El Marco Modérateur

3576 votes

  • Saigneur des loups

    Pierre Grimbert

    9/10 Un opus très prenant, à la fois axé sur la psychologie de ses protagonistes et sur des scènes d'action remarquables !

    20/06/2008 à 17:42

  • Le Fantôme de Manhattan

    Frederick Forsyth

    7/10 En ce début du vingtième siècle à New York, Erik Muhlheim a bâti un véritable empire grâce à une série d’opérations financières juteuses. Il décide d’utiliser sa fortune pour construire un opéra fabuleux à rendre passable le Metropolitan. Les traits dissimulés derrière un masque, cet homme est quelqu’un que personne ne connaît vraiment : qui est-il en réalité ? Pourquoi dépenser tant d’argent pour cette entreprise ?

    Le Fantôme de Manhattan est en fait une suite imaginée par Frederic Forsyth au Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux. Construit sur un intelligent canevas des confessions des divers protagonistes, ce roman assez court se lit d’une traite et exploite avec malice le classique de Gaston Leroux en le ressuscitant. Les personnages sont intéressants, l’intrigue très correcte, et le New York des années 1900 parfaitement rendu. En fait, c’est surtout la forme du récit – le croisement des points de vue – qui retient l’attention du lecteur, permettant une lecture dynamique et très originale, et sachant éviter les répétitions. Ce livre est avant tout à réserver aux fans de Gaston Leroux qui prendront bien du plaisir avec cette suite, brillante et atypique, et qui a su se donner une identité propre; les autres lecteurs y trouveront cependant moins d'intérêt.

    16/06/2008 à 20:47

  • Le Passager

    Patrick Senécal

    8/10 Etienne Séguin, résidant à Montréal, accepte un poste de professeur de littérature à Drummondville, ce qui va l’obliger à effectuer de nombreux allers-retours entre les deux villes. Une nuit, il prend en stop un dénommé Alex Salvail, jeune homme de son âge. Très vite, Etienne se rend compte qu’ils ont certainement dû se connaître lors de leur enfance, période de sa vie qu’Etienne a complètement oubliée en raison d’une amnésie. Qui est cet Alex Salvail et que lui veut-il ? Et surtout, quels sont ces jeux auxquels tous deux ont participé il y a bien des années ?

    Le Passager constitue une nouvelle réussite littéraire de l’auteur de Les sept jours du talion. Avec une écriture simple et directe, Patrick Senécal plonge rapidement le lecteur au centre d’un suspense psychologique maîtrisé et réaliste. En à peine plus de deux cents pages, il devient difficile de s’extraire du récit, singulier et intrigant, alternant les moments présents et les rares bribes de souvenirs d’Etienne, très accrocheurs. D’ailleurs, la concision de ce roman à suspense alliée à la succession de chapitres courts est telle que les ultimes rebondissements interviendront en quelques heures : à croire que c’est en fait le lecteur qui est le passager de cette histoire si bien conduite par Patrick Senécal qui renouvelle avec intelligence le thème littéraire de l’auto-stoppeur.

    11/06/2008 à 21:00

  • La Première Empreinte

    Xavier-Marie Bonnot

    8/10 A Marseille, le commandant De Palma enquête sur une série d’événements étranges : une spécialiste de la préhistoire est retrouvée noyée, quatre années après qu’un groupe de plongeurs ait trouvé la mort aux abords de la grotte Le Guen. C’est ensuite un tueur qui massacre ses victimes de manière monstrueuse, laissant sur place une empreinte de main en négatif aux abords du corps. Il faudra toute la ruse et l’obstination de De Palma pour comprendre les raisons de ces drames.

    Premier roman de Xavier-Marie Bonnot, La première empreinte est à coup sûr une réussite. Les divers personnages sont bien rendus, avec une mention spéciale pour De Palma, dit « Le Baron », flic désabusé et féru d’opéra. Le décor de Marseille offre un cadre enchanteur à l’enquête, ville que connaît parfaitement l’auteur, ce dernier ponctuant ses dialogues et descriptions de termes locaux explicités dans un lexique situé à la fin du roman. Les fausses pistes sont nombreuses et le récit tient en haleine jusqu’au bout.

