El Marco Modérateur

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  • Le Bal des frelons

    Pascal Dessaint

    9/10 Pascal Dessaint est un auteur français que l’on ne présente pas. S’il n’est assurément pas le plus médiatique, il n’en demeure pas moins que sa bibliographie recèle de nombreuses pépites. Ce Bal des frelons est d’ailleurs un excellent exemple de son talent littéraire. Le principe semble pourtant classique : prenez quelques personnages croustillants, ajoutez-y des sentiments délétères et quelques hasards, secouez le tout et vous obtenez à coup sûr un cocktail explosif. Pourtant, pour réussir une telle recette, il faut bien plus qu’une simple énumération de ces éléments fondamentaux, et ça, l’auteur le sait. En remarquable cuisinier, il a choisi les meilleurs produits du terroir. Jugez plutôt. Rémi, un déséquilibré persuadé de l’invasion prochaine du Mal, prêt à exhumer le cadavre de sa compagne pour qu’il vienne lui tenir compagnie à la maison. Deux anciens prisonniers devenus homosexuels et amoureux fous, dont l’un soûle l’autre avec sa passion pour le groupe Status Quo. Un maire aux pratiques parfois douteuses poursuivi sexuellement par une secrétaire encore vierge malgré la quarantaine passée. Un apiculteur qui voit réapparaître le fils de son ancien amour et qui va déclencher, sans le vouloir, quelques malheureux accidents. Un ex gardien de prison dont la femme, sceptique vis-à-vis des banques, a dissimulé toutes les économies du couple. Et c’est sans compter sur les animaux, abeilles et frelons, une vache et un ours, ainsi qu’un hérisson et une taupe qui vont tous jouer un rôle dans cette divine comédie. Nouant entre eux des relations particulièrement exacerbées, de la jalousie à l’appétit de vengeance, du besoin licencieux à la vénalité, les divers individus de ce roman sacrément jouissif vont exploser en plein vol.

    Des composants jubilatoires, un assaisonnement très relevé, un tour de main inégalé pour combiner et cuisiner le tout, et voilà un plat succulent. Pascal Dessaint assure à tous les niveaux de sa cuisine. Un livre épicé qui donne envie de consulter la carte de l’auteur pour se resservir une autre gourmandise littéraire. Un coup d’essaim et un coup de maître.

    17/08/2015 à 09:06 3

  • La part du mal

    Gilles Delabie

    9/10 Gilles Delabie nous avait déjà charmés avec Les Communiants de Rouen, et il poursuit indéniablement à séduire avec cet ouvrage. Le récit est court et vif. On est entraîné par une intrigue classique dans son déroulement mais dense, faisant la part belle aux portraits des personnages, avec une finesse et une économie de mots que n’aurait pas reniées Georges Simenon. Cette terrible saison est aussi l’occasion de parcourir des bourgs abandonnés et fusillés par le froid, où les êtres humains meurent en un silence honteux. Lui-même rouennais, Gilles Delabie nous décrit avec une pertinence rare les us et coutumes des gens de cette région, en usant d’un vocabulaire approprié et typique des lieux sans jamais tomber dans l’impénétrable ou l’artificiel. Même refermé, on se souviendra longtemps de Vivien, pauvre hère, à la fois simplet et suffisamment adroit pour laisser une lettre accusatrice qui clôture presque l’ouvrage, de son père Gustave dont l’amoralité éclate de manière spectaculaire lors des ultimes chapitres, ou encore de l’épouse de Bouvier qui va recueillir un malheureux sans-abri avant de reconnaître dans ses traits ceux de l’homme qui l’a violentée durant l’Occupation allemande.

    Gilles Delabie n’en est qu’à son deuxième roman. Néanmoins, son talent littéraire, la justesse de ses observations humaines, l’intelligence de son récit ainsi que la manière éclatante qu’il a de mettre en exergue une histoire particulièrement glauque sont véritablement fascinants. Voilà décidément un écrivain bien né qui mérite amplement un plus large éclairage médiatique.

