El Marco Modérateur

3235 votes

  • Dolores Claiborne

    Stephen King

    9/10 Excellent roman où la psychologie l'emporte sur les autres éléments. Un régal, très habilement porté à l'écran !

    10/05/2009 à 19:55 1

  • Double je

    Franck Thilliez

    7/10 … ou la curieuse confession de Ganel Todanais à la policière Eulalie, déclarant qu’il a tué un artiste, Natan de Galois, qui expérimente le même processus de création que lui, à savoir un appareil qui transpose la voix humaine en œuvres créées par une imprimante 3D. Des accents à la Edgar Allan Poe (je ne serais pas surpris que Franck Thilliez ait lu « William Wilson » ou « Les Souvenirs de M. Auguste Bedloe », par exemple). Un beau suspense, allant crescendo, prenant et efficace, mais dont la fin est facilement devinable, presque téléphonée (le tour de passe-passe dévoilé page 247 du recueil dont est extrait ce texte, histoire de ne rien divulguer). Et comme je suis de ceux qui avaient deviné la fin, je me sens un peu frustré, d’autant que l’immense talent de l’auteur lui aurait amplement permis de trouver une autre clef de résolution.

    19/09/2022 à 18:30 1

  • Drôles de frères

    Donald Westlake

    7/10 Le monastère des membres de l'Ordre Crépinite du Novum Mondum est installé dans un quartier huppé de New York. Mais des promoteurs ont décidé de racheter les lieux pour les raser avant d'ériger de nouveaux immeubles. Seul hic : ces Frères ont souvent vécu des existences peu reluisantes avant de prononcer leurs vœux, et l'idée de devoir quitter leur retraite les hérisse au plus haut point. Et comme si la situation n'était pas déjà assez compliquée, l'un des leurs, frère Benedict, tombe amoureux de la fille du promoteur. Autant dire qu'il va y avoir du rififi dans la Grosse Pomme...

    Publiée en 1975 par le prolifique Donald Westlake, cette comédie policière est typique de l'écrivain. Prenant appui sur une idée de départ originale et caustique, l'auteur du Couperet déploie tout son talent de conteur pour narrer une histoire déjantée qui n'engendre pas la mélancolie. Le ton, à la fois tendre pour ses personnages et cocasse dans les situations, est un véritable régal ; parmi les scènes marquantes, on notera, d'entrée de jeu, la confession désopilante de frère Benedict pour un vol de stylo, ou encore la manière peu banale dont il se porte à la rescousse de la femme pour laquelle il a le béguin. Par ailleurs, l'ordre monacal que Donald Westlake a inventé de toutes pièces est très crédible, avec ses codes et lois, et les tourments de frère Benedict, tiraillé par le désir de la chair et déchiré entre ses vœux et sa passion naissante pour Eileen, bien restitués. On regrette juste que les autres Frères, avec leurs passés troubles, n'aient pas été plus exploités et ne soient finalement pas plus présents dans l'intrigue.

    En 1975, Donald Westlake créait un roman jouissif. Sans la moindre goutte de sang ni violence, il composait une histoire à la fois décapante et atypique, de grande qualité. Un petit trésor d'humour décomplexé, idéal pour passer un bon moment.

    27/10/2010 à 18:41 1

  • Éléonora

    Edgar Allan Poe

    7/10 … ou les amours enfiévrées du narrateur avec sa cousine, Eléonora, jusqu’à ce que cette dernière, ayant ébloui tout l’univers de son amant ainsi que le décor de leur maison, ne vienne à mourir. Au comble du désespoir, avant qu’elle ne meure, il lui fait la promesse de lui rester fidèle… jusqu’à ce qu’il tombe amoureux d’Ermengarde. Une bien belle nouvelle, magnifiquement écrite, mais dont la fin m’a, au départ, un peu déçu : je ne savais pas qu’en dire, peut-être m’attendais-je à autre chose, éventuellement plus fidèle à l’esprit noir d’Edgar Allan Poe. Mais à la réflexion, la conclusion est probablement la meilleure qui soit au vu du texte, de son écriture et de son alignement littéraire.

    07/06/2020 à 17:55 1

  • En panne seiche

    Carlos Sampayo

    5/10 Un Poulpe un peu décevant à mes yeux. Une idée intéressante mais qui frustre vite, en raison de nombreux handicaps : des combats qui manquent littéralement de panache, Un Vlad sous-exploité, des redites incroyables dans le récit (trois fois de suite, on apprend les mêmes détails quant à l’avion), et un final en demi-teinte car aisément devinable.

