El Marco Modérateur

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  • Sans états d'âme

    Bill James

    5/10 Ron Preston, surnommé « Le Stratège », projette de braquer un fourgon avec quelques acolytes. À la clef, environ 70000 livres sterling. Le coup semble être tranquille : l’attaque est sûre, les convoyeurs peu nombreux, et la préparation minutieuse. Face à lui, se dresse le policier Harpur et ses hommes, qui n’ont pour le moment aucune idée qu’une affaire de ce genre est en train de se monter. Mais la partie est loin d’être finie…

    Avec ce livre, Bill James poursuit sa série consacrée aux enquêteurs Harpur et Iles, et il est d’ailleurs fortement recommandé de lire les autres ouvrages avant de se lancer dans celui-ci, pour mieux comprendre les personnages ainsi que les liens qui les unissent. C’est ici l’analyse du hold-up qui retient l’attention, avec son lot d’individus perturbateurs, d’incidents dans la mise au point du cambriolage, et la manière dont, on s’en doute rapidement, tout va tourner à l’aigre. Les indics prêts à changer de camp, les indices mal interprétés, les coups de chance et les mauvaises fortunes, etc. : les événements vont s’enchaîner jusqu’à la confrontation finale. Bill James a choisi le velours pour son histoire : de l’humour, quelques malfaiteurs qui se refusent à faire couler le sang, des policiers décontractés et parfois plus disposés à s’occuper de leurs affaires de cœur que de leur travail.
    Si l’ensemble se laisse lire, il faut néanmoins regretter de très nombreux bavardages et digressions dans le récit : s’ils sont parfois nécessaires pour approfondir les psychologies des protagonistes, ils ralentissent copieusement la mécanique narrative, au point que de multiples passages pourraient être zappés sans que cela ne perturbe la compréhension de l’opus. Par ailleurs, quand le roman s’achève, se pose une question délicate : et alors ? Le moment passé aura été agréable sous certains angles, mais le final, expédié et sans grande saveur, clôt une histoire peu originale et encore moins marquante.

    Un ouvrage certes sympathique, mais sans réelle profondeur ni grande personnalité.

    09/03/2013 à 11:48

  • Proie idéale

    Charlotte Bousquet

    9/10 D’une plume à la fois alerte et sans concession, destinant d’ailleurs cet opus à des lecteurs aguerris, Charlotte Bousquet offre un thriller prenant et sombre. Au-delà de la séduction qu’il opère, il propose également un récit vif quant au racisme et aux trafics d’êtres humains. Une gageure pour un roman destiné aux adolescents, puisqu’il les distrait autant qu’il les alerte.

    06/03/2013 à 15:52

  • L'Assassin qui est en moi

    Jim Thompson

    10/10 Dans ce patelin paumé du Texas, Lou Ford officie comme shérif-adjoint. Si la ville est calme, Lou l’est moins. Oh, ce n’est pas un mauvais bougre ni un obsédé de la gâchette, mais quand les problèmes se dressent sur sa route, il a tendance à utiliser la violence. De manière froide. Pour régler une histoire d’amour du fils d’un notable avec une prostituée, par exemple. Et, comble de malchance, quand une difficulté semble résolue, une autre apparaît. Et c’est au beau milieu de ce nid d’emmerdements que Lou Ford doit se débattre.

    Ce roman culte de Jim Thompson, paru en 1952 et édité en France sous le titre Le Démon dans ma peau, ressort dans une nouvelle traduction, cette fois-ci intégrale. Lou Ford apparaît sous un jour complet, presque inédit. Il s’agit d’un individu complexe, tout en ombres et lumières mêlées, un tueur tout aussi glaçant par sa violence que pathétique en raison des complications qui s’ingénient à lui tomber dessus. L’un des nombreux mérites de l’auteur est d’être parvenu à en faire un personnage singulier, bien loin des clichés du genre, souvent dépassé par les événements qu’il a mis bien malgré lui en ordre de bataille. La construction scénaristique est, de ce point de vue, remarquable : il faut suivre avec attention le fil des péripéties et circonstances pour mieux appréhender la manière à la fois crédible et sidérante dont vont s’organiser les rouages. Si la langue est simple, elle n’en recèle pas moins une profonde poésie sous-jacente, avec de multiples pointes d’humour – noir, évidemment – agrémentées d’aphorismes tonitruants. Autre délectation de ce livre : les divers personnages, dépeints à l’acide, tourmentés, et dissimulant des parts de ténèbres.

