El Marco Modérateur

3221 votes

  • Sans foie ni loi

    Fabienne Tsaï

    7/10 Une histoire intéressante et bien menée, sans le moindre temps mort ni réel rebondissement. Une honnête dénonciation des trafics d’organes qui se mêle à une condamnation de la peine de mort en Chine.

    04/11/2015 à 18:31 1

  • La grande séparation

    Philippe Waret

    7/10 Il s’agit du cinquième ouvrage de la collection 14/18 chez Pôle Nord Editions. Comme dans les autres, on retrouve une salvatrice volonté de la part des auteurs nordistes de raconter, chacun à leur manière, un pan du conflit. Ici, Philippe Waret emprunte la voie du roman policier, de manière classique, pour envisager la vie de Roubaix, depuis les prémices de la guerre à sa fin, en passant bien évidemment par l’occupation allemande. Indéniablement, l’écrivain maîtrise son sujet : que ce soit du point de vue historique, géographique ou culturel, il sait rendre vivante cette portion du début du vingtième siècle, et la bibliographie copieuse en fin d’ouvrage n’est assurément pas là pour décorer. Grâce au journal intime qui leur est confié, nos deux journalistes vont voir s’étaler la vie dans la ville depuis août 1914 jusqu’à la fin des combats. Ils verront alors se dessiner de saisissants portraits humains, nombreux, où se télescopent la défense de la patrie, les premiers morts, l’illusion perdue d’une victoire expéditive, puis l’appropriation du territoire par les troupes ennemies. Face à cette invasion, certains choisiront la résistance, d’autres la soumission zélée, et c’est justement dans ce carambolage des consciences et des inconsciences que se manifestera la vérité quant à la présence de ces deux inconnus dans une cave de l’usine. Si Philippe Waret s’illustre en excellent conteur, on regrette finalement la forme de l’ouvrage, à savoir son choix narratif : la quasi-totalité du livre consiste donc en une exposition chronologie des faits, sans la moindre surprise. Tout y est certes vivant et crédible, mais ce déroulé, à la tournure un peu décevante, refusant toute ellipse, flash-back et autres péripéties purement temporelle, frustre donc un peu le lecteur d’une véritable enquête ou d’une narration moins prévisible. Cela donne parfois l’impression que Philippe Waret n’a pas véritablement su choisir entre littérature policière et littérature blanche, délaissant ainsi son opus à la croisée de deux chemins bien distincts au risque de décevoir les deux types de randonneurs.

    De grande tenue, la structure trop linéaire de ce roman dessert un récit pourtant humainement brillant, historiquement prenant et d’une impérieuse nécessité mémorielle. Néanmoins, entre littérature blanche et noire, Philippe Waret a trouvé le moyen de rendre son œuvre grisante.

    04/11/2015 à 18:28

  • Les Rivages incertains

    Serge Brussolo

    8/10 Après Le Chemin de cendre, Serge Brussolo poursuit l’histoire consacrée à Amy Sweetheart dans une veine que les fans de l’auteur apprécieront certainement. Les idées, trouvailles et autres délires scénaristiques abondent. Depuis la croisière où des passagers semblent communiquer avec le sous-marin allemand pour que ce dernier puisse récupérer son précieux chargement secret aux étranges communautés établies sur l’atoll, en passant par l’épisode inquiétant passé dans le submersible, l’écrivain ne manque sérieusement pas d’imagination. Par moments, les écrits de Serge Brussolo ressemblent à des fourmilières dans lesquelles on aurait tapé un grand coup, produisant un foisonnement de personnages, scènes et inventions. Les chapitres décrivant la vie dans le bateau oscillent entre le roman d’espionnage et le whodunit, ceux dans le sous-marin tiennent du pur thriller, et ceux dédiés à la description des survivants tanguent entre relecture de Sa Majesté des mouches et récit survivaliste.

