El Marco Modérateur

3231 votes

  • Un tueur à ma porte

    Irina Drozd

    8/10 Paru pour la première fois dans le numéro de juin 1997 de « Je Bouquine », un roman très court – environ 70 pages – et idéal pour les jeunes lecteurs. Une écriture simple et un scénario à la fois sobre, classique et efficace, qui plaira en priorité aux collégiens. Un ouvrage destiné presque uniquement à la jeunesse, à l'intrigue bien conçue et au suspense savamment entretenu.

    19/01/2011 à 12:58

  • Un Voleur sur les toits

    Christian Grenier

    8/10 Hercule est un chat particulièrement original : il comprend la langue des humains et est doué d’un solide sens de la réflexion. Quand il apprend qu’une voisine, héritière des œuvres de Giacometti, a été cambriolée, il décide de mener l’enquête.

    Avec cette série consacrée au chat policier Hercule, Christian Grenier, ajoute une corde supplémentaire à son arc. Et si l’on veut continuer de filer la métaphore, c’est qu’il a su décocher une flèche habile. Le postulat de départ – un animal qui joue les détectives – est intéressant, et le reste de l’ouvrage est d’une fort belle tenue. Tout y est écrit simplement, sans jamais que cela ne soit simpliste, avec intelligence et adresse, si bien que l’on ne voit guère les pages défiler. Le ton est plaisant, le texte étant rehaussé de délicieuses touches d’humour. On imagine donc sans mal la joie des jeunes lecteurs à qui s’adresse ce roman. Les rebondissements sont nombreux, bien amenés, et l’on s’achemine avec un régal qui ne faiblit jamais jusqu’à l’épilogue. Malicieusement, Christian Grenier a su tisser un lien avec d’autres de ses livres, puisqu’Hercule est le chat des jumelles issues de l’union entre Max et Logicielle, les deux personnages principaux de sa série la plus connue.

    Agrémenté de sympathiques illustrations d’Aurore Damant, ce polar pour les jeunes cumule toutes les qualités qui soient. Une exquise bulle littéraire, fine et pétillante.

    01/03/2017 à 13:08

  • Un week-end sans fin

    Claire Gratias

    6/10 Une jolie relecture du film « Un Jour sans fin », faite de manière ouverte et assumée. Une plume sympathique, de bons sentiments sucrés juste ce qu’il faut, pour une histoire à la morale agréable.

    12/02/2016 à 08:42

  • Une affaire d'identité et autres aventures de Sherlock Holmes

    Arthur Conan Doyle

    9/10 Trois excellentes nouvelles d'Arthur Conan Doyle. Le flair du détective est toujours aussi remarquable, la langue délicieuse, et les énigmes brillamment dénouées. J'ai préféré les deux premières et moins apprécié la dernière, mais l'ensemble est remarquable, à la fois distractif et terriblement prenant.

    05/04/2010 à 18:23

  • Une affaire flamande

    Geneviève Reumaux

    6/10 Mildrède est une jeune assistante sociale qui officie dans le nord de la France. Son quotidien : aider les personnes en difficulté. Entre les femmes battues, les paysans aux revenus modestes et autres foyers d’agriculteurs meurtris par les accidents de la vie, elle n’a pas le temps de chômer. Aussi, dévouée et appréciée comme elle est, Mildrède comprend d’autant moins qu’un inconnu essaie de pénétrer à son domicile de nuit. Un ennemi, elle qui n’en a pas ? Le commissaire Luigi Pedri se porte à son secours.

    Premier roman de Geneviève Reumaux, cette Affaire flamande est un récit dense et court, d’à peine cent-trente pages. Le lecteur est immédiatement pris par l’ambiance décrite, où le social et la peinture des mœurs occupent une place prépondérante. L’écrivaine connaît bien les lieux et l’histoire de la région décrite, ainsi que la population paysanne. Les affres du métier agraire, les embarras financiers, les ménages soumis aux rendements de la terre, tous ces éléments sont rendus avec beaucoup de crédibilité et de tact, et contribuent à rendre l’ensemble de l’ouvrage à la fois prenant et original. Du coup, l’intrigue en passerait presque au second plan, avec si peu de personnages mis en scène qu’il en devient presque aisé de deviner quel est le tourmenteur de Mildrède. Néanmoins, l’impact humain de cet opus demeure, avec un singulier et succinct portrait du milieu rural.