    17/08/2015 à 09:13 1

  • Enlèvement au château

    Agnès Laroche

    8/10 Tu incarnes Marcus, un adolescent de douze ans, qui, comme tant d’autres invités, se rend au château de la Libarde. L’hôte, Nils Chamberlain, va peut-être remettre un prix de journalisme à ta sœur June. Ce manoir a été autrefois le théâtre d’un événement tragique : l’assassinat du peintre Solal Chanzy. Mais voilà : Nils Chamberlain disparaît quelques minutes avant son allocution. A toi de comprendre ce qui lui est arrivé !

    On connaît déjà fort bien Agnès Laroche, avec notamment ses très réussis Le Fantôme de Sarah Fisher, Sauve-toi Nora !, Cœurs en fuite ou Chasseur de voleurs. Elle a également lancé la collection Les mystères dont vous êtes les héros, dont cet Enlèvement au château fait partie. Le genre est connu : il s’agit de prendre la place du protagoniste et, au gré de ce livre-jeu, de faire les bons choix tout en sollicitant ses petites cellules grises afin de venir à bout des énigmes. Agnès Laroche nous avait déjà séduits avec Mission exploration ou encore Le Parc de l’épouvante, et ce tome est tout aussi réussi. Des situations intrigantes, des lieux inquiétants, des indices disséminés, une ambiance très whodunit et une belle arborescence de possibilités, certaines débouchant sur des échecs, d’autres sur des succès. Comme il l’est indiqué sur la première de couverture, vingt-quatre fins s’offrent à nous, et c’est justement tout le sel de ce type d’ouvrages : se relancer dans la lecture – voire l’action, puisque le lecteur est partie prenante du déroulé du récit – afin de tester les diverses alternatives, certaines n’offrant qu’une semi-réussite agrémentée d’un « Pas mal ».

    Un livre très prenant et réussi, nous replongeant en jeunesse avec délectation.

    13/08/2022 à 10:40 1

  • Epitaphe pour une Star du Porno

    Jeffery Deaver

    7/10 Un bon roman, documenté et bien traité. Jeffery Deaver a encore frappé avec ce polar original !

    24/01/2007 à 17:32 1

  • Esprit es-tu là ?

    Christophe Miraucourt

    8/10 Maxence appartient à une famille assez étrange. Sa mère se prétend médium et affirme que dans son sang coule la possibilité de dialoguer avec les esprits des défunts. Son fils Maxence ne semble pas avoir bénéficié de ce talent… jusqu’à ce qu’une dénommé Marie, décédée en 1956, lui apparaisse pour lui signaler que l’on va bientôt voler un violon, et pas des moindres : un stradivarius. Avec l’aide de ses deux amis, Andrew et Serena, le voilà lancé sur la piste des futurs voleurs.

    Ce premier tome d’une série consacrée à Maxence et les fantômes constitue un très bon début. Le style de Christophe Miraucourt, à qui l’on doit déjà de nombreux et réussis ouvrages pour la jeunesse, est très agréable et prenant. Les personnages sont bien croqués, même avec concision, et l’on se régale de voir Maxence, Adward et Serena aux prises avec deux voleurs au physique patibulaire et aux intentions criminelles. Marie, en fantôme déluré et facétieux, est également un point positif du livre. Si l’auteur aligne quelques clichés (les châteaux écossais qui ne peuvent être que hantés de spectres, ou les apparitions de la revenante), il faut plutôt voir ces poncifs comme des éléments attendus de la part du lectorat avec que cela fasse écho à leurs propres représentations de ces phénomènes paranormaux. Dans le même temps, Christophe Miraucourt ménage quelques rebondissements habiles (notamment sur la fin, avec la survenue inattendue d’un complice pour les deux malfrats), ou encore des touches d’humour et d’originalité, comme le fait que le père de Maxence, expert en domotique, orchestre les soi-disant séances de spiritisme de son épouse, pour lui permettre de continuer à croire qu’elle dispose d’un don.

    Un polar dynamique et enjoué, sachant tout autant jouer sur les codes de l’univers des fantômes que se jouer d’eux. Une nouvelle réussite littéraire à porter au crédit, déjà fourni, de Christophe Miraucourt.