    Au final, La première empreinte est un thriller bien sympathique et original, et qui donnera au lecteur l’envie de poursuivre les enquêtes de De Palma avec La Bête du marais et La voix du loup.

    09/06/2008 à 00:04 1

  • La Nuit du minotaure

    Paul Halter

    9/10 Un ouvrage excellent qui oscille entre le roman à énigme et le thriller fantastique, très bien mené, et avec une intrigue intéressante. Cela donne à la fois envie de lire d'autres romans du Club Van Helsing et également de Paul Halter qui signe donc ici un roman remarquable !

    02/06/2008 à 22:20

  • Le Chirurgien

    Tess Gerritsen

    9/10 A Boston, des femmes sont retrouvées après avoir été suppliciées et tuées, leur utérus prélevé. Ce modus operandi fait penser aux actes d’Andrew Capra, un tueur en série qui avait été abattu par sa dernière victime, Catherine Cordell. L’équipe de la brigade criminelle se rend compte que Cordell exerce désormais à Boston : y a-t-il un lien entre elle et ces nouveaux assassinats monstrueux ?

    Spécialiste des milieux médicaux, Tess Gerritsen signe avec Le Chirurgien un thriller remarquable. L’intrigue imaginée est diabolique et maîtrisée sans la moindre fausse note. Les personnages sont tous bien campés, depuis le docteur Cordell – à la fois victime et femme forte – jusqu’aux policiers, composant une galerie très intéressante. Les rebondissements sont toujours bien amenés, et le lecteur aura bien du mal à s’extraire du roman tant le suspense est savamment maintenu. Le tueur en série ici mis en scène marque les esprits en raison de sa perversité et de sa violence inouïes ; il est d’ailleurs à noter que Tess Gerritsen a écrit une suite à cet opus sanglant, L’apprenti.

    A l’évidence, Le Chirurgien constitue un thriller dont on parlera encore avec le plus grand des respects dans bien des années.

    27/05/2008 à 18:36

  • 1275 âmes

    Jim Thompson

    10/10 Nick Corey, shérif en chef du canton de Potts, est un homme que tout accable. Raillé par les uns, maltraité par les autres, sur le point de perdre son mandat, il se noie également dans des relations sentimentales qui ne le comblent pas. Lassé par cette situation déprimante, il se décide enfin à faire le ménage dans sa ville. Ce sera pour lui le début d’une lente reconquête de la commune.

    1275 âmes est sans nul doute un chef-d’œuvre de la littérature policière bien qu’il ait été écrit il y a quarante ans. Les personnages sont tous magnifiquement rendus, l’intrigue est jouissive au possible, cynique et corrosive. Les travers des administrés de Nick Corey sont soulignés en quelques lignes et l’ensemble est parfaitement cohérent. Par ailleurs, Jim Thompson possède un véritable talent de narrateur, mettant en scène des individus qui se perdent dans leurs contradictions et leurs sournoiseries, criblant ses répliques et situations d’un humour ravageur. En cela, il constitue un excellent pendant à Le Démon dans ma peau, sombre et désespéré, achevant de faire de cette lecture une nécessité pour tout amateur de lecture noire.

    27/05/2008 à 18:34 4

  • Le Violon du Diable

    Lincoln Child, Douglas Preston

    9/10 Le critique d’art Jeremy Grove est retrouvé calciné dans une chambre fermée de l’intérieur, une empreinte de pied fourchu découverte sur place. L’agent spécial du FBI Pendergast vient prêter main forte à son ancien collaborateur D’Agosta dans cette enquête si étrange, et qui amènera ce duo de policiers hors pair à côtoyer les milieux interlopes de l’art et de l’espionnage militaire, alors que d’autres personnes viennent à mourir consumées, une odeur de soufre flottant dans les airs.

