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Brouillard au pont de Tolbiac
8/10 Une histoire solide et sombre de Léo Malet que viennent magnifier les dessins atypiques et entêtants de Tardi font de cette bande dessinée un grand moment de lecture. Entre passé anarchiste, un ancien vol qui jaillit du passé, un homme-mort qui promène sa folie dans le XIIIe arrondissement de Paris, des règlements de compte sinistres et une gitane pour laquelle on se damnerait, Nestor Burma a amplement de quoi faire et y laissera une grande part de ses illusions.
04/05/2016 à 22:05 5
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Le Secret de la salle aux momies
6/10 Une première histoire assez gore par rapport aux autres productions de R. L. Stine, bien plus rêche, avec quelques scènes que les plus jeunes trouveront flippantes ou écœurantes. En revanche, le scénario part un peu en vrille, avec des (tentatives d’) explications qui veulent expliquer l’irrationnel de manière cartésienne, mais n’y parviennent pas du tout (ouch, le coup des protéines dans les cheveux…). Mais les ambiances sont suffisamment pesantes et prenantes pour embarquer le jeune lecteur. Mais la seconde histoire est à mon avis ratée : elle part dans tous les sens, sans le moindre fil conducteur, et ne donne lieu qu’à une succession de scènes moyennement surprenantes ou originales.
04/05/2016 à 22:03 1
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La Poudrière
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
9/10 Le Prince Sernine, alias Arsène Lupin, déjoue un plan d’enlèvement en sauvant une belle jeune femme des mains de deux malfrats. Mais la demoiselle disparait aussitôt. Pour notre intrépide gentleman, c’est le début d’une incroyable succession de péripéties à l’envergure internationale.
Nul n’a oublié Arsène Lupin, le génial personnage inventé par Maurice Leblanc au début du siècle dernier. Son originalité et son aura en ont fait un être intemporel et toujours source d’inspiration, au point que, au même titre que Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle, des auteurs ont continué à le faire vivre dans leurs romans. Ici, ce sont les remarquables Pierre Boileau et Thomas Narcejac qui le mettent en scène. On y retrouve ce qui a fait le sel d’Arsène Lupin : son intelligence, ses aptitudes physiques, mais aussi son humour et sa galanterie légendaire. Au gré d’un récit court et particulièrement prenant, aux rebondissements nombreux, le lecteur se laisse prendre la main, tel un enfant, et suit jusqu’au bout les aventures de cet être si attachant. A partir d’un événement pour ainsi dire anodin, notre prince Sernine va vivre une folle entreprise à la veille de la Première Guerre mondiale.
Un livre ensorcelant, singulier et habile, mené avec tant d’esprit et de brio qu’il honore tout autant son protagoniste, Maurice Leblanc que le remarquable duo Boileau-Narcejac.04/05/2016 à 21:59 3
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20 pieds sous terre
9/10 Un excellent roman, prenant de bout en bout, avec des pages très belles quant au deuil. Une écriture sobre, sombre et acérée, parfois très proche de la littérature adulte, qui magnifie une histoire intelligente. Une réussite totale, dont je ne regrette que l’épilogue, trop à l’eau de rose à mon goût, quand le récit tout entier baignait dans le noir.
23/04/2016 à 11:18 3
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Disputes et disparitions
9/10 Un premier tome que j’ai adoré, quelque part entre les univers de Tim Burton et d’Emma Kennedy. C’est sacrément drôle et barré, avec une collection de personnages fantasques et gothiques, des relations interpersonnelles hilarantes, et à la clef une intrigue qui n’est pas anecdotique (l’eau qui monte dans le château sans que personne ne puisse en sortir, et les disparitions successives des servantes à cause d’un monstre énigmatique). Je tâcherai d’être de l’aventure pour d’autres épisodes.
23/04/2016 à 11:17
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L'Ordinatueur
7/10 Une histoire sacrément prenante. L’intrigue a pris un tournant auquel je ne m’attendais pas à mi-chemin, mais c’est finalement un bien : le récit n’en devient que plus crédible et efficace. Une plongée intéressante dans le milieu de l’informatique, et si ce livre a été écrit en 1997, on lui pardonnera d’autant plus facilement ses quelques rides.
