Surcouf

461 votes

  • Ils nourrissaient le soleil

    Sylvia Schneider

    6/10 La 4e de couverture est trompeuse. La partie "polar" se résume à la deuxième moitié du livre. L'histoire annonce l’interview du Cdt Marcos par le journaliste francomexicain et des révélations retentissantes. Celles-ci n'arrivent jamais. Un chapitre commence sur un personnage en France, mais n'a pas ensuite de développement. Il y a des longueurs infinies sur la relation épistolaire érotico-romantique entre une étudiante et son professeur d’archéologie qui n'apporte strictement rien à l'histoire. Idem sur de longues considérations sur le néo-zapatisme, intéressantes mais hors-sujet. Par contre, les amateurs d'histoire du Mexique, de la civilisation aztèque, de leur mythologie, de leur religion seront comblés. Tout ceci est présenté avec beaucoup d'érudition. La partie consacrée au sujet, l'assassin du métro de Mexico relève plus d'une chronique criminelle que d'un polar. Il y a tout de même de grosses failles scénaristiques, par exemple, on a environ 50 crimes commis dans les stations de métro et pas l'ombre d'un témoin ! Encore plus fort, l'incinération d'un corps à Teotihuacan, au sommet d'une pyramide se fait au nez et à la barbe de toute le monde ! La formation littéraire de l'auteur donne une écriture claire et un style agréable. Conclusion : les passionnés du Mexique (comme moi) y trouveront leur compte, en relevant toutefois quelques erreurs. Les amateurs de roman autobiographique pourront aussi aimer le livre. Les inconditionnels de polars bien construits au scénario en béton peuvent passer leur chemin.

    12/04/2021 à 11:14

  • La Pierre du remords

    Arnaldur Indridason

    6/10 Roman policier à multiples tiroirs. Tellement qu'on a tendance à s'y perdre un peu d'ailleurs. Autre écueil, le nombre important de personnages avec, comme dans tout roman islandais, des noms difficiles à retenir, surtout comme dans ce volume de Konrad, la différence féminin/masculin est parfois délicate. Si on ajoute les allers/retours sur deux époques, cela donne un livre qui demande une concentration certaine. Tout cela affecte un peu le plaisir, même si l'histoire est aussi riche que celles de la série Erlendur Sveinson. On s'aperçoit toutefois que finalement, l’Islande, malgré toutes ses singularités et sa faible population, est un pays comme les autres quant à la nature humaine. Un dernier rebondissement permet de refermer le livre sur une note positive.

    07/04/2021 à 15:58 2

  • Paz

    Caryl Férey

    8/10 Comme Don Winslow l'a très bien fait avec Le Mexique dans "La griffe du chien", Caryl Férey nous livre une situation de la Colombie sous l'emprise des narcotrafiquants, de la corruption, des guérillas et donc surtout de la violence. Malgré un plan de paix en préparation, les choses changent peu et le quotidien des gens de la rue reste très dangereux. Prix entre les intérêts divergents des cartels, des anciens guérilleros, de la police, des politiciens, être journaliste, flic intègre ou juste aspirer à une vie tranquille est difficile. Surtout quand la famille sur laquelle repose l'histoire mêle tous ces portraits. En s'appuyant sur quelques personnages représentatifs, l'auteur dresse un portrait bien noir, et malheureusement fidèle des exactions commises par les uns et les autres en Colombie. En s'immergeant dans les vies de ses protagonistes, on comprend à quel point la solution est inextricable. le choix des personnages est judicieux et le déroulé de l'histoire clair et prenant. Dommage que, comme pour La griffe du chien, on soit parfois autant dans le documentaire que dans le roman noir. Par rapport à ces autres romans, Caryl Férey semble un peu plus détaché de ses héros.