    On a beau connaître cet ouvrage, se souvenir de certains passages, avoir retenu la manière dont il s’achève, c’est toujours avec le même empressement que l’on avale ses pages. À la manière d’un plat auquel il est impossible de résister, ce classique de Jim Thompson se dévore, et à chaque fois avec la même avidité. Et quand, par bonheur, un éditeur nous offre quelques dizaines de pages supplémentaires, il est impossible de résister à cet envoûtement.

    10/02/2013 à 20:29 3

  • Double assassinat dans la rue Morgue

    Fabrice Druet, Jean-David Morvan

    7/10 Jean David Morvan et Fabrice Druet ont su ressusciter un grand classique du roman policier. Avec son imparable esprit de déduction, le chevalier Dupin renaît pour notre plus grand plaisir. Le seul véritable déplaisir qu’offre cette bande dessinée est donc précisément le choix de cette nouvelle d’Edgar Allan Poe, bien trop célèbre pour surprendre.

    10/02/2013 à 20:23 1

  • Le mystère de Marie Roget d'Edgar Allan Poe

    Fabrice Druet, Jean-David Morvan

    5/10 Double assassinat dans la rue Morgue d'Edgar Allan Poe était une bande dessinée enthousiasmante, mais à l’histoire trop célèbre pour surprendre. Celle-ci déçoit en partie car son contenu est très, voire trop fidèle à l’œuvre primitive. Le passage aux phylactères aurait pu être l’occasion de gommer les moments les moins séduisants. À vouloir être trop fidèle à la nouvelle d’Edgar Allan Poe, les deux auteurs livrent donc une transposition, certes dévouée, ce qui est à porter à leur crédit, mais sans éclat. On en vient presque à se demander si Jean David Morvan et Fabrice Druet n’auraient pas mieux fait de choisir d’autres textes d’Edgar Allan Poe pour se montrer plus créatifs ou pertinents.

    10/02/2013 à 20:22

  • Le Mystère de Marie Roget

    Edgar Allan Poe

    5/10 Beaucoup trop tiré par les cheveux pour moi. C'est original, mais je n'ai vraiment pas été convaincu par la technique employée. Un livre osé, certes, mais longuet et bancal au final.

    05/02/2013 à 18:58

  • La malédiction des ruines

    Philippe Delerm

    5/10 Je n'ai pas beaucoup accroché à ce livre. Le style de l'auteur est indéniablement maîtrisé et réussi, mais la chute est trop rapide et laisse sans réelle explication. Je me mets à la place des gamins à qui ce roman, très court s'adresse : ils n'auront pas tous le recul nécessaire pour apprécier l'épilogue, selon moi. De plus, vu la concision de l'ensemble, cet opus aurait, à mon humble avis, mérité de figurer dans un recueil de nouvelles, et non comme un roman.

    05/02/2013 à 18:55

  • Robe de marié

    Pierre Lemaitre

    9/10 Une oeuvre que je lis bien après sa sortie et le succès qu’elle a rencontré. Un style entêtant, efficace et finalement très simple, bâti sur une intrigue et une structure redoutables. Des personnages opaques, dont on découvre lentement les failles au gré des récits successifs, et une vérité qui apparaît lentement, jusqu’au choc des dernières pages. Un exercice courageux, et qui se conclut de manière remarquable.