    Certains lecteurs préfèreront probablement telle ou telle partie en fonction de leurs préférences littéraires quand d’autres seront troublés d’une si grande débauche d’histoires en un seul livre. Mais il est une double qualité que l’on ne peut enlever à Serge Brussolo : cette prolixité créative doublée d’une plume si typique reconnaissable entre mille. Assurément les marques d’un immense romancier.

    04/11/2015 à 18:23 5

  • Le 47e samouraï

    Stephen Hunter

    9/10 Issu de la série consacrée à Bob Lee Swagger, cet opus est absolument passionnant. Dès le premier chapitre narrant le combat du père de Bob Lee sur le sol nippon jusqu’aux ultimes lignes, Stephen Hunter ne laisse pas un seul instant de répit au lecteur. Les scènes d’action sont époustouflantes, avec des combats de kendo particulièrement spectaculaires. L’enquête est aussi très prenante et va mener jusqu’à des ramifications inquiétantes, entre pression des yakuzas et trafic pornographique. Stephen Hunter rend un vibrant hommage aux samouraïs, à la riche culture nippone, sans jamais tomber dans le travers de l’ébahissement naïf ou du cliché. L’auteur nous permet d’ailleurs d’en savoir un peu plus sur Earl Swagger à qui il a également consacré une série, avec un quarante-deuxième chapitre à la fois touchant et surprenant.

    On referme ce livre abasourdi par, à la fois, tant de violence et de poésie. Si certains traits peuvent sembler à juste titre exagérés, comme cette facilité avec laquelle Bob Lee apprend l’art du sabre, on ne peut qu’être étourdi par ce savant cocktail de brutalité et d’hommage à l’éducation japonaise. Certains passages laisseront assurément un souvenir impérissable, comme l’assaut du fortin de Kondo – habile renouvellement de l’histoire des 47 samouraïs, ou l’affrontement final entre Kondo et Swagger au cours duquel le précepte égrené tout au long du récit, à savoir L’acier coupe la chair, l’acier coupe l’os, l’acier ne coupe pas l’acier, va prendre une signification bien particulière. Un ouvrage aussi tranchant que les lames que Stephen Hunter décrit avec tant de brio. Un must pour tout amateur de thrillers.

    04/11/2015 à 18:21 3

  • Je suis unique

    Anne Clerson

    6/10 Pour son troisième ouvrage à paraître chez Ravet-Anceau, Anne Clerson convainc. Grâce à un roman et des chapitres courts, la nervosité que nécessite un ouvrage de ce type est clairement rehaussée. L’aspect procédurier de la poursuite est bien retranscrit, crédible, et se laisse suivre avec grand plaisir. D’autre part, la plume de l’auteur est expressive, et l’on est entraîné dans cette chasse au psychopathe. D’ailleurs, ce dernier constitue certainement le point le plus fort du roman : à la fois détruit par la nature et singulièrement monstrueux dans ses actes, son modus operandi ainsi que les raisons de ses multiples passages à l’acte marqueront probablement longtemps l’esprit du lecteur. Malgré toutes ces évidentes qualités, on ne peut que regretter quelques écueils, comme ces nombreux bavardages allègres au sein de l’équipe de policiers, là où plus de rythme et de noirceur auraient été préférables, ou ce tic commun à tous les protagonistes de rire de leurs propres plaisanteries. Le point le plus irritant demeure le personnage d’Angélique, au physique certes magnétique mais dont l’arrogance, la propension à fulminer contre ses subalternes ainsi qu’un net manque de lucidité vers la fin du livre l’empêchent d’être sympathique ou de donner envie de la revoir.

    Malgré quelques scories, ce roman séduit principalement grâce au tueur qu’il met en scène.