    22/03/2021 à 10:05 4

  • Silence

    Didier Comès

    10/10 Tragique histoire au fin fonds des Ardennes. Dans un village ou les superstitions sont tenaces, Abel Mauvy, un gros propriétaire terrien utilise comme son esclave un jeune sourd-muet, Silence. Personnage cruel, il use et abuse de l'immense naïveté et gentillesse de Silence. Mais, grâce à Sara, la sorcière, Silence découvre peu à peu sa véritable histoire. Avec l'aide de l’inquiétant nain Blanche-neige, la vengeance de Silence va se tisser, plus ou moins malgré lui. L'histoire est très prenante et sublimée par le trait de Didier Comés sur des dessins en noir et blanc (l'éditeur a publié une version en couleurs en 2001). Le livre parle des petits conflits ruraux, terriens, les rivalités entre fermiers, le poids des secrets enfouis, le rôle encore vivace des sorciers et jeteurs de sorts dans les campagnes mais aussi la méfiance envers les gens différents, les origines, le handicap. Il y a aussi des réminiscences de la deuxième guerre mondiale, et une partie consacrée au traitement des "fous" qui rappelle le film "Vol au dessus d'un nid de coucous". Publié en 1979, Silence a obtenu l'Alfred du meilleur album au Festival d'Angoulême 1981 et le Grand prix Saint-Michel en 1980, récompenses justifiées pour ce roman graphique exceptionnel, tant pour le scénario que pour le dessin.

    09/03/2021 à 10:27 2

  • La Bête

    Christophe Chabouté

    8/10 Très bon dessin en noir et blanc au service d'un scénario un peu classique mais mené de main de maître par Chabouté. Roman graphique noir et rural qui est sans concession face à la bêtise des hommes. Il y a peu de dialogues, pourtant les caractères des protagonistes sont bien évoqués. Bel ouvrage !

    08/03/2021 à 10:44 3

  • Un Silence brutal

    Ron Rash

    7/10 Avec ce silence brutal, Ron Rash change un peu de style par rapport à ses précédents romans. Il y a mis plus de poésie, parfois hors sujet d'ailleurs, plus de sensibilité et une histoire moins tragique que les précédentes. C'est un portrait d'une Amérique rurale ou se côtoient ceux qui en sont partis puis revenus, parfois par obligation et qui y retrouvent donc de mauvais souvenirs, ceux qui y restent car très attachés à leur terre mais qui la voit changer, ceux qui s'y installent pour faire des affaires et qui heurtent les locaux, l'établissement de parcs naturels qui limite certaines habitudes dans ces contrées rurales ou le rapport à la nature est perçu différemment. L’auteur se sert de la pêche à la truite pour illustrer ces antagonismes, quand les espèces sauvages et indigènes sont protégées et les nouvelles variétés relâchées le sont dans des zones payantes.C'est aussi des histoires personnelles marquées au fer rouge par ces soubresauts violents que connaît l'Amérique d'aujourd'hui, comme les fusillades dans les écoles ou les ravages de la méthamphétamine jusque dans ces campagnes, entraînant parfois la dislocation des familles. Le roman est plaisant mais un peu déséquilibré, il y a quelques longueurs et le dénouement est concentré sur les toutes dernières pages. Mais, manifestement , l'auteur a choisi délibérément de mettre en avant ce monde qui change et bascule vers cet avenir qu'il voit d'un œil circonspect pour ne pas dire désabusé.