    Si l’on attendait de la part de Geneviève Reumaux un roman purement policier, cette Affaire flamande décevra certainement en raison de la concision et la modestie du scénario. En revanche, si l’on souhaite entreprendre un ouvrage à la fois simple et facile à lire ayant comme toile de fond le milieu paysan, il permet de passer un agréable moment, sans pour autant marquer les esprits.

    09/03/2013 à 11:51

  • Une Etude en rouge

    Arthur Conan Doyle

    8/10 Dans la dernière partie du dix-neuvième siècle, à peine revenu d’Afghanistan où il a été sévèrement blessé, le docteur Watson devient le colocataire de Sherlock Holmes, détective œuvrant à compte privé et doué d’une immense capacité d’analyse et de déduction. Ce dernier est alors sollicité par Scotland Yard pour résoudre l’énigme du meurtre d’Enoch Drebber. Il faudra à Sherlock Holmes tout son talent pour démêler cette affaire dont les racines plongent bien des années auparavant en Utah, auprès de tueurs affiliés à une église mormone.

    Une étude en rouge constitue la première affaire résolue par Sherlock Holmes, le célèbre personnage littéraire ayant fait la renommée d’Arthur Conan Doyle, et c’est toujours avec grand plaisir que l’on peut lire voire relire ce roman. Les personnages sont attachants et singuliers, particulièrement Sherlock Holmes et son fidèle compagnon le docteur Watson. L’écriture, quoique ancienne de plus d’un siècle, est très agréable, sachant tout aussi bien décrire les détails des lieux où ont été perpétrés des crimes, la psychologie des personnages que les paysages sauvages d’Amérique. L’intrigue, même si elle n’est pas l’une des meilleures du cycle, n’en est pas moins bonne et intelligemment menée, avec une très nette rupture entre les deux parties, la seconde explicitant les raisons du double assassinat commis dans la première.

    Au final, Une étude en rouge est un ouvrage policier à découvrir et à redécouvrir, posant le premier jalon des enquêtes d’un des détectives les plus connus dans le monde entier.

    11/08/2008 à 18:35

  • Une Fête mortelle

    R. L. Stine

    7/10 Luc Hargrove a comme ami Cory Duckworth, un gamin à qui la chance sourit en permanence. Luc rêve de participer à une série d’épreuves sportives dans un camp d’entraînement mais la poisse semble s’acharner sur lui, à l’inverse de Cory qui excelle dans tous les domaines. Un jour, Luc reçoit un porte-bonheur dans un paquet anonyme, une patte de vautour. Si le talisman semble efficace dans un premier temps, ce sont ensuite des cauchemars et des hallucinations qui l’assaillent. C’est ce thème de la chance et de la malchance qui m’a poussé à lire cet opus de la série « Chair de poule », et j’ai eu le plaisir – attendu – de retrouver les ingrédients habituels de l’écrivain R. L. Stine : scénario qui intrigue, chapitres véloces, écriture sèche et expéditive, et une ambiance et un suspense de bonne tenue. Des rebondissements, chance et poisse alternant au gré du récit, tant pour Luc que pour Cory, avec un twist final bien trouvé. Dans la mesure où les lecteurs – jeunes, nécessairement – auxquels se destine cet opus ne sauront qu’à l’ultime page les finalités de ces grigris, il y a fort à parier que ceux qui étaient déjà fans de cet écrivain passeront un très bon moment d’une lecture addictive, et les autres découvriront une collection fort prenante.

    13/05/2021 à 17:08

  • Une incroyable histoire

    William Irish

    8/10 Une nouvelle policière très intéressante, originale et au suspense savamment dosé, qui n'est pas sans rappeler « Fenêtre sur cour », ce film étant lui-même issu d'une nouvelle de William Irish.