    04/11/2015 à 18:19

  • Plus fort que la police

    Rémi Stefani

    7/10 Rémi Stefani a déjà écrit deux romans chez Rageot, 29 février et Cinq cent mille euros d’argent de poche, tous les deux de très bonne qualité. Ce livre est également prenant. L’écriture est excellente, et l’auteur sait rendre vivant son personnage, avec des réflexions et attitudes crédibles et sensées. Mais là où l’écrivain surprend, c’est au niveau de l’histoire en elle-même. Il n’est, pour une fois, nullement question de meurtre à empêcher ou à dénouer, de voleur à démasquer ou autre intrigue déjà lue des milliers de fois. Ici, le lecteur assiste à la fuite et la planque du jeune garçon. Il va se jouer des policiers, se dissimuler dans sa propre maison à la barbe des agents devant la surveiller, faire tourner en bourrique l’officier qui essaie de le retrouver, et, lentement, en simulant le comportement d’un malheureux gamin emporté par le désespoir et l’anomie, faire croire au commissaire que seule la libération de sa mère pourra éventuellement le ramener à la raison. C’est un pari particulièrement osé de la part de Rémi Stefani : proposer une telle histoire, finalement sans confrontation avec des individus dangereux ni faisant crépiter les neurones et synapses du lecteur en quête de la résolution d’un mystère criminel. D’une certaine manière, cet ouvrage, assez fin et léger, s’ancre davantage dans une thématique sociale, avec la tentative d’un gamin de porter secours aux siens comme il le peut, avec les maigres moyens qui sont les siens, quand ses parents sont conduits, probablement à tort, à commettre un acte délictuel pour permettre à leur famille de se loger ou de se nourrir.

    Rémi Stefani signe ici un roman atypique dans sa construction, ce qui ne l’empêche nullement d’être efficace et parfaitement plausible. Une histoire simple et juste, avec un suspense opérant, et qui amène à se poser de légitimes questions quant à la culpabilité, la réhabilitation et l’amour filial.

    04/11/2015 à 18:17

  • Nazis dans le métro

    Didier Daeninckx

    7/10 Un livre typique de Didier Daeninckx, où l'érudition côtoie les quelques bons mots et la noirceur. Un régal intégral qui s'intéresse particulièrement aux milieux politiques, leurs dérives et leurs unions parfois contre nature. Un petit bémol, très personnel : je trouve que le titre et son jeu de mots, amusants, ne sont pas du tout en prise avec le contenu du roman, voire complètement étrangers à son traitement.

    05/10/2015 à 18:03 2

  • La Route de Santa Anna

    Serge Brussolo

    8/10 Serge Brussolo est un auteur qui sidère. Sa bibliographie est particulièrement étoffée, et il ne cesse de naviguer vers les nombreuses rives de la littérature (policier, science-fiction, aventures, etc.). Avec cet ouvrage, il trouve le moyen de continuer à étonner. On retrouve son style si particulier, empruntant beaucoup aux auteurs et à l’univers américains, avec notamment de multiples références de vocabulaire et autres citations. Ses personnages sont toujours aussi bien croqués. Markh, cascadeur sur le retour et dont un ancien amour, mort lors d’une chute automobile, continue de lui murmurer des conseils. Cette famille vivant dans un mobil-home, avec un grand-père ancien militaire, une mère qui a autrefois travaillé dans le rodéo, une fille éprise de liberté et un fils déficient mental après un accident. Un chef de cartel, lui-même sous la coupe d’une vieille dame aux allures si anglaises. Tout ce (pas si) beau monde, on s’en doute un peu, va se télescoper et ouvrir un jubilatoire jeu de massacre. Le roman est très agréable à lire, et l’on s’en régale de bout en bout.
    Ce qui est typique de Serge Brussolo, c’est cette propension à surenchérir. Quand Markh est protégé par une ancienne universitaire, de longues pages se déploient pour nous expliquer son parcours, la paranoïa qui s’est emparée d’elle, et les Indiens qui vécurent dans la grotte. De même, le véhicule employé pour franchir la frontière revêt des caractéristiques parfois si développées et excentriques que l’on en perd en crédibilité. Certains lecteurs reprocheront à l’écrivain ces exagérations quand d’autres y verront plus le signe d’un débordement d’idées.