    27/01/2020 à 17:43 1

  • Filles

    Frederick Busch

    9/10 Ancien policier militaire devenu vigile dans une université, Jack accepte, sur la proposition d’un cadre de la fac d’enquêter de manière officieuse sur la disparition d’une jeune fille, Janice Tanner. A priori, rien ne semble indiquer que Janice ait voulu fuir ni qu’elle ait été enlevée. Mais pour Jack, ça revêt vite un aspect personnel, intime. Son existence n’est qu’un vaste vide où il s’enfonce chaque jour davantage, sa toute jeune fille est décédée, son couple ne s’en remet pas, et son métier lui paraît d’une banalité croissante. Alors Jack se lance dans cette investigation sans retenue.

    Auteur de romans sombres, Frederick Busch signait en 1997 ce livre puissant et mélancolique. Immédiatement saisi par le style de l’écrivain, le lecteur est d’emblée magnétisé par cette langueur des mots, aussi propice à l’abattement que le sont les paysages nord-américains décrits. Tout y est froid, obscurité et affliction. Les personnages apparaissent lentement, au gré des situations au cours desquels ils dialoguent avec autrui, ou lors d’événements de prime abord badin où ressurgissent de pénibles souvenirs. Les sourires, les rires ou les éclats de lumière humaine sont absents de cette œuvre. À cet égard, Jack est un individu saisissant : à la fois accablé par le décès de sa fille Hannah, voyant son ménage lentement se briser, il trouvera un réconfort éphémère entre les bras d’une autre femme. Mais c’est dans cette enquête qu’il souhaite ressusciter. Découvrir les raisons qui ont poussé un être humain à faire du mal à une gamine à peine en âge de se mettre à porter des dessous affriolants. Et pour ce faire, ce limier presque amateur ira jusqu’au bout de la nuit de sa propre existence. Et le voyage sera d’autant plus cruel que la vérité éclatera, avec une banalité qui la rendra d’autant plus insupportable.

    Ouvrage d’une rare noirceur, ce Filles est un petit prodige littéraire. Frederick Busch a su rendre une dimension humaine à tous ses personnages, et même au plus vil d’entre eux. Sous ses atours de roman policier, c’est également un ardent hurlement à la lune, dans une nuit infinie, où chaque cœur se livre, chaque âme s’épanche, chaque parcelle de vie se disloque. Une véritable pépite de ténèbres.

    14/09/2013 à 08:34 1

  • Fonctions vitales

    Tess Gerritsen

    8/10 Un excellent thriller médical, bien mené et riche en documentation, qui fait froid dans le dos par son réalisme et son message.

    05/02/2007 à 19:01 1

  • Foulée d'enfer

    Jean-Christophe Tixier

    7/10 Passionné de course, Alex vit dans un quartier devenu depuis peu la proie de cambrioleurs. Face à l’impuissance de la police, son père s’est joint aux voisins pour organiser des rondes. Alex s’évertue à décourager son paternel de participer à ce qui ressemble de plus en plus à une milice raciste, mais en vain. Aussi, quand il aperçoit par hasard chez l’une des victimes un tableau qui avait prétendument été dérobé, il décide d’agir.

    Après le très bon Sept ans plus tard, Jean-Christophe Tixier revient avec ce nouveau polar destiné à la jeunesse, et il est plus que certain qu’il saura rallier les suffrages. Une écriture sèche, des personnages convaincants et une histoire crédible et prenante, tels sont les ingrédients pour cet ouvrage efficace. On se prend rapidement d’amitié pour Alex, féru de course, entraîné par Omar, un athlète à la carrière brisée par un accident de la route, et amoureux de Stessy, la sœur de son coach. L’histoire, sans être transcendante, retient facilement l’attention et mène presque tout naturellement jusqu’à la conclusion de l’ouvrage sans que l’on s’en aperçoive. Et au-delà de l’aspect policier de l’intrigue, l’auteur dispense, sans moralisation aucune, de jolies touches de réflexion quant à l’autodéfense, le racisme ou les sentiments familiaux.

    Voilà un opus réussi, où la plume de Jean-Christophe Tixier, à la fois subtile et énergique, achève de le placer parmi les auteurs de littérature policière pour les jeunes à suivre de près. Son talent narratif ainsi que son imagination semblent augurer d’autres romans que l’on se plaira sans nul doute à dévorer.

