El Marco Modérateur

3641 votes

  • Gémeaux

    Maud Tabachnik

    4/10 Sans être complètement nul, ce livre lu il y a longtemps m'a laissé le souvenir d'un récit froid, inutilement "barbare" lors de certains passages (notamment au début, avec le viol d'une jeune femme), et sans psychologie véritable ni originale. Un roman fade qui ne m'a marqué que par sa transparence.

    31/01/2011 à 19:44

  • Les bagnoles ne tombent pas du ciel

    Lucienne Cluytens

    7/10 Un époux, pharmacien respecté. Une épouse éprise de religion. Une belle étudiante désargentée, jalouse et vindicative. Un trio explosif. Quand la conjointe est découverte morte d'une balle dans la tête, le mari est rapidement suspecté. Fin de l'histoire, le crime est presque trop évident. Sauf pour une jeune pédicure, amie du pharmacien, qui engage Marc Flahaut, reconverti en détective privé le temps que sa mise à pied prenne fin. Le flic accepte, sans se rendre compte à quel point les apparences peuvent être trompeuses.

    Après Lille-Québec aller simple, Lucienne Cluytens reprend le personnage de Marc Flahaut pour cette enquête, dépouillée et crédible. La langue de l'auteur est très agréable, et l'on plonge avec délectation dans le milieu empesé de la bourgeoisie provinciale, marquée par le conformisme et la tutelle de la religion. Les personnages sont savamment campés, sans cliché, avec suffisamment d'épaisseur et de zones d'ombre pour les rendre à la fois plausibles et douteux. Le récit, court, ne comporte aucun temps mort et l'on en arrive rapidement à l'épilogue, assez surprenant, même s'il aurait peut-être gagné à être développé ou explicité. Ce qui est particulièrement frappant dans cet épisode de la série consacrée à Marc Flahaut, c'est sa sobriété. Aucun mot de trop, pas de scène d'action échevelée ni de surenchère dans le sang ou le morbide : il s'agit d'une histoire simple et vraisemblable, où l'adultère côtoie la vengeance, la suspicion de meurtre la crédulité naïve.

    L'auteur de La grosse, Le petit assassin et des Peupliers noirs poursuit donc le sillon qu'elle trace au gré de ses romans : celui d'une bibliographie sereine et de belle tenue, à la fois ingénieuse et élégante.

    26/01/2011 à 19:47

  • Le département du diable

    Michel Honaker

    7/10 Dave Ofrion est un jeune informaticien de génie qui a mis ses talents au service de Surveyor System, une société qui épie des personnalités. Au cours de l'une de ses opérations, Dave voit sa mission basculer : l'homme qu'il surveillait est assassiné, et les tueurs semblent être sur sa piste. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Dave n'a désormais plus le choix : il doit se retourner contre ses employeurs pour comprendre les raisons d'un tel drame.

    Auteur à succès de romans destinés à la jeunesse, Michel Honaker livre un thriller habile dans la collection Tribal de Flammarion. On y retrouve tous les éléments attendus : des personnages ambigus, un scénario qui tient la route, un style visuel et un ouvrage court pour plaire aux jeunes lecteurs. Les divers protagonistes sont bien campés, marqués par leurs zones d'ombre et leurs faiblesses, avec une mention particulière pour Dave, terrifié par le blanc de la neige depuis un drame passé et attaché à retrouver un père manquant. Ses connaissances en matière informatique lui seront d'une grande utilité, et on ne peut que louer l'imagination et l'efficacité de Michel Honaker. Certes, on pourra reprocher quelques ficelles un peu trop grosses par moments, mais certaines trouvailles ainsi qu'un rebondissement vers la fin du livre viennent rattraper ces petites lacunes.

    Au final, Le département du diable est un bon thriller pour adolescents, bien mené et à l'intrigue solide, mais qui pourra sembler parfois un peu « facile » pour les lecteurs adultes habitués à ce type de littérature.

    26/01/2011 à 12:44

  • Le Livre dont vous êtes la victime

    Arthur Ténor

    9/10 Une histoire très bien menée et imaginée, détournant avec intelligence les séries de romans dont le lecteur est sensé être le héros. Une intrigue efficace, des personnages attachants, et une idée de « book killer » savamment composée, entretenant un excellent suspense jusqu'à la fin de ce thriller fantastique pour jeunes lecteurs.