23/04/2016 à 11:16 2
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Gare aux coups de griffes
7/10 Une histoire bien trouvée et prenante, qui se montre un peu plus âpre et brutale que d’autres ouvrages de l’auteur. Un scénario solide, des rebondissements efficaces : vraiment, un bon moment de lecture.
23/04/2016 à 11:15
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Le Cri du masque hanté
6/10 Une histoire assez classique de masque maléfique, mais bien construite et amenée, où des accents de littérature plus adulte transparaissent (comme dans l’un des chapitres à l’écurie). Au final, rien de transcendant ni d’original, mais ça se laisse lire.
23/04/2016 à 11:14
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Le Chasseur
7/10 Un univers particulier, peuplé d’animaux ayant dû laisser de côté une partie de leurs instincts, une intrigue assez sombre (un cas d’anthropophagie… pardon… de zoophagie), même si on ne voit pas trop comment elle va pouvoir évoluer, et un rebondissement final surprenant (le coup de l’espèce inconnue). Ça rappelle un peu l’univers de Blacksad, toutes proportions gardées, et m’a sacrément donné envie de connaître la suite.
23/04/2016 à 11:13 1
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La Mort dans une boule de cristal
9/10 Une gitane, diseuse de bonne aventure, agressée. Un voyou retrouvé pendu à une fontaine, une pince à homard plantée dans le nez. Le corps d’un enfant déterré. Et dire que tout cela a commencé par un simple accident, quand Flavia a mis le feu par inadvertance à la tente de la voyante et lui a proposé de l’accueillir chez elle !
Il s’agit du troisième opus de la série consacrée à Flavia de Luce, après Les Etranges talents de Flavia de Luce et La Mort n’est pas un jeu d’enfant, et écrite par Alan Bradley. Et c’est un euphémisme que de dire que c’est jubilatoire. On retrouve avec délectation Flavia, espiègle gamine de onze ans, en butte à la méchanceté de ses deux sœurs – même si elle a beaucoup de répondant, vivant dans la demeure familiale dominée par la figure statutaire d’un père parfois plus préoccupé par la philatélie, et toujours passionnée par la chimie. La plume d’Alan Bradley fait à nouveau des merveilles, grâce à un style sobrement suranné et un humour toujours de bon aloi. L’intrigue est particulièrement bien réfléchie et bâtie, et l’on se laisse perdre dans les méandres de cette histoire qui sera résolue dans les ultimes pages de ce livre jouissif.
Des personnages riches, denses et croustillants. Une écriture allègre. Un récit intelligent. Une fois de plus, Alan Bradley régale ses lecteurs.23/04/2016 à 11:09 3
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Nous ne t'oublierons jamais
8/10 Un duo de tueurs massacre des clients adeptes de prostituées et met en scène leur dépouille sur des vidéos. Matt Berger, directeur d’une maison d’édition, a enquêté sur l’explosion d’une usine qui a causé de nombreuses victimes, et a accusé un groupe d’extrême gauche, surnommé « Les fils de l’acier », d’en être l’auteur. Mais ce groupuscule se fait fort de signaler à Matt qu’il est innocent, après l’avoir laissé complètement brisé dans un parking souterrain. Il va alors confier la contrenquête à Adam, une jeune sans expérience mais aux dents longues et effilées. Dans le même temps, Matt a demandé à Makkal, un enquêteur assez particulier, de mener une investigation : vérifier que Marie, son amour de jeunesse, est véritablement décédée.
Après Quitte ou double, récompensé par le Prix de Beaune en 2013, Cyrille Legendre nous revient avec cet opus. Comme on peut aisément l’observer à la lecture du résumé, l’histoire – voire les histoires – promet d’être particulièrement complexe. Et c’est le cas, avec ces pistes, parfois très éloignées les unes des autres, dont certaines demeureront parallèles tandis que d’autres viendront directement télescoper le fil principal. Avec un sens efficace de la narration, l’auteur nous fait rencontrer de nombreux personnages, complexes et denses, à la psychologie travaillée et aux apparences parfois traîtresses. C’est avec délectation que l’on se laisse embarquer dans ce récit volontairement touffu et labyrinthique, dont on ressort ébahi, puisque Cyrille Legendre parvient à nouer tous les fils de ces enquêtes.