    17/08/2015 à 09:03

  • Captive

    Fabien Clavel

    8/10 Le moins que l’on puisse dire, c’est que la malheureuse Lana Blum semble abonnée aux rencontres périlleuses. Après un trafic international dans Décollage immédiat et le terrorisme dans Nuit blanche au lycée, la voilà prise dans les rets d’un groupuscule malfamé. Fabien Clavel, en écrivain roué, sait planter un décor et une ambiance, par touches habiles, comme une araignée tisserait patiemment sa toile, jusqu’à achever un traquenard qui peut se révéler mortel. L’atmosphère se montre vite étouffante, les non-dits foisonnent, et Lana, aux côtés de sa nouvelle amie Ophélie, adolescente également en manque de repères, va devoir faire preuve d’une rare maturité pour échapper aux griffes d’une secte qui a aussi noué des liens étroits avec une puissante multinationale. Les scènes de suspense (la fouille du chalet du gourou) et d’action (la finale, se déroulant sur une autoroute) sont très bien écrites ; si l’on ajoute à cela le fait que Lana reste un personnage auquel les jeunes continuent de s’identifier sans mal, il est indéniable que Fabien Clavel a réussi son pari. Tout au plus pourra-t-on lui reprocher de ne pas avoir suffisamment creusé le fonctionnement de cette communauté (son organisation, ses desseins, etc.).

    Malin et inquiétant, cet ouvrage tient ses promesses. Il se montre aussi angoissant que jouissif, en plus d’amorcer une nécessaire réflexion quant aux pratiques sectaires. Fabien Clavel poursuit donc sa série consacrée à Lana Blum chez Rageot d’une fort belle façon.

    17/08/2015 à 08:55

  • Les pieds de la dame aux clebs

    Olivier Thiébaut

    8/10 Un opus que j’ai trouvé vraiment très bon. Un sujet noir au possible et une écriture sacrément alerte, très humoristique, qui multiplie les jeux de mots jubilatoires et les scènes cocasses, sans compter un titre joliment trouvé et qui se rattache particulièrement bien à l’histoire.

    17/08/2015 à 08:52 3

  • La Pomme de discorde

    Donald Westlake

    8/10 Donald Westlake, écrivain majeur de la littérature américaine, n’est plus à présenter. Encensé par la critique, adulé du public, de multiples fois adapté au cinéma, il n’a cessé de ravir plusieurs générations et d’influencer quantité d’auteurs. Cette Pomme de discorde n’est probablement pas le plus connu de ses œuvres, mais sa lecture n’en procure pas moins un grand plaisir. Si ses mots et son style sont finalement simples, ils n’en demeurent pas moins prenants et terriblement efficaces. Il y a comme une sorte d’enchantement derrière ce texte, et l’on éprouve les plus grandes peines à abandonner le récit tant il est prenant. Les personnages sont nombreux, constituent autant de suspects potentiels, au point que Mitch Tobin doit recenser les pensionnaires de L’Étape avec, pour chacun d’entre eux, les raisons de leur internement, pour commencer à y voir clair. Avec une immense économie de moyens et un sens incontestable des répliques, il plante un décor peuplé de protagonistes, certes aliénés ou mâchés par l’existence, mais nullement caricaturaux. Sans recourir à des pétarades ou autres effets pyrotechniques, Donald Westlake nous entraîne dans les couloirs de cette étrange maison, où rôde un mystérieux Dewey que lui seul semble avoir rencontré, jusqu’au dénouement, à la fois éclatant de sobriété et de justesse.

    Parcourir la bibliographie d’auteurs aussi féconds que Donald Westlake, c’est la certitude d’y trouver, au hasard d’une chronique ou par sérendipité, une pépite oubliée, comme celle que l’on dénicherait sans dessein particulier à l’intérieur d’une malle oubliée dans un grenier. Souhaitons-nous encore d’aussi belles découvertes, car cette Pomme de discorde est une véritable gourmandise.

    05/08/2015 à 08:43 2

  • Chili incarné

    Gérard Delteil

    7/10 Une histoire singulière, avec un postulat de départ très fort (les momifications d’opposants politiques), même si absolument rien n’est prouvé. Pas d’humour, aucune gaudriole, et absence totale de jeux de mots : l’ouvrage est sombre. Juste déçu par le dernier tiers du roman : à partir de la page 108, le rythme chute énormément à mon goût, à tel point que l’on aurait presque pu se passer de cette quarantaine de pages amorphes.

    05/08/2015 à 08:36 1

  • Crépuscule Vaudou

    Jean-Marc Lofficier

    8/10 Encore un très bon ouvrage de la série van Helsing. Du mystère, encore et encore, où se côtoient zombies, divinités vaudoues et, en rebondissement final, un complot ourdi par les sphères politiques. Hugo van Helsing y est moins batailleur que dans d’autres ouvrages, laissant un peu plus de marge aux personnages seconds.

