El Marco Modérateur

3233 votes

  • Voir Venise... et crever

    James Hadley Chase

    5/10 … ou comment le millionnaire / milliardaire américain Don Micklem en vient à essayer d’aider un ancien camarade de combat (ils se sont connus pendant un parachutage en Italie lors de la Seconde Guerre mondiale) John Tregarth par l’entremise de l’épouse de ce dernier. Sans le savoir, Micklem va devoir se rendre à Venise et affronter de dangereux sbires pour retrouver un document qui intéresse fortement les services secrets. Des ouvrages de James Hadley Chase, j’en ai lu quelques-uns, et le très bon alterne avec le médiocre. Ici, clairement, on est plutôt dans cette seconde catégorie. Factuellement, ça part plutôt bien : un héros charismatique et malin, quelques acolytes bien sympathiques (les relations avec son domestique, Cherry, sont bien amusantes), et il y a de l’action portée par une écriture simple mais éprouvée et efficace. Après, il y a pas mal de points qui me laissent perplexes. Les ennemis ne sont guère roués en plus d’être assez insignifiants au combat, au point que Micklem et les siens ont souvent trop facilement le dessus sur eux sans que ça ne soit leur métier. En outre, au vu de l’importance des documents à récupérer, les « méchants » (appelons-les ainsi, sans que ça ne soit caricatural, car leur côté malveillant n’est guère impressionnant) ne mettent que rarement en œuvre les moyens (financiers ou humains) pour parvenir à leurs fins, ce qui nuit à la crédibilité. Et puis, il y a cette cinquantaine de pages au cours desquelles Micklem et ses compagnons tentent d’échapper à la traque menée par leurs ennemis : longues, très longues, trop longues. Sans suspense, sans piment, sans frisson. J’ai autant accroché à cet interminable passage que de l’eau plate à un plafond. Bref, dans l’ensemble, indéniablement, ça se laisse lire, mais ça reste peu convaincant. C’est, en quelque sorte, une carte postale écrite et envoyée depuis Venise, mais rédigée à la va-vite histoire d’être expédiée juste avant la levée du facteur.

    08/08/2019 à 08:39 1

  • Voleurs à la douzaine

    Donald Westlake

    7/10 Imaginez-vous un voleur qui arrive en plein cambriolage et devient un otage ? Ce même voleur à qui un ancien détenu devenu artiste propose un casse pour faire grimper la cote de ses œuvres ? Ou encore un cheval en guise de cible pour un enlèvement ? Non ? Eh bien, c’est que vous ne connaissez pas encore Dortmunder…

    Personnage fétiche de Donald Westlake, que l’on retrouve par exemple dans Bonne conduite, Pierre qui roule ou Les Sentiers du désastre, Dortmunder est l’archétype du personnage à qui il arrive des aventures pour le moins cocasses. Voleur volé, voire volé voleur, un peu à la manière de l’arroseur arrosé, il vit dans ce recueil des péripéties drôles et toujours surprenantes. L’humour est omniprésent, dans les situations comme dans les dialogues, et l’on rit de bon cœur à de multiples reprises. Par ailleurs, c’est aussi l’occasion de découvrir une palette de personnages – complices de Dortmunder ou simples connaissances – très amusants. Cependant, il ne s’agit pas d’une simple démonstration désopilante, car les intrigues sont également réussies. Tel un leitmotiv, quasiment chacune des nouvelles qui composent ce livre comporte des rebondissements, et le final se ponctue d’une surprise enthousiasmante.

    Court, enlevé, séduisant, ce recueil d’historiettes est une petite perle. Certaines d’entre elles sont certes moins efficaces que d’autres, mais l’ensemble propose assurément un très agréable moment de décontraction.

    02/04/2012 à 18:35 2

  • Vomi soit qui malle y pense

    Gérard Lefort

    7/10 Même si l’intrigue est un peu faiblarde, elle a l’immense mérite de n’être dénouée que vers la fin de l’ouvrage. En plus, Gérard Lefort a une plume vraiment cocasse, et c’est bien souvent que je me suis marré lors de ce périple breton. Probablement pas la meilleure des enquêtes du Poulpe, mais un bien bon moment de lecture décomplexée.