Grâce à une plume zélée et une intrigue arachnéenne, Cyrille Legendre séduit et envoûte jusqu’aux ultimes pages de ce roman détonnant.23/04/2016 à 11:05 2
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Détective sur cour
6/10 Un ouvrage sympathique pour la jeunesse, agréable relecture/transposition du film « Fenêtre sur cour ». Rien d’extraordinaire ni de transcendant, mais une lecture appétissante pour un livre réussi.
05/04/2016 à 09:04
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Adèle et la Bête
8/10 Une histoire très originale, inaugurant les enquêtes d’Adèle Blanc-sec, où se mêlent contexte historique, dinosaure sur le retour, rebondissements multiples et pouvoirs inexpliqués. Les dessins si typiques de Tardi servent bien l’histoire, mais je trouve que certaines explications, rebondissements et explications viennent parfois trop en cascade.
05/04/2016 à 09:03 5
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Mois de mai
7/10 … ou comment un comptable fade comme un navet trouve un exutoire dans sa morne vie en réalisant des stripteases éclairs dans une cabine d’ascenseur et accède à la gloire. C’est loufoque à souhait, complètement invraisemblable, mais diablement original et drôle.
05/04/2016 à 09:02
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Drôle de samedi soir !
6/10 Une relecture gentillette de « Maman, j’ai raté l’avion », avec un huis-clos sympathique et drôle où un gamin est aux prises avec des intrus. Un ultime rebondissement bienvenu au dernier chapitre, mais je préfère nettement, sur le même canevas mais un registre différent, « Ippon » de Jean-Hugues Oppel.
05/04/2016 à 09:02
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Rue de la chance
6/10 Une histoire originale, où le destin d’un mafieux sur le déclin vient rencontrer celui d’une vieille dame mal-aimée par sa famille. Un récit gentil et facile à lire, mais auquel un détail m’a empêché de complètement adhérer : pourquoi un être pourvu d’une fortune de 1 743 852 077 963 125 548 807 614 545 951 642 dollars et quelques cents ne parvient-il pas à lever une armée, un pays voire un continent pour le protéger (sans compter que la somme est complètement abracadabrantesque, c’est environ quatre-vingt-quinze fois le PIB des Etats-Unis !!! ) ?
05/04/2016 à 09:01
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Comment tuer un monstre
5/10 Mamboo a écrit exactement ce que je pensais. Une façon de se débarrasser du monstre absolument pitoyable alors que cela devait constituer le moment-clef du livre – ou alors c’est une tentative de l’auteur de jouer sur l’absurde, le ixième degré, voire la parodie, mais c’est raté. Le comportement des grands-parents est complètement farfelu, pour ne pas dire grotesque, comme si R. L. Stine s’était laissé emporter par une histoire qu’il n’avait pas suffisamment préparée ou structurée. Vraiment dommage, car pour le reste, l’ambiance, certes classique, était intéressante et plutôt prenante.
05/04/2016 à 09:00
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Le chant des morts
8/10 Brett, un Anglais que l’on surnomme « Le Major », a emménagé à Briane, un village non loin de Nice, dans une maison nommée « Cybèle ». Brett, avec ses manières et son style so british, a rapidement noué des liens d’amitié avec les autochtones. Mais lorsqu’il découvre un crâne dans le jardin de sa propriété, le cauchemar ne fait que commencer…
Jean-Paul Demure signe avec ce Chant des morts un très bon roman noir. Avec un style limpide et éclairé, l’auteur nous décrit, par petites touches, un village typique, avec sa communauté, ses querelles, mais également ses secrets enfouis. La langue est belle, joliment colorée du soleil qui inonde cette région, sans jamais que cet aspect méridional ne tourne à la carte postale ou à la caricature. Jean-Paul Demure est aussi parvenu à bâtir une intrigue vraiment prenante et qui reste, jusqu’au bout, particulièrement crédible. De la découverte du crâne – appartenant probablement à l’ancien propriétaire de Cybèle – au décès suspect de Winston – le chat de Brett – en passant par les non-dits des natifs du hameau, l’Anglais va se rapprocher, par paliers successifs, d’une vérité létale.