    05/08/2015 à 08:33

  • Tempête blanche

    Lincoln Child, Douglas Preston

    8/10 Les fans de littérature policière connaissent certainement Aloysius Pendergast, le fameux limier créé par Lincoln Child et Douglas Preston. Il s’agit ici du treizième livre consacré à ses enquêtes. Comme d’habitude – preuve qu’il existe des routines dont on ne se lasse pas, le duo d’écrivains nous entraîne grâce à une très bonne dynamique. Les chapitres, très courts, s’enchaînent, faisant alterner les personnages et les points de vue. Pendergast, en enquêteur roué, maniéré et au sens de la déduction imparable, fait partie de ces personnages que l’on a plaisir à retrouver, même si c’est parfois Corrie qui apparaît le plus. Il n’empêche que ce choix scénaristique est intéressant : il permet de mieux mettre en valeur, s’il en était encore besoin, le détective si spécial du FBI dont l’aura ne s’en trouve que renforcée. Au crédit de Lincoln Child et Douglas Preston doit également être apportée cette volonté de renouveler certains aspects de la série sans pour autant la bouleverser – un peu à la manière des constructeurs allemands lorsqu’ils présent un nouveau modèle de berline. Cette fois-ci, c’est une nouvelle inédite de Arthur Conan Doyle, inédite mais dont l’existence est soupçonnée depuis fort longtemps par les holmésiens, qui apportera la clef de l’énigme. Le rythme de l’ouvrage est soutenu, et malgré son épaisseur relative, il se lit à grande vitesse. Les aficionados verront quelques similitudes, comme cette multiple traque souterraine qui n’est pas sans rappeler celle des Croassements de la nuit, ou ces évocations fréquentes des lions anthropophages du Tsavo, évoquant Fièvre mutante. Et si ces deux écrivains cèdent parfois à des raccourcis un peu simplistes ou font appel à des personnages dont les apparitions, surtout finales, sont téléphonées, on leur pardonne bien volontiers ces modiques écueils au vu de la qualité indéniable du roman.

    Sans pour autant constituer la clef de voûte de la saga Pendergast, cette Tempête blanche compose un thriller haletant, maillon presque secondaire d’une série policière qui est l’une des plus addictives qui soient. Et le fait de convoquer avec autant d’intelligence et de déférence d’aussi brillants esprits qu’Oscar Wilde ou Arthur Conan Doyle pour offrir une brillante relecture du Chien des Baskerville ne peut qu’établir une circonstance méliorative.

    05/08/2015 à 08:31 5

  • Death Note tome 2

    Tsugumi Ōba , Takeshi Obata

    9/10 Une série toujours aussi prenante. Même si l’effet de surprise s’est nécessairement émoussé, ce Death Note continue d’hypnotiser. Une réalisation particulièrement intelligente, des dessins secs et captivants, et une histoire addictive.

    29/07/2015 à 09:04 2

  • Comme un crabe, de côté

    Marin Ledun

    7/10 Une chronique bien noire d’un junkie et d’une déchéance annoncée. Rien de révolutionnaire à mes yeux, mais ça se lit vite, facilement et agréablement.

    29/07/2015 à 09:02 4

  • Freakshow !

    Xavier Mauméjean

    9/10 Une œuvre sacrément détonante, emplie de bruit et de fureur, où s’entremêlent scènes d’action épiques (notamment au début) et rencontres captivantes avec les sbires de Barnum. Une écriture dense et captivante, érudite, cadencée de références historiques et folkloriques, pour un roman qui a sur moi un double effet : lire d’autres ouvrages de la série ainsi que regarder de plus près la bibliographie de Xavier Mauméjean.

    29/07/2015 à 09:01 1

  • Le Soir de nos 13 ans

    Evelyne Brisou-Pellen

    8/10 Une histoire très prenante et joliment écrite. Une ambiance où le badin côtoie le sombre, avec des scènes émouvantes (la résolution de l’énigme, qui est également intelligente) ou adroitement trouvées (la scène de la reconstitution de l’accident avec des jouets).