    19/01/2011 à 13:08

  • Une nouvelle amie

    Ruth Rendell

    5/10 … ou comment Christine et David, mariés chacun de leur côté, en viennent à nouer une idylle adultérine, avant que David ne se résolve à avouer à sa nouvelle compagne une inclination singulière : se grimer (avec talent) en femme. Une nouvelle curieuse, assez agréable à lire et fort courte, où plane une curieuse ambiance, presque badine et insouciante, et à la chute, étrange paradoxe, à la fois téléphonée par un geste précédent de la jeune femme, et en même temps inattendue. En fait, ce qui m’a dérangé au final, c’est que cette chute m’a semblé arriver comme un cheveu sur la soupe, voire comme une grosse perruque au beau milieu du potage. Et c’est ce choix scénaristique de feue Ruth Rendell, à la fois brusque et très saugrenu du point de vue psychologique (malgré une ébauche de justification au début du texte) qui m’a profondément déçu.

    17/07/2020 à 22:59

  • Une petite ville tranquille

    Eric Elfman

    6/10 Une bonne histoire, un peu moins fantastique (au sens littéraire du terme) que d’autres ouvrages de la série, mais assez glauque et prenante.

    11/05/2014 à 19:39

  • Une Saison pour les morts

    David Hewson

    8/10 Un homme qui venait d'entrer armé dans la bibliothèque du Vatican est abattu par les gardes suisses avant qu'il ne fasse usage de son pistolet. Dans ses mains : une peau humaine minutieusement prélevée. Le jeune flic Nic Costa ainsi que son partenaire, tous deux membres de la police italienne, se rendent sur les lieux du crime, pourtant situés sur un sol étranger. On retrouve peu de temps après deux autres cadavres, dans une église romaine. Au centre de ce carnage, il y a la belle et énigmatique Sara Farnese, qui avait été la maîtresse des victimes. Sans le savoir, Nic Costa vient de plonger dans une affaire sordide dont les ramifications remontent bien haut dans les sphères religieuses.

    David Hewson signait en 2003 ce premier ouvrage qui allait être suivi de Villa des mystères et de L'héritage vénitien. On pense d'emblée, après avoir lu le résumé de la quatrième de couverture, à un énième roman à la Dan Brown ou Steve Berry, exploitant trame religieuse, secret millénaire et complot ésotérique ; il n'en est rien. L'auteur a choisi de développer une intrigue prenant pour cadre partiel la religiosité de l'Italie ainsi que certaines arcanes du Vatican, sans pour autant se complaire dans une reprise maladroite du Da Vinci code. S'appuyant sur de solides connaissances cultuelles et artistiques, David Hewson tisse une histoire originale, sur fond de mafia et de trafics en tous genres. L'écriture est assez lapidaire, allant à l'essentiel, mais prenant son temps quand il s'agit de décrire les personnages, leurs tourments et leurs envies. Ainsi, aucun des protagonistes n'est brossé à la va-vite, et l'on trouve chez chacun d'entre eux une épaisseur humaine bien singulière. L'histoire est très bien narrée, préservant de nombreux rebondissements, et offre d'adroites alternances entre action et émotion.

    Une saison pour les morts est donc un ouvrage très intéressant et prenant, avec sa propre âme, son propre souffle. Une lecture très agréable qui régalera tous les amateurs de thrillers.

    19/10/2010 à 18:06

  • Ushijima, l'usurier de l'ombre tome 1

    Shôhei Manabe

    7/10 Ce manga commence par la découverte d’un groupe de femmes accros au pachinko et à qui il faut distribuer de l’argent pour qu’elles puissent obtenir leur shoot de jeu. Mais c’est rapidement dans l’univers glauque de la misère et de l’usure que l’on bascule, avec des proies parfois obligées de se prostituer pour revenir à flots de leur créancier. On y découvre l’usurier Ushijima, dur et affûté comme le monde qu’il côtoie, et présentant des caractéristiques originales (ayant les lapins comme passe-temps, prêt à déchoir une dame de son trône de prêtresse du crédit clandestin). Les passages mettant en scène Kumika sont particulièrement durs puisqu’en rapport avec de la prostitution forcée, tandis que l’autre partie de l’opus, centré sur un autre débiteur des chasseurs de « yamikins « (c’est-à-dire ces usuriers de l’ombre) offre un autre souffle à ce manga particulièrement oppressant, plus centré sur la déchéance des victimes et du système mis en place que réellement Ushijima en lui-même.