    05/02/2013 à 18:52 5

  • Cauchemar pirate

    Daniel Picouly

    7/10 Une histoire sacrément originale, où s’emmêlent cauchemars éveillés, phénomènes inexpliqués, trafics anciens, et un crime demeuré impuni. Des enfants comme protagonistes, vivants et crédibles, et une écriture qui sait se montrer nerveuse, romantique ou fantastique, en fonction de la scène en question. J’ai juste un petit doute : je ne suis pas persuadé que les jeunes lecteurs parviendront à accrocher à cette histoire parfois trop complexe quand il s’agit de rendre crédibles les raisons des mauvais songes qui agitent Hondo.

    27/01/2013 à 12:41

  • Le Traité des supplices

    Nicolas Bouchard

    9/10 Intercalé entre La Sibylle de la Révolution et La Sybille et le marquis, cet opus constitue une remarquable réussite. Un thriller historique venimeux autant qu’instruit.

    27/01/2013 à 12:40

  • Sur un lit de fleurs blanches

    Patricia Parry

    8/10 En ce Paris de 1885, Clara Saint-James est une prostituée de luxe. Son ancien bienfaiteur, le comte de La Paillerie, lui laisse par testament une somme de cent-mille francs à remettre à Victor Dupuy, un jeune médecin. Pour quelle raison ? Dans le même temps, Clara découvre dans une tombe le corps d’un garçonnet, allongé sur un lit de fleurs blanches. Ce cadavre est le premier d’une longue série, tous ces malheureux portant sur le cou deux traces suspectes. Y aurait-il un lien entre ces deux événements ?

    Avec ce polar historique, Patricia Parry a reçu le Prix du roman d’aventures des éditions du Masque. Le rythme est trépidant. Dès les premières pages, le personnage de Clara est planté, le premier corps est découvert, et le mystère se développe déjà. Grâce à une plume habile, à la fois simple et efficace, l’écrivaine pose les jalons d’une intrigue très bien construite et qui tient en haleine jusqu’aux ultimes chapitres. Nous sont dépeints les cénacles des feuilletonistes, les cercles médicaux, les âpres existences des enfants, etc. Le suspense va crescendo, réservant de bien belles trouvailles scénaristiques et autres adroits rebondissements. Les divers protagonistes sont croqués avec talent, notamment Clara Saint-James, hétaïre renommée et à la beauté sulfureuse, ainsi que Victor Dupuy, médecin métis qui n’aura de cesse de plonger vers le passé de sa propre famille.

    Avec un talent indéniable, Patricia Parry marquera les esprits par cet opus à la fois savant et diablement mené. Malgré peut-être quelques temps morts et récits complexes quant aux liens de famille dans le dernier tiers de l’ouvrage, ce livre est une véritable pépite.

    27/01/2013 à 12:40 3

  • Le sang des maudits

    Leighton Gage

    9/10 Assurément, Leighton Gage est un remarquable écrivain, nouant une intrigue forte autour de personnages denses et humains. Sans effet de style déplacé ou surenchère pyrotechnique, il a érigé une histoire prenante et originale, dont on ne peut qu’espérer qu’elle donnera des suites tout aussi captivantes.

    27/01/2013 à 12:39

  • Café Quinquin

    Jean-Louis Lafon

    7/10 Dans le quartier populaire de Moulins, à Lille, un incendie détruit des habitations ainsi qu’une institution locale, le Café Quinquin. Des familles déshéritées se retrouvent dans la rue, sans toit ni perspective de relogement rapide. Alors on se met à parler. Parfois à raison, parfois à tort. On ressasse l’insalubrité endémique de la zone, même si le bailleur avait été rappelé à l’ordre. On évoque ces étranges ombres croisées dans la pénombre, la veille du drame. On met en cause un possible trafic des compteurs d’électricité. Nul ne détient la vérité avec certitude. Mais peut-être que la découverte d’un cadavre fera jaillir les évidences…