    29/07/2015 à 08:59

  • Blanche et le vampire de Paris

    Hervé Jubert

    9/10 Avec ce troisième opus, Hervé Jubert boucle sa série consacrée à Blanche. On reconnaît immédiatement le style si agréable de l’auteur : une plume éloquente, enfantant de nombreuses scènes visuelles, et un goût prononcé – sans jamais être lassant ou démonstratif – pour restituer avec une fidélité croustillante des lieux et une époque révolue. Ici, Blanche est aux prises avec un assassin qui pourrait être un vampire. Les fausses pistes abondent, les suspects également, et l’on ne cesse de parcourir la Capitale en cette année 1873 pour une traque prenante et efficace. Un peu plus court que les précédents ouvrages, cet épisode met également plus en lumière Gaston Loiseau, perspicace et têtu, sachant se déguiser et n’hésitant pas à malmener un collègue pour préserver l’authenticité de son travestissement. Au gré d’une intrigue qui se dénoue à la vitesse d’un couperet en pleine chute, Hervé Jubert invite le lecteur à un périple échevelé où il ne fera pas que croiser – puisqu’ils viendront apporter une aide plus ou moins directe à la résolution de l’histoire – des personnages illustres comme Sarah Bernhardt, Georges Bizet et Harry Houdini.

    Un bien bel épilogue pour une trilogie particulièrement réussie, qui se destine autant aux jeunes lecteurs qu’aux adultes.

    29/07/2015 à 08:47

  • Un Chato en Espagne

    Patrick Bard

    8/10 Il s’agit de la deux-cent-quatre-vingt-huitième enquête du Poulpe, ici signée par Patrick Bard. On connait bien les écrits de cet homme, de La Frontière à Orphelins de sang en passant par L’Attrapeur d’ombres et Le Chien de Dieu, et l’on ne pouvait, à l’avance, que saliver de la rencontre entre le talent de l’auteur et la saga consacrée à Gabriel Lecouvreur. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le rendez-vous ne déçoit pas. Sur un ton particulièrement sombre, où l’humour ne frappe que rarement, Patrick Bard livre un ouvrage particulièrement fort, d’autant que le sujet – les enlèvements d’enfants pendant la période franquiste ensuite confiés à des familles bienpensantes – a réellement existé. En affrontant des démons que l’on croyait définitivement éteints et révolus, le Poulpe va se rendre compte qu’il n’en est rien, et que ces procédés où les nouveau-nés sont relayés au rang de simple marchandise au nom d’une doctrine fétide, à défaut d’encore exister, doivent à tout prix demeurer tus. Le récit ne présente aucun temps mort et s’achève sur une scène aérienne inattendue au cours de laquelle notre céphalopode préféré va découvrir que, même à bord de son Polikarpov tant choyé, les cieux ne sont guère plus sereins que le plancher des vaches.

    Un livre détonnant et noir, mené de main de maître par Patrick Bard, qui régale de bout en bout.

    29/07/2015 à 08:44 2

  • Des ados parfaits

    Yves Grevet

    7/10 Une histoire bien sympathique et prenante. Le suspense côtoie assez vite les réflexions quant au clonage. Des interactions intéressantes entre les personnages, notamment vers la fin de l’ouvrage.

    18/07/2015 à 09:12 1

  • Détective Conan Tome 1

    Gosho Aoyama

    7/10 Habituellement peu réceptif au phénomène manga, j’ai pris celui-ci pour (me) tester, et j’ai bien aimé. L’univers de la littérature policière et de la BD japonaise s’y marient très bien. L’humour et les traits volontairement gamins passent facilement, l’univers de ce Détective Conan commence à naître, et les diverses affaires rencontrées, sans jamais bouleverser le genre ni le révolutionner, sont résolues avec suffisamment de malice pour donner envie de connaître la suite.

    18/07/2015 à 09:11 4

  • Lady Commandement

    Didier Quester

    7/10 Une histoire certes simple mais efficace, et une plume prenante. De l’humour bien mené, des personnages caustiques (ce couple qui écrit des récits paillards dont les titres parodiques auraient tous pu figurer dans la saga de Gabriel Lecouvreur), et pas le moindre temps mort. Il est parfois inutile de chercher l’originalité ou l’exotisme, à partir du moment où l’ouvrage séduit et divertit. C’est ici le cas.

    18/07/2015 à 09:09 1

  • Harpicide

    Michel Vigneron

    8/10 Un soldat est mort en Guyane. Appelé sur place, Luc Mandoline, embaumeur de son état et également ancien militaire, s'y rend avec son camarade Sullivan et Elisa, son amie journaliste. Si le déplacement est a priori purement professionnel, le trio se rend vite compte que les circonstances de la mort du malheureux sont étranges, les impacts des balles laissant plutôt penser à une exécution qu’un accident.