    24/02/2021 à 11:25 4

  • Retour à Whitechapel

    Michel Moatti

    8/10 Rarement un livre sur Jack l’Éventreur aura donné autant de détails sur les conditions sociales, d’hygiène et de vie en général, dans le Londres de cette époque, notamment de ses bas-fonds sordides et miséreux. Si l’auteur insiste sur ces aspects, c’est qu’ils sont déterminants pour lui dans son hypothèse sur les motivations et l’identité de Jack. Il se base pour cela essentiellement sur le dernier crime canonique, celui de Mary Jane Kelly. Avec un travail rigoureux sur les sources documentaires, ses échanges avec quelques ripperologues reconnus, Michel Moatti avance un thèse digne d’intérêt et très différentes des autres. Son livre est passionnant, le style est inédit, fondé sur les carnets de la propre fille de May Jane Kelly qui mène l’enquête pour identifier le meurtrier de sa mère. Le style alternant les chapitres sur l’histoire telle qu’elle se déroule en 1888 et les notes de l’héroïne en 1941 induisent un suspens qui va crescendo. L’auteur a accompli un travail de fourmi autours de tous les indices dont il disposait sur les cinq victimes et à il fait appel à quelques techniques médicales pour faire resurgir le passé. Au-delà de l’aspect romanesque de l’œuvre, l’auteur approfondi sa démarche dans sa postface, expliquant notamment qu’il ne s’est pas limité aux cinq meurtres les plus connus, mais aussi à ceux qui ont suivi. C’est certainement la que sa démarche est la plus convaincante. C’est un des livres les plus sérieux sur Jack l’Éventreur.

    19/02/2021 à 09:45 10

  • Démons

    Marc Laine

    7/10 C'est un polar tout droit sorti de " l'école Thilliez ou Grangé ". C'est efficace, il y a du suspens, des personnages bien trempés aux caractères divers mais complémentaires, la trame est suffisamment compliquée pour entretenir la surprise mais pas trop non plus pour ne pas perdre les lecteurs. Par contre, le dénouement est condensé sur un trop petit nombre de pages, et quelques éléments ne sont exploités qu'à la fin alors qu'ils auraient du crever les yeux de n'importe quel enquêteur même débutant. Mis à part ce bémol, l'écriture est claire, le style agréable et l'ensemble donne un livre d'un bon niveau dans sa catégorie : criminels déjantés, assouvissement de vengeances et haine inextinguible, impact de traumatismes subis. Autant de traces que même la violence n'efface pas.

    29/01/2021 à 09:51 3

  • Trois jours et une vie

    Pierre Lemaitre

    8/10 Un geste brutal et maladroit, une vie s'en va et une autre bascule. Comment vivre dès lors avec ce fardeau au quotidien tout au long d'une existence ? C'est ce que décrit Pierre Lemaitre dans ce roman habile à l'ambiance lourde. Les profils psychologiques bien rendus, l'intégration de circonstances climatiques, cette épée de Damoclès toujours suspendu au dessus du "héros" et les surprises en fin de roman rendent le livre captivant.

    11/01/2021 à 11:38 8

  • En pays conquis

    Thomas Bronnec

    7/10 Un aperçu de ce qui pourrait un jour se passer en France, suite à une conjonction de facteurs divers. L'analyse du monde politique et de ses acteurs est fine et percutante. C'est la description précise d'un monde de réseaux parfois anciens ou s'entremêlent les vraies et fausses amitiés, les alliances de circonstance, les trahisons, les hypocrisies, les ambitions, les compétences et incompétences, la soif du pouvoir et le sens de l’État, les intérêts financiers privés et publics, la souveraineté nationale et la prévalence européenne, le second rôle du parlement et gouvernement français face à la toute puissance des décideurs de Bruxelles, les préférences sexuelles des uns et des autres... et aussi quand même les convictions politiques qui fluctuent au gré des vents. Celui qui possède beaucoup d'informations sur beaucoup de gens peut faire et défaire les pouvoirs, sans l'exercer lui même. C'est un roman qui met en lumière un homme de l'ombre largement inspiré d'un personnage réel facile à trouver.