    19/01/2011 à 13:09

  • Une incroyable histoire

    William Irish

    8/10 Une nouvelle policière très intéressante, originale et au suspense savamment dosé, qui n'est pas sans rappeler « Fenêtre sur cour », ce film étant lui-même issu d'une nouvelle de William Irish.

    19/01/2011 à 13:08

  • Ki Du

    Patrick Raynal

    9/10 Un roman pour la jeunesse par l'un des maîtres français du genre, Patrick Raynal. Des portraits – physiques ou géographiques – brossés en quelques traits, un humour décapant, notamment dans les dialogues, et une intrigue qui ménage à la fois le suspense, la psychologie et l'action. Un peu plus de cent-trente pages de pur bonheur.

    19/01/2011 à 13:08

  • Lambada pour l'enfer

    Hector Hugo

    9/10 Une très belle histoire que celle de Rafaele, malheureux Colombien pris entre les feux croisés des trafiquants de drogue et des escadrons de la mort. Un récit très court et à l'écriture sèche, dont le final, particulièrement émouvant, est une véritable ode à la famille et à la jeunesse.

    19/01/2011 à 13:07

  • Nuit rouge

    Jean-Hugues Oppel

    9/10 Un très réussi roman à suspense. Encore une fois, l'écriture de Jean-Hugues Oppel fait merveille, accrocheuse, travaillée et efficace, avec des personnages bien incarnés. Un huis clos en pleine nature qui réjouira jeunes et moins jeunes.

    19/01/2011 à 13:06

  • L'affaire Jules Bathias

    Patrick Pécherot

    9/10 Une magnifique histoire, poignante et troublante, où le policier se mêle à l'étude historique. Des personnages touchants et une intrigue remarquable.

    19/01/2011 à 13:05 2

  • Ippon

    Jean-Hugues Oppel

    9/10 Un thriller pour les jeunes particulièrement efficace : phrases hachées, style direct au présent, descriptions léchées. Pas le moindre temps mort pour une tout petite heure de lecture. Assurément, dans le genre, un classique !

    19/01/2011 à 13:04

  • L'Homme en noir

    Thierry Jonquet

    8/10 Un roman réussi, où l'on suit une classe prise en otage par un homme armé et muni d'explosifs. Le regard des enfants sonne juste, l'ambiance de la ville brisée par les licenciements économiques également, et l'on passe un agréable moment avec ce livre destiné à la jeunesse.

    19/01/2011 à 13:03

  • Adieu mes jolies

    Jean-Paul Nozière

    7/10 Une enquête bien menée et des personnages croustillants. Le rythme est bon, le scénario solide, et l'on alterne entre les points de vue d'Alix Alix, le héros, et le tueur en série, moulu par ses relations avec les femmes. Il est juste dommage que la fin soit expéditive, voire expédiée.

    19/01/2011 à 13:01

  • Un cri dans la forêt

    Marin Ledun

    7/10 Un bon petit roman à suspense qui joue habilement sur les préjugés et les faux-semblants. Il est assez différents des autres ouvrages de Marin Ledun (pas de charge sociale) mais constitue un agréable moment de détente, en priorité destiné aux jeunes lecteurs.

    19/01/2011 à 13:00 1

  • Intelligence building

    Michel Honaker

    9/10 Un roman dont l'univers est très proche de celui de Serge Brussolo. Une tour immensément haute, d'étranges êtres qui la parcourent (les Mangeurs et les Briseurs), des événements hallucinants (dont les plus incroyables ne se produisent que vers la fin du récit)... Des personnages intéressants, une ambiance angoissante, un style captivant. Pas véritablement un polar, plutôt de la SF version jeune lecteur ; en tout cas, personnellement, je me suis régalé de ces aventures palpitantes et sacrément originales comme un gosse !

