411 votes
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Par le vent pleuré
8/10 Pendant l’été 1969 dans les Appalaches, le destin des deux frères Matney bascule. Une jeune fille aux cheveux roux et aux yeux verts se baigne dans leur coin de rivière. Envoutés par cette sirène, Bill, Eugène et Ligeia vont devenir amis avant qu’Eugène ne vive avec elle son premier amour. Elle est délurée, libre et sans tabou. En plein summer of love, cette hippie entraine les garçons dans une liberté nouvelle, eux qui sont sévèrement encadrés par un grand-père aussi conservateur qu’autoritaire. Mais un jour, la sirène disparait. Plusieurs années plus tard, Eugène découvre la une d’un journal consacrée à Ligeia, sa jeune sirène, et la disparition se mue en fait divers tragique. Ron Rash nous projette alternativement du passé au présent. Le passé est douloureux, lourd et plombé par la disparition du père et la soumission à ce grand-père rigide et omniprésent. Le présent n’est guère mieux pour Eugène, entre alcoolisme, accident de la route, une vie professionnelle mouvementée et une existence chaotique. L'auteur aborde avec subtilité la culpabilité et l'innocence, les souvenirs fait de regrets ou de remords, l’évolution de la relation entre les deux frères, et l’éclatement violent d’un secret. On passe de la nostalgie aigre-douce à un sombre désir de revanche et de vengeance. L’écriture est tendre et délicate avec des mots toujours justes.
16/01/2019 à 11:41 7
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Missing : New York
7/10 Sympa, lecture agréable, intrigue bien menée, les personnages sont attachants, il y a du suspens et des rebondissements, mais on reste loin du niveau auquel l'auteur nous a habitué.
15/01/2019 à 14:08 4
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Shibumi
7/10 Le début est un peu long et il faut de la patience avant de voir l'intrigue s'ouvrir clairement. Après, il y a un bon équilibre entre l'humour, l'action et de savoureuses descriptions des mentalités japonaises, basques ou américaines. Les caractères des personnages sont bien fouillés tout comme les lieux et les situations, notamment les Pyrénées basques et les épisodes de spéléologie. La critique d'une certaine Amérique est acerbe est bien sentie.
15/01/2019 à 12:16 4
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Glaise
8/10 Roman noir, rural et brutal. Franck Bouysse nous dépeint le Cantal du début du XXe siècle et sa société agricole dominée par les hommes qui règnent en maitre sur la destinée des êtres, humains et animaux, et des domaines. Valette en est un bon exemple, un caractère de néandertalien tourné vers la cupidité et l'extension de ses terres, sans compassion pour sa femme, son fils ou ses bêtes. La guerre qui survient bouleverse des équilibres ancrés profondément. Des responsabilités sont transférées aux femmes ou à des hommes plus jeunes. Le paternalisme est remis en cause par une jeunesse qui a soif de liberté comme Joseph et Anna. Les orages d'été et le froid hivernal alourdissent l'ambiance déjà pesante de cette chronique paysanne et familiale comparable aux œuvres de Balzac ou Zola.
15/01/2019 à 12:05 8
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Congo requiem
6/10 Même remarque que pour Lontano : trop long. Si la première partie africaine est très réussie, notamment les conditions d'exploitation des mines de coltan, je trouve la deuxième trop chargée, avec trop de rebondissements, trop de circonvolutions. La fin traitée en quelques pages n'est pas à la hauteur du reste (1500 pages pour les deux tomes !). Mais encore une fois, impossible de pas aller au bout de la lecture. C'est certainement le plus grand talent de l'auteur : la gestion du suspens.
05/11/2018 à 13:40 4
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Mademoiselle B.
8/10 Entre fantastique, parcours initiatique et enquête policière, l'auteur cherche à percer les mystères de cette étrange demoiselle. Dans un récit à la Marcel Aymé qui n'est pas sans rappeler "La vouivre", Maurice Pons nous entraine au gré de superstitions rurales, de fantasmes érotiques jusqu'au dramatique dénouement. Bouquin très original.
17/09/2018 à 14:12 3
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La Forêt des renards pendus
7/10 La lectures des truculentes aventures des héros de Paasilinna est toujours un plaisir et ce, alors que l'architecture de ses histoires est toujours la même. Mais il excelle dans les caractères fantaisistes de ses héros, et dans le côte rocambolesque et bon-vivant de leurs tribulations.
17/09/2018 à 14:06 2
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De l'eau dans le grisou
6/10 Petit polar sympathique qui se déroule dans les (la) Cévennes, côté Génolhac, à cheval entre Lozère et Gard. On y parle de galeries de mines, de charbon, de bouletières, de châtaignes, mais surtout d'eau contaminée, de multinationale, de scandale et de pollution. Le combat s'engage entre un journaliste intrusif et incorruptible face au PDG d'un grand groupe, sous le regard passif ou complice du préfet. Les portraits de Cévenols sont bien sentis, les caractères aussi, même si la propension qu'on leur prête pour les apéritifs anisés me parait très exagérée. La fin, baroque, rappelle un peu le film "les gaspards", ne cadre pas trop avec le reste. Le langage (très) fleuri et l'intrigue font passer un moment agréable.