    Après Relic, Le grenier des enfers, La chambre des curiosités et Les croassements de la nuit, Aloysius X. L. Pendergast revient avec une investigation haute en couleurs. Malgré la longueur du livre, l’ensemble se lit avec délice, le lecteur aura bien du mal à s’extraire des rebondissements multiples concoctés par Douglas Preston et Lincoln Child. Le style est toujours aussi agréable, l’intrigue est particulièrement bien ficelée, avec une série d’explications finales absolument formidables, et qui laisse apparaître quelles seront les prochaines aventures de Pendergast. Cet opus est un habile mélange de roman d’espionnage, de thriller et de roman d’action : palpitant !

    Pour conclure, Le violon du diable est assurément un excellent roman à découvrir d’urgence, et qui, après la petite déception que constituait Les croassements de la nuit, sonne le retour en fanfare de l’agent spécial le plus atypique et excitant de la littérature policière.

    20/05/2008 à 18:35 1

  • Killshot

    Elmore Leonard

    6/10 Richie Nix n’est qu’un petit voyou cherchant à battre le record des braquages de banques. Incapable de mettre en œuvre de grands casses, il se rabat sur une escroquerie contre un agent immobilier et tente de dérober une Cadillac. Problème : le chauffeur du véhicule est un tueur à gages surnommé Blackbird. Les deux hommes finissent par faire équipe et se rendent chez l’agent mais se trompent de cible : ils croient voir dans le couple formé par Wayne, poseur de charpentes métalliques, et Carmen, son épouse, leurs proies. Pour les deux mariés, il va falloir échapper à ces deux criminels qui veulent à tout prix se débarrasser de ces témoins embarrassants.

    Avec cet ouvrage, Elmore Leonard se coule avec plaisir dans le genre du roman à suspense un peu décalé : les protagonistes sont de parfaites brutes très malchanceuses, leurs victimes potentielles sont bien plus rusées qu’il n’y paraît, et les policiers et autres agents fédéraux ne sont pas les sauveurs auxquels on pouvait s’attendre. Ponctué de dialogues amusants voire parodiques, le récit est bien bâti, offrant au lecteur une lecture divertissante, avec notamment le personnage de Carmen, très attachante et pleine de ressources.
    Cependant, il est dommage que l’intrigue soit au final assez sommaire et que des longueurs viennent grever la narration. On aurait aimé un peu plus de punch dans certaines situations ainsi que davantage d'originalité.

    Killshot constitue donc un bon moment de lecture récréative qui plaira avant tout aux fans d’Elmore Leonard, mais n’offre probablement pas le meilleur roman pour plonger dans l’univers de cet auteur.

    16/05/2008 à 22:32

  • A Tombeau Ouvert

    Kathy Reichs

    6/10 Un thriller bien mené mais qui souffre d'un manque d'âme (il semble vouloir trop surfer sur l'engouement des romans à connotation religieuse et mystique) et souvent trop confus quand l'auteur veut montrer ses connaissances en médecine légale. Dommage...

    13/05/2008 à 18:52

  • Deux minutes chrono

    Robert Crais

    8/10 Un polar très efficace, vivant et bien mené, qui assurera de belles heures de lecture divertissante !

    13/05/2008 à 18:49

  • Travail soigné

    Pierre Lemaitre

    9/10 Le commandant de police Camille Verhœven se voit confier une affaire sordide à Courbevoie : les corps de deux femmes martyrisées de façon insoutenable viennent d’être retrouvés. Aidé de sa fidèle équipe de collaborateurs, Verhœven va rapidement comprendre à quoi correspond la mise en scène des corps : l’assassin a cherché à imiter une des scènes d’American Psycho, l’un des best-sellers de Bret Easton Ellis. Ce ne sera que le début d’une longue série de morts épouvantables, toutes copiant des tueries issues de romans policiers, qui plongera le policier dans l’horreur.