    11/05/2014 à 18:52 1

  • Fragments de vérité

    Pierdomenico Baccalario

    9/10 Dans un futur proche, Maximum City est devenue une mégalopole. La société K-Lab, parfois également appelée « Le Laboratoire », y octroie aux plus offrants d’habiles moyens de détourner la vérité, quand ce n’est pas pour tout bonnement l’étouffer. Une organisation clandestine nommé Typos est la seule à se dresser contre ses supercheries, parfois en risquant la vie de ses membres. Et c’est à propos de l’Ambillie, pays d’Afrique, que pourrait se nouer le prochain affrontement entre K-Lab et Typos.

    Avec cet ouvrage trépidant, Pierdomenico Baccalario réalise un succès. Le postulat de départ – cette dystopie prenant place en une ville dirigée par une entreprise manipulant la vérité officielle – séduit vite, d’autant que l’on trouve comme justiciers de jeunes gens particulièrement motivés. Et quels jeunes gens ! Arlequin, dont la peau se tache quand il détecte des mensonges. Morph, capable de modeler son visage et de prendre l’apparence de n’importe qui. Dusker, le Noir si puissant que de lourds bracelets entravent volontairement ses poignets. Gipsy, insensible à la douleur et capable de pénétrer partout en raison de sa souplesse. D’ailleurs, l’une des grandes forces de l’auteur est de ne pas avoir sombré dans le ridicule avec une telle équipe de mutants, car, à la lecture d’un tel collectif, on n’était guère loin du nanar littéraire.
    Le style est particulièrement enlevé et accrocheur, avec un rythme effréné, des chapitres courts et de l’action prenante. Comme des enfants, on se régale de certaines scènes ainsi que des personnages, croustillants, qui ne sont pas sans rappeler ceux de certains comics comme ceux apparaissant dans Hellboy. Au-delà de l’aspect purement distractif du roman, se posent également de belles réflexions – jamais invasives ou pesantes – quant au libre arbitre, à la liberté d’expression, au droit à l’information et au refus bien légitime des dictatures.

    Il est à noter que la suite, Poison noir, signée Guido Sgardoli, est sortie en France en 2014, et qu’à la lecture d’un ouvrage aussi atypique et efficace que celui-ci, on ne peut qu’avoir envie de se ruer sur ce deuxième tome.

    12/02/2016 à 08:46 1

  • Freakshow !

    Xavier Mauméjean

    9/10 Une œuvre sacrément détonante, emplie de bruit et de fureur, où s’entremêlent scènes d’action épiques (notamment au début) et rencontres captivantes avec les sbires de Barnum. Une écriture dense et captivante, érudite, cadencée de références historiques et folkloriques, pour un roman qui a sur moi un double effet : lire d’autres ouvrages de la série ainsi que regarder de plus près la bibliographie de Xavier Mauméjean.

    29/07/2015 à 09:01 1

  • Graine de cimetière

    Day Keene

    6/10 … ou comment Ad Connors, écrivaillon à la dérive, en vient à tomber sur le grand amour, puis risquer sa vie et être accusé de plusieurs meurtres, tout ça parce qu’il aura voulu porter secours à la jeune et belle Eleana. Elle a un léger accrochage avec la voiture du général Esteban, et quand ce dernier se montre trop entreprenant dans une chambre d’hôtel, c’est ce brave Ad qui intervient… et tue le militaire. Puis c’est un attorney dont on lui fait porter la culpabilité de l’assassinat. Entre Ad et Eleana, une belle idylle, fiévreuse, brutale, mais éphémère, avant qu’elle ne rejoigne sa famille, à Blue Mound, Missouri, pour épouser un Lautenbach et ainsi s’assurer un confortable train de vie. Reviendra alors de plein fouet une histoire de famille, où le père d’Eleana a disparu depuis fort longtemps. Une écriture sympathique, parfois humoristique (particulièrement dans certains dialogues, ou comme dans ce clin d’œil où le shérif s’appelle… Jim Thompson), parfois ampoulée, mais on se laisse sans mal emporter par la plume de Day Keene. Ad est un personnage agréable, écrivain un peu paumé, qui a refusé d’écrire des histoires pour des magazines afin de se consacrer à une plus imposante histoire… qui ne vient pas. Eleana est pétillante, jeune et désirable, et Day Keene sait rendre palpable ce désir qu’elle suscite. S’il s’agit d’un roman plaisant à lire, l’histoire ne m’a pas beaucoup convaincu. Un peu trop capillotractée et embrouillée, avec un père démissionnaire, un départ précipité, un cirque, un adultère, un retour, trois morts, etc. Tout ça m’a semblé à la fois un peu brouillon, confus, et manquer de cohérence, voire d’harmonie. Et le final, sans grand panache, ne m’a pas plus séduit, puisque c’en était presque une conclusion de whodunit alors que le reste de l’ouvrage était du pur roman noir, sans compter le fait que cet épilogue est à la fois fort classique, sans frisson réel, et ne vient pas apporter cette note de folie ou cette poussée de tension que j’ai désespérément attendue tout au long de l’opus. Bref, un livre sympa, mais ni renversant ni très crédible non plus, où Day Keene, malgré un talent de narration indéniable, en vient à jouer une partition de façon trop scolaire et indolente.