    01/05/2015 à 22:56 2

  • Voodoo land

    Nick Stone

    9/10 Max Mingus et Joe Liston, policiers, enquêtent en novembre 1980 sur un cadavre découvert dans le zoo de la ville de Miami. Cet inconnu, retrouvé dans l’enclos des singes, a la bouche et le nez cousus, ainsi qu’une carte de tarot dans l’estomac. En remontant le fil mystérieux de cette affaire, les deux hommes vont pénétrer dans les arcanes d’une cité gangrenée par le crime et approcher d’un être à l’aura maléfique : Salomon Boukman.

    Après Tonton Clarinette, voici le deuxième opus de la série consacrée à Max Mingus et écrite par Nick Stone. Cette saga a reçu de remarquables échos de la part du public et de la critique, et il ne faut que peu de temps de pages pour comprendre cet engouement. Le style de l’auteur est absolument envoûtant, avec une écriture nerveuse et travaillée. Au gré de cette intrigue, prodigieuse et dédaléenne, le lecteur plonge sans ambages dans des univers interlopes, où se succèdent mafias, trafics, individus angoissants et sorcellerie vaudoue. On se souviendra ainsi longtemps de Salomon Boukman, terrifiant individu aux apparences changeantes, de Bonbon, assassin obèse qui utilise sa dentition pour massacrer ses proies et ayant une sévère addiction pour les sucreries, ou d’Eva Desamours, mortelle adepte de la sorcellerie. Les chapitres défilent, Nick Stone prend le temps de développer son histoire et d’approfondir la psychologie de ses protagonistes, et l’on ne voit pas passer les quelque six-cent-cinquante pages du livre. Les scènes d’effroi voisinent avec des moments d’action, d’autres passages frôlent le fantastique tandis que le suspense monte crescendo.

    Assurément, cette série de thrillers est l’une des plus réussies jamais écrites. Le rythme ne retombe pas, et l’on ressort de cette histoire à la fois médusé et sonné par tant de talent.

    23/05/2013 à 19:46 4

  • Vous parlez d'une paroisse !

    Hillary Waugh

    7/10 … ou comment une paisible ville du Connecticut, Crockford, suite au viol et à l’assassinat de la jeune Sally Anders, en vient à montrer ses failles. Une ambiance pesante, lourde de sa moralité bienpensante et de ses convictions religieuses, que vient percuter un drame, voire une tragédie, pour briser ce vernis de surface et faire apparaître la suspicion, le mensonge et la délation, en plus de toutes les tares de la société. Sur le principe, rien de très atypique, mais la forme surprend d’entrée de jeu : chaque chapitre est consacré au point de vue d’un personnage, avec quelques parties chorales, organisées comme des scènes de théâtre – conseil de l’église, commission d’enquête, conseil municipal, etc. – et ce jusqu’à la fin, avec l’identité du coupable révélée et le sort qui l’attend. Hillary Waugh a osé prendre ce parti et s’en tire sacrément bien, alors que je craignais que cela ne tourne rapidement à l’ennui et la redondance. Mais, malgré quelques effets faciles et autres clichés, les parties s’enchaînent à merveille, les réflexions sonnent avec justesse (notamment sur la piété de façade, la vertu nécrosée et le racisme, comme ce qui arrive à Reggie Sawyer et sa famille), et l’affaire progresse sous nos yeux avec intelligence. Selon moi, plus un coup de maître pour la forme que pour le fond, et une lecture, assurément noire, de grande qualité.