    Serge Brussolo est une sorte de gourmet qui, ayant si envie de régaler ses invités, multiplie les ingrédients dans sa recette pour ne pas décevoir, et ce roman est à cet égard significatif de cette envie fort louable. On sort ainsi de sa table littéraire rassasié et satisfait du repas, sans avoir guère envie dans la foulée de se ruer sur une autre nourriture.

    05/10/2015 à 17:58 2

  • Menaces sur la ville

    Jean-Luc Luciani

    8/10 Ce dernier livre issu de la Brigade sud séduit aisément. On y retrouve les habituels personnages créés et développés par Jean-Luc Luciani pour un opus assez sombre. Avec une belle économie de moyens et une écriture sobre, l’écrivain place le lecteur d’entrée de jeu dans l’histoire. Avec quelques références à d’antérieurs ouvrages de la série, comme Prise d’otage ou Manga connexion, l’auteur sait attiser l’appétit de ses lecteurs, d’autant qu’il apporte une réponse quant au sort de Mélaine, précédemment disparue en mer. L’intrigue est savamment pensée et orchestrée, offrant de jolis moments de suspense ainsi qu’une intelligente réflexion quant à l’usage des sciences et des expérimentations sur l’être humain.

    Ce roman s’illustre par sa concision, son efficacité et une grande maturité dans ses propos, en plus de réunir les protagonistes attachants qui ont fait le succès de la série. C’en est même à se demander si Jean-Luc Luciani n’en a pas signé ici le meilleur ouvrage.

    05/10/2015 à 17:54

  • La Guerre de 14 n'aura pas lieu

    Alain Grousset

    8/10 Alain Grousset, en habile écrivain, sait rapidement planter un décor. Premier chapitre : l’échec de l’assassinat qui aurait débouché sur la Première Guerre mondiale. Deuxième chapitre : une simple opération de maintenance près d’un fort engendre un massacre et démontre le pouvoir de destruction des deux armées rivales. A partir de cette uchronie, l’auteur signe un ouvrage prenant. Ce qui est saisissant, ce sont ses descriptions du monde civil et du militaire ; si le premier est demeuré en grande partie dans l’indigence (par exemple, le TGV signifie Train à Grande Vapeur) et n’a pu bénéficier des progrès qui ont éclos ailleurs sur la planète, les soldats disposent quant à eux d’abondantes ressources et d’appareils sophistiqués. Le livre, assez court, se lit facilement. On prend du plaisir à observer la belle Constance être enrôlée dans les services secrets, mener à bien sa mission, et même proposer au Président consulaire une idée qui va bouleverser la donne entre les deux nations. Cependant, quelques écueils émaillent le récit : l’embrigadement de Constance est si rapide qu’il manque de crédibilité, et l’ensemble de l’opération à laquelle elle participe est trop rapidement expédié pour être parfaitement plausible.

    Les fans de Robert Muchamore trouveront dans cet ouvrage un excellent succédané envers lequel ils seront certainement moins exigeants que des lecteurs adultes eu égard aux quelques incohérences et facilités du récit. Toutefois, l’originalité de l’histoire et de l’arrière-plan historique séduit, au même titre qu’elle saura semer dans la tête des jeunes de nécessaires questionnements quant au libre arbitre, l’esprit de résistance et le pacifisme.

    05/10/2015 à 17:50 1

  • Duo pour une enquête

    Agnès Laroche

    7/10 Agnès Laroche s’est fait un nom en matière de littérature jeunesse. Murder Party, Le Fantôme de Sarah Fisher, Sauve-toi Nora ! et Tu vas payer ont marqué les esprits par des intrigues originales et une plume excellente. Ici, l’écrivaine signe un roman fort sympathique. On découvre donc un jeune enquêteur improvisé qui, pour les beaux yeux de celle qu’il courtise, se lance dans une investigation dangereuse. Les personnages sont attachants, avec une mention particulière pour Violette, juvénile violoniste que le bégaiement a rendu très discrète. L’intrigue n’est en soi pas inoubliable mais permet de passer un agréable moment, amenant le lecteur vers une histoire de musiciens voleurs.