    17/08/2019 à 08:44 1

  • Harpicide

    Michel Vigneron

    8/10 Un soldat est mort en Guyane. Appelé sur place, Luc Mandoline, embaumeur de son état et également ancien militaire, s'y rend avec son camarade Sullivan et Elisa, son amie journaliste. Si le déplacement est a priori purement professionnel, le trio se rend vite compte que les circonstances de la mort du malheureux sont étranges, les impacts des balles laissant plutôt penser à une exécution qu’un accident.

    C’est par cet ouvrage que commence la série consacrée à Luc Mandoline, alias l’Embaumeur. Signé par Michel Vigneron, dont on avait, notamment, pu louer la grande qualité du Puits de la perversion, le roman frappe fort. Très fort. Sur une intrigue dans le fond assez classique, l’auteur tisse une histoire que l’on prend un incroyable plaisir à lire. Les personnages, plongés en pleine Guyane, avec sa faune, sa végétation, son climat et ses spécificités culturelles, vont en baver autant que suer, et devoir affronter un trafic solidement bâti. L’humour y est omniprésent, pas toujours très fin, mais qu’importe, puisque les réparties entre les protagonistes font leur effet. C’est également au niveau de la violence que Michel Vigneron y va franchement. Les fusillades et poursuites ne sont certes pas si nombreuses, mais certaines scènes marqueront probablement les esprits, comme ces tortures pratiquées sourire aux lèvres par Luc et son comparse en pleine moiteur guyanaise.

    Voilà donc le premier jalon d’une série qui s’apparente beaucoup à celle du Poulpe. Humour ravageur, plume décomplexée, ton corrosif, un auteur à chaque ouvrage. Celui-ci, préfacé par Franck Thilliez, constituait un très bon cru et annonçait déjà d’autres cuvées tout aussi enviables. Dans un paysage littéraire parfois trop au garde à vous, la saga consacrée à Luc Mandoline ose rompre les rangs et se jouer des codes pour notre plus grand plaisir.

    18/07/2015 à 09:01 1

  • Hostiles

    Franck Thilliez

    7/10 Une nouvelle maîtrisée à mon goût, avec en fait deux histoires qui s’entremêlent et dont la seconde n’apparaît en fait que dans les dernières lignes. Un peu mou par moments, mais l’ensemble est sympa même si cela peut sembler décevant lorsque l’on connaît le panache habituel de l’écrivain.

    30/06/2014 à 18:44 1

  • Hugo contre le minotaure

    Fabien Clavel

    7/10 Une habile relecture de la mythologie, qui préserve autant l’aventure que l’érudition pure, sans oublier une agréable dose d’humour. Une écriture espiègle, même si je regrette que le Minotaure et le Labyrinthe soient trop rapidement évacués de l’histoire. Assurément, je tâcherai d’être au rendez-vous de d’autres opus de cette collection atypique et entraînante.

    11/01/2017 à 17:30 1

  • Iceberg Ltd

    Serge Brussolo

    7/10 Des ficelles parfois un peu grosses, mais toujours chez Serge Brussolo ce style si agréable et une intrigue qui reste néanmoins très intéressante.

    19/01/2006 à 17:10 1

  • Il était tout froid dans l'Est

    Thierry Bourcy

    8/10 Le corps de Julien Gonvis est découvert dans une tranchée en Alsace par des promeneurs férus des vestiges laissés par la Première Guerre mondiale. Encore une occasion pour Gabriel Lecouvreur d’aller voir si, sous le fait divers, n’est pas lovée une histoire louche ? Pour le coup, il ne semble pas motivé. La seule raison qui le décide à se rendre sur place, c’est la possibilité d’acheter un capot de roue pour l’avion de ses rêves, un Polikarpov. Mais ce qu’il va découvrir là-bas valait amplement le déplacement.