    Premier ouvrage de Jean-Louis Lafon paru chez Ravet-Anceau, ce Café Quinquin est un très agréable roman. La plume de l’auteur est élégante, très plaisante à lire, et l’on plonge sans retenue dans ce microcosme que constitue le secteur de Lille-Moulins. Ses divers habitants sont dépeints avec beaucoup d’humanité, depuis les locataires en grande difficulté pécuniaire jusqu’aux travailleurs sociaux, en passant par quelques hommes d’affaires peu scrupuleux. Le combat social de Jean-Louis Lafon y est total et sincère. Le tableau qui est fait des personnages compose d’ailleurs la qualité essentielle de ce livre : malgré quelques traits parfois un peu épais, l’aspect sociologique de ce drame est une réussite. On se souviendra par exemple longtemps de Camamber, ainsi surnommé en raison de l’odeur qu’il répand, fieffé buveur, au comportement magmatique, et s’exprimant en ch’ti. La catastrophe viendra mettre en relief les embarras de la population et, dans le même temps, une formidable solidarité locale. L’intrigue policière est en soi intéressante, sans pour autant être remarquable ; on devine assez vite qui sont les coupables, ou tout du moins dans quel groupe ils se situent.

    L’objectif de Jean-Louis Lafon est atteint : croquer un drame social avec une histoire policière en arrière-plan. Voilà un roman engagé très réussi, peuplé d’êtres humains dessinés avec une évidente affection, et bien écrit.

    13/01/2013 à 18:39

  • Dans la nuit de Hong-Kong

    Paul Naomi

    7/10 Lian, lycéenne de Hong-Kong, milite au sein d’un groupe secret de hackers, surnommé « 04.06 » en référence aux événements de la place Tiananmen. Leurs objectifs : combattre les injustices, lutter contre la corruption et mettre à jour les pratiques de certains groupes capitalistes. Quand Lian ainsi qu’une amie découvrent sur une plage le cadavre d’une jeune inconnue, c’est le début d’une traque où bien des masques vont tomber.

    Premier ouvrage de la série consacrée à Komiko – le pseudonyme de Lian au sein du 04.06 – et écrite par Naomi Paul, cette Nuit de Hong-Kong s’appuie sur tous les éléments nécessaires à un succès critique et public. Les divers protagonistes, notamment ceux du groupuscule d’informaticiens, sont facilement identifiables, et leur quête, implacable, les rend immédiatement attachants. Ils constituent autant de personnalités, diverses et sympathiques, pour lesquelles les jeunes lecteurs nourrissent de la sympathie. L’ennemi de cet épisode est assez classique : un éminent homme d’affaires, abusant de la jeunesse locale comme d’un vulgaire bétail afin qu’il travaille dans ses usines, quitte à l’y faire mourir. Mais au-delà de ce ressort scénaristique attendu, Naomi Paul tire son épingle du jeu grâce à des rebondissements très efficaces et une mise en scène judicieuse d’apparences et de faux-semblants. De multiples personnages y dévoileront des identités inattendues, déplaisantes ou héroïques, au gré des épreuves imposées.

    Voilà une série qui se présente sous les meilleurs auspices. Des héros toniques et investis, une plume alerte, et une aventure où le divertissement pur côtoie de justes réflexions quant à la maltraitance humaine. On ne peut que souhaiter retrouver ces mêmes qualités dans les futurs ouvrages de Naomi Paul.

    13/01/2013 à 18:34

  • Mystère à la citadelle

    Roselyne Bertin

    7/10 Ravissant petit polar, Mystère à la citadelle apportera sans nul doute bien du plaisir aux jeunes, tout autant grâce à la plume expérimentée de Roselyne Bertin qu’aux divers messages apportés avec intelligence par cet opus, notamment à propos de la camaraderie.

    13/01/2013 à 18:28

  • Sale temps pour le pays

    Michaël Mention

    8/10 1976. Alors que l’Angleterre est tourmentée par des conflits divers, un tueur en série particulièrement épouvantable sévit. Parmi les policiers qui le traquent, deux agents : George Knox et Mark Burstyn. Il faudra des années et bien des drames pour que la chasse s’achève.