    C’est par cet ouvrage que commence la série consacrée à Luc Mandoline, alias l’Embaumeur. Signé par Michel Vigneron, dont on avait, notamment, pu louer la grande qualité du Puits de la perversion, le roman frappe fort. Très fort. Sur une intrigue dans le fond assez classique, l’auteur tisse une histoire que l’on prend un incroyable plaisir à lire. Les personnages, plongés en pleine Guyane, avec sa faune, sa végétation, son climat et ses spécificités culturelles, vont en baver autant que suer, et devoir affronter un trafic solidement bâti. L’humour y est omniprésent, pas toujours très fin, mais qu’importe, puisque les réparties entre les protagonistes font leur effet. C’est également au niveau de la violence que Michel Vigneron y va franchement. Les fusillades et poursuites ne sont certes pas si nombreuses, mais certaines scènes marqueront probablement les esprits, comme ces tortures pratiquées sourire aux lèvres par Luc et son comparse en pleine moiteur guyanaise.

    Voilà donc le premier jalon d’une série qui s’apparente beaucoup à celle du Poulpe. Humour ravageur, plume décomplexée, ton corrosif, un auteur à chaque ouvrage. Celui-ci, préfacé par Franck Thilliez, constituait un très bon cru et annonçait déjà d’autres cuvées tout aussi enviables. Dans un paysage littéraire parfois trop au garde à vous, la saga consacrée à Luc Mandoline ose rompre les rangs et se jouer des codes pour notre plus grand plaisir.

    18/07/2015 à 09:01 1

  • Ne deviens jamais vieux !

    Daniel Friedman

    8/10 Buck Schatz apprend de la bouche d’un ami mourant qu’Heinrich Ziegler, le nazi qui l’avait torturé pendant la guerre, n’est pas mort comme on l’a officiellement cru. Pire : il se serait enfui d’Allemagne en emportant avec lui de nombreux lingots d’or. Si Ziegler est encore en vie, Buck est bien décidé à lui rendre une petite visite qui ne sera pas que de courtoisie.

    Premier ouvrage de Daniel Friedman, ce livre pose les jalons des enquêtes de Buck Schatz. Ancien policier de Memphis, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-sept ans, la vieillesse le contraint, lui et sa femme, à être particulièrement vigilant quant à sa santé. Néanmoins, c’est un personnage sacrément haut en couleur : il continue de fumer comme un sapeur, multiplie les traits d’humour meurtriers, et assène à une grande partie du monde un diagnostic d’un rare cynisme. Son fils est décédé, et il continue de voir son petit-fils, surnommé Tequila mais que Buck afflige bien volontiers d’autres pseudonymes d’inspiration éthylique. Daniel Friedman signe ainsi un roman parcouru d’un humour caustique, dans les réparties comme les situations, et l’on se souviendra par exemple longtemps de ce braquage bien fumeux organisé par Buck et son petit-fils. Parallèlement, l’intrigue, classique, est habilement composée, avec un lot de personnages aussi multiples que suspects, du révérend interlope à sa sculpturale épouse, en passant par un hypothétique agent du Mossad bâti comme un roc et un agent de recouvrement particulièrement zélé. C’est finalement la personne de Buck Schatz qui retient le plus l’attention, à la fois dur à cuire dans son ancien temps au point que Don Siegel l’aurait approché pour lui demander des conseils pour composer L’Inspecteur Harry, et également un homme dévoré par les affres du temps.

    Corrosif et intelligemment mené, voilà un roman policier de très bonne tenue qui s’achève sur une scène marquante où un conseil formulé par Eisenhower va rendre un immense service à notre estimé papy. On a déjà envie de se ruer sur la suite, Ne deviens jamais pauvre !.

    18/07/2015 à 08:57 3

  • Lisier dans les yeux

    Franck Resplandy

    4/10 Un ouvrage à mon goût trop simpliste. Trop rapidement, les grandes lignes de l’intrigue apparaissent, quasiment dès le premier chapitre, et pas vraiment de surprise, d’audace ni de lignes de force par la suite. C’est vraiment balisé, archi lu, et sans saveur particulière. Le seul élément qui sauve cet opus est l’humour, parfois croustillant, notamment quand Gabriel quitte la Goulue, entraîneuse obèse, à moitié nu et tombe sur Bernard Hinault. Mais, mis à part ces trop rares étincelles d’originalité, ça reste bien plat.

    28/06/2015 à 17:20 2