    18/04/2020 à 15:24

  • Vacances criminelles

    Alain Surget

    6/10 Quatre nouvelles autour du thème des vacances et avec le commissaire Cremer en personnage central. La première, « Le piège de Lacoste », est sympathique, sans plus. La deuxième intitulée « L’ange de la mort » est excellente, quelque part entre « Dix petits nègres » et les poupées gigognes. « Crime en réserve » est divertissante et maligne. La dernière, « Soleil brûlant », est intelligente, ou comment une victime croit commettre en retour un crime parfait, malgré quelques erreurs évidentes de sa part. Au final, un recueil un peu déséquilibré en terme de qualité, mais agréable à lire, et un clin d’œil appuyé et amusant à l’acteur Bruno Cremer dont use de manière transparente l’auteur pour camper son protagoniste.

    30/06/2014 à 18:46

  • Vacances sur la route

    Thierry Dubois

    6/10 Une BD agréable, imprégnée de nostalgie, présentant grâce à diverses saynètes (presque des sketchs) l’ambiance liée à la mythique Nationale 7, et entrecoupée d’articles et photos de l’époque sur un sujet donné. Même si je connais bien cette route, du fait de mon âge je n’ai pas été particulièrement sensible à la (tout à fait légitime) sympathie pour cet axe routier. A mon avis, il faut l’avoir empruntée souvent lors de son âge d’or et/ou apprécier les voitures de l’époque pour complètement adhérer.

    30/04/2020 à 16:04

  • Vertige

    Franck Thilliez

    7/10 Un thriller dédaléen, nourri de références cinématographiques, et mené de main de maître par Franck Thilliez. Les énigmes successives apparaissent, les pièces du puzzle s’emboitent, et le suspense monte crescendo. De nombreuses scènes me resteront en mémoire, immédiatement visuelles, marquant l’histoire d’autant de jalons, pour une intrigue qui m’a souvent fait penser à du Serge Brussolo. Petit bémol pour ma part : j’ai souvent eu du mal à trembler pour les personnages en raison justement de ces scènes trop tirées par les cheveux à force de vouloir être marquantes, d’où cette sensation bien subjective de ne jamais avoir été totalement embarqué par cette histoire. Néanmoins, ça ne retire strictement rien à la virtuosité que je reconnais pleinement à Franck Thilliez d’imaginer et peindre des histoires effrayantes.

    19/05/2013 à 11:24

  • Via Crucis

    René Charlet, Geneviève Reumaux

    8/10 Suite à une répétition annulée, Georges-Albert rentre plus tôt chez lui. Il y découvre sa femme en compagnie d’un autre homme. Surpris par l’arme que tient ce dernier, Georges-Albert utilise la serpe qu’il a trouvée dans l’escalier et tue l’amant. Le crime passionnel par excellence. La messe est dite. Du moins en apparence. Car le fait que l’amant ait empoigné un fusil n’est pas prouvé, de même que la présence fortuite de la serpe près de la chambre.

    Écrit par Geneviève Reumaux et René Charlet, ce livre qui oscille entre roman noir et à suspense séduit rapidement par sa forme. Les faits sont énoncés clairement, sans la moindre équivoque, au travers des points de vue des deux protagonistes que sont Georges-Albert et Mathilde, son épouse. Tout y est, au moins au départ, sec, laconique, au point que l’on se demande où veulent en venir les deux écrivains puisque l’affaire semble si limpide. Mais, avec un sens intelligent de l’intrigue, tant policière qu’amoureuse, Geneviève Reumaux et René Charlet sèment au long du récit des petits cailloux comme autant de pierres d’achoppement, et l’on comprend vite que l’histoire sera bien plus complexe. Un peu à la manière d’un Georges Simenon, les mœurs, attitudes et errements des personnages sont rendus de manière lapidaire, presque naturaliste, et c’est un ensemble de petits drames, rancœurs et amours déçues qui sont à l’origine du drame. C’est également au crédit du duo d’auteurs qu’il faut porter ce découpage du livre en autant de stations du Christ lors de son chemin de croix, avec Georges-Albert dans son rôle bien métaphorique d’être crucifié par la justice.