    Avec ce premier roman nourri de références littéraires, Pierre Lemaitre a frappé très fort. Son récit, quoique long, est très dynamique, avec des qualités d’écriture et de narration incontestables. Le personnage de Camille Verhœven est particulièrement réussi, avec son physique d’homme miniature et ses méthodes si originales, au même titre que l’ensemble des autres protagonistes, très denses et travaillés. L’intrigue est un véritable régal, jouant sur les faux-semblants et les variations de rythme, offrant une fin saisissante qui marquera durablement le lecteur.

    Pour conclure, Travail soigné est à n’en pas douter un ouvrage indispensable !

    06/05/2008 à 18:33 5

  • Le Fantôme de Baker Street

    Fabrice Bourland

    6/10 A Londres, au début des années 1930, les deux détectives Andrew Singleton et James Trelawney sont appelés par la veuve de Conan Doyle à enquêter sur des faits bien étranges. Le 221 de la rue Baker Street sembe hanté ; de plus, une série de crimes ensanglante la capitale anglaise. Très rapidement, le duo va se rendre compte que les auteurs de ces meurtres semblent être Jack l’Eventreur, Dracula, Mr Hyde et Dorian Gray !

    Premier opus inaugurant la série d’enquêtes de ces détectives de l’étrange, Le Fantôme de Baker Street constitue un roman à énigme attachant et original. François Bourland a recréé avec talent l’ambiance du Londres du début du siècle dernier et s’appuie sur une solide documentation concernant les expériences spirites et la vie de Conan Doyle, le célèbre inventeur de Sherlock Holmes. S’il exploite la carte du surnaturel qu’il maîtrise sans l’ombre d’un doute, il est cependant dommage que ce roman soit si linéaire et sans rebondissement : on aurait aimé quelques coups de théâtre ainsi qu’un peu plus de nervosité dans le récit. Le Fantôme de Baker Street est un ouvrage intéressant et atypique, mais pas indispensable.

    30/04/2008 à 12:05

  • Ciel de sang

    Steve Hamilton

    8/10 Ancien policier à Detroit, Alex McKnight aide son vieil ami Vinnie LeBlanc, un Indien également connu sous le nom de « Ciel-Rouge », à retrouver son frère. Celui-ci a disparu après avoir encadré un groupe de chasseurs. Le problème est que personne ne sait ce que sont devenus ces hommes…

    Avec Ciel de Sang, Steve Hamilton a signé un thriller très réussi. Les personnages sont attachants, et les relations entre Alex McKnight et Vinnie LeBlanc sont intéressantes, bien loin des clichés habituels sur les Indiens d’Amérique. Le style est épuré, sans digressions, et le lecteur aura souvent l’impression de retrouver l’ambiance des romans de C.J. Box, cette chasse en milieu forestier étant parfaitement rendue. L’intrigue ne se résoudra que dans les dernières pages, offrant un dénouement absolument inattendu sur les motifs de la disparition des chasseurs.

    Pour résumer, Ciel de sang est un roman prenant et très distrayant, concis et parfaitement calibré, offrant un excellent moment de lecture.

    28/04/2008 à 18:17 1

  • L'Heure du crime

    David Baldacci

    8/10 En Virginie Occidentale, une femme est découverte assassinée, son corps portant la signature du « tueur au Zodiaque », un serial killer qui sévissait à la fin des années soixante. Les deux détectives privés Sean King et Michelle Maxwell vont alors prêter main forte à la police locale tout en enquêtant en parallèle sur un cambriolage chez des notables locaux. Le mystérieux assassin va alors multiplier les mises à mort, reproduisant jusque dans les moindres détails les actes de tueurs en série célèbres.