    11/01/2021 à 11:19 4

  • Retour à Duncan's Creek

    Nicolas Zeimet

    8/10 Roman noir qui s'articule autour de 3 personnages et deux époques, leur adolescence et l'age adulte. La transition est brutale pour Sam, Jake et Ben. A tel point qu'elle marque leur avenir et devenir. Aucun ne sort vraiment indemne du drame qui les touche. L'auteur décrit avec beaucoup de sensibilité la quête de vérité mené par Jake, qui les libérera enfin du lourd secret qui les unit. Pour l'un d'entre eux qui manque à l'appel, il le doit à sa mémoire. Un livre bien écrit qui aborde cette période souvent décrite en littérature, quand un évènement ne s’efface jamais tout au long d'une vie. Un traumatisme tragique mais malheureusement assez banal dont on ne se relève pas, ou mal. On pense à la nouvelle de Stephen King, Stand by me (Le corps - Différentes saisons). Entre humour et noirceur, Nicolas Zeimet nous promène sur des chemins chaotiques et sombres avec des mots qui font mouche. S'il est libératoire, le retour vers le passé n'est pas une promenade tranquille.

    30/12/2020 à 10:16 5

  • Chaos

    Robert de Rosa

    7/10 Policier plaisant à lire. Après que des adolescents aient réveillé le bacille de la peste en fouillant un très vieux grenier d'une très vieille maison d'un village reculé d'Auvergne, une épidémie de peste s'abat sur Clermont-Ferrand et la région. Écrit quelque mois avant l'arrivée du COVID-19, on appréciera le point de vue de l'auteur qui anticipe bien les alertes sanitaires via les hôpitaux, l'ARS et toute la chaîne concernée. On devine beaucoup de tendresse de sa part pour ses personnages, qu'il dote de caractères sympathiques, érudits et philosophes. leurs noms annoncent d'ailleurs la couleur. Sans se départir de son enquête policière, l'auteur s'amuse à laisser plusieurs clins d’œils humoristiques. Son attrait pour l'occultisme est présent tout au long du livre, des templiers aux Hospitaliers, de l'Ordre de Malte aux Francs-maçons, mais tout en restant rationnel. Il égare un temps le lecteur sur une fausse piste d'ultradroite en prenant un évident plaisir à dresser des portraits peu flatteurs des acteurs de cette mouvance dotés de noms de triste mémoire. L'intrigue se révèle finalement très contemporaine et inattendue, au cœur de cette paisible Auvergne que l'auteur nous fait un peu visiter, dolmen de Cournols, village d'Olloix, gorges de la Monne et quelques lieux emblématiques de Clermont-Ferrand. Le style est alerte et sans longueur. Si l'histoire se passe en 1999, l'auteur a choisi de doter ses flics de méthodes classiques. Observations, écoute, interrogatoires en finesse ... On est plus dans le monde de Simenon ou de Vargas que dans la police scientifique et technique. Classique donc, mais convainquant.

    22/12/2020 à 15:33 4

  • De Profundis

    Emmanuelle Pirotte

    8/10 Un roman étonnant mêlant deux époques, une qui nous est très proche et pas vraiment attirante, et une plus ancienne, tout aussi obscure et inquiétante. Les deux se rejoignent à travers un personnage singulier sorti du passé. Les deux héroïnes, mère et fille, ont fui une grande ville livrée au chaos, à la maladie, à la violence pour se réfugier dans la maison familiale, au fond d'une campagne un peu plus épargnée par le délitement du monde. Elles y sentent cette présence mystérieuse, aspect fantastique du roman, qui va les aider à survivre et à se défendre. On devine peu à peu l'identité de ce personnage qui est comme un écho du passé qui résonne à la faveur de situations géographiques et sociales similaires. On est pas très loin de l'univers de Pierre Bordage ou de François Bourgeon (Les compagnons du crépuscule T. 2). Le style est vif, moderne, les personnages bien campés, et les descriptions très évocatrices. Une belle surprise.