    19/11/2017 à 19:54 3

  • Voyages de noces

    Val McDermid

    8/10 Trois mariages et autant d’enterrements

    On vient de retrouver le cadavre carbonisé de Kathryn McCormick dans un véhicule. Visiblement, un tueur en série est à l’œuvre, faisant de cette victime la première d’une longue liste. Carlo Jordan et son équipe sont désormais réunies au sein de la BREP – Brigade Régionale d’Enquêtes Prioritaires – qui récupère de six brigades différentes toutes les affaires de mort violente, d’agression sexuelle aggravée mais aussi d’enlèvement d’enfants. Toujours épaulée par son fidèle ami le profileur Tony Hill, les voilà en train de traquer un individu qui, de serial noceur, est devenu un serial killer.

    Voici le dixième opus de la série consacrée à Tony Hill et à Carol Jordan, et Val McDermid n’a rien perdu de son talent. L’écrivaine connaît par cœur ses protagonistes, et c’est beaucoup d’humanité et de crédibilité qu’elle insuffle dans leurs comportements, leurs psychologies mais aussi leurs doutes. Carol est toujours minée par cette procédure de conduite en état d’ivresse à laquelle elle a échappé et suite à laquelle elle va se sentir responsable de la mort de cinq personnes tuées par un chauffard ayant échappé aux sanctions à cause d’elle. Dans le même temps, ses partenaires – Karim, Paula, Kevin, Alvin et Stacey – sont de véritables modèles de personnages policiers crédibles à la fois dans les procédures qu’ils suivent comme dans les raisonnements qu’ils tiennent. L’intrigue est très prenante, offrant cette fois-ci au lecteur la poursuite d’un individu, Tom Elton, capable des plus efficaces déguisements afin de fréquenter des mariages où il lève des proies féminines avant de les tuer puis de les incinérer dans des voitures. L’enquête sera longue, tortueuse, nous évitant le coup des deus ex machina et autres rebondissements téléphonés : tout y est parfaitement huilé, intelligent, vraisemblable, et ce récit ne s’en trouve que meilleur. D’autres histoires viennent se rattacher à la principale, comme les tourments de Carol à propos de son alcoolisme passé et de certaines conséquences évitées de justesse, mais aussi un chantage faisant suite à du cyberharcèlement et à du revenge porn, et la réapparition de Penny Burgess, une journaliste tenace et malveillante qui a juré la perte de Carol. Le roman se boucle de manière très originale, pour ne pas dire étonnante : dans une note finale, Val McDermid supplie ses lecteurs de ne pas dévoiler à d’autres l’épilogue de cette affaire. Il faut dire que ce dernier est osé, opérant un virage net et radical à la série.

    Un thriller à la fois fort réussi, captivant et plausible, qui ravira autant les fans de Val McDermid que les lecteurs n’ayant pas encore eu l’occasion de s’attaquer à l’un de ses opus.

    02/06/2022 à 07:18 5

  • Vue sur crime

    Sarah Cohen-Scali

    8/10 Récemment sorti de prison, le jeune Pascal Sirel a été victime de la malchance. Voleur, il a été arrêté alors qu’il cambriolait un appartement où se trouvait le corps d’une femme décapitée. En partie accusé, Pascal tente de se réinsérer dans la société, et on lui a confié un travail de commis boucher dans une petite surface. Mais au domicile qu’il occupe, il découvre l’étrange comportement d’un artiste, et lui prête rapidement des desseins meurtriers.

    Spécialiste de la littérature noire pour la jeunesse, Sarah Cohen-Scali s’est particulièrement illustrée grâce à des recueils de nouvelles, sombres et efficaces, comme Mauvais sangs ou Mauvais délires. Même lorsque sa plume s’attaque à des récits plus longs, la magie opère. L’histoire est dense, avec un personnage principal particulièrement travaillé : il ne cesse de repenser au sort qui s’est acharné sur lui, peine à trouver sa place hors des murs de la prison, et demeure marqué par sa détention. Il va d’ailleurs retrouver une partie de son moral aux côtés de son supérieur, Gabriel Castaigne, un homosexuel en pleine crise amoureuse.
    L’intrigue semble de prime abord très classique, puisque le sujet a déjà été maintes fois traité, en littérature comme au cinéma. Cependant, Sarah Cohen-Scali a su magnifier le scénario de son roman grâce à une écriture sèche et nerveuse, une concision qui sert ses propos, et surtout un rebondissement très malin vers la fin du livre. Le suspense est soutenu, les protagonistes crédibles, et l’on ne peut que ressentir de l’empathie, voire de la sympathie, pour Pascal. On trouve également de belles réflexions quant à l’homophobie et les difficultés de réadaptation pour les anciens délinquants.