    Si l’on peut nettement préférer ses romans précédents, ce Duo pour une enquête n’en reste pas moins assez réussi. Agnès Laroche reste l’une des valeurs sûres de la littérature policière pour la jeunesse. À noter la sortie très récente de son dernier ouvrage, La Nuit des magiciens.

    08/09/2015 à 20:11

  • La mort n'est pas un jeu d'enfant

    Alan Bradley

    9/10 Quel régal que ce livre ! Ce deuxième ouvrage de la série consacrée à Flavia de Luce se déguste de la première à la dernière page, sans qu’il soit absolument nécessaire d’avoir goûté au premier ouvrage, à savoir Les Etranges talents de Flavia de Luce. Alan Bradley nous convie à un délicieux festin littéraire, enjoué et particulièrement récréatif. Alliant ce que le roman à suspense et le whodunit ont de meilleur, il nous entraîne aux côtés de Flavia dans une enquête aussi alléchante que réussie. La jeune fille est en soi un programme : passionnée de chimie, elle maîtrise cette science à la perfection, au point d’imaginer des poisons très élaborés ou de secourir une personne empoisonnée au cyanure en confectionnant une abominable mixture composée d’excréments de pigeon (qui contiennent du nitrate de sodium). A cet égard, Flavia n’est pas le seul personnage croustillant. L’une de ses sœurs qui la déteste cordialement tente de lui faire croire qu’elle a été adoptée dès sa naissance. Son père, philatéliste, est débordé par les querelles familiales. Dogger, majordome et ancien soldat, se déplace avec un parapluie au cas où une bombe échouerait sur sa tête délicate, ce qui ne l’empêche pas d’être à la fois très observateur et perspicace. L’arrivée puis le meurtre du marionnettiste va secouer la petite communauté et réveiller de douloureux souvenirs, dont le suicide d’un enfant, retrouvé pendu des années auparavant. Et cette intrigue, riche en rebondissements, est un régal à suivre, d’autant que sa résolution est à la fois brillante et tout à fait crédible. Là où Alan Bradley est également lumineux, c’est dans l’injection régulière d’un humour salvateur, dans les répliques, les situations ou les peintures psychologiques. Cet esprit vient agréablement contrebalancer une histoire assez sombre, au point que l’on passe aisément du rire au sérieux en un claquement de doigts sans jamais que cela ne soit artificiel ou forcé.

    Grâce à l’ingéniosité de son intrigue et l’intelligence de sa plume, Alan Bradley s’octroie une place de choix parmi les meilleurs auteurs du genre. Un auteur à découvrir de toute urgence, à propos duquel il est d’ailleurs amusant d’apprendre qu’il a écrit son premier roman à l’âge de soixante-dix ans. Comme quoi, les âmes chenues en ont encore beaucoup à enseigner aux plus jeunes.

    08/09/2015 à 20:09

  • 25 crimes presque parfaits

    Guillaume Lebeau

    3/10 Une bien belle déception. Autant « 25 mystères en chambre close » était, à mes yeux, satisfaisant, autant ce tome me semble sans grand intérêt. Des histoires confuses, aberrantes, ou beaucoup trop simplistes, sans jamais vraiment solliciter les neurones. Deux solutions à ces énigmes : si on trouve, c’est (très) facilement ; si on ne trouve pas, c’est que cela fait appel à des éléments tellement éloignés d’une résolution scientifique ou cartésienne que le lecteur se sent floué. Quelques histoires surnagent à peu près, mais ça reste sacrément maigre pour dire que ce volume est convaincant. Je retenterai néanmoins l’aventure dans cette collection.

    08/09/2015 à 20:08 1

  • Les Yeux plus grands que le ventre

    Jô Soares

    8/10 Rio de Janeiro, 1938. Un tueur en série s’en prend aux femmes très rondes qu’il assassine en les gavant de sucreries. Les corps des malheureuses sont ensuite laissés à la vue du public, les yeux arrachés. La police va alors tout mettre en œuvre pour arrêter ce dangereux psychopathe.