Jean-Paul Demure a donc su nouer, en moins de deux-cents-trente pages, une histoire solide et prenante. Peuplé de personnages interlopes capables de dissimuler leur propre passé (Brett y compris), ce roman d’une grande noirceur achève de nous fasciner dans ses ultimes pages où l’intrigue se dénoue en quelques phrases.05/04/2016 à 08:57 2
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10 façons de bouleverser le monde
Ouvrage collectif
7/10 Dix auteurs ont relevé le défi de l’uchronie. L’un des grands intérêts de ce recueil est la diversité des sensibilités des écrivains. Certains, comme Pierre Pelot ou Fabrice Colin, ont choisi respectivement un épisode biblique et l’Egypte antique pour deux récits très réussis, où le blanc de la littérature domine. Jean-Marc Ligny s’attache à la rencontre très touchante entre les hommes de Cro-Magnon et ceux de Neandertal. La suite du recueil est bien plus tournée vers l’action. Michel Pagel met en scène un Pierre Corneille qui va jouer un rôle important dans le cours des événements. Johan Heliot imagine un monde où Napoléon a vaincu ses adversaires premiers avant d’envahir les Etats-Unis et de devenir un immonde tyran. Laurent Genefort, Xavier Mauméjean et Chris Debien signent chacun des écrits forts, nerveux et qui, à défaut d’être très originaux, seront peut-être ceux qui marqueront le plus les lecteurs en raison de leur efficacité. En revanche, les histoires de Alain Grousset et de Roland C. Wagner sont atypiques ; cependant, elles marquent un peu le pas par rapport aux autres, notamment en raison du fait qu’elles sont moins percutantes et parleront peut-être moins aux jeunes lecteurs auxquels s’adresse cet ouvrage.
Riche et varié, entre littérature blanche, noire et fantastique, cet assortiment de nouvelles est un petit régal.05/04/2016 à 08:53 3
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Le Mal que tu m'as fait
8/10 Journaliste installée en Espagne, Lily revient de toute urgence à New York où l’attend sa sœur Claudia. Morte, noyée dans une baignoire. Pourtant, lors de la présentation du corps à la morgue, Lily en est certaine : la défunte n’est pas sa sœur. Commence alors pour Lily une enquête éperdue pour savoir ce qu’elle est réellement devenue, quitte à braver de nombreux fantômes…
Ce premier ouvrage d’Hilary Davidson est une réussite incontestable. Le lecteur, dès les premières pages, est hypnotisé par l’écriture de l’auteure. Avec une infinie sagesse et une émotion rare, elle rend la totalité de ses personnages humains, en leur octroyant âme et densité. Tous les individus dépeints sont accrocheurs et crédibles : Lily, en jeune femme à la fois sagace et fragile, son ami gay Jesse, son ancien amant Martin, Ridley – fils taciturne et physiquement impressionnant de ce dernier, ainsi que le duo de policiers et Tariq, qui sait conserver sa part d’ombre. Mais c’est surtout Claudia, la disparue, dont la personnalité retient l’attention. Entre ses sevrages multiples à la drogue avant la énième retombée dans les enfers narcotiques, ses relations de passage, le centre de désintoxication qu’elle a fréquenté et son tempérament si trouble, elle constitue en soi une véritable pépite à la fois littéraire et si humaine. Dans cette intrigue particulièrement noire et complexe, où les interactions entre les protagonistes ne manquent pas, il sera bien difficile pour Lily de tirer cette histoire au clair, d’autant que de multiples rebondissements viennent agrémenter les ultimes chapitres.
Un roman sentimental et noir de premier ordre, parfaitement imaginé et réalisé par Hilary Davidson, et qui tient amplement la distance des quatre-cents pages sans jamais faiblir. Avec cette écrivaine, des romancières comme Minette Walters ou Mary Higgins Clark ont peut-être trouvé leur successeuse.10/03/2016 à 18:41 3