    Il s’agit de la deux-cent-quatre-vingt-neuvième enquête du Poulpe et c’est ici Thierry Bourcy qui est à la manœuvre. On reconnaît immédiatement ce qui a fait – et continue de tisser – le succès de la série : ouvrage lapidaire, style enlevé, personnages jouissifs. Pour découvrir l’identité de l’assassin et ses motivations, notre Poulpe va, une fois de plus, devoir se frotter à des énergumènes peu recommandables, notamment issus de consortiums valorisant le nucléaire. L’un des tours de force de ce roman, et qui est d’ailleurs suffisamment rare pour être mentionné, c’est que le suspense demeure entier jusqu’à assez loin dans le récit. Souvent, les épisodes de la saga perdent en saveur avec des fins téléphonées ou des chutes attendues ; ici, le nœud n’est délié que dans les ultimes pages, accroissant l’intérêt de la lecture. En outre, Thierry Bourcy est un auteur qui n’a presque exclusivement écrit que sur la Première Guerre mondiale avec sa série consacrée à Célestin Louise. Le lire ici, dans un autre contexte, retourner à ses premières amours, est un pur régal, au point que l’on se demande qui, de l’écrivain ou du lecteur, s’est le plus délecté.

    Ces derniers temps, la saga du Poulpe est un véritable enchantement. Karim Madani, Dominique Chappey, Hervé Sard ou Patrick Bard, pour ne citer qu’eux, ont proposé des opus réjouissants et marquants. Ce roman ne déroge nullement à la règle, et c’est avec un plaisir total que l’on en vient à arpenter, avec Thierry Bourcy comme guide, ce chemin des drames.

    25/05/2015 à 18:37 1

  • Il était un petit navire

    Jack Narval

    7/10 A bord du ferry La Manche, Pierre Mangin quitte la France et s’apprête à rejoindre l’Angleterre. L’homme transite sous une fausse identité : il s’appelle en réalité Raad Thaer. C’est un réfugié irakien chrétien et il compte bien rejoindre le Royaume-Uni pour mettre le plus de distance possible avec son pays natal, les horreurs vécues là-bas, la guerre menée par les Occidentaux et l’oppression des fidèles catholiques. Mais sur le bateau, il tombe sur plusieurs vieilles connaissances, de sinistres personnages d’obédience islamiste, et il se doute que ces types ont de sales intentions.

    Jack Narval a déjà signé plusieurs romans chez Pavillon noir et on a particulièrement apprécié de sa part La mort était servie à l’heure. Il nous est revenu en 2021 avec ce livre dont le pitch rappelle d’entrée de jeu ces films des années 80 et 90 – Piège de cristal ou Piège en haute mer pour ne citer qu’eux – où un homme se trouvait aux prises avec des terroristes en un lieu fermé. Cependant, l’auteur nous épargne ici un énième thriller de ce type où le héros, invincible et irréprochable, tatane du méchant et en tartine les murs tout en lâchant des punchlines mémorables. Pierre est un individu lambda, meurtri par les atrocités multiples – de l’invasion de sa patrie par les Américains aux persécutions des fidèles chrétiens en passant par le poison islamiste, et il n’a qu’un projet : gagner les rives anglaises et tourner définitivement la page. Mais les cinglés qu’il va malheureusement croiser sur ce ferry vont vite doucher ses nouveaux espoirs. Est-il indestructible ? Non. Il a peur, doute, subit plusieurs passages à tabac, et ses capacités au combat se révèlent avec un sbire tué presque accidentellement… avec une brosse à récurer les toilettes. Le style de Jack Narval est impeccable, sobre et efficace, ménageant de beaux moments de tension sur ce navire jusqu’à ce que le chaos finisse par réellement s’installer. Tâchant d’empêcher le pire, pour lui comme pour les autres passagers et surtout pour Petra, une jeune femme pleine de ressources dont il s’est épris, Pierre déploiera des trésors de courage et d’abnégation pour contrer les plans diaboliques de ces monstres fanatisés. On regrette d’autant le final, beaucoup trop abrupt et hollywoodien, venant presque à contre-courant de tout ce qu’avait instauré et mené l’auteur jusqu’à ce moment-là.

    Un bon roman à suspense, distillant les sensations fortes autant que les sueurs froides espérées, et formulant dans le même temps de justes réflexions quant à l’altruisme, au fondamentalisme religieux, au sort des immigrés ou encore celui des chrétiens d’Orient.

    11/10/2023 à 06:44 1