    Destiné en priorité aux jeunes, mais largement accessibles aux adultes, ce roman captive autant qu’il divertit. Sarah Cohen-Scali compte parmi les écrivains les plus adroits pour ensorceler les jeunes et créer des univers obscurs où il fait si bon se perdre.

    01/03/2012 à 18:10

  • Vyshaya Mera, Marina...

    Chetville, Hervé Richez

    7/10 Une séance de torture dans un camp soviétique, puis un flashback pour commencer ce cinquième tome. L’idée de l’expérience de visualisation à distance est intéressante et bien menée, et malgré quelques longueurs et autres effilochements, j’ai repris du plaisir avec cette série. Souhaitons que le sixième et dernier tome soit à la hauteur de mes espérances, d’autant que Sam clôt cet opus avec une nouvelle vision.

    23/07/2023 à 23:32 1

  • Wallflower

    William Bayer

    9/10 Alors qu'il est en vacances à Venise, Janek doit revenir précipitamment aux Etats-Unis. En effet, on vient de retrouver Jess, sa filleule, assassinée dans un parc. D'après les premières constatations, la jeune femme, escrimeuse, a été attaquée à coups de pic à glace alors qu'elle faisait son jogging. Janek reprend l'enquête de manière personnelle et découvre des indices troublants : Jess avait une sexualité extravertie, fréquentait des jeunes aux comportements presque sectaires, était suivie par une thérapeute... Et que dire du fait que son sexe a été « scellé » à la colle par son tueur... Pour appréhender le coupable, Janek va devoir, selon ses méthodes, plonger vers un esprit particulièrement retors et dangereux.

    Paru il y a presque vingt ans, ce thriller n'a pas pris la moindre ride. Deuxième ouvrage de la série consacrée au lieutenant Janek, il exploite à merveille la personnalité de son héros. Scrupuleux, attentif aux détails, fondant son analyse sur la psychologie plus que sur les preuves scientifiques, capable pendant des jours de chercher un minuscule détail qui lui a échappé, Janek est l'archétype du policier pugnace et sagace. Cette fois-ci, il plonge bien malgré lui dans une affaire sordide où la mort d'un proche le brise avec d'autant plus de violence. William Bayer a bâti une histoire forte, avec notamment un tueur en série singulièrement monstrueux, à la fois détruit et destructeur. Les enchaînements sont habilement construits, les rebondissements prenants, et la longue introspection dans le cerveau du monstre aussi réussie que troublante. Sans scène d'action tonitruante, ce roman happe l'attention de la première à la dernière page grâce à la qualité de sa psychologie et l'intensité de son intrigue.

    Méticuleux comme un Michael Connelly, vénéneux comme A cause de la nuit de James Ellroy, brûlant comme du Val McDermid, Wallflower est un véritable bijou. L'auteur des brillants Pèlerin et Tarot réussit l'exploit de synthétiser ce qui se fait de mieux dans le domaine tout en conservant son authenticité, son âme. C'est la marque des très grands dont fait indéniablement partie William Bayer.

    18/08/2010 à 18:30

  • Wallman tome 1

    Boichi

    7/10 De retour au Japon après vingt ans d’absence, Jirô, tueur à gages, et son colocataire Kubota, mangaka et mercenaire également, vont partager leur appartement avec Nami, une petite bombe esthétique. Sauf que la jeune femme leur révèle rapidement être une « Wallman », à savoir une tueuse à gages de dernière génération, cherchant à venger la mort de son père. Mais quand elle échoue, elle attire à l’appartement une horde d’assassins, et voilà que Jirô, bien malgré lui, ainsi que Kubota, s’en retournent sur le sentier de la guerre et du sang. Peut-être rien de très novateur dans le scénario, mais le graphisme est exquis, les scènes de baston remarquablement dessinées (même si elles s’attardent un peu inutilement à mon goût sur la plastique incendiaire de la dame), pour un univers que je trouve presque plus typé comics que manga. Le final consiste en une sacrée tuerie en haut d’un building et la promesse de nombreux conflits à venir.