    Inspiré de de faits réels, cette histoire est d’autant plus saisissante. Michaël Mention, à qui l’on doit déjà La Voix secrète et Maison fondée en 1959, fait preuve une fois de plus d’un remarquable talent de narrateur. L’histoire est particulièrement prenante, et l’on bascule avec une facilité déconcertante dans une nation terrorisée par cet assassin insaisissable, en même temps que l’on est rudoyé par le climat de l’époque, avec les heurts politiques, économiques et raciaux. Le récit est dynamique, avec des chapitres courts et énergiques, une écriture brûlante, des dialogues qui font mouche, et quelques clins d’œil amusants semés par l’auteur. Les personnages prennent rapidement vie, avec leurs passions, les drames qu’ils subissent, leurs errances. Tout sonne juste dans ce roman, ce qui amplifie davantage la puissance ténébreuse de ce criminel que tous ces policiers vont pourchasser durant de longues années.

    Avec une belle économie de moyens à laquelle s’allie un exceptionnel travail de documentation, Michaël Mention est parvenu autant à croquer une histoire effrayante qu’une période troublée. Voilà décidément un auteur avec lequel il faudra compter à l’avenir.

    09/01/2013 à 17:14 4

  • L'Appel du sang

    Sylvain Cordurié, Laci

    9/10 Tout le monde croyait le célèbre limier Sherlock Holmes mort. Cependant, il est encore bien en vie mais a décidé de demeurer caché pour se protéger des sbires de Moriarty. Alors qu'il compte vivre paisiblement à Londres, lui et son frère Mycroft sont agressés par des vampires. Rapidement, Sherlock va devoir reprendre du service...

    Créé par Arthur Conan Doyle et officiellement décédé dans la nouvelle Son dernier coup d'archet, Sherlock Holmes revit ici sous la forme d'un personnage de bande dessinée, et dans une ambiance fantastique. Le thème du vampire est habilement utilisé, et c'est ainsi une inquiétante galerie de personnages aux crocs prononcés qui apparaissent. Le scénario signé Sylvain Cordurié exploite les éléments inhérents au genre, mais se permet d'en jouer grâce à d'habiles jeux de pouvoirs entre plusieurs équipes de vampires. Par ailleurs, le dessin de Laci sert le récit grâce à des atmosphères glauques et menaçantes. Les lieux et expressions des personnages sont parfaitement rendus, et l'action ne manque pas, au gré d'une intrigue savamment bâtie. Et quand la dernière page arrive, la tension est si forte que le lecteur, avide de connaître la suite, ne pourra que se ruer sur Morts et vifs.

    Une bande dessinée époustouflante, où suspense et fantastique s'enchâssent avec maestria.

    09/01/2013 à 17:10 1

  • Morts et vifs

    Sylvain Cordurié, Laci

    9/10 L’Appel du sang s’achevait sur un événement haletant, tandis que Sherlock Holmes s’opposait à une bande de vampires. Les premières images de cette suite rassurent le lecteur : le détective privé est vivant. Mais il est loin d’en avoir fini avec ces monstres…

    Deuxième et dernier ouvrage de la série, cet Appel du sang constitue une habile et saisissante conclusion à ce diptyque. Le personnage créé par Arthur Conan Doyle est toujours aussi étincelant, et ses déductions et tours de passe-passe font merveille. Par ailleurs, Sylvain Cordurié, scénariste, ne s’est pas contenté de réchauffer le vieux thème des vampires. Il y a une véritable intrigue, riche et savoureuse, avec des flash-backs de bon aloi et des scènes judicieusement trouvées. Les dessins de Laci sont de purs bijoux, pour les décors, l’expressivité des personnages ainsi que les scènes d’action, dantesques.

    Voilà une bande dessinée qui ravira, à coup sûr. Les aspects policier et fantastique s’y côtoient avec bonheur, achevant une série certes courte, mais enlevée, efficace, et originale.