    Énoncé ainsi, cet ouvrage ressemble à ce que l’on a pu lire ailleurs. Un serial killer aux méthodes ignobles, une équipe d’enquêteurs, et un soupçon d’exotisme avec ce dépaysement historique et géographique. Mais c’est bien mal connaître Jô Soares. L’auteur prend le contrepied systématique de tous les codes du thriller. Le tueur ? En fait, un pauvre bougre, certes machiavélique, avec une enfance perturbée et un physique très particulier, mais à des milliers de lieues des clichés habituels. Les limiers ? Une journaliste pilote de course, un Calixto gentiment gaffeur et bas du front et un commissaire un peu dépassé par la situation. Le meilleur d’entre eux est certainement Tobias Noronha, ancien policier lisboète devenu pâtissier, féru de proverbes de son pays, capable de déductions à la Sherlock Holmes, toujours très appliqué lorsqu’il s’agit d’user du Rasoir d’Ockham, et ayant été viré de la police portugaise pour avoir monté de toutes pièces le suicide présumé d’Aleister Crowley. L’humour est omniprésent, dans les dialogues comme dans les situations. On se souviendra ainsi longtemps du final entre Tobias et le dément, la mort du nain amoureux d’une des victimes qui se suicide en se jetant dans le pavillon d’un tuba, et autres joyeusetés qui parsèment le récit, malgré quelques temps morts ou passages peu utiles.

    Là où certains auteurs, sur un thème similaire, comme Sophie Audouin-Mamikonian avec sa Danse des obèses, ont péché par excès d’orgueil, Jô Soares fait le contraire : il propose une intrigue solide mais présentée avec beaucoup d’autodérision voire de parodie. C’est un véritable festin de bout en bout, jubilatoire et déconcertant, qui change vraiment de la prose policière habituelle. Plutôt que la recommandation de manger cinq fruits et légumes par jour, préconisons davantage d’ouvrages de ce genre, sains pour le corps et l’esprit, et assurément plus gourmands.

    08/09/2015 à 20:04 6

  • 25 mystères en chambre close

    Guillaume Lebeau

    6/10 Vingt-cinq nouvelles qui ne brillent pas particulièrement par leur originalité. J’ai retrouvé que pas mal d’entre elles avaient vu leur résolution déjà imaginée par des auteurs fameux comme John Dickson Carr. En soi, donc, rien de véritablement novateur. Néanmoins, j’aime beaucoup ce concept de livre-jeu. Cela peut permettre de s’amuser, en un temps très court, à imaginer la solution de l’énigme. Le lecteur fan de ce genre de mystère littéraire, dont je fais humblement partie, y trouvera également du plaisir en se confrontant à ces petits problèmes, un peu comme un musicien ferait ses gammes histoire de ne pas perdre la main.

    08/09/2015 à 20:02

  • Aux Portes de l'enfer

    Andrew Lane

    8/10 Il s’agit du quatrième opus de la série consacrée aux premières aventures de Sherlock Holmes écrite par Andrew Lane. On y retrouve un Sherlock adolescent déjà très hardi, sagace et doué pour observer les indices afin d’échafauder de solides théories. Comme dans les autres épisodes, on le voit avec plaisir entouré de Matty, jeune gamin des rues si aventureux, Rufus Stone, son tuteur aux allures de grognard qui lui inculque, entre autres, l’art du violon et du déguisement, ainsi que d’autres personnages tout aussi attachants. Ici, Sherlock ne va pas mener une ou deux investigations, mais trois, à la fois successives et en même temps enchevêtrées. L’extorsion de la domestique va le mener à découvrir une vendetta lancée contre Virginia et Crowe – vengeance remontant à l’époque où ce dernier était encore chasseur de primes, qui elle-même lui fera prouver l’innocence de la sœur d’un redoutable chef de gang. Andrew Lane connaît de toute évidence le public auquel il s’adresse et sait le tenir en haleine avec de malins jeux de piste, rébus et autres petits sortilèges pour l’intellect. Les pages défilent presque d’elle-même, nous faisant croiser des individus sordides comme Harkness, à la fois maître chanteur et tanneur, Scobell, qui en veut tant à Crowe, ou Macfarlane, leader d’un groupe de bandits.