    David Baldacci signe avec l’Heure du crime un ouvrage convaincant et divertissant. Les personnages sont très nombreux et fouillés, représentant autant d’assassins potentiels pour notre sympathique duo d’enquêteurs. L’écriture est laconique et nerveuse, allant à l’essentiel, mais se préservant quelques instants de calme pour soigner l’humour, notamment dans les dialogues. Par ailleurs, l’intrigue est très bien construite, multipliant les rebondissements et fausses pistes, et ce jusque dans les dernières pages. On peut cependant reprocher à ce livre quelques longueurs ici et là, et une paire de détectives qui se sort de toutes les situations sans une égratignure, ce qui nuit à la vraisemblance du récit.

    Au final, L'heure du crime reste un thriller qui se laisse lire avec un très grand plaisir.

    23/04/2008 à 11:57

  • Le Magicien

    Jean-Marc Souvira

    8/10 Arnaud Lécuyer vient de sortir de prison, enfermé pendant onze années pour l’agression sauvages d’une personne âgée. Ce que tout le monde ignore, c’est qu’il est en fait le Magicien, ce tueur d’enfants qui avait plongé Paris dans l’effroi, et qu’il a assassiné trois codétenus. Pendant ce temps, le commissaire Ludovic Mistral, revenu de stage auprès des profilers du FBI, va progressivement être mis sur la piste de ce prédateur sexuel. Entre eux deux, la lutte sera sans répit, jusqu’à l’affrontement inéluctable.

    Premier roman de Jean-Marc Souvira, Le Magicien est un thriller psychologique de haute volée. Le style direct et sans fioriture, écrit au présent, plonge le lecteur dans les tourments du tueur, sans jugement, en toute objectivité. Par ailleurs, le passé de policier de l’auteur contribue à la véracité de l’ensemble, rendant l’intrigue parfois proche de certains écrits de Laurent Scalese. Pas de scènes d’action rocambolesques ni gores, le roman est avant tout une poursuite mentale âpre et réaliste qui marquera le lecteur bien après avoir refermé le livre.

    15/04/2008 à 18:50 3

  • Le visiteur sans visage

    Serge Brussolo

    6/10 Peggy accepte de devenir la baby-sitter de Nuts, le fils du célèbre Tanner Holt, écrivain de thrillers particulièrement sanglants. Nuts prétend qu’on veut le tuer, et dit à qui veut l’entendre qu’il a un compagnon imaginaire, un certain capitaine Müller, vêtu d’une cape noire et d’un masque à gaz. L’enfant affabule-t-il ? Quand Nuts dit que Müller lui a suggéré de tuer son petit frère, Peggy comprend que la situation ne va pas tarder à basculer dans l’horreur.

    Comme à son habitude, Serge Brussolo démontre son indéniable talent de narrateur. Les personnages sont nombreux et parfaitement rendus, les fausses pistes multiples, et le lecteur est happé par le récit qui introduit des rebondissements à foison. Cependant, le texte se perd dans des longueurs inutiles, et le dénouement, quoique imprévisible, ne parvient pas à gommer le manque de panache dans le dernier tiers du livre. L’auteur a déjà été bien plus inspiré dans le domaine du polar, comme avec Le nuisible.

    Au final, Le visiteur sans visage est un bon polar, sans plus.

    09/04/2008 à 20:05 1

  • La Proie des ombres

    John Connolly

    9/10 Le détective privé Charlie Parker est engagé par Rebecca Clay, la fille du célèbre pédopsychiatre Daniel Clay, car un inconnu la harcèle en lui demandant des informations sur son père qui a disparu cinq années auparavant. Parker va vite se rendre compte que Daniel Clay avait été mis en cause dans une affaire d’abus sexuels sur mineurs et que l’inconnu, dénommé Merrick, pourrait ainsi chercher des renseignements sur sa fille, elle-même disparue. Pour Parker et ses fidèles acolytes Angel et Louis, ce sera le début d’une lente plongée dans un univers ahurissant sur la trace de violeurs d’enfants.