    14/05/2020 à 18:30 1

  • Wallman tome 2

    Boichi

    7/10 ... et l’on retrouve nos deux tueurs à gages expérimentés mais un peu usés (Jirô et Kubota), ainsi que Nami, leur fille adoptive du point de vue professionnel. Cela débute par un entraînement collectif en forêt, et partent ensuite sur les traces d’un sale type qui détournent les fonds pour Fukushima et en profite pour faire du trafic de drogue, avant une virée au Canada du côté des chutes du Niagara. Toujours beaucoup d’action et d’acrobaties pour un manga qui, esthétiquement, lorgne également du côté des comics, alors qu’apparaissent d’autres tueurs à gages (d’autres « Wallmen »). Le scénario n’a peut-être rien de très exotique, mais les chapitres finaux, avec notamment la confrontation avec le Airgis Khan, l’armoire à glace, sont bien survoltés.

    05/07/2020 à 19:43 1

  • Waltz tome 1

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    7/10 Un jeune tueur à gage, spécialiste du couteau, qui prend cependant des libertés avec ses contrats, et qui fait la rencontre d’un mystérieux personnage qui s’appelle Iwanishi, et qui lui propose de devenir son manager. Enfant turbulent et violent, ayant progressivement oublié jusqu’à son nom, Iwanishi le surnomme « La cigale » en raison du bruit fait par ces bestioles. Il doit à présent s’occuper d’un autre tueur à gage, « le briseur de nuques », tandis que l’on s’intéresse également à un jeune type falot, Minoru Ishigohara, que, visiblement, beaucoup de gens confondent avec un bon samaritain qui est en réalité ce « briseur de nuques ». Pas mal de violence et d’action et, même si je ne saisis pas encore totalement dans quelle direction cette série se rend, sans révolutionner le genre, ç’a le mérite, pour moi, d’être assez efficace et de ménager suffisamment de suspense et d’interrogations pour avoir envie de découvrir les autres tomes.

    23/06/2019 à 20:44

  • Waltz tome 2

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    8/10 … ou comment « la cigale » en vient à se mêler d’un combat entre un tueur à gage qui n’en est pas un en réalité et une bande d’assassins dirigée par une femme austère et sinistre captivé par le temps, dont le clan est surnommé « Tic-tac ». Notre « héros » se retrouve pris au piège et doit combattre contre la meute de mercenaires. Un opus aussi endiablé que le premier, avec une intrigue qui s’affermit et qui prend, à présent, une direction plus précise, tandis que naît l’ombre d’un tireur de ficelle, le « Chapelier ». De l’action, du suspense, une intrigue à mes yeux enfin sur les rails, je prends la direction de l’opus suivant.

    23/06/2019 à 20:45

  • Waltz tome 3

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    7/10 Cet opus commence avec un approfondissement de la psychologie d’Iwanishi et ce qui l’a amené à ainsi n’agir que pour l’argent, puis reprend le cours de la série avec sa confrontation avec les « Tic-tac ». Le « briseur de nuques » réapparaît également avec son étrange rôle de tueur et protecteur de son sosie, et le « Chapelier » s’avère être un dangereux psychopathe qui enlève des femmes. Un troisième tome qui s’achève sur une scène pleine d’interrogations et de suspense au pied d’un parking. Si je reste bien accroché, je suis un peu plus perplexe à propos de la manière dont l’histoire évolue : un ixième tueur à gages, cette histoire de sosie à laquelle j’ai bien du mal à croire, et « la cigale » qui passe au second plan. A voir comment cela va évoluer dans les mangas suivants.