04/09/2018 à 09:34 3
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Furie divine
8/10 Une excellente analyse sur les réseaux islamistes, leur genèse, leurs motivations, leurs tactiques et leurs projets. Les nombreux chapitres sur le coran sont particulièrement intéressant. On voudrait bien que certains décisionnaires lisent ce livre tout en arguments. Lecture très instructive dans un style thriller bien senti.
03/09/2018 à 10:49 3
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Les Maraudeurs
8/10 Très bonne surprise que ce roman noir qui se passe en Louisiane, après les conséquences du passage de l'ouragan Katrina. Les personnages ont des personnalités riches en caractère et en destinée, pécheurs, délinquants, jeunes et vieux, ou celui chargé de négocier l’achat des propriétés à petits prix. Une tranche de vie des bayous dans l’Amérique profonde, chaude et humide, soumise aux lois de la nature et des exploitations pétrolières.
03/09/2018 à 10:44 5
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Lontano
6/10 Trop long mais comme d'habitude, difficile de ne pas boucler la lecture. Par contre, il y a quelques éléments donnés au début qui restent sans explications à la fin.
03/09/2018 à 10:33 2
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Sous la ville
7/10 Histoire originale, mêlant Clermont-Ferrand, grosse ville de province dont on parle peu, l'histoire douloureuse des harkis et des conditions violentes de leur départ d'Algérie, et d"une confrérie estudiantine calquée sur celles connues aux USA. L'enquête est intéressante à suivre grâce à un style maitrisé, tant pour les effets de suspense que pour les détails périphériques.
03/09/2018 à 10:28 1
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L'Essence du Mal
8/10 Personnages attachants, aux profils divers et bien décrits, une ambiance lourde bien rendue, et une intrigue savamment développée sont les atouts de ce drame rural dans une communauté fermée ou l'étranger le reste toujours. Les impacts psychologiques des traumatismes sont détaillés, comme le mécanisme de l'obsession. Quelques particularités géographiques, paléontologiques et géologiques complètent ce thriller aux multiples facettes mais finalement très homogène. La fin, pour laquelle on sent que l'auteur a du remplir les critères du genre, est un poil en dessous du reste.
25/07/2018 à 10:18 11
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Couleurs de l'incendie
8/10 Ce deuxième opus est un peu moins original que la première partie, mais on y retrouve la même richesse à travers l'histoire, les personnages aux portraits si marqués et fantasques, les rebondissements et la trame patiemment construite par Madeleine, héroïne de la période. Écriture et style restent très agréables. On se sent dans une saga familiale et d'époque comparable aux Rougon-Macquart de Zola, avec la survenue d’évènements majeurs qui font l'histoire. Le parallèle qu'on peut faire avec les années actuelles est étonnant. Lecture incontournable !
19/07/2018 à 12:04 7
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Le Complot de l'aube dorée
4/10 A trop mettre d'ingrédients, on se retrouve avec un résultat sans saveur dominante. Le mélange de néonazis grecs, francs-maçons d'obédiences diverses, d'occultistes contemporains et du XIXe, de Jack l’Éventreur, Bram Stoker et une flopée d'auteurs britanniques classiques, de sorciers du Limousin, de séparatistes irlandais bien mal présentés, le tout lié tant bien que mal par un improbable complot pour l'avènement d'une race nouvelle ne donne pas un résultat probant. Seule la découpe en très cours chapitres donne un peu de rythme à une histoire ficelée par des brins trop ténus pour qu'on y souscrive.
09/07/2018 à 09:41 3
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Éclipse de lune
7/10 C’est un roman noir, sale, et lépreux comme les murs d’une geôle mexicaine, chaud et glauque comme l'arrière salle d'une cantina un soir de quinzaine, rauque et aigri comme les dernières roucoulades des mariachis au petit jour sur la place Garibaldi. Sans s’appesantir sur des hypothèses ou des suggestions de pistes, Rolo Diez imagine, avec des mots très simples et très percutants, l’enlèvement d’une jeune fille au sortir de son travail et de ce qu’il advient d’elle. Loin de la brutalité des descriptions d’autres livres abordant le sujet ou dont c’est le thème central, l’auteur nous plonge dans l’angoisse de cette victime d’une façon très évocatrice. Le féminicide de Ciudad Juárez n’est pas le sujet d’Eclipse de lune, contrairement à ce qui est dit en quatrième de couverture. C’est plutôt un décor général, une ambiance qui pèse, un témoignage supplémentaire apporté. A moins que l’étendue du problème et le nombre de disparues participent à une fascination des romanciers.