    16/12/2020 à 15:54 6

  • La Table du roi Salomon

    Luis Montero Manglano

    8/10 Entre Indianna Jones et Dean Corso (La 9e porte), Tirso a été recruté par le Corps Royal des quêteurs pour récupérer les objets d'art volés à l'Espagne. Il est avant tout un intellectuel, mais il va devoir trouver en lui d'autres ressources, physiques notamment, pour ce travail qui relève autant de l'exploration de bibliothèques que d'aventures mouvementées sur le terrain. Il y a de nombreux rebondissements, des passages détaillés sur l'histoire de l'art et les mystères entourant certains objets. Les personnages, hauts en couleurs sont crédibles et sympathiques. L'héritage familial du héros qui façonne sa personnalité comporte des éléments qui enrichissent l'intrigue . On reste assez loin d'un pur thriller ésotérique style Da Vinci Code car l'histoire reste crédible et proche des connaissances réelles dans les domaines abordés. On s'étonnera un peu de l'étonnante facilité avec laquelle Tirso, sage étudiant en doctorat, se transforme en véritable espion, rompu presque du jour au lendemain à toutes les missions périlleuses, au maniement d'armes et même à la lutte contre un serial-killer expérimenté. Ceci n'enlève rien à ce thriller vif et enlevé, sans temps mort, qui tient parfaitement la route dans sa catégorie.

    03/12/2020 à 10:28 3

  • La Liste Alpha

    Philippe Smans

    4/10 Le résumé de la 4e de couverture laissait envisager un bon thriller. Les premiers chapitres aussi. La mise en place des personnages, des éléments de l'histoire et le lancement de l'action aux quatre coins du monde constituent un début efficace. Et puis tout se détraque. L'intrigue dévoilée bien trop tôt amène l'auteur à un tout autre exercice que celui annoncé. De plus, si la modestie et la clarté des passages hyper techniques, qui sont souvent pesants dans ce genre littéraire, est appréciable au début, on glisse ensuite lentement mais surement vers une simplification qui altère trop le développement. Même si quelques passages ça et la sauvent le livre, le manque de profondeur et les facilités scénaristiques plombent petit à petit cet écothriller qui méritait bien mieux. Car ce qui inspire l'auteur, à savoir l'extinction de l'humanité due à ses propres excès et les solutions radicales envisageables bâties sur des arguments d'apparence rationnels et scientifiques, avec l'exploitation malintentionnée du big-data par exemple, est quelque chose qui pourrait arriver.

    23/11/2020 à 10:23 3

  • Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

    Thierry Jonquet

    9/10 Scènes de "vie" de banlieue dans le 93, collèges en ZEP, jeunes profs sans expérience, zone HLM et zones pavillonnaires, bandes de délinquants ethniques, apprentis salafistes, imams prosélytes, authentiques djihadistes, télé-poubelle, trafic de drogue, antisémitisme, intifada importée, gang de barbares, karchérisation, moyens de police ... sont tous les ingrédients réunis pour ce roman noir très actuel sur la vie dans ces territoires dangereux. A lire absolument !
    Portrait assez terrifiant de nos banlieues, peuplées d'islamistes, de voleurs, de collèges dans lesquels on n'apprend rien, de profs dépassés et agressés.
    Noir, déprimant...voire pire encore. Écrit en 2006, à l'époque certains avait trouvé le livre excessif. Aujourd'hui, alors qu'on découvre, ou fait semblant de découvrir la poussière cachée sous le tapis, on le trouvera terriblement réaliste. Le titre est un extrait d'un poème de Victor Hugo de 1871 en faveur de l'amnistie des condamnés de la Commune.

    13/11/2020 à 09:25 5

  • Pandémie

    Robin Cook (USA)

    6/10 Curieux bouquin dont le titre ne correspond pas au contenu. Pas de pandémie en effet, tout au plus 10 cas sont comptés dans ce thriller médical. Il y a beaucoup de longueurs et de passages inutiles. Le médecin légiste qui tient le premier rôle est assez peu sympathique. En fait tout l'intérêt du livre tient dans la très fine analyse que l'auteur fait de la Chine et de ses investissements massifs dans la médecine, biomédecine, dans la recherche en biotechnologies et surtout dans l'évolution de ses stratégies. Certaine d'être aujourd'hui un acteur de premier plan en géopolitique, la Chine, sous l'impulsion de Xi Jinping passe d'un communisme adapté au libéralisme à un ultranationalisme et à des visées expansionnistes dans tous les domaines. C'est ce qui est développé dans les 40 dernières pages qui sont vraiment les plus intéressantes. On regarde l'épidémie de COVID19 d'un œil beaucoup plus circonspect.