    23/06/2019 à 20:45

  • Waltz tome 4

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    7/10 Le quatrième opus qui commence sur une belle méprise et relance mon intérêt pour cette série, avec toujours autant d’action et de suspense. Mais j’ai du mal à croire au fait qu’un type lambda, couard en outre, puisse ainsi prendre la place d’un tueur expérimenté et au modus operandi si particulier, ce qui nuit à la crédibilité de l’ouvrage et donc de sa globalité scénaristique. Néanmoins, le rythme soutenu, et donc l’action, parvient à prendre le pas sur ce que je trouve être une fragilité.

    23/06/2019 à 20:46

  • Waltz tome 5

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    7/10 Toujours beaucoup de réussite dans cette série, avec une esthétique léchée et un scénario prenant. On se rapproche de l’antre du « Chapelier » tandis qu’un piège bien costaud se met en place (avec fusils d’assaut lance-roquettes), et un assaut avec des abeilles. Une belle ribambelle de tarés, de psychopathes et de tueurs, tandis que l’on comprend davantage la genèse du « Chapelier ». De l’action à revendre dans cet avant-dernier tome d’une série pleine de bruit et de fureur.

    01/08/2019 à 08:55

  • Wet Moon tome 1

    Atsushi Kaneko

    8/10 L’inspecteur Sata arrive sur les lieux d’un terrible homicide : une geisha, nue, se trouve sur une chaise dans une posture semblable à celle d’une prière, ficelée et éviscérée. Son enquête le mène vite à Kiwako Komiyma, qui est néanmoins parvenue à prendre la fuite. Obsédé par le tueur, Sata va être victime d’un accident, avec un éclat de métal dans la tête ainsi qu’un profond trauma crânien, qui va profondément le perturber, lui donnant des hallucinations où il se rend sur la lune. « T’as des ratés dans le carafon ou quoi ? » lui lance un collègue. Un opus très noir et déjanté, appuyé sur des flashbacks qui distordent le cours de l’histoire, un graphisme assez particulier (volontairement suranné), et où les hantises de Sata pour la lune (jolis clins d’œil à Georges Méliès, sans compter les emprunts graphiques à Roy Lichtenstein) et ce démembreur au gré de ces cases qui s’entrechoquent, ont fait que j’ai bien apprécié ce manga même si le côté désarticulé, parfois ésotérique dans le fond et syncopé dans la forme peuvent rebuter.

    26/08/2023 à 08:21 1

  • White Shadow

    Philip Le Roy

    8/10 Les six membres du programme Noé viennent d’éliminer le dangereux Moon Kan, leur ennemi juré. Mais ils doivent immédiatement repartir en mission, avec comme objectif une étrange base dans les Alpes. Mais sur place, rien ne se déroule comme prévu.

    Après Blackzone et Red Code, Philip Le Roy poursuit sa série consacrée à la Brigade des fous. Ce troisième opus se situe dans la droite ligne des précédents épisodes. La demi-douzaine d’adolescents qui composent l’escouade sont toujours aussi déjantés et savent user de leurs caractéristiques pour se compléter. L’humour demeure bien présent, notamment dans les dialogues, et l’on ne voit nullement le temps ou les pages filer tant le rythme du récit est véloce. Avec, en arrière-plan, des considérations écologiques et citoyennes, l’auteur embarque son lectorat sur quatre-vingt-trois chapitres denses, nerveux et concis, où se multiplient cascades, fusillades et scènes d’action en tous genres. Un véritable petit explosif littéraire à destination des jeunes lecteurs, qui auront également le privilège de voir cette équipe de mercenaires insolites enrôler une nouvelle recrue en la personne de Joachim, un aveugle à l’ouïe surdéveloppée.

    Le plaisir de retrouver les membres de la Brigade des fous demeure intact. L’écriture ébouriffée et ébouriffante de Philip Le Roy joue à plein, offrant un degré de fougueux divertissement rarement atteint en la matière. On en vient presque à regretter de n’avoir pas un troisième bras que l’on plongerait dans un pot de popcorn tandis que l’on tourne les pages de ce roman endiablé, tant l’analogie avec certains films d’action semble évidente.

