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7/10 Il s’agit du cinquième ouvrage de la collection 14/18 chez Pôle Nord Editions. Comme dans les autres, on retrouve une salvatrice volonté de la part des auteurs nordistes de raconter, chacun à leur manière, un pan du conflit. Ici, Philippe Waret emprunte la voie du roman policier, de manière classique, pour envisager la vie de Roubaix, depuis les prémices de la guerre à sa fin, en passant bien évidemment par l’occupation allemande. Indéniablement, l’écrivain maîtrise son sujet : que ce soit du point de vue historique, géographique ou culturel, il sait rendre vivante cette portion du début du vingtième siècle, et la bibliographie copieuse en fin d’ouvrage n’est assurément pas là pour décorer. Grâce au journal intime qui leur est confié, nos deux journalistes vont voir s’étaler la vie dans la ville depuis août 1914 jusqu’à la fin des combats. Ils verront alors se dessiner de saisissants portraits humains, nombreux, où se télescopent la défense de la patrie, les premiers morts, l’illusion perdue d’une victoire expéditive, puis l’appropriation du territoire par les troupes ennemies. Face à cette invasion, certains choisiront la résistance, d’autres la soumission zélée, et c’est justement dans ce carambolage des consciences et des inconsciences que se manifestera la vérité quant à la présence de ces deux inconnus dans une cave de l’usine. Si Philippe Waret s’illustre en excellent conteur, on regrette finalement la forme de l’ouvrage, à savoir son choix narratif : la quasi-totalité du livre consiste donc en une exposition chronologie des faits, sans la moindre surprise. Tout y est certes vivant et crédible, mais ce déroulé, à la tournure un peu décevante, refusant toute ellipse, flash-back et autres péripéties purement temporelle, frustre donc un peu le lecteur d’une véritable enquête ou d’une narration moins prévisible. Cela donne parfois l’impression que Philippe Waret n’a pas véritablement su choisir entre littérature policière et littérature blanche, délaissant ainsi son opus à la croisée de deux chemins bien distincts au risque de décevoir les deux types de randonneurs.
De grande tenue, la structure trop linéaire de ce roman dessert un récit pourtant humainement brillant, historiquement prenant et d’une impérieuse nécessité mémorielle. Néanmoins, entre littérature blanche et noire, Philippe Waret a trouvé le moyen de rendre son œuvre grisante.04/11/2015 à 18:28 El Marco (3456 votes, 7.2/10 de moyenne)