    19/01/2011 à 12:59

  • Un tueur à ma porte

    Irina Drozd

    8/10 Paru pour la première fois dans le numéro de juin 1997 de « Je Bouquine », un roman très court – environ 70 pages – et idéal pour les jeunes lecteurs. Une écriture simple et un scénario à la fois sobre, classique et efficace, qui plaira en priorité aux collégiens. Un ouvrage destiné presque uniquement à la jeunesse, à l'intrigue bien conçue et au suspense savamment entretenu.

    19/01/2011 à 12:58

  • Sherlock Heml'os mène l'enquête

    Jim Razzi

    7/10 Neuf courtes nouvelles où l'œuvre d'Arthur Conan Doyle est détournée, mettant en scène ses deux limiers que sont Sherlock Holmes et le docteur Watson sous la forme de deux chiens, menant des enquêtes dans une ville peuplée d'autres chiens anthropomorphiques. Les énigmes sont présentées et leurs solutions respectives livrées à la page suivante. Un concept intéressant et original, plein d'humour et de malice. Cela se lit très vite et avec intérêt. Évidemment, dans la mesure où il s'agit d'un roman pour la jeunesse, les énigmes sont très simples à résoudre, et n'importe quel lecteur adulte les dénouera sans la moindre difficulté. Néanmoins, pour de très jeunes lecteurs (je pense entre 9 et 13 ans), c'est très sympathique, efficace et prenant.

    19/01/2011 à 12:58

  • L'Assassin de papa

    Malika Ferdjoukh

    7/10 Un agréable roman à suspense, bien écrit et prenant. L'aspect social ainsi que les relations entre Valentin et son père prennent le pas sur une intrigue policière assez secondaire et qui se résout d'ailleurs presque trop facilement, mais on passe un bon moment de lecture. A réserver néanmoins en priorité aux jeunes lecteurs.

    19/01/2011 à 12:56 1

  • Lola reine des barbares

    Margot D. Marguerite

    7/10 Lola n'a jamais eu de chance dans la vie. Elle vit dans une des tours qui composent une cité anonyme. Son copain, Papier, la ravitaille régulièrement en drogue. Mais le jour où Papier décède en voulant échapper au Grécos, lui aussi dealer, elle tombe sous la coupe de ce dernier. Cela pourrait marquer le début d'une nouvelle existence, d'esclavage ou de liberté. Mais Lola, la junkie, l'objet sexuel, a bien d'autres desseins, que ce soit dans son quotidien blafard ou dans les états seconds auxquels elle accède par les produits qu'elle s'envoie dans le nez ou les veines : elle se rêve en reine des barbares, majesté des hordes peuplant les bas-fonds de l'humanité. Et pour peu qu'on lui en laisse les moyens, elle ne demande pas mieux que d'accéder à ce trône...

    Second roman de Margot D. Marguerite après La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l'avoir refait, Lola reine des barbares se pose dès les premières pages comme un livre choc. Le Grécos, potentat local, choisit de violer la jeune femme puis d'offrir ce corps à ses acolytes pour se venger des impairs de Papier. Le ton est donné : il sera noir. Sur environ cent pages, le lecteur est invité à côtoyer Lola dans son équipée dans le monde. Il y découvrira un univers mêlant la glace et le feu, l'inhumanité et la violence la plus abrupte. Une terrible description d'un monde anomique, où le petit peuple de la nuit percute celui des apparences. Margot D. Marguerite emploie un langage particulièrement acide et brutal pour brosser le portrait des protagonistes, ce que des lecteurs lui reprocheront sûrement : certains passages, notamment liés à des sévices sexuels, sont décrits par le détail. Néanmoins, au-delà de cette provocation purement verbale se niche un réel amour de l'auteur pour ses créatures littéraires : de suppliciés, elles brisent lentement leur nature pour devenir des tortionnaires, apportant un vent de sauvagerie dans le récit. C'est toute la cruauté dont elles ont été les victimes qui se libère au fil des pages. Aucun jugement de la part de Margot D. Marguerite : il dépeint, comme un naturaliste, les comportements des personnages qu'il a créés.
    Cependant, il est dommage que le roman en reste à l'état de très court récit. On aurait aimé suivre une plus longue errance de la part de Lola car, si sa personnalité et son destin sont atypiques, comme un oiseau plongeant d'un point haut, elle n'a pas suffisamment le temps, en une centaine de pages rappelons-le, de véritablement déployer les ailes de sa fureur. Son statut de victime est clairement établi, mais celui qui pouvait constituer le contrepoint de sa déchéance et, paradoxalement, de son changement, à savoir sa métamorphose en harpie vengeresse, n'est qu'esquissé, ce qui laisse au lecteur un goût d'inachevé. Quand arrive la fin du récit, on regrette presque qu'il n'ait pas compté une cinquantaine de pages supplémentaires, pour bien illustrer la modification de la personnalité de la jeune femme. Il s'agit très certainement d'un choix assumé de la part de l'auteur, mais cette décision rend le final presque bancal, car incomplet, comme une démonstration qui resterait fragmentaire.