04/07/2018 à 15:17 4
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La chanson de Colombano
7/10 Colombano est un tailleur de pierre qui creuse un aqueduc pour amener de l’eau à des fins d’irrigation vers le versant sec d’une montagne. Un contrat passé avec les commanditaires de l’ouvrage l’assure d’une bonne gratification à la fin des travaux. Les choses se gâtent lorsque les quatre membres de la famille qui héberge Colombano sont retrouvés morts. Peste, assassinat ? L’enquête est confiée à Ippolito, jeune juge. Il s’en sort bien le petit magistrat, jusqu’au moment ou des rumeurs de sorcellerie à l’encontre de Colombano commencent à circuler dans la communauté. Car l’action se déroule au XVIe siècle, dans une haute vallée des Alpes, enclavée entre le royaume de France, le duché de Savoie et les provinces italiennes. Comme dans le nom de la rose, il faudra toute la logique, l’esprit de déduction, la rationalité et la fine connaissance de l’âme humaine au détective pour que la vérité l’emporte sur l’obscurantisme.
Dans un style aéré et dépouillé, on lit très vite ce petit policier aux accents moyenâgeux, ruraux et montagnards. Le portrait de ces derniers n’est d’ailleurs pas toujours très flatteur.
Comme fil conducteur, l’auteur suit les couplets d’une très vieille chanson seulement connue à Chiomonte, dans le Val de Suze, entre Grenoble et Turin.04/07/2018 à 15:02 4
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Les Fils d'Odin
4/10 J'ai trouvé l'intrigue assez banale et le traitement assez poussif. L'originalité est dans le lieu et la période, Berlin 1945, mais ce contexte est usé jusqu'à la moelle. Le thème présenté en 4e de couverture sur la société occulte est réduit à quelques pages. Quant à la fin, on reste sur sa faim.
15/06/2018 à 13:15 3
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Alger la Noire
8/10 Alger janvier 1962, c’est le début de la fin pour l’Algérie française. Alors que le chaos politique et social règne sur la ville, on retrouve deux cadavres sur une petite plage. Une européenne et un arabe ce qui n’est déjà pas banal. En plus, sur le corps de la fille on a gravé les lettres O.A.S. et l’homme n’a pas son pénis à sa place mais dans la bouche. Tout porte à croire qu’on a voulu punir un couple qui avait enfreint les lois de la colonisation. Ça n’aurait du émouvoir personne en ces temps troublés alors que des dizaines de bombes explosent chaque jour et qu’on retrouve des cadavres de gens assassinés un peu partout. Pourtant, les flics Paco Martinez et Choukroun décèlent des détails bizarres. Alors que l’armée fait la police et que la police ne sait que faire, que tous les pouvoirs se délitent à l’approche de l’indépendance, ils quand même vont tenter d’enquêter.
C’est un roman autant historique, politique que policier. Dans une Alger qui bascule dans l’anarchie et la violence aveugle et que chacun choisi son camp, deux flics qui refusent de choisir continuent à exercer leur métier. Peut être parce que l’un est juif et l’autre fils d’anarchistes espagnols. Pendant que la situation insurrectionnelle entre l’OAS, le FLN, le GRPA relègue au second plan toutes les activités, ils vont s’accrocher à élucider leur affaire dans laquelle l’actualité s’emmêle. Barbouzes, détectives privés, prostituées, notables coloniaux, intellectuels arabes, parachutistes, légionnaires et services secrets s’y croisent et s’y déchirent. Maurice Attia livre un excellent roman. Son intrique policière lui sert à décrire les tenants et les aboutissants, les partisans et les opposants qui se sont croisés dans les derniers jours du pouvoir français en Algérie pendant lesquels tout le monde a perdu quelque chose. Et le destin personnel de ses personnages, sa grand-mère, Irène sa maitresse, les parents de Mouloud et Estelle les victimes, résume celui de milliers d’autres.19/04/2018 à 12:00 5
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Cris
8/10 Un petit livre magnifique sur les poilus de 14. L'auteur se place tour à tout dans la peau d'un permissionnaire qui rentre à Paris après des combats intenses. Puis, il est un soldat gazé, coincé dans le noman's land entre deux attaques. Il est aussi le lieutenant qui doit montrer l'exemple, le médecin qui opère les blessures les plus graves dans des conditions effroyables. il est le brancardier sénégalais qui charge parfois les blessés sur son dos pour ne pas les abandonner. Il est aussi l'homme-cochon, le fantôme des tranchées, qui erre avec son masque en gaz en forme de groin d'une ligne à l'autre. On ne sait s'il est l'ange de la mort ou le cauchemard personnifié des soldats. L'écriture est d'une simplicité percutante, traduisant parfaitement l'état d'esprit des soldats en fonction de leurs situations. Un livre superbe qui ne s'attache pas à la guerre en elle même si ce n'est à ceux qui la subissent.
19/04/2018 à 11:56 5