    03/11/2014 à 18:44

  • Widowland

    Jane Thynne

    9/10 Londres, avril 1953. L’Allemagne nazie a remporté la Seconde Guerre mondiale et c’est désormais un protectorat qui régit le Royaume-Uni. A quelques semaines de l’arrivée du Leader – comprenez le Führer – dans la capitale ainsi que du couronnement du roi Edouard VIII, Rose Ransom, vingt-neuf ans, est chargée d’aller enquêter dans les Widowlands, ces territoires où sont recluses celles qui ne présentent que peu d’intérêt au sein de la hiérarchie des femmes. Déjà en charge de la réécriture des classiques de la littérature afin qu’ils coïncident avec les nouvelles normes sociétales du régime, Rose trouvera peut-être l’opportunité de marquer sa différence.

    Ce roman de Jane Thynne séduit dès la lecture de ce pitch, fort original. A la fois dystopique et uchronique, le récit expose la nouvelle structuration de la société, où les femmes sont classées selon des castes en fonction de leur apport à la communauté – à chaque fois selon un prénom emblématique : les Geli, les Klara, les Leni, les Paula, les Magda, les Gretl, ainsi que les Frieda. Dans le même temps, les autorités ont décidé que les grands ouvrages devront désormais être réécrits afin de corriger les élans féministes et autres mouvements allant à l’encontre de la doxa, et notre héroïne, Rose, est justement l’une de ces révisionnistes. C’est d’ailleurs à elle que va revenir la charge de sonder le Widowland situé à l’extérieur d’Oxford pour essayer de comprendre qui barbouille depuis peu les murs de slogans subversifs. Jane Thynne, en plus d’avoir imaginé cette histoire singulière, dispose d’une écriture ravissante, et l’on se plaît très souvent à relire certains passages tant ils sont harmonieusement rédigés. Si l’on regrette parfois que l’écrivaine ne soit pas allée plus loin dans ses idées quant à la révision des textes majeurs de la littérature anglaise et des questions philosophiques que cela implique, elle captive néanmoins par une intrigue atypique et quelques beaux destins de femmes. C’est aussi une superbe – et effrayante – radioscopie de cette société remodelée par les vainqueurs du conflit, imposant au lectorat des réflexions nécessaires quant au rôle de nos mères, épouses et filles. Les dernières pages sont marquantes, offrant à notre Rose un rôle majeur et déterminant : il est plus que probable que l’on ne verra plus jamais le Frankenstein de Mary Shelley de la même manière.

    Un livre majeur et mémorable, au scénario et à l’écriture remarquables : Jane Thynne fait fort avec ce récit féministe et militant.

    08/04/2024 à 06:55 2

  • William Wilson

    Edgar Allan Poe

    9/10 … ou le récit quasiment schizophrénique d’un homme qui, pour les besoins de l’histoire, afin de protéger son anonymat, se renomme « William Wilson ». Ce personnage, enfant est particulièrement malin et versé dans les études, jusqu’à ce qu’un nouvel élève ne vienne lui permettre d’assoir totalement sa supériorité intellectuelle sur les autres élèves. Ce nouveau venu a d’ailleurs trois particularités : il a le même prénom, le même nom, et est né le même jour que lui. Désormais, ça sera un chassé-croisé étonnant et détonant d’où surgira, sans qu’il ne s’agisse d’un murmure, la mort et la folie. Une nouvelle un peu plus longue qu’à l’accoutumée, peut-être un peu longue à démarrer (les descriptions un peu étirées sur la maison d’enfance du narrateur n’ont pas eu de charme particulier sur moi), mais ensuite, j’ai trouvé ça prodigieux. Et il y a surtout ce final, vertigineux et en quelques lignes, qui constitue une sorte de pendant au « Horla » et autres récits horrifiques sur l’identité. Un bijou.

    21/06/2020 à 19:28