    Une œuvre écrite avec beaucoup de délicatesse et d’érudition, axée avant tout sur le processus judiciaire clouant au pilori un individu ainsi que sur la genèse d’une tragédie. Une sensibilité des mots et une attention particulière portée à la vraisemblance de l’histoire achèvent de faire de ce Via Crucis un ouvrage qui plaira certainement aux amateurs de récits crédibles et humains.

    15/01/2014 à 13:38

  • Victime Delta

    Élie Robert-Nicoud

    7/10 Un bon petit polar pour la jeunesse, qui s’avale facilement et rapidement. Un format aux allures de nouvelle, une intrigue simple et prenante, qui donne autant la place à la dimension humaine des personnages décrits qu’au fil rouge que constitue l’histoire criminelle. A la manière de « La lecture du feu » qui s’adresse plus aux adultes, un ouvrage intéressant et enthousiasmant.

    30/09/2012 à 19:21

  • Vipère au sein

    James Hadley Chase

    7/10 Susan est une danseuse d'une rare beauté qui, chaque soir, pratique un numéro hautement érotique au cours duquel, presque nue, elle joue avec un cobra. Steve Harmas, travaillant pour une compagnie d'assurances, apprend que Susan a obtenu d'un coursier de sa propre compagnie une assurance de cent mille dollars aux clauses très restrictives. Cela sent l'escroquerie à plein nez, d'autant que neuf autres assurances du même genre ont été contractées. Moralité : si la jeune artiste meurt, sous certaines conditions, il y aura une prime d'un million de dollars. Inutile de tergiverser : la machination est plus que probable, d'autant que Susan a une sœur jumelle. Pour Steve, rapidement aidé par son épouse, il va falloir tirer ça au clair, quitte à se frotter à des personnages bien patibulaires prêts à utiliser la force.

    La gémellité est un thème classique du cinéma et de la littérature policière (pour ne citer qu'eux, Le troisième jumeau de Ken Follett, ou encore Duelle par Barbara Abel). Écrivain mondialement connu pour son chef-d'œuvre Pas d'orchidées pour Miss Blandish, James Hadley Chase exploitait ce sujet dès 1951. Comme d'habitude chez l'auteur, l'intrigue est habilement imaginée, le récit rapide et l'action bien présente. La langue de l'écrivain est typique de ses autres œuvres : brève, lapidaire, sans temps mort, avec décors et physiques dépeints en quelques phrases. Les multiples personnages sont campés avec brio, et l'on s'amuse follement avec les dialogues très bien ajustés. Typiquement « hard-boiled », ce livre s'illustre par des protagonistes résolus et violents, peu fragiles, au point que certains lecteurs reprocheront à James Hadley Chase une certaine invincibilité de ses héros, comme dans ce passage : « Elle a été atteinte à l'épaule par une demi-douzaine de balles. Il n'y a pas de fracture, mais elle a tout de même perdu beaucoup de sang ». Néanmoins, par-delà certains aspects peu crédibles, l'histoire mérite très largement le détour.

    Malgré son âge, Vipère au sein est un roman à suspense qui se porte bien : original, efficace et adroit, il marque le lecteur qui n'aura de cesse, au gré des pages, de deviner quelle peut être la manigance imaginée autour de cette histoire d'assurances.

    06/12/2010 à 16:18

  • Vue sur crime

    Sarah Cohen-Scali

    8/10 Récemment sorti de prison, le jeune Pascal Sirel a été victime de la malchance. Voleur, il a été arrêté alors qu’il cambriolait un appartement où se trouvait le corps d’une femme décapitée. En partie accusé, Pascal tente de se réinsérer dans la société, et on lui a confié un travail de commis boucher dans une petite surface. Mais au domicile qu’il occupe, il découvre l’étrange comportement d’un artiste, et lui prête rapidement des desseins meurtriers.