    Avec ces trois enquêtes pour le prix d’une, Andrew Lane nous comble, d’autant qu’elles sont réussies et prenantes. Et les fans se réjouiront d’autant que le premier chapitre du cinquième épisode, encore inédit en France, Snake Bit, nous dévoile un malheureux Sherlock Holmes coupé des siens, apparaissant comme par magie sur un navire voguant vers la Chine et où l’attend un mystérieux serpent capable de tuer de son venin trois cibles différentes en même temps et en trois lieux différents (cf. la couverture du roman en langue anglaise).

    08/09/2015 à 20:00

  • La Nuit des fugitifs

    Manon Fargetton

    7/10 Manon Fargetton poursuit donc sa série consacrée à ces jeunes gens, victimes d’expérimentations, à savoir des hybridations. Qu’on les ait croisés avec un chat, un dauphin, une étoile de mer ou une plante, les résultats demeurent étonnants. A l’aide de chapitres courts où alternent les points de vue de chacun, le lecteur ne voit pas passer les quelque deux-cents-soixante-dix pages de ce roman. Avec quelques touches d’humour, l’écrivaine nous restitue la psyché de ces jeunes individus, déboussolés dans leur quête d’identité, et pose de justes questions existentielles quant au rapport à autrui, le droit à la différence, etc. Peut-être que certains regretteront quelques aspects de ce livre – un léger manque d’audace dans l’exploitation des capacités si spéciales des mutants, un déficit en scènes d’action, ou certains passages un peu téléphonés, mais Manon Fargetton assume clairement ses partis-pris stylistiques et livre un ouvrage à la fois dépaysant et au ton juste.

    Si la série de la Brigade des Fous de Philip Le Roy semble trop nerveuse, nul doute que les jeunes lecteurs apprécieront autant ce roman que le précédent opus.

    08/09/2015 à 19:58

  • Le Karma saut'ra

    Aïdé Caillot

    5/10 Un Poulpe assez anecdotique à mes yeux. C’est bien écrit et l’on ne s’ennuie pas vraiment avec cette secte aux forts délires sexuels avec, en prime, le frère de la disparue qui révèle un part à la fois sombre et explosive. Néanmoins, même s’il n’y a pas de temps morts, le récit est à mon goût trop lent et lénitif, on peine à rentrer dans le vif du sujet, et lorsqu’on y arrive, ça demeure pâteux.

    08/09/2015 à 19:53 1

  • La Conjuration primitive

    Maxime Chattam

    7/10 Un ouvrage typique de Maxime Chattam, tant dans le fond que dans la forme. Rien de bien surprenant à mes yeux, beaucoup de passages évoquent certaines lectures, films ou séries américaines bien connus, avec cependant de beaux moments que je n’ai pas vu venir sur la fin, avec cette histoire de village damné. Comme d’habitude, l’écrivain se répand pas mal sur l’origine du mal, sa propagation ; je ne suis pas toujours convaincu par cette prose, mais force est de reconnaître qu’elle est très efficace et prenante. Je n’ai pas vu passer les nombreuses pages et j’ai donc passé un agréable moment.

    08/09/2015 à 19:51 1

  • La Veuve blanche

    Jérémie Guez

    7/10 Rien d'exceptionnel à mes yeux au niveau de l'histoire. En revanche, le rythme, la concision et le style noir font toute la différence. Une plume explosive, très visuelle, qui rendent l'ensemble particulièrement prenant.

    02/09/2015 à 13:02 1