    09/01/2013 à 17:09 1

  • Lys, morne plaine

    Philippe Declerck

    9/10 Lille, septembre 1980. À l’occasion d’un enterrement, l’inspecteur Macquart se souvient. Une affaire ancienne, datant de la fin 1963. Un cadavre découvert en forêt, non loin de Merville. Un homme abattu au fusil de chasse, le visage massacré à l’aide d’une pierre. Un fantôme surgi du passé encore mal cautérisé de la Seconde Guerre mondiale. Une réapparition qui avait réactivé de sombres tourments. L’affaire criminelle la plus douloureuse pour Macquart.

    Après L’Écorcheur des Flandres, Le Réseau Flandres et Triple meurtre à Hazebrouck, Philippe Declerck poursuit chez Ravet-Anceau avec ce nouveau roman. L’action et le décor sont immédiatement mis en place, et les chapitres s’enchaînent à un rythme soutenu, offrant leur lot de situations captivantes, de rebondissements prenants et de personnages interlopes. Presque vingt années après la guerre, bien des rancœurs subsistent, des drames que l’on pensait ensevelis ressurgissent, déchaînant la violence. Bien loin des écrits stéréotypés et autres histoires percluses de bons sentiments, Philippe Declerck évoque des circonstances atroces, des comportements immondes, où la Libération est l’occasion de se refaire une virginité, de faire oublier ses propres lâchetés, de célébrer cette délivrance en maltraitant des boucs-émissaires. Une page d’histoire sordide où le bien et le mal peinent à être différenciés. L’intrigue, très réaliste, accapare littéralement le lecteur, jusqu’aux ultimes révélations, qui sont aussi assourdissantes que sombres. Les deux policiers Macquart et Stordeur composent un habile duo de limiers, et les personnalités de tous les protagonistes sont rendues avec habileté et crédibilité.

    Roman après roman, Philippe Declerck affirme son talent et rend ses ouvrages encore plus efficaces. Ténébreux et poignant, celui-ci est très probablement le meilleur. Un véritable petit bijou de noirceur littéraire, autant pour passer un excellent moment de lecture que pour oser regarder en face des instants volontairement négligés de notre propre histoire nationale.

    09/01/2013 à 17:04

  • Saint-Omer paranoïa

    Bénédicte Boullet-Bocquet

    6/10 Karl Keller, lieutenant de police, vit toujours sur le fil du rasoir, aussi son supérieur lui a-t-il intimé l’ordre de suivre une thérapie auprès d’une psychiatre. Mais cette dernière disparaît subitement. Des cadavres commencent à fleurir aux alentours de Saint-Omer. Et que dire de cette adolescente qui dit voir dans des rêves les victimes succomber ?

    Après Dans les brumes de Saint-Omer, Bénédicte Boullet poursuit sa série chez Ravet-Anceau consacrée au policier Keller. Sa plume est efficace, les personnages sont rendus avec crédibilité, et les trois personnes citées en début d’ouvrage, un policier et deux docteurs, accréditent cette vraisemblance. Dans ses actes, John Michael Shadow constitue un tueur en série particulièrement machiavélique, expert en informatique, prêt à toutes les abjections, et poussé à accomplir une œuvre de destruction aux accents à la fois artistiques et hautement symboliques. L’ensemble se lit à la fois facilement et rapidement, et on en regrette d’autant certains clichés émaillant le récit, en particulier quant à la personnalité de l’assassin, qui est finalement une combinaison de divers tueurs en série de fiction, avec à la clef un fort sentiment de déjà lu. Ce qui est encore plus dommage, c’est la manière trop rapide dont Bénédicte Boullet évacue l’idée de la jeune fille aux songes, à la page soixante-huit. En deux lignes, le mystère s’évapore instantanément, avortant un thème qui était pourtant prometteur.

    Un livre s’apparente parfois à une partie de poker menteur, où le bluff permet de maintenir un suspense appréciable. Dans le cas présent, en plus de quelques poncifs, Bénédicte Boullet abat trop vite certaines de ses cartes. C’est d’autant plus regrettable que son roman était endiablé et prenant.

    20/12/2012 à 18:59