    Spécialiste de la littérature noire pour la jeunesse, Sarah Cohen-Scali s’est particulièrement illustrée grâce à des recueils de nouvelles, sombres et efficaces, comme Mauvais sangs ou Mauvais délires. Même lorsque sa plume s’attaque à des récits plus longs, la magie opère. L’histoire est dense, avec un personnage principal particulièrement travaillé : il ne cesse de repenser au sort qui s’est acharné sur lui, peine à trouver sa place hors des murs de la prison, et demeure marqué par sa détention. Il va d’ailleurs retrouver une partie de son moral aux côtés de son supérieur, Gabriel Castaigne, un homosexuel en pleine crise amoureuse.
    L’intrigue semble de prime abord très classique, puisque le sujet a déjà été maintes fois traité, en littérature comme au cinéma. Cependant, Sarah Cohen-Scali a su magnifier le scénario de son roman grâce à une écriture sèche et nerveuse, une concision qui sert ses propos, et surtout un rebondissement très malin vers la fin du livre. Le suspense est soutenu, les protagonistes crédibles, et l’on ne peut que ressentir de l’empathie, voire de la sympathie, pour Pascal. On trouve également de belles réflexions quant à l’homophobie et les difficultés de réadaptation pour les anciens délinquants.

    Destiné en priorité aux jeunes, mais largement accessibles aux adultes, ce roman captive autant qu’il divertit. Sarah Cohen-Scali compte parmi les écrivains les plus adroits pour ensorceler les jeunes et créer des univers obscurs où il fait si bon se perdre.

    01/03/2012 à 18:10

  • Wallflower

    William Bayer

    9/10 Alors qu'il est en vacances à Venise, Janek doit revenir précipitamment aux Etats-Unis. En effet, on vient de retrouver Jess, sa filleule, assassinée dans un parc. D'après les premières constatations, la jeune femme, escrimeuse, a été attaquée à coups de pic à glace alors qu'elle faisait son jogging. Janek reprend l'enquête de manière personnelle et découvre des indices troublants : Jess avait une sexualité extravertie, fréquentait des jeunes aux comportements presque sectaires, était suivie par une thérapeute... Et que dire du fait que son sexe a été « scellé » à la colle par son tueur... Pour appréhender le coupable, Janek va devoir, selon ses méthodes, plonger vers un esprit particulièrement retors et dangereux.

    Paru il y a presque vingt ans, ce thriller n'a pas pris la moindre ride. Deuxième ouvrage de la série consacrée au lieutenant Janek, il exploite à merveille la personnalité de son héros. Scrupuleux, attentif aux détails, fondant son analyse sur la psychologie plus que sur les preuves scientifiques, capable pendant des jours de chercher un minuscule détail qui lui a échappé, Janek est l'archétype du policier pugnace et sagace. Cette fois-ci, il plonge bien malgré lui dans une affaire sordide où la mort d'un proche le brise avec d'autant plus de violence. William Bayer a bâti une histoire forte, avec notamment un tueur en série singulièrement monstrueux, à la fois détruit et destructeur. Les enchaînements sont habilement construits, les rebondissements prenants, et la longue introspection dans le cerveau du monstre aussi réussie que troublante. Sans scène d'action tonitruante, ce roman happe l'attention de la première à la dernière page grâce à la qualité de sa psychologie et l'intensité de son intrigue.

    Méticuleux comme un Michael Connelly, vénéneux comme A cause de la nuit de James Ellroy, brûlant comme du Val McDermid, Wallflower est un véritable bijou. L'auteur des brillants Pèlerin et Tarot réussit l'exploit de synthétiser ce qui se fait de mieux dans le domaine tout en conservant son authenticité, son âme. C'est la marque des très grands dont fait indéniablement partie William Bayer.

    18/08/2010 à 18:30