    Au même titre que d'autres romans de la série Baleine Noire (Hécatombe de Nada par exemple), ce livre ne fait nullement dans la dentelle et se montre exigeant, dans la forme comme dans le fond. Un écrit incisif, brutal, aussi torturé que les personnages qu'il présente. Une histoire qui ne peut laisser indifférent.

    06/01/2011 à 16:29

  • La Théorie Gaïa

    Maxime Chattam

    6/10 Une nouvelle fois, Maxime Chattam montre l'étendue de son savoir-faire en matière de thrillers. Une langue simple, des rebondissements nombreux, des chapitres qui orchestrent un suspense sans faille : la technique est là, indubitablement, et l'auteur manie l'ensemble comme un excellent rythmicien. J'ai moins aimé les poncifs, des envolées verbales parfois un peu creuses à mon goût, des situations peu crédibles, et finalement, un scénario qui reprend directement la théorie de Lovelock, même si Maxime Chattam s'en défend dans sa page consacrée aux remerciements. Un roman délassant en ce qui me concerne, bien dans l'air du temps, qui a le mérite de faire passer un agréable moment.

    05/01/2011 à 17:30

  • Les Ruines

    Scott Smith

    9/10 Une nature luxuriante, propice à la fête et aux grandes escapades. Quelques étudiants partis dans le Yucatán à la recherche d'un touriste dont on n'a plus aucune nouvelle. S'il n'y avait toutes ces mises en garde de la part des autochtones qui conseillent, à de multiples reprises, de ne pas aller plus avant. La jeunesse et l'insouciance font parfois faire des erreurs. Ces dernières peuvent même se révéler mortelles.

    Après Un plan simple, roman sobre et réaliste, Scott Smith s'attaque ici au thriller fantastique. Avec une langue simple et dépouillée, il met en scène une bande de joyeux drilles qui va vivre une terrible épopée. Les caractères de chacun des protagonistes sont crédibles, et l'auteur se joue même des clichés traditionnels du genre. Le récit plonge, par paliers successifs, dans le fantastique, rappelant le style de Stephen King, ce dernier ayant les honneurs de la quatrième de couverture pour y dire tout le bien qu'il pense du roman. L'histoire devient alors celle de la lente immersion des héros dans un univers proche du paranormal, sanglant, où le désespoir disparaît peu à peu. Scott Smith est décidément très doué pour décrire les tourments de ses personnages, alternant leurs points de vue, et offrant au lecteur une terrifiante virée dans l'enfer végétal, un peu à la manière d'Herbert Lieberman dans La huitième case. D'ailleurs, il est à noter que la violence, d'abord suggérée, devient rapidement l'un des axes forts du livre : certaines scènes sont particulièrement dures, décrites avec insistance et brutalité, ce qui risquera de déplaire à bien des âmes sensibles. A ce sujet, il est tout à fait possible de reprocher à Scott Smith d'être trop circonstancié, voire voyeur, dans cette surabondance d'hémoglobine et de spectacles cruels, mais, même si ce point demeure sujet de controverses, on ne pourra que souligner la manière si marquante qu'il a de conduire une intrigue.

    S'appuyant sur une idée de départ ingénieuse, à la manière de Serge Brussolo pour sa série La croix de sang, Scott Smith enfonce le lecteur dans un univers dément, sans pitié, où la violence du décor ainsi planté ne peut donner en légitime écho qu'une narration brutale et provocatrice.

    03/01/2011 à 17:47 5