    Avec ce sixième épisode des enquêtes de son personnage-phare, John Connolly signe une incontestable réussite. Renouant avec les ambiances sombres et glauques, il entraîne rapidement le lecteur dans un monde tourmenté et glacial, avec cette finesse d’écriture si caractéristique. L’auteur a construit une énigme bien plus compliquée qu’il n’y paraît, mettant en relief des personnages monstrueux tels que les hommes oiseaux, les hommes creux ainsi que le Collectionneur, des protagonistes qu’il est difficile d’oublier tant leur envergure dramatique est immense. Le récit flirte par moments avec le fantastique, tout comme dans les précédentes histoires, et toujours avec subtilité. On pourra juste reprocher à John Connolly des descriptions parfois très longues du Maine, tant au niveau géographique qu’historique, mettant cependant en relief son extraordinaire travail de documentation.

    Au final, La Proie des ombres constitue un opus remarquable et laissant augurer dans les dernières pages des prochaines enquêtes de Charlie Parker, un détective privé définitivement porté au panthéon des figures littéraires majeures du thriller.

    30/03/2008 à 20:17 3

  • Le château des poisons

    Serge Brussolo

    8/10 Alors qu’il n’était que simple bûcheron, le jeune Jehan est élevé au rang de chevalier suite à son extraordinaire courage dans une bataille. Pour subvenir à ses besoins, il devient protecteur de voyageurs ; il se voit alors confier la tâche d’escorter le moine Dorius et de précieuses reliques jusqu’au château d’Ornan de Guy. Sur place, la situation va tourner au cauchemar : empoisonnements, murmures de complots, une prétendue bête féroce arpentant le village, procès en sorcellerie… Ce sera à Jehan de mener l’enquête s’il ne veut pas être lui-même conduit au bûcher.

    Après l’excellent L’armure de vengeance, Serge Brussolo s’aventure de nouveau sur les terres du polar médiéval. La langue est toujours aussi belle, mariant avec plaisir le vocabulaire de l’époque aux mots et tournures si caractéristiques de l’auteur. Les personnages, quoique très nombreux, sont tous bien dépeints, et l’intrigue est maîtrisée, multipliant avec réussite les fausses pistes et coups de théâtre. Si ce roman est peut-être un peu moins bon que L’armure de vengeance parce que moins haletant, il demeure cependant très prenant, prouvant une fois de plus les immenses talents de son auteur à décrire des atmosphères angoissantes.

    25/03/2008 à 22:24 1

  • La Protéine du Diable

    Thomas Abercorn

    2/10 Martin Keogh est ingénieur dans une immense entreprise spécialisée dans le domaine des Organismes Génétiquement Modifiés. Dans le vol reliant Londres à New York dans lequel il a pris place, des passagers décèdent de façon violente suite au repas ingéré dans l’avion : du saumon semble être à l’origine de cette catastrophe sanitaire. Martin Keogh dérobe l’une des portions du poisson incriminé : ce sera pour lui le début d’une traque menée par des hommes prêts à tout pour taire le secret d’un saumon aux propriétés mortelles.

    L’idée de base était intéressante et le roman se présentait bien : dès les premières pages, le lecteur assiste au drame de l’intoxication alimentaire. Malheureusement, la suite du récit ne tient pas ses promesses. Les personnages n’ont aucune profondeur, l’intrigue est très poussive et tourne très rapidement en rond, les rebondissements sont quasi inexistants, et le livre est accablé de longueurs parfaitement inutiles. Par ailleurs, La Protéine du diable n’évite que peu de clichés, avec notamment un Martin Keogh seul face à un véritable empire commercial et qui parvient néanmoins à survivre à des attentats ourdis par des tueurs professionnels, quand il n’en tue pas une demi-douzaine de ses propres mains. Il y a bien quelques réflexions intéressantes sur le milieu des OGM et du capitalisme, mettant en valeur le métier de biologiste de Thomas Abercorn, mais ces rares instants ne sauvent pas son livre de l’ennui le plus profond.

    Pour conclure, La Protéine du diable est une vraie déception, sans suspense ni saveur, qui sera oublié aussitôt le livre achevé.

    18/03/2008 à 15:12