l’encontre de la doxa, et notre héroïne, Rose, est justement l’une de ces révisionnistes. C’est d’ailleurs à elle que va revenir la charge de sonder le Widowland situé à l’extérieur d’Oxford pour essayer de comprendre qui barbouille depuis peu les murs de slogans subversifs. Jane Thynne, en plus d’avoir imaginé cette histoire singulière, dispose d’une écriture ravissante, et l’on se plaît très souvent à relire certains passages tant ils sont harmonieusement rédigés. Si l’on regrette parfois que l’écrivaine ne soit pas allée plus loin dans ses idées quant à la révision des textes majeurs de la littérature anglaise et des questions philosophiques que cela implique, elle captive néanmoins par une intrigue atypique et quelques beaux destins de femmes. C’est aussi une superbe – et effrayante – radioscopie de cette société remodelée par les vainqueurs du conflit, imposant au lectorat des réflexions nécessaires quant au rôle de nos mères, épouses et filles. Les dernières pages sont marquantes, offrant à notre Rose un rôle majeur et déterminant : il est plus que probable que l’on ne verra plus jamais le Frankenstein de Mary Shelley de la même manière.

    Un livre majeur et mémorable, au scénario et à l’écriture remarquables : Jane Thynne fait fort avec ce récit féministe et militant.

    08/04/2024 à 06:55 3