    04/11/2020 à 10:25 6

  • Planeta Extra

    Diego Agrimbau, Gabriel Ippoliti

    7/10 Dans un futur proche, la Terre est devenue une planète poubelle. Ceux qui le peuvent, de par leur classe sociale ou leur position politique, partent s'installer sur Lunaerope, sorte de station orbitale où il y a de l'air pur et de l'eau pure. Mais les animaux de compagnie y sont interdits. Kéké est un déménageur qui transporte les affaires des partants au cosmoport et qui a petit à petit noué des contacts avec la police des frontières et les services des douanes. Un jour, sa fille qui se voit sans avenir sur la Terre lui annonce qu'elle a un billet pour partir. Il va tout mettre en œuvre pour la faire rester, quitte à accepter un marché risqué. Le scénario d’anticipation est assez classique. Planète polluée et fuite des élites vers d’autres cieux. Le prolétariat reste et doit vivre entre débrouille et violence. Les auteurs argentins ont ajouté une touche sociale, trafics louches, de pauvres naïfs qui se font gruger, une femme fatale et des policiers véreux, une transposition de la société argentine d'aujourd'hui en quelque sorte. Les héros sont sympathiques et tous les personnages bien campés. Quelques scènes avec beaucoup de visages demandent un peu d’attention. Les décors qui sont souvent des zones urbaines avec une circulation à plusieurs niveaux, avec des véhicules aux apparences contemporaines rappellent l’univers du 5e élément de Luc Besson. Et une ressemblance en attirant une autre, on pense inévitablement à Valérian et Laureline, les agents spatio-temporels de Christin et Mézières, mais qui évolueraient dans un contexte de lutte des classes. Les dessins et les couleurs choisis accentuent très bien l'atmosphère de monde empoissonné. La touche finale, qui voit la solidarité récompensée laisse vaguement espérer de l'humanité. Sans qu'on y croit vraiment.

    27/10/2020 à 14:28

  • Surface

    Olivier Norek

    8/10 C'est un excellent petit polar rural. L'intrigue est très crédible, les personnages aussi, le tout sur fond de secrets bien gardés et protégés par le côté taiseux et renfermés des gens du Massif Central dont l'Aveyron fait partie. C'est aussi l'histoire d'une enquête menée "à l’ancienne", dans laquelle la capacité d'écoute, de mémorisation, d'analyse, de déduction, d'anticipation et d'intuition policière est primordiale. Il n'y a pas une débauche d'hyper technicité, d'hyper connectivité ni d'hyper violence. Des ingrédients du quotidien suffisent à l'auteur pour donner corps à son histoire. Son talent d'écrivain ajoute le suspens qui fait qu'on tourne les pages avec gourmandise.

    26/10/2020 à 10:07 6

  • Dans l'ombre du brasier

    Hervé Le Corre

    5/10 Roman beaucoup plus historique que policier. L'intrigue policière est très accessoire, peu détaillée et parfois confuse. Elle sert un peu de fil rouge à l'histoire des personnages qui se démènent dans la tourmente de la Commune. La partie historique est largement plus détaillée, suivant le déroulement de la semaine sanglante. J'ai eu beaucoup de mal a accrocher aux deux volets du livre. L'aspect policier m'a paru trop léger, le destin de protagonistes essentiels est survolé. L'aspect historique m'a semblé trop linéaire et descriptif. Le scénario, par ses deux approches, ses personnages et son déroulement, ressemble vraiment beaucoup, étrangement même, à "Le cri du Peuple" de Vautrin (et une BD de Tardi tirée dudit roman), livre beaucoup plus prenant dont la construction a manifestement inspiré Hervé Le Corre.

    22/10/